dimanche 31 janvier 2016

saint Jean (Giovanni) Bosco . 1815 + 1888



Fondateur de la
« Congrégation salésienne (SDB) »
et de l'Institut des
« Filles de Marie-Auxiliatrice (FMA) »



J
ean (Giovanni) Bosco naît le 16 août 1815 aux Becchi, groupe de petites fermes du hameau de Castelnuovo d’Asti (maintenant Castelnuovo Don Bosco), au Piemont.

Ses parents étaient de pauvres paysans ; mais sa mère, demeurée veuve avec trois enfants, était une sainte femme. Le caractère jovial de Jean lui donnait une grande influence sur les enfants de son âge. Il les attirait par ses manières aimables et il entremêlait avec eux les divertissements et la prière. Doué d'une mémoire extraordinaire, il se plaisait à leur répéter les sermons qu'il avait entendus à l'église. C'étaient là les premiers signes de sa vocation apostolique. Son cœur, soutenu par celui de sa mère et d'un bon vieux prêtre, aspirait au sacerdoce. La pauvreté, en l'obligeant au travail manuel, semblait lui interdire l'étude. Mais, par la grâce de Dieu, son courage et sa vive intelligence surmontèrent tous les obstacles.

En 1835, il était admis au grand séminaire. « Jean, lui dit sa mère, souviens-toi que ce qui honore un clerc, ce n'est pas l'habit, mais la vertu. Quand tu es venu au monde je t'ai consacré à la Madone ; au début de tes études je t'ai recommandé d'être son enfant ; sois à elle plus que jamais, et fais-la aimer autour de toi. »
Au grand séminaire, comme au village et au collège, Jean Bosco préludait à sa mission d'apôtre de la jeunesse et donnait à ses condisciples l'exemple du travail et de la vertu dans la joie.

Prêtre le 5 juin 1841, il vint à Turin. Ému par le spectacle des misères corporelles et spirituelles de la jeunesse abandonnée, il réunit, le dimanche, quelques vagabonds qu'il instruisait, moralisait, faisait prier, tout en leur procurant d'honnêtes distractions. Mais cette œuvre du dimanche ne suffisait pas à entretenir la vie chrétienne, ni même la vie corporelle, de ces pauvres enfants.

Jean Bosco, bien que dépourvu de toute ressource, entreprit donc d'ouvrir un asile aux plus déshérités. Il acheta pour 30.000 francs une maison payable dans la quinzaine. « Comment ! lui dit sa mère devenue son auxiliaire, mais tu n'as pas un sou vaillant ! » - « Voyons ! reprit le fils, si vous aviez de l'argent, m'en donneriez-vous ? Eh bien, mère, croyez-vous que la Providence, qui est infiniment riche, soit moins bonne que vous ? »

Voilà le trésor divin de foi, d'espérance et de charité dans lequel Jean Bosco, malgré toutes les difficultés humaines, ne cessa de puiser, pour établir ses deux Sociétés Salésiennes de religieux (SDB 1859) et de religieuses (FMA 1872), avec des établissements charitables multipliés aujourd'hui dans le monde entier.

Don Bosco, épuisé par le travail, rejoint la Maison du Père le 31 janvier 1888 ; il laisse, à son successeur don Michele Rua (béatifié le 29 octobre 1972), 773 Salésiens et 393 Filles de Marie-Auxiliatrice.

Giovanni Bosco fut béatifié le 2 juin 1929 et canonisé le 1er avril 1934, dimanche de Pâques, par Pie XI (Ambrogio Damiano Ratti, 1922-1939)

Pour un approfondissement biographique : >>> SDB.ORG


Source principale : sdb.org ; wikipédia.org (« Rév. x gpm »).

SAN GIOVANNI BOSCO SACERDOTE / F

saint François-Xavier-Marie Bianchi . 1743 + 1815




Prêtre barnabite
 « Apôtre de Naples »



Né le 2 décembre 1743 à Arpino dans le Latium, François-Xavier-Marie Bianchi fait preuve d'une intelligence précoce et manifeste une grande pureté. Entré chez les Barnabites (Ordre de Clercs réguliers de Saint-Paul), qui avaient été ses maîtres, il est nommé professeur à Naples, mais il préfère cependant le ministère de la confession et de la direction spirituelle.

Aimant le silence et la vie en cellule, il accepte par obéissance des charges pastorales dont il s'acquitte en apôtre du Christ ; il y récolte de nombreux fruits dus à l'exemple de sa sainte vie et au soutien du Seigneur qui le comble de charismes et de grâces extraordinaires.

Les jambes couvertes de plaies, il passait de longues heures au confessionnal et après des années de patiente souffrance, il meurt le 31 janvier 1815.

Francesco Saverio Maria Bianchi fut béatifié le 22 janvier 1893, par Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903), et canonisé le 21 octobre 1951, par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958).
 SAN FRANCESCO SAVERIO MARIA BIANCHI BARNABITA /





 



quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé - textes du jour.


Avis de décès d'un parent par alliance de ma chère femme


Mon amour, tes yeux se sont fermés trop tôt.
Merci pour tout l'amour, l'affection et le soutien que tu m'as apportés.
La douleur de ton départ ne me fera jamais oublier 
toutes les belles années passées à tes côtés.
Tu n'es plus là où tu étais,
mais tu es partout là où je suis.
Repose en paix.
Je t'aimerai toujours
Ta compagne E.

*
*        *
Hier soir

23 heures 30 + Devant le poêle, de profil, aux côtés de notre fille, nos ordinateurs jumeaux, tandis qu’Edith est à la télévision. Je vais de l’une à l’autre. Sous l’oreiller conjugal, du côté de ma femme, j’ai glissé un second DELPECH : j’ai osé Dieu, et il y en a un troisième paru en 2011 (la jeunesse passe trop lentement). Et de lui, je ne savais rien, aucun rapprochement avec un « tube » ni même qu’il ait été chanteur., tandis que ma femme, des correspondantes, bien plus qu'une génération...
Arte donne de manière saisissante le fil du règne d’Henri VIII d’Angleterre, une tyrannie et un arbitraire sans nom ni précédent, les épouses décapitées, pire que Barbe-Bleue, mais une révolution qui a façonné l’Angleterre comme aucune autre. Nos rois, même si la Saint-Barthélemy fut un modèle du genre, n’eurent jamais – par grâce – cette évolution addictive intime pour le maintien d’une dynastie : les Tudor et la hantise du fils qui ne vient… le sang versé faute de sang assuré… Chez nous, la continuité dynastique totale pendant huit siècle. Même passion pour le pouvoir, non plus à transmettre mais à conserver : Elisabeth Ière (tout donne à penser qu’en d’autres temps, l’actuelle reine se serait conduite et imposée comme les Tudor). Parallèle de nos deux histoires de part et d’autre de la Manche, et une guerre entre nous vers 1549, avec une de nos rares mais très grande victoire navale…
Livres… voici Jean d’ORMESSON qui n’a rien fait que vivre et écrire, sans héroisme mais devenu symbole d’un temps périmé, plaisant surtout par contraste avec ce que nous vivons qui n’a plus douceur ni drapé. Etonnante pérennité de Patrick GRAINVILLE, au moins de visage. J’avais acheté son livre, repéré en kiosque en 1976 et m’étais alors étonné de la queue pour l’acheter, c’était le Goncourt. Quarante ans après, le jeune agrégé de lettres faisant l’éloge de son royaume, Sartrouville et son lycée, est toujours là, un conte : dans un bois et avec BB, un tigre…
                                                                « Notule » du cher Olivier B. la maire de Paris fait sa FH : refaire une carte administrative par sa seule décision [1]


