jeudi 26 février 2009

ils voudraient que Dieu se rapproche d'eux - textes du jour

Vendredi 27 Février 2009

Tandis que … j’essaie de prier…[1] L’exact contraire du fonctionnement de notre monde et de nos sociétés… Quel est le jeûne qui me plaît ? N’est-ce pas faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec lui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? On n’est pas loin d’une évaluation de notre fameuse crise mondiale, économique et financière avec son remède : alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur t’accompagnera. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra : si tu cries, il dira :’Me voici’. Pour une fois, l’Ancien Testament répond par avance aux questions du Nouveau : Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, alors que nous et les pharisiens nous jeûnons ? Réponse, parce que notre jeûne est et doit être autre. Et pourquoi les choses et notre jeûne sont-ils autres ou doivent-ils être autres ? parce que l’Epoux est avec eux. Ne l’est-il plus ? c’est toute la question de la foi, toute la dialectique historique et concrète de la rédemption, acquise éternellement depuis un événement pourtant inséré dans l’histoire humaine et daté dans cette histoire. Là ? pas là ? un temps viendra où l’Epoux leur sera retiré. … Ils voudraient que Dieu se rapproche. Génie d’Isaïe, génie littéraire à première lecture évidente, au point qu’à juste titre on parle pour ses derniers chapitres – d’une anticipation sidérante – d’évangile selon Isaïe, mais génie spirituel, un Dieu immanent et qui pourtant dialogue et a des réflexes si humains.

[1] - Isaïe LVIII 1 à 9 ; psaume LI ; évangile selon saint Matthieu IX 14 à 15

liberté - jeudi 26 février 2009



Jeudi 26 Février 2009

Des paroles [1] si connues, et que l’on retient parce qu’à première lecture, elles nous ont tant frappés. Je te propose aujourd’hui de choisir ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. … Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. … Tout ce qu’il entreprend réussira, tel n’est pas le sort des méchants. … Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra. Mais la connaissance de quelque chose, fut-ce un texte décisif, comme toute connaissance – sauf celle du vivant, sauf celle d’une personne, entraînant à l’amour – dessèche. L’enseignement est ici, au second degré. Il est l’affirmation de notre liberté. Liberté de choisir pour/contre, bonheur/malheur, vie/mort. C’est manichéen, comme il y a le juste et le méchant. Au pluriel. Notre religion n’est pas seulement l’affirmation d’une réalité, ou plutôt la réalité affirmée n’est pas un état des choses, dans lequel nous nous trouvons, et la religion nous assure qu’à terme cet état est bénéfique et pas aussi mauvais ou solide dans sa mauvaise face (ou sa bonne, si l’on est du bon côté du manche, ce qui arrive à quelques-uns… face de la presse « people »), elle est l’indication qu’une personne est souveraine et qu’elle a souci de nous. Notre liberté vaut parce qu’elle est connue, et appréciée de Dieu. D’une certaine manière, cette connaissance que Dieu a de nous (et non celle que nous avons de Lui, ou que, depuis l’Eden, nous tâchons d’avoir par et pour nous-mêmes), garantit notre liberté. Choisir donc, le bonheur évidemment ? mais comment ? les commandements : aimer le Seigneur ton Dieu, marcher dans ses chemins. Les chemins que connaît Dieu. Au Paradis, Dieu ne sait plus le chemin d’Adam ni d’Eve. Où es-tu ? Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui. Une liberté dont l’exercice a des conséquences au-delà de nous.

[1] - Deutéronome XXX 15 à 20 ; psaume I ; évangile selon saint Luc IX 22 à 25

mercredi 25 février 2009

où donc est leur Dieu ? - textes du jour

Mercredi 25 Février 2009

Oui, que de cendres sur chacun et autour de nous tous. [1]il te le revaudra…ils ont touché leur récompense… autrement, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père, qui est aux cieux. Jamais, je n’ai accepté cette logique du propter retributionem, d’un amour échangiste, même de l’attente du bonheur. Non, « ma » prière – qui n’a certainement rien de particulier ni d’exceptionnel – n’est pas de l’avoir mais de l’être, pas une demande d’avoir mais une demande d’être, et que Dieu me soit sensible en ce qu’il est infiniment aimable, infiniment bon et que tout péché lui déplaît. Ne L’aimer que pour Lui et parce que c’est Lui. L’amour humain, l’amitié (La Boétie et Malherbe) sans raison que l’autre-même, pour lui-même. Dieu à infiniment plus forte raison et par la grâce qu’Il nous attire et se fait aimer de nous. Restent les conseils de la discrétion et du cœur à cœur … quand tu fais l’aumône… quand vous priez… quand vous jeûnez… mais toi quand tu fais l’aumône, quand tu pries, quand tu jeûnes … ton Père voit ce que tu fais en secret… la leçon de discrétion, de silence, de vie intérieure, mais tout autant de l’action : aumône, prière, jeûne. Vivre comme des justes… la définition contemporaine d’Israël, certes : la miséricorde et la solidarité actives, notamment dans les circonstances de violence qui ne sont pas, hélas ! pour l’Etat hébreu, que la shoah, mais tout autant Gaza, Cana, Ramallah, Bethléem… que de Français juifs en souffrent et en rougissent et sur lesquels doit se fonder la réprobation et la reprise internationales des choses et des comportements… mais la définition de la Genèse. Dieu trouve tel des siens juste. D’une certaine manière, le jugement « dernier » avant la lettre. Laissez-vous réconcilier avec Dieu. Redevenir justes, le devenir, l’être non pour nous-mêmes mais pour complaire à notre Créateur et rejoindre tous ceux qui nous précèdent sur ce chemin et attirer ceux qui hésitent à l’emprunter. Et le Seigneur s’est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple. Mon cher JL disait que dans l’Ecriture il y a tout et son contraire. De fait, Joël prône le contraire de Jésus : annoncez une solennité, réunissez le peuple… que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre … mais ce semble déjà les assemblées de l’Apocalypse et le dialogue avec Dieu qui répond.


[1] - Joël II 12 à 18 ;psaume LI ; 2ème lettre de Paul aux Corinthiens V 20 à VI 2 ; évangile selon saint Matthieu VI 1 à 18

mardi 24 février 2009

le creuset de la pauvreté - textes du jour

Mardi 24 Février 2009

Mes craquages sont en profondeur. Seule surrection possible, la prière et le travail, une forme de noyade, ou l’entrée dans un autre élément, mais celui que nous vivons nous cramponne. L’espérance quand il n’y a plus d’espoir, l’espoir quand il n’y a aucune raison, la raison quand on cherche encore les fétus d’une réalité différente de ce qui nous est imposée. Imposée par qui ? les multiples engrenages de décisions et de circonstances auxquelles, quelque part, très loin – ailleurs ? ou dans le passé ? nous avons pu quelque chose, nous entre autres, dans la multiplicité innombrables de facteurs mystérieux, et aussi l’action, plus involontaire que volontaire de nos semblables. Les plus actifs dans nos chutes n’en sont cependant jamais pénalisés, ce qui est rassurant pour nous, car sans doute nous avons été ou sommes nous-mêmes la cause infime mais réelle, peut-être, de déboires ou de malformations ou de malheurs pour autrui… Marguerite retrouve ses lunettes qui ne lui sont plus prescrites, et les mets. A l’école, commencé de confectionner un masque, un loup noir, carnaval…

Prier… [1] celui qui a mis sa confiance dans le Seigneur, a-t-il été déçu ? celui qui a persévéré dans la crainte du Seigneur, a-t-il été abandonné ? Celui qui l’a invoqué, a-t-il été méprisé ? Honnêtement, je dois répondre que non, et même – états d’âme ? – j’ai toujours été secouru à temps, des secours minuscules mais qui changent les instants et font reprendre et continuer. Car le Seigneur est tendre et miséricordieux, il pardonne les péchés, et il sauve au moment de la détresse. Ce qui arrive à Jésus, lui-même : Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes : ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. Au regard de la condition humaine et du « tragique » de l’existence, la dispute sur la grandeur, les carrières, la réussite est plus puérile que la netteté et la sagesse d’un enfant : les réparties de notre fille. C’est quoi : des choses pareilles ? ou bien son évocation grave : c’est la vie des choses, pour les choses de la vie, et elle dit : j’ai besoin de … au lieu de : je dois faire ceci ou cela. Le centre est autre, et elle est dans le vrai. Il est doux d’être enseigné. … le creuset de la pauvreté… Toutes les adversités, accepte-les ; dans les revers de ta vie pauvre, sois patient ; car l’or est vérifié par Dieu, par le creuset de la pauvreté. Mets ta confiance en lui, et il te viendra en aide ; suis une route droite, et mets en lui ton espérance. Et voilà que j’ai reçu, que je reçois et vais repartir. Vous qui craignez le Seigneur, espérez le bonheur, la joie éternelle et la miséricorde. Le Seigneur est le salut pour les justes, leur abri au temps de la détresse. Et la place de l’enfant dans nos vies, chacun pouvant d’ailleurs à tout moment, dans sa propre détresse, son dénuement, ses demandes, être pour l’autre auprès de qui il arrive ou se déverse, un enfant : celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’esr moi qu’il accueille. Jésus l’avait choisi, embrassé, certainement l’avait rassuré et attiré avant de le placer au milieu des adultes, des disciples. Naissance… de ceux-ci grâce à l’enfant.

[1] - Ben Sirac II 1 à 11 ; psaume XXXVII ; évangile selon saint Marc IX 30 à 37


lundi 23 février 2009

la main de Dieu - textes du jour

Lundi 23 Février 2009

Prier [1] l’énigmatique éloge de la sagesse, avec un S majuscule, personnifiée dans le livre qui porte son nom au point de pouvoir la porter comme une personne divine, ici comme la fille de Dieu, l’Eglise, la Vierge ? comme le Christ, avant toute chose et pré-existante. Mais tout simplement une créature, un attribut, cependant distinct de Dieu. Avant toute chose fut créée la sagesse ; et depuis toujours la profondeur de l’intelligence. Il faudrait sans doute avoir l’hébreu ou le grec sous les yeux et le comprendre : sagesse, intelligence, profondeur. Les âmes – thèse de la psychothérapie – comme les peuples se comprennent et s’expriment par leur langue propre. L’intense déviation du monde moderne : la suprématie d’une unique langue, baragouinée par les autres, susbtituion forcée d’esprit et d’échelle de valeurs, déracinement-enracinement ailleurs, tous des métèques par rapport à l’originel que sont les Etats-Unis eux-mêmes enfants prodigues des Anglais, schizophrénie de ceux-ci par rapport aux Américains et qui constitue un des empêchements de l’Europe. Digression, mais la Bible apprend tout, puisqu’elle libère et en même temps nous enracine. La racine de la sagesse, qui en a eu la révélation ? et ses subtilités, qui en a eu la connaissance ? Il n’y a qu’un seul être et très redoutable, celui qui siège sur son trône. C’est le Seigneur, lui qui acréé la sagesse ; il l’a vue et mesurée, et il l’a répandue sur toutes ses œuvres, parmi tous les vivants, dans la diversité de ses dons. Toujours cette solidarité du vivant, les nimaux, les végétaux, les minéraux, le cosmis autant que l’homme, bénis et appelés à la rédemption. Faculté universelle. Non pas acquise, apprise, exercée mais reçue. Mais ceux qui aiment Dieu en ont été comblés. … Si tu y peux quelque chose, viens à notre secours, par pitié pour nous ! Chemin de la réponse au don de la sagesse, la foi, avec de petits moyens et de faibles considérations. La dialectique du Christ éveille donc ce qui n’était que latent et encore, chez ce malheureux père d’un fils « possédé ». Pourquoi dire : ‘Si tu peux’ … ? Tout est possible en faveur de qui croit. La foi alors et aux disciples, le secret : la prière. Renvoi au don de la sagesse. Ces moments dans l’évangile où Jésus intervient dans une discussion générale : celle de la foule, celle des disciples en chemin, et toujours à l’occasion, en conséquence d’un miracle, le mouvement, ce qui était muet et paralysé, revit, bouge : va… mais Jésus, lui saisissant la main, le releva et il se mit debout. Les mains du Christ, celles qui prennent pain et vin à la Cène, la main qu’il tend à Pierre sur les eaux, sa main et ceux qu’Il miracule.


