dimanche 31 juillet 2016

homélie du pape François pour la messe de clôture des Journées mondiales de la jeunesse à Cracovie



Chers jeunes, vous êtes venus à Cracovie pour rencontrer Jésus. Et l’Évangile aujourd’hui nous parle justement de la rencontre entre Jésus et un homme, Zachée, à Jéricho (cf. Lc 19, 1-10). Là, Jésus ne se limite pas à prêcher, ou à saluer chacun, mais il veut – dit l’Évangéliste – traverser la ville (cf. v. 1). Jésus désire, en d’autres termes, s’approcher de la vie de chacun, parcourir notre chemin jusqu’au bout, afin que sa vie et notre vie se rencontrent vraiment.

Arrive ainsi la rencontre la plus surprenante, celle avec Zachée, le chef des “publicains”, c’est-à- dire des collecteurs d’impôts. Zachée était donc un riche collaborateur des occupants romains détestés ; c’était un exploiteur du peuple, quelqu’un qui, à cause de sa mauvaise réputation, ne pouvait même pas s’approcher du Maître. Mais la rencontre avec Jésus change sa vie, comme cela a été et peut être chaque jour pour chacun de nous. Zachée, cependant, a dû affronter certains obstacles pour rencontrer Jésus : au moins trois, qui peuvent nous dire quelque chose à nous aussi.

Le premier est la petite taille : Zachée ne réussissait pas à voir le Maître parce qu’il était petit. Aujourd’hui aussi nous pouvons courir le risque de rester à distance de Jésus parce que nous ne nous sentons pas à la hauteur, parce que nous avons une basse considération de nous-même. C’est une grande tentation, qui ne regarde pas seulement l’estime de soi, mais touche aussi la foi. Parce que la foi nous dit que nous sommes « enfants de Dieu et nous le sommes réellement » (1 Jn 3, 1) : nous avons été créés à son image ; Jésus a fait sienne notre humanité et son coeur ne se lassera jamais de nous ; l’Esprit Saint désire habiter en nous ; nous sommes appelés à la joie éternelle avec Dieu ! C’est notre “stature”, c’est notre identité spirituelle : nous sommes les enfants aimés de Dieu, toujours. Vous comprenez alors que ne pas s’accepter, vivre mécontents et penser en négatif signifie ne pas reconnaitre notre identité la plus vraie : c’est comme se tourner d’un autre côté tandis que Dieu veut poser son regard sur moi, c’est vouloir effacer le rêve qu’il nourrit pour moi. Dieu nous aime ainsi comme nous sommes, et aucun péché, défaut ou erreur ne le fera changer d’idée. Pour Jésus – l’Évangile nous le montre -, personne n’est inférieur et distant, personne n’est insignifiant, mais nous sommes tous préférés et importants : tu es important !

Et Dieu compte sur toi pour ce que tu es, non pour ce que tu as : à ses yeux ne vaut vraiment rien le vêtement que tu portes ou le téléphone portable que tu utilises : que tu sois à la mode ne lui importe pas, ce qui lui importe, c’est toi. Tu as de la valeur à ses yeux et ta valeur est inestimable. Quand dans la vie, il nous arrive de viser en bas plutôt qu’en haut, cette grande vérité peut nous aider : Dieu est fidèle dans son amour pour nous, même obstiné. Cela nous aidera de penser qu’il nous aime plus que nous nous aimons nous-même, qu’il croit en nous plus que nous croyons en nous-même, qu’il “est toujours le supporter” pour nous comme le plus irréductible des supporters. Il nous attend toujours avec espérance, même lorsque nous nous refermons sur nos tristesses, ruminant sans cesse sur les torts reçus et sur le passé. Mais s’attacher à la tristesse n’est pas digne de notre stature spirituelle ! C’est même un virus qui infecte et bloque tout, qui ferme toute porte, qui empêche de relancer la vie, de recommencer. Dieu, au contraire est obstinément plein d’espoir : il croit toujours que nous pouvons nous relever et ne se résigne pas à nous voir éteints et sans joie. Parce que nous sommes toujours ses enfants bien-aimés. Rappelons-nous de cela au début de chaque journée. Cela nous fera du bien chaque matin de le dire dans la prière : “Seigneur, je te remercie parce que tu m’aimes; fais-moi aimer ma vie !”.

Non pas mes défauts, qui se corrigent, mais la vie, qui est un grand don : c’est le temps pour aimer et pour être aimés. Zachée avait un second obstacle sur le chemin de la rencontre avec Jésus : la honte qui paralyse. Nous pouvons imaginer ce qui s’est passé dans le coeur de Zachée avant de monter sur ce sycomore, cela aura été une belle lutte : d’une part une bonne curiosité, celle de connaître Jésus ; de l’autre le risque de faire une terrible piètre figure. Zachée était un personnage public ; il savait qu’en essayant de monter sur l’arbre, il serait devenu ridicule aux yeux de tous, lui, un chef, un homme de pouvoir. Mais il a surmonté la honte, parce que l’attraction de Jésus était plus forte. Vous aurez fait l’expérience de ce qui arrive lorsqu’une personne devient si attirante au point d’en tomber amoureux : il peut arriver alors de faire volontiers des choses qui ne se seraient jamais faites. Quelque chose de semblable arrive dans le coeur de Zachée, quand il sentit que Jésus était si important qu’il aurait fait n’importe quoi pour lui, parce qu’il était le seul qui pouvait le tirer hors des sables mouvants du péché et du mécontentement. Et ainsi la honte qui paralyse n’a pas eu le dessus : Zachée – dit l’Évangile- « courut en avant », « grimpa » et ensuite quand Jésus l’appela, « il descendit vite » (vv. 4.6). Il a risqué et il s’est mis en jeu. Cela est aussi pour nous le secret de la joie : ne pas éteindre la belle curiosité, mais se mettre en jeu, parce que la vie ne s’enferme pas dans un tiroir. Devant Jésus on ne peut rester assis en attendant les bras croisés ; à Lui, qui nous donne la vie, on ne peut répondre par une pensée ou un simple “petit message”!

