samedi 27 avril 2019

l'Evangile à toute la création - textes pour ce samedi de Pâques


samedi de Pâques, le 27
 
23 heures 26 + Vingt-quatrième samedi de manifestations. Chaque « acte », ou dit maintenant « ultimatum » a sa physionomie et ses statistiques, un étiage de 20 à 25.000 personnes, une ville choisie plus que d’autres, aujourd’hui : Strasbourg, manifestation non autorisée, trajet donc incertain, grenades lacrymogènes et pistolet de défense rapprochée. Pas de blessés graves ni de dépradations notoires. Mais novation, facilitée par la position frontalière de l’Alsace, provenances de toute l’Europe occidentale portant de « gilets jaunes ». Thème à Paris et autorisé : les sièges de médias audio-visuels. Convergences aussi : nouvelles, la C.G.T. fraternise avec les initiateurs. Les commentaires e plus en plus insipides : les « annonces » du PR n’ont pas calmé les « gilets jaunes », quoique plusieurs d’entre elles soient plébiscitées, on continue de considérer le coude-à-coude LE PEN/MACRON dans les intentions de vote aux « européennes », pas de véritables analyses donc, sinon qu’EM selon les sondages n’a convaincu que 37 % des Français. Quand j’interroge autour de moi, personne, pour des raisons diverses plus encore que selon un aveu d’inintérêt, n’a suivi la conférence de presse de jeudi. Nous sommes donc dans l’irréel. On avait eu un cri, puis des débordements, la grande peur d’EM et le « grand débat national ». Des réponses et des suggestions produites par celui-ci, il n’est plus question. Pas de publication, pas de livre blanc. Avant la conférence, on parlait de réponse d’EM, maintenant on ne parle plus que d’annonces. Le secrétaire général CGT pour les industries et la chimie évoque au contraire un scenario soclant les revendications et pouvant amener la grève générale et les blocages décisifs : dépôts de carburant. Je ne sens pas une explosion venir, mais une sorte de combustion lente qui peut tout produire à tout moment.
Cinquantième anniversaire du départ du général de GAULLE : referendum négatif, sujet littéral : la régionalisation (elle est aujourd’hui acquise) et la transformation du Sénat (elle reste à faire et était proposée alors autrement qu’aujourd’hui. Sujet voulu par DG depuis le 24 Mai 1968 : la participation, qu’EM a émasculé en disant : association, ce qui est le mot du R..F. et des années 50, capital et travail. Les années commençant la Cinquième République ont une autre acception : le changement de la condition salariale. Ce départ a déterminé ma vie. – Je ne sais si cet anniversaire a été évoqué sur d’autres chaînes, que celles consultées aux heures de « nouvelles », je vérifierai. BFM/TV rappelle ZITRONE et raconte le « walkman » dont c’est le quarantième anniversaire.
Prier… 1 la fondation de l’Église, au plus cru, au plus net : les chefs du peuple, les Anciens et les scribes constataient l’assurance de Pierre et de Jean, et se rendant compte que c’était des hommes sans culture et de simples particuliers, ils étaient surpris… Réponse des Apôtres : il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu. Quel changement chez Pierre, depuis la nuit dans la cour du grand-prêtre, triple renégat… Jésus lui-même leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs coeurs parce qu’ils n’avaient pas cru eux qui l’avaient contemplé ressuscité.

Il me semble dans ma propre vie, celle de notre couple, celle de notre fille, celle de notre pays, celle de notre cher Vieux Monde, qu’une veille commence… une révélation, plus précisément qu’une nouvelle donne, une révélation intérieure est en gestation. Spirituel, politique, affectif. Des choses vont fondre, se dépouiller.

1- Actes des Apôtres IV 13 à 21 ; paume CXVIII ; évangile selon saint Marc XVI 9 à 15

vendredi 26 avril 2019

ils savaient que c'était le Seigneur - textes pour ce vendredi de Pâques


jeudi de Pâques . le 25


13 heures 52 + . . . la mise en scène, voulue ou non par l’impétrant, la conférence, la première etc. la relance du quinquennat, l’acte 2, la réponse, mais personne ne dit ni ne répète réponse à un texte, un recueil de doléances et de suggestions toujours pas publié. EM à préparer l’affaire fixée à 18 heures jusqu’à la dernière minute. Commentaire de haute portée, une conférence si parfaite soit-elle ne faut pas passer soudainement à une popularité e 50 ou 60 %. La réalité est qu’EM s’en f… de sa popularité tant qu’il n’est pas physiquement empêché. Contexte à la une du Monde daté d’aujourd’hui, donc paru à Paris en tout début d’après-midi, hier : les Français, tout en soutenant les mesures envisagées, n’en attendent aucun changement concret. Des approbations de 75 à 85 % pour les mesures, mais 76 % estiment que la situation politique, économique et sociale de la France ‘ne sera pas améliorée, 86 % jugent que ce sera sans effet sur leur situation personnelle, et 68 % n’en tiendront aucun compte ans leur vote aux prochaines européennes…. – ROMAND, multi-assassins de tous les siens  après dix-huit ans de mensonges et de crapuleries, en liberté conditionnelle après se vingt ans de peine de sûreté… exemplairement, il aurait du mourir en prison, tandis que GHOSN à Tokyo… et après qu’ABE, fils de criminel de guerre japonais mais Premier ministre, soit passé à Paris.
 22 heures 06 + GHOSN à nouveau libéré sous caution mais avec interdiction de joindre sa femme.
La conférence de presse d’EM : deux heures vingt-huit. J’ai aussitôt couriellé à AK mon impression aussi bonne que dubitative [3].Sur le fond, la plupart des annonces, données sur le ton : je veux que… je souhaite que… me déplaisent, la proportionnelle à 20 % des effectifs de l’Assemblée nationale, la réduction de 30 % du nombre des parlementaires, le refus du vote obligatoire, le refus du vote blanc, le refus du referendum d’initiative citoyenne sauf à rendre plus accessible (un million de signatures) le referendum d’initiative partagée établi par la révision NS de 2008, le maintien de la suppression de l’I.S.F., la refonte des procédures de Dublin sur l’immigration et des participations à l’espace Schengen, et aussi des institutions nouvelles : des conventions citoyennes, une participation de 120 citoyens tirés au sort pour s’adjoindre au Conseil économique, social, etc. Beaucoup de formules, dont certaines heureuses : l’art particulier d’être Français, beaucoup d’exposés toujours précis mais ne pouvant toucher le grand public sur notre situation macro-économique, et des performances inconnues depuis dix ans en diminution de la charge fiscale, du nombre de chômeurs, une rectification ras-de-filet de Laurence FERRARI sur une statistique de productivité confondue avec une autre sur les salaires en Europe. Tout cela laisserait banal l’exercice – pourtant inédit dans l’actuel quinquennat – s’il n’y avait eu, suscité par plusieurs questions non concertées, un très lyrique auto-portrait du dirigeant en situation. Les commentateurs par avance évaluaient la capacité de séduire ou de convaincre (ce qui n’est pas du tout le même exercice) d’un EM au tournant de son mandat, en durée bientôt, mais surtout à la suite du mouvement des « gilets jaunes » et du contre-feu pas tout à fait de son crû. Personne, et moi non plus, n’a imaginé la tournure de cette conférence de presse : sa consistance a été une sorte de rêverie et d’examen tout haut d’un homme de pouvoir et au pouvoir dont l’ambition est cependant tout autre que le pouvoir. Pas vraiment un état d’esprit, pas non plus l’inventaire des moyens et des obstacles pour réaliser quelque chose, ni des définitions, mais de l’exceptionnel, du jamais entendu, suscité par certaines des questions. La solitude, l’impopularité, la compréhension des erreurs de présentation, c’est très peu « résumable », c’était intense. Mais la question est d’autant plus précise et grave, c’est personnel, c’est juste, il s’agit d’un homme qui ne bougera rien de ses projets et de ses « caps ». Changera-t-il de manière comme il en avoir réalisé la nécessité ? Davantage encore de présence sur « le territoire », d’autres conférences de presse, des réponses classiques, mais mieux menées que par ses prédécesseurs sur des sujets pas faciles : le couple franco-allemand en fait stérile depuis des années, l’affaire BENALLA comme déception forte. A aucun moment, pourtant, je le ressens avec maintenant deux heures et demi de recul, soit l’exacte durée de l’exercice de cette fin d’après-midi, il n’y a eu chez lui la conscience d’avoir à trouver comment faire participer les Français, comment les entraîner. Annonce en passant, l’E.N.A. auditée et révisée par Frédéric THIRIEZ : peut-être le fallait-il, mais très probablement ce n’est pas la suppression, et il a du y avoir des évolutions dans le fonctionnement de l’Ecole, ces vingt dernières années, que je n’ai pas sues et dont je n’ai pas la moindre idée. Hier soir, circulait l’information qu’EM en cours de scolarité avait été représentatif d’une révolte de toute sa promotion jusqu’à saisir le Conseil d’État pour des irrégularités dans l’organisation et le déroulement du concours de sortie.  – J’ai pris des notes à mesure, beaucoup de photos. aussi. Ecoute-audio. seulement de la conférence dans son commencement par la radio de la Golf : le son mal posé et le Président ressenti comme haletant, très vite de l’ennui. Arrivé devant notre poste de télévision, les images sans soin ni variété, mais une animation du Président, les jeux de main, les profils droit et gauche presque autant exposés que le visage, une salle peu nombreuse, une petite partie du gouvernement. Et en fait aucune question sur des sujets brûlants : GHOSN, un projet européen, les désindustrialisations depuis deux ans  et même depuis qu’EM était proche du pouvoir, soit depuis 2012. Au total, j’ai aimé ce moment, EM m’a convaincu de sa sincérité presque enfantine mais ce n’est pas un tournant dans l’opinion publique, une communion enfin entre le pouvoir et le peuple, tout reste encore à trouver, même bien exposé le programme demandé d’exécution au gouvernement et réalisé ne changera pas la donne : l’éloignement reste le même. S’impliquant à fond et avec sincérité, ses prestations et soli avec les maires – sur lesquels désormais il a appris à compter – et ses formes de rêveries-aveux-inventaires devant nous, directement ou indirectement suscité par une bonne moitié des journalistes, ne mordent pas sur les Français : simplement parce que leur place au conseil de gouvernement n’est toujours pas indiquée, faite. – Je pensais circonscrire ma « dernière » lettre, que je tiens à dater du cinquantenaire, aux deux thèmes de l’immigration : visas et parrainage. Je pense maintenant différemment : il faut le convaincre de structurer la participation, et il faut changer la communication gouvernementale. La sienne doit être plus clairement historique : économie et société ne sont pas à décider mais à encadrer, veiller, orienter.


