mercredi 31 mars 2010

serait-ce moi, Seigneur ? - textes du jour

Mercredi Saint 31 Mars 2010


Prier… [1] la trahison de Judas. Ma fille et moi rencontrons en rentrant de l’école hier soir, notre recteur, se préparant en marchant le long du marais, une promenade qu’il ne connaissait pas, à une célébration pénitentielle, je reviens à Judas et au courant d’aujourd’hui : l’ami de Jésus lui permettant son martyre. Il remarque que plus l’on cherche loin des textes (et l’apocryphe publié il y a peu n’apporte qu’une mystique, pas un récit), moins l’on trouve. Ce qui distingue le traître de Pierre, le renégat, c’est que Judas refuse le pardon, en tout cas il en désespère et n’a donc d’autre référence que lui-même, alors que Pierre est ouvert à cette miséricorde et la recevra donc pleinement. Soit ! La version de Mathieu est bien moins prédestinante, Judas choisit son destin et le pire, pourtant le sait-il ? tandis que le Christ, quelle que soit la version évangélique, sait. D’une part, il accomplit les Ecritures, d’autre part il connaît chacun : Serait-ce moi, Seigneur ? – Celui qui vient de se servir en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux l’homme par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux que cet homme-là ne soit pas né ! – Maître, serait-ce moi ? – C’est toi qui l’a dit. Même formulation et même réplique qu’en dialogue avec Pilate : Dieu nous laisse nous qualifier nous-mêmes devant Lui et devant nos semblables. Mais Le choisissant, nous pouvons dire : quelqu’un veut-il plaider contre moi ? Comparaissons ensemble ! Quelqu’un a-t-il une accusation à porter contre moi ? Qu’il s’avance ! Voici le Seigneur Dieu qui vient prendre ma défense : qui donc me condamnera ?

[1] - Isaïe L 4 à 9 ; psaumeLXIX ; évangile selon saint Matthieu XXVI 14 à 25

mardi 30 mars 2010

chair & religion

sans parvenir à comprendre - textes du jour

Mardi 30 Mars 2010


Prier tardivement, mais « sur » la tombe de ma mère, la remise en Dieu sans texte [1]. Aujourd’hui, la trahison de Judas, récit se prêtant au roman ou au portrait d’un type humain, j’ai esquissé autrefois un « Judas le bienheureux », thème repris depuis avec en sus la publication d’un apocryphe. Il est l’ultime agent de la nécessité, quoique dans la passion comme dans l’incarnation du Fils de Dieu, chaque acter a un rôle décisif, du fiat de Marie aux trente deniers ou à la tunique tirée au sort et au coup de lance plutôt que de briser les jambes. Réflexion aussi d’Isorni dans l’examen, en avocat pénaliste, des pièces du procès que deux trahisons interviennent dans la même nuit, celle de Judas qui ne semble pas préméditée, même s’il a la tentation de malhonnêteté et d’indélicatesse en permance et manifestement connue de tous, rapport avec l’argent ? non, car il ne se serait pas mis, lui surotut à suivre le Christ dans une totale précarité, et la bourse qu’il tient ne devait pas être rebondie, il y avait donc autre chose… et Pierre, le chef et qui cent fois, a répété son attachement. L’un vend plus que du renseignement, l’autre renie. Leçon du texte-même ? Jésus fut bouleversé au plus profond de lui-même … la notation est rare, elle atteste aussi bien de l’omniscience du Christ que de son humanité. Tel que Jean le note, Judas est identifié comme traître mais sans que les disciples l’empêche de perpétrer son forfait : ils sont médusés, impuissants, ce n’est pas humainement explicable. Judas est surtout confirmé dans sa mission et envoyé, il est d’une certaine délivré, accouché, il est laissé à Satan. Eve non plus n’est pas directement coupable. Titre évocateur d’un film « nouvelle vague » : Satan mène le bal . . . ‘’ L’un de vous me livrera. – Seigneur, qui est-ce ? – C’est celui à qui j’offrirai la bouchée que je vais tremper dans le plat. ’’ Il trempe la bouchée et la donne à Judas, fils de Simon Iscariote. Et quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. Jésus lui dit alors : ‘’ Ce que tu fais, fais-le vite’’ . Incompréhension des disciples à deux reprises : les disciples se regardaient les uns les autres, sans parvenir à comprendre de qui Jésus parlait… Mais aucun des convives ne comprit le sens de cette parole. Raison : le contexte est à la fête et Jésus a beau parler « en clair », ils ne peuvent entrer dans le mystère. Judas parti, le « discours après la Cène » si dense leur sera expliqué à mesure, le Christ appelant les questions et les demandes de précision. D’une certaine manière, les événements – même les plus grands et tous mystérieux s’il doit s’agir du Fils de Dieu, tous impossibles en logique et en prévision – ne sont que secondaires, ce qui compte dans toute la Bible, ce n’est pas l’histoire, mais notre relation à Dieu que nous permettent les événements, à laquelle nous amènent ces instruments – ces sacrements – que sont les événements et principalement, ultimement ceux de la Semaine sainte, maintenant. Quand Judas eut pris la bouchée, il sortit aussitôt ; il faisait nuit. Judas aux ordres, Judas en mission et libération du Christ qui peut, maintenant, entrer librement dans sa passion. Et symétrique de l’annonce de la trahison : l’un de vous me livrera, l’annonce à Pierre nommément et ouvertement, de son reniement : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies riené trois fois. Nous qui sommes les agenouillés des tableaux médiévaux votifs et qui tâchons de voir, comprendre et prier, nous entendons alors : je vais faire de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrêmités de la terre. Pourtant, solidaires des Juifs des deux Testaments, le Testament de la promesse et le Testament du salut, nous ferons partie de la foule et crierons : tolle, tolle…

[1] - Isaïe XLIX 1à 6 ; psaume LXXI ; évangile selon saint Jean XIII 21 à 38

lundi 29 mars 2010

lecture du Coran - sourate les fourmis

j'en suis sûr - textes du jour

Lundi 29 Mars 2010


Prier . . . [1] Moi, vous ne m’aurez pas toujours. Jésus et la conscience permanente, pendant sa vie humaine, de sa mort et du genre de cette mort. Sa réplique sur le jeûne impossible tant que l’Epoux est là, sur les pauvres car de cette conscience et de cette nécessité qui, dans le Christ, signifie sa liberté tandis que, chez nous, elle est notre suprême contrainte tant que nous ne percevons pas que la mort est notre retour à l’éternité, de cette conscience et de sa mort, Jésus fait aussi un enseignement : Laissse-la ! il fallait qu’elle garde ce parfum pour le jour de mon ensevelissement. Or, chez Lazare, le ressuscité, qui parle encore d’ensevelissement ? la corde dans la maison du pendu. Et Jésus fait l’apologie de la dépense et de la prévoyance. Marthe comme lors de la première venue du Seigneur s’active et Marie, la contemplative, est moins passive que jamais : elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux. Tableau pour l’artiste, vue aussi du mystique, scène et propos de table comme il est fréquent dans l’évangile, on n’est jamais dans l’éther mais dans le très incarné, le détaillé. Tu feras sortir les captifs de leur prison et de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres. Résurrection, présence à notre table du Fils de Dieu, sollicitude précise, autre dimension de tout : j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. Nos objections ne sont que celles du Judas, elles sont redondantes. Il parla ainsi, non parce qu’il se préoccupait des pauvres mais parce que c’était u voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait pour lui ce que l’on y mettait. Chacun le sait, y compris le Seigneur mais il garde son emploi : le recel d’abus de biens sociaux tel qu’en débat ces jours-ci devant les tribunaux, avec comme matière innovante mais si bien trouvé, les rémunérations excessives. Des pauvres, vous en aurez toujours parmi vous, mais moi vous ne m’aurez pas toujours. Jésus qui sur la croix, sera dépouillé jusqu’à l’os, se présente comme le pauvre par excellence. Incarné donc, s’il en est…

[1] - Isaïe XLII 1 à 7 ; psaume XXVII ; évangile selon saint Jean XII 1 à 11

dimanche 28 mars 2010

les pierres crieront - textes du jour

Dimanche 28 Mars 2010
Prier … [1] selon la ferveur que Dieu me donnait déjà hier soir quand je venais me guérir des blessures de la journée (les haines lues en AFP contre mon/notre Eglise ou en Taqadoumy site mauritanien et forum contre la fondation-même du pays que j’aime) en me recueillant grâce à deux sourates 103 et 102 du Coran, j’entre à présent dans une semaine dite sainte, et qui peut réellement l’être, celle d’un appel, et j’y entre en procession, avec ceux et celles que j’aime, avec ceux/celles venues dans mon existence et ayant accueilli la mienne, mais déjà partis, me précédant d’une étape, leurs visages, leur voix, leur jeunesse puisqu’ils furent vivants de cette terre, leur jeunesse gageant la mienne déjà dans l’au-delà, c’est-à-dire en totale conscience qu’ils ont plus que nous, plus que moi du sein de Dieu. Pour que le Christ ait crié le psaume XXII, combien donc était-il homme, incarné et terrassé par la terreur de la mort et la puissance du supplice d’âme et de chair qu’il subissait et sur toute sa vie d’homme qu’il allait subir : mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête : ‘Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami !’ … Ils me percent les mains et les pieds, je peux compter tous mes os. Ils partagent entre eux mes vêtements et tirent au sort ma tunique. Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : tu es ma force, viens à mon aide ! Et tu m’as répondu ! Avant que le Christ récite en croix le vieux psaume, Isaïe, évangéliste avant la lettre, le fait aussi s’adresser aux hommes qui l’entourent et l’entoureront toujours de leur quête implicite ou explicite : Dieu, mon Seigneur, m’a donné le lang d’un homme qui se laisse instruire pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus. Dieu fait homme pour se donner : je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats. Et pourtant, si peu de temps auparavant… à mesure qu’il avançait, les gens étendaient leurs vêtements sur le chemin. Déjà Jésus arrivait à la descente du mont des Oliviers, quand toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus . . . Quelques pharisiens qui se trouvaient dans la foule (ceux dont nous avons lu hier qu’ils estimaient que Jésus n’aurait pas le culot de venir alors qu’ils avaient résolu sa mort) , dirent à Jésus : ‘ Maître, arrête tes disciples ! ’. Mais il leur répondit : ‘ Je vous le dis : s’ils se taisent, les pierres crieront.’