[1] - Le 30/01/2016 12:01, Olivier BRISSON a écrit :
L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo est jugé par le tribunal International de la Haye pour crimes contre l’Humanité lors de violences de novembre 2010 à avril 2011.
Il n’est probablement pas le seul coupable, mais il est le seul à avoir perdu les élections…
Le 28/01/2016

Au Portugal, le nouveau gouvernement, de gauche, décide de repasser aux 35h et d’augmenter les salaires…
Emmanuel Macron va demander la rupture des relations diplomatiques avec Lisbonne…
Le 29/01/2016

Anne Hidalgo veut fusionner les 1er, 2ème, 3ème et 4ème arrondissements de Paris.
Elle n’a pas encore décidé si le 5ème deviendrait le 2ème
Si c’est le cas, il va devenir très chic d’habiter le 13ème et e beaucoup moins le 16ème
Le 30/01/2016



Ce matin
 
Prier… ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer [1] La confiance, la vocation de chacun même s’il en est selon toutes apparences humaines d’éminentes et d’autres la nôtre, la mienne, plus intime, mais pour le chemin à cette vie, quelle différence, quelle hiérarchie même, puisque c’est de la relation à Dieu, nous donnant et nous garantissant celle aux autres, qui fait notre chemin et notre salut… Avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré… Seigneur, mon Dieu, tu es mon espérance. Hymne à la charité : Paul, on ne sait dire amour ? ou charité ? même si évidemment le mouvement intime est le même, unique de racine, de fruit, de grâce. S’il me manque l’amour, je ne suis rien. … il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais. Hymne chanté en grec, dans l’épisode bleu de cette trilogie dont le réalisateur ne me revient pas en mémoire. Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé. Oui, Seigneur, notre Dieu. Notre souverain et sauveur… N’est-ce pas là le fils de Joseph ? … Tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de al colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.
Et suite de notre histoire par l’autre bout de la lorgnette mais cela donne de la perspective et du recul : toujours le fidèle Olivier B. [2]


[1] - Jérémie I 4 à 19 passim ; psaume LXXI ; 1ère lettre de Paul aux Coninthiens XII 31 à XIII 13 ; évangile selon saint Luc IV 21 à 30
[2] - Le 31/01/2016 08:51, Olivier BRISSON a écrit :
Sarko va faire élire démocratiquement par les adhérents de son parti, les 100 présidents de fédérations,
…qui  seront contrôlés  républicainement par 100 secrétaires départementaux choisis par lui.
 Le 31/01/2016

samedi 30 janvier 2016

passons sur l'autre rive... le Seigneur a passé sur ton péché - textes du jour

Samedi 30 Janvier 2016

                         La pluie, le ciel comme un linceul, le silence, à peine la présence très ténue d’un vent qui donne frémissement aux arbustes et aux branches les plus fines de nos vieux chênes, les chèvres n’aiment pas cette humidité. Prise de rythme sur conseil : le sacrement de réconciliation ou la confession pour davantage de discernement, chaque moi. Le Magnificat, satisfaction que demande le plus souvent MLP. Les indications de notre conscience, notre résistance, « faire » des sacrifices, en fait le sacrifice est de soi, il n’est pas un paquet ou un geste ou un fait pour la plupart des moments de nos vies et pour la plupart de nous. Mais il y a ou il y a eu des moments où si j’avais compté absolument sur Dieu, j’aurais pris un autre chemin, celui dont je n’avais pas la force. Passons sur l’autre rive [1]. Oui, pédagogie du péché, l’accepter tel qu’il nous a entravés et diminués, c’est continuer même avec perte. Parabole de David qui continue. David dit à Nathan (la parabole du pauvre à l’unique brebis, une toute petite, qu’il avait achetée, il la nourrissait, et elle grandissait chez lui au milieu de ses fils ; elle mangeait de son pain, buvait de sa coupe, elle dormait dans ses bras : elle était comme sa fille: « J’ai péché contre le Seigneur ! ». Nathan lui répondit : « Le Seigneur a passé sur ton péché, tu ne mourras pas. Cependant, parce que tu as bafoué le Seigneur, le fils que tu viens d’avoir mourra ». Notre responsabilité, ce que nous causons. David implora Dieu pour le petit enfant. Rien n’y fit , miséricorde ? et mystère ! Moi-même… notre dialogue hier soir avec ma chère femme sur le sacrement, sur le péché, sur ce que j’avoue. Prescription ? non, jamais, mais pardon : oui. Oubli ? non. Miséricorde ? oui. Vie éternelle pour tous les : avortés, les assassinés, les assassins, celles et ceux qui n’ont pas fait confiance au carrefour….  Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » … Lui, dormait sur le coussin à l’arrière. Les indifférences apparentes de Dieu… Maître, nous sommes perdus ; cela te ne fait rien ? »…  Craquer entre les mains de Dieu nous donnant conscience et capacité à Le choisir, encore et toujours.


[1] - 2ème Samuel XII 1 à 17 ; psaume LI ; évangile selon saint Marc IV 35 à 41

vendredi 29 janvier 2016

il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier - textes du jour





Journée, encore une, comme presque toutes dans ma vie, passionante et variée. Cinq cent kilomètres, une dizaine de présentations à évaluer et à noter collégialement : nos étudiants en LIM’ART et de façon plus qu’intéressante, éléments de jugements sur les comportements  l’oral et en groupe, et dynamique de notre quintet d’enseignants : quelle que soit notre « matière » les évaluations de nos étudiants coincident. Je reviendrai sur l’ensemble de ces mondes si différents, qui m’ont accueilli ce jour, je n’ose dire que j’en fais partie : la justice administrative, les mouvements sociaux en Bretagne, cette semi-université privée émergente dont je connais peu les vrais tenants et aboutissants. Ma chère femme mène l’enquête. Elle m’apprend aussi un nouveau deuil. Le père d’une amie très proche. Je voudrais qu’en politique, nationale ou locale, il y a ces estimes mutuelles, ces travaux en groupe pendant des heures avec les fous-rires, avec le souci du bien commun, avec le respect de la fonction qu’on exerce : le conseil des ministres devrait être cela, les conseils du roi sous Louis XIV et Louis XV, présidés par le roi lui-même étaient de cet ordre. Une administration des personnes, des réflexions, et des réflexes, de l’invention en pédagogie.
Prier… l’adultère de David, le meurtre-même qu’il organise, commandite, camoufle. Le récit est haletant que je connais bien. Une Bethsabée déjà. Le soldat impeccable, pas d’amusements ni de confort en temps de guerre et pendant que ses hommes sont au combat. Enceinte à la première étreinte et Ourias, deux nuits pour que l’enfant paraisse de lui, mais il ne s’y prête pas. Le récit est sec, précis, la généalogie du Christ va vraiment commencer. Cette femme était très belle. Probablement légère puisqu’elle obtempère aussitôt. Elle vint chez lui, il coucha avec elle. David, combattant suprême (BOURGUIBA… et sa légende), David chef de guerre, David roi, David humble et saint, David psalmiste… et David assassin, amateur de plaisir en tous genres, même mortels à tous égards, mais un homme qui jette en terre la semence. [1]   Les manières, niveaux et auditoires de catéchèse : pédagogie du Christ et ensuite. Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier. L’Ancien Testament, déjà parabole pour nous, catéchèse et théologie du péché, le pardon divin ne calme pas nos psychologies. Nous avons, tout humainement, le sens de nos péchés, de notre péché.


[1] - 2ème Samuel XI 1 à 17 ; psaume LI ; évangile selon saint Marc IV 26 à 34

jeudi 28 janvier 2016

saint Joseph Freinademetz . 1852 + 1908


Prêtre de la Société du Verbe Divin  Missionnaire en Chine

Joseph Freinademetz est né le 15 avril 1852 à Oies, un hameau de 5 maisons dans les Alpes dolomitiques au Nord de l'Italie. Joseph reçut le baptême le jour même de sa naissance. Il hérita de sa famille une foi simple mais tenace et une grande capacité de travail.