vendredi de Pâques . le 26

08 heures 05 + Désordre, illisibilité, a-structuration de ma vie, de l’évolution de notre pays, si cher et précieux, des relations internationales, de notre Vieux Monde essentiel à l’équilibre et à la maturité humaine de notre planète. Sans doute, volonté, organisation, dialogue, ouverture à tout sans peser par des demandes explicites… permanente pédagogie de l’existence en couple, de la paternité dont la clé et la dialectique sont le respect et le discernement de la liberté de notre enfant. Rien de ces travaux, de cette espérance, de notre ferveur, de nos implications n’est praticable sans relation à Dieu, sans la prière – jaculatoire ou reçue à tout moment en conscience ou factuellement – la prière : arrêt et offrande. Ma supplication et ma confiance… La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs (nos vies, nos distractions, nos lassitudes, notre course au matériel mais aussi aux affections qui ont toutes leurs limites) est devenue la pierre d’angle … Dieu, le Seigneur, nous illumine. 1 L’Église naissante, notre modèle pour maintenant, les persécutions, les difficultés, les dilemmes, tout est occasion de profession de foi : c’est par le nom de Jésus le Nazaréen, lui que vous avez crucifié mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts, c’est par lui que cet homme se trouve là, devant vous bien portant… aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. La foi en Dieu est ce qui doit soulever le monde, le changer, le réconcilier avec sa norme initial et le dessein créateur dont il est le fruit. De plus en plus, je suis conscient qu’allant vers le « point final » de ma vie, celle-ci ne sera aboutie, utile pour qui j’aime et me soucie, féconde et contagieuse pour les convictions et apprentissages de tout mon parcours, que selon Dieu. Conscience et militance pour une cause maintenant aussi urgente que celle, politique, de la France et de l’Europe, la cause d’une autorité morale mondiale que la convergence des grandes religions monothéistes pourrait constituer, avec l’appui naturel des grandes morales, organisées ou pas, à deux conditions : que chacune se débarrasse de son péché mortel (les juifs du comportement de l’État d’Israël, les chrétiens et spécialement les catholiques de la pédophilie ou autres moeurs de ses clercs, les musulmans du terrorisme et du simplisme de l’État islamique en toutes tendances au massacre), et que Jérusalem soit le centre, dépouillé de tout Etat et de toute administration séculière. Beaucoup de ceux qui avaient entendu la Parole devinrent croyants ; à ne compter que les hommes, il y en avait environ cinq mille, le chiffre de la foule rassasiée par Jésus multipliant les pains.
 
Point commun entre notre carrefour politique pour la France autant que pour chacun des pays européens, et la mise au défi des religions : la relation entre les hiérarchies et les fidèles, surtout entre les expressions de foi et la responsabilité envers le monde. L’obligation de sincérité et d’authenticité, l’urgence de structures participatives autant internes que pour l’ouverture à autrui. Je crois en la percée du mouvement des jeunes pour le climat, initiée par ce phénomène qu’est Greta THUNBERG, que Marguerite m’a fait découvrir.
 
08 heures 58 + Je compte compiler les réactions à l’exercice d’hier soir. Car un des éléments de rupture entre dirigeants et peuple, ce sont les médias, au lieu qu’elles soient un lien et un outil pour les deux partenaires sociologiques et institutionnels de la politique : les animateurs des institutions, les décideurs d’une part et les citoyens d’autre part, tous plus ou moins désireux de dialogues, d’implication, mais tous aussi relativement fermés les uns aux autres. En tout cas pas organisés pour le dialogue, le travail commun.
 
11 heures 55 + Moment avec MN : le presbytère et le PL.U. Partage ma vénération pour Denis M. et relève, elle comme tous, la qualité de ses homélies. Je choisis d’être faiseur de la paix et des compromis. Je fais de même au sujet d’EM, desservi par les médias, ceux-ci ne comprenant pas sa personnalité très débordante de sa fonction et presque antinomique. DG, le premier, avait eu les médias contre lui, mais il les dominait et l’alliance mentale avec les Français était forte. Elle est à faire pour EM, j’ai envie d’y contribuer s’il me donne la main : il est du gabarit quoique tout autre, et ce n’est pas forcément l’époque qui détermine cela, des quatre premiers présidents de notre Cinquième République, et tranche évidemment sur la médiocrité destructrice de ses trois prédécesseurs. C’est avec cette matière première qu’il faut travailler. Sur la plupart des « mesures » annoncées, je suis en désaccord total, je m’accorde en revanche avec son attitude envers les Etats-Unis et avec l’Allemagne. Mais ce qui compte pour moi, après son effort auprès des maires, ses 93 heures de harangue dont, je crois, la conférence d’hier nous a donné la substance et surtout la manière, c’est sa personnalité, elle est très incomplète mais il est plus qu’intelligent, il est assez sensitif et se rend compte… nous rencontrerons-nous, je vais encore le proposer par ma lettre de demain, développant les besoins nationaux toujours pas satisfaits et qui sont loin d’être seulement économiques, financiers et ressortissant d’octroi et non de débat, et disant ses propres lacunes. Organiser la communication, là aussi. Je vais tenter, oubliant tandis que je travaillerai à cette lettre (j’y joindrai deux-trois annexes, chacune d’une page : institutions, communication, et trois mes articles d’antan : le quinquennat en péché originel, le régime à la carte pour nos décentralisations, l’E.N.A. reflet… des 1975 ou 1976… des crises de l’État). Démarcher LE MAIRE (littérature, MC) et LE DRIAN, notre actuel « système » diplomatique en pensée et en organisation.
 
Je reprends nos textes du jour. Les évangiles d’après la Résurrection, une autre « version », un autre don divin de l’Incarnation, banalisée pendant les trois ans de ministère public, idéalisée, en tout se prêtant à une tout autre perception que notre seule sensibilité sensorielle, nos sens spirituels autant que ceux de notre propre chair : Marie-Madeleine, les réunions au cénacle, la route vers Emmaüs et maintenant, au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage mais les disciples ne savaient pas que c’était lui… Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? ». Ils savaient que c’était le Seigneur. La « signature » du Fils de l’homme : donner à manger, nourrir l’humanité. Pain et poissons (ceux déjà grillés sur la plage) comme lors des multiplications pour la foule.

1- Actes des Apôtres V 1 à 12 ; psaume CXVIII ; évangile selon saint Jean XXI 1 à 14




jeudi 25 avril 2019

pourquoi vous étonner ? ... pourquoi êtes-vous bouleversés ? - textes pour ce jeudi de Pâques


Jeudi de Pâques . 25 Avril 2019


07 heures 48 + Un oiseau, par saccades, problématique de nos chiens, le printemps si coloré mais pluvieux, et je souffre de cette vie nationale méprisée, froissée, médite. Déjà et depuis longtemps, cette réduction des effectifs de la fonction publique, censément la charge inutile pour la France (observation de la Cour des comptes, l’État ne sait plus gérer les marchés publics et les concessions, il se « fait avoir », il nous fait, selon son infaillible direction, « avoir », travaux des autoroutiers dans leurs concessions respectives : 13 milliards, en compensation de quoi ils obtiennent des prolongations de concessions pour 135 milliards), oui, ces réductions par suppressions de l’emploi quand part à la retraite son titulaire : on ne peut mieux signifier qu’il était inutile, payé à ne rien faire ni être. L’E.N.A. donc supprimée par ce que non représentative. Il faut qu’elle enseigne le sens critique (j’en suis un modèle, j’en manque complètement) et représente la société française telle qu’elle est : il y a quelques semaines encore, la nouvelle porte-parole du « gouvernement » disait que le « grand dessein » du quinquennat, c’était de « transformer profondément notre pays ». Il y eut au début de la IIIème République, les sénateurs inamovibles, distingués du courant, nous aurons à l’Assemblée nationale les 15 ou 20 % selon (non plus le fait mais) la pensée du prince, les proportionnels plus représentatifs et les élus nominalement plus ringards. Alors que la vraie représentation du pays serait que ses élus puissent voter en conscience et donc évoluer d’opinion comme l’ensemble des Français, et ainsi de suite… Changement de mode pour EM aujourd’hui : la solennelle conférence de presse. Il s’était agi d’un « grand débat national » et de résultats à analyser et publier sous de multiples contrôles, l’essentiel, c’étaient les suggestions et doléances des Français, ce fut 93 heures de récital en bras de chemise devant des maires dont le congrès annuel avait été « séché » (dates faciles à prévoir mais protocole royal de Belgique en face…). Maintenant, l’adresse n’est plus aux Français, Notre Dame l’a empêché, c’est aux journalistes que l’on veut répondre. Paraître… l’image… Notre Dame et la ferveur autant chrétienne que nationale et même esthétique dont elle a été entourée cette nuit affreuse, mais de consensus mondial, du lundi 15 Avril dernier, maintenant on débat : la restaurer à l’identique ou enfin être moderne. La cathédrale de Strasbourg et son abside wilhelmienne. Ce Nobel sud-africain : pleure, ô pays bien-aimé.

