vendredi 7 avril 2023

« Éveille-toi, ô toi qui dors »

 

HOMÉLIE ANCIENNE POUR LE GRAND ET SAINT SAMEDI


Que se passe-t-il ? Aujourd'hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s'est apaisée, parce que Dieu s'est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s'est mis à trembler. ~

C'est le premier homme qu'il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort. Oui. c'est vers Adam captif, en même temps que vers Ève, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs. ~

Le Seigneur s'est avancé vers eux, muni de la croix, l'arme de sa victoire. Lorsqu'il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s'écria vers tous les autres : « Mon Seigneur avec nous tous ! » Et le Christ répondit à Adam : « Et avec ton esprit ». Il le prend par la main et le relève en disant : Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera.

« C'est moi ton Dieu, qui, pour toi, suis devenu ton fils ; c'est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans les chaînes : Sortez. À ceux qui sont dans les ténèbres : Soyez illuminés. À  ceux qui sont endormis : Relevez-vous.

« Je te l'ordonne : Éveille-toi, ô toi qui dors, je ne t'ai pas créé pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d'entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image. Éveille-toi, sortons d'ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.

« C'est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils ; c est pour toi que moi, le Maître, j'ai pris ta forme d'esclave ; c'est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous de la terre ; c'est pour toi, l'homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts ; c'est pour toi, qui es sorti du jardin, que j'ai été livré aux Juifs dans un jardin et que j'ai été crucifié dans un jardin.

« Vois les crachats sur mon visage ; c'est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image.

« Vois la flagellation sur mon dos, que j'ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois. ~

« Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t'es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Ève. Mon côté a guéri la douleur de ton côté ; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi.

« Lève-toi, partons d'ici. L'ennemi t'a fait sortir de la terre du paradis ; moi je ne t'installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t'ai écarté de l'arbre symbolique de la vie ; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu'un avec toi. J'ai posté les chérubins pour qu'ils te gardent comme un serviteur ; je fais maintenant que les chérubins t'adorent comme un Dieu. ~

« Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité. »

 

 

 

 

 

jeudi 6 avril 2023

gloire et puissance de la croix.

 

SERMON DE SAINT LÉON LE GRAND POUR LA PASSION

Le Seigneur est livré à ceux qui le haïssent. Pour insulter sa dignité royale, on l'oblige à porter lui-même l'instrument de son supplice. Ainsi s'accomplissait l'oracle du prophète Isaïe : Il a reçu sur ses épaules le pouvoir. En se chargeant ainsi du bois de la croix, de ce bois qu'il allait transformer en sceptre de sa force, c'était certes aux yeux des impies un grand sujet de dérision mais, pour les fidèles, un mystère étonnant : Le vainqueur glorieux du démon, l'adversaire tout-puissant des puissances du mal, présentait sur ses épaules, avec une patience invincible, le trophée de sa victoire, le signe du salut, à l'adoration de tous les peuples.

Comme la foule allait avec Jésus au lieu du supplice, on rencontra un certain Simon de Cyrène, et on fit passer le bois de la croix des épaules du Seigneur sur les siennes. Ce transfert préfigurait la foi des nations, pour qui la croix du Christ devait devenir, non un opprobre, mais une gloire. En vérité, le Christ, notre Pâque, a été immolé. Il s'est offert au Père en sacrifice nouveau et véritable de réconciliation, non dans le Temple, dont la dignité avait déjà pris fin, mais à l'extérieur et hors du camp, pour qu'à la place des victimes anciennes dont le mystère était aboli, une nouvelle victime fût présentée sur un nouvel autel, et que la croix du Christ fût cet autel, non plus du temple, mais du monde.

Devant le Christ élevé en croix, il nous faut dépasser la représentation que s'en firent les impies, à qui fut destinée la parole de Moïse : Votre vie sera suspendue sous vos yeux, et vous craindrez jour et nuit, sans pouvoir croire à cette vie. Pour nous, accueillons d'un cœur libéré la gloire de la croix qui rayonne sur le monde. Pénétrons d'un regard éclairé par l'Esprit de vérité le sens de la parole du Seigneur annonçant l'imminence de sa Passion : C'est maintenant le jugement du monde, c'est maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors. Et moi, une fois élevé de terre, j'attirerai tout à moi.

