vendredi 19 septembre 2008

semence - textes du jour

Samedi 20 Septembre 2008


Prier…[1] interrogation que rapporte et à laquelle répond Paul : l’un de vous peut demander : ‘comment les morts ressuscitent-ils ? avec quelle sorte de corps reviennent-ils ?’ L’apôtre comme le maître répondent par la parabole de la semence. Je réponds plus précisément, pour revenir ensuite à la parabole qui n’est pas tant celle de la résurrection que de la vie spirituelle mais il est vrai que la résurrection est le fruit et la manifestation de notre vie spirituelle, son aboutissement, l’esprit finalement maître de la chair, au sens d’une maîtrise de tout ce qui corrompt, vieillit la chair et de tout ce qui appelle notre péché, fait de notre condition terrestre. L’Eglise affirme la résurrection de la chair, la résurrection des morts, suivant les Credo et leurs versions diverses mais concordantes, elle affirme la vie éternelle. Un premier exemple très précis nous est donné par le Christ lui-même dans les récits des évangiles d’après la résurrection. Le Christ est incarné, comme avant, on peut le toucher, il mange et parle, quoique plus rien de cela ne soit nécessaire ni à sa vie propre, ni à sa relation au monde et avec ses disciples. Il se joue du temps, de l’espace, de tous obstacles. Ses disciples le reconnaissent par intuition, par leurs sens spirituels, il les y aide en leur faisant se souvenir de ses derniers gestes, les plus frappants, ceux du soir de la Cène, ou en faisant revivre des scènes doucement familières, les bords du lac, les pêches miraculeuses… ce mode d’apparaître, cette présence parmi ses disciples restent tributaires de ce que ceux-ci sont encore dans notre condition terrestre. La révélation est que la vie éternelle, qui est la vie « en » Dieu, notre participation à sa divinité, à sa vie divine, à l’amour qui unit substantiellement les trois personnes de la Trinité, nous est donnée corps et âme, c’est-à-dire en totalité de ce que nous sommes. Notre corps, notre chair nous expriment, nous identifient, cette expression, cette identification, notre personnalité aboutissent dans la vie éternelle. La communion y est en tout et avec tous, et tout ce qui nous a caractérisé – le péché n’étant que défaut et manque (à Dieu, à nous-mêmes, aux autres connus et aimés, inconnus, détestés ou recherchés…) – tout nous est rendu, la mort une fois passée. C’est la mort qui nous met – enfin et vraiment – à la suite du Christ, nous le rejoignons dans son tombeau, nos pauvres croix, pour la plupart d’entre nous, la vraie croix de quelques-uns, réprouvés ou explicites martyrs, nous y ont peu ou prou préparés. Engloutis dans la mort du Christ, jaillissant dans sa lumière, celle de Pâques, chair et âme, visage transfiguré, comme lui au Thabor ou appelant Marie par son prénom. Tu ne sèmes pas le corps de la plante qui va pousser, tu sèmes une graine toute nue. Notre corps est cette graine toute nue, notre vie d’âme aussi tous deux bien imparfaits, peu signifiants, mais nous donnant déjà quelque idée de notre beauté et de notre accomplissement à venir. Ce qui est semé dans la terre est périssable, ce qui ressuscite est impérissable ; ce qui est semé n’a plus de valeur, ce qui ressuscite est plein de gloire ; ce qui est semé est faible, ce qui ressuscite est puissant. L’Eglise, jusqu’à plus ample informé, n’a pas trop repris la distinction entre le corps humain et le corps spirituel, que détaille Paul selon sa conception du Christ, nouvel Adam : pétri de terre, le premier homme vient de la terre ; le deuxième homme, lui, vient du ciel. Il me semble que le maître-mot est notre création – homme et femme, ensemble et en couple – à l’image et à la ressemblance de Dieu. Tu m’as délivré de la mort et tu préserves mes pieds de la chute. Jésus, venu nous sauver, donne la parabole d’une autre manière ; celle de la liberté, le péché a été la conséquence, le fruit de notre liberté, nous avons fait mauvais usage de celle-ci, allant droit « à l’essentiel », concurrencer notre créateur, au lieu de recevoir de Lui notre divinisation et de participer, comme nous y étions conviés en Eve et en Adam, à sa vie et à sa création permanente du monde. Liberté que signifient les différents sols où est jetée la graine, le sol dépend de nous, qui sommes-nous ? que voulons-nous ? comment accueillons-nous ? fermés, ouverts, fertiles, rocailleux et embroussaillés ? Notre disposition intime mais aussi et surtout la semence, c’est la parole de Dieu. Pour nous aujourd’hui, pour moi maintenant à cette heure de remise quotidienne au travail tandis que mes aimées vaquent en toute tendresse (et liberté), la parole est cette lecture de textes, elle est l’intimité de Dieu se manifestant en moi, joyeux et échauffé, rassemblé si j’étais déprimé. Elle peut être pour d’autres si différente. Mais tous, nous tous – en face de Dieu, se manifestant – nous savons le reconnaître, instinct premier, et l’athéisme comme la terrible souffrance devant la victoire irrépressible du mal (infligé par l’homme à ses semblables, ou par une nature in compréhensible ou trop défiée), ceux-là aussi dans leur dénégation, reconnaissent un certain inexprimable qui gît en eux ou qui leur apparaît – en permanence ou selon leur vie. A nous tous, le semeur apporte un salut : sauvetage et salutation…


[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XV 35 à 49 ; psaume LVI ; évangile selon saint Luc VIII 4 à 15

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