Prier… après ces extraordinaires enseignements scripturaires : le Christ présent, mais reconnaissable par intuition seulement, à notre coeur qui nous brûle, à la fraction du pain, la chair sensible que Thomas sera invité à toucher, mais que Marie-Madeleine prophétesse de l’ensevelissement, oublieuse elle-même de sa prophétie, validée publiquement par son Seigneur, est interdite de toucher… voici la conclusion : Pourquoi êtes vous bouleversés ? … C’est bien moi ! Touchez-moi, regardez… Avez-vous ici quelque chose à manger … Alors, il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Ecritures… A vous d’en être les témoins… 1 Et à la manière de Jean le Baptiste, de Jonas, Pierre prêche la conversion, intensément personnelle, et pourtant cosmologique. C’est vous qui êtes les fils des prophètes et de l’Alliance que Dieu a conclue avec vos pères quand il disait à Abraham : En ta descendance seront bénies toutes les familles de la terre. c’est pour vous d’abord que Dieu a suscité son Serviteur et il l’a envoyé vous bénir… Hommes d’Israël, pourquoi vous étonner ? Pierre et Jean venaient de guérir le mendiant de la Belle Porte au Temple : de l’argent et de l’or, je n’en ai pas, mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ l Nazaréen, lève-toi et marche. 2


1- Actes des Apôtres III 11 à 26 ; psaume VIII ; évangile selon saint Luc XXIV 35 à 48


2- Actes des Apôtres III 10, lus hier

jeudi 18 avril 2019

je tiendrai mes promesses au Seigneur - textes pour ce jeudi Saint & réflexions de deux jours



pièces jointes : contribution du pape émérite Benoît XVI à la suite de la réunion des présidents de commissions épiscopales nationales & essai sur le silence
 
Comme j’ai moi-même eu à servir dans une position de responsabilité en tant que Pasteur de l’Eglise au moment de la manifestation publique de la crise, et pendant qu’elle se préparait, je me devais de me demander – bien qu’en tant qu’émérite, je ne porte plus directement cette responsabilité – ce que je peux contribuer par ce regard en arrière en vue de ce nouveau départ. Ainsi, après l’annonce de la rencontre des présidents des  conférences épiscopales, j’ai compilé quelques notes qui pourraient me permettre de contribuer quelques remarques utiles en ces heures graves. Ayant pris contact avec le secrétaire d’Etat, le cardinal Parolin et le Saint-Père lui-même, il m’a semblé opportun de publier ce texte dans le Klerusblatt [un mensuel destiné au clergé des diocèses, pour la plupart de la région de Bavière].  . . . À la fin de mes réflexions je voudrais remercier le pape François pour tout ce qu’il fait pour nous montrer, encore et encore, la lumière de Dieu, qui n’a pas disparu, même aujourd’hui. Merci, Saint-Père !
 
mercredi Saint
14 heures 20 + Marguerite à nouveau sur les pistes, je lis les coupures de presse que m’a adressées le cher François-Xavier : analogues à son peuple de montagnards au Vietnam, les Bunong au Cambodge, condamnés à l’extinction biologique et culturelle par la transnationale de BOLLORE, Socfin, établie au Luxembourg.Cela va faire partie de ma prochaine lettre à EM : la sincérité de nos concours aux pluralismes culturels et de civilisations dans le monde, et au développement durable, particulièrement dans les pays naguère sous notre empire, l’Afrique subsaharienne, l’Indochine. L’interpeller autrement qu’en politique, une fois vidée la question de cette supercherie qu’aura le « grand débat national ».

17 heures 30 + Le grand rabbin de France à l’archevêque de Paris, le plus beau cri d’amour mutuel et fraternel qu’ait suscité notre drame de lundi soir [1]

21 heures 19 + Venu chez nous  vers les sept heures moins le quart, exceptionnelle conversation avec François-Xavier me donnant des éléments tellement consubstantiels de lui mais qui prennent si justement et fortement place dans ce que je cherche et vis mentalement. Parabole d’une réalité que je ne connais mais qui l’habite : Kontum, les montagnards, une résistance pas seulement au pouvoir vietnamien nationaliste et communiste, mais au matérialisme et à l’argent (les procès intentés par des peuples de même nature, de mêmes valeurs, de même économie à BOLLORE et à ses sociétés, le système français pro-BOLLORE et anti-immigration, anti-témoignages, les visas tellement conditionnés et pourtant refusés…les procès intentés en France par les Bunongs emmenés avec intelligence par le Cambodgien, Kneth PRAT). La leçon, très profonde et qui est peut-être l’avenir de la foi dans un monde qu’elle changera, c’est que cet homme de racines et de simplicité, moniteur de ski et éleveur de buffles est intégralement rigoureusement chrétien, catholique, amoureux de liturgie sur la cîme Caron, ici (3.200 mètres) ou dans la chapelle, parfois salle polyvalente, mais avoue que son peuple et lui sont animistes. Ainsi la base multiséculaire n’empêche pas, au contraire, l’entrée dans le mystère chrétien. Ni l’un ni l’autre ne sont monothéiste. Il m’explique en politique l’imprégnation confucéenne de l’’Extrême-Orient, de la Chine, du Viet Nâm, du Japon : même totalitarisme d’une structure verticale, d’un besoin de dieu assouvi par le culte de l’empereur, du chef, tout le contraire de la démocratie dont le mouvement est de bas en haut. Des « formatages » millénaires. Il affirme que la Chine a toujours été expansionniste, et compte pour pas beaucoup les bouddhistes. Enfin, de nationalité française d’autant qu’à la chute de Saigon en 1973, la « nationalité » sud-vietnamienne fut abolie, il continue de respirer Kon Tum, cette petite province intense, ses père et mère y vivent encore. Enfin, il m’indique une des voies les plus pratiques et les plus belles pour pratiquer l’intégration chez nous avant même l’immigration : les parrainages français donnés dès l’enfance des Bahnas, le système organisé par le dernier évêque français de là-bas : Mgr. SEITZ. Je vis cela, de fait, avec mes « protégés » ukrainiens, les parrainant rétrospectivement. Et comme je le raccompagne de « chez nous » à chez lui, début de la chaussée dont la neige a fondu, paysage de nuit commencée, les montagnes tranquillement en cercle et la lune maintenant pleine, il m’apprend reçu sur son téléphone que Benoît XVI vient de publier quelque chose. Il ne peut le lire, écran aux dimensions e deux doigts tendus, serrés.

21 heures 32 + J’évoque le texte de Benoît XVI : il est du 11 Avril pour un mensuel allemand. Le résumé qui en est fait est ravageur : le début de tout est 1968, l’immoralité et le texte, donc rétrograde, ne ferait aucune référence au Concile. Vue de l’extérieur. Elle est a priori et réductrice. Je parcours le texte, il me semble complet et magnifique, et commencé par les circonstances d’une urgence, d’une réflexion et d’une expérience de la responsabilité pontificale, il se termine par des remerciements au pape François. Merci de ce que vous faites pour nous montrer

23 heures 09 + L’élan multiforme suscité par le martyre de notre cathédrale nationale, élan en diverses confessions et diverses attributions et affectations du rayonnement e ce monument dans nos vies et dans la vie nationale, est tel que la politique se périme complètement. Nathalie LOISEAU aurait invité des gens  la messe. EM est d’une certaine expulsé, la politique aussi – il y a plus intéressant qu’eux, vraiment vital, lui qui voulait en incarner une toute nouvelle, et qui en imposait une place débordant tout le reste. Marguerite, mardi soir : Macron, il a du mérite, dans le même mandat en pas deux ans, les gilets jaunes et l’incendie de Notre Dame. Elle a raison. Je veux essayer d’analyser et ce cri d’alarme déclenchant une crise sans précédent dans la forme et dan le fond, chez nous en politique, et ce qui a saisi les Français contemplant sur petit écran ou sur les lieux ce que notre cathédrale subissait lundi soir. Les deux ensembles ont-ils un rapport ? Oui, celui de la prise de conscience, l’arrêt sur image. Et je le vis dans ma tentative de comprendre la crise de l’Eglise (non en elle-même mais vis-à-vis d’elle-même et vis-à-vis du monde, le regard qui accuse) et l’un de ses aspects, la pédophilie dans le clergé, mais il n’y a pas que cela.
Fin de soirée avec le paysage magnifique que la fin du jour, le coucher du soleil, le lever d’une pleine lune nous donnent silencieusement, en d’immenses dimensions. - Lu déjà les textes de de la messe de demain : l’intense conscience que l’homme Jésus a de Sa divinité. Il sait, Il voudrait que ses disciples comprennent. Il sait Son heure et Il assure ses disciples qu’ils comprendront avant peu.

jeudi Saint
09 heures 02 + Mystère du quatre heures quarante-sept ou quarante-huit de la nuit, j’y suis réveillé depuis des mois, mais me rendors facilement.