Ô admirable puissance de la croix ! Ô gloire inexprimable de la Passion ! En elle apparaît en pleine lumière le jugement du monde et la victoire du Crucifié ! Oui, Seigneur, tu as tout attiré à toi ! Alors que tu avais tendu les mains tout le jour vers un peuple rebelle, le monde entier comprit qu'il devait rendre gloire à ta majesté. Tu as tout attiré à toi, Seigneur, puisque, le voile du temple déchiré, le saint des saints devenu béant, la figure a fait place à la réalité, la prophétie à son accomplissement, la Loi à l'Évangile. Tu as tout attiré à toi, Seigneur, puisque la piété de toutes les nations célèbre partout, au vu et au su de tous, le mystère qui jusqu'alors était voilé sous des symboles dans un temple unique de Judée.

Ta croix, ô Christ, est la source de toutes les bénédictions, la cause de toute grâce. Par elle, les croyants tirent de leur faiblesse la force, du mépris reçu la gloire, et de la mort la vie. Désormais, l'unique offrande de ton corps et de ton sang donne leur achèvement à tous les sacrifices, car tu es, ô Christ, le véritable Agneau de Dieu, toi qui enlèves le péché du monde. L'ensemble des mystères trouve en toi seul son sens plénier : au lieu d'une multitude de victimes, il n'y a plus qu'un unique sacrifice.


 

 

 

 

 

mercredi 5 avril 2023

l'Agneau sans défaut et sans tache

 

HOMÉLIE DE MÉLITON DE SARDES SUR LA PÂQUE


Bien des choses ont été annoncées par de nombreux prophètes en vue du mystère de Pâques qui est le Christ : à lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

C'est lui qui est venu des cieux sur la terre en faveur de l'homme qui souffre ; il a revêtu cette nature dans le sein de la Vierge et, quand il en est sorti, il était devenu homme ; il a pris sur lui les souffrances de l'homme qui souffre, avec un corps capable de souffrir, et il a détruit les souffrances de la chair ; par l'esprit incapable de mourir, il a tué la mort homicide.

Conduit comme un agneau et immolé comme une brebis, il nous a délivrés de l'idolâtrie du monde comme de la terre d'Égypte ; il nous a libérés de l'esclavage du démon comme de la puissance de Pharaon ; il a marqué nos âmes de son propre Esprit, et de son sang les membres de notre corps.

C'est lui qui a plongé la mort dans la honte et qui a mis le démon dans le deuil, comme Moïse a vaincu Pharaon. C'est lui qui a frappé le péché et a condamné l'injustice à la stérilité, comme Moïse a condamné l'Égypte.

C'est lui qui nous a fait passer de l'esclavage à la liberté, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, de la tyrannie à la royauté éternelle, lui qui a fait de nous un sacerdoce nouveau, un peuple choisi, pour toujours. C'est lui qui est la Pâque de notre salut.

C'est lui qui endura bien des épreuves en un grand nombre de personnages qui le préfiguraient : en Abel il a été tué ; en Isaac il a été lié sur le bois ; en Jacob il a été exilé ; en Joseph il a été vendu; en Moïse il a été exposé à la mort ; dans l'agneau il a été égorgé ; en David il a été en butte aux persécutions ; dans les prophètes il a été méprisé.

C'est lui qui s'est incarné dans une vierge, a été suspendu au bois, enseveli dans la terre, ressuscité d'entre les morts, élevé dans les hauteurs des cieux.

C'est lui, l'agneau muet ; c'est lui, l'agneau égorgé ; c'est lui qui est né de Marie, la brebis sans tache ; c'est lui qui a été pris du troupeau, traîné à la boucherie, immolé sur le soir, mis au tombeau vers la nuit. Sur le bois, ses os n'ont pas été brisés ; dans la terre, il n'a pas connu la corruption ; il est ressuscité d'entre les morts et il a ressuscité l'humanité gisant au fond du tombeau.


 

 

« Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis »

 

COMMENTAIRE DE SAINT AUGUSTIN
SUR L'ÉVANGILE DE JEAN


La plénitude de l'amour dont nous devons nous chérir mutuellement, frères très chers, le Seigneur l'a définie lorsqu'il a dit : Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. ~ Il en découle ce que le même évangéliste saint Jean dit dans sa lettre : De même que le Christ a donné sa vie pour nous, de même devons-nous donner notre vie pour nos frères. Oui, nous devons nous aimer mutuellement comme il nous a aimés, lui qui a donné sa vie pour nous.