[1] - Ben Sirac I 1 à 10 ; psaume XCIII ; évangile selon saint Marc IX 14 à 29

dimanche 22 février 2009

oui - textes du jour

Dimanche 22 Février 2009

Prier…[1] saisissant aussitôt dans son esprit les raisonnements qu’ils faisaient, Jésus correspond surtout au vœu du paralytique et de ceux dont la foi l’ont fait amener à Lui, mais il confirme surtout son principal conseil pour la prière. Pas de parole, l’offrande de la totalité de soi, la foi. Lui-même parce que toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur ‘oui’ dans sa personne, est notre modèle de prière. Ce ‘oui’ qui fut le mot de vie d’Amédée de Bricquebec avec cent illustrations au sens littéral et selon des circonstances dont il a laissé quelques traces par ses idéogrammes. Et dans Isaïe, cette affirmation du Seigneur : voici que je fais un monde nouveau… oui, je vais faire passer une route dans le désert, des fleuves dans les lieux arides… oui, moi, je pardonne tes révoltes. … Aussi, est-ce par le Christ que nous disons ‘amen’, notre ‘oui’ pour la gloire de Dieu. La devise d’Ignace de Loyola, tant de chemins vers un seul but, et probablement avec pour seul moyen et compagnon : l’Esprit qui habite nos cœurs. Simple ? Qu’est-ce qui est le plus facile ? et de guérir, à la vue de tous, le paralytique, pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir de… toute vie a son modeste sens des gestes et paroles de chaque jour, et son sens décisif, éternel : signifier Dieu, sa gloire et sa puissance. Ce n’est pas affaire de foi. Dieu est premier, notre foi est seconde. C’est son don et sa marque : il a mis sa marque sur nous.

[1] - Isaïe XLIII 18 à 25 ; psaume XLI ; 2ème lettre de Paul aux Corinthiens I 18 à 22 ; évangile selon saint Marc II 1 à 12

samedi 21 février 2009

l'éternité n'est pas loin - textes du jour

Samedi 21 Février 2009

Prier… de fait, il ne savait que dire, tant était grande leur frayeur. Il me semble qu’alors les disciples devant la transfiguration du Christ sont enfin à prier. Tout leur est donné en même temps : ils voient Dieu face à face, ils en éprouvent plus que du bonheur ou de la joie, ils souhaitent l’éternité (à leur manière) et la vivent par prétérition. [1] Le destin d’Enoch (que d’apocryphes, dont un livre portant son nom) : grâce à la foi, Hénoch fut enlevé de ce monde, et il ne connut pas la mort ; personne ne le retrouva, parce que Dieu l’avait enlevé. L’Ecriture témoigne en effet qu’avant d’être enlevé il était agréable à Dieu. Or sans la foi,, c’est impossible d’être agréable à Dieu. Abel dont le sacrifice est agréé, pourquoi ? Noé jugé juste, pourquoi ? comment ? Abraham, appelé, sans même que son portrait nous soit initialement donné. Père de notre foi et de toutes vertus, et pourtant homme accompli, richissime, guerrier valeureux mais mari un peu trouillard tant Sara, dans sa jeunesse, attire regards et convoitises : la foi cependant le résume. Mais elle est donnée, les disciples nous le montrent et l’avouent. La Transfiguration leur est donnée, sans qu’ils l’aient sollicitée, ils n’ont répondu qu’à demi à la question du Christ sur l’identité qu’ils lui croient. Jésus alimente leur foi, de Lui-même. Il leur donne même de pénétrer, un peu, sa vie : ses entretiens avec Moïse et Elie, en fait tout l’Ancien Testament, les voici témoins. Pas de texte, mais cette blancheur que reprend l’Apocalypse, et que donne le sang de l’Agneau… Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Initiative et dessein du Christ, un choix, toujours les trois mêmes, le chef, les deux frères, l’ancien déjà, marié, professionnel, et les deux jeunes, encore à vivre chez leur père. Et il fut transfiguré devant eux. Jésus le fait, manifestement pour eux…. Ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. Dans nos vies, l’éternité ne « perce » que par instant, mais nous l’éprouvons, chacun. Si nous avons de la mémoire ou de l’attention. La résurrection, moyennant passion et mort. La transfiguration, d’une certaine manière, ne les étonne pas, elle les effraie parce qu’elle est fantastique en elle-même, mais du Christ on pouvait l’attendre, ils sont confirmés dans la sensation qu’ils ont de leur maître, tandis que la passion, la mort, la résurrection ? Ils obéissent et ils restèrent fermement attachés à cette consigne… de ne rien dire. La foi et le témoignage sont un tout. La Transfiguration est l’aboutissement, mais elle n’est transmissible que si l’ensemble a été vêcu, il ne l’est pas encore, à l’époque, pour Pierre, Jacques et Jean, il ne l’est toujours pas pour nous, aujourd’hui. Dialogue avec Jésus et instruction des disciples, en descendant de la montagne, déjà la route vers Emmaüs. Alleluia… nous en sommes, aussi, là. Lecture de ces matins, route, descente de la montagne, dialogues. Chaque jour, je te bénirai… je redirai le récit de tes merveilles, ton éclat, ta gloire et ta splendeur. Me revient le visage et la douceur, non dépourvue d’humour, de ce moine, décédé en début de mois, que j’appelais Frère Sourire. Je ne devais pas être le seul. Nos transfigurations quand notre regard, notre visage sont d’amour. La foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Sourire et regard d’amour, contemplation sont tout simplement l’expression de cet acquis par la foi : nous voyons une totalité. L’amour et la foi totalisent, notre vue est d’ensemble, l’éternité n’est pas loin…


[1] - lettre aux Hébreux XI 1 à 7 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Marc IX 2 à 13

vendredi 20 février 2009

quel avantage ? textes du jour

Vendredi 20 Février 2009

Prier… curieux de Dieu, de sa parole. Maintenant. [1] L’histoire de Babel, mon idée depuis longtemps, pas du tout la division des langues, mais leur apparition, on passe de la télépathie à laquelle excellent les animaux, mais nous aussi dans le langage amoureux ou la prière, et ce n’est pas forcément une projection de soliloque, on passe d’une communication innée et efficace, aboutissant à la communion et aux actions ensemble, à une séparation des genres, aux différents modes de communication, et probablement – vieil enjeu des premiers chapitres de la Genèse, à la culture, à la conservation et à l’acquisition des connaissances. Curieusement, la naissance de l’écriture n’est pas évoquée dans la Bible, sinon que le premier à écrire, c’est Dieu, les tables de la loi, première version donnée à Moïse. Rien ne les empêchera désormais de faire tout ce qu’ils décideront. Thème biblique ambivalent de la jalousie de Dieu. La jalousie – l’exclusive – amoureuses de Dieu pour son peuple, ses créatures. Mais aussi son rang, qui serait mis en question, si l’homme et la femme touchent à l’arbre de la connaissance, si les hommes – c’est la lettre d’aujourd’hui – restent un seul peuple : Nous travaillons à notre renommée, pour n’être pas dispersés sur toute la terre… Ils sont un seul peuple, ils ont tous le même langage : s’ils commencent ainsi, rien ne les empêchera… Cette hantise de l’unité, le Christ à la dernière Cène, l’encyclique de Jean Paul II. Quelle unité ? place de Babylone dans l’histoire, Bagdad aujourd’hui pas loin. Une religion si l’on en reste aux textes et à la lettre, évidemment très située, donc à première vue incommunicable hors contexte – comme le serait l’Islam, monument arabique – mais la religion n’est que le seuil du spirituel. Dispersion, la diaspora juive… mais notre propre vie quotidienne, dispersée, y compris chez les plus rigoureux… Jésus rappelle la référence : Lui-même, et le prix : qu’il prenne sa croix… celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Evangile la sauvera. Là commence la foi, là se termine le projet humain… Si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui. Le moment du choix, construire jusqu’aux cieux ou suivre Celui qui les ouvre ? Ce regard (terrible…) de Dieu : le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties…Du haut des cieux, le Seigneur regarde : il voit la race des hommes. Du lieu qu’il habite, il obseve tous les habitants de la terre, lui qui forme le cœur de chacun, qui pénètre toutes leurs actions. Le chemin est étroit, notre nature, notre folie et nos dispersions latentes, nos vulnérabilités au vertige et à tous les manques, l’exigence première de Dieu, et pourtant… amour, alliance et rédemption. Quel débat ! quel combat ! Réponse finalement à Babel, notre mort et notre salut : quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier en le payant de sa vie ?


[1] - Genèse XI 1 à 9 ; psaume XXXIII ; évangile selon saint Marc VIII 34 à IX 1

jeudi 19 février 2009

et pour vous, qui suis-je ? - textes du jour

Jeudi 19 Février 2009

Prier…[1] Pour les gens, qui suis-je ? … Et pour vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? les disciples, comme nous-mêmes aujourd’hui… l’habitude est prise, l’identité du Christ et de Dieu vont de soi… un ordinaire exceptionnel pour les disciples, le Messie des Ecritures, mais dont ils ont une conception temporelle… Passion et Résurrection leur échappent totalement, même « après coup ». Il leur faudra la Pentecôte… quant à moi, quant à nous, un Dieu sauveur et réempteur, mais ma vie quotidienne ? en est-elle changée ? et mon espérance ? Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec tous vos descendants, et avec tous les êtes vivants qui sont autour de vous. L’évangile de Marc dans son verset final englobera de la même manière dans la rédemption, le salut, la proximité quotidienne de Dieu tout le vivant, et pas seulement l’homme. Car Dieu a fait l’homme à son image. Et le joli signe : l’arc-en-ciel. Sourire de l’Ecriture. Enseignement sur le respect de la vie, retour littéral sur un système qui n’était que végétarien. Vous serez la terreur de tous les animaux de la terre. On peut gloser, mais l’essentiel est bien l’alliance, dont la mention est postérieure dans le texte : le Seigneur rebâtira Sion… il se tournera vers la prière du spolié, il n’aura pas méprisé sa prière. Dieu par son incarnation, par ses promesses, par l’effectivité de son alliance, solidaire de nous. De sa création, du seul fait quIil y ait procédé. Libérer ceux qui vont mourir… combien j’en ai besoin. Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. Echo d’Isaïe : mes pensées ne sont pas vos pensées. Nous sommes des enfants. Et nous le savons bien. Qu’il soit tué, et que trois jours après il ressuscite. Dépassés et attentifs.