[1] - évangile selon saint Luc XIX 28 à 40 en procession d’entrée commemorative de celle du Christ à Jérusalem ; Isaïe L 4 à 7 ; psaume XXII ; Paul aux Philippiens II 6 à 11 ; récit de la passion du Christ selon saint Luc XXII 14 à XXIII 56

lecture du Coran - sourate 103 L'instant L'époque & sourate 102 La rivalité Les joutes

samedi 27 mars 2010

qu'allons-nous faire ? - textes du jour

Prier… on avance vers cette semaine Sainte que je sens particulière. Dieu m’appelle à bien davantage de présence et de prière en sa présence. L’Eglise, le Souverain Pontife, le drame qui a toujours été mais qui depuis vint ou trente ans, agite tous les remugles possibles, péchés et crimes contre péchés et quelque chose qui en approche, prédation de l’âme d’enfant mais volonté ricaneuse de détruire la foi dans ceux qui ajoutaient foi à des clergés, trop humains. Le Pape visé, sans doute la soufffrance de beaucoup, la mienne en tout cas : je suis profondément affecté. Biographie de Jean-François Six montrant Guy Riobé, l’évêque d’Orléans faisant se réfugier un de ses prêtres dans une communauté sûre et continuant de le suivre personnellement. Mais à trop s’occuper de sexe et de « morale » sexuelle, l’Eglise montre son propre-flanc, sinon son bas-ventre hélas ! quant à la pédophilie, ce sont les parents d’enfants très jeunes qui savent le mieux ce que seraient tendresse ou abus, grâce et crime. On avance à la crête ou l’on chemine le long de l’abîme. Jésus le regarda et se mit à l’aimer. … Si vous ne devenez pareils à ce petit enfant . . . hélas ! et grâce ! Pitié de toutes parts, respect, « nom de Dieu ! ». Si j’en reçois l’inspiration, papier… « toutes choses égales d’ailleurs », la question Bousquet-Mitterrand qui a fait clivage aussitôt et plus encore post mortem . . . Prier [1] discussion peu priante et toute politique, hors sujet mais ayan déterminé le sort humain de Dieu . . . et toute la dialectique du salut. Car si au vrai Jésus est mis à mort parce qu’il se prétend Fils de Dieu, le conflit est entre une novation ou un accomplissement, un aboutissement spirituels, une proclamation-révélation totales et un établissement socio-professionnel installé, lucratif. Qu’allons-nous faire ? Cet homme accomplit un grand nombre de signes. Si nous continuons à le laisser agir, tout le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation . . . Vous n’y comprenez rien : vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour tout le peuple et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. L’autre péché de mon Eglise, l’antisémitisme a ses racines par là. L’évangile nous donne des leçons et de complots et de réponses au complot. Souveraineté du Christ, apparemment victime. C’est pourquoi Jésus ne circulait plus ouvertement parmi les Juifs ; il partit pour la région proche du désert, dans la vile d’Ephraïm où il séjourna avec ses disciples . . . Ils cherchaient Jésus et, dans le Temple, ils se disaient entre eux : ‘Qu’en pensez-vous ? Il ne viendra sûrement pas à la fête !’. Ironie ou sublime de Dieu : il vient se livrer juste pour la plus grande des fêtes religieuses de son peuple, le peuple qu’Il a lui-même choisi et formé. Je mettrai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours. J’extrapole … Jésus se dit lui-même le Temple par excellence, celui qui sera détruit et qu’il rebâtira en trois jours, son corps livré pour la passion, la crucifixion et sujet de la résurrection. Et par les sacrements et dans la communion des saints, ce corps, ce Temple pour toujours en pleine humanité.


[1] - Ezéchiel XXXVII 21 à 28 ; cantique Jérémie XXXI 10 à 13 passim ; évangile selon saint Jean XI 45 à 57

vendredi 26 mars 2010

ainsi vous reconnaîtrez - textes du jour

Vendredi 26 Mars 2010


Prier [1] parce que j’ai dit : ‘Je suis le Fils de Dieu’. Si je n’accomplis pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire. Mais si je les accomplis, quand bien même vous refuseriez de me croire, croyez les œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi en mon Père. Hier, la fête et la mémoire, le fait et le mystère de l’Annonciation, qui est autant célébration de la liberté humaine que de la conception divine. Aujourd’hui et à longueur de nos vies terrestres, si nous nous mettons « à la place » du Christ : comment un homme – dont la conception exceptionnelle ne sera connue que plus tard et selon ses disciples sans d’ailleurs que les évangiles attestent leur cheminement à ce sujet comme à tant d’autres – comment un homme peut-il faire admettre à ses semblables qu’il est le Fils de Dieu ? à ses contemporains. Il les renvoie, exactement comme il nous renvoit, à ses œuvres. Pour beaucoup de Juifs, il y a aussi l’accomplissement des Ecritures, quoique celles-ci soient ambivalentes puisqu’elles induisent aussi l’ilmage et l’attente d’un Messie temporel et réparateur, image dont beaucoup de générations en générations, y compris les premiers chrétiens, ou tous ceux qui se posent « le problème du mal » ou de « l’éloignement de Dieu » par rapport à nos malheurs personnels ou de notre époque. Il y a enfin le témoignage. Beaucoup vinrent à lui en déclarant : ‘Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce qu’il a dit au sujet de celui-ci étaut vrai.’ Et à cet endroit, beaucoup crurent en lui. En tout cas, les contemporains du Christ se posent la bonne question et ont une réaction très vêcue, très motivée : nous voulons te lapider parce que tu blasphèmes : tu n’es qu’un homme, et tu prétends être Dieu. C’est un homme que présente et chante Jérémie, et qui va entrer dans « sa » Passion. Exercices et présentation liturgiques, soutien de la contemplation, de la prière, la foi ne vient à nos consciences qu’accessoirement. Nous sommes en présence, ce qui est déjà l’éternité où la foi est périmée par le face-à-face et la communion des saints (que nous sommes en puissance, par miséricorde et appel de Dieu… en croix). Il a délivré le pauvre des méchants … Les liens de la mort m’entouraient, le torrent fatal m’emportait, des liens infernaux m’étreignaient, j’étais pris aux pièges de la mort. Dans mon angoisse, j’appelai le Seigneur : vers mon Dieu, je lançai un cri . . . car c’est à toi que j’ai confié ma cause. Ainsi soit-il !

[1] - Jérémie XX 10 à 13 ; psaume XVII ; évangile selon saint Jean X 31 à 42

jeudi 25 mars 2010

voici : je viens - textes du jour

Jeudi 25 Mars 2010


L’Annonciation. Hier soir, une histoire lue au lit pour notre petite fille, le lapin cultivant ses carottes, la pleine page pour montrer le labourage, le récit que je ne veux pas une parabole de la manière dont son conçus les enfants se complète aisément de la petite fente dans le corps et des longs sillons dans le champ, et comment fait-il pour les graines ? simplement l’accueil dans la terre préparée. Elle comprend, elle entonne le cantique qui lui a plu et dire l’exceptionnalité que le petit enfant soit sans graine, est tout à fait facile et acceptable. Ce n’est pas même du merveilleux. Le cœur, l’âme, la personnalité de Marie ont cette fraîcheur devant le réel et il suffit que ce réel lui soit affirmé, de la part de quelqu’un de crédible : le Père. Sans majuscule à mes yeux, mais avec aux yeux de notre fille … ce rôle m’est donné. A noter enfin que la crédibilité est fonction de l’amour. Rien n’est impossible à Dieu . [1] Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon ta parole ». La parfaite intelligence mutuelle de la liberté et de la toute-puissance, de la liberté humaine et de la toute-puissance divine. Reste la suite du « plan ». Il est impossible que le péché soit enlevé par le sang des animaux . . . Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, mais tu m’as fait un corps. . . . Je suis venu pour faire ta volonté, car c’est bien de moi que parle l’Ecriture . . . Tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : ‘’Voici, je viens. Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse’’. Nous qui cherchons pas seulement notre emploi pour notre rémunération, pour notre dignité en société mais pour nous accomplir et discerner notre vocation dans son ensemble, avons ici l’exemple divin : le Fils et sa vocation, tout Dieu qu’il soit, mais en totale liberté : j’ai dit : ‘’Voici, je viens’’ . . . que tout se passe selon ta parole. Consentement et tout se fait, conception … et c’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus Christ a fait de son corps, une fois pour toutes. Reproches tant articulés : le christianisme ne parle ni de la mort ni du mal, en tout cas pas de façon « satisfaisante » ni explicite et nos adolescences, nos vies d’exclus par pays entiers ou soudainement dans notre parcours individuel ou familial, sont pleines de cette question : à quoi suis-je bon ? pour quoi suis-je fait ? Réponse maintenant, de même que Bible et christianisme nous ramènent au vrai sujet, antithétiques de nos interrogations : la vie, le salut. Tu as trouvé grâce auprès de Dieu. A l’instant, le téléphone… un décès, un passage à Dieu, une femme honnête et pure, immigrée de son pays, soutien d’une autre . . . discrète et sobrement de bonne humeur, présente. . . partie maintenant. Prier avec elle. Partie comme en réponse à l’annonce de l’ange. Me voici … L’acceptation, les mains croisées ou jointes des gisants, de la Vierge de Fra Angelico et de tant d’autres. Souveraineté du mourant, il consent et comprend, inconscient ou pas. Dieu finit par pouvoir nous emporter, la formule musulmane est belle : que Dieu l’enveloppe de sa miséricorde, ultime linceul après que nos débuts aient été dans l’amour et l’accueil le plus intimes : le fruit de vos entrailles est béni. Ainsi soit-il ! à bientôt à mon tour, chère … qui vient de partir, nous précédant. Ta loi me tient aux entrailles . . . et le Verbe s’est fait chair.