Chers jeunes, n’ayez pas honte de tout lui porter, spécialement vos faiblesses, vos peines et vos péchés dans la confession : Lui saura vous surprendre avec son pardon et sa paix. N’ayez pas peur de lui dire “oui” avec tout l’élan de votre coeur, de lui répondre généreusement, de le suivre ! Ne vous laissez pas anesthésier l’âme, mais visez l’objectif du bel amour, qui demande aussi le renoncement, et un “non” fort au doping du succès à tout prix et à la drogue de penser seulement à soi et à ses propres aises. Après la basse stature et la honte qui paralyse, il y a un troisième obstacle que Zachée a dû affronter, non plus à l’intérieur de lui, mais autour de lui. C’est la foule qui murmure, qui l’a d’abord arrêté et puis l’a critiqué : Jésus ne devait pas entrer dans sa maison, la maison d’un pécheur ! Comme il est difficile d’accueillir vraiment Jésus, comme il est dur d’accepter un « Dieu, riche en miséricorde » (Ep 2, 4). Ils pourront vous empêcher, en cherchant à vous faire croire que Dieu est distant, raide et peu sensible, bon avec les bons et mauvais avec les mauvais. Au contraire, notre Père « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons » (Mt 5, 45) et il nous invite au vrai courage : être plus forts que le mal en aimant chacun, même les ennemis. Ils pourront rire de vous, parce que vous croyez dans la force douce et humble de la miséricorde. N’ayez pas peur, mais pensez aux paroles de ces jours : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). Ils pourront vous juger comme des rêveurs, parce que vous croyez en une humanité nouvelle, qui n’accepte pas la haine entre les peuples, ne voit pas les frontières des pays comme des barrières et garde ses propres traditions sans égoïsmes ni ressentiments. Ne vous découragez pas : avec votre sourire et avec vos bras ouverts, prêchez l’espérance et soyez une bénédiction pour l’unique famille humaine, qu’ici vous représentez si bien !

La foule, ce jour-là, a jugé Zachée, elle l’a regardé de haut en bas ; Jésus au contraire, a fait l’inverse : il a levé son regard vers lui (v. 5). Le regard de Jésus va au-delà des défauts et voit la personne ; il ne s’arrête pas au mal du passé, mais il entrevoit le bien dans l’avenir ; il ne se résigne pas devant les fermetures, mais il recherche la voie de l’unité et de la communion ; au milieu de tous, il ne s’arrête pas aux apparences, mais il regarde le coeur. Avec ce regard de Jésus, vous pouvez faire croître une autre humanité, sans attendre qu’ils vous disent “bravo”, mais en cherchant le bien pour lui-même, heureux de garder le coeur intègre et de lutter pacifiquement pour l’honnêteté et la justice. Ne vous arrêtez pas à la superficie des choses et défiez-vous des liturgies mondaines du paraître, du maquillage de l’âme pour sembler meilleurs. Au contraire, installez bien la connexion la plus stable, celle d’un coeur qui voit et transmet le bien sans se lasser. Et cette joie que gratuitement vous avez reçu de Dieu, donnez-la gratuitement (cf. Mt 10, 8), parce que beaucoup l’attendent !

Enfin, écoutons les paroles de Jésus à Zachée, qui semblent dites spécialement pour nous aujourd’hui : « Descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison » (v. 5). Jésus t’adresse la même invitation : “Aujourd’hui, je dois demeurer dans ta maison”. Les JMJ, pourrions-nous dire, commencent aujourd’hui et continuent demain, à la maison, parce que c’est là que Jésus veut te rencontrer à partir de maintenant. Le Seigneur ne veut pas rester seulement dans cette belle ville ou dans de chers souvenirs, mais il désire venir chez toi, habiter ta vie de chaque jour : les études et les premières années de travail, les amitiés et les affections, les projets et les rêves. Comme il lui plaît que dans la prière, tout cela lui soit porté ! Comme il espère que parmi tous les contacts et les chat de chaque jour il y ait à la première place le fil d’or de la prière ! Comme il désire que sa Parole parle à chacune de tes journées, que son Évangile devienne tien, et qu’il soit ton “navigateur” sur les routes de la vie !

Pendant qu’il te demande de venir chez toi, Jésus, comme il a fait avec Zachée, t’appelle par ton nom. Ton nom est précieux pour Lui. Le nom de Zachée évoquait, dans la langue de l’époque, le souvenir de Dieu. Confiez-vous au souvenir de Dieu : sa mémoire n’est pas un “disque dur” qui enregistre et archive toutes nos données, mais un coeur tendre de compassion, qui se réjouit d’effacer définitivement toutes nos traces de mal. Essayons, nous aussi, maintenant, d’imiter la mémoire fidèle de Dieu et de conserver le bien que nous avons reçu en ces jours. En silence, faisons mémoire de cette rencontre, gardons le souvenir de la présence de Dieu et de sa Parole, ravivons en nous la voix de Jésus qui nous appelle par notre nom. Ainsi prions en silence, en faisant mémoire, en remerciant le Seigneur qui ici nous a voulus et nous a rencontrés.

le discernement - wikipédia




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Le discernement est la faculté de reconnaître distinctement en faisant un effort des sens (vue, ouïe, etc.) ou de l'esprit, ou de tous ces éléments conjugués.
Le discernement peut en première approche se rapprocher de l'intuition. Cependant, l'intuition, qui est une prise de conscience immédiate et individuelle, peut conduire à des erreurs d'appréciation.
Descartes affirmait qu'« il n’y a pas d’autres voies qui s’offrent aux hommes, pour arriver à une connaissance certaine de la vérité, que l’intuition évidente et la déduction nécessaire » (XII° règle).
Dans le contexte de l'apparition de la science moderne (Galilée), cette proposition pouvait sembler de bon sens. Pourtant, nos conceptions du monde ayant évolué depuis le XVIIe siècle, cette affirmation de Descartes peut ne pas s'appliquer dans tous les contextes. En particulier, toute intuition est-elle évidente pour d'autres personnes que celui qui la ressent en fonction de ses propres expériences et perceptions, qui sont nécessairement subjectives ?
Les empiristes, en Angleterre particulièrement, accordent traditionnellement une grande importance à l'expérience (voir méthode expérimentale, Robert Boyle, etc.).
Toute intuition doit donc être vérifiée à partir de plusieurs sources. Le discernement doit donc faire appel à différents modes de raisonnement. Il est d'autant plus précis qu'il est partagé, et débattu.
Le discernement doit faire appel à de nombreux éléments :
Le discernement est un exercice souvent difficile, car il nécessite de s'affranchir des sophismes qui peuvent encombrer le vocabulaire, ou du côté superficiel de certaines affirmations.
Le discernement permet de reconnaître par perception précoce. C'est une qualité utile en intelligence économique et en veille.
Le discernement est une qualité fondamentale dans la spiritualité ignacienne1 : ici, le mot signifie l'aptitude à reconnaître l'action de Dieu dans la vie de tous les jours. En effet, Ignace de Loyola, fondateur des jésuites professait que toute décision humaine est le lieu d’une rencontre avec Dieu. Les exercices spirituels qu'il a mis au point ont pour but de favoriser ce discernement.