[1] - Genèse IX 1 à 13 ; psaume CII ; évangile selon saint Marc VIII 27 à 33

nous protéger et nous guider ? - dialogue avec une paroissienne virtuelle

Jeudi 19 Février 2009



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To:
Bertrand Fessard de Foucault
Sent: Thursday, February 19, 2009 8:30 AM
Subject: je me permets de vous demander un avis

Bonjour Cher Monsieur,

Merci encore pour vos commentaires quotidiens.
Je me suis inscrite à « Eucharistie Miséricordieuse » et ai donc les textes du jour également dans ma boîte virtuelle…..C’est d’ailleurs un site très intéressant.

Je viens de lire le livre de Philippe RAGUENEAU : » l’autre côté de la vie » - dialogue avec son épouse Catherine ANGLADE décédée et « qui se trouve dans le premier cercle lumineux ». C’est effectivement un message d’amour et d’espoir pour nous tous.
J’ignore si vous avez lu ce livre, il s’agit en fait d’un témoignage sur la vie après la mort.

Je me permets donc humblement de demander votre avis à ce sujet. Croyez vous également que nos proches disparus peuvent nous protéger et nous guider ?

Vous sachant très occupé, je ne demande aucune réponse rapide.

Avec mes remerciements anticipés, je vous souhaite une très bonne journée entouré de ceux qui vous sont chers.



----- Original Message -----
From:
Bertrand Fessard de Foucault
To:
Sent: Thursday, February 19, 2009 9:24 AM
Subject: Re: je me permets de vous demander un avis

La tendance à tenter de percevoir l'au-delà - de nos sens actuels et des conditions de notre existence terrestre - est dans les sociétés modernes, liées, je crois, à un mouvement d'élucidation de notre état dans le passage de cette vie à éventuellement une autre, et dans les études sur le ressenti de la mort.

Ce mouvement sur le ressenti de la mort est d'origine américaine à la fin des années 1960. Je ne connais pas le livre dont vous me parlez. Mon ami Patrick Sbalchiero a commis - entre autres oeuvres d'histoire religieuse et études spirituelles, notamment sur l'extraordinaire - une
Enquête aux portes de la mort . Le point sur les expériences de mort imminente (234 pages . Avril 2008 . CLD éd.). Cette littérature, très intéressante, montre des analogies entre toutes ces expériences et également l'individualisation et la personnalisation de ce passage ou de cette aventure. Elle rejoint des enseignements égyptiens anciens et tibétains actuels.

Je n'éprouve pas que ce soit une véritable voie d'accès à la réalité.

L'expérience que j'ai de communion avec des êtres chers déjà morts - donc bien plus univoque apparemment que les dialogues entre vivants et êtres proches : amour, amitié, paternité et maternité en tous genres - a deux caractéristiques. La première est que la relation avec ceux que nous avons aimés et qui sont déjà morts est bien plus gratifiante et proche d'un certain dialogue, si de leur vivant notre relation a été vraiment aimante et réconciliée. A contrario, une relation difficile et dans laquelle nous nous étions refusés du vivant de ceux qui nous importent aujourd'hui, mais dont nous voulions nous débarrasser naguère , engendre un rapport post mortem qui va avoir son cheminement, sa catharsis et ne sera inspirant et gratifiant que passées des étapes propres à chacun, et peut-être aux disparus vis-à-vis de nous. La seconde est qu'elle peut passer par de quasi-visions. J'en ai eues avec ma mère.

Je crois - pour ma part - que la réponse existentielle est dans la prière. La communion des saints, à laquelle nous sommes attachés de foi, dans l'Eglise, et qui est en fait la solidarité de tout le vivant avec notre créateur, et donc, par Lui, entre créatures, soutient cette prière. Dans la prière à Dieu, entouré de ceux que nous aimons et qui nous aiment, vivants, contemporains, ou morts, nous pénétrons bien davantage que par les paroles échangées l'âme et l'être des disparus selon nos sens. Comme ceux-ci nous précèdent dans le coeur du Père, je suis convaincu de leur dialogue avec nous, même imperceptible, mais ce dialogue a des effets. Protection, inspiation, certainement.

En revanche, des pratiques ou un culte - l'animisme, la religion romaine - nous distrairaient de l'essentiel : la communion, nous étant donnée avec parfois des certitudes et des communications ressenties à l'improviste, donnée plutôt que recherchée et provoquée par nous.

Ce mouvement d'ailleurs - avec "nos" morts - nous apprenne une meilleure relation et des perceptions extra-sensorielles et plus immédiates, plus confiantes avec ceux qui nous sont proches quotidiennement et aimons, ou avons à aimer. Marie de Hennezel :
La chaleur du coeur empêche nos corps de rouiller . Vieillir sans être vieux (Robert Laffont . Novembre 2008 . 239 pages). François Mitterrand hanté par la mort (ses dialogues avec Jean Guitton, avec l'Abbé Pierre, avec lui) a préfacé, magifiquement, son très beau livre sur La mort intime. Un beau livre - plus littéraire - de Bertrand de Jouvenel, il y a plus de vingt ans, sa femme aimée, partie avant lui : Revoir Hélène.

N'attendons pas de révélation - sauf la révélation finale. Le mystère est déjà assez beau, captivant et motivant par lui-même et tel que nous l'énonçons en général et le vivons en particulier.

Il est très beau, chère M. . . , que vous vous préoccupiez de cette relation plus que de votre propre sort, et que vous viviez donc en communion. Quel est l'éditeur et de quand date ce livre de Ragueneau ?

Bon chemin aujourd'hui et demain, en recomposant hier avec confiance, gratitude, sans culpabilité ni regret - Dieu nous bénissant autant que nous demandons à Le recevoir.

Affection.

mercredi 18 février 2009

et le Seigneur se dit en lui-même... - textes du jour

Mercredi 18 Février 2009

Prier… [1] mais plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait. Suite de la belle histoire de Noé, le corbeau, bredouille, la colombe aussi, mais au second lâcher elle revient avec l’emblématique rameau d’olivier… et au troisième, ayant retrouvé son élément et le cycle naturel des choses, elle ne revient pas. Quid de son compagnon, puisque les animaux comme Noé lui-même étaient entrés dans l’arche en couple ? L’essentiel est dans la leçon : l’alliance. Le Seigneur respira l’agréable odeur, et il se dit en lui-même… conte pour enfants ? détail, rare, du miracle qu’opère Jésus rendant la vue à un aveugle. L’habituel dialogue faisant conclure au Christ une rencontre de foi laisse la place aux sensations successives du miraculé. Et comme toujours, Jésus recommande au miraculé-converti-témoin d’aller ailleurs que là d’où il vient.

[1] - Genèse VIII 6 à 22 ; psaume CXVI ; évangile selon saint Marc VIII 22 à 26

mardi 17 février 2009

vous ne comprenez pas encore ? - textes du jour

Mardi 17 Février 2009

Prier… voix du Seigneur dans sa force, voix du Seigneur qui éblouit. [1] Du réveil, le pire moment du jour, à la prière, le meilleur… Job sur son fumier. Du moins mes aimées continuent de me réjouir, et il se peut que je les réjouisse. Vous ne vous rappelez pas ? Le Dieu de la mémoire, le discernement vrai… Vous ne comprenez pas encore ? Vous avez le cœur aveuglé ? exactement, le dialogue du Christ pendant la dernière Cène avec Philippe, justement celui avec qui il fut procédé à la multiplication des pains. Les chants de reconnaissance de Myriam, la Mer Rouge franchie, à ceux d’Anne et de Marie, sont la récapitulation de toutes ces pierres de touche dont sont faites nos vies : les bienfaits reçus, dont le premier est la foi synonyme d’espérance, et l’espérance synonyme de tolérance et de charité envers tous et envers ces circonstances que nous personnifions tellement. Les disciples sont amenés à cette récapitulation, mais ils restent cois, fermés, stupides, inertes spirituellement : Il leur disait : ‘’ Vous ne comprenez pas encore ?’’. Et eux, et nous … ils discutaient entre eux sur ce manque de pain. Il est vrai que quand il faut faire durer dix jours le dernier billet de dix euros… Mais Noé trouva grâce aux yeux du Seigneur. La Genèse ne dit pas pourquoi, elle ne le disait pas non plus à propos d’Abel. Sept jours de délai, le temps de la création y compris le repos conclusif du Seigneur. Tu es le seul juste que je vois dans cette génération. Arbitraire des penchants de Dieu ? son anthropomorphisme dans notre texte, ses regrets, ses décisions, sa colère. Il est vrai qu’avec l’homme il a à faire à forte partie : le Seigneur vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toutes les pensées de son cœur se portaient uniquement vers le mal à longueur de journée. Rassurant, notre époque n’a rien d’exceptionnel, l’agitation de certains – zélés croyants de bonne volonté – annonçant des punitions décisives pour notre temps : tempête, tsunami, crise les contentent et leur donnent – selon eux – raison. Châtiment s’il y a, c’est notre mécontentement de nous-mêmes (racine de toute dépression) et ce silence de Dieu que nous provoquons par notre indisponibilité. Noé fit tout ce que le Seigneur lui avait commandé. Sept jours plus tard, les eaux du déluge étaient sur la terre. Prière et retraite de Noé, des animaux, de toute la création, pendant quarante jours et quarante nuits… le Christ au désert, les Israëlites pérégrinant… l’espérance de vie antan. Nos pas quarante secondes de recueillement. Qu’un seul pain dans la barque. L’arche de Noé, la barque des disciples.