 10 heures 57 + Cacophonie ? Ou retour à de simples vérités. La presse est notre premier agent de dictature « sous » EM : elle relaye à plein la décision de celui-ci, supprimer l’E.N.A.. C’est le contre-sens et la pire « réforme » que puisse subir le pays. Contre-sens, les élites et la haute classe sociale et décisionnaire, de plus en plus fermée pas tant d’accès que d’oreille et d’imagination (désintéressée), ne sont pas principalement les hauts-fonctionnaires. Ceux-ci, rivaux pour les grands postes et places (j’en sais quelque chose), ne sont pas solidaires (le Monde pour mes premiers articles, 1972, ne sachant comment me situer, mettait ancien élève de l‘ENA : courriers et téléphones de « camarades » ou d’anciens, protestant au point que JF me demanda si j’étais vraiment passé par l’E.N.A.) et sont aux ordres. EM, en début de mandat, pensait même astreindre à l’avenir les premiers sortis de l’Ecole, à un conformisme avec le gouvernement et ses options, sans limite de durée et d’objet (je retrouverai date et page dans le Monde. Non-sens aussi puisque les premiers sortis choisissent « les grands corps » et que ceux-ci : Conseil d’État, Cour des comptes, Inspection des Finances ne sont pas d’exécution ou de conception, du moins selon leur mission première, mais de contrôle. Le « haro » sur l’E.N.A. est une désinformation totale, y céder comme cela va être fait par un prince, seul aux abois et dont la manière d’être et de faire sont le seul vrai problème politique de la France ces mois-ci, est de la démagogie, surtout une erreur. Comment seront recrutés désormais les fonctionnaires de responsabilité ? Par des concours organisés par chaque ministère, ceux-là changeant en nombre, en intitulé et en compétence (ce qui est une pratique mauvaise, organisant la discontinuité et l’amnésie, dans la direction de l’État) ? c’était le système de 1875 à 1945, avec l’Ecole libre des Sciences politiques préparant pour les « grands concours ». Or, les Sciences-Po. une école par chef- lieu de région, admission par concours national (comme pour l’internat de médecine – tous processus que j’ai appris depuis peu seulement) et choix de la ville selon le rang de classement,, n’ont plus qu’une ambition, en sus de leur rivalité inter se, ressembler aux universités anglo-saxonnes, surtout outre-Atlantiques et autour d’Harvard, " l’excellence ". Le système unanimement souhaité dès les années 1930 et mis au point par Michel DEBRE n’était pas universitaire, il était une culture du service de l’État et du service public, une forme de sacerdoce excluant absolument l’argent et le « pantouflage ». Service public et nouvelles formes de commandement de l’État et de prise en mains publiques pour l’ensemble de notre économie et de notre : la planification, l’aménagement du territoire. Il est – terriblement – symptomatique que tout cela ait été abandonné et en arrive à sa dernière étape de destruction de ce qui a été l’ossature de notre pays, alors qu’il entreprenait la grande construction européenne et parvenait à s’émanciper de nos possessions outre-mer et à les décoloniser. Deux entreprises d’ailleurs ratées comme il est tristement aisé de le constater à présent. Ces chantiers et ces réflexions ne sont pas celles d’EM. Qui se donne cinq ans pour inaugurer en cours de son second mandat le résultat (problématique selon moi et sans doute beaucoup, actuellement silencieux) des appels d’offre, des corruptions et des négociations insuffisantes pour réhabiliter Notre Dame. Il y a des lueurs d’espoir, elles sot des personnes : Anne HIDALGO a vraiment marqué dans la nuit de lundi Saint, et Ian BROSSAT, tête de liste communiste pour les élections européennes, rayonne sans faute depuis qu’il est à cette place. Qu’EM montre une nouvelle fois le mépris des « gens » puisque c’est lui, et non les « garants », qui 1° élude une vraie publication des résultats du « grand débat national », et 2° en décide des mises en œuvre selon lui et non selon les contributions, devient secondaire. Le Président, trahissant en tous points, la lettre et l’esprit de notre Constitution, n’est plus au entre ni de l‘actualité ni de l’évolution mentale du pays. En revanche, la coïncidence entre la crise de l’Église, sans doute aussi grave que celle qui a suscité la Réforme protestante – intervention étendue, méditative et bien située par son auteur, notre pape émérite Benoît XVI – et la prise de conscience des racines de la catholicité française dans le monde entier, nous indique ce à quoi nous devons travailler. Pour ma part, si obscure qu’elle soit, puisque je suis sans tribune que ma circulaire quotidienne, quand fatigue et santé, par grâce, desserrent leur étreinte, je vais encore plus m’employer. Mais l’accès à la notoriété passe pour moi, immédiatement, par un livre qui soit remarqué parce que ou beau ou bon, et, actuellement, ce ne peut être un essai politique. J’admire mon cher Patrick S. En ratages conjugaux, en faillite financière et en procès, de produire sereinement avec une apparente modestie mais compétence, méthode scientifiques et vrai travail d’investigation, une vingtaine de livres en pas vingt ans… Notules du cher Olivier B. 2

22 heures 38 + L’heure que nous pouvons supposer pour l’entrée de Jésus dans Sa passion. Textes de la messe du soir, la Cène. L’institution de l’Eucharistie par Paul, historiquement le premier à nous les dire. Le coeur de cette dernière soirée : l’humilité et l’amour 3. La grâce de cette Semaine Sainte, c’est Notre Dame (version de Paris) à tous les égards. Une sorte de trêve mettant en harmonie les censés contraires : les prévenances de TRUMP envers la France, sa correspondance avec le Pape. Les protestations résonnant si vrai et chaleureux des hiérarchies religieuses musulmanes et juives. La considération générale de notre essence historique (et chrétiennes – la plume quotidienne de Laurent JOFFRIN) et la péremption d’EM : allocution reportée, divagations sans sérieux ni études forcément prématurées sur les calendriers de la « rénovation » de la cathédrale… Une sorte de calme. Paul et Jean nous le donnent. Alors qu’après trois ans de harcèlement et de poursuite, à temps et contretemps, Jésus va à la mort et nous sommes simplement invités à lire le testament : chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, nous inculque Paul… C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. Et Pâques, notre communion avec les Juifs de religion, frères en Abraham, événement et calendrier: ce mois-ci sera le premier des mois… C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous le fêterez, ô combien manifestée lundi soir. Mais le fait majeur, ce soir de la dernière Cène, c’est la conscience aigüe qu’a Jésus de Sa divinité. Fils de Dieu, le Dieu de la Pâque : je traverserai le pays d’Egypte, cette nuit-là… je passerai… je verrai le sang… le sang du Rédempteur, de l’agneau pascal, déjà présent à la sortie d’Egypte… mais ce soir le Fils de l’homme… sachant que l‘heure était venue de passer de ce monde à son Père … sachant que le Père a tout remis entre ses mains … est au comble de l’humilité : le lavement des pieds pourtant introduit par la pétition explicite de Sa divinité. Conclusion, ce soir : Jésus, ayant aimé les siens, les aima jusqu’au bout… ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant; plus tard tu comprendras.



[1]     - "C'est notre lieu à tous, et je pleure avec toi !"
                C'est le message que Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, a immédiatement adressé à Mgr Aupetit, Archevêque de Paris, alors que les flammes ravageaient la cathédrale. 
                Depuis, les messages de sympathie de nos amis juifs ne cessent de me parvenir, signe combien émouvant et réconfortant de la solidarité qui nous unit, dans la joie comme dans la peine !
Oui, le désastre est grand, et grande la peine de tous, bien au-delà des seuls catholiques, et même bien au-delà de la France, comme l’expriment tant de messages qui continuent d’arriver – des rabbins orthodoxes d’Allemagne, des Amitiés judéo-chrétiennes sœurs d’Australie, du Chili...
Ce monument, sans doute le plus célèbre du patrimoine français, en plus de sa longue histoire est un lieu qui, depuis quelques années, portait aussi la mémoire de l’amitié entre juifs et chrétiens : c’est sur le parvis de Notre Dame que fut récité le kaddish lors des funérailles de Mgr Lustiger, et une plaque sur une colonne de la cathédrale y rappelait qu’Aron Jean-Marie Lustiger n’avait jamais voulu renier sa judéité.
Quelques années plus tard, un rabbin, invité par l’archevêque de Paris, y  était venu prononcer une conférence de carême.
Mas si la peine est grande, l’espérance l’est davantage encore. Nous nous acheminons, juifs et chrétiens, vers les fêtes pascales, et le Dieu unique que nous célébrerons en même temps est le Dieu de la Vie. Comme ne cesse de  nous le rappeler toute la Bible, après les pleurs viennent les cris de joie, après l’esclavage la libération.
Et la cathédrale de Paris sera reconstruite !
'Hag Péssa'h saméa'h ! Belles fêtes de Pâques !
 
La lettre de l’amitié judéo-chrétienne - webmaster@ajcf.fr
Jacqueline Cuche
2- Le 18/04/2019 à 08:22, Olivier BRISSON a écrit :
Le dictateur soudanais Bechir vient d’être renversé. En prison, il va croiser quelques-uns des milliers de Soudanais qu’il a fait arrêter et torturer… Je ne sais pas ce qu’il faut souhaiter…ni à qui… Le 12/04/2019
 EDF fermera la centrale nucléaire de Flamanville quand…l’Angleterre quittera l’Union Européenne… Le 13/04/2019
Trump envisageait de nommer sa fille à la tète de la Banque Mondiale car, dit-il … « elle est très bonne avec les chiffres… » …et avec le pognon ? Le 14/04/2019
La France efface 143 millions de dettes fiscales d’un copain du Premier Ministre Indien et de la famille Dassault… La corruption souffle en Rafale… Le 15/04/2019
 La famille Pinault débloque 100 millions d’€ pour participer aux travaux de rénovation de Notre Dame… Une réunion familiale a été programmée cet après-midi chez les Arnault… Le 16/07/2019
 Superbe portrait dans La Croix d’une France, sécularisée, déchristianisée qui sent son cœur se serrer à la vue d’une église en flammes… Le 17/07/2019

3- Exode XII 1 à 14 ; psaume CXVI ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XI 23 à 26 ; évangile selon saint Jean XIII 1 à 15 

mercredi 17 avril 2019

Notre Dame de Paris - "C'est notre lieu à tous, et je pleure avec toi !"


La lettre de l’amitié judéo-chrétienne - webmaster@ajcf.fr


 
C'est le message que Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, a immédiatement adressé à Mgr Aupetit, Archevêque de Paris, alors que les flammes ravageaient la cathédrale. 
Depuis, les messages de sympathie de nos amis juifs ne cessent de me parvenir, signe combien émouvant et réconfortant de la solidarité qui nous unit, dans la joie comme dans la peine !

Oui, le désastre est grand, et grande la peine de tous, bien au-delà des seuls catholiques, et même bien au-delà de la France, comme l’expriment tant de messages qui continuent d’arriver – des rabbins orthodoxes d’Allemagne, des Amitiés judéo-chrétiennes sœurs d’Australie, du Chili...

Ce monument, sans doute le plus célèbre du patrimoine français, en plus de sa longue histoire est un lieu qui, depuis quelques années, portait aussi la mémoire de l’amitié entre juifs et chrétiens : c’est sur le parvis de Notre Dame que fut récité le kaddish lors des funérailles de Mgr Lustiger, et une plaque sur une colonne de la cathédrale y rappelait qu’Aron Jean-Marie Lustiger n’avait jamais voulu renier sa judéité.
Quelques années plus tard, un rabbin, invité par l’archevêque de Paris, y  était venu prononcer une conférence de carême.

Mas si la peine est grande, l’espérance l’est davantage encore. Nous nous acheminons, juifs et chrétiens, vers les fêtes pascales, et le Dieu unique que nous célébrerons en même temps est le Dieu de la Vie. Comme ne cesse de  nous le rappeler toute la Bible, après les pleurs viennent les cris de joie, après l’esclavage la libération.
Et la cathédrale de Paris sera reconstruite !

'Hag Péssa'h saméa'h ! Belles fêtes de Pâques !