[1] - Isaïe VII 10 à 14 & VIII 10 ; psaume XL ; lettre aux Hébreux X 4 à 10 ; évangile selon saint Luc I 26 à 38


mercredi 24 mars 2010

vous serez vraiment libres - textes du jour

Mercredi 24 Mars 2010
Prier … [1] ils ont mis leur confiance en lui… ils ont livré leur corps plutôt que de servir et d’adorer un autre dieu que leur Dieu. Echelle de valeurs, relation personnelle à Dieu, conception de l’honneur et de notre propre dignité. L’amour et la foi obligent vis-à-vis de nous-mêmes encore plus que vis-à-vis des autres, c’est le paroxysme de notre liberté que de nous tenir ainsi en présence de Dieu, selon ce qu’Il nous a donné. Ce n’est pas à nous de te répondre. Si notre Dieu que nous servons, peut nous délivrer, il nous délivrera de la fournaise et de ta main, ô roi. Et même s’il ne le fait pas, sois-en bien sûr, ô toi : nous ne servirons pas tes dieux. Supplice de Sidrac, Misac et Abdénago et leur cantique d’action de grâces, de celui de la sœur de Moîse repris par les Israëlites au passage réussi de la Mer Rouge à celui-ci, au Magnificat et aux chants du poverello, notre mouvement de ressuscités : ils sont parfaitement indemnes et le quatrième ressemble à un être divin. Réponse à la question, religieuse par excellence : nous n’avons jamais été esclaves de personne. Comment peux-tu dire : ‘’Vous deviendrez libres ?’’ Discussion complexe dans sa résonnance mais simple dans sa dialectique. La révérence envers Abraham n’oblige pas les contemporains du Christ à l’accueillir : je sais bien que vous êtes les descendants d’Abraham, et pouyrtant vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole n’a pas de prise sur vous. Liberté totale de l’homme d’accueillir ou pas la parole de Dieu, humanité du Christ dans ses limites : il ne parvient pas à convaincre. Dieu s’entrave et l’homme s’imagine maître de la situation et du spirituel.


[1] - Daniel III 14 à 95 ; cantique de Daniel III 52 à 56 passim ; évangile selon saint Jean VIII 31 à 42

mardi 23 mars 2010

lecture du Coran - sourate 113 . l'aurore ou la fente


soir du mardi 23 Mars 2010

Je ne suis pas assez fidèle ni à cette lecture ni à ma résolution de m’y donner régulièrement. Ne pouvant prétendre à première lecture, tout saisir, je peux cependant m’immerger à condition de répéter souvent, ce que le texte sacré fait lui-même et ce qui semble la base de l’enseignement coranique originel, en début de vie. Je ne suis pas non plus attentif à cette tentative implicite que – chrétien avec vocabulaire et habitude tenant à ma formation – je prie Dieu avec les mots et selon l’expérience d’autres croyants d’une autre culture et d’une autre formation. Alors même que l’Islam peut confirmer ma foi, et même le dogme chrétien pas seulement par contraste qui fait ressortir l’essentiel et l’original de ma foi, mais positivement. Ainsi, ces deux textes d’exégètes et commentateurs contemporains, l’un de Beyrouth et l’autre de Tunisie, qui me sont tombés sous les yeux, Taleb m’arrivant par un ami délicat.

Abd-el-Karîm el-Jîlî
Un commentaire ésotérique de la formule inaugurale du Coran
(Albouraq . Beyrouth . Avril 2002 . 280 pages) p. 180

Le Cosmos tout entier n’est que l’expression de rapports multiples entre l’Etre et Lui-même, et ce sont les nombres qui traduisent ces rapports en mode intellectuel et « logique », ce qui revient à dire que les nombres sont la pure expression du « Logos », ou disons plus précisément, de l’activité du Logos, le nombre apparaît finalement comme l’instrument nécssaire à la qualification et à la reconnaissance (l’intelligibilité) des rapports créés par l’apparente division de l’Etre-Unité.
Dans cet ordre d’idées, la première chose qui doit être établie, c’est que l’unité (nous ne faisons pas de distinction ici entre l’Unité métaphysique et l’unité aruthmétique qui la symbolise) ne peut être perçue qu’à travers trois. C’est pourquoi Ibn Arabî enseigne constamment que le « premier singulier (fard) est trois ». Ceci résulte logiquement de ce que, dès lors qu’il y a perception, il y a sujet et objet, ce qui fait trois avec la perception elle-même. Même lorsque l’Unité est envisagée pour elle-même, elle demeure impliquée dans trois : celui qui la contemple, Elle-même, et la contemplation qui est la relation entre contemplant et Contemplé. Ce n’est que lorsque la dualité est dépassée, par la réalisation métaphysique, que l’Unité subsiste seule, sans second (c’est le tawhîd dont nous parlions au début de cette introduction), mais alors, on ne parle plus de perception ou de quelque autre relation, car connaissance, connaissant et connu sont unis dans l’Etre-Un qui se connaît lui-même en Lui-même et par Lui-même.
De ce fait, on peut dire que, du point de vue de la conscxience individuelle, dès lors qu’il y a un, il y a trois ; deux n’étant qu’un état de passage entre un et trois, une « limite » instable entre eux, sans existence autonome réelle. De quelque manière qu’on l’envisage, deux n’existe que par rapport à un premier avec lequel il fait trois, ou un troisième qui est son produit : par exemple tous les contraires (actif-passif, haut-bas, noir-blanc, grand-petit, etc…) n’ont d’existence que par le terme de référence auquel ils s’ordonnent et par lesquels ils s’équilibrent ; quant aux semblables il en est de même : seul un terme qui leur est extérieur permet de mesurer (ou qualifier) leur similarité ; ou si l’on veut, pour que les semblables ne soient pas purement et simplement identiques (c’est-à-dire un seul), il faut nécessairement quelque chose qui les distingue, ce qui fait encore un troisième.

Mohamed Talbi
L’Islam n’est pas voile, il est culte (Cartaginoiseries . Tunisie . 1er trim . 2009 . 413 pages) pp. 99.100

Réversible ou pas, le temps en lui-même n’est pas. Il n’est pas quelque chose que nous puissions saisir dans le creux de nos mains. Il n’est pas un objet. Il est une grandeur de quelque chose qui apparaît, croît, décroît et disparaît. Sans le quelque chose qui bouge, change et se transforme en autre chose, il n’est pas. Il est un accidenty qui modifie l’étant. Il est un mouvement créateur, et la physique des particules aujourd’hui nous laisse entrevoir que le mouvement peut se transformer en matière, que l’énergie se transforme effectivement, bel et bien en matière.
. . .
Ce temps qui passe inaperçu, le jeûne le fait passer au premier plan de notre conscience, et plus nous prenons conscience du temps, plus notre jeûne prend du sens, et nous intègre dans le mouvement du temps. D’où notre souci de lui consacrer quelque temps, dans notre exposé consacré au mois du jeûne, sacré et consacré à Alllah, que des hadîths, sur lesquels nous reviendrons, identifient au Temps.




Sourate 113 . La fente Chouraqui L’aurore Masson – éd. Pléiade

Chouraqui défend ainsi sa traduction : « les interprètes voient en cette fente celle qui, dans la nuit, permet l’irruption du jour et ils traduisent l’aurore. Mais cette traduction semble être réductrice d’un terme d’une tout autre ampleur évoquant tout ce qui, en l’homme, dans le couple et dans la nature, est fente génératrice de vie ou de mort ». Il fait écho à ce que j’ai lu d’une autre sourate, le sexe féminin étant ainsi désigné, et c’est bien vie et mort. Je lis ce texte si court comme le psaume récité à Complies, l’office du soir : tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole le jour, ni le fléau qui marche à midi. Le Prophète transmet : Je cherche la protection du seigneur de l’aube
contre le mal qu’il a créé
contre le mal de l’obscurité lorsqu’elle s’étend ;
contre le mal de celles qui soufflent sur les nœuds ;
contre le mal de l’envieux lorsqu’il porte envie.

La traduction de Chouraqui que je ne suis pas ce soir, me parait meilleure, elle épouse d’ailleurs les images du psaume de Complies : à l’ombre de tes ailes, protège-nous ! Je me réfugie chez le Seigneur… comme les sourates 109, 112 et 114, celle-ci commence par un legs, tout à fait analogue en mode de transmission, sinon en contenu, au Notre Père : Dieu charge son Prophète de dire, il lui intime l’ordre directe, dis. Le Coran n’explique pas, ne discute pas, il prescrit. La Bible, dans ses deux parties, est un récit pour l’essentiel, y compris de son enseignement : on nous montre des modèles, on nous raconte des relations d’hommes avec Dieu, de générations successives avec Dieu. Et un récit s’interprète, se discute, le lecteur et celui qui prie sont acteurs, ils peuvent s’assimiler à tel ou tel personnage et héros. Le Coran donne un rapport direct et un rapport de commandement.

Position musulmane du « problème » du mal. En 114 et dernière sourate, il s’agit du mal du tentateur qui se dérobe furtivement, ici l’affirmation est nette : le mal qu’il crée ou le mal qu’il a créé selon la traduction que j’emprunte. Est-ce là seulement que le Coran avance cette affirmation si grave ? L’Ancien Testament avait déjà cette vue :
Je suis Yahvé, il n’y en a pas d’autre
Je façonne la lumière et je crée les ténèbres, je fais le bonheur et je crée le malheur, c’est moi Yahvé qui fais tout cela. Isaïe XLV 7
Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu,
comment ne pas accepter de même le malheur ! Job II 10
Bien et mal, vie et mort, pauvreté et richesse,
tout vient du seigneur Ben Sirac ou l’Ecclésiastique XI 14
Arrive-t-il un malheur dans une ville,
sans que Yahvé en soit l’auteur ? Amos III 6