[1] - Genèse VI 5 à 8 & VII 1 à 10 passim ; psaume XXIX ; évangile selon saint Marc VIII 14 à 21

lundi 16 février 2009

tu pourras relever ton visage - textes du jour



Lundi 16 Février 2009


Prier… [1] Je ne sais pas. Est-ce que je suis le gardien de mon frère ? Ardeur littéraire de nos livres saints. Mais le Coran ou les Upanishads ont la même verve, l’homme spirituel sait écrire, penser et communiquer. Politiques et économistes pourraient en prendre de la graine. Parler parce qu’inspiré, et non pas faire le vide dans son esprit et celui des autres… cf. gestion parisienne de la crise de « notre » outre-mer (la mise en garde, augmenter les salaires diminuera les revenus…). Qu’as-tu fait ? … sois maudit et chassé de cette terre… Redoublement des imprécations divines contre Adam. Caïn lui aussi doit déguerpir, mais même son travail, si pénible qu’il sera, ne sera pas productif, et il n’y a pas de promesse de rédemption. Ce châtiment est au-dessus de mes forces. Ultime pitié de Dieu : le Seigneur mit un signe sur Caïn pour le préserver d’être tué par le premier venu, mais retour à la ligne principale, la descendance d’Adam, l’humanité entière vont reposer sur un troisième homme, Seth. Le chant d’action de grâce : plus tard Anne et Marie, est celui d’Eve (qu’en dit le Coran – un parallèle entre la Bible et le Coran, pour les faits évoqués ou relatés, et pour la « conception » de Dieu – existe-t-il déjà ? l’entreprendre cursivement… j’ai trop d’amis musulmans pour ne pas communier avec eux, quand il m’est donné de prier). Dieu mal à l’aise avec Caïn, Jésus avec sa génération soupira au plus profond de lui-même. Reste ce mystère, Abel et Caïn, chacun sans antécédent, et l’offrande du second n’est pas agréée. Mais c’est avec ce dernier que Dieu dialogue (le dialogue de Jésus avec Judas…) : Si tu agis bien, tu pourras relever ton visage. Mais si tu n’agis pas bien, le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer. Yahvé, père spirituel. Caïn, comme Judas après avoir partagé « la bouchée » avec le Christ, sort… l’aîné comme Esaü. Je ne t’accuse pas pour tes sacrifices... Voilà ce que tu fais ; garderai-je le silence ? Penses-tu que je suis comme toi ? Visage du Christ, parole de Dieu.


[1] - Genèse IV 1 à 25 passim ; psaume L ; évangile selon saint Marc VIII 11 à 13


dimanche 15 février 2009

on venait à lui - textes du jour

Dimanche 15 Février 2009

Prier… [1] c’est le Christ. Pour saint Paul, mon modèle à moi, c’est le Christ. Ambition d’une certaine perfection qui a fait courir des générations de religieux et de religieuses, la perfection, la vie parfaite. Je n’en ai jamais été tenté. Le Christ, pour moi et je le suppose comme pour tout chrétien, comme pour tout croyant, comme toute personne en quête d’un tout indicible, en quête de Dieu sans Le nommer, en quête de la réalité fondamentalement, c'est tout simplement la seule voie d’accès à Dieu, la seule identité saisissable – un petit peu – de Dieu. Si tant est que nous puissions instrumentaliser Dieu, Jésus est Celui par qui nous pouvons connaître Dieu. La perfection, le péché, la rédemption, c’est son affaire, qu’Il nous y associe si cela lui semble utile, c’est merveilleux de délicatesse et de respect pour nous. Mais c’est secondaire, celui que nous cherchons, c’est Lui, celui qui nous équilibre et nous auve de la folie et du désespoir, c’est-à-dire du non-sens, c’est Lui, celui qui nous éblouit, nous réchuaffe et garantit nos puissances d’aimer et de comprendre, c’est Lui. Ne soyez un obstacle pour personne, et nous le sommes tous les uns vis-à-vis des autres, plus ou moins, tandis que le Christ, c’est la voie, la vérité, la vie… il regarde la terre pour entendre la plainte des captifs et libérer ceux qui devaient mourir. Les hommes et les commandements ou autres rites divers excluent : les lépreux selon la loi mosaïque : tant qu’il gardera cette plaie, il sera impur. C’est pourquoi il habitera à l’écart, sa demeure sera hors du camp. Jésus – Dieu fait homme – ne dit pas mais fait tout le contraire : Si tu le veux, tu peux me purifier… Pris de pitié devant cet homme… Je le veux, sois purifié. Et paradoxalement, c’est lui qui est exclu par les bienfaits mêmes qu’il apporte : Il était obligé d’éviter les lieux habités mais de partout on venait à lui.


[1] - Lévitique XIII 1 à 46 passim ; psaume CII ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens X 31 à XI 1 ; évangile selon saint Marc I 40à 45


samedi 14 février 2009

puissance - textes du jour




Samedi 14 Février 2009

Prier… s’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Les relations humaines, excellemment résumées quand l’un cherche à apporter à l’autre le meilleur de soi, ses convictions, ce qu’il a lui-même expérimenté, et que cet autre refuse, se refuse ou bien accueille. Dialogue aussi que je viens de vivre, l’éveil-réveil de la nature, le grésil, du gris et de l’orange aux horizons au-delà de l’eau, des traînées orange horizontales et bas dans le ciel : sillages d’avion, la demi-lune éclairant avec violence la nuit et persistant encore à cette heure, les oiseaux faisant chacun successivement le point de ce qui va commencer et qu’ils appellent. Dites aux habitants : ‘’Le règne de Dieu est tout proche’’. Et pourtant je suis cerné, submergé par l’insoluble, et plus encore par ma propre faiblesse, multiforme. N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales, et ne vous attardez pas en salutations sur la route. La hâte divine vers l’ailleurs. Cette puissance extraordinaire ne vient pas de nous, mais de Dieu. … faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. Et nous, muets, de nous-mêmes jusqu’à Dieu, le rapport existe mais dans le brouillard si dense de nos peines comme il est ténu à percevoir et combien il nous paraît sans effet que de nous faire nous agenouiller d’espérance. Et de demandes. [1]


[1] - 2ème lettre de Paul aux Corinthiens IV 1 à 7 ; psaume XCVI ; évangile selon saint Luc X 1 à 9


vendredi 13 février 2009

le printemps peut-être - textes du jour

Vendredi 13 Février 2009

Prier…[1] vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. Pas de livre saint plus complexe et riche à comprendre, pénétrer et donc vivre que la Genèse (je la crois, par ailleurs, tout à fait « exacte » quand à la cosmogonie dont elle a la chronologie, à cndition bien entendu de la lire par analogie et non littéralement, mais au spirituel, elle est à prendre mot à mot, à condition d’en pratiquer la langue originelle d’écriture, ce qui n’est pas mon cas. Ainsi, Paul Nothomb – que j’ai lu à Patmos, parallèlement à l’Apocalypse de saint Jean, en 1983 – établit que la poussière est, pour l’époque, ce qui est insécable, donc la réduction au plus infime de la matière, et qu’elle évoque donc davantage l’éternité et la pérennité que la mort et la précarité. On en est donc aux « cendres » dans le contre-sens absolu. Nous sommes éternels en vérité et en promesse). Se passer de Dieu est la situation spirituelle contemporaine, que fonde et encourage la médiocrité ou la bêtise des intégristes et de tous les béats ou les excités d’une religiosité ayant peu à voir avec le christianisme : le clergé fait souvent plus pour décourager et repousser, le Vatican aussi, que pour attirer… d’autres époques de Babel au marxisme et aux empires totalitaires cherchent au contraire à supplanter Dieu en l’égalant. Ces deux manières ou attitudes laissent l’homme seul devant sa décision : le mal, le bien, le rapport avec autrui et avec soi, mais aussi le bonheur. On parle beaucoup de liberté dans la pédagogie des retraites spirituelles aujourd’hui, le mot est rarement indiqué comme concept dans les Ecritures. Dieu, le Christ libèrent, rendent libres, changent une situation, ce qui est plus clair que le concept. Adam et Eve sont entraînés dans cet univers des concepts. Et perdent aussi – par peur – le contact avec Dieu, leur créateur, leur père, leur ami de chaque soir, le Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du soir. De ce point de vue, ils ont acquis, mais pour leur malheur, une parfaite connaissance du bien et du mal, ils savent leur péché, ils sont encore moins dieux qu'avant, ils l'étaient avant leur péché. En regard, l’évangile, Jésus rétablit la relation et au lieu de nous laisser nous obnubiler sur le mal, le bien, le péché, nous rachète, nous accueille, nous reprend, nous réintègre. Ouvre-toi ! toi, tout entier et pas seulement tes sens et tes oreilles de sourd ou d’aveugle. Ses oreilles s’ouvrirent ; aussitôt sa langue se délia, et il parlait correectement. Adam et Eve propagateurs du « péché », de notre chute et de nos limites, de notre séparation d’avec Dieu et le miraculé de la Décapole, au contraire, répandant la bonne nouvelle, l’évangile. Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense. – Dieu bénisse cette journée, les miens, ceux/celles auxquels je pense ou qui pense à nous. Ceux qui mourront aujourd’hui, naîtront aujourd’hui, amen ! ceux/celles qui souffrent et désespèrent. Prier sans mot, donner tout notre être à monter comme l’encens, à venir au zénith comme s’y perdent et s’y trouvent, devenus ciel eux-mêmes, ces fins nuages qui hier nous ont annoncé le printemps.

[1] - Genèse III 1 à 8 ; psaume XXXII ; évangile selon saint Marc VII 31 à 37


jeudi 12 février 2009

les petits chiens - textes du jour

Jeudi 12 Février 2009

Prier… [1] plus qu’un quelconque réconfort ou un discernement d’on ne sait quoi puisque tout dans nos situations est le plus souvent clair, mais choisir les remèdes ??? je cherche ce matin dans la prière des textes la vérité qui englobe ma souffrance, celle des autres, et qui rendra tout autant compte de l’apaisement, des joies et de l’arrivée au port. Elle vint se jeter à ses pieds … Alors, il lui dit : ‘’à cause de cette parole, va’’ …Dieu qui se dérobe dans notre peine et nos pleurs intenses, dans le poids s’abattant sur nous et nous enlevant souffle et intelligence, nous ramassant dans un présent impossible à vivre et que pourtant nous subissons goutte à goutte, cœur pressé, estomac tordu… Jésus, de son vivant terrestre : il était entré dans une maison, et il voulait que personne ne sache qu’il était là… c’est bien notre expérience dans la souffrance, dans la nuit, souffrance et nuit pas tant la mienne, ou la nôtre, que la souffrance et la nuit de qui j’aime, de ceux/celles que nous aimons. Dieu caché… mais il ne réussit pas à se cacher. La Cananéenne, le mot superbe dans sa réplique au Christ : les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des petits enfants. Excellent dialecticien avec ses futurs bourreaux et ses constants détracteurs, Jésus est très souvent séduit, emporté d’admiration et de sympathie par la dialectique de ceux/celles qui ont foi en Lui. L’enseignement divin sur le couple humain : nommer, recevoir une aide, la nudité pas liée au sexe ou à la fécondité mais sans doute à un regard sur soi, celui de Dieu. Textes inépuisables. Ceux-là mènent à la joie, puisqu’à l’amour. Et cependant que de couples, tout couple, menacés, croûlant dans l’impatience, l’imprudence et surtout les circonstances de la vie. La détresse matérielle qui va couvrir le monde déchirera des millions de couples. Pourtant tous deux ne feront plus qu’un. Des vies entières à ne pas le vivre ni le comprendre, soit tant d’erreurs et tant d’attentes jusqu’à la fondation, soit tant de mésestime, de reprise des cartes et des billes, et de trahison plus de soi que de l’autre. Hélas ! Heureux es-tu ! A toi le bonheur ! Fiat…