C'est bien ce qu'on lit dans les Proverbes de Salomon : Si tu t'assieds à la table d'un grand, regarde bien les mets qui te sont servis, et prépare-toi à l'action, car tu sais que tu dois lui en offrir autant. Quelle est cette table d'un grand, sinon celle où l'on consomme le corps et le sang de celui qui a donné sa vie pour nous ? Qu'est-ce que s'y asseoir, sinon y prendre place humblement ? Qu'est-ce que bien regarder les mets qui te sont servis, sinon prendre conscience d'une si grande grâce ? Qu'est-ce que te préparer à l'action parce que tu dois lui en offrir autant, sinon ce que j'ai déjà dit : que nous devons donner notre vie pour nos frères comme le Christ a donné sa vie pour nous ? Comme le dit en effet l'Apôtre Pierre : Le Christ a souffert pour nous et nous a laissé son exemple afin que nous suivions ses traces : c'est cela, lui en offrir autant. C'est ce que les martyrs ont fait avec un ardent amour. Si nos célébrations sur leurs tombeaux ont un sens, si nous prenons place à la table du Seigneur, pour le banquet où ils se sont eux-mêmes rassasiés, il faut que, comme eux, nous sachions en offrir autant.

C'est pourquoi nous faisons mémoire des martyrs, en prenant place à cette table, non pas afin de prier pour eux, comme pour les autres défunts qui reposent dans la paix : c'est bien plutôt afin qu'ils prient pour nous, et que nous suivions leurs traces. Car ils ont accompli cet amour dont le Seigneur a dit qu'il ne peut en être de plus grand. Ils ont offert à leurs frères cela même qu'ils ont reçu à la table du Seigneur.

Ceci ne signifie pas que nous puissions égaler le Christ Seigneur, si nous témoignons pour lui jusqu'à verser notre sang. Il avait le pouvoir de donner sa vie et de la reprendre ; mais nous, nous ne vivons pas autant que nous voulons, et nous mourons même si nous ne le voulons pas. Lorsqu'il est mort, il a aussitôt anéanti la mort, et nous, nous sommes délivrés de la mort dans sa mort. Sa chair n'a pas connu la corruption ; notre chair, après la corruption, à la fin du monde, sera revêtue par lui d'incorruptibilité. Lui n'avait pas besoin de nous sauver, tandis que sans lui nous ne pouvons rien faire : il s'est montré comme la vigne dont nous sommes les sarments et nous ne pouvons avoir la vie en dehors de lui.

Enfin, si des frères meurent pour leurs frères, néanmoins le sang d'aucun martyr n'est versé pour le pardon des péchés commis par ses frères, ce que le Seigneur a fait pour nous. En cela, il ne nous a pas chargés de l'imiter, mais de lui rendre grâce. Lorsque les martyrs ont versé leur sang pour leurs frères, ils en ont donc offert autant que ce qu'ils avaient reçu à la table du Seigneur. ~ Aimons-nous donc les uns les autres, ainsi que le Christ nous a aimés et s'est livré pour nous.

 

 

 

 

dimanche 2 avril 2023

 

François - dimanche dit des Rameaux . 2 avril 2023 - lecture de la Passion selon saint Matthieu

 

CELEBRATION DU DIMANCHE DES RAMEAUX
ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre
Dimanche 2 avril 2023

[Multimédia]


« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » (Mt 26, 46). C'est l'invocation que la liturgie d'aujourd'hui nous a fait répéter dans le Psaume responsorial (Cf. Ps 22, 2) et c'est la seule prononcée sur la croix par Jésus dans l'Évangile que nous avons entendu. Ce sont donc les paroles qui nous conduisent au cœur de la passion du Christ, au point culminant des souffrances qu'il a endurées pour nous sauver. “Pourquoi m'as-tu abandonné ?”