Mais aussi bien les livres de Job que d’Amos insistent sur le dénouement : heureux et surtout maîtrisé par Dieu. En Islam, cette dualité reflèterait-elle le manichéisme du jugement dernier et surtout inciterait-il l’homme à choisir ? Choisir entre le bien et le mal ? entre la foi, l’adhésion au message transmis par le Prophète, et le reniement qu’est toute incrédulité ? reniement et refus de la situation où nous sommes : créatures. La réponse me paraît se trouver dans le texte-même : Dieu protège et Il nous demande de chercher cette protection, de nous réfugier. Réalisme : le mal existe quelle qu’en soit la théologie, comment l’éviter sinon en Dieu. Si le mal était créé par Dieu, selon ce qu’il est affirmé plus haut, comment en être protégé par Lui aussi ? le mal tient à ce que nous ne nous réfugions pas en Dieu, à ce que nous ne cherchons pas en Lui notre protection. Dialectique si décisive que le Coran se termine là-dessus, l’homme se réfugiant en Dieu. La Bible chrétienne achève le Nouveau testament par le verset final de l’Apocalypse de Jean, qui est un mouvement inverse : celui de Dieu venant à l’homme et sur la prière de l’homme ! Que celui qui entend, dise : « Viens ! » . . . Le garant de ces révélations l’affirme : « Oui, mon retour est proche ! ». Amen, viens, Seigneur Jésus ! Apocalypse XXII 17 & 20. Bible et Coran se concluent par une prière dictée . . .

celui qui m'a envoyé - textes du jour

Mardi 23 Mars 2010


Prier … avec nos morts, avec nos malades, les plus puissants sur nous et sur Dieu, unifiant, prier pour les vivants, les demandeurs, les absents et les nécessiteux, nous le sommes les uns les autres. [1] Qui es-tu donc ? … Ils ne comprirent pas qu’il leur parlait du Père. Densité du texte johannique, plus le Chirst, avec des mots humains, ceux de sa culture et de sa génération tente de dire la réalité, qui est tout entière de Dieu et en Celui-ci, plus ses auditeurs ont une attitude simple : les détracteurs restent au pied de la lettre (Veut-il se suicider puisqu’il dit : « Là où moi je m’en vais, vous ne pouvez aller » ?) et d’autres, « les » autres : sur ces paroles de Jésus, beaucoup crurent en lui. Que dit-il ? qui il est et sa relation au Père. Qu’il n’appelle qu’ainsi, et non Dieu, sauf s’il récite un psaume (pourquoi m’as-tu abandonné). Moi, JE SUIS est le nom que se donne Yahvé, à la demande de Moise expédié vers Pharaon et plus encore vers ses compatriotes. Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS … ce qui est évidemment le comble, puisqu’en croix et mourant Jésus semblera tout, sauf le tout-puissant ! Et les textes des deux Testaments, ancien et nouveau, résonnent, même le serpent de la Genèse revient en scène, et c’est le crucifié qui en donne l’analogie et le sens pour notre salut, puisque mort et résurrection, péché et foi, catastrophe et accomplissement sont en fait le même mouvement, celui de notre atteinte de Dieu : Moïse fit un serpent de bronze et le drssa au sommet d’un mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il conservait la vie… si vous ne croyez pas que moi, JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés. Et Dieu… quand il apparaîtra dans sa gloire, il se tournera vers la prière du spolié, il n’aura pas méprisé sa prière. Retournement de la situation mosaïque, puisque l'envoyé est désormais Dieu lui-même qui décline ouvertement son identité.
[1] - Nombres XXI 4 à 9 ; psaume CII ; Jean VIII 21 à 30

lundi 22 mars 2010

si vous me connaissiez - textes du jour

Lundi 22 Mars 2010


Prier… [1] personne ne l’arrêta parce que son heure n’était pas encore venue. Maîtrise du Christ tant vis-à-vis de sa propre destinée humaine que de son témoignage, le fait-même qu’il se rende témoignage à lui-même : Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténéèbres, il aura la lumière de la vie – est implicitement trinitaire. Il n’y a que Dieu qui puisse se rendre témoignage à lui-même (l’Islam le développe autant que le judéo-christianisme, dans ce que je suis en train de lire par ailleurs, révélation commune et philosophie spéculative exactement identique). Moi, je me rends témoignage à moi-même et le père, qui m’a envoyé, témoigne aussi pour moi. Chacun de ces mots d’autrefois a pour aujourd’hui gardé le même sens, puisque les contemporains du Christ entendent ce mot : père, et répliquent : Où est-il ton père ? Ils ne demandent pas : qui est ton père, avec ou sans majuscule… dialogue qui frappe et inspire jean aunpoint qu’il le situe avec précision : il prononça ces paroles alors qu’il enseignait au Temple, du côté du Trésor. Témoignage encore mais procédure et jury populaire humains, l’histoire édifiante de Suzanne sauvé par Daniel. L’argument de celui-ci est par avance celui de Nicodème devant le Sanhédrin : vous êtes donc fous, fils d’Israël ? Sans interrogatoire, sans recherche de la vérité, vous avez condamné une fille d’Israël. Revenez au tribunal, car ces gens-là ont porté contre elle un faux témoignage. Les témoignages au sujet du Christ, selon les évangiles, selon les prophètes, selon l’Eglise, selon moi… selon nous tous dans tous les temps et sous toutes les civilisations. Témoignage et lumière.


[1] - Daniel XIII 42à 62 ; psaume XXIII ; évangile selon saint Jean VIII 12 à 20

dimanche 21 mars 2010

ce bien qui dépasse tout - textes du jour

Dimanche 21 Mars 2010


Plus j’avance dans cette vie, si différente de celle qui précèda notre mariage mais la produisit et sans doute contribue à ce que je la vive si intensément, plus je suis convaincu que le bonheur et l’équilibre au mental et au physique dépendent de notre application et de notre ouverture à l’amour, et que l’amour est une personne, pas du tout un sentiment, puisqu’il les recouvre et les englobe, les transforme et les utilise absolument TOUS y compris les plus négatifs en apparence comme la haine ou l’esprit de possession et de prédation. Que l’amour soit forcément une personne (et dans la vie terrestre, aucune relation humaine en amour ne tient sans la source et la garantie qu’est Dieu – celui-ci à la fois miséricorde active et l’amour-même que nous célébrons entre informes et de manière imparfaite) me devient une évidence chaque jour plus forte. Aimer n’est pas fonction des qualités ou défauts de l’autre ni de ce qu’il me donne ou m’apporte, c’est simplement parce que c’est lui-elle. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? Attente du créateur et de l’amant qui a organisé l’accueil de sa création entière : ce peuple que j’ai formé pour moi, réponse de l’aimé(e) : tous les avantages que j’avais autrefois, je les considère maintenant comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur … je poursuis ma course pour saisir tout cela, comme j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus. Place du croyant, à nous, à moi de la trouver ; je sens qu’ainsi hissé par l’amour que j’ai tant cherché et qui finalement m’a été donné, qu’ainsi au travail quotidiennement et réjoui par mes aimées et par tous ceux, par toutes cells que la vie me fait rencontrer en dialogue et en compagnie, il me reste la grande étape, celle de Paul. Toutes nos infirmités, nos péchés dont le principal est celui de distraction ou d’incrédulité – mots légers pour dire reniement de Dieu et saccage de la vie de soi et des autres – oubliant ce qui est en arrière et lancé vers l’avant, courir comme l’Apôtre ou Jean de la croix, le spirituel comme l’amour, qui sont dans l’âme exactement le même mouvement, de commencement en commencement. Pluriel et singulier [1].

[1] - Isaïe XLIII 16 à 21 ; psaume CXXVI ; Paul aux Philippiens III 8 à 14


samedi 20 mars 2010

vous vous êtes laissés égarer - textes du jour

Samedi 20 Mars 2010





Prier… [1] Dialogue de toute « propagation de la foi » : jamais personne n’a parlé comme cet homme ! Alors, vous aussi, vous vous êtes laissé égarer ? Parmi les chefs du peuple et les Pharisiens, y en a-t-il un seul qui ait cru en lui ? Quant à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits ! Faux factuellement de la part des détracteurs et poursuivants du Christ, puisqu’il y a Nicodème et Joseph d’Arimathie, que le gratin-même s’était laissé entamer, l’occupant aussi. Mais vrai spirituellement, la « nomenklatura » et les cooptés impressionnent de tous temps. Ce dialogue cependant nous concernent-ils ? et celui que Jérémie a avec Dieu ? tu m’as averti et maintenant, je sais, tu m'as fait voir leurs manœuvres. Tendance à ne lire et méditer dans l’Ecriture, et par extension dans le dire de tout autre que ce qui nous parle de nous (en sensibilité et donc en une certaine flatterie de notre égocentrisme) : j’ai du prix à tes yeux. Sans doute, mais je ne me trouve que dans le christ et en le contemplant. Ces textes nous montrent le Christ, persécuté en esprit et en projets humains, plus encore qu’il ne le sera à sa mise en croix. Dieu torturé par notre refus. Moi, j’étais comme un agneau docile qu’on emmène à l’abattoir et je ne savais pas ce qu’ils préparaient contre moi. Réaction du Christ : c’est à toi que je confie ma cause. Réaction de la foi, de Moïse au moins curieux, faisant le détour vers le buisson ardent : condamner un homme sans l’entendre d’abord pour savoir ce qu’il a fait ? il est vrai que la ruse bienveillante de Nicodème est à terme maladroite, elle conduit à la comparution, au procès et à ce dialogue entre Jésus et le grand-prêtre concluant : qu’avons-nous besoin de témoins, il a blasphémé et d’après notre loi… (la suggestion des partisans de l’armistice en 40, demandons au moins les conditions…). Le préjugé : est-ce que le Messeie peut venir de Galilée ? … Alors, toi aussi, tu es de Galilée ? cherche bien, et tu verras que jamais aucun prophète ne surgit de Galilée ! Pierre dans la cour de Caïphe : tu es galiléen, ton accent te trahit... et c'est en Galilée que Jésus ou l'ange donnent rendez-vous aux disciples : il vous précéde en Galilée. Résultat : la foule se divisa à son sujet… puis ils rentrèrent chacun chez soi . Le syndrome de Babel quand Dieu, quand l’essentiel apparaît. Ma/nos vies quotidiennes comme nos sociétés ont donc le génie de la distraction, de la dispersion, de l’accessoire monté en épingle et vêcu en termes de nécessité. Philosophiquement ou rationnellement, le Christ, Dieu-même ne seraient arrivés à rien avec nous, le sophisme d’Eve dialoguant avec le « serpent ». La croix, la passion, la résurrection sont des faits. Pour d’autres, ou pour moi quand je me découvre machinal dans ma prière ou ma foi, celles-ci ne seraient que… alors, vous aussi, vous vous êtes laissés égarer ? Comble, la foi, l’attachement au Christ, à dieu, un égarement ! c’est pourtant le regard aujourd’hui de l’immense majorité dans les civilisations nanties.