[1] - Genèse II 18 à 25 ; psaume CXXVIII ; évangile selon saint Marc VII 2 à 30

mercredi 11 février 2009

la foi d'un incroyant - les chemins ambivalents - Dr. Alexis Carrel

à l'occasion de la fête de Notre Dame de Lourdes
et de la journée mondiale des malades, instituée par Jean Paul II

un article composé en Janvier 2002


Dr. Alexis CARREL 1873+1944


ou le voyage de Lourdes 1903




Bibliographie :

Le voyage de Lourdes
suivi de Fragments de journal et de Méditations
Plon . 22 Mars 1973 . 149 pages - 1ère éd. & dépôt légal = 2ème trim. 1949

Réflexions sur la conduite de la vie
Plon . 289 pages . dépôt légal 1950 – tirage 1955

Jour après jour 1893 – 1944
Plon . 6 Janvier 1956 . 246 pages

La prière
Plon . 1944 . 32 pages


Le témoignage de CARREL sur les miracles de Lourdes peut être
mis en regard de la synthèse plus récente de René LAURENTIN,
lequel se situe du point de vue des apparitions et de leur portée
spirituelle : Lourdes, récit authentique des apparitions

P. Lethielleux éd. Mars 1972 . 287 pages





C’est un médecin de trente ans qui, au début du XXème siècle, introduit dans la presse française un débat sur l’application de méthodes d’analyse scientifique aux guérisons, qualifiées d’ « anormales » ou de « miracles », constatées à Lourdes. Il note, après qu’ait été publié un dossier qu’il avait lui-même constitué, que pendant bien longtemps, les médecins ont refusé d’étudier sérieusement ces cas de guérisons, bien que ce soit commettre de lourdes fautes scientifiques que de nier la réalité d’un fait sans l’avoir examiné préalablement. Lourdes enveloppait peut-être des faits authentiques, d’une apparence telle qu’il était difficile de les prendre au sérieux. En outre, les questions de religion et de partis venaient encore travailler les esprits. Aucune critique, vraiment indispensable et sérieuse, n’a été faite jusqu’à nos jours. On s’est perdu dans des considérations sur les origines des faits. (…) Lorsqu’un phénomène se présente, assez rebelle pour ne pas vouloir pénétrer dans les cadres trop rigides de la science officielle, on le nie, ou bien on sourit. (…)En présence des faits anormaux, nous devons faire des observations exactes, sans nous préoccuper de la recherche de la cause première, sans nous inquiéter surtout de la place que doit occuper le phénomène dans le cadre de la science actuelle. (…)Nous voulons seulement faire remarquer que les phénomène surnaturels sont bien souvent des faits naturels dont nous ignorons la cause.Si nous trouvons la cause scientifiquement, si nous établissons le fait, chacun est libre de l’interpréter comme il lui plaît. L’analyse ne doit pas être considérée par les catholiques comme une œuvre sacrilège ou comme une attaque. C’est simplement une étude scientifique. La science n’a ni patrie, ni religion. (Le voyage de Lourdes… éd. 1949, pp. 91 à 96)

Curieusement, cette entrée en matière - au contraire des grandes conversions au tournant des XIXème et XXème siècles – n’est pas suivie d’une œuvre ou d’une destinée de même consistance. La postérité n’a retenu que la suite, particulièrement brillante mais systématique aussi, et pour elle l’homme est trois fois suspect.

(Le Larousse 2002 produit ainsi sa notice : Sainte-Foy-lès Lyon 1873 – Paris 1944, chirurgien et biologiste français. Il fut l’auteur d’importantes découvertes sur la culture des tissus. Son œuvre littéraire (L’Homme cet inconnu) est marquée par l’eugénisme. (Prix Nobel 1912) . L’eugénisme étant ainsi caractérisé : Outre le fait qu’il implique un jugement de valeur forcément discutable sur le patrimoine génétique des individus, l’eugénisme se heurte à la complexité du déterminisme génétique et de la transmission héréditaires des caractères physiques et mentaux, qui rend contestables ses fondements scientifiques et l’efficacité potentielle de ses méthodes. Historiquement, il a inspiré les pires formes de répression et de discrimination, particulièrement dans l’Allemagne nazie).

Son succès de librairie – à raison du sujet, à raison du talent, du fait de l’autorité scientifique – est immense : L’homme, cet inconnu, paru en 1935, en est à son 400.000ème en 1950… Explicitement, « celui qui a écrit ce livre n’est pas un philosophe.Il n’est qu’un homme de science. Il passe la plus grande partie de sa vie dans des laboratoires à étudier les êtres vivants. Et une autre partie, dans le vaste monde, à regarder les hommes et à essayer de les comprendre. Il n’a pas la prétention de connaître les choses qui se trouvent hors du domaine de l’observation scientifique. Dans ce livre, il s’est efforcé de distinguer clairement le connu du plausible. Et de reconnaître l’existence de l’inconnu et de l’inconnaissable. »

Il a travaillé essentiellement aux Etats-Unis et c’est à raison de ses travaux scientifiques sur les tissus à l’Institut Rockefeller qu’il a reçu le prix Nobel de médecine en 1912 (après Laveran et juste avant Richet, second français à le recevoir) ; il renouvelle les méthodes de l’antisepsie, à l’occasion de la Grande Guerre à laquelle, accourant d’Amérique, il participe ainsi que sa femme – héroïque, née Anne de la Motte. Reparti outre-Atlantique, il reçoit le concours prestigieux, en 1932, de l’aviateur Charles Lindbergh, avec lequel il poursuit « des recherches sur la culture à long terme de tissus vivants transportés hors de leur milieu » (présentation de l’éditon posthume de pages de son journal Jour après jour, 1893 – 1944 parue en 1956). La guerre, chaque fois, le fait revenir dans sa patrie où, intellectuellement et à force d’une militance que son prestige paraît longtemps faciliter, il s’expose sans auto-censure ni prudence.

Car il tient des propos, hors sa discipline et par extension de celle-ci, qui, dans les années 1930, l’apparentent à ceux que l’Histoire et la morale ont ensuite condamnés : il est l’un des doctrinaires, avec le mot, de l’eugénisme. Topique, une des pages de ses Réflexions sur la conduite de la vie, intitulée VI – Réussite de la vie raciale : En résumé, la réussite de la vie collective s’obtient par l’amour fraternel, la suppression des classes sociales, l’accession de tous à la propriété, la possibilité pour tous d’arriver à la vie de l’esprit : intellectuelle, esthétique, religieuse. La réussite de la vie raciale n’a pas les mêmes règles que celles de la vie individuelle ou de la vie collective. Elle exige des vertus nouvelles : l’eugénisme par exemple. Elle est compatible avec des manquements individuels à la règle, même nombreux, car il y a la loi des grands nombres. Il y a besoin d’hommes et de femmes qui se consacrent aux enfants des autres ; en effet, l’élevage des petits des hommes est infiniment plus difficile que celui des petits des animaux. (Réflexions sur la conduite de la vie, éd. Plon – 1955, page 278).
Il est même, très carrément, dans la mouvance des régimes totalitaires qu’il n’a certes pas explicitement appuyés, mais dont il a le langage.
La régénération d’une civilisation peut venir de l’intérieur ou de l’extérieur. De l’impulsion d’un homme ou du gonflement de la foule. Dans les pays démocratiques, elle doit venir des foules. Beaucoup comprennent la nécessité d’une reconstruction. – C’est l’impulsion qui détermine l’activité (l’ordre). Mais il faut que tous sachent également suivant quels principes reconstruire.Pas un plan de reconstruction : des principes. (Le voyage de Lourdes suivi de Fragments de journal et de Méditations, éd. Plon . 1973 p.97, datée du 1er Avril 1938)
Aucun être ne viole impunément les lois de la vie. Il est puni lui-même, ou dans sa descendance. La déchéance de la France est un exemple de la dureté impitoyable des lois naturelles. (ibidem p. 105)
L’immense désordre actuel est dû à la crise de l’intelligence, aussi bien qu’à une crise morale. Et les hommes recherchent l’homme qui imposera le silence aux chants des sirènes et empêchera le naufrage du navire.Le recours au dictateur est la réaction des peuples qui veulent continuer à vivre. (ubidem, p. 97 datée du 19 Février 1938)


Et il assortit ses vues d’une pétition très polémique, parce qu’elle est méthodologique. Tout problème qui regarde un des aspects de l’homme regarder aussi l’ensemble de l’homme. D’où impossibilité de confier à des spécialistes ou à des professeurs la direction complète d’une activité humaine, qu’il s’agisse d’éducation, de médecine, d’architecture, d’économie politique. Il faut que chaque problème soit étudié par des hommes capables de le considérer dans ses rapports avec els autres problèmes de la vie. Ces hommes doivent faire appel, et pourront le faire très facilement, aux données acquies par les spécialistes et les professeurs. Mais aucun spécialiste ou professeur ne devra faire partie du groupe directeur, à moins qu’il n’ait fait la preuve des tendances universalistes de son esprit. En somme, chaque problème humain doit être considéré dans ses relations avec tous les autres problèmes humains. (ibidem, pp. 95 & 96, datées du 19 février 1938)
Admission du fait que la connaissance utilisable pour l’homme doit être synthétique, et non pas seulement analytique.La conséquence est que tous les spécialistes, les professeurs plus particulièrement, doivent être placés au second rang. Que les hommes chargés de la direction, non seulement de la politique, mais de l’éducation, de la santé, doivent être des esprits à tendance universaliste, en contact étendu avec la vie. (ibidem. p. 99)
La direction des choses de la vie appartient à ceux qui sont en contact avec la réalité.La réalité est à la fois affective, intellectuelle et technique. Il faut que les professeurs se confinent dans le domaine intellectuel.Il faut comprendre qu’ils ne dirigent qu’une partie de l’éducation. l’éducation est affective et technique, autant qu’intellectuelle. Elle se fait par le contact de la réalité. Fausseté de l’éducation universitaire pour tous. – Nous avons besoin de grands intellectuels ; mais nous avons un besoin plus considérable d’hommes. (ibidem, p.103 - 24 Juillet 1938). C’est par avance le langage de Vichy en politique intérieure. Alexis Carrel meurt en 1945, nullement « en odeur de sainteté ».