Les souffrances de Jésus ont été nombreuses, et chaque fois que nous écoutons le récit de la passion, elles nous pénètrent. Il y a eu les souffrances du corps : pensons aux gifles, aux coups, à la flagellation, à la couronne d'épines, jusqu'à la torture de la croix. Il y a eu les souffrances de l'âme : la trahison de Judas, les reniements de Pierre, les condamnations religieuses et civiles, les railleries des gardes, les insultes sous la croix, le rejet de beaucoup de gens, l'échec de tout, l'abandon des disciples. Pourtant, dans toute cette souffrance, il reste à Jésus une certitude : la proximité du Père. Mais voilà que l'impensable se produit : avant de mourir, il s'écrie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? ». L’abandon de Jésus.

Voici la souffrance la plus déchirante, c’est la souffrance de l'esprit : à l'heure la plus tragique, Jésus fait l'expérience de l'abandon de Dieu. Jamais auparavant il n'avait appelé le Père par le nom générique de Dieu. Pour nous transmettre la force de cet événement, l'Évangile rapporte la phrase également en araméen : c'est la seule, parmi celles prononcées par Jésus sur la croix qui nous parvient dans la langue originale. L'événement est l'abaissement extrême, c’est-à-dire l’abandon de son Père, l’abandon de Dieu. Le Seigneur vient souffrir par amour pour nous, comme il est difficile pour nous de le comprendre. Il voit le ciel fermé, il expérimente l'amère frontière de la vie, le naufrage de l'existence, l'effondrement de toute certitude : il crie "le pourquoi des pourquoi". “Toi, Dieu, pourquoi ?”

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Le verbe "abandonner" dans la Bible est fort ; il apparaît dans des moments de douleur extrême : dans les amours manquées, rejetées et trahies ; dans les enfants rejetés et avortés ; dans les situations de répudiation, de veuvage et d'orphelinat ; dans les mariages épuisés, dans les exclusions qui privent des liens sociaux, dans l'oppression de l'injustice et dans la solitude de la maladie : bref, dans les lacérations les plus implacables des liens. Là, on dit ce mot : “abandon”. Le Christ a porté cela sur la croix, en prenant sur lui le péché du monde. Et au point culminant, Lui, le Fils unique et bien-aimé, fait l'expérience de la situation qui Lui était la plus étrangère : l’abandon, l'éloignement de Dieu.

Et pourquoi en est-il arrivé là ? Pour nous, il n’y a pas d’autre réponse. Pour nous. Frères et sœurs, aujourd’hui ce n’est pas un spectacle. En écoutant l’abandon de Jésus, que chacun de nous se dise : pour moi. Cet abandon est le prix qu’il a payé pour moi. Il s’est fait solidaire avec chacun de nous jusqu'à l'extrême, pour être avec nous jusqu'à la fin. Il a connu l'abandon pour ne pas nous laisser otages de la désolation et pour être à nos côtés pour toujours. Il l'a fait pour moi, pour toi, pour que lorsque moi, toi ou n'importe qui d'autre se voit le dos au mur, perdu dans une impasse, plongé dans l'abîme de l'abandon, aspiré dans le tourbillon des nombreux "pourquoi" sans réponse, il y ait une espérance. Lui, pour toi, pour moi. Ce n'est pas la fin, car Jésus est passé par là et il est maintenant avec toi : Lui qui a souffert la distance de l'abandon pour accueillir dans son amour toutes nos distances. Pour que chacun de nous puisse dire : dans mes chutes – chacun de nous est tombé plusieurs fois –, dans ma désolation, quand je me sens trahi, ou quand j’ai trahi les autres, quand je me sens rejeté ou quand j’ai rejeté les autres, quand je me sens abandonné ou quand j’ai abandonné les autres, pensons qu’Il a été abandonné, trahi, rejeté. Et là nous Le trouvons. Quand je me sens mal et perdu, quand je n’y arrive plus, Il est avec moi ; dans mes nombreux pourquoi sans réponse, Il est là.

C'est ainsi que le Seigneur nous sauve, à partir de nos "pourquoi". C'est à partir de là qu'il entrouvre l'espérance qui ne déçoit pas. En effet, sur la croix, alors qu'il ressent un extrême abandon, il ne se laisse pas aller au désespoir – c’est la limite –, mais il prie et se confie. Il crie son "pourquoi" avec les mots d'un psaume (22, 2) et s'abandonne entre les mains du Père, même s'il le sent loin (cf. Lc 23, 46) ou il ne le sent pas car il se trouve abandonné. Dans l'abandon, il se confie. Dans l'abandon, il continue à aimer les siens qui l'avaient laissé seul. Dans l’abandon, il pardonne à ceux qui l’ont crucifié (v. 34). Voilà que l'abîme de nos nombreux maux est plongé dans un amour plus grand, de sorte que toute séparation se transforme en communion.