Sommaire

Notes et références

  1. Gaëtan Girard Discernement ignatien dans l'accompagnement spirituel [archive], Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'université Laval pour l'obtention du grade de maître ès arts (M.A.), Faculté de théologie, université Laval, juin 1997

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie


wikipédia – les "Exercices spirituels" de saint Ignace de Loyola


 


Exercitia spiritualia, 1548, première édition par Antonio Bladio (Rome) (158x108 mm)
Les Exercices spirituels sont un ouvrage de prière faite de méditations progressives et systématiques composé par Ignace de Loyola (1491-1556), fondateur de la Compagnie de Jésus, à partir de sa propre expérience de recherche de la volonté de Dieu dans sa vie. D'abord rédigé en espagnol, puis traduit en latin par André des Freux1, l'ouvrage fut approuvé par Paul III le 31 juillet 1548 (Pastoralis officii).
La « première annotation » qui ouvre le livre explique le titre :
« Par ce terme d’exercices spirituels, on entend toute manière d’examiner sa conscience, de méditer, de contempler, de prier vocalement et mentalement, et d’autres opérations spirituelles, comme il sera dit plus loin. De même, en effet, que se promener, marcher et courir sont des exercices corporels, de même appelle-t-on exercices spirituels toute manière de préparer et de disposer l’âme pour écarter de soi toutes les affections désordonnées et, après les avoir écartées, pour chercher et trouver la volonté divine dans la disposition de sa vie en vue du salut de son âme. »

Sommaire

Présentation

Le livre contient environ 200 pages. Il est le guide de celui qui donne les exercices2 (ou accompagnateur spirituel) lors d’une retraite de quatre semaines (environ 30 jours). Dans une démarche progressive les méditations, contemplations et répétitions faites au long des journées de la retraite (en silence) aident celui qui les fait à voir clair dans sa vie et à l’orienter vers ce que Dieu désire de lui. C’est pourquoi, les exercices décrits dans cet ouvrage doivent être « faits » plutôt que « lus ».

Les quatre semaines

Les quatre semaines des Exercices spirituels ne sont pas des semaines de calendrier. Elles sont d’inégales longueurs et doivent être adaptées de manière personnelle au cheminement spirituel du retraitant.

Première semaine

Pour mieux faire les exercices de Saint Ignace, la première semaine aide le retraitant à prendre la mesure de la présence du mal, du mensonge et de tout ce qui porte à la mort dans le monde et en lui-même. Qu’il fasse la vérité dans sa vie, se reconnaisse pécheur pour s’en remettre à la miséricorde de Dieu. Lui seul peut renouveler le cœur de l’homme. La semaine se termine généralement par le sacrement de réconciliation. Il n’est pas rare, dans la pratique, que cette semaine dure jusqu’à 10 ou 11 jours3.

Deuxième semaine

La deuxième semaine est un cheminement avec le Christ dans sa vie itinérante en Galilée. Elle commence avec une méditation sur l'Incarnation et se termine avec le dimanche des Rameaux. Aux mystères à contempler proposés par Ignace, l’accompagnateur spirituel du retraitant est libre d’ajouter d’autres scènes d’évangiles non mentionnées dans le livret. Le guide s’adapte toujours aux besoins spirituels du retraitant qu’il rencontre quotidiennement dans un colloque particulier. Au long de ces méditations le retraitant demande qu’une connaissance intérieure de Jésus lui soit donnée pour en recevoir un fruit qui donne orientation à sa vie personnelle. La semaine se termine sur une réflexion préliminaire sur le choix à faire (ou la confirmation) de son état de vie. Suivre ou ne pas suivre le Christ ?

Troisième semaine

Durant la troisième semaine le retraitant vit avec le Christ le drame de sa passion : de Béthanie à sa mise au tombeau après la mort en croix. Anéantissement devant le Christ bien-aimé au Golgotha, qui de sa croix même recrée tout homme et tout l’homme.

Quatrième semaine

Dans la quatrième semaine Jésus-Christ ressuscité est contemplé dans ses apparitions à sa mère et aux apôtres et disciples. Transformation des disciples qui ont eux-mêmes comme une nouvelle vie. Ils trouvent en Lui la force de proclamer la Vie et la liberté spirituelle en témoignant de la présence de Dieu.

Contemplation pour obtenir l'amour

Le mois d’exercices spirituels se conclut en contemplant Dieu présent et actif (« travaillant ») au cœur du monde. Le retraitant fait son offrande : « Prends Seigneur et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence et toute ma volonté, tout ce que j’ai et possède. Tu me l’as donné : à Toi, Seigneur, je le rends. Tout est tien ; disposes-en selon ton entière volonté. Donne-moi ton amour et ta grâce. C’est assez pour moi. »

Les influences

Un livre qui influença beaucoup Ignace durant son immobilisation forcée à Loyola — et conduisit à sa conversion — est La Vie du Christ par Ludolphe le Chartreux. Il en retint (pour ses Exercices spirituels) des scènes de la vie du Christ qui ne se trouvent dans aucun des quatre Évangiles.
Toute sa vie, L'Imitation de Jésus-Christ resta une de ses lectures préférées. Le livre de Thomas a Kempis est explicitement recommandé à celui qui fait les Exercices spirituels.
Pour la structure des méditations et l’idée même d’exercices spirituels, il est probable qu’Ignace ait été influencé par L’Exercitario de la vida spiritual de Garcia Jimenez de Cisneros (1455-1510), bénédictin, abbé de l’abbaye de Montserrat, près de Barcelone.[réf. nécessaire]

Les gravures

À l’initiative d’Ignace de Loyola, Jérome Nadal fit réaliser un recueil de gravures : Evangelicae Historiae Imagines.
Peu de temps avant sa mort, saint Ignace de Loyola avait pressé Nadal de concevoir un guide illustré pour enseigner la méditation aux novices jésuites. Nadal commanda les illustrations à plusieurs artistes, se réservant la rédaction des légendes. Ce recueil (153 gravures au total) a été publié à Anvers en 1593, soit plus de 10 ans après la mort de Nadal. Il a été édité par Martin Nutius, successeur de l'imprimeur Christophe Plantin. C’est le recueil le plus ancien de ce type qui nous soit parvenu.
Les légendes contiennent le titre de la Cène évangélique, mais également une série d’annotations qui expliquent, par des renvois de lettres insérés dans l’image (A, B, C, etc.), telle ou telle partie de la Cène représentée, ou plus exactement du lieu où elle se déroule (ce qui s’appelle la « composition de lieu » dans les Exercices spirituels).
Le recueil suit l’ordre des contemplations données par Ignace dans les Exercices. Il en devient ainsi un complément pour aider le retraitant à se plonger entièrement dans la Cène, qu’il contemple comme s’il y participait.
En outre, ces dessins utilisent l’art de la perspective, ce qui est révolutionnaire pour l’époque, afin de rendre l’Évangile plus attirant. Le fidèle est invité à « s'immerger avec tous ses sens » dans la proximité de Dieu4.
Dans un dessein analogue, le même usage de la perspective se fait dans les églises jésuites : tableaux et architectures incitent le croyant à entrer avec tout son être dans la contemplation de la vie du Christ. Au Gesù de Rome, à Saint-Ignace, les fresques et les trompe-l'œil contribuent, en pleine période baroque, à donner au visiteur la sensation de la réalité.
Matteo Ricci apporta avec lui les Exercices spirituels pour annoncer l’Évangile aux Chinois. Il écrivit : « Ce livre est d’une utilité aussi grande que la Bible au sens où pendant que nous parlons nous pouvons mettre sous les yeux de nos interlocuteurs des choses que les mots seuls ne pourraient expliquer. »