La lettre de l’amitié judéo-chrétienne - webmaster@ajcf.fr

essai du pape émérite Benoît XVI sur le silence chrétien

Card. Sarah, The Power of Silence, Ignatius Press


Préface de l’édition en anglais du livre du card. Sarah
mai 19, 2017 16:01Anita BourdinBenoît XVI, Spiritualité, prière
« Qu’est-ce que cela signifie : entendre le silence de Jésus et le connaître à travers son silence ? », demande le pape émérite Benoît XVI, renvoyant ainsi la recherche du silence au Christ lui-même, à une conception « chrétienne » du silence. Il propose à ce sujet un « examen de conscience » aux évêques.
De la Cité du Vatican, le pape émérite Benoît XVI, qui sort pour cela de son silence monacal, écrit la préface de l’édition en anglais du livre du cardinal Robert Sarah « La force du silence », publié en français chez Fayard.
Plus qu’une préface c’est même un « essai » servant de préambule à cet entretien avec Nicolas Diat : « The Power of Silence : Against the Dictatorship of Noise » (« La force du silence : contre la dictature du bruit »), publié en anglais par Ignatius Press.
Le pape émérite répond à sa question en termes christologiques : « Nous savons par les Évangiles que Jésus passait fréquemment des nuits seul « sur la montage » en prière, en conversation avec son Père. Nous savons que son discours, sa parole, vient du silence et n’a pu mûrir que là. Il est donc raisonnable de penser que sa parole ne peut être correctement entendue que si nous aussi, nous entrons dans son silence, si nous apprenons à l’entendre de son silence. »
Il cite les paroles de saint Ignace d’Antioche (35-115), évêque syrien, père et docteur de l’Eglise, martyr : « Dès la première fois que j’ai lu les Lettres de saint Ignace d’Antioche, dans les années 1950, un passage de sa Lettre aux Éphésiens m’a particulièrement frappé : « Mieux vaut se taire et être que parler sans être. Il est bon d’enseigner, si celui qui parle agit. Il n’y a donc qu’un seul maître, celui qui ‘a dit et tout a été fait’ et les choses qu’il a faites dans le silence sont dignes de son Père. Celui qui possède en vérité la parole de Jésus peut entendre même son silence, afin d’être parfait, afin d’agir par sa parole et de se faire connaître par son silence. » (15, 1f.). »
Comme il le fait dans ses livres « Jésus de Nazareth », Benoît XVI redit son option pour une exégèse : «  Certes, pour interpréter les paroles de Jésus, la connaissance historique est nécessaire, elle qui nous enseigne à comprendre le temps et le langage de ce temps. Mais seul, cela ne suffit pas si nous voulons vraiment comprendre le message du Seigneur en profondeur. Aujourd’hui quiconque lit les commentaires de plus en plus épais des Évangiles est déçu à la fin. Il apprend beaucoup de choses utiles sur cette époque et de nombreuses hypothèses qui n’apportent finalement rien du tout à la compréhension du texte. À la fin, vous sentez que dans tout cet excès de paroles, il manque quelque chose d’essentiel : entrer dans le silence de Jésus d’où sa parole est née. Si nous ne pouvons pas entrer dans ce silence, nous n’entendrons toujours la parole qu’en superficie et nous ne la comprendrons donc pas réellement. »
« En lisant le nouveau livre du cardinal Robert Sarah, confie le pape émérite, toutes ces pensées ont traversé à nouveau mon âme. Sarah nous enseigne le silence – être silencieux avec Jésus, véritable calme intérieur, et c’est précisément de cette façon qu’il nous aide à saisir à nouveau la parole du Seigneur. »
Il cite cette question de Nicolas Diat : « Vous est-il arrivé dans votre vie que les mots deviennent trop encombrants, trop lourds, trop bruyants ? » Et la réponse : « Dans ma prière et dans la vie intérieure, j’ai toujours ressenti le besoin d’un silence plus profond, plus complet… Les journées de solitude, de silence et de jeûne total ont été un grand soutien. Elles ont été une grâce sans précédent, une lente purification et une rencontre personnelle avec… Dieu… Des journées de solitude, de silence et de jeûne, nourries seulement par la Parole de Dieu, permettent à l’homme de fonder sa vie sur ce qui est essentiel ». Ces lignes indiquent la source d’où vit le cardinal, qui donne à sa parole une profondeur intérieure. »
Pour Benoît Xvi le manque de silence est un « danger » pour l’Eglise et spécialement pour les évêques : « De ce point de vue privilégié, il peut alors voir les dangers qui menacent continuellement la vie spirituelle, des prêtres et des évêques aussi, et qui mettent donc en danger l’Église elle-même aussi, dans laquelle il n’est pas rare que la Parole soit remplacée par un verbiage qui dilue la grandeur de la Parole. J’aimerais juste citer une phrase qui peut devenir un examen de conscience pour tous les évêques : « Il peut arriver qu’un bon prêtre pieux, une fois élevé à la dignité épiscopale, tombe rapidement dans la médiocrité et une préoccupation pour le succès mondain. Submergé par le poids des devoirs qui lui incombent, inquiet pour son pouvoir, son autorité et les besoins matériels de son bureau, il s’épuise progressivement. ». »
Avec une traduction de Zenit, Constance Roques
mai 19, 2017 16:01Benoît XVI, Spiritualité, prière

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un essai du pape Benoit XVI sur le silence chrétien

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Francois Dupas
Préface de l’édition en anglais du livre du card. Sarah :

De la Cité du Vatican, le pape émérite Benoît XVI, qui sort pour cela de son silence monacal, écrit la préface de l’édition en anglais du livre du cardinal Robert Sarah « La force du silence », publié en français chez Fayard.
Plus qu’une préface c’est même un « essai » servant de préambule à cet entretien avec Nicolas Diat : « The Power of Silence : Against the Dictatorship of Noise » (« La force du silence : contre la dictature du bruit »), publié en anglais par Ignatius Press.
Le pape émérite répond à sa question en termes christologiques : « Nous savons par les Évangiles que Jésus passait fréquemment des nuits seul « sur la montage » en prière, en conversation avec son Père. Nous savons que son discours, sa parole, vient du silence et n’a pu mûrir que là. Il est donc raisonnable de penser que sa parole ne peut être correctement entendue que si nous aussi, nous entrons dans son silence, si nous apprenons à l’entendre de son silence. »
Il cite les paroles de saint Ignace d’Antioche (35-115), évêque syrien, père et docteur de l’Eglise, martyr : « Dès la première fois que j’ai lu les Lettres de saint Ignace d’Antioche, dans les années 1950, un passage de sa Lettre aux Éphésiens m’a particulièrement frappé : « Mieux vaut se taire et être que parler sans être. Il est bon d’enseigner, si celui qui parle agit. Il n’y a donc qu’un seul maître, celui qui ‘a dit et tout a été fait’ et les choses qu’il a faites dans le silence sont dignes de son Père. Celui qui possède en vérité la parole de Jésus peut entendre même son silence, afin d’être parfait, afin d’agir par sa parole et de se faire connaître par son silence. » (15, 1f.). »
Comme il le fait dans ses livres « Jésus de Nazareth », Benoît XVI redit son option pour une exégèse : «  Certes, pour interpréter les paroles de Jésus, la connaissance historique est nécessaire, elle qui nous enseigne à comprendre le temps et le langage de ce temps. Mais seul, cela ne suffit pas si nous voulons vraiment comprendre le message du Seigneur en profondeur. Aujourd’hui quiconque lit les commentaires de plus en plus épais des Évangiles est déçu à la fin. Il apprend beaucoup de choses utiles sur cette époque et de nombreuses hypothèses qui n’apportent finalement rien du tout à la compréhension du texte. À la fin, vous sentez que dans tout cet excès de paroles, il manque quelque chose d’essentiel : entrer dans le silence de Jésus d’où sa parole est née. Si nous ne pouvons pas entrer dans ce silence, nous n’entendrons toujours la parole qu’en superficie et nous ne la comprendrons donc pas réellement. »
« En lisant le nouveau livre du cardinal Robert Sarah, confie le pape émérite, toutes ces pensées ont traversé à nouveau mon âme. Sarah nous enseigne le silence – être silencieux avec Jésus, véritable calme intérieur, et c’est précisément de cette façon qu’il nous aide à saisir à nouveau la parole du Seigneur. »
Il cite cette question de Nicolas Diat : « Vous est-il arrivé dans votre vie que les mots deviennent trop encombrants, trop lourds, trop bruyants ? » Et la réponse : « Dans ma prière et dans la vie intérieure, j’ai toujours ressenti le besoin d’un silence plus profond, plus complet… Les journées de solitude, de silence et de jeûne total ont été un grand soutien. Elles ont été une grâce sans précédent, une lente purification et une rencontre personnelle avec… Dieu… Des journées de solitude, de silence et de jeûne, nourries seulement par la Parole de Dieu, permettent à l’homme de fonder sa vie sur ce qui est essentiel ». Ces lignes indiquent la source d’où vit le cardinal, qui donne à sa parole une profondeur intérieure. »
Pour Benoît Xvi le manque de silence est un « danger » pour l’Eglise et spécialement pour les évêques : « De ce point de vue privilégié, il peut alors voir les dangers qui menacent continuellement la vie spirituelle, des prêtres et des évêques aussi, et qui mettent donc en danger l’Église elle-même aussi, dans laquelle il n’est pas rare que la Parole soit remplacée par un verbiage qui dilue la grandeur de la Parole. J’aimerais juste citer une phrase qui peut devenir un examen de conscience pour tous les évêques : « Il peut arriver qu’un bon prêtre pieux, une fois élevé à la dignité épiscopale, tombe rapidement dans la médiocrité et une préoccupation pour le succès mondain. Submergé par le poids des devoirs qui lui incombent, inquiet pour son pouvoir, son autorité et les besoins matériels de son bureau, il s’épuise progressivement. ». »
Avec une traduction de Zenit, Constance Roques



contribution du pape émérite Benoît XVI à la réunion des présidents de commissions épiscopales sur les abus sexuels . 11 avril 2019lissiinabus sexuels – le Pape Benoit XVI sort de son silence : c’est la crise morale de 68 qui en est l’origine



lesalonbeige.fr

Par Michel Janva le 11 avril 2019 12 commentaires

Traduction non officielle d’un texte de Benoît XVI paru en italien et traduite par Jeanne Smits avec un commentaire à lire sur son site :

Du 21 au 24 février, à l’invitation du pape François, les présidents des conférences épiscopales du monde entier se sont réunis au Vatican pour évoquer la crise actuelle de la Foi et de l’Eglise ; une crise qui s’est fait ressentir dans le monde entier à la suite des révélations fracassantes d’abus cléricaux à l’égard de mineurs.

L’étendue et la gravité des incidents signalés ont très profondément troublé prêtres et laïcs, et elles en ont conduit plus d’un à remettre en question la Foi même de l’Eglise. Il était nécessaire de diffuser un message fort, et de chercher à prendre un nouveau départ, de manière à rendre l’Eglise de nouveau crédible en tant que lumière parmi les peuples, et force au service de la lutte contre les puissances de la destruction.