Il vient pourtant – en Janvier 1944 – de publier une plaquette, aussitôt tirée à plus de 50.000 exemplaires : La prière. A l’époque la plus meurtrière de l’Occupation allemande en France, il disserte sur la définition de la prière, sa technique (comment prier), où et quand prier, les effets de la prière, les effets psycho-physiologiques, les effets curatifs et donc la signification de la prière. C’est rigoureusement sa table des matières.

Au total, ses thèses ne peuvent que mécontenter à la fois les tenants de la « primauté du spirituel » et les matérialistes stricts. Pour lui, la foi religieuse ne peut pas être seul guide de la conduite humaine dans l’ordre naturel. Elle n’a pas réussi à former des hommes et des femmes capables de remplir complètement leurs fonctions. La science est aussi nécessaire que la religion, la raison que le sentiment. A la vérité, la morale biologique est plus sévère que le Décalogue. Seule, la mise en pratique des règles de conduite ilmposées par les lois de la vie rend d’ailleurs possibles les vertus évangéliques. Car le dysgénisme, les carences alimentaires, les conditions climatiques défectueuses, les mauvaises habitudes physiologiques et mentales vonstituent un obstacle infranchissable au progrès spirituel. A la vérité, la morale chrétienne n’a jamais prétendu à l’exclusiivité de la direction des hommes dans l’ordre naturel. (Réflexions sur la conduite de la vie pp. 108-109) Voilà pour l’Eglise… Pour vivre, pour propager la race, et pour se développer mentalement, l’homme a besoin d’un milieu approprié. C’est pour se procurer ce milieu qu’il vit en société. Toute société qui se montre incapable de procurer à chaque individu le moyen d‘obéir aux lois de la vie, ne joue pas son rôle spécifique. Elle n’a donc plus de raison d’être. La communauté humaine se compose à la fois des vivants, des morts et de ceux qui ne sont pas encore nés. Chacun doit y avoir sa place. Car l’individu fait partie de la communauté, non pas en vertu d’un contrat, mais par le fait qu’il y est né. L’intuition religieuse au moyen âge pénétrait plus profondément dans la réalité que le rationalisme de la Révolution française. La structure de la communauté est subordonnée à la nature de l’être humain. (ibidem, p. 222) . Voilà qui pourrait être écrit par Charles Maurras. Comme cela, également : C’est une erreur de croire que la bureaucratie remplace les groupes naturels. Une administration sera toujours inhumaine. Il est indispensable que les groupes humains soient petits, et que les relations des individus qui les composent soient des relations d’amour et d’affection. Il faut donc reconstituer d’une part la famille et,d’autre part, des groupes de familles. (début des fragments du journal, in Le voyage à Lourdes, p.95, datée du 9 Février 1938)
La nécessité du groupe familial, et l’impossibilité pour les membres du groupe de vivre à de grandes distances les uns des autres sans danger.Impossibilité de l’entraide qu’inspirent seuls l’amour ou l’affection. Nécessité de rétablir de petits clans. (ibidem, p. 95, datée du 19 février 1938).

Et le ralliement au catholicisme du scientifique est analogue à celui du publiciste : rationaliste. La réussite de la vie implique l’accomplissement total de notre destinée spirituelle quelle qu’elle soit. Le sens religieux, comme le sens esthétique, est une activité physiologique fondamentale ; il n’est aucunement la conséquence d’un état économique désordonné. Il nous faut utiliser toutes les formes présentes de la vie. La plus utilisable est la forme chrétienne dans le sens mystique éconisant l’union avec Dieu et avec les autres. L’Eglise catholique est la forme la plus complète. Pourquoi les races blanches, malgré leur christianisme, n’ont-elles pas réussi ? Pourquoi le chaos actuel ? Pourquoi la société du moyen âge a-t-elle fait faillite ? Pourquoi le christianisme qui a des intuitions si précises de la nature humaine na-t-il pas continué son ascension du moyen âge ? Le christianisme offre aux hommes la plus haute des morales, très proche de celle qu’indique notre structure. Il leur présente un Dieu qui peut être adoré, car il rst à notre portée, qui doit être aimé par nous. Il a inspiré des martyrs, il a toujours respecté la vie, la race, l’esprit. Mais il n’a pas apporté la paix au monde. Quelle est la raison de cet insuccès ? Les règles de la mystique lui sont bien connues, mais non pas les règles de la vie. (Réflexions sur la conduite de la vie, p. 278)
Voilà qui donne raison aux rationalistes, mais au soir de sa vie il résume : Il s’agit dans cette vie de développer notre personnalité et atteindre les sommets de la vie – ce qui ne peut se faire qu’en suivant les lois de la physiologie et celles de la morale. Et la connaissance de l’esprit conduit à l’union de cet esprit avec celui de Dieu. L’esprit n’est nullement limité au corps ; et la suprême aventure est précisément cette libération du corps,même pendant la vie, pour atteindre le substratum du monde, qui est à la fois intelligence et amour. La vie de l’homme trouve son sens dans ses relations non seulement avec les autres hommes, et avec la race, et avec le milieu cosmique, mais avec ce substratum de tout ce qui existe, lequel, chose étrange, est capable de s’intéresser à chacun de nous et de lui répondre. La prière et la grâce. . . . Le sens de la vie nous est donné par l’existence de ce monde et par l’expérience des mystiques. La vie est faite avant tout pour être vécue. En la vivant pleinement, nous satisfaisons les intentions de l’Etre qui l’a créée. (Le voyage de Lourdes suivi de Fragments de journal et de Méditations . Plon . éd. 1973 . 149 pages - les deux dernières pages)

La clé de l’homme Alexis Carrel, dont la plus grande part de l’œuvre est posthume, en ce qu’elle a de philosophique, voire de religieux, réside sans doute dans une démarche qu’un autre de ses contemporains a à peu près réussi, et que lui-même avait entrepris mais ne sut pas continuer. Teilhard de Chardin, comme Carrel, part d’un goût pour la science exacte, en l’espèce la géologie, mais très vite se consacre à l’interprétation et à la mise en relation de la science et de la foi, les éclairant et les faisant se développer l’une par l’autre ; il y parvient, non sans sacrifier à son appartenance à la Compagnie de Jésus toute la gloire académique que lui vaut son talent de vulgarisateur. Carrel a le même talent, mais cherche la foi pour elle-même et selon des voies qui soient les siennes. Il pose en absolu que sa discipline peut l’y conduire. A Dom Alexis Presse, bénédictin qui introduira après sa mort, Le voyage de Lourdes suivi de Fragments de journal et de Méditations (première parution en 1948), il assurait : Je ne suis ni philosophe, ni théologien, je parle, j’écris en scientifique. On me cherche noise parce que j’emploie des termes qui ne sont pas conformes au vocabulaire théologique, philosophique ! Encore une fois, ces termes, je les ignore, je m’exprime dans la langue que je connais, on devrait s’en souvenir. Préfaçant la dernière édition américaine de son « best-seller » L’homme, cet inconnu, il assurait qu’aucune civilisation durable ne sera jamais fondée sur des idéologies philosophiques et sociales.L’idéologie démocratique elle-même, à moins de se reconstruire sur ne base scientifique, n’a pas plus de chance de survivre que l’idéologie marxiste. Car, ni l’un ni l’autre de ces systèmes n’embrasse l’homme dans sa réalité totale. En vérité, toutes les doctrines poliiques et économiques ont jusqu’à présent négligé la science de l’homme. cependant, nous connaissons bien la puissance de la méthode scientifique. La qscience a su conquérir le monde matériel. Elle nous donnera, quand nous le voudrons, la maîtrise du monde vivant et de nous-mêmes.

A défaut de voir Dieu – enjeu de la vie spirituelle pour certains (Je veux voir Dieu, synthèse de l’enseignement des maîtres du Carmel, par le Père Marie Eugène de l’Enfant Jésus, alias Henri Grialou 2 Décembre 1894 . 27 Mars 1967 – 1ère éd. Octobre 1948 – 7ème éd. Avril 1988) – ou de s’attacher à la question thomiste : Qu’est-ce que Dieu ? Carrel ne sort pas de la méthode expérimentale, et c’est celle-là qu’il veut voir appliquer aux guérisons constatées à Lourdes. Ce que résume une note donnée pour la presse, en tentative de conclusion à la polémique qu’avait soulevée sa manière d’analyser un cas survenu sous ses yeux (Le voyage, pp.87 à 91).

C’est donc le voyage à Lourdes en Juillet 1903. S’il y a miracle, c’est qu’il y a Dieu, et qui, mieux qu’un médecin, agnostique de surcroît, constatera une guérison. Précisément, cela lui arrive. Deux versions existent. Celle publiée par un médecin préposé à cet effet à l’hospitalité, le Dr. Boissarie, dont le portrait est donné en détail (Le voyage, p. 63) et celle que Carrel écrit sur le champ, mais qui ne sera publiée qu’en posthume, en forme de récit. Lu au début du XXIème siècle, ce récit qui a souvent le style des sagas de Maurice Martin du Gard ou de Jules Romains, apparaît mièvre comme la confidence d’un retraitant en vue d’une première communion. C’est effectivement un début de vie, mais qui n’aboutit pas. Quarante ans plus tard, il en est à demander du temps encore… Je souhaite que Dieu m’accorde encore dix ans de travail. Avec ce que j’ai appris, ce que j’ai expérimenté, je crois que j’arriverai à établir scientifiquement les rapports objectifs du spirituel et du matériel, à montrer aussi la véracité et la bienfaisance du christianisme. (Octobre 1943 à Saint Gildas).

Bien davantage que la spectaculaire constatation d’une guérison miraculeuse racontée dans le détail à la façon d’un reportage, le voyage et le séjour à Lourdes d’Alexis Carrel sont la prière instante d’un homme qui souhaite une conversion opérée par l’empire de faits d’évidence.
Les circonstances de l’expérience sont posément données, mais avec le tempérament d’un nom d’emprunt que se donne la narrateur, et d’un pseudonyme pour la miraculée (Marie Ferrand pour Marie Bailly).
Celui-ci a pris un train de pèlerinage pour voir s’il y avait vraiment comme l’assurent les récits de Lourdes des modifications réelles… Lorsque des faits extraordinaires, comme ceux que les feuilles pieuses attribuent à Lourdes, sont signalés, il est bien facile de les examiner sans parti pris, comme on étudierait un malade dans un hôpital, ou comme s’il s’agissait d’une expérience de laboratoire.Si l’on découvre des supercheries ou des erreurs, on a alors le droit de les signaler. Si, par impossible, les faits étaient réels, on aurait la bonne fortune de voir une chose infiniment intéressante, qui pourrait mettre sur la voie de choses fort sérieuses. … S’il avait su l’extrême difficulté de faire des observations sur ces malades, l’impossibilité de les étudier avant le départ, sans doute aurait-il abandonné la partie. Mais, à présent, il était trop tard. (Le voyage de Lourdes suivi de Fragments de journal et de Méditations . Plon . éd. 1973 . pp. 18 & 19)
Carrel, alias Lerrac, est pris dans l’ambiance : aucun de ces êtres ne veut consentir à disparaître. Chacun ressent en lui-même ce besoin de vie, l’aspiration à la vie. Heureux ceux qui croient qu’il y a, au-dessus une intelligence qui dirige le petit engrenage de la machine et l’empêchera d’être broyé par les forces auveugles ! … Un immense souffle d’espoir jaillissait de tous ces désirs, de toutes ces angoisses et de tout cet amour.
On était silencieux, et tout le monde regardait dans la direction de cette basilique, dont chacun, pour son propre compte, attendait des merveilles. A l’une des extrêmités du train, une voix entonna le chant sacré : Ave maris stella, dei mater alma… De wagon en wagon, la prière se propagea et jaillit de toutes les poitrines. Malgré leur confusion, on distinguait la voix aigüe des enfants, les grosses voix éraillées des prêtres, et celles des femmes.
Ce n’était pas le chant banal, roucoulé dans les églises par les chœurs des jeunes filles. C’était la prière du Pauvre haletant de faim. (…) L’émotion grandissait.Le train s’ébranla, et, au milieu du chant d’allégresse et d’espoir, pénétra lentement dans la gare de Lourdes.
(ibidem,pp. 29 & 30)
Hasard ou providence ? Il peut examiner pendant le trajet deux cas précis : un ostéo-sarcone (cancer des os) et une péritonite tuberculeuse à sa phase terminale.