Pendant que Joseph étudiait la théologie au Séminaire diocésain de Bressanone, il commença à penser sérieusement aux missions étrangères comme un chemin de vie possible. Ordonné prêtre le 25 Juillet 1875, il fut nommé pour la communauté S. Martino di Badia, une paroisse près de chez lui, où très vite il gagna les cœurs des gens. Cependant, l'appel au service missionnaire ne le quittait pas. Seulement deux ans après son ordination, il entra en contact avec le Père Arnold Janssen, fondateur d'une maison missionnaire, que deviendra bientôt officiellement la Société du Verbe Divin.

En Août 1878, avec la permission de son Évêque, Joseph entre dans la Maison de Mission à Steyl en Hollande. Le 2 mars 1879, il reçoit sa croix missionnaire et part pour la Chine avec le Père Jean Baptiste Anzer, un autre missionnaire du Verbe Divin. Après un voyage de cinq semaines, ils arrivent à Hongkong où ils restent pour deux ans et se préparant pour l'étape suivante. En 1881, ils partent pour leur nouvelle mission au Sud Shantung, une province de 12 millions d'habitants avec seulement 158 Chrétiens.

Les deux années suivantes furent dures, marquées par des voyages longs et ardus, avec les assauts des bandits, et consacrées spécialement au travail difficile de former les premières communautés chrétiennes. Aussi, à peine qu'une communauté a été formée, une instruction de la part de l'Évêque pouvait lui demander de la quitter pour fonder ailleurs une nouvelle.

Très tôt, Joseph comprendra l'importance des laïcs, en particulier des catéchistes, dans la première évangélisation. Il consacra une grande partie de ses forces à leur formation et prépara un manuel catéchétique en langue chinoise. En même temps, avec Anzer qui devint évêque, il investit un grand effort dans la préparation spirituelle et la formation permanente des prêtres chinois et des missionnaires.

Toute sa vie était tellement caractérisée par l'effort de se faire un chinois parmi les chinois, qu'il pouvait écrire à sa famille : « J'aime la Chine et les Chinois. Je ne veux que mourir parmi eux et être enterré au milieu d'eux ».

En 1898, Joseph Freinademetz souffrait de laryngite et il ressentait les premiers symptômes de tuberculose comme conséquence de la surcharge de travail et de beaucoup de privations. Sur l'insistance de l'Évêque et d'autres prêtres, il partit pour quelque temps au Japon pour se reposer, dans l'espoir de retrouver sa santé. Il retourna en Chine quelque peu rétabli, mais pas complètement guéri.

A la fin de 1907, pendant qu'il était Administrateur diocésain pour la sixième fois, il y eut une épidémie de typhus. Joseph, offrant comme bon pasteur sans cesse son assistance, visitait plusieurs communautés jusqu'à en être lui-même infecté.

Il se rendit à Taikia, le siège du diocèse, où il mourut le 28 janvier 1908. Il a été enterré sous la 12e station du Chemin de la Croix et son tombeau deviendra très vite un lieu de pèlerinage pour les chrétiens.

Joseph Freinademetz a su découvrir la grandeur et la beauté de la culture chinoise et aimer profondément le peuple auquel il a été envoyé. Il a consacré sa vie à proclamer l'évangile de l'amour que Dieu a pour tous les peuples, et à incarner cet amour dans la communion des communautés chrétiennes chinoises. Il a appris à ces communautés à s'ouvrir à la solidarité avec tout le peuple chinois. Et il a encouragé beaucoup de chrétiens chinois à devenir missionnaires auprès de leur peuple, comme catéchistes, religieux, religieuses et prêtres. Toute sa vie a été l'expression de ce qu'il avait écrit une fois : « L'amour est le seul langage que tous les peuples comprennent ».

Joseph Freinademetz fut élevé aux honneurs des autels le 9 octobre 1975 par le Bx Paul VI (Giovanni Battista Montini, 1963-1978) et canonisé le 5 octobre 2003 par saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).


Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).


SAN GIUSEPPE FREINADEMETZ MISSIONARIO / E

 







saint Thomas d'Aquin, dominicain, Docteur de l'Église . 1225 + 1274




Tommaso d’Aquino naît en 1225 dans une noble famille napolitaine.

Élevé à l'abbaye bénédictine du Mont-Cassin, Thomas choisit, cependant, à 19 ans, d'entrer chez les Frères prêcheurs. Ce n'est guère du goût de sa famille, qui le fait enlever et enfermer. L'ordre dominicain est un ordre mendiant, fondé quelques années plus tôt, et il n'avait pas bonne presse dans l'aristocratie.

Au bout d'un an, Thomas peut enfin suivre sa vocation. On l'envoie à Paris pour y suivre les cours de la bouillonnante Université. Il a comme professeur saint Albert le Grand. Pour ce dernier, il faut faire confiance à la raison et à l'intelligence de l'homme pour chercher Dieu. Le philosophe le plus approprié à cette recherche est Aristote. Thomas retient la leçon.

Devenu professeur, il s'attelle à un gigantesque travail pour la mettre en œuvre. Connaissant très bien Aristote et ses commentateurs, mais aussi la Bible et la tradition patristique chrétienne, il élabore une pensée originale, qu'il expose dans de multiples ouvrages, dont le plus connu est la « Summa Theologiae» (Somme Théologique).

Comme professeur, il doit aussi soutenir de véhémentes controverses avec des intellectuels chevronnés. Il voyage aussi à la demande des papes. Mais c'est l'étude qui a toute sa faveur : à la possession de « Paris la grande ville », il dit préférer « le texte correct des homélies de saint Jean Chrysostome sur l'évangile de saint Matthieu ».

Il meurt sur la route qui le conduisait au Concile de Lyon, le 7 mars 1274, dans l'abbaye cistercienne de Fossanova (dans la région du Latium).

On célèbre sa mémoire au jour anniversaire du transfert de son corps au couvent des dominicains de Toulouse, les Jacobins, en 1369.

Il est le saint patron de l'Enseignement catholique.

Pour approfondir, lire les Catéchèses du pape Benoît XVI :


@Evangelizo.org

 



TRAINI FRANCESCO / Triumph Of St Thomas Aquinas
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 2 juin 2010