[1] - Jérémie XI 18 à 20 ; psaume VII ; évangile selon saint Jean VII 40 à 53

vendredi 19 mars 2010

en raison de sa foi - textes du jour

Vendredi 19 Mars 2010


Prier… saint- Joseph, évidemment, qui donne au Fils de Dieu, fait homme, non du tout la vie biologique, mais plus nécessaire encore : sa lignée et son nom selon l’humanité et surtout selon les prophéties. Habillage moderne pour une certaine fête du travail, que je vois et vis davantage en fête de la conjugalité, sans prédation et manifestement guidée-voulue par Dieu, qui se manifeste principalement dans cet amour-là et ce qu’il engendre (les enfants mais aussi toutes les vertus de la vie quotidienne dont la tolérance et l’espérance) [1]. A la fois la généalogie, nous n’avons pas rêvé, il est bien né… de même qu’il mourra… tout comme nous. C’est à Joseph qu’est le plus complètement dévoilée la dialectique du salut dont le Christ est l’agent : c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. L’annonciation au père adoptif, selon Matthieu, a la même tonalité spirituelle que celle à Marie, selon Luc : ne crains pas. les deux fiancés sont de même « bois » spirituel. Qu’il me soit fait selon ta parole… il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. L’obéissance n’est qu’un signe, celui de la confiance, et celle-ci n’a de fondement que la foi. Abraham … en raison de sa foi, Dieu estima qu’il était juste. … espérant contre toute espérance, il a cru. Foi reçue, alliance donnée : je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils. La royauté à la clé, la maison de David : je rendrai satble pour toujours son trône royal. Mais d’une autre manière que celle attendue par les contemporains du Christ ou par tous ceux qui de génération en génération se scandalise du mal commis par l’humanité en sorte que Dieu ne peut exister qui le tolèrerait et même l’inspirerait. Le règne de Dieu est à venir et nous prions pour qu’il advienne : le Notre Père. Mon royaume n’est pas de ce monde, et pourtant le salut est en marche. C’est un don gratuit et la promesse demeure valable… Paul, aux Romains qui sont les païens par excellence, mais sans doute ce sont des Juifs qui liront les premiers sa lettre, précise (nous chrétiens, avec nos frères juifs et nos frères musulmans) … valable poour tous ceux qui sont descendants d’Abraham, pas seulement parce qu’ils font partie du peuple de la Loi, mais parce qu’ils partagent la foi d’Abraham, notre père à tous. Au rebours du jansénisme et même de ce « souci des âmes » à sauver, qui hanta trois ou quatre siècles de chrétienté en Occident – nos aberrations et enthousiasmes successifs, auparavant les Croisades, et encore avant les baptêmes de force – nous souhaitons, voulons et croyons que toute l’humanité est et sera sauvée. Notre propre bonheur, notre propre accomplissement est inconcevable s’il reste un seul de ceux qui ont vêcu ou vivront, un seul élément de la création qui resterait en dehors de la miséricorde divine. Sans doute, faut-il devenir des justes par la foi. Mais cette foi n’est pas dogmatique, elle est confiance et abandon. D’ailleurs, c’est Dieu qui est fidèle pas nous. Je le dis, c’est un amour bâti pour toujours ; ta fidélité est plus stable que les cieux. Moïse comme Abraham intercédant pour tous, surtout les pécheurs et les mauvaises têtes, et le Christ vivant avec ceux-ci et intercédant pendant qu’on le supplicie. Joseph le charpentier, Jésus héritant de son métier et mort sur un ouvrage de charpentier. Les accessoires que donne Joseph au fils mystérieux de Marie, la jeune fiancée, ne sont pas indifférents, du nom de naissance à l’instrument de la mort.

[1] - 2ème livre Samuel VII 4 à 16 passim ; psaume LXXXIX ; Paul aux Romains IV 13 à 22 passim ; évangile selon saint Matthieu I 16 à 24

jeudi 18 mars 2010

je parle ainsi pour que vous soyez sauvés - textes du jour

Jeudi 18 Mars 2010


Prier…[1] Moi, je n’ai pas à recevoir le témoignage d’un homme. Nous témoignons de l’action de Dieu en nous et dans autrui, nous ne témoignons pas de sa divinité, nous rapportons mais c’est le Père qui lors du baptême de Jésus dans le Jourdain ou lors de la Transfiguration, fait entendre Sa propre voix. Celui-ci est mon fils bien-ailmé en qui j’ai mis toute ma confiance, écoutez-le. Paroles et message de forme humaine, exactement comme l’Incarnation du Verbe lui-même. Jean reprendra d’ailleurs à la fin de son évangile la formule même du Christ : Il y a quelqu’un d’autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est vrai. Formule en légère variante, parce que cette connaissance de l’exactitude du témoignage elle est celle de l’Apôtre quant à lui-même, tandis que celle du Fils pour l’assertion du Père renvoit à Dieu-même. Jésus insiste, la foi en Lui n’est pas de l’ordre des adhésions et des militances humaines – comme l’Eglise, comme nous en Eglise ou spontanément et quotidiennement, aurions tendance à le faire, sinon à le vivre – elle est d’ordre divin, par elle-même : la gloire, je ne la reçois pas des hommes. Et contresens (j’écrirais mieux : « contre-vie »), nous n’allons pas aux textes, aux rites, à quelque recette dont la foi ferait partie (celle dite du charbonnier) pour quelque chose ou acquérir un bien, et nous ferions alors un détour inutile, nous allons au Christ. Et rites, Ecritures, mouvement de foi, vie d’Eglise, communion avec tout homme cherchant sa voie en discernant que celle-ci est tout bonnement le chemin de Dieu, le chemin à Dieu, n’ont de sens que nous donnant cette voie et ce chemin : vous scrutez les Ecritures parce que vous pensez trouver en elles la vie éternelle (pourquoi pas la pierre philosophale ?) ; or, ce sont elles qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! . . . vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu. Reprendre, comprendre et aller par ces textes, Jean, il y a deux mille ans, à Ephèse, à Patmos, peut-être la Vierge marie à ses côtés pendant qu’il écrit et qu’il travaille, car notre foi chrétienne et catholique est tout simplement enracinée dans une histoire, une généalogie, des lieux et des moments. Souviens-toi de tes serviteurs, Abraham, Isaac et Jacob à qui tu as juré par toi-même… Communion étendue à tant d’autres que nous, et redite de ce que Dieu est, pour nous et à Lui-même son propre témoignage. La mort nous introduit à la totalité de ce cycle, la foi de nos yeux bandés, la Synagogue statufiée au côté sud de la cathédrale de Strasbourg, cette foi voilà qu’elle reçoit pleinement en échange de notre dernier soupir, dont personne à l’avance ne sait qu’il est le dernier mais dont – dans la foi l’espérance et l’amour – nous savons qu’il est la première inspiration dans la vie éternelle, pour la vie éternelle… Votre mort, mon Dieu, en votre Fils, mort humaine, ma mort, dont la pensée m’est venue à mon éveil (première fois aussi précisément et non sans crainte, l’inconnu et l’inconnaissable humains), notre mort à tous, à vous, mes chers communiants et participants à ce périple chaque matin, s’il vous vient de le re-parcourir avec avec moi et vous le sentez, avec d’autres – plus d’une centaine, à présent, chacun cher, chacune chère – priez-nous pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort, ô Marie, conçue sans péchés, mère d’un fils qui est Dieu.

[1] - Exode XXXII 7 à 14 ; psaume CVI ; évangile selon saint Jean V 31 à 47

mercredi 17 mars 2010

il est proche de tous ceux qui l'invoquent - textes du jour

Elle écrivait, cherchait un éditeur, j’ai tenté pour elle, puisqu’elle était loin, elle débouche matériellement mais à charge de vendre son œuvre et m’en avise, concluant : rien n'est plus difficile que d'éditer le livre d'un inconnu. Je lui réponds. Nous sommes tous des inconnus, et le deviendrons. Sauf rarissimes exceptions. Nous ne vivons que dans le coeur de ceux qui nous aiment. J’aurais préféré qu’elle m’annonce l’achèvement de son second roman ; je lui avais copié une lettre que Romain GARY m’avait adressé : la souffrance et pire pour se faire éditer, il ne l’avait été qu’à son septième manuscrit… Téléphone pour mon aimée, la mort d’une de ses tantes chéries, mère surtout d’un cousin adoré qui avait réussi sa seconde tentative de suicide et dont trente ou quarante ans après, elle ne se console pas. Que puis-je répondre et lui dire ? On ne dit rien à la mort, encore moins à celle des autres, qui est la même que la nôtre mais inconnue et insaisissable jusqu’à la nôtre. Visite et appel, mais début. La mémoire humaine s’efface de génération en génération mais la mémoire de Dieu commencée pour nous dès le projet de notre création qui valut création, ne passe pas, je le sais et j’en vis. [1] Notre fille console sa mère puis regarde les dessins animés du petit matin : je ne sais pas à quel âge, j’ai aimé les Lucky Luke, à cinq ans peut-être ? Elle a précisément cinq ans… au jour du salut, je suis venu à ton secours. Est-ce qu’une femme peut oublier son petit enfant, ne pas chéir le fils de ses entrailles ? même si elle pouvait l’oublier, moi, je ne t’oublierai pas. Parole du Seigneur tout-puissant. Et dans le Christ, Dieu-même le vêcut : une mère survivant à son fils, la Pieta . Dieu a vêcu notre vie plus complètement et totalement, souffrance comprise, que nous ne la vivrons jamais. Comme le Père, en effet, relève lesmorts et leur donne la vie, le Fils, lui aussi, donne la vie à qui il veut… Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les accablés. Ainsi soit-il, ardemment.