Édition

  • Exercices spirituels, introduction par François Courel, Paris, DDB, 1963
  • Exercices spirituels, Traduction du texte autographe par Édouard Gueydan s.j. en collaboration, Collection Christus N°61, Paris, Desclée de Brouwer Bellarmin, 2004
  • Les exercices spirituels de S. Ignace de Loyola... Traduits du latin en françois, par un Père de la mesme Compagnie, Cnobbaert, Anvers, 1673. Consultable gratuitement en ligne sur gallica.

Notes

  1. (en)Spiritual Exercises of Saint Ignatius [archive], sur la Catholic Encyclopedia.
  2. Ignace évite de parler de 'directeur' de retraite, car, dans sa perspective c’est en fait Dieu qui dirige le retraitant.
  3. Dans les annotations 18b et 19 du livre, Ignace suggère que certains retraitants ne devraient pas être conduits à aller au-delà de la première semaine s’ils ne remplissent pas des conditions d’équilibre psychologique, de maturité spirituelle et de santé physique
  4. Site des Jésuites, « Petite introduction à la spiritualié ignatienne ». [archive]

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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saint Ignace de Loyola, prêtre et fondateur de la « Compagnie de Jésus » . 1491 + 1556



Ignace (en espagnol : Íñigo López de Loyola) naît au château de Loyola, en Espagne, le 24 décembre 1491 ; il est le dernier de 13 enfants de Beltran Ibañez de Oñaz et de Marina Sanchez de Licona.

Il fut d'abord page du roi Ferdinand V ; puis il embrassa la carrière des armes. Il ne le céda en courage à personne, mais négligea complètement de vivre en chrétien, dirigé uniquement par l'orgueil et l'amour des plaisirs. De ce chevalier mondain, Dieu allait faire l'un des premiers chevaliers chrétiens de tous les âges.
Au siège de Pampelune, un boulet de canon brisa la jambe droite du jeune officier, qui en peu de jours fut réduit à l'extrémité et reçut les derniers sacrements. Il s'endormit ensuite et crut voir en songe saint Pierre, qui lui rendait la santé en touchant sa blessure. À son réveil, il se trouva hors de danger, quoique perclus de sa jambe.
Pour se distraire, il demanda des livres ; on lui apporta la Vie de Jésus-Christ et la Vie des Saints. Il les lut d'abord sans attention, puis avec une émotion profonde. Il se livra en lui un violent combat ; mais enfin la grâce l'emporta, et comme des hommes de cette valeur ne font rien à demi, il devint, dans sa résolution, un grand Saint dès ce même jour. Il commença à traiter son corps avec la plus grande rigueur ; il se levait toutes les nuits pour pleurer ses péchés. Une nuit, il se consacra à Jésus-Christ par l'entremise de la Sainte Vierge, refuge des pécheurs, et lui jura une fidélité inviolable. Une autre nuit, Marie lui apparut environnée de lumière, tenant en ses bras l'Enfant Jésus.
Peu après, Ignace fit une confession générale et se retira à Manrèze, pour s'y livrer à des austérités qui n'ont guère d'exemple que dans la vie des plus célèbres anachorètes : vivant d'aumônes, jeûnant au pain et à l'eau, portant le cilice, il demeurait tous les jours six ou sept heures à genoux en oraison. Le démon fit en vain des efforts étonnants pour le décourager. C'est dans cette solitude qu'il composa ses Exercices spirituels, l'un des livres les plus sublimes qui aient été écrits par la main des hommes. Il fut ordonné prêtre à Venise en 1537.
Passons sous silence son pèlerinage en Terre Sainte et différents faits merveilleux de sa vie, pour rappeler celui qui en est de beaucoup le plus important, la fondation de la Compagnie de Jésus (1540), que l'on pourrait appeler la chevalerie du Christ et le boulevard de la chrétienté. Cette fondation est assurément l'une des plus grandes gloires de l'Église catholique ; sciences profanes et sciences sacrées, enseignement, apostolat, rien ne devait être étranger à la Compagnie d'Ignace.
Les vertus du fondateur égalaient ses grandes œuvres ; elles avaient toutes pour inspiratrice cette devise digne de lui : « Ad maiorem Dei gloriam! » (À la plus grande gloire de Dieu !).
Pour un approfondissement :
>>> Ignace de Loyola


Sources principales : Abbé L. Jaud (Vie des Saints...) ; wikipédia.org (« Rév. x gpm »).



wikipédia – en ligne dimanche 31 juillet 2016


Ignace de Loyola

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Ignace de Loyola
Image illustrative de l'article Ignace de Loyola
Ignace de Loyola
Saint, Fondateur des Jésuites
Naissance
Décès
le 31 juillet 1556  (65 ans)
Rome, Latium, Italie
Nom de naissance
Iñigo Perez de Loyola
Nationalité
Ordre religieux
Vénéré à
19 avril 1609 Rome
par Paul V
le 12 mars 1622 Rome
par Grégoire XV
Vénéré par
Fête

Blason d'Ignace de Loyola.svg
Íñigo López de Loyola, francisé en Ignace de Loyola, né en 1491note 1 à Azpeitia dans le Pays basque espagnol et mort le 31 juillet 1556 à Rome, est le fondateur et le premier Supérieur général de la Compagnie de Jésus — en latin abrégé « SJ » pour Societas Jesu — congrégation catholique reconnue par le pape Paul III en 1540 et qui prit une importance considérable dans la réaction de l'Église catholique romaine aux XVIe et XVIIe siècles, face à l'ébranlement causé par la Réforme protestante.
Auteur des Exercices spirituels, il fut un remarquable directeur de conscience. La spiritualité ignacienne est l'une des principales sources d'introspection religieuse dans le catholicisme. À la tête des Jésuites, il devint un ardent promoteur de la Réforme tridentine, aussi appelée Contre-Réforme. Il orienta sa congrégation vers l'œuvre missionnaire, en particulier vers les Indes, l'Afrique et les colonies portugaises d'Amérique du Sud.
Canonisé par le pape Grégoire XV le 12 mars 1622 Ignace de Loyola est liturgiquement commémoré le 31 juillet.