Saint Thomas d'Aquin
Chers frères et sœurs,
Après quelques catéchèses sur le sacerdoce et mes derniers voyages, nous revenons aujourd'hui à notre thème principal, c'est-à-dire la méditation de certains grands penseurs du Moyen-Age. Nous avions vu dernièrement la grande figure de saint Bonaventure, franciscain, et je voudrais aujourd'hui parler de celui que l'Eglise appelle le Doctor communis:  c'est-à-dire saint Thomas d'Aquin. Mon vénéré prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, dans son encyclique Fides et ratio, a rappelé que saint Thomas "a toujours été proposé à juste titre par l'Eglise comme un maître de pensée et le modèle d'une façon correcte de faire de la théologie" (n. 43). Il n'est donc pas surprenant que, après saint Augustin, parmi les écrivains ecclésiastiques mentionnés dans le Catéchisme de l'Eglise catholique, saint Thomas soit cité plus que tout autre, pas moins de soixante et une fois! Il a également été appelé Doctor Angelicus, sans doute en raison de ses vertus, en particulier le caractère sublime de sa pensée et la pureté de sa vie.
Thomas naquit entre 1224 et 1225 dans le château que sa famille, noble et riche, possédait à Roccasecca, près d'Aquin, à côté de la célèbre abbaye du Mont Cassin, où il fut envoyé par ses parents pour recevoir les premiers éléments de son instruction. Quelques années plus tard, il se rendit dans la capitale du Royaume de Sicile, Naples, où Frédéric II avait fondé une prestigieuse Université. On y enseignait, sans les limitations imposées ailleurs, la pensée du philosophe grec Aristote, auquel le jeune Thomas fut introduit, et dont il comprit immédiatement la grande valeur. Mais surtout, c'est au cours de ces années passées à Naples, que naquit sa vocation dominicaine. Thomas fut en effet attiré par l'idéal de l'Ordre fondé quelques années auparavant par saint Dominique. Toutefois, lorsqu'il revêtit l'habit dominicain, sa famille s'opposa à ce choix, et il fut contraint de quitter le couvent et de passer un certain temps auprès de sa famille.
En 1245, désormais majeur, il put reprendre son chemin de réponse à l'appel de Dieu. Il fut envoyé à Paris pour étudier la théologie sous la direction d'un autre saint, Albert le Grand, dont j'ai récemment parlé. Albert et Thomas nouèrent une véritable et profonde amitié, et apprirent à s'estimer et à s'aimer, au point qu'Albert voulut que son disciple le suivît également à Cologne, où il avait été envoyé par les supérieurs de l'Ordre pour fonder une école de théologie. Thomas se familiarisa alors avec toutes les œuvres d'Aristote et de ses commentateurs arabes, qu'Albert illustrait et expliquait.
A cette époque, la culture du monde latin avait été profondément stimulée par la rencontre avec les œuvres d'Aristote, qui étaient demeurées longtemps inconnues. Il s'agissait d'écrits sur la nature de la connaissance, sur les sciences naturelles, sur la métaphysique, sur l'âme et sur l'éthique, riches d'informations et d'intuitions, qui apparaissaient de grande valeur et convaincants. Il s'agissait d'une vision complète du monde, développée sans et avant le Christ, à travers la raison pure, et elle semblait s'imposer à la raison comme "la" vision elle-même:  cela était donc une incroyable attraction pour les jeunes de voir et de connaître cette philosophie. De nombreuses personnes accueillirent avec enthousiasme, et même avec un enthousiasme acritique, cet immense bagage de savoir antique, qui semblait pouvoir renouveler avantageusement la culture, ouvrir des horizons entièrement nouveaux. D'autres, toutefois, craignaient que la pensée païenne d'Aristote fût en opposition avec la foi chrétienne, et se refusaient de l'étudier. Deux cultures se rencontrèrent:  la culture pré-chrétienne d'Aristote, avec sa rationalité radicale, et la culture chrétienne classique. Certains milieux étaient conduits au refus d'Aristote également en raison de la présentation qui était faite de ce philosophe par les commentateurs arabes Avicenne et Averroès. En effet, c'était eux qui avaient transmis la philosophie d'Aristote au monde latin. Par exemple, ces commentateurs avaient enseigné que les hommes ne disposaient pas d'une intelligence personnelle, mais qu'il existe un unique esprit universel, une substance spirituelle commune à tous, qui œuvre en tous comme "unique":  par conséquent, une dépersonnalisation de l'homme. Un autre point discutable véhiculé par les commentateurs arabes était celui selon lequel le monde est éternel comme Dieu. De façon compréhensible, des discussions sans fin se déchaînèrent dans le monde universitaire et dans le monde ecclésiastique. La philosophie d'Aristote se diffusait même parmi les personnes communes.
Thomas d'Aquin, à l'école d'Albert le Grand, accomplit une opération d'une importance fondamentale pour l'histoire de la philosophie et de la théologie, je dirais même pour l'histoire de la culture:  il étudia à fond Aristote et ses interprètes, se procurant de nouvelles traductions latines des textes originaux en grec. Ainsi, il ne s'appuyait plus seulement sur les commentateurs arabes, mais il pouvait également lire personnellement les textes originaux, et commenta une grande partie des œuvres d'Aristote, en y distinguant ce qui était juste de ce qui était sujet au doute ou devant même être entièrement rejeté, en montrant la correspondance avec les données de la Révélation chrétienne et en faisant un usage ample et précis de la pensée d'Aristote dans l'exposition des écrits théologiques qu'il composa. En définitive, Thomas d'Aquin démontra qu'entre foi chrétienne et raison, subsiste une harmonie naturelle. Et telle a été la grande œuvre de Thomas qui, en ce moment de conflit entre deux cultures - ce moment où il semblait que la foi devait capituler face à la raison - a montré que les deux vont de pair, que ce qui apparaissait comme une raison non compatible avec la foi n'était pas raison, et que ce qui apparaissait comme foi n'était pas la foi, si elle s'opposait à la véritable rationalité; il a ainsi créé une nouvelle synthèse, qui a formé la culture des siècles qui ont suivi.
En raison de ses excellentes capacités intellectuelles, Thomas fut rappelé à Paris comme professeur de théologie sur la chaire dominicaine. C'est là aussi que débuta sa production littéraire, qui se poursuivit jusqu'à sa mort, et qui tient du prodige:  commentaires des Saintes Ecritures, parce que le professeur de théologie était surtout un interprète de l'Ecriture, commentaires des écrits d'Aristote, œuvres systématiques volumineuses, parmi elles l'excellente Summa Theologiae, traités et discours sur divers sujets. Pour la composition de ses écrits, il était aidé par des secrétaires, au nombre desquels Réginald de Piperno, qui le suivit fidèlement et auquel il fut lié par une amitié sincère et fraternelle, caractérisée par une grande proximité et confiance. C'est là une caractéristique des saints:  ils cultivent l'amitié, parce qu'elle est une des manifestations les plus nobles du cœur humain et elle a quelque chose de divin, comme Thomas l'a lui-même expliqué dans certaines quaestiones de la Summa Theologiae, où il écrit:  "La charité est l'amitié de l'homme avec Dieu principalement, et avec les êtres qui lui appartiennent" (II, q. 23, a. 1).
Il ne demeura pas longtemps ni de façon stable à Paris. En 1259, il participa au Chapitre général des Dominicains à Valenciennes, où il fut membre d'une commission qui établit le programme des études dans l'Ordre. De 1261 à 1265, ensuite, Thomas était à Orvieto. Le Pape Urbain iv, qui nourrissait à son égard une grande estime, lui commanda la composition de textes liturgiques pour la fête du Corpus Domini, que nous célébrons demain, instituée suite au miracle eucharistique de Bolsena. Thomas eut une âme d'une grande sensibilité eucharistique. Les très beaux hymnes que la liturgie de l'Eglise chante pour célébrer le mystère de la présence réelle du Corps et du Sang du Seigneur dans l'Eucharistie sont attribués à sa foi et à sa sagesse théologique. De 1265 à 1268, Thomas résida à Rome où, probablement, il dirigeait un Studium, c'est-à-dire une maison des études de l'ordre, et où il commença à écrire sa Summa Theologiae (cf. Jean-Pierre Torell, Thomas d'Aquin. L'homme et le théologien, Casale Monf., 1994).
En 1269, il fut rappelé à Paris pour un second cycle d'enseignement. Les étudiants - on les comprend - étaient enthousiastes de ses leçons. L'un de ses anciens élèves déclara qu'une très grande foule d'étudiants suivaient les cours de Thomas, au point que les salles parvenaient à peine à tous les contenir et il ajoutait dans une remarque personnelle que "l'écouter était pour lui un profond bonheur". L'interprétation d'Aristote donnée par Thomas n'était pas acceptée par tous, mais même ses adversaires dans le domaine académique, comme Godefroid de Fontaines, par exemple, admettaient que la doctrine du frère Thomas était supérieure à d'autres par son utilité et sa valeur et permettait de corriger celles de tous les autres docteurs. Peut-être aussi pour le soustraire aux vives discussions en cours, les supérieurs l'envoyèrent encore une fois à Naples, pour être à disposition du roi Charles i, qui entendait réorganiser les études universitaires.
Outre les études et l'enseignement, Thomas se consacra également à la prédication au peuple. Et le peuple aussi venait volontiers l'écouter. Je dirais que c'est vraiment une grande grâce lorsque les théologiens savent parler avec simplicité et ferveur aux fidèles. Le ministère de la prédication, d'autre part, aide à son tour les chercheurs en théologie à un sain réalisme pastoral, et enrichit leur recherche de vifs élans.
Les derniers mois de la vie terrestre de Thomas restent entourés d'un climat particulier, mystérieux dirais-je. En décembre 1273, il appela son ami et secrétaire Réginald pour lui communiquer sa décision d'interrompre tout travail, parce que, pendant la célébration de la Messe, il avait compris, suite à une révélation surnaturelle, que tout ce qu'il avait écrit jusqu'alors n'était qu'"un monceau de paille". C'est un épisode mystérieux, qui nous aide à comprendre non seulement l'humilité personnelle de Thomas, mais aussi le fait que tout ce que nous réussissons à penser et à dire sur la foi, aussi élevé et pur que ce soit, est infiniment dépassé par la grandeur et par la beauté de Dieu, qui nous sera révélée en plénitude au Paradis. Quelques mois plus tard, absorbé toujours davantage dans une profonde méditation, Thomas mourut alors qu'il était en route vers Lyon, où il se rendait pour prendre part au Concile œcuménique convoqué par le Pape Grégoire X. Il s'éteignit dans l'Abbaye cistercienne de Fossanova, après avoir reçu le Viatique avec des sentiments de grande piété.
La vie et l'enseignement de saint Thomas d'Aquin pourrait être résumés dans un épisode rapporté par les anciens biographes. Tandis que le saint, comme il en avait l'habitude, était en prière devant le crucifix, tôt le matin dans la chapelle "San Nicola" à Naples, Domenico da Caserta, le sacristain de l'Eglise, entendit un dialogue. Thomas demandait inquiet, si ce qu'il avait écrit sur les mystères de la foi chrétienne était juste. Et le Crucifié répondit:  "Tu as bien parlé de moi, Thomas. Quelle sera ta récompense?". Et la réponse que Thomas donna est celle que nous aussi, amis et disciples de Jésus, nous voudrions toujours lui dire:  "Rien d'autre que Toi, Seigneur!" (Ibid., p. 320).