[1] - Isaïe XLIX 8 à 15 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Jean V 17 à 30

mardi 16 mars 2010

plus tard, Jésus le retrouva - textes du jour

Mardi 16 Mars 2010


Prier… [1] la vision du Temple, de l’eau qui en coule et du paysage ainsi produit. Une vision de mouvement, de production et de vie. Le paralysé au bord de la piscine miraculeuse de Besatha. Ezéchiel, le prophète est conduit par l’ange pour prendre la mesure d’un extraordinaire phénomène, le paralytique est mené sur place et croit connaître le phénomène, ce qui ne l’avance en rien. Je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne, et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. Ce qu’attend de ce grabataire, malade depuis trente huit ans, est simple : un coup de main que Jésus peut lui donner en l’aidant à se propulser jusqu’à l’eau. Est-ce que tu veux retrouver la santé ? Parbleu, oui. Jésus lui dit : ‘’lève-toi, prends ton brancard et marche.’’ Et aussitôt, l’homme retrouva la santé. Il prit son brancard et il marchait. … L’homme partit annoncer que c’était Jésus qui lui avait rendu la santé. Il n’a pas compris grand-chose, Jésus est demeuré dans le système judaïque de la maladie physique lié à un comportement de pécheur, et le miraculé refile « le tuyau » à tout le monde. La nomenklatura n’est pas plus près de croire, on reproche à Jésus de travailler – en guérisseur – le jour du sabbat. S’il se proclame fils de Dieu, il est condamnable, s’il enfreint le repos dominical à une époque où on ne le met pas en question, il est également condamnable. Dieu, dans tous les cas de figure, ne répond pax aux catégories de l’homme quand celui se fait, seul ou en société ou en civilisation ou en ambiance de mode désespérée ou matérialiste, une idée de la vie spirituelle, quand il ne la prend comme aujourd’hui pour du sport, de la psychothérapie ou quelque exercice mental. Quel est l’homme qui t’a dit … ? mais celui qui avait été guéri, ne le savait pas ; en effet, Jésus s’était éloigné. Et c’est Dieu qui donne la clé, résoud l’énigme, « tranche le nœud gordien » : plus tard, Jésus le retrouva dans la Temple. Tandis que je vais rouler aujourd’hui pour rencontrer la mère d’un homme qui, à sa manière et selon celle de Dieu, fut un saint et un enfant, je veux rester dans cette contemplation du Christ dialoguant, guérissant puis disparaissant dans la foule et se donnant au hasard à tant de gens puis à celui qu’il avait d’abord rencontre. Lui, il…

[1] - Ezéchiel XLVII 1à 12 ; psaume XLVI ; évangile selon saint Jean V 1 à 16

lundi 15 mars 2010

quand j'ai crié vers toi, tu m'as guéri - textes du jour

Lundi 15 Mars 2010



La nuit écourtée au coucher et au lever, l’immersion dans ce travail de critique et réfutation d’un livre qui fausse la mémoire d’un peuple, sauf à garder celle-ci uniquement en oral et en souvenir de rumeur et d’image, ces deux situations que nous apprenons ces jours-ci, ma chère femme et moi, dramatiques et peu solubles par elles-mêmes, avec chaque fois, point commun, l’innocence qui paye, mise dans le froid entre des cœurs dédaigneux, souvenir récurrent d’une troisième où l’innocence a le déguisement de la culpabilité selon des circonstances complexes, et tandis que j’attends entre deux rendez-vous d’école et de kiné. devant un super-marché pas encore ouvert, les deux chefs d’œuvres que sont le Notre Père et le Je vous salue, Marie… me sont donnés. Chacun est un échange. A Dieu, notre hommage, puis en Dieu notre refuge. A Marie, la salutation de l’ange, les salutations de tous, puis nos demandes. Hommage et refuge en immense collectivité humaine. Salutation personnelle, proche du langage d’amour, puis le baiser déposé au dos de la main ou au cou du pied, nous rejoignons la foule des millénaires qui supplie pitié, comme nous venons d’en implorer le Père. [1] Le père se rendit compte que c’était justement l’heure où Jésus lui avait dit : ‘’Ton fils est vivant’’. Alors il crut, avec tous les gens de sa maison. Le chrétien est tout simplement celui qui ne peut croire – en quoi que ce soit, en qui que ce soit – que par Jésus-Christ. Le miracle « à distance » est opéré à Cana, là où avait eu lieu le premier geste public du Messie. Qui dit noces, dit joie, mais aussi à terme amour paternel et filial. Va, ton fils est vivant. … Et j’ai crié vers toi, Seigneur, j’ai supplié mon Dieu. Tu as changé mon deuil en danse. … Le plus jeune mourra centenaire, n bâtira des maisons et on y restera, on plantera des vignes et on pourra en manger les fruits. Le bonheur pérenne, précis, enveloppant : car je crée une Jérusalem de joie, un peuple d’allégresse. Et pas du tout selon une relation inégale, au contraire Dieu partage avec nous et reçoit de nous ce qui nous réjouis, le don-même qui nous réjouit et vient de Lui : je trouverai (c’est Dieu qui parle, selon son prophète Isaïe), je trouverai mon allégresse en Jérusalem, ma joie en mon peuple. Pourquoi ? comment ? parce que ce sera plein, exubérant de vie. Ton fils est vivant. Mais nous ? la Pieta, la Vierge Marie reçoit le corps-cadavre de son fils, majuscule ou pas, son fils mort. A elle et mort de notre fait.

[1] - Isaïe LXV 17 à 21 ; psaume XXX ; évangile selon saint Jean IV 43 à 54

jeudi 11 mars 2010

c'est donc que le règne de Dieu est venu pour vous - textes du jour

Jeudi 11 Mars 2010


07 heures 12 + Prier… [1]

10 heures 40 + Je ne viens que maintenant à ce moment qu’en principe je vis dès mon lever, moyennant un premier salut électronique à ma chère femme dormant encore. Autogestions diverses tandis que celle-ci me succède à Paris et que j’ai eu le bonheur de différents exposés de notre fille sur la notation de la classe en soleil, nuage et orage, puis des observations sur la garde-robe déjà mise deux fois sauf pour la culotte, elle veut un changement chaque jour mais refuse que je l’appelle « ma beauté », c’est pour les grandes filles, elles sont coquettes, moi je suis une petite fille. Je ne suis pas une princesse, précise-t-elle aussi si je lui donne cette appellation. Celles qu’elle affectionne sont les plus anciennes. Je viens à la prière par besoin : je n’ai de forces et d’équilibre, je n’échappe à la folie ou à la désespérance (ces paysages de l’âme qui ont leur cause, pas facile à déterminer, mais probablement leur auteur qu’il s’appelle Satan ou l’instinct de mort et d’auto-destruction), de forces et d’équilibre, de véritables facultés et de raison humaines qu’en Dieu. La prière, d’autres fois, par grâce et mouvement du cœur et des lèvres, subitement associés. Il me vient ce matin que la vie spirituelle commence quand on en a prend conscience (mais faut-il cette conscience ?), ou plutôt que l’on prend conscience de ne plus être en interrogation sur un état de vie, sur la recherche d’un compagnonnage, quand l’on commence de comprendre que la beauté ou l’amour ne sont pas un « tout-fait » reçu ou conquis mais un don mutuel, que nous nous donnons la beauté, en couple, dans toute une génération, une civilisation, un pays. Parabole de l’étreinte sexuelle pour ceux qui ont, par grâce et par liberté, ce mode de rencontre, d’expression et de soin de l’autre ; elle nous fait entrer dans une autre forme de vie quand cesse la prédation et l’attention à soi et aux victoires (soi-disant) de la conquête pour être enfin et essentiellement l’attention extrême à l’autre et la reconnaissance pour l’autre du soin qu’il a de nous. Cela et la vie spirituelle, en commencement d’un nouveau stade d’exercice de la liberté et de notre faculté de louer pour ce que nous recevons, s’apelle-t-il la maturité ? est-ce fonction de l’expérience ? de l’âge ? voire d’un assouplissement des circonstances mieux reçues et mieux criblées ? je ne sais pas. Car j’éprouve plus encore ma dépendance de dieu et ma responsabilité vis-à-vis de ceux/celles que j’aime ou que les circonstances me confient, comme je leur suis sans doute, moi et mes aimées confié. Prier comme on respire, pour respirer. Méditation-lecture comme à présent, sorte de préalable et de mise en place des matériaux, avant utilisation et calme, silence. Contemplation. Oraison. Chemin. Dialogue décisif de notre devancier et introducteur en Dieu, Dieu lui-même, Jésus-Christ avec ses détracteurs permanents, surtout quand il accomplit des miracles individuels (les collectifs comme les multiplications des paix, poussent la foule à le couronner, on voit bien pourquoi…) : vous dites que c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons. Et si c’est par Béelzéboul que moi, je les expulse, vos disciples, par qui les expulsent ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes, vos juges. Mais si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est survenu pour vous. D’explication de Dieu que par Dieu, mais mots et dialectiques en nos langages et en nos formes rationnelles de pensée : si Satan lui aussi est divisé, comment son royaume tiendra-t-il ? Ces préalables et discussions évacués, Jésus conclut en leçon de vie. Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. La réalité de l’histoire – vêcue et attestée par l’Ecriture puis par l’hagiographie des saints (de toutes religions ou acceptions) – des relations entre Dieu et les hommes, est que l’affirmation du Christ est de principe, mais que Dieu nous rattrape, nous donne de multiples nouvelles chances jusques dans notre mort dont nous savons que l’issue est lumineuse et miséricordieuse – la loi du talion n’est qu’humaine, elle sert parfois d’exemple dans les dires circonstanciels de Dieu, elle n’est pas le comportement divin. Nos dispersions peuvent toujours faire bouquet, nos cendres faire encens. Jérémie a un coup de déprime : ils n’ont pas écouté, ils n’ont pas prêté l’oerille, ils ont suivi les mauvais desseins de leur cœur obstiné, ils ont reculé au lieu d’avancer… la fidélité est morte, on n’en parle plus. Soit, mais Dieu s’incarne par son Fils, celui-ci guérit et enseigne, prenant l’humanité là où elle en est : c’est donc que le règne de Dieu est survenu pour vous. Notre prière principale – le Pater – est donc exaucée : que votre règne arrive. Ainsi soit-il ! prière héritée et prière fondatrice.