Comme j’ai moi-même eu à servir dans une position de responsabilité en tant que Pasteur de l’Eglise au moment de la manifestation publique de la crise, et pendant qu’elle se préparait, je me devais de me demander – bien qu’en tant qu’émérite, je ne porte plus directement cette responsabilité – ce que je peux contribuer par ce regard en arrière en vue de ce nouveau départ.

Ainsi, après l’annonce de la rencontre des présidents des  conférences épiscopales, j’ai compilé quelques notes qui pourraient me permettre de contribuer quelques remarques utiles en ces heures graves.

Ayant pris contact avec le secrétaire d’Etat, le cardinal Parolin et le Saint-Père lui-même, il m’a semblé opportun de publier ce texte dans le Klerusblatt [un mensuel destiné au clergé des diocèses, pour la plupart de la région de Bavière].

Mon travail est divisé en trois parties.

Dans la première partie, je vise à présenter brièvement le contexte social plus étendu de la question, sans lequel il est impossible de comprendre le problème. Je cherche à montrer qu’au cours des années 1960 il s’est produit un événement monstrueux, à une échelle sans précédent au cours de l’histoire. On peut dire qu’au cours des vingt années entre 1960 et 1980, les critères normatifs de la sexualité se sont entièrement effondrés ; une nouvelle absence de normes est née qu’entre-temps on s’est employé à redresser.
Dans une deuxième partie, je tente d’indiquer les effets qu’a eus cette situation sur la formation et le vie des prêtres.
Pour conclure, dans la troisième partie, je voudrais développer quelques perspectives en vue d’une réponse droite de la part de l’Eglise.