Il a d’avance son explication, et la consigne posément. C’est l’attitude qui demeure, un siècle après, la plus répandue. Sa guérison est un cas intéressant d’auto-suggestion. (ibidem,P.37) D‘une foule en prière se dégage une sorte de fluide, qui agit avec une force incroyable sur le système nerveux, mais échoue quand il s’agit d’affections organiques. (ibid.p. 38) Je connais ces récits, j’ai lu et médité les ouvrages d’Henri Lasserre, de Didary, de Boissarie et de Zola. Néammoins, je suis incrédule. Didary et Zola, pas plus que Lasserre et Boissarie, n’ont fait un travail scientifique. Ce sont des œuvres de vulgarisation, ou de pèlerinage, ou d’art, fort intéressantes et bien écrites, mais sans valeur réelle.(…) Il faudrait que le malade pût être examiné par un médecin compétent, immédiatement avant sa guérison… Un malade, comme la réligieuse que tu as vue ce matin complètement guérie, peut ne présenter que quelques symptomes, qui disparaissent sous l’influence de la suggestion. Chez beaucoup d’individus, et chez la plupart des femmes, le système nerveux augmente la gravité des symptomes d’une affection organique.C’est ainsi qu’une petite lésion de l’œil peut passer pour un blépharospasme hystérique, une contraction incurable des paupières. Au moment de l’exaltation d’un pèlerinage, la partie purement nerveuse de l’affection disparaît. Le malade est très amélioré, et vite l’on crie au miracle ! (ibid.pp. 40 & 41).

Pourtant une étrange relation se noue entre le médecin méfiant, prévenu et l’une des malades ; elle commence par l’horreur et la dégoûtation du premier pris entre les brancards vers les piscines, puis à la grotte. Il les déshabillait et les plongeait dans les piscines, sans répugnance pour les vieilles loques vermineuses, les plaies suintantes, les ca,cers sanguinolents, et les odeurs abominables de ces organismes en décomposition. A Paris, il n’aurait pas voulu toucher,même du bout de sa canne, le moins dégoûtant de ces malheureux. (ibid.p. 34)
Les fonctions du médecin sont bien simplifiées à Lourdes. Personne n’attend quelque chose de lui. On compte sur la sainte Vierge ; n’est-elle pas là pour guérir les malades, supprimer la douleur, réduire les tumeurs ? Il y a un médecin, parce que les règlements l’exigent, mais on n’y fait pas appel, ou seulement au dernier moment, si l’on doit faire quelques piqûres de morphine ou d’éther. (ibid. p. 47)
Si celle-ci guérit, je croirai aux miracles. (ibid. p.51)
C’était une vision de calme fraîcheur, de joie et de repos. La paix délicieuse de l’heure dissipait ses préoccupations scientifiques, son souci constant de départ. Il se hâtait de goûter le charme étrange de la terre de Lourdes, où dans une lumière d’une ineffable douceur, toutes les horreurs humaines viennent se montrer. (ibid. p. 52)
Permettez-lui de vivre un peu et faites-moi croire (ibid.p.55)
Là est le tournant. Carrel est venu en demandeur, bien davantage qu’aucun malade en plénitude de foi ne l’articulerait jamais. Ce pourrait être la conversion de Claudel ou celle de Foucauld. Lerrac, absorbé par ses études scientifiques, l’esprit séduit par la critique allemande, s’était peu à peu convaincu qu’en dehors de la méthode positive, la certitude n’existait pas. Et ses idées religieuses, sous l’action de l’analyse, l’avaient quitté e, lui laissant le souvenir exquis d’un rêve délicat et beau. Il s’était alors réfugié dans un scepticisme indulgent. Ayant horreur des sectaires, il croyait à la bonté de toutes les croyances sincères. La recherche des essences et des causes lui paraissait vaine, l’étude des phénomènes seuls lui semblait intéressante.Le rationalisme satisfaisait entièrement son esprit ; mais, au fond de son cœur, une souffrance secrète se cachait, la sensation d’étouffer dans un cercle trop étroit, le besoin inassouvi d’une certitude. Combien il avait passé d’heures d’inquiétude et d’angoisse à ses études de philosophie et d’exégèse ! Puis tout s’était calmé. Mais, à présent, dans les profondeurs cachées de sa pensée, un vague espoir subsistit, probablement inconscient, d’étreindre les faits qui donnent la certitude, le repos et l’amour. Il méprisait et aimait à la fois le fanatisme des pèlerins et des prêtres à l’intelligence close, endormie dans leur foi béate. (ibid. pp. 29 & 30)
Lerrac sentait distinctement cette impression puissante, qui échappait à l’analyse, lui serrait la gorge et crispait ses bras. Sans savoir pourquoi, il avait envie de pleurer. Que devait être l’impression des malades, aggravée par leur faiblesse, si un homme en pleine santé, comme Lerrac l’épouvait à un tel degré. (ibid. pp.57 & 58)
Le regard de Lerrac tomba sur Marie Ferrand. (…) Je suis halluciné, se dit-il : c’est un phénomène psychologique intéressant et qu’il faudrait peut-être noter. (…) Quelque chose allait arriver (…) Quelque chose se passait à coup sûr. (…) Il n’y avait plus à hésiter. L’état de Marie Ferrand s’améliorait. Elle était déjà méconnaissable. (ibid. pp. 60 & 61)

Les miracles, selon le Nouveau Testament, ne sont jamais le fait de Dieu seul et à sa seule initiative ; ils sont toujours une réponse et Dieu a la délicatesse de faire signer au malade sa propre guérison : Va, ta foi t’a sauvé !

Mais il avait le bonheur profond de voir que le but de son voyage était atteint, qu’il avait eu la chance extraordinaire de voir quelque chose. (ibid. p. 64) Quel heureux hasard de voir guéri parmi tant de malades, celle que je connaissais le mieux et que j’avais longuement observée. (ibid.p. 68)

L’absurde devenait la réalité. Les mourants guérissaient en quelques heures. De telles pratiques avaient donc une puissance et une utilité. Quelle leçon d’humilité ! Lerrac avait fait dans cette journée la plus merveilleuse des découvertes. Avoir affirmé qu’un malade ne guérirait pas, le voir ensuite se rétablir, n’est-ce pas déconcertant lorsqu’on a d’abord méthodiquement étudié le cas ? (ibid. p.72)

Mais, dans sa pensée intime, que devait-il croire ? Troublé, il hésitait entre deux hypothèses : ou bien il avait fait une monstrueuse erreur de diagnostic, en prenant des phénomènes nerveux pour une infection organique, ou bien il s’agissait d’une péritonite tuberculeuse qui avait réellement guéri. Il s’était trompé grossièrement, ou bien un miracle avait éclaté sous ses yeux. Et sa pensée allait plus loin encore : quelle est la cause du miracle ? (ibid. p.73) Croire est un acte si complexe… Je ne me rends pas compte encore de ce que nous avons vu. J’observe des phénomènes ; je ne remonte pas aux causes. (ibid.p. 74)

Sa guérison est merveilleuse. Il me fallait cette observation directe, car on est porté à croire, malgré tout, à des supercheries. Ce qu'il serait juste, à tout le moins de faire savoir, c’est que les malades guérissent à Lourdes de façon étonnante. (ibid.p. 75) Car on obtient à Lourdes des résultats infiniment supérieurs à ceux de toute autre thérapeutique. Pour guérir un malade, pour soulager des douleurs, tous les moyens sont bons, pourvu qu’ils réussissent. Seuls comptent les résultats pratiques. J’ai constaté un fait extraordinaire, d’un intérêt pratique considérable, puisque, d’un pilier d’hôpital, il a fait une jeune fille bien portante, qui peut vivre sa vie. Il faut donc constater les faits et surtout les étudier consciencieusement, au lieu de les dédaigner. Ce sont, je crois, les seules conclusions puissent tirer de notre miracle. (ibid.p. 76)

Comment expliquer les phénomènes de Lourdes ? Et devant ses yeux repassaient les épisodes si hallucinants de cette journée.
Il s’était raidi, depuis le début, contre l’impression violente, obsédante au plus haut degré, des scènes qui s'étaient produites devant lui. Il avait repoussé, de toute l'é’ergie de sa volonté, non seulement toute conclusion, mais toute pensée qui l'e’t fait s'é’arter du programme qu’il s'était tracé : observer, enregistrer comme un appareil, sans haine, sans amour.
Il lui était certes très désagréable d’être mêlé à une histoire de miracle ; mais il était venu pour voir, il avait vu, et comme dans une expérience de laboratoire, il ne pouvait pas dénaturer le résultat de ses observations. Faits scientifiques nouveaux ? Ou faits appaartenant au domaine de la mystique et du surnaturel ? Ces questions étaient d’une gravité considérable ; car il ne s’agissait pas d’une simple adhésion à un téhorème de géométrie, mais à des choses qui peuvent changer l’orientation de la vie.
(ibid. pp.77 & 78)
S’il était ennuyé d’être mêlé à cette histoire, Lerrac, lui, avait l’orgueil d’aller jusqu’au bout, coûte que coûte.Mais où cela le mènerait-il ? de nouveau, impérieux, se levait en lui le besoin de connaître la cause de ces phénomènes étonnants.
(ibid. p.79)

Sous la main de la Vierge, il lui parut qu’il tenait la certitude. Il crut en sentir l’admirable douceur pacifiante, et si profondément que, sans angoisse, il écarta un retour du doute menaçant.
(ibid. p. 83)

Ce semble, dans son dénouement davantage le récit d’une conversion que d’un miracle, de la conversion de l’observateur (qui en avait au préalable demandé la grâce) que d’une guérison miraculeuse à l’article de la mort. Significative la référence à Zola, qui lui aussi avait écrit sur Lourdes. (ibid. p. 86)

Pourtant de ce moment, attendu inconsciemment, sollicité à mesure que les lieux et les malades l’y préparèrent, vécu intensément en spirituel autant qu’en scientifique, Alexis Carrel ne fit pas le point de départ d’une vie entière. Convaincu que réussir sa vie est le premier des devoirs humains et le facteur le plus intégrant possible de tout épanouissement personnel, voire même d’un apport à la collectivité (il écrivait presque de préférence : à la race), il ne sortit pas de sa discipline première. Du chevet de Marie Bailly aux derniers mois de sa vie, plus de quarante ans d’intervalle mais la même posture, la synthèse ou l’élévation ne s’est pas produite. La dernière page de son « credo » (La prière, op. cit.), la somme de son expérience est que l’esprit est à la fois raison et sentiment. Il nous faut donc aimer aimer la beauté de la science et aussi la beauté de Dieu. Nous devons écouter Pascal avec autant de ferveur que nous écoutons Descartes.