[1] - Jérémie VII 23 à 28 ; psaume XCV ; évangile selon saint Luc XI 14 à 23

mardi 9 mars 2010

notre âme brisée et notre esprit humilié - textes du jour

Mardi 9 Mars 2010


Prier… la journée d’hier avec celui qui ne peut plus que se confier – mentalement et physiquement, je collationne des photos. d’il y a plus de quarante ans – nous n’étions pas autres, nous étions en puissance et c’est à ces époques tournant autour de l’adolescence, la subissant que notre idéal était le plus fusionné avec notre identité. Fusion qu’opère la vieillesse ou au moins le vieillissement, et c’est là certainement une des grâces de l’âge. Non un retour, mais la reconnaissance que nous nous sommes finalement accomplis. Les portes de l’éternité ne sont pas loin, et notre état originel non plus…

Prier… [1] combien de fois dois-je lui pardonner ? Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix-sept fois sept fois. L’enseignement n’est pas pour un autre comportement de notre part, il est sur la miséricorde de Dieu. Saisi de pitié, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. Jésus saisi de pitié, devant la foule, devant celui qu’il demande le miracle. La loi du talion, la vieille, sans doute in fine de la parabole, mais à la manière des commandements mosaïques : nous donner des repères, nous rappeler non à la divinité, ce qui est trop et au-dessus de nos forces, mais à la simple humanité, à la raison, à la proportion : ce qui est déjà bien loin de notre quotidien. Et maintenant de tout notre cœur, nous te suivons, nous te craignons et nous recherchons ton visage. Prière toute humaine que le malheur, la souffrance, la déception, les événements, toute notre vie ici-bas savent nous inspirer, mais à laquelle nous ne nous laissons pas assez aller : accueille nous cependant avec notre âme brisée et notre esprit humilié… ne nous retire pas ta miséricorde… ne nous abandonne pas à jamais, ne répudie pas ton alliance. Ainsi soit-il ! soixante-six-sept fois sept fois...

[1] - Daniel III 25 à 43 passim ; psaume XXV ; évangile selon saint Matthieu XVIII 21 à 35

lundi 8 mars 2010

je le sais désormais - textes du jour

Lundi 8 Mars 2010


Les morts qui intercèdent et nous entourent, ceux qui souffrent et qui meurent, nous appelant à la présence, à l’entourement, à la prière et à la vie autur d’eux et en eux. Chagrin, larmes et communion dans le même sort. [1]Prier… il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Elie n’a été envoyé vers aucune d’entre elles mais bien à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon… au temps du prophète Elisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; pourtant aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman, un Syrien. Pourquoi pas nous, qui sommes… qui avons… qui étions… et pourquoi les autres ? dans le bonheur, mais peut-être aussi dans le malheur ? le succès, la pauvreté, la maladie, le dynamisme, la dépression… l’aphorisme du Christ revenu dans son village d’enfance et de vie familiale : aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays, pose la question autrement. Notre accueil quand nous prétendons posséder, savoir, connaître : alors je suis inentamable ou si réticent face à la contradiction, à l’autre point de vue ou si dolent de ma disgrâce… Souveraineté du Christ : tous devinrent furieux… mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. La référence n’est pas l’autre me renvoyant aux plus mauvais penchants de moi-même, au désespoir, au blasphème, à l’indifférence, la référence est Lui. Je le sais désormais : il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël, profession de foi du général étranger et païen que son obéissance en quelque chose de simplissime, sur conseil de ses subordonnés, et sans la moindre foi… a sauvé, guéri, purifié… La mort et la maladie, nos impuissances de tous ordres ne sont que des vêtements d’emprunt (au péché, au désamour et à l’égoisme, à la colère, au doute).

[1] - 2ème livre des Rois ; psaume XLII & XLIII ; évangile selon saint Luc IV 24 à 30

dimanche 7 mars 2010

un enfant à la messe

je suis celui qui suis - textes du jour

Dimanche 7 Mars 2010


Quarante ans, cinquante ans… j’ai voulu être aimé, j’ai voulu aimer, j’ai passionnément, intensément attendu et/ou couru. J’ai reçu, et je comprends que l’éternité et l’amour appelle cette sorte d’immobilité vivante au plus près, au plus intérieur, au plus naissant et total d’un être, je comprends l’éternité et à ces instants, je la vis. Je reçois d’être là et de vivre, d’aimer. – Prier… [1] Moïse gardait le troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madian. Il mena le troupeau au-delà du désert, et parvint à l’Horeb. Notre vie spirituelle est une avancée, elle est située dans les lieux, dans l’histoire, dans notre chair, dans notre personnalité, nos amours et amitiés, nos professions, nos occupations. Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour pour venir regarder, Dieu à l’affût qui nous piège. Il dit : Me voici. Une des réponses décisives de toute la Bible, personnalité, temps, lieu, totalité de l’humanité. L’épisode du buisson ardent peut emplir un livre, donner à méditer et à vivre une existence humaine entière. Moïse se voila le visage car il craignait de porter son regard sur Dieu. Avons-nous, ai-je sérieusement envisagé de voir Dieu, de Le rencontrer face à face ? sans réfléchir aux possibilités, sans visualiser ou imaginer quoi que ce soit. Etre face à Lui, combien ces notions de transparence – resssassées en politique quand précisément tout se truque – prennent leur force, qui serai-je ? qui suis-je ? alors… le Seigneur dit à Moïse : j’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple… et j’ai entendu ses cris… Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer… Dieu ne se livre à Moïse que selon la démarche, puis les questions de celui-ci : Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est Je-Suis. Commentaire de Paul : ces événements étaient destinés à nous servir d’exemple… ainsi donc, celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber. Commentaire du Christ : voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. Intercession humaine, celle qui porte sur Dieu. Abraham pour Sodome et Gomorrhe, le Christ qu’on cloue – humainement, entre hommes, sous le regard de sa mère et de quelques femmes – en croix : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Les trois religions du Livre, les révélées : Dieu est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le révère. Amen.

Gaucherie obligée de toute traduction et de tout énoncé du nom de Dieu. Je suis celui qui suis. Je-Suis. Les quatre-vingt-dix neuf noms de Dieu donnés par le Coran. Toutes les ellipses et équations des psaumes. Et nos vies courantes, les jurons comme les soupirs. Mon Dieu… dans la souffrance ou dans la stupéfaction. Notre pauvreté est richesse suprême, elle est adéquate à la totalité de Dieu, elle y répond en vocabulaire, en paroles, en actes car tout ce qui est de nous est pauvre, mais cette pauvreté est aimée, attendue de Dieu. Il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse.


[1] - Exode III 1 à 15 ; psaume CIII ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens X 1 à 12 ; évangile selon saint Luc XIII 1 à 9

samedi 6 mars 2010

moi, ici, je meurs de faim - textes du jour

Samedi 6 Mars 2010



Prier… [1] la parabole du fils prodigue, après celle des vignerons homicides, les différentes situations que vit un père, que « vit » Dieu vis-à-vis des hommes. Les vignerons comme le fils prodigue font des plans. L’aîné du prodigue est passif dans son obéissance, véhément dans sa jalousie (Caïn et Abel, l’aîné si souvent dépossédé ou pas aussi bien traité dans la Bible que le cadet, Esaü et Jacob…). Le fils aîné se mit en colère et il refusait d’entrer… toi, mon enfant, tu es toujours avec moi. Sensibilité à la communion, peut-être est-ce le don suprême et miséricordieux que peut prodiguer la grâce à une âme. Car la réalité ne dépend pas de nos perceptions (enfance de la philosophie la moins déiste et la plus millénaire), notre bien-être ne dépend qu’apparemment de nos états d’âme. Notre santé et notre équilibre spirituels tiennent à cette communion universelle à Dieu et aux hommes,à tout le créé. Le prodigue, dans l’épreuve, le comprend : moi, ici, je meurs de faim ! (sa solitude et son dénuement évidents, après le gaspillage, parcours de mon adolescence quoiqu’elle était de bonne volonté) je vais retourner chez mon père et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Prends-moi comme l’un de tes ouvriers… . Question de vie et de mort, mais c’est le père qui le valide et lui donne le sens : mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé…. Ton frère que voilà était mort, ert il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé. Deux notations d’importance. La liberté du cadet, il demande sa part, il s’en va, il revient, l’attitude est décisive, le texte prévu pour être débité passe à l’as dans l’étreinte paternelle. La joie du père s’exprime concrètement, elle correspond à tout l’humain du fils, de la maisonnée, de la domesticité, à la sienne propre. Comme le Coran en a l’intuition – peut-être trop imagée pour le chrétien – on ne s’emm… pas au paradis. Mangeons et festoyons… il fallait bien festoyer et se réjouir. Réponse du fils que donne l’Ancien Testament : y a-t-il un dieu comme toi ? tu enlèves le péché, tu pardonnes sa révolte au reste de ton peuple, tu ne t’obstine pas dans ta colère, mais tu prends plaisir à faire grâce. Michée qui commente ainsi par anticipation la parabole du prodigue, qui est en fait l’histoire de tout le peuple choisi, de toute la chrétienté ensuite, de toute l’humanité, est aussi le prophète qui désigne Bethléem comme le lieu où tout aura lieu…