* * *
Je confie à votre prière, chers pèlerins francophones, mon Voyage Apostolique à Chypre et tous les Chrétiens du Moyen Orient. Priez aussi pour les prêtres et les séminaristes. Puisse le Seigneur Jésus vous accompagner dans votre vie! Que Dieu vous bénisse!

APPEL DU PAPE
C'est avec une profonde inquiétude que je suis les tragiques épisodes qui ont eu lieu à proximité de la Bande de Gaza. Je ressens le besoin d'exprimer mes sincères condoléances pour les victimes de ces douloureux événements, qui inquiètent tous ceux qui ont à cœur la paix dans la région. Encore une fois, je répète avec une grande tristesse que la violence ne résout pas les différends, mais qu'elle en accroît au contraire les douloureuses circonstances et engendre d'autres violences. Je fais appel à tous ceux qui ont des responsabilités politiques au niveau local et international afin qu'ils recherchent sans attendre des solutions justes à travers le dialogue, de manière à garantir aux populations de la région de meilleures conditions de vie, dans la concorde et la sérénité. Je vous invite à vous unir à moi dans la prière pour les victimes, pour leurs proches et pour tous ceux qui souffrent. Que le Seigneur soutienne les efforts de ceux qui ne se lassent pas d'œuvrer pour la réconciliation et pour la paix.



BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 16 juin 2010

Saint Thomas d'Aquin (2)
Chers frères et sœurs,
Je voudrais aujourd'hui continuer la présentation de saint Thomas d'Aquin, un théologien d'une telle valeur que l'étude de sa pensée a été explicitement recommandée par le Concile Vatican II dans deux documents, le décret Optatam totius, sur la formation au sacerdoce, et la déclaration Gravissimum educationis, qui traite de l'éducation chrétienne. Du reste, déjà en 1880, le Pape Léon XIII, son grand amateur et promoteur des études thomistes, voulut déclarer saint Thomas Patron des écoles et des universités catholiques.
La principale raison de cette estime réside non seulement dans le contenu de son enseignement, mais aussi dans la méthode qu'il a adoptée, notamment sa nouvelle synthèse et distinction entre philosophie et théologie. Les Pères de l'Eglise se trouvaient confrontés à diverses philosophies de type platonicien, dans lesquelles était présentée une vision complète du monde et de la vie, y compris la question de Dieu et de la religion. En se confrontant avec ces philosophies, eux-mêmes avaient élaboré une vision complète de la réalité, en partant de la foi et en utilisant des éléments du platonisme, pour répondre aux questions essentielles des hommes. Cette vision, basée sur la révélation biblique et élaborée avec un platonisme corrigé à la lumière de la foi, ils l’appelaient «notre philosophie». Le terme de «philosophie» n'était donc pas l'expression d'un système purement rationnel et, en tant que tel, distinct de la foi, mais indiquait une vision d'ensemble de la réalité, construite à la lumière de la foi, mais faite sienne et pensée par la raison; une vision qui, bien sûr, allait au-delà des capacités propres de la raison, mais qui, en tant que telle, était aussi satisfaisante pour celle-ci. Pour saint Thomas, la rencontre avec la philosophie pré-chrétienne d'Aristote (mort vers 322 av. J.-C.) ouvrait une perspective nouvelle. La philosophie aristotélicienne était, évidemment, une philosophie élaborée sans connaissance de l’Ancien et du Nouveau Testament, une explication du monde sans révélation, par la raison seule. Et cette rationalité conséquente était convaincante. Ainsi, l'ancienne formule de «notre philosophie» des Pères ne fonctionnait plus. La relation entre philosophie et théologie, entre foi et raison, était à repenser. Il existait une «philosophie» complète et convaincante en elle-même, une rationalité précédant la foi, et puis la «théologie», une pensée avec la foi et dans la foi. La question pressante était celle-ci: le monde de la rationalité, la philosophie pensée sans le Christ, et le monde de la foi sont-ils compatibles? Ou bien s'excluent-ils? Il ne manquait pas d'éléments qui affirmaient l'incompatibilité entre les deux mondes, mais saint Thomas était fermement convaincu de leur compatibilité — et même que la philosophie élaborée sans la connaissance du Christ attendait en quelque sorte la lumière de Jésus pour être complète. Telle a été la grande «surprise» de saint Thomas, qui a déterminé son parcours de penseur. Montrer cette indépendance entre la philosophie et la théologie et, dans le même temps, leur relation réciproque a été la mission historique du grand maître. Et on comprend ainsi que, au XIXe siècle, alors que l'on déclarait avec force l'incompatibilité entre la raison moderne et la foi, le Pape Léon XIII indiqua saint Thomas comme guide dans le dialogue entre l'une et l'autre. Dans son travail théologique, saint Thomas suppose et concrétise cette relation. La foi consolide, intègre et illumine le patrimoine de vérité que la raison humaine acquiert. La confiance que saint Thomas accorde à ces deux instruments de la connaissance — la foi et la raison — peut être reconduite à la conviction que toutes deux proviennent de l'unique source de toute vérité, le Logos divin, qui est à l'œuvre aussi bien dans le domaine de la création que dans celui de la rédemption.
En plus de l'accord entre la raison et la foi, il faut reconnaître, d'autre part, que celles-ci font appel à des processus de connaissance différents. La raison accueille une vérité en vertu de son évidence intrinsèque, médiate ou immédiate; la foi, en revanche, accepte une vérité sur la base de l'autorité de la Parole de Dieu qui est révélée. Saint Thomas écrit au début de sa Summa Theologiae: «L'ordre des sciences est double; certaines procèdent de principes connus à travers la lumière naturelle de la raison, comme les mathématiques, la géométrie et équivalents; d'autres procèdent de principes connus à travers une science supérieure, c'est-à-dire la science de Dieu et des saints» (I, q. 1, a. 2).
Cette distinction assure l'autonomie autant des sciences humaines que des sciences théologiques. Celle-ci n'équivaut pas toutefois à une séparation, mais implique plutôt une collaboration réciproque et bénéfique. La foi, en effet, protège la raison de toute tentation de manquer de confiance envers ses propres capacités, elle l'encourage à s'ouvrir à des horizons toujours plus vastes, elle garde vivante en elle la recherche des fondements et, quand la raison elle-même s'applique à la sphère surnaturelle du rapport entre Dieu et l'homme, elle enrichit son travail. Selon saint Thomas, par exemple, la raison humaine peut sans aucun doute parvenir à l’affirmation de l'existence d'un Dieu unique, mais seule la foi, qui accueille la Révélation divine, est en mesure de puiser au mystère de l'Amour du Dieu Un et Trine.
Par ailleurs, ce n'est pas seulement la foi qui aide la raison. La raison elle aussi, avec ses moyens, peut faire quelque chose d'important pour la foi, en lui rendant un triple service que saint Thomas résume dans le préambule de son commentaire au De Trinitate de Boèce: «Démontrer les fondements de la foi; expliquer à travers des similitudes les vérités de la foi; repousser les objections qui sont soulevées contre la foi» (q. 2, a. 2). Toute l'histoire de la théologie est, au fond, l'exercice de cet engagement de l'intelligence, qui montre l'intelligibilité de la foi, son articulation et son harmonie interne, son caractère raisonnable, sa capacité à promouvoir le bien de l'homme. La justesse des raisonnements théologiques et leur signification réelle de connaissance se basent sur la valeur du langage théologique, qui est, selon saint Thomas, principalement un langage analogique. La distance entre Dieu, le Créateur, et l'être de ses créatures est infinie; la dissimilitude est toujours plus grande que la similitude (cf. DS 806). Malgré tout, dans toute la différence entre le Créateur et la créature, il existe une analogie entre l'être créé et l'être du Créateur, qui nous permet de parler avec des paroles humaines sur Dieu.
Saint Thomas a fondé la doctrine de l'analogie, outre que sur des thèmes spécifiquement philosophiques, également sur le fait qu'à travers la Révélation, Dieu lui-même nous a parlé et nous a donc autorisés à parler de Lui. Je considère qu'il est important de rappeler cette doctrine. En effet, celle-ci nous aide à surmonter certaines objections de l'athéisme contemporain, qui nie que le langage religieux soit pourvu d'une signification objective, et soutient au contraire qu'il a uniquement une valeur subjective ou simplement émotive. Cette objection découle du fait que la pensée positiviste est convaincue que l'homme ne connaît pas l'être, mais uniquement les fonctions qui peuvent être expérimentées par la réalité. Avec saint Thomas et avec la grande tradition philosophique, nous sommes convaincus qu'en réalité, l'homme ne connaît pas seulement les fonctions, objet des sciences naturelles, mais connaît quelque chose de l'être lui-même, par exemple, il connaît la personne, le Toi de l'autre, et non seulement l'aspect physique et biologique de son être.
A la lumière de cet enseignement de saint Thomas, la théologie affirme que, bien que limité, le langage religieux est doté de sens — car nous touchons l'être — comme une flèche qui se dirige vers la réalité qu'elle signifie. Cet accord fondamental entre raison humaine et foi chrétienne est présent dans un autre principe fondamental de la pensée de saint Thomas d'Aquin: la Grâce divine n'efface pas, mais suppose et perfectionne la nature humaine. En effet, cette dernière, même après le péché, n'est pas complètement corrompue, mais blessée et affaiblie. La grâce, diffusée par Dieu et communiquée à travers le Mystère du Verbe incarné, est un don absolument gratuit avec lequel la nature est guérie, renforcée et aidée à poursuivre le désir inné dans le cœur de chaque homme et de chaque femme: le bonheur. Toutes les facultés de l'être humain sont purifiées, transformées et élevées dans la Grâce divine.
Une application importante de cette relation entre la nature et la Grâce se retrouve dans la théologie morale de saint Thomas d'Aquin, qui apparaît d'une grande actualité. Au centre de son enseignement dans ce domaine, il place la loi nouvelle, qui est la loi de l'Esprit Saint. Avec un regard profondément évangélique, il insiste sur le fait que cette loi est la Grâce de l'Esprit Saint donnée à tous ceux qui croient dans le Christ. A cette Grâce s'unit l'enseignement écrit et oral des vérités doctrinales et morales, transmises par l'Eglise. Saint Thomas, en soulignant le rôle fondamental, dans la vie morale, de l'action de l'Esprit Saint, de la Grâce, dont jaillissent les vertus théologales et morales, fait comprendre que chaque chrétien peut atteindre les autres perspectives du «Sermon sur la montagne» s’il vit un rapport authentique de foi dans le Christ, s'il s'ouvre à l'action de son Saint Esprit. Mais — ajoute saint Thomas d'Aquin — «même si la grâce est plus efficace que la nature, la nature est plus essentielle pour l'homme» (Summa Theologiae, Ia, q.29. a. 3), c'est pourquoi, dans la perspective morale chrétienne, il existe une place pour la raison, qui est capable de discerner la loi morale naturelle. La raison peut la reconnaître en considérant ce qu'il est bon de faire et ce qu'il est bon d'éviter pour atteindre le bonheur qui tient au cœur de chacun, et qui impose également une responsabilité envers les autres, et donc, la recherche du bien commun. En d'autres termes, les vertus de l'homme, théologales et morales, sont enracinées dans la nature humaine. La Grâce divine accompagne, soutient et pousse l'engagement éthique, mais, en soi, selon saint Thomas, tous les hommes, croyants et non croyants, sont appelés à reconnaître les exigences de la nature humaine exprimées dans la loi naturelle et à s'inspirer d'elle dans la formulation des lois positives, c'est-à-dire de celles émanant des autorités civiles et politiques pour réglementer la coexistence humaine.
Lorsque la loi naturelle et la responsabilité qu'elle implique sont niées, on ouvre de façon dramatique la voie au relativisme éthique sur le plan individuel et au totalitarisme de l'Etat sur le plan politique. La défense des droits universels de l'homme et l'affirmation de la valeur absolue de la dignité de la personne présupposent un fondement. Ce fondement n'est-il pas la loi naturelle, avec les valeurs non négociables qu'elle indique? Le vénérable Jean-Paul II écrivait dans son encyclique Evangelium vitae des paroles qui demeurent d'une grande actualité: «Pour l'avenir de la société et pour le développement d'une saine démocratie, il est donc urgent de redécouvrir l'existence de valeurs humaines et morales essentielles et originelles, qui découlent de la vérité même de l'être humain et qui expriment et protègent la dignité de la personne: ce sont donc des valeurs qu'aucune personne, aucune majorité ni aucun Etat ne pourront jamais créer, modifier ou abolir, mais que l'on est tenu de reconnaître, respecter et promouvoir» (n. 71).
En conclusion, Thomas nous propose un concept de la raison humaine ample et confiant: ample, car il ne se limite pas aux espaces de la soi-disant raison empirique-scientifique, mais il est ouvert à tout l'être et donc également aux questions fondamentales et auxquelles on ne peut renoncer de la vie humaine; et confiant, car la raison humaine, surtout si elle accueille les inspirations de la foi chrétienne, est promotrice d'une civilisation qui reconnaît la dignité de la personne, le caractère intangible de ses droits et le caractère coercitif de ses devoirs. Il n'est pas surprenant que la doctrine sur la dignité de la personne, fondamentale pour la reconnaissance du caractère inviolable de l'homme, se soit développée dans des domaines de pensée qui ont recueilli l'héritage de saint Thomas d'Aquin, qui avait une conception très élevée de la créature humaine. Il la définit, à travers son langage rigoureusement philosophique, comme «ce qui se trouve de plus parfait dans toute la nature, c'est-à-dire un sujet subsistant dans une nature rationnelle» (Summa Theologiae, Ia, q. 29, a. 3).
La profondeur de la pensée de saint Thomas d'Aquin découle — ne l'oublions jamais — de sa foi vivante et de sa piété fervente, qu'il exprimait dans des prières inspirées, comme celle où il demande à Dieu: «Accorde-moi, je t'en prie, une volonté qui te recherche, une sagesse qui te trouve, une vie qui te plaît, une persévérance qui t'attend avec patience et une confiance qui parvienne à la fin à te posséder».
* * *
Je suis heureux de vous accueillir, chers pèlerins de langue française, venus particulièrement de France et de Belgique. Que votre pèlerinage à Rome soit pour vous l'occasion de découvrir toujours plus profondément le visage du Seigneur. Que Dieu vous bénisse!
       