Frères et sœurs, un tel amour total pour nous, jusqu'au bout, l’amour de Jésus est capable de transformer nos cœurs de pierre en cœurs de chair. C’est un amour de pitié, de tendresse, de compassion. Le style de Dieu est ceci : proximité, compassion et tendresse. Dieu est ainsi. Le Christ abandonné nous pousse à le chercher et à l'aimer dans les personnes abandonnées. Car en elles, il n'y a pas seulement des nécessiteux, mais il y a Lui, Jésus abandonné, Celui qui nous a sauvés en descendant au plus profond de notre condition humaine. Il est avec chacun d’eux, abandonnés jusqu’à la mort... Je pense à cet homme dit “de la rue”, allemand, qui mourut sous la colonnade, seul, abandonné. C’est Jésus pour chacun de nous. Beaucoup ont besoin de notre proximité, beaucoup sont abandonnés. J’ai aussi besoin que Jésus me caresse et s’approche de moi, et c’est pourquoi je vais le trouver dans les abandonnés, dans les personnes seules. Il veut que nous nous occupions des frères et des sœurs qui Lui ressemblent le plus, dans les situations extrêmes de douleur et de solitude. Aujourd’hui, chers frères et sœurs, il y a tant de "christs abandonnés". Des peuples entiers sont exploités et abandonnés à eux-mêmes ; des pauvres dont nous n’avons pas le courage de croiser le regard vivent aux carrefours de nos rues ; il y a des migrants qui n’ont plus de visages mais qui sont des numéros ; il y a des prisonniers qui sont rejetés, des personnes qui sont cataloguées comme un problème. Mais aussi tant de christs invisibles, cachés, abandonnés, sont rejetés avec des gants blancs : des enfants à naître, des personnes âgées laissées seules – ça peut être ton père, ta mère peut-être, le grand-père, la grand-mère, abandonnés dans les instituts gériatriques –, des malades non visités, des handicapés ignorés, des jeunes qui ressentent un grand vide intérieur sans que personne n'écoute vraiment leur cri de souffrance. Et ils ne trouvent pas d’autre voie que le suicide. Les abandonnés d’aujourd’hui. Les christs d’aujourd’hui.

Jésus abandonné nous demande d'avoir des yeux et un cœur pour les personnes abandonnées. Pour nous, disciples de l’Abandonné, personne ne peut être marginalisé, personne ne peut être laissé à lui-même ; parce que, rappelons-nous, les rejetés et les exclus sont des icônes vivantes du Christ, ils nous rappellent son amour fou, son abandon qui nous sauve de toute solitude et de toute désolation. Frères et sœurs, demandons cette grâce aujourd'hui : savoir aimer Jésus abandonné et savoir aimer Jésus dans toute personne abandonnée, dans toute personne abandonnée. Demandons la grâce de savoir regarder, de savoir reconnaître le Seigneur qui crie encore en eux. Ne laissons pas sa voix se perdre dans le silence assourdissant de l'indifférence. Dieu ne nous a pas laissés seuls ; prenons soin de ceux qui sont laissés seuls. Alors, seulement, nous ferons nôtres les désirs et les sentiments de Celui qui, pour nous, "s'est dépouillé lui-même" (Ph 2, 7). Il s’est dépouillé totalement pour nous.



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samedi 1 avril 2023

 

 

Hugues de Grenoble

 

wikipédia à jour auu22 décembre 2022 ; consulté le 31 mars 2023 en vue de la saint-Hugues le lendemain

Hugues de Châteauneuf

anonyme (v. 1525), National Gallery, Londres.