S’il est bien la guérison, sous les yeux d’un médecin, d’une malade à l’article de la mort, le miracle de Lourdes n’a pas opéré sur celui qui ne savait demander ni la foi, ni la grâce, ni Dieu-même et n’a pu sortir de sa raison, comme si pouvait suffire l’expérience que la foi ou la prière ne sont pas contradictoires à celle-ci. Il tourne autour de son sujet sans le pénétrer et, paradoxalement, pour un praticien de l’observation et de la méthode expérimentale, il ne sait situer ni l’observé ni l’observateur, ni Dieu ni lui-même : L’évolution spirituelle ne s’achève que chez très peu de gens, car elle demande un effort persistant de volonté, un certain état des tissus, le sens de l’héroïsme, la purification des sens et de l’intelligence, et d’autres conditions que nous connaissons mal ; en particulier, cette condition psycho-physiologique que l’Eglise appelle la Grâce. (Réflexions sur la conduite de la vie, p. 92). D’une certaine manière, Alexis Carrel a failli fonder pour son temps, son époque et pour une Eglise qu’il ne prit jamais pour sienne, failli seulement car il n’a pas su se fonder lui-même et donne à le lire posthume, pour l’essentiel de ses exhortations et observations – morales – la sensation d’une démarche profondément solitaire. Que faut-il faire ? où m’appelez-vous Seigneur ? Que votre volonté soit faite… Si j’étais seul, sans responsabilité, j’accepterais l’invitation de l’Homme de Boquem (Dom Alexis Presse) et je vivrais dans sa Lumière et dans sa Paix. (Le voyage de Lourdes, p. 148 datée du 5 Novembre 1938)

Le rapprochement de cette œuvre scientifique qui tourna à la doctrine morale, avec une autre œuvre qui lui est contemporaine, est significatif de cette sorte d’inaboutissement. Pierre Teilhard de Chardin avait une conception, sinon une doctrine du miracle, encore plus restrictive et cognitive que celle du médecin. Cette propriété du Divin, d’être insaisissable à toute emprise matérielle, a été remarquée, depuis toujours, à propos du miracle. Si on excepte les cas (très rares, et plus ou moins contestables à part ceux de l’Evangile) de résurrections de morts, il n’y a pas, dans l’histoire de l’Eglise, de miracles absolument hors de portée des forces vitales notablement accrues dans leur sens. Par contre, on ne connaît aucun exemple (même légendaire) de miracle « morphologique » (par exemple, la recréation d’un membre…) ; - et il est absolument inouï qu’un martyr, sortant du feu, ait résisté à un coup d’épée. On peut donc être assuré que plus on étudiera médicalement les miracles, plus (après une première phase d’étonnement) on les trouvera en prolongement de la Biologie, - exactement comme plus on étudie scientifiquement le passé de l’Univers et de l’Humanité, plus on y trouve les apparences d’une évolution. (Pierre Teilhard de Chardin, Science et Christ p. 39).

Profondément religieux, le savant a, lui, pour testament la parfaite synthèse du croyant et le Jésuite qu’il est, sait même situer le texte ayant structuré toute sa formation sacerdotale et son choix de vie. La révolution intellectuelle et morale, dont toute son œuvre donne les éléments, aboutit, comme en témoigne un de ses derniers textes, aux Exercices ignatiens. « Le Fondement », « le Règne », « les Deux étendards »… parce que ces Méditations ont été conçues en un temps où l’Homme était encore regardé comme placé, tout fait, dans un Univers statique, elles ne tiennent pas compte (sous leur forme actuelle) de l’attrait légitimement exercé désormais sur nous par l’En-Avant. Elles ne donnent pas toute leur valeur sanctifiante et communiante aux progrès de l’Hominisation. Et par suite, elles n’apportent pas au Chercheur ni à l’Ouvrier modernes ce que l’un et l’autre attendent surtout de leur Foi : à savoir le droit de se dire qu’ils contactent et consomment directement le Christ Total en travaillant. (…) Une nouvelle et supérieure forme d’adoration graduellement découverte par la Pensée et la Prière chrétiennes à l’usage de n’importe lequel des croyants de demain. (Pierre Teilhard de Chardin, op. cit. p. 289).


Bertrand Fessard de Foucault, diplomate - Janvier 2002

mères - textes du jour

Mercredi 11 Février 2009

Prier… fête de Notre-Dame de Lourdes, mon vœu exaucé, la conception et la naissance de notre fille… journée mondiale des malades selon Jean Paul II… l’actualité des miracles, la publication naguère d’Alexis Carrel [1] Jésus adresse deux fois seulement la parole à sa mère, directement, selon les évangiles, et ne l’appelle pas mère mais femme… comme, si en sa mère, Jésus voyait et vivait davantage la réplique définitive d’Eve et la première chrétienne, que sa génitrice. Femme, que me veux tu ? … Femme, voici ton fils… [2] mais le miracle, gratuit, tout de délicatesse, anticipation joyeuse de la dernière Cène, prise en compte des besoins humains les plus superficiels : la réussite d’une réception… est accompli selon elle. Femmes dans l’Ecriture, femmes dans la vie de l’Eglise, femmes dans la politique surtout hors d’Europe pour y apporter de tout autres dimensions, et sans doute d’inouis courages (je n’évoque là aucune dirigeante passée ou actuelle d’Europe occidentale, tant, dans leur ensemble, elles sont copies conformes des hommes et souvent plus dures et impitoyables, sans doute parce que moins lâches et encore plus ambitieuses, hélas ! mais les grandes femmes du « tiers monde » : Benazzir BHUTTO, Indira GANDHI, etc… et nos saintes Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila, Thérèse de Lisieux, Edith Stein ), nos mères bien précises, bien connues, admirables et jamais assez aimées. Jamais l’espérance dont tu as fait preuve ne s’effacera du cœur des hommes… Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui... Avec elle soyez plein d’allégresse. Nos mères, toute femme en puissance de maternité mais si cela n’advient jamais nous réfère à la vie, et donc d’une certaine manière nous rappelle la relation à établir, rétablir, entretenir avec Dieu, c’est l’une de mes expériences les plus fortes que m’ont procurées ces décennies de divagation et d’errance. Vous serez comme des nourrissons que l’on porte sur son bras, que l’on caresse sur ses genoux. De même qu’une mère console son enfant, moi-même je vous consolerai. Vous le verrez et votre cœur se réjouira. Amen !

[1] - Isaïe LXVI 10 à 14 ; cantique de Judith XIII 18 à 20 ; évangile selon saint Jean II 1 à 11

[2] - Jn XIX 26

mardi 10 février 2009

notre devoir d'être - textes du jour

Mardi 10 Février 2009

Prier… [1] Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. A partir de rites divers autour du repas, qui peuvent aujourd’hui nous paraître surtout des évidences d’hygiène mais dont semblent alors se dispenser les disciples (on ne dit pas pourquoi sinon que cela permet une grande explication avec les « intégristes »), Jésus exhorte à des devoirs élémentaires, l’entraide familiale et le soutien des père et mère vieillis, mais plus généralement et vivement à la charité. C’est aussi la définition – bien actuelle dans la qurelle rebondie des intégrismes contemporains qui sont de tous poils, et dont les conséquences d’image et aussi de pratique de la vie intérieure spirituelle tournent à la catastrophe pour les chrétiens – de ce que sont la tradition et la transmission. Dans le fond, un choix entre Dieu et « le monde » au sens johannique, entre nos habitudes et réflexes de penser, et la lumière de l’Esprit qui ne jaillit et gagne tout que dans et par notre liberté personnelle. Il n’est de liberté que devant Dieu et en Lui. Par Lui. C’est Lui qui nous tient debout. Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme que tu en prennes souci ? à cette créature pourtant la domination sur tout le vivant, et dans la première version de la Genèse des prescriptions alimentaires qui sont végétariennes. La mort n’existe pas à l’origine… diversification des espèces, fécndité et multiplication, prolifération. Souverain et tranquille optimisme. Les textes de ce jour nous font passer de la fresque aux arguties, de l’immense situation de tout le créé au rétrécissement de nos cœurs. Enfin, la décisive observation sur laquelle il n’est cependant pas insisté : Dieu a du masculin et du féminin, puisque l’image de Lui que nous sommes, est homme et femme. Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit… et la conclusion du sixième jour est au superlatif : Dieu vit tout ce qu’il avait fait : c’était très bon. Le regard appellerait l’esthétique mais le jugement est de valeur, il est moral. La bénédiction n’est pas réservée à la seule humanité : les animaux marins, les oiseaux sont aussi bénis. L’homme est d’abord un projet, une résolution pour Dieu : le projet de Son image, de Sa ressemblance (on n’a pas fini de gloser sur ce dire et ces mots, qui sont sans doute l’aspect commençant de la révélation dont l’ultime aboutissement est l’affirmation que nous sommes appelés, par adoption et « configuration » au Christ, à participer à la divinité, donc à l’essence, à la vie de Dieu-même), puis une hiérarchisation de l’univers et du créé. Et ce n’est qu’au bout de cette méditation que Dieu crée l’homme…le couronnant de gloire et d’honneur. Autant de morts brûlés vifs en Australie que de massacrés à Madagascar. Tu l’établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds. Ce titre magnifique que Robert Debré trouve pour ses mémoires : L’honneur de vivre. Demander le retour à notre dignité originelle. Et humblement silencieux et agenouillés, nos multiples nécessités et astreintes, nos chaînes que Dieu connaît… et la misère de tous, les sacs de couchage rue de la Banque à Paris, ceux qui ont la parole publique et ceux qui ont pour angoisse, les uns leur opulence matérielle, les autres leur nourriture immédiate et celle de leurs enfants... et ceux qui meurent en ce moment.

[1] - Genèse I 20 à II 4 ; psaume VIII ; évangile selon saint Marc VII 1 à 13