Sommaire

La formation d’Ignace

Eneko (Íñigo en castillan) est né dans le château de Loyola dans la commune d'Azpeitia, à 25 kilomètres au sud-ouest de Donostia-San Sebastián dans la province du Guipuscoa, au Pays basque (Espagne). Son nom, Iñigo, vient de Saint Enecus (Innicus), père-abbé d'Oña ; le nom Ignatius fut pris plus tard lorsqu'il résidait à Rome1.
Basilique San Ignacio à Azpeitia dans le Pays Basque.
Dernier né d'une fratrie de treize enfants, Ignace grandit au sein d'une famille de la petite noblesse basque, alliée traditionnelle de la maison de Castille. Il a seulement 7 ans quand sa mère, Marina Sáenz de Licona y Balda, meurt et il noue une relation forte avec son père, don Beltrán Yáñez de Oñaz y Loyola. Il connaît l'éducation du grand siècle espagnol qui éclot en cette fin du XVe siècle.
Orphelin de père à quinze ans, Ignace quitte Loyola et devient page à la cour du roi d'Aragon Ferdinand le Catholique en 1506 puis, devenu gentilhomme adulte, il exerce la fonction de secrétaire au service d'un parent de sa mère, Juan Velázquez de Cuéllar, trésorier général (contador mayor) de la Reine de Castille, Isabelle la Catholique. Il mène pendant dix ans une vie de Cour, comme il le dit dans son Autobiographie : Jusqu'à la vingt-sixième année de sa vie, il fut un homme adonné aux vanités du monde et principalement il se délectait dans l'exercice des armes. Il se lie avec l'infante Catherine de Castille, sœur de Charles Quint, séquestrée par sa mère Jeanne la Folle à Tordesillas2.
En 1516, la mort de Ferdinand d'Aragon à qui succède Charles Quint entraîne le renvoi de Juan Velázquez et donc l'éloignement d'Ignace. En 1517, Ignace entre dans l'armée du duc de Lara vice-roi de Navarre, récemment rattachée au Royaume de Castille (1512). Le 20 mai 15213, alors qu'il a atteint l'âge de trente ans, il participe au siège de Pampelune (Navarre), ville qu'il défend face aux troupes franco-navarraises appuyées par François Ier qui cherche à récupérer la couronne de Navarre au bénéfice de la famille du vicomte de Béarn Henri d'Albret. Submergés par le nombre, les Espagnols veulent se rendre, mais Ignace les exhorte à se battre. Une jambe blessée et l'autre brisée par un boulet de canon il est ramené à son château et « opéré », mais sa jambe droite reste plus courte de plusieurs centimètres, et ce pour le restant de sa vie4, l'empêchant définitivement de revenir dans l'armée espagnole.

La conversion

La Vierge de Montserrat, Vierge Noire en bois du XIIe siècle.
Durant sa convalescence, faute de trouver les célèbres romans de chevalerie du temps5, il lit de nombreux livres religieux comme une Vie de Jésus de Ludolphe le Saxon en quatre volumes ou la Légende dorée de Jacques de Voragine, richement illustrée6qui narre les faits et gestes de saints. Dans un mélange de ferveur et d'anxiété, il voit en songe lui apparaître « Notre-Dame avec le Saint Enfant Jésus », il rejette « sa vie passée et spécialement les choses de la chair7 ».
Il ne songe plus qu'à adopter une vie d'ermite et suivre les préceptes de saint François d'Assise et d'autres grands exemples monastiques. Il se décide à se dévouer entièrement à la conversion des « infidèles » musulmans en Terre sainte, avec la prétention de les convertir tous au Christianisme, fidèle en cela à l'esprit du conquistador. Par ailleurs, Ignace, en signe d'expiation veut partir en pèlerinage et toute sa vie, il recherchera les sites consacrés à la dévotion chrétienne. Il devint pèlerin dans la tradition médiévale, « el pelegrino », ainsi qu'il titre ses souvenirs dicté à Luis Gonçalves de Camara à la fin de sa vie8.
Après son rétablissement, il quitte en février 1522 la maison familiale pour rejoindre Jérusalem. Sur le chemin, arrivé au monastère bénédictin de Montserrat, près de Barcelone, il se confesse à un père d'origine française, le père Chanon, et passe trois jours en prières. Dans la nuit du 24 mars 1522, dans un geste de rupture avec sa vie ancienne de militaire, il accroche ses habits militaires et ses armes devant la statue de la Vierge noire. Vêtu d'un simple tissu, une espèce de soutane en toile, avec une corde en guise de ceinture, l’home del sac (en catalan), veut reprendre la route de Barcelone.
Le couvent de Saint Ignace à Manrèse.
Mais, meurtri par son voyage, ses blessures mal cicatrisées, l'ascèse, et certains diront bloqué par la peste qui sévit à Barcelone, d'autres pour éviter le cortège du nouveau pape Adrien VI qui se rend de Madrid à Rome9, il passe plusieurs mois dans une grotte près de la ville de Manresa (Manrèse en français) en Catalogne ou il pratique le plus rigoureux ascétisme.
Il mène jusqu'au début de 1523 une vie d'ermite au cours de laquelle il commence la rédaction de ce qui deviendra les Exercices spirituels. Depuis sa « conversion », Ignace avait pris l'habitude de consigner dans des carnets, les extraits les plus frappants des textes qu'il lisait. Lors de son séjour à Manrèse, il prend l'habitude de consigner ses expériences dans un cahier, une sorte de journal intime qui deviendra l'un des livres clés de la spiritualité ignatienne.

Le pèlerinage en Terre sainte

Il prend alors comme « pèlerin de Dieu » la route de la Terre sainte et, le 20 mars 1523, embarque pour l'Italie. Béni à Rome par le pape Adrien VI, il continue son périple jusqu'à Venise, et parvient à Jérusalem, où il ne reste que trois semaines en septembre 1523, avant d'être prié par les frères franciscains de quitter le pays. À nouveau en Italie, traversée par les armées espagnoles et françaises, il se retrouve à Venise et se convainc de l'absolue nécessité d'étudier pour enseigner. Après la méthode religieuse mise au point dans les Exercices, la conviction du rôle des études va être une autre des caractéristiques du futur projet jésuite10. Il est de retour à Barcelone en mars 1524.