Fonctions

Évêque de Grenoble

1080-1132

Pons (d)

Hugues

Évêque diocésain

Biographie

Naissance

1053


Châteauneuf-sur-Isère

Décès

1er avril 1132


Grenoble

Nom dans la langue maternelle

Hugues de Grenoble

Activités

Prêtre catholique, écrivain

Parentèle

Hugues de Bonnevaux (oncle)

Autres informations

Ordre religieux

Ordre de Saint-Benoît

Consécrateur

Grégoire VII


Étape de canonisation

Saint


Fête

1er avril


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Hugues de Châteauneuf, dit de Grenoble (Châteauneuf-sur-Isère, v. 1053 - 1er avril 1132) est un ecclésiastique français canonisé par l'Église catholique. Il a été chanoine à Valence puis évêque de Grenoble (1080-1132). Fervent partisan de la réforme grégorienne, il s'opposa fermement à l'archevêque de Vienne, Guy de Bourgogne, le futur pape Calixte II.

Canonisé en 1134 par Innocent II, saint Hugues est fêté le 1er avril.

​Biographie

​Origines

Hugues est le fils de d'Odilon, seigneur de Châteauneuf d'Isère (actuel Châteauneuf-sur-Isère)1,2. Il semble naître vers 10531, à Châteauneuf-sur-Isère, au nord de la ville de Valence2. Il a pour neveu Hugues, abbé de Bonnevaux1.

​Épiscopat

Vitrail de la cathédrale Notre-Dame de Grenoble représentant saint Hugues et saint Bruno.

Fondation de la Grande Chartreuse (manuscrit du XVe siècle).

Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (août 2022)

Hugues manifesta dès son plus jeune âge une piété extraordinaire et un goût certain pour la théologie. Alors qu'il était encore laïc, il fut fait chanoine de Valence2. Sa piété était telle qu'on disait de lui qu'« il n'aurait aperçu qu'une seule femme dans sa vie. »

Au concile d'Avignon de 1080, il fut choisi comme évêque de Grenoble, bien qu'il n'eût pas été encore ordonné. Conduit à Rome par un légat du pape, il y fut ordonné par Grégoire VII lui-même. Dès son retour, il se consacra à la tâche de réformer les abus dans son nouveau diocèse et d'y introduire la réforme grégorienne.

Au bout de deux ans il y avait réussi et avait pu encourager la dévotion, il voulut alors se démettre de son évêché et se retirer au monastère bénédictin de Cluny, mais le pape lui ordonna de continuer son travail dans son diocèse.

Pour le reste du XIe siècle, son épiscopat fut marqué par le conflit avec Guigues III d'Albon sur la possession de territoires ecclésiastiques dans le Grésivaudan. Hugues soutenait que le comte d'Albon avait usurpé les terrains de l'évêché de Grenoble avec l'aide de l'évêque Mallen. Pour renforcer son droit, Hugues fit écrire l'histoire de l'évêque Isarn reprenant par les armes le diocèse de Grenoble aux Sarrasins lors de la Bataille de Chevalon. C'était l'objet du préambule à une série de documents conçus pour établir le droit du diocèse sur ces terrains, documents connus comme les « Cartulaires de saint Hugues » (cartulaires de l'église-cathédrale de Grenoble3,4). Un accord ne fut finalement trouvé entre Hugues et Guigues qu'en 1099. Guigues acceptait de céder les territoires en litige pendant qu'Hugues admettait l'autorité temporelle du comte dans les alentours de Grenoble.

Hugues contribua aussi à la fondation de l'Ordre des Chartreux. En 1084 il reçut saint Bruno, qui avait peut-être été autrefois son propre maître, avec six de ses compagnons, après les avoir vus en rêve « sous une bannière de sept étoiles ». Hugues les installa tous les sept dans un endroit enneigé et rocailleux des Alpes appelé la Chartreuse. Ils y fondèrent un monastère et consacrèrent leur vie à la prière et à l'étude, recevant souvent la visite de Hugues, dont on dit qu'il adopta une grande partie de leur mode de vie.

En 1130, âgé de 77 ans, il trouva la force d'aller à la rencontre du pape Innocent II qui fuyait l'Italie et de l'accompagner jusqu'au Puy où devait se réunir un important concile visant à faire reconnaître Innocent II par les souverains d'Europe et à prononcer l'excommunication contre l'usurpateur Anaclet II. Il mourut le 1er avril 1132.