© Copyright 2010 - Libreria Editrice Vaticana
 


BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle Paul VI
Mercredi 23 juin 2010

Saint Thomas d'Aquin (3)
Chers frères et sœurs,
Je voudrais aujourd’hui compléter, par une troisième partie, mes catéchèses sur saint Thomas d’Aquin. Même à 700 ans de sa mort nous pouvons beaucoup apprendre de lui. C’est ce que rappelait également mon prédécesseur, le Pape Paul VI, qui, dans un discours prononcé à Fossanova le 14 septembre 1974, à l’occasion du septième centenaire de la mort de saint Thomas, se demandait: «Maître Thomas, quelle leçon peux-tu nous donner?». Et il répondit ainsi: «La confiance dans la vérité de la pensée religieuse catholique, telle qu’il la défendit, l’exposa, l’ouvrit à la capacité cognitive de l’esprit humain» (Insegnamenti di Paolo VI, XII [1974], pp. 833-834). Et, le même jour, à Aquin, se référant toujours à saint Thomas, il affirmait: «Tous, nous qui sommes des fils fidèles de l'Eglise, nous pouvons et nous devons, au moins dans une certaine mesure, être ses disciples!» (ibid., p. 836).
Mettons-nous donc nous aussi à l’école de saint Thomas et de son chef-d’œuvre, la Summa Theologiae. Celle-ci, bien qu’étant inachevée, est une œuvre monumentale: elle contient 512 questions et 2669 articles. Il s’agit d’un raisonnement serré, dans lequel l’application de l’intelligence humaine aux mystères de la foi procède avec clarté et profondeur, mêlant des questions et des réponses, dans lesquelles saint Thomas approfondit l’enseignement qui vient de l'Ecriture Sainte et des Pères de l'Eglise, en particulier saint Augustin. Dans cette réflexion, dans la rencontre de vraies questions de son époque, qui sont aussi et souvent des questions de notre temps, saint Thomas, utilisant également la méthode et la pensée des philosophes antiques, en particulier Aristote, arrive à des formulations précises, lucides et pertinentes des vérités de la foi, où la vérité est don de la foi, où elle resplendit et nous devient accessible, ainsi qu’à notre réflexion. Cependant, cet effort de l’esprit humain — rappelle saint Thomas à travers sa vie elle-même — est toujours éclairé par la prière, par la lumière qui vient d’En-haut. Seul celui qui vit avec Dieu et avec ses mystères pour comprendre ce qu’ils disent.
Dans la Summa de théologie, saint Thomas part du fait qu’il existe trois différentes façons de l'être et de l’essence de Dieu: Dieu existe en lui-même, il est le principe et la fin de toute chose, c’est pourquoi toutes les créatures procèdent et dépendent de Lui; ensuite, Dieu est présent à travers sa Grâce dans la vie et dans l’activité du chrétien, des saints; enfin, Dieu est présent d’une manière toute particulière en la Personne du Christ et dans les Sacrements, qui naissent de son œuvre rédemptrice. Mais la structure de cette œuvre monumentale (cf. Jean-Pierre Torrell, La «Summa» di San Tommaso, Milan 2003, pp. 29-75), une recherche de la plénitude de Dieu avec un «regard théologique» (cf. Summa Theologiae, Ia, q. 1, a. 7), est articulée en trois parties, et est illustrée par le Doctor Communis lui-même — saint Thomas — avec ces mots: «Le but principal de la sainte doctrine est celui de faire connaître Dieu, et pas seulement en lui-même, mais également en tant que principe et fin des choses, et spécialement de la créature raisonnable. Dans l’intention d’exposer cette doctrine, nous traiterons en premier de Dieu; en deuxième du mouvement de la créature vers Dieu; et en troisième du Christ, qui, en tant qu’homme, est pour nous le chemin pour monter vers Dieu» (ibid., i, q. 2). C’est un cercle: Dieu en lui-même, qui sort de lui-même et nous prend par la main, afin qu’avec le Christ nous retournions à Dieu, nous soyons unis à Dieu, et Dieu sera tout en tous.
La première partie de la Summa Theologiae enquête donc sur Dieu en lui-même, sur le mystère de la Trinité et sur l’activité créatrice de Dieu. Dans cette partie, nous trouvons également une profonde réflexion sur la réalité authentique de l’être humain en tant que sorti des mains créatrices de Dieu, fruit de son amour. D’une part nous sommes un être créé, dépendant, nous ne venons pas de nous-mêmes, mais de l’autre, nous avons une véritable autonomie, ainsi nous ne sommes pas seulement quelque chose d’apparent — comme disent certains philosophes platoniciens — mais une réalité voulue par Dieu comme telle, et qui possède une valeur en elle-même.
Dans la deuxième partie, saint Thomas considère l’homme, animé par la grâce, dans son aspiration à connaître et à aimer Dieu pour être heureux dans le temps et pour l’éternité. L’auteur présente tout d’abord les principes théologiques de l’action morale, en étudiant comment, dans le libre choix de l’homme d’accomplir des actes bons, s’intègrent la raison, la volonté et les passions, auxquelles s’ajoute la force que donne la Grâce de Dieu à travers les vertus et les dons de l’Esprit Saint, ainsi que l’aide qui est offerte également par la loi morale. Ainsi, l'être humain est un être dynamique qui se cherche lui-même, qui aspire à être lui-même et cherche, de cette manière, à accomplir des actes qui l’édifient, qui le font devenir vraiment homme; et celui qui pénètre dans la loi morale, pénètre dans la grâce, dans sa propre raison, sa volonté et ses passions. Sur ce fondement, saint Thomas trace la physionomie de l’homme qui vit selon l’Esprit et qui devient, ainsi, une icône de Dieu. Saint Thomas s’arrête ici pour étudier les trois vertus théologales — la foi, l’espérance et la charité —, suivies de l’examen approfondi de plus de cinquante vertus morales, organisées autour des quatre vertus cardinales: la prudence, la justice, la tempérance et la force. Il termine ensuite par une réflexion sur les différentes vocations dans l'Eglise.
Dans la troisième partie de la Summa, saint Thomas étudie le Mystère du Christ — le chemin et la vérité — au moyen duquel nous pouvons rejoindre Dieu le Père. Dans cette section, il écrit des pages presque uniques sur le Mystère de l’Incarnation et de la Passion de Jésus, en ajoutant ensuite une vaste réflexion sur les sept Sacrements, car en eux le Verbe divin incarné étend les bénéfices de l’Incarnation pour notre salut, pour notre chemin de foi vers Dieu et la vie éternelle et demeure presque présent matériellement avec la réalité de la création et nous touche ainsi au plus profond de nous-mêmes.