Les études

Façade du collège San Ildefonso à l'université d'Alcalá (1543).
Il consacre les onze années suivantes aux études, plus d'un tiers de ce qu'il lui restait à vivre. Il reprend des cours de base (grammaire et latin) à Barcelone et, dès 1526, il en sait assez pour suivre les cours de philosophie et de théologie à l'université d'Alcalá de Henares. Foyer intellectuel brillant de la Castille, cette université rassemble tous les alumbrados et conversos qui forment le climat spirituel de cette époque11. À la fin de 1527, encouragé par Alonso de Fonseca, archevêque de Tolède, il rejoint la plus prestigieuse de toutes : l'université de Salamanque. Mais les attaques vives qu'il subit en particulier de la part de l'Inquisition et des dominicains le décident à se rendre à Paris en février 1528, ou il vivra durant sept ans.
Collège Sainte-Barbe - Vue de 1891.
Ses progrès dans la compréhension des mécanismes de l'enseignement et sa capacité à dominer intellectuellement y compris plus érudit que lui par l'usage du « discernement », le distinguent. Mais sa personnalité rigoureuse et entière et son attitude réformatrice lui créent de nombreux ennemis. À Barcelone, il est battu très sévèrement, et son compagnon tué, sur l'instigation de notables vexés de ne plus être admis dans un couvent qu'Ignace avait récemment réformé5. À Alcalá, un inquisiteur, le grand vicaire Figueroa, le harasse constamment le soupçonnant d'illuminisme, allant jusqu'à l'emprisonner pendant quelques semainesnote 2. À Paris, ses épreuves furent variées, pauvreté, maladie, œuvres de charité, discipline du collège, particulièrement sévère dans celui de Montaigu, où il résida, car trop pauvre et ignorant avant de rejoindre celui plus « libéral » du Collège Sainte-Barbe, où il fut accusé publiquement par Diego de Gouvea, recteur du collège, d'enfreindre les règles mais il se défendit vigoureusement et obtint des excuses publiques.
À l'Université de Paris, Ignace se retrouve « dans le chaudron de la Renaissance », au cœur de ce que Jean Lacouture appelle la décennie prodigieuse qui débute en 1525 avec la polémique entre Érasme (De libero arbitrio) et Luther (De servo arbitrio), puis la création du collège de France en 1530, la parution du Pantagruel de Rabelais (1532) ou enfin la publication de l’Institution de la religion chrétienne de Calvin (1536)12. Il est reçu maître ès arts le 13 mars 1533. Pendant ce temps, ayant commencé ses études de théologie, il est licencié en 1534, mais il ne peut être reçu docteur, ses ennuis de santé le conduisant hors de Paris en mars 1535.

La fondation de la Compagnie de Jésus

Le vœu de Montmartre

Église Saint-Pierre de Montmartre bâtie sur le site où la tradition catholique situe la fondation des Jésuites.
Plaquette dans la Basilique de Saint-Nicolas-de-Port commémorant le passage des neuf compagnons en route pour Venise
En France, Ignace de Loyola regroupe autour de lui des étudiants de qualité issus d'horizons divers, mais tous unis par une commune fascination pour Ignace. Il connut en particulier au collège Sainte-Barbe, ses deux premiers compagnons qui furent le Savoyard Pierre Favre et le Navarrais Francisco Iassu de Aprizcuelta y Xavier dit François Xavier ; puis, Diego Lainez et Alonso Salmerón le rallièrent, connaissant sa réputation d'Alcalà ; enfin, Nicolás Bobadilla et Simón Rodríguez de Azevedo, un Portugais.
Ignace évolua progressivement sur l'attitude et la discipline qu'il s'imposait. Prenant en compte les critiques reçues à Alcalà ou Salamanque sur les pratiques d'extrême pauvreté et de mortification, il s'adapta à la vie dans la cité, en dirigeant les efforts de tous vers les études et les exercices spirituels. Le lien devint très fort avec ses compagnons unis dans le grand idéal de vivre en Terre Sainte la même vie que le Christ.
Le 15 août 1534, à l'issue de la messe célébrée à Montmartre dans la Crypte du martyrium de saint Denis par Pierre Favre, ordonné prêtre trois mois auparavant, les sept prononcent les deux vœux de pauvreté et chasteté et le troisième de se rendre dans les deux ans en pèlerinage à Jérusalem pour y convertir les infidèles, à la fin de leurs études. Unis par le charisme d'Ignace, les nouveaux amis décident de ne plus se séparer. En 1535 et 1536 les sept renouvellent leur vœux et trois nouveaux compagnons se joignent à eux : Claude Le Jay, Paschase Broët, et Jean Codure. Pour joindre Ignace à Venise, ses neuf compagnons se mettent en route en novembre 1536.

La fondation de l’ordre

Le pape Paul III approuve la création de la Compagnie de Jésus en 1540.
Après avoir quitté Paris, il se rend six mois en Espagne puis à Bologne, où incapable de se remettre aux études, il se consacre à des œuvres de charité5 attendant que ses 9 compagnons rejoignent Venise (6 janvier 1537) sur la route de Jérusalem. Mais la guerre avec les Turcs les empêche de poursuivre. Ils décident de reporter d'un an leur engagement, après quoi ils se mettront à disposition du pape. Ignace de Loyola, comme la plupart de ses compagnons est ordonné prêtre à Venise le 24 juin 1537. Ils partent ensuite dans des villes universitaires voisines, Ignace avec Pierre Favre et Laynez prennent en octobre 1537 la route de Rome. Ignace, en vue de la ville, au lieu-dit la Storta, a une vision de Dieu s'adressant à lui après l'avoir placé aux côtés du Christ : « Je vous serai propice à Rome »13.
Approbation des statuts de la Société de Jésus : Ignace de Loyola reçoit la bulle Regimini militantis Ecclesiae des mains du pape Paul III. Fresque peinte par Johann Christoph Handke dans l'église de Notre-Dame des Neiges à Olomouc après 1743.
À Rome, capitale des États pontificaux, Alexandre Farnèse venait en 1534 d'être élu pape, sous le nom de Paul III. Il règne sur une capitale en crise, à peine remise du sac de Rome par les troupes de l'empereur en 1527, en butte à la corruption généralisée et siège d'une église en crise, profondément ébranlée par la fulgurante progression de la Réforme. Paul III semble rapidement voir tout le profit à tirer de cette nouvelle société de prêtres savants, rigoureux, intègres et d’un immense volontarisme réformateur. En novembre 1538, Paul III, après de nombreux contacts avec Lainez, reçoit Ignace et ses compagnons venus faire leur « oblation » au pape. Celui-ci leur ordonne de travailler à Rome qui sera leur Jérusalem14. Dès lors, s'ébauche la Compagnie de Jésus ou Ordre des jésuites.
De mars à juin 1539, selon les minutes rédigées par Pierre Favre, ils débattent de la forme à donner à leur action, devoir d'obéissance, cohésion du groupe alors que l'activité missionnaire disperse les jésuites, rôle dans l'éducation… En août 1539, Ignace, Codure et Favre rédigent la prima Societatis Jesu instituti summa, esquisse des constitutions de la Compagnie avec quelques points forts : l'obéissance à un Préposé général, l'exaltation de la pauvreté, le refus du cérémonial monastique, et en particulier de la prière collective et des mortifications. Ignace de Loyola soumet, par l'intermédiaire du cardinal Contarini, ce texte à Paul III qui réside l'été à la Rocca Pia à Tivoli et en approuve le contenu le 3 septembre 153915.
Malgré quelques oppositions à la Curie, la création de la Compagnie de Jésus est acceptée par le pape Paul III le 27 septembre 1540, dans sa bulle Regimini militantis ecclesiae, qui reprend la formula instituti tout en limitant le nombre de profès16 à soixante. Cette restriction fut rapidement éliminée lors de la promulgation de la bulle Injunctum nobis du 14 mars 1543.
Le 22 avril 1541, Ignace est élu, en dépit de ses réticences, premier supérieur général de la Compagnie de Jésus puis il fit avec ses compagnons, sa profession dans la basilique Saint-Paul-hors-les-murs17. L'Ordre est dès lors constitué.
En 1542 Ignace fonde la Maison Sainte Marthe pour accueillir et réinsérer des personnes prostituées. Il doit défendre sa fondation contre les diffamations. Il va de par les rues de Rome pour recruter des candidates sur les lieux de prostitution d'alors. Contrairement aux couvents de repenties, il laisse le choix aux personnes prostituées de se marier18.