​Canonisation et vénération

Dès le 22 avril 1134, Hugues fut canonisé par le pape Innocent II. Son corps, déposé dans une chasse d'argent de la cathédrale Notre-Dame de Grenoble demeura exposé pendant quatre siècles à la vénération des fidèles. Le 3 juin 1562, pendant les guerres de Religion, son corps fut brûlé en public par le baron des Adrets et les Huguenots sur la place Notre-Dame à Grenoble5.

Il est commémoré le 1er avril selon le Martyrologe romain, et dans le diocèse de Grenoble-Vienne6,7.

La paroisse catholique de Sarsfield, en Ontario, porte son nom depuis 1896.

​Statue

En 1935, le clocher de Sainte-Marie d’en-Haut à Grenoble qui menace de s'effondrer est démonté. Il arborait une imposante statue de la Vierge et supportait sur ses flancs les sculptures des saints protecteurs de Grenoble: Saint Bruno, Saint Hugues, Saint Ferjus et Saint François de Sales. Mais, ces quatre sculptures disparurent, seule celle de François de Sales a été retrouvée en 2007 rue Thiers, dans le jardin de la clinique des Bains qui fermait ses portes8.

​Iconographie

Il est représenté en habits épiscopaux par-dessus sa cuculle blanche9.

Hugues de Grenoble peut être aussi représenté en habit de chartreux recevant Bruno (parfois avec des étoiles, emblème des chartreux). Il lui arrive aussi de bénir des oies qui se transforment en tortues10.

​Citation

« Pour ne rien dire du bien qui arriva grâce à lui… Une communauté d’ermites en Chartreuse, l’Abbaye de Chalais, une communauté d’ermites aux Écouges, une maison de chanoines réguliers près de Saint-Martin de Misère, une maison près de Saint-Jeoire, avaient fait leurs débuts grâce à son appui, avaient progressé grâce à son aide spirituelle et matérielle. »

— Guigues le Chartreux, Vie de Saint Hugues, paragraphe 35

​Notes et références

  • Gustave de Rivoire de La Bâtie, Armorial de Dauphiné contenant les armoiries figurées de toutes les familles nobles et notables de cette province, accompagnées de notices généalogiques complétant les nobiliaires de Chorier et de Guy Allard, Lyon, Imprimerie Louis Perrin (réimpr. 1969 (Allier - Grenoble)) (1re éd. 1867), 821 p. (lire en ligne [archive]), p. 144.

  • Aurelien Le Coq, Hugues de Châteauneuf, évêque de Grenoble (1080-1132). Réforme grégorienne et pouvoir épiscopal entre Rhône et Alpes, Paris, Histoire. Université Paris-Est, 2015, 522 p. (lire en ligne [archive]), p. 225.

  • Mabille, Émile, « Cartulaires de l'église-cathédrale de Grenoble, dits Cartulaires de saint Hugues, par Jules Marion. », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 32, no 1,‎ 1871 (lire en ligne [archive], consulté le 12 décembre 2017)

  • n. f. XVe siècle, cuculle. Emprunté du latin chrétien cuculla, « vêtement, capuchon de moine », en usage dans certains ordres religieux. La cuculle d'un chartreux, son scapulaire.... (dictionnaire de l'Académie)

  1. Une légende raconte que Hugues de Grenoble surprend des moines attablés devant des oies rôties, ce qui était interdit par la Règle.

​Annexes

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

​Bibliographie

  • B. Des Graviers et T. Jacomet, Reconnaître les saints : Symboles et attributs, Paris, Massin, 2006, 212 p. (ISBN 2-7072-0471-4)

​Articles connexes

​Liens externes

  • Ressources relatives à la religion

  •  :

  • Ressource relative aux beaux-arts

  •  :

  • Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste

  •  :





  • La dernière modification de cette page a été faite le 22 décembre 2022 à 13:10.


​ Saint Hugues désigne plusieurs saints des Églises chrétiennes

 

wikipédia à jour au 9 avril 2022 ; consulté le 31 mars 2023 ; mon frère, Maman, ma belle-mère

 

​Saint(s) des Églises catholique et orthodoxes

​Saints et bienheureux de l'Église catholique

Par ordre chronologique du décès :

​Saints des Églises orthodoxes

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​Notes et références



  1. nominis.cef.fr [archive] Nominis : Bienheureux Hugh Taylor et Marmaduke Bowes.



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