I.
1. Tout commence avec l’introduction, prescrite par l’État et soutenue par lui, des enfants et des jeunes aux réalités de la sexualité. En Allemagne, celle qui était alors ministre de la Santé, Mme [Käte] Strobel, fit réaliser un film où tout ce qui jusqu’alors était interdit de présentation publique, y compris les rapports sexuels, était désormais montré à des fins d’éducation. Ce qui au départ visait seulement l’information des jeunes devait bien entendu par la suite être accepté comme une possibilité généralisée.
Des résultats similaires furent atteints à travers la publication du Sexkoffer par le gouvernement autrichien [une « valisette » controversée de matériaux d’éducation sexuelle utilisée dans les écoles autrichiennes à la fin des années 1980]. Des films de sexe et pornographiques se répandirent entre-temps, à tel point qu’on les montrait dans des cinémas de gare [Bahnhofskinos]. Je me rappelle encore avoir vu, alors que je me déplaçais un jour à pied dans Ratisbonne, une masse de gens faisant la queue devant un grand cinéma – comportement qu’auparavant nous ne voyions qu’en temps de guerre, alors  qu’on pouvait espérer quelque distribution spéciale. Je me rappelle également être arrivé dans cette ville le Vendredi Saint de l’année 1970 et d’avoir vu tous les panneaux publicitaires recouverts de posters montrant deux personnes totalement nues, grandeur nature, étroitement enlacées.
Parmi les libertés que la Révolution de 1968 s’est battue pour conquérir, il y avait aussi cette liberté sexuelle absolue, qui ne tolérait plus aucune norme.
Cet effondrement moral caractéristique de ces années-là était également étroitement lié à une propension à la violence. C’est pour cette raison que les films de sexe n’ont plus été autorisés dans les avions car la violence éclatait alors parmi la petite communauté de passagers. Et puisque les excès dans le domaine l’habillement portaient également à l’agression, des directeurs d’école ont également tenté de mettre en place des uniformes scolaires pour rendre un possible un environnement propice à l’étude.
Faisait partie de la physionomie de la révolution de 1968, le fait que la pédophilie fut alors jugée acceptable et raisonnable.
Pour les jeunes dans l’Eglise au moins, mais pas seulement pour eux, ce fut à bien des égards une époque très difficile, et de plus d’une manière. Je me suis toujours demandé comment des jeunes dans cette situation pouvaient se diriger vers le sacerdoce et l’accepter, avec toutes ses conséquences. L’effondrement important qui a frappé la nouvelle génération de prêtres dans ces années-là, et le nombre très élevé de réductions à l’état laïc, furent la conséquence de tout ce processus.
2.  Dans le même temps, et indépendamment de cette évolution, la théologie morale catholique s’est effondrée, laissant l’Eglise sans défense face à ces changements sociétaux. Je vais essayer d’esquisser brièvement la trajectoire de cette évolution.
Jusqu’au concile Vatican II, la théologie morale catholique était dans une large mesure fondée sur la loi naturelle, tandis que l’Ecriture sainte n’était citée que pour fournir un contexte ou une confirmation. Dans les efforts du Concile en vue d’une nouvelle compréhension de la Révélation, l’option de la loi naturelle fut largement abandonnée, et on exigea une théologie morale fondée entièrement sur la Bible.
Je me rappelle encore que la faculté jésuite de Francfort permit à un jeune père extrêmement doué (Bruno Schüller) de développer une morale entièrement fondée sur l’Ecriture sainte. La belle dissertation du P. Schüller constitue un premier pas vers la construction d’une morale fondée sur l’Ecriture. Le P. Schüller fut alors envoyé en Amérique pour faire des études supplémentaires ; il en revint en reconnaissant qu’en partant de la seule Bible, la morale ne pouvait être présentée de manière systématique. Il tenta alors d’établir une théologie morale plus pragmatique, sans pour autant parvenir à apporter une réponse à la crise de la morale.
Finalement, c’est dans une large mesure l’hypothèse selon laquelle la morale devait être exclusivement déterminée en vue des fins de l’action humaine qui devait prévaloir. La vieille expression « la fin justifie les moyens » n’était certes pas affirmée sous cette forme grossière, mais la manière de penser qui y correspond était devenue déterminante. Par voie de conséquence, plus rien ne pouvait désormais constituer un bien absolu, pas plus qu’il ne pouvait y avoir quelque chose de fondamentalement mauvais,  mais seulement des jugements de valeur relative. Le bien n’existait plus, mais seulement le mieux relatif, dépendant du moment et des circonstances.
La crise du fondement et de la présentation de la morale catholique atteignit des proportions dramatiques à la fin des années 1980 et dans les années 1990. Le 5 janvier 1989, la « Déclaration de Cologne » signée par 15 professeurs catholiques de théologie était publiée. Elle avait pour objet les différents points de crise dans la relation entre le magistère épiscopal et la travail de la théologie. Ce texte, qui dans un premier temps ne dépassa pas le niveau habituel de protestation, se transforma rapidement en tollé contre le magistère de l’Eglise, rassemblant de manière audible et visible tout le potentiel de protestation contre les textes doctrinaux de Jean-Paul II qui étaient alors attendus (cf. D. Mieth,  Kölner Erklärung, LThK, VI3, p. 196) [LTHK désigne le Lexikon für Theologie und Kirche, un « Lexique de la théologie et de l’Eglise » de langue allemande, qui comptait parmi ses rédacteurs en chef Karl Rahner et le cardinal Walter Kasper, note du traducteur d’EWTN.]
Le pape Jean-Paul II, qui connaissait très bien la situation de la théologie morale et qui la suivait avec vigilance, commanda des travaux en vue d’une encyclique qui remettrait ces choses à l’endroit. Elle fut publiée sous le titre Veritatis splendor le 6 août 1993, et provoqua de vives contre-réactions de la part de théologiens moraux. Auparavant, le Catéchisme de l’Eglise catholique avait déjà présenté de manière convaincante et systématique la morale proclamée par l’Eglise.
Je n’oublierai jamais comment le théologien moral allemand le plus reconnu à l’époque, Franz Böcke, qui était retourné dans sa Suisse natale pour sa retraite, déclara au vu des choix possibles de l’encyclique Veritatis splendor, que si cette encyclique devait affirmer que certaines actions doivent toujours et en toutes circonstances être qualifiées de mauvaises, il élèverait la voix contre elle avec toute la force dont il disposait.
C’est Dieu qui dans sa bienveillance lui épargna la mise en œuvre de cette résolution ; Böcke mourut le 8 juillet 1991. L’encyclique fut publiée le 6 août 1993, et elle comporta en effet l’affirmation selon laquelle il existe des actions qui ne peuvent jamais devenir bonnes.
Le pape était alors pleinement conscient de l’importance de cette décision, et pour cette partie de son texte, il avait de nouveau consulté des spécialistes de premier plan qui ne participaient pas à la rédaction de l’encyclique. Il savait qu’il ne pouvait et ne devait laisser subsister aucun doute quant au fait que la morale de la pesée des intérêts doit respecter une limite ultime. Il y a des biens qui ne sont jamais sujets à une mise en balance.
Il y a des valeurs qui ne doivent jamais être abandonnées en vue d’une plus grande valeur, et qui surpassent même la préservation de la vie physique. Il y a le martyre. Dieu est davantage, davantage même que la survie physique. Une vie achetée par la négation de Dieu, une vie fondée sur un mensonge ultime, est une non-vie.
Le martyre est une catégorie fondamentale de l’existence chrétienne. Le fait que le martyre n’est plus moralement nécessaire dans la théorie avancée par Böckle et tant d’autres montre que c’est l’essence même du christianisme qui est ici en jeu.
En théologie morale, cependant, une autre question était entre-temps devenue pressante : la thèse selon laquelle le magistère de l’Eglise devait avoir la compétence finale (« infaillibilité ») seulement dans des matières concernant la foi elle-même avait obtenu une adhésion très large ; les questions relatives à la morale ne devaient pas faire partie du champ des décisions infaillibles du magistère de l’Eglise. Il y a probablement quelque chose de vrai dans cette hypothèse qui mérite d’en discuter plus avant. Mais il existe un ensemble minimum de principes moraux qui est indissolublement lié au principe fondateur de la Foi et qui doit être défendu si la Foi ne doit pas être réduite à une théorie mais au contraire reconnue dans ses droits par rapport à la vie concrète.
Tout cela rend visible  à quel point fondamental l’autorité de l’Eglise en matière de morale est remise en question. Ceux qui nient à l’Eglise une compétence d’enseignement ultime dans ce domaine l’obligent à rester silencieuse précisément là où la frontière entre la vérité et les mensonges est en jeu.
Indépendamment de cette question, on a développé dans de nombreux cercles de théologie morale, la thèse selon laquelle l’Eglise n’a pas, et ne peut avoir sa propre morale. On soutenait cela en faisant remarquer que toutes les thèses morales connaîtraient également des parallèles dans d’autres religions et que par conséquent, une morale proprement chrétienne ne pouvait exister. Mais la question du caractère propre d’une morale biblique n’est pas réglée par le fait que pour chaque phrase apparaissant ici ou là, on peut aussi trouver un parallèle dans d’autres religions. Il s’agit plutôt de la totalité de la morale biblique, qui en tant que telle est nouvelle et différente de ses éléments individuels.
La doctrine morale de la Sainte écriture trouve en dernière analyse le fondement de son caractère unique de son ancrage dans l’image de Dieu, dans la foi au Dieu unique qui s’est montré en Jésus-Christ et qui a vécu comme être humain. Le Décalogue est une application de la foi biblique en Dieu à la vie humaine. L’image de Dieu et la morale sont indissociables et sont ainsi cause de l’extraordinaire nouveauté de l’attitude chrétienne à l’égard du monde et de la vie humaine. En outre, le christianisme a été désigné depuis le début par le mot « hodós » [le mot grec signifiant voie, souvent utilisé dans le Nouveau Testament dans le sens de chemin de progrès]. La foi est un voyage et une façon de vivre. Dans l’Eglise ancienne, le catéchuménat fut créé comme un lieu de vie face à une culture de plus en plus démoralisée, où les aspects particuliers et nouveaux de la manière de vivre chrétienne étaient mis en pratique, et en même temps protégés de la manière de vivre ordinaire. Je pense qu’encore aujourd’hui il faut quelque chose qui ressemble à des communautés catéchumènes, de telle sorte que la vie chrétienne puisse s’affirmer à sa propre façon.
II.
 Les réactions ecclésiales initiales.
1.  Le processus, préparé de longue date et toujours en cours de réalisation, de la liquidation de la conception chrétienne de la morale a été, comme j’ai essayé de le montrer, marquée par un radicalisme sans précédent au cours des années 1960. Cette liquidation de l’autorité d’enseignement moral de l’Eglise devait nécessairement produire des effets dans divers domaines de l’Eglise. Dans le contexte de la rencontre des présidents des  conférences épiscopales du monde entier avec le pape François, la question de la vie sacerdotale comme celle des séminaires est d’un intérêt primordial. Pour ce qui est du problème de la préparation au ministère sacerdotal dans les séminaires, il existe dans les faits un vaste effondrement de la forme antérieure de cette préparation.
Dans divers séminaires des clubs homosexuels furent établis, qui agissaient plus ou moins ouvertement et qui ont significativement modifié le climat des séminaires. Dans un séminaire en Allemagne du Sud, les candidats à la prêtrise et les candidats au ministère laïc du référent pastoral [Pastoralreferent] vivaient ensemble. Lors des repas pris en commun, les séminaristes et les référents pastoraux mangeaient ensemble, et ceux des laïcs qui étaient mariés étaient parfois accompagnés de leurs femme et enfants, et même à l’occasion par leur petite amie. Le climat de ce séminaire ne pouvait apporter un soutien à la préparation à la vocation sacerdotale. Le Saint-Siège avait connaissance de tels problèmes, sans en être informé précisément. Comme première étape, une visite apostolique des séminaires des États-Unis fut organisée.
Comme les critères de sélection et de nomination des évêques avaient également été modifiés après le concile Vatican II, la relation des évêques vis-à-vis de leurs séminaristes était également très variable. Par-dessus tout, le critère pour la nomination des nouveaux évêques était désormais leur « conciliarité », ce qui peut évidemment être compris de façons assez différentes.
Dans les faits, dans de nombreuses parties de l’Eglise, les attitudes conciliaires étaient comprises comme le fait d’avoir une attitude critique négative à l’égard de la tradition existant jusqu’alors, et qui devait  désormais être remplacée par une nouvelle relation, radicalement ouverte, au monde. Un évêque, qui avait précédemment été recteur de séminaire, avait permis le visionnage de films pornographiques par les séminaristes, prétendument dans l’intention de les rendre ainsi résistants aux comportements contraires à la foi.
Certains évêques – et pas seulement aux Etats-Unis d’Amérique – rejetèrent la tradition catholique dans son ensemble, cherchant à faire advenir une nouvelle forme moderne de « catholicité » dans leurs diocèses. Cela vaut peut-être la peine de mentionner que dans un nombre non négligeable de séminaires, des étudiants pris sur le fait d’avoir lu mes livres furent jugés inaptes au sacerdoce. On cachait mes livres comme de la mauvaise littérature, et ils n’étaient lus que sous le manteau.
La visite qui eut lieu alors n’apporta pas de nouvelles perspectives, apparemment parce que diverses forces s’étaient réunies afin de dissimuler la situation réelle. Une deuxième visite fut ordonnée, qui permit d’obtenir bien plus d’informations, mais dans son ensemble elle n’eut pas de retombées. Cependant, depuis les années 1970 la situation dans les séminaires s’est améliorée de manière générale. Et pourtant, il n’y eut que des cas rares d’un nouveau renforcement des vocations sacerdotales parce que la situation dans son ensemble avait pris un chemin différent.
2.  La question de la pédophilie, telle que je m’en souviens, n’est devenue aiguë qu’au cours de la seconde moitié des années 1980. Entre-temps, c’était déjà devenu une affaire publique aux États-Unis, de telle sorte que les évêques recherchèrent l’aide de Rome, puisque le droit canonique, tel qu’il est écrit dans le nouveau code de 1983, ne semblait pas suffire pour prendre les mesures nécessaires.