Les débuts de la Compagnie jusqu'à la mort d’Ignace

La structuration de l’Ordre

Article détaillé : Compagnie de Jésus.
Ignace fut chargé en 1541 de mettre au point les règles d'organisation de la nouvelle compagnie, les Constitutions, mais il ne commença pas les travaux avant 1547, introduisant progressivement des coutumes, destinées à se transformer à terme en lois. En 1547, Juan de Polanco devint son secrétaire, et avec son aide, il réalisa un premier jet des Constitutions entre 1547 et 1550, tout en sollicitant simultanément l'approbation pontificale de réaliser une nouvelle édition de la Formula Instituti. Le pape Jules III l'accepta dans la bulle Exposcit Debitum, le 21 juillet 1550.
En parallèle, un nombre important de pères révisèrent le premier texte, mais bien que ne proposant que peu de changements, la version suivante réalisée par Ignace en 1552 était assez différente. Cette version fut publiée et prit force de loi dans la Compagnie. Des amendements légers furent jusqu'à sa mort introduits par Ignace.
Sous le nouveau général Jacques Lainez, la Ie Congrégation générale de la compagnie décida d'imprimer le texte qui resta tel quel jusqu'aux modifications introduites par la XXXIVe Congrégation en 1995.
Il envoya ses compagnons comme missionnaires en Europe pour créer un réseau d'écoles, de collèges et de séminaires. Juan de Vega, l'ambassadeur de Charles Quint à Rome y avait connu Ignace. L'estimant énormément ainsi que ses jésuites, quand il fut nommé vice-roi de Sicile, il y attira ceux-ci. Un premier collège fut fondé en 1548 à Messine ; il eut rapidement un grand succès et ses règles et méthodes furent ensuite reproduites partout.
Parallèlement à la Compagnie de Jésus, Ignace fonde à Rome en 1547, la Compagnie du Saint-Sacrement de l'Église des douze Apôtres autour d'un groupe de laïcs19.

La postérité d’Ignace

Tombeau de Saint-Ignace dans l'église du Gesù à Rome.
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À sa mort, le 31 juillet 1556 à Rome, la Compagnie de Jésus compte déjà plus de mille membres répartis dans douze Provinces, soixante-douze résidences et soixante-dix-neuf maisons et collèges.

Béatification

Ignace de Loyola fut béatifié le 19 avril 1609, jour de Pâques (l'annonce en avait été faite le 3 décembre de l'année précédente)20.

Canonisation

Ignace de Loyola est canonisé le 12 mars 1622, en même temps que François Xavier, Thérèse d'Avila, Philippe Neri et Isidore le Laboureur.

La spiritualité ignacienne

Article détaillé : Exercices spirituels.
Les Exercices spirituels sont un ouvrage de méditation et de prière qui est considéré comme le chef-d'œuvre spirituel d'Ignace de Loyola à partir de sa propre expérience spirituelle, vécue notamment à Manrèse. Tout l’enseignement d’Ignace de Loyola, est orienté vers le discernement, car pour lui, toute décision humaine est le lieu d’une rencontre avec le Seigneur. Le livre fait environ 200 pages. Il veut être le « livre du maître » qui guide l'accompagnateur spirituel lors d'une retraite d'environ 30 jours.
Les méditations ont été écrites de manière à refléter authentiquement la spiritualité catholique, mais l'accent mis sur la rencontre personnelle entre le retraitant et Dieu attire aussi des chrétiens d'autres confessions.

Œuvres d'Ignace de Loyola

Saint Ignace n’est pas un « grand écrivain », au sens où on l’entend habituellement. Ses écrits sont fonctionnels (direction spirituelle ou gouvernement de la Compagnie) ou personnels (journal spirituel). Une édition critique de l’ensemble de ses écrits se trouve dans les MHSI : les Monumenta Ignatiana (22 volumes).

Les Exercices spirituels

Les Exercices spirituels proposent des méditations et contemplations organisées en quatre semaines, permettant un progrès dans la compréhension de soi-même et des mystères de la vie du Christ pour les assimiler. Pour chaque méditation, seuls quelques ‘points’ sont donnés, chaque fois avec beaucoup de sobriété. Dans l’esprit de Saint Ignace les ‘exercices spirituels’ sont toujours faits avec un guide dont le rôle doit être cependant effacé car «il doit laisser le Créateur agir sans intermédiaire avec la créature [retraitant], et la créature avec son Créateur et Seigneur» (ES, N°15)
  • Exercices spirituels, introduit par François Courel, Paris, DDB, 1963.

Le Journal spirituel

Il s'agit d'un journal intime strictement personnel tenu dans les années 1544 et 1545 où il note quotidiennement les mouvements intérieurs de son âme durant et suivant la célébration de la messe (expériences de consolations et désolations). Seule une partie de ce journal nous est parvenue. Ce cahier fut publié pour la première fois au XIXe siècle.