[1] - Michée VII 14 à 20 ; psaume CIII ; évangile selon saint Luc XV 1 à 32

vendredi 5 mars 2010

lecture du Coran - sourate 114 - Les hommes

une merveille sous nos yeux - textes du jour

Vendredi 5 Mars 2010


Prier…[1] une des nombreuses paraboles de la vigne. L’Ancien Testament en est autant friand. Les contradicteurs, convenablement amenés sur son terrain par le Christ, suivent docilement le début de sa dialectique, puis c’est la flèche : n’avez-vous jamais lu dans les Ecritures ? Mahomet, pour le Coran, aura le même présupposé : ses interlocuteurs ou auditeurs à convertir sont censés connaître toute la Bible, dont les évangiles. Les chefs des prêtres et les pharisiens sont ferrés à glace sur les saints textes. La parabole des vignerons homicides est la redite du constat fait par le fils du pays à Nazareth : le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit. L’Eglise, nous-mêmes dans l’œuvre que nous bâclons, celle de notre vie, la vigne du Seigneur, nous posons-nous la question que la foi, les promesses puissent nous être retirés, comme le Paradis le fut à nos ancêtres dans le péché et le refus ? le doute et l’incrédulité. Jésus surtout donne prise aux accusations et à la haine, le défi… les chefs des prêtres et les pharisiens, en entendant ces paroles, avaient bien compris que Jésus parlaient d’eux. Joseph défie ses frères, aussi bien par le récit de ses rêves qui n’est pas aujourd’hui rapporté que par la prédilection de Jacob : exactement la situation de Caïn jalousant Abel. Jacob aimait Joseph plus que ses autres enfants parce qu’il était le fils de sa vieillesse, et il lui fit faire une tunique de grand prix. En voyant qu’il leur préférait Joseph, ses autres fils se mirent à détester celui-ci, et ils ne pouvaient plus lui dire que des paroles hostiles. … On verra ce que voulaient dire ses songes ! le sort de Joseph, comme celui de Jésus, se règle vénalement. Vingt pièces d’argent aux Ismaëlites (les futurs musulmans, nos frères monothéistes) et trente deniers pour Judas. Ils le dépouillèrent de la tunique précieuse qu’il portait… celle de Joseph, mais celle du Christ qu’on se partage au pied de la croix. La Bible, pour son simple lecteur, attache par ses multiples correspondances, par la mémoire qu’elle a d’elle-même et à laquelle elle nous appelle. Une identité est aussi affaire de mémoire. N’avez-vous pas lu ? Ecoutez cette parabole… Le monothéisme, et plus encore le christianisme en son sein, a la parole de Dieu comme cœur et comme dialectique. Il faut faire taire Joseph, Jésus… Leurs chameaux étaient chargés d’aromates, de baume et de myrrhe qu’ils allaient livrer en Egypte. Les rois mages comme les caravaniers près de deux millénaires avant eux. Dans l’événement, dans le drame, aussi la perspective des ensevelissements, qui pour le chrétien, pour le musulman aussi, est – forcément – le gage de la résurrection, son attente. Ils respecteront mon fils. Non, c’est le signe de la division – dont la sourate 98 (du Coran) L’évidence ou autrement traduit : La preuve décisive – pourrait être le commentaire. Les Juifs de stricte obédience et les musulmans s’accordent contre un Jésus, Fils de Dieu. Réflexe de l’humanité, Dieu, oui, mais à notre image (simpliste), pas selon ce qu’Il dit de Lui : trinité... Les vignerons ne respectent pas le contrat et sont des assassins. Nous sommes les vignerons, nous sommes les frères de Joseph – que nous soyons distraits de l’essentiel ou butant à cause de l’essentiel. L’obstacle à la foi n’est pas la raison mais notre comportement quotidien qu’en fait nous révérons… que je révère pour ce qui me concerne. Remède, notre regard vers la pierre angulaire. C’est l’œuvre du Seigneur, une merveille sous nos yeux !

[1] - Genèse XXXVII 3 à 28 ; psaume CIV ; évangile selon saint Matthieu XXI 33 à 46

lecture du Coran - sourate 114 . Les hommes

jeudi 4 mars 2010

lecture du Coran - sourate 98 . L'évidence

ils sont comme la paille balayée par le vent - textes du jour

Jeudi 4 Mars 2010


Prier… [1] la parabole de l’homme riche et de Lazare. Le même prénom que le frère de Marthe et de Marie, hasard ? images du séjour des morts, bien proche de celle de la mythologie grecque. Exposé des arguments de la foi qui n’attachent aucun incroyant. Justice distributive par changement des rôles et des sorts. Tu as reçu le bonheur dans ta vie et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation, et toi, c’est ton tour de souffrir. … Quelqu’un pourrait bien ressuscietr d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus. Surmontée sa sécheresse, le texte dit beaucoup : il anonce la résurrection du Christ et son peu de prise sur les contemporains comme, aujourd’hui, sur notre époque. On admet la morale évangélique, pas celle des souverains pontifes de l’Eglise pourtant fondée par ce Christ. L’événement : résurrection, n’ébranle pas. Soit que nous en ayons la routine, soit que cela passe pour une supercherie qu’à chaque génération on établit en critique interne des évangiles, le Coran ne fut sans doute pas le premier à le faire, les évangiles eux-mêmes énoncent la thèse des Juifs sur la susbtitution ou la disparition du corps. Le texte montre aussi l’altruisme relatif du riche tombé en enfer, il souhaite que les siens ne l’imite pas. Tout semble figé et même Abraham est dominé par la disposition des lieux, si l’on peut écrire : un grand abîme a été mis entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous. La place de l’espérance, rien ne peut bouger… ni les hommes, ni les arrangements de « l’au-delà »… qui ne sont pourtant présentés comme ceux de Dieu, un « fatum » inexorable engendré par nos façons de vivre ici-bas… au jugement, les méchants ne se lèveront pas, ni les pécheurs, au rassemblement des justes. Le Coran reprend souvent ce mot de rassemblement …La comparaison salvifique et positve nous est donnée par Jérémie complétant le psaume et lui donnant redondance : maudit soit l’homme qui met sa confiance dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. Il sera comme un buissons sur une terre désolée, il ne verra pas venir le bonheur… Béni soit l’homme qui met sa confiance dans le Seigneur, dont le Seigneur est l’espoir. Il sera comme un arbre planté au bord des eaux, qui étend ses racines vers le courant. Je lis le texte comme l’exhortation de notre liberté. L’espérance et la foi sont reçues, mais librement. Reste le mystère de nos désespoirs, même pour ceux qui « croient », sur cette terre où nous sommes imparfaits et finis, les guillemets s’imposent, et reste le mystère que tant semblent n’avoir rien à entendre ou à voir, et ne paraissent pas même manquer de cette dimension de l’existence humaine : être appelé à croire, à espérer. La condition humaine nous met tous à égalité, en toute société et à toutes époques. Ni supérieur aux autres (ce qu’entre croyants et incroyants, nous avons tellement tendance à vivre), ni inférieur aux autres (ce qu’en période troublée, socialement, financièrement, nous vivons aussi, ceux qui subissent la pédagogie et l’assurance des cooptés, des dirigeants, des « seigneurs »). Tout n’est pas statique, selon les textes de ce jour : le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra. Une direction, une orientation, les errances… la paille balayée par le vent.

[1] - Jérémie XVII 5 à 10 ; psaume I ;évangile selon saint Luc XVI 19 à 31

mercredi 3 mars 2010

morts du moine

nous le pouvons - textes du jour

Mercredi 3 Mars 2010


Prier… l’affrontement entre Jésus et ses tortionnaires, selon Isaïe ou, aujourd’hui, selon Jérémie (mes ennemis ont dit : Allons, montons un complot… attaquons-le par nos paroles, ne faisons pas attention à tout ce qu’il dit) et selon Matthieu (le Fils de l’homme sera livré aux chefs des prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort et le livreont aux païens pour qu’ils se moquent de lui, le flagellent et le crucifient, et, le troisième jour, il ressuscitera). Une religion écrite – elle n’est pas la seule – mais une religion qui révèle Dieu par les événements, et ces événements ne sont pas dits au passé, ils sont d’abord annoncés et en plusieurs versions, celles des prophètes, celle du Christ lui-même, son propre prophète et le prophète par excellence (ce qui renvoit à l’énigme coranique, qui me semble plus affaire de présentation que de fond, au moins pour ce qui est de la place de Mahomet dans l’histoire spirituelle de l’humanité, le commentateur par excellence du monothéisme et de la transcendance, commentateur enflammé et indigné). A ces prophéties, s’ajoutent deux types de réaction : l’attitude-même de la victime, Jésus : ils ont creusé une fosse pour me perdre. Souviens-toi que je me suis tenu en ta présence pour te parler en leur faveur,pour détourner d’eux ta colère… Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font… et les disciples, nous tous : pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ? Le fait est que Jacques et Jean auront la grâce de cette capacité, et que les réclamations de la bonne place sont le fait d’un amour maternel, exubérant mais déplacé : voilà mes deux fils : ordonne qu’ils siègent, l’un à ta droite, l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. La réponse de Jésus est surtout celle qu’il fait au « bon larron », ce soir-même, tu seras avec moi en paradis. [1]

[1] - Jérémie XVIII 18 à 20 ; psaume XXX ; évangile selon saint Matthieu XX 17 à 28

mardi 2 mars 2010

vous n'avez qu'un seul Père - textes du jour

Mardi 2 Mars 2010


Prier…[1] ne vous faites pas donner le titre de … ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître le Christ. La manière dont ce propos de Jésus est rapporté par Matthieu est évidemment au discours indirect. Le geste saisissant de la Cène, Jésus lavant les pieds de ses disciples, dit mieux le paradoxe, la grandeur est dans le service, pas tant une sorte de commisération envers soi, mais la projection vers autrui. Ce n’est pas d’être petit ou d’accepter sa petitesse qu’il s’agit, mais d’aller à autrui. Pas pour le dominer, mais pour lui correspondre, le « servir ». Qu’est-ce à dire ? aujourd’hui, sans phrases, entrer dans un point de vue qui ne soit pas le mien. Faites droit à l’orphelin, prenez la défense de la veuve. Décentrement, nouvel ordre vêcu dans les priorités, qu’est-ce à dire encore sinon venir à la relation dont découlent toutes les autres : si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront comme la neige. S’ils sont rouge comme vermillon, ils deviendront blancs comme la laine. … Appreez à faire le bien : recherchez la justice, mettez au pas l’oppresseur. Nous allons au devoir d’ingérence et de révolte… mais d’abord en nous-mêmes : qu’as-tu à réciter mes lois… toi qui n’aimes pas les reproches ? et pour trouver la juste proportion : penses-tu que je suis comme toi ? aridité de la sagesse et de l’examen de conscience… accomplis tes vœux envers le Très-Haut. Encore un mort, hier matin, chez mes amis bénédictins. Ces départs sont un témoignage et un encouragement, les vœux ont été accomplis, l’aridité a fait son travail, l’âme s’est simplement dégagée, j’aimais cet homme qui montrait de la joie à me voir : notre communication c’était cela, le voici maintenant exemplaire, de peu de paroles alors que son saint patron est celui des avocats, mais l’efficacité de la plaidoirie, c’est une vie.. Ces morts bénissent un monastère, nos morts bénissent nos familles, nos pays, notre terre.


[1] - Isaïe I 10 à 20 passim ; psaume XLIX ; évangile selon saint Matthieu XXIII 1 à 12