En parlant des Sacrements, saint Thomas s’arrête de manière particulière sur le Mystère de l’Eucharistie, pour lequel il eut une très grande dévotion, au point que, selon ses antiques biographes, il avait l’habitude d’approcher son visage du Tabernacle comme pour sentir battre le Cœur divin et humain de Jésus. Dans l’une de ses œuvres de commentaire de l'Ecriture, saint Thomas nous aide à comprendre l’excellence du Sacrement de l’Eucharistie, lorsqu’il écrit: «L’Eucharistie étant le Sacrement de la Passion de notre Seigneur, elle contient Jésus Christ qui souffrit pour nous. Et donc, tout ce qui est l’effet de la Passion de notre Seigneur, est également l’effet de ce sacrement, n’étant autre que l’application en nous de la Passion du Seigneur» (In Ioannem, c.6, lect. 6, n. 963). Nous comprenons bien pourquoi saint Thomas et d’autres saints ont célébré la Messe en versant des larmes de compassion pour le Seigneur, qui s’offre en sacrifice pour nous, des larmes de joie et de gratitude.
Chers frères et sœurs, à l'école des saints, tombons amoureux de ce Sacrement! Participons à la Messe avec recueillement, pour en obtenir des fruits spirituels, nourrissons-nous du Corps et du Sang du Seigneur, pour être sans cesse nourris par la Grâce divine! Entretenons-nous volontiers et fréquemment, familièrement, avec le Très Saint Sacrement!
Ce que saint Thomas a illustré avec une grande rigueur scientifique dans ses œuvres théologiques majeures, comme justement la Summa Theologiae, et également la Summa contra Gentiles a été exposé dans sa prédication, adressée aux étudiants et aux fidèles. En 1273, un an avant sa mort, pendant toute la période du Carême, il tint des prédications dans l'église San Domenico Maggiore à Naples. Le contenu de ces sermons a été recueilli et conservé: ce sont les Opuscules, où il explique le Symbole des Apôtres, interprète la prière du Notre Père, illustre le Décalogue et commente l'Ave Maria. Le contenu des prédications du Doctor Angelicus correspond presque tout entier à la structure du Catéchisme de l'Eglise catholique. En effet, dans la catéchèse et dans la prédication, à une époque comme la nôtre d'engagement renouvelé pour l'évangélisation, ces arguments fondamentaux ne devraient jamais faire défaut: ce que nous croyons, et voici le Symbole de la foi; ce que nous prions, et voici le Notre Père et l'Ave Maria; et ce que nous vivons comme nous l'enseigne la Révélation biblique, et voici la loi de l'amour de Dieu et du prochain et les Dix Commandements comme explication de ce mandat de l’amour.
Je voudrais proposer quelques exemples du contenu, simple, essentiel et convaincant, de l'enseignement de saint Thomas. Dans son Opuscule sur le Symbole des Apôtres, il explique la valeur de la foi. Par l'intermédiaire de celle-ci, dit-il, l'âme s'unit à Dieu, et il se produit comme un bourgeon de vie éternelle; la vie reçoit une orientation sûre, et nous dépassons avec aisance les tentations. A qui objecte que la foi est une stupidité, parce qu’elle fait croire en quelque chose qui n'appartient pas à l'expérience des sens, saint Thomas offre une réponse très articulée, et il rappelle que cela est un doute inconsistant, parce que l'intelligence humaine est limitée et ne peut pas tout connaître. Ce n'est que dans le cas où nous pourrions connaître parfaitement toutes les choses visibles et invisibles, que ce serait alors une authentique sottise d'accepter des vérités par pure foi. Par ailleurs, il est impossible de vivre, observe saint Thomas, sans se fier à l'expérience des autres, là où la connaissance personnelle n'arrive pas. Il est donc raisonnable de prêter foi à Dieu qui se révèle et au témoignage des Apôtres: ils étaient un petit nombre, simples et pauvres, bouleversés par la Crucifixion de leur Maître; pourtant beaucoup de personnes sages, nobles et riches se sont converties en peu de temps à l'écoute de leur prédication. Il s'agit, en effet, d'un phénomène historiquement prodigieux, auquel on peut difficilement donner une autre réponse raisonnable, sinon celle de la rencontre des Apôtres avec le Christ ressuscité.
En commentant l'article du Symbole sur l'Incarnation du Verbe divin, saint Thomas fait certaines considérations. Il affirme que la foi chrétienne, si l'on considère le mystère de l'Incarnation, se trouve renforcée; l'espérance s'élève plus confiante, à la pensée que le Fils de Dieu est venu parmi nous, comme l'un de nous pour communiquer aux hommes sa divinité; la charité est ravivée, parce qu'il n'y a pas de signe plus évident de l'amour de Dieu pour nous, que de voir le Créateur de l'univers se faire lui-même créature, un de nous. Enfin, si l'on considère le mystère de l'Incarnation de Dieu, nous sentons s'enflammer notre désir de rejoindre le Christ dans la gloire. Pour faire une comparaison simple mais efficace, saint Thomas observe: «Si le frère d'un roi était loin, il brûlerait certainement de pouvoir vivre à ses côtés. Eh bien, le Christ est notre frère: nous devons donc désirer sa compagnie, devenir un seul cœur avec lui» (Opuscoli teologico-spirituali, Rome 1976, p. 64).
En présentant la prière du Notre Père, saint Thomas montre qu'elle est en soit parfaite, ayant les cinq caractéristiques qu'une oraison bien faite devrait posséder: l'abandon confiant et tranquille; un contenu convenable, car — observe saint Thomas — «il est très difficile de savoir exactement ce qu'il est opportun de demander ou non, du moment que nous sommes en difficulté face à la sélection des désirs» (Ibid., p. 120); et puis l'ordre approprié des requêtes, la ferveur de la charité et la sincérité de l'humilité.
Saint Thomas a été, comme tous les saints, un grand dévot de la Vierge. Il l'a appelée d'un nom formidable: Triclinium totius Trinitatis, triclinium, c'est-à-dire lieu où la Trinité trouve son repos, parce qu'en raison de l'Incarnation, en aucune créature comme en elle, les trois Personnes divines habitent et éprouvent délice et joie à vivre dans son âme pleine de Grâce. Par son intercession nous pouvons obtenir tous les secours.
Avec une prière qui est traditionnellement attribuée à saint Thomas et qui, quoi qu'il en soit, reflète les éléments de sa profonde dévotion mariale, nous disons nous aussi: «O bienheureuse et très douce Vierge Marie, Mère de Dieu..., je confie à ton cœur miséricordieux toute ma vie... Obtiens-moi, ô ma très douce Dame, la véritable charité, avec laquelle je puisse aimer de tout mon cœur ton très saint Fils et toi, après lui, par dessus toute chose, et mon prochain en Dieu et pour Dieu».
* * *
Je salue les pèlerins francophones, particulièrement les jeunes collégiens et les Vietnamiens présents. Puissions-nous suivre avec générosité le chemin que saint Thomas d’Aquin nous indique ! Que la Vierge Marie vous accompagne ! Bon pèlerinage à tous !

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