L’Autobiographie

Le Récit du pèlerin (c’est ainsi qu’Ignace s’identifie dans ce récit) est l'histoire autobiographique d'Ignace de Loyola tel qu'il l'a racontée, entre 1553 et 1555, à un autre jésuite, le père Luis Gonçalvès da Câmara. À la fin de sa vie, il répondait ainsi à la demande de plusieurs compagnons qui désiraient obtenir un testament spirituel en forme de récit. Ignace a longtemps hésité avant de raconter son histoire, même s'il l'avait promis dès 1551.
Selon Louis Gonçalvès da Câmara, c'est le 4 août 1553 qu'Ignace prit la décision de réaliser sa promesse. Après une conversation sur le thème de la vaine gloire, relate le père da Câmara, « alors qu'il mangeait avec Juan de Polanco et moi, notre Père dit que bien souvent Maître Nadal et d'autres de la Compagnie lui avaient demandé une chose et qu'il ne s'y était jamais décidé ; mais que, après avoir parlé avec moi et s'être recueilli dans sa chambre, il avait eu une grande dévotion et inclination à le faire et s'y était totalement décidé ».
Ce texte fut ensuite maintenu dans les archives pendant 150 ans, jusqu'à ce que les bollandistes le publient dans les Acta Sanctorum.
  • Le Récit du Pèlerin : Autobiographie de saint Ignace de Loyola, présenté par André Thiry, Seuil, Paris, 2001.
  • Autobiographie, présentée par Alain Guillermou, Seuil, Paris, 1982.

Les Lettres

6815 lettres et instructions sont connues, écrites par lui-même ou - en son nom - par son secrétaire, Juan de Polanco. Lettres de direction spirituelle (la plus ancienne date de 1524) et de gouvernement, d’encouragement et de réprimande. Instructions pour ceux qui vont fonder un collège ou participer au concile de Trente. Ces lettres sont adressées à des compagnons jésuites, personnages importants, bienfaiteurs de la Compagnie, ou encore parents de novices, fils ou filles spirituelles.
  • Sélection de Lettres, commentées par Gervais Dumeige, Bruges, DDB, 1959.

Les Constitutions

Les Constitutions forment le premier texte législatif fondamental de la Compagnie de Jésus, préparé avec l’aide de Juan de Polanco et revu régulièrement à la lumière de l’expérience des premiers jésuites. À strictement parler, Loyola n’en est pas l’auteur car il laissa à la première congrégation générale (réunie en 1558, après sa mort) le soin de les promulguer.
  • Constitutions de Saint Ignace de Loyola (avec les ‘Normes’ de la CG34), Paris, 1997.

Notes

  1. La date exacte de sa naissance n’est pas connue avec certitude. Le registre baptismal le plus ancien d’Azpeitia date de 1537. Même en ce qui concerne l’année, ses premiers compagnons (Polanco et Ribadeneyra) et amis hésitaient entre 1491, 1493 et 1495. Choisissant d’écrire sur son épitaphe qu’Ignace de Loyola est mort à 65 ans, il s’accordent implicitement sur 1491 comme année de naissance. Le témoignage de sa nourrice, Maria Garin, va dans le même sens. La date serait confirmée par le fait qu'Ignace signe en 1507 des actes après la mort de son père - la limite légale de signature étant fixée à 16 ans (Lacouture T.1, p. 15). Les biographes contemporains (Dudon, Dalmases, Ravier, Lacouture), se basant sur l’étude exhaustive de Pedro de Leturia (De anno quo Ignatius natus est disceptatio critica, dans les MHSI, Fontes Narrativi, vol.I, pp. 14-24) optent tous pour 1491. Absolument rien de certain ne peut être dit quant au jour de sa naissance : ni 24 décembre ni 25 octobre. Ce que l’on appelle l’Autobiographie, qui est plutôt le récit d’une conversion et d'un cheminement spirituel tel que raconté à un confident (qui le met par écrit) ne donne aucune indication au sujet de la date de naissance d’Ignace de Loyola.
  2. Deux mois pour l’Encyclopedia, 17 jours pour Lacouture.

Références

  1. Catholic Encyclopedia, notice biographique Ignatius de Loyola, 1913.
  2. Lacouture, T. 1, p. 17.
  3. Catholic Encyclopédia.
  4. Lacouture, T. 1, p. 21.
  5. a, b et c Catholic Encyclopedia.
  6. A. Guillermou, St Ignace de Loyola, p. 15.
  7. autobiographie p. 49.
  8. A. Guillermou, St Ignace de Loyola, p. 17.
  9. A. Guillermou, p. 19.
  10. Lacouture, p. 35.
  11. Lacouture, p. 37 ; les alumbrados sont les illuminés, empreints de mystique, liés à la réforme franciscaine et les conversos sont les juifs ayant en 1492 choisi d'opter pour le catholicisme.
  12. Lacouture, p. 50 à 52.
  13. Lacouture, p. 93, témoignage de Diego Lainez.
  14. Lacouture, p. 96.
  15. (en) St. Ignatius de Loyola and the Early Jesuits [archive] de Stewart Rose, The Catholic Publication Society, New York, 1891, pp. 263-264.
  16. Prêtre jésuite ayant prononcé l'ensemble de ses vœux.
  17. Catholic encyclopedia.
  18. « Ignace de Loyola et les courtisanes » [archive], Charles Chauvin ; Prostitution et Société, 1991.
  19. Alain Guillermou, Les Jésuites, PUF 1961 réed. 1992 p. 16.
  20. Adrien Baillet, Les vies des saints composées sur ce qui nous est resté de plus authentique et de plus assuré dans leur histoire, volume 10, 1739, 400 pages ; page 393.

Voir aussi

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Bibliographie

En français
  • Jésuites, Jean Lacouture, Tome 1, Le Seuil, 1991 (ISBN 2-02-012213-8)
  • St Ignace de Loyola et la Compagnie de Jésus, Alain Guillermou, (coll. Maîtres spirituels, 23), 187 p., Le Seuil, Paris, 1960 - Réed. Points Sagesses 224, Le Seuil, 2007 (ISBN 978 2757804124)
  • Ignace de Loyola fonde la compagnie de Jésus, André Ravier, Bellarmin, Paris, 1974.
  • La Vie de saint Ignace de Loyola, Alain Guillermou, Le Seuil, Paris, 1961.
  • Inigo, Portrait, François Sureau, Gallimard, octobre 2010 (ISBN 2-07-013075-4)
  • José Ignacio Tellechea Idígoras, "Ignace de Loyola, pèlerin de l'absolu", Nouvelle Cité, 1992, 451 pages (original espagnol 1986).
  • David Lonsdale, Ignace maître spirituel, Desclée-Bellarmin, 1991, 211 p.
En anglais
Musique : "L'apothéose de saint Ignace et de saint François Xavier", opéra en latin, créé à Rome (1622) à l'occasion de sa canonisation

Articles connexes