Rome et les canonistes romains eurent dans un premier temps des difficultés à prendre en compte ces préoccupations ; dans leur opinion, la suspension temporaire de l’office sacerdotal devait suffire à produire la purification et la clarification. Cela, les évêques américains ne purent l’accepter, puisque les prêtres restaient ainsi au service de l’évêque et pouvaient donc être supposés rester en association directe avec lui. Ce n’est que lentement qu’un renouveau et un approfondissement de la loi pénale du nouveau code, construite délibérément de manière souple, commencèrent à prendre forme.
Outre cela, cependant, il y avait un problème fondamental de perception de la loi pénale. Seul ce qu’on appelait le garantisme était encore considéré comme « conciliaire ». Cela signifie que par-dessus tout, les droits de l’accusé devaient être garantis, à tel point que de fait, toute condamnation était exclue. Comme contrepoids aux options de défense souvent inadéquates offerte aux théologiens accusés, leur droit à la défense par le biais du garantissent même s’étendit à tel point que les condamnations n’étaient guère possibles.
Permettez-moi ici de faire une brève digression. À la lumière de l’étendue des transgressions pédophiles, une parole de Jésus est de nouveau présente dans les esprits, qui affirme : « Mais si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît autour du cou une de ces meules que les ânes tournent, et qu’on le jetât dans la mer » (Marc, 9, 41).
L’expression « ces petits » dans le langage de Jésus signifie les fidèles ordinaires qui peuvent être amenés à chuter dans leur foi par l’arrogance intellectuelle de ceux qui se pensent intelligents. Donc ici, Jésus protège le dépôt de la foi avec une menace insistante de punition adressée à ceux qui lui portent atteinte.
L’utilisation moderne de la phrase n’est pas en elle-même erronée, mais elle ne doit pas obscurcir la signification originale. Selon cette signification il devient clair, contrairement à tous garantisme, que ce n’est pas seulement le droit de l’accusé qui est important et qui a besoin d’une garantie. De grands biens, telle la Foi, sont également importants.
Un droit canonique équilibré, qui corresponde à la l’intégralité du message de Jésus, ne doit donc pas seulement  fournir une garantie aux accusés, dont le respect est un bien légal. Il doit également protéger la Foi, qui est elle aussi un bien légal important. Un droit canonique correctement constitué doit donc contenir une double garantie – une protection légale des accusés, une protection légale du bien qui est en jeu. Celui qui aujourd’hui propose cette conception intrinsèquement claire, on lui fait généralement la sourde oreille dès lors qu’il s’agit de la question de la protection de la foi en tant que bien légal. Dans la conscience générale qu’on a de la loi, la Foi ne semble plus avoir le rang d’un bien qui doit être protégé. Il s’agit là d’une situation alarmante qui doit être sérieusement prise en considération par les pasteurs de l’Eglise.
J’aimerais ici ajouter aux brèves notes sur la situation de la formation sacerdotale au moment où la crise a éclaté de manière publique, quelques remarques concernant l’évolution du droit canonique en cette matière.
En principe, la Congrégation pour le clergé est responsable du traitement des crimes commis par des prêtres. Mais puisque les garantisme dominait à ce point la situation à l’époque, je me suis accordé avec le pape Jean-Paul II pour dire qu’il était opportun d’assigner la compétence de ces infractions à la Congrégation pour la Doctrine de la foi, et sous l’intitulé : « Delicta maiora contra fidem. »
Cette assignation donnait également la possibilité d’imposer la peine maximale,  à savoir l’expulsion du clergé, qui n’aurait pas pu être imposé selon d’autres dispositions juridiques. Ce n’était pas un tour de passe-passe permettant d’imposer la peine maximale, mais une conséquence de l’importance de la foi pour l’église. Il est en réalité important de comprendre que de telles transgressions de la part de clercs nuisent en dernier ressort à la Foi.
C’est seulement là où la Foi ne détermine plus les actions de l’homme que de tels crimes sont possibles.
La sévérité de la punition présuppose cependant aussi une preuve claire de la réalité de l’infraction : cet aspect du garantisme reste en vigueur.
Pour le dire autrement: pour pouvoir imposer la peine maximale de manière légale, il faut une authentique procédure criminelle. Mais à la fois les diocèses et le Saint-Siège étaient dépassés par une telle exigence. Nous avons mis en place une forme minimale des procédures criminelles, laissant ouverte la possibilité pour le Saint-Siège de prendre en main le procès dès lors que le diocèse ou l’administration métropolitaine n’est pas en mesure de le mener. Dans tous les cas, le procès doit être revu par la Congrégation de la Doctrine de la foi de manière à garantir les droits de l’accusé. Pour finir, à la Feria IV (c’est-à-dire l’assemblée des membres de la Congrégation), nous avons établi une instance d’appel de manière à offrir une possibilité d’appel.
Dans la mesure où tout cela allait en réalité au-delà des capacités de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, et parce que des retards se sont faits jour qu’il fallait empêcher en raison de la nature du sujet, le pape François a entrepris des reformes supplémentaires.
III.
1.  Que devons-nous faire ? Faudrait-il que nous créions une autre Eglise pour tout remettre à l’endroit ? Eh bien, cette expérience-là a déjà été faite et elle a déjà échoué. Seuls l’obéissance et l’amour de Notre Seigneur Jésus-Christ peuvent indiquer le droit chemin. Essayons donc d’abord de comprendre de nouveau et de l’intérieur [en nous-mêmes] ce que veut Notre Seigneur, et ce qu’il a voulu de nous.
Je voudrais suggérer d’abord ceci : si nous voulons vraiment résumer très brièvement le contenu de la Foi telle qu’il est exposé dans la Bible, nous pourrions le faire en disant que le Notre Seigneur a entamé avec nous une histoire d’amour dans laquelle il veut récapituler toute la création. La force antagoniste face au mal qui nous menace et qui menace le monde entier, ne peut au bout du compte consister que dans notre entrée dans cet amour. Il est la vraie force antagoniste face au mal. Le pouvoir du mal dérive de notre refus de l’amour de Dieu. Celui qui se confie à l’amour de Dieu est racheté. Le fait que nous ne soyons pas rachetés est conséquences de notre incapacité à aimer Dieu. Apprendre à aimer Dieu est par conséquent la voie de la rédemption des hommes.
Essayons maintenant d’exposer un peu plus ce contenu essentiel de la Révélation de Dieu. Nous pourrions dire alors que le premier don fondamental que nous offre la Foi est la certitude que Dieu existe.
Un monde sans Dieu ne peut être qu’un monde sans signification. Car alors, d’où vient tout ce qui est ? En tout cas, il n’a pas de fondement spirituel. Il est tout simplement là, on ne sait trop comment, et n’a ni but ni sens. Dès lors, il n’y a pas de normes du bien ou du mal. Alors, seul ce qui est plus fort que l’autre peut s’auto-affirmer. Alors, la puissance est le seul principe. La vérité ne compte pas – en fait, elle n’existe même pas. Ce n’est que si les choses ont une raison d’être spirituelle, ayant été voulues et conçues – c’est seulement s’il y a un Dieu créateur qui est bon et qui veut le bien – que la vie de l’homme peut aussi avoir un sens.
Qu’il existe un Dieu créateur, mesure de toutes choses, est tout d’abord un besoin primordial. Mais un Dieu qui ne s’exprimerait pas du tout, qui ne se ferait pas connaître, resterait à l’état d’intuition et ne pourrait ainsi déterminer la forme de notre vie.
Pour que Dieu soit réellement Dieu dans cette création délibérée, nous devons nous tourner vers lui afin qu’Il s’exprime d’une façon ou d’une autre. Il l’a fait de multiples façons, mais ce fut de manière décisive dans cet appel fait à Abraham qui donna aux personnes à la recherche de Dieu l’orientation qui mène au-delà de tout ce qu’on pouvait attendre : Dieu lui-même devient créature, et parle comme un homme avec nous autres êtres humains.
Ainsi la phrase « Dieu est » se transforme en dernière analyse véritablement en Bonne Nouvelle, tant Il est plus qu’une idée, parce qu’Il crée l’amour et qu’Il est l’amour. Rendre de nouveau conscient de cela est la tâche première et fondamentale que nous confie le Seigneur.
Une société sans Dieu – une société qui ne le connaît pas et qui le considère comme n’existant pas – est une société qui perd sa mesure. C’est à notre époque que le slogan «  Dieu est mort » a été forgé. Lorsque Dieu meurt effectivement au sein d’une société, elle devient libre, nous assurait-on. En réalité, la mort de Dieu dans une  société signifie aussi la fin de la liberté, parce que ce qui meurt est la finalité qui permet l’orientation. Et aussi parce que disparaît le compas qui nous indique la bonne direction en nous apprenant à distinguer le bien du mal. La société occidentale est une société dont Dieu est absent de la sphère publique et qui n’a plus rien à lui dire. Et c’est pourquoi il s’agit d’une société où la mesure de l’humanité se perd de plus en plus. Sur des points précis, il devient soudain visible que ce qui est mal et détruit l’homme est devenu la norme acceptée.
Il en va ainsi de la pédophilie. Théorisée il n’y a pas pas très longtemps comme étant tout à fait légitime, elle s’est étendue de plus en plus loin. Et nous nous rendons compte aujourd’hui avec effroi qu’il advient des choses à nos enfants et à nos jeunes qui menacent de les détruire. Le fait que cela ait pu aussi s’étendre dans l’Eglise et parmi les prêtres devrait nous troubler tout particulièrement.
Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En dernière analyse, la raison en est l’absence de Dieu. Nous autres chrétiens et prêtres préférons aussi ne pas parler de Dieu, parce que ce discours ne semble pas pratique. Après le bouleversement de la Seconde Guerre mondiale, nous avons continué en Allemagne de placer expressément notre constitution sous la responsabilité vis-à-vis Dieu en tant que principe conducteur. Un demi-siècle plus tard, il ne fut plus possible d’inclure la responsabilité vis-à-vis de Dieu comme critère de référence de la constitution européenne. Dieu est considéré comme la préoccupation partisane d’un petit groupe et ne peut plus constituer le critère de référence de la communauté dans son ensemble. Cette décision est le reflet de la situation en Occident, où Dieu est devenu l’affaire privée d’une minorité.
Une tâche essentielle, qui doit résulter des bouleversements moraux de notre temps, est que nous commencions nous-mêmes de nouveau à vivre par Dieu et pour Lui. Par-dessus tout, nous devons apprendre de nouveau à reconnaître Dieu comme fondement de notre vie au lieu de le laisser de côté comme une phrase  d’une certaine manière inopérante. Je n’oublierai jamais la mise en garde que m’adressa un jour  dans une de ses lettres le grand théologien Hans Urs von Balthazar. « Ne présupposez pas le Dieu trine, Père, Fils et Saint Esprit – présentez-les ! »
De fait, dans la théologie Dieu est souvent tenu pour acquis, comme si cela allait de soi, mais concrètement on n’en traite pas. Le thème de Dieu semble si irréel, si éloigné des choses qui nous préoccupent. Et pourtant tout change si l’on ne présuppose pas Dieu, mais qu’on le présente. En ne le laissant pas d’une certaine manière à l’arrière-plan, mais en le reconnaissant comme le centre de nos pensées, de nos paroles et de nos actions.
2.   Dieu est devenu homme pour nous. L’homme, sa créature, est si près de son Cœur qu’Il s’est uni à lui, entrant ainsi dans l’histoire humaine d’une manière très pratique. Il parle avec nous, Il vit avec nous, Il souffre avec nous et Il a pris la mort sur lui pour nous. Nous parlons de cela dans le détail en théologie, avec des pensées et des mots savants. Mais c’est précisément de cette manière que nous courons le risque de devenir maîtres de la Foi au lieu d’être renouvelés et gouvernés par la Foi.
Considérons cela par rapport à une question centrale, la célébration de la Sainte eucharistie. La manière dont nous traitons l’Eucharistie ne peut que provoquer de la préoccupation. Le concile Vatican II été à juste titre centré sur la volonté de remettre ce sacrement de la présence du Corps et du Sang du Christ, de la présence de sa Personne, de sa Passion, de sa Mort et de sa Résurrection, au centre de la vie chrétienne et de l’existence même de l’Eglise. En partie, cela a effectivement été réalisé, et nous devons en être reconnaissants au Seigneur du fond du cœur.
Et pourtant, c’est une attitude assez différente qui prévaut. Ce qui prédomine n’est pas une nouvelle révérence envers la présence de la mort et de la résurrection du Christ, mais une manière de Le traiter qui détruit la grandeur du mystère. Lé déclin de la participation à la célébration dominicale de l’Eucharistie montre combien nous autres chrétiens d’aujourd’hui sommes devenus peu capables d’apprécier la grandeur du don que constitue sa Présence Réelle. L’Eucharistie a été dévaluée pour devenir un simple geste cérémoniel, lorsqu’on prend pour acquis que la courtoisie exige qu’elle soit offerte lors des célébrations familiales ou des occasions comme les mariages et les enterrements à tous les invités, pour des raisons familiales.
La manière dont les personnes présentes reçoivent facilement en maints endroits le Saint-Sacrement; comme si cela allait de soi, montre que beaucoup ne voient plus dans la communion qu’un geste purement cérémoniel. Donc, lorsque nous pensons à l’action qui serait nécessaire avant tout, il devient évident que nous n’avons pas besoin d’une nouvelle Eglise de notre invention. Au contraire, ce qui faut d’abord et avant tout, c’est bien davantage le renouveau de la foi en la présence de Jésus-Christ qui nous est donné dans le Saint-Sacrement.
Lors  de conversations avec des victimes de pédophilie, j’ai été amené à une conscience toujours plus aiguë de cette exigence. Une jeune femme qui avait été servante d’autel me dit que l’aumônier, qui était son supérieur en tant que servante d’autel, commençait toujours les abus sexuels commis à son encontre par les paroles : « Ceci est mon corps qui sera livré pour vous. »
Il est évident que cette femme ne peut plus entendre les paroles mêmes de la consécration sans ressentir à nouveau de manière terrifiante toute la torture des abus qu’elle a subis. Oui, nous devons d’urgence implorer le pardon du Seigneur ; et d’abord et avant tout nous devons l’invoquer et lui demander de nous enseigner de nouveau à tous la dimension de sa souffrance, de son sacrifice. Et nous devons tout faire pour protéger le don de la Sainte Eucharistie de tout abus.
3.  Pour finir, il y a le mystère de l’Eglise. La phrase par laquelle Romano Guardini, il y a près de 100 ans, exprimait l’espérance joyeuse qui avait été instillée en lui et en beaucoup d’autres, demeure inoubliée : « Un événement d’une importance incalculable a commencé : l’Eglise se réveille dans les âmes. »
Il voulait dire que l’Eglise n’était plus vécue et perçue simplement comme un système externe qui entre dans nos vies, comme une sorte d’autorité, mais qu’elle commençait plutôt à être perçue comme étant présente dans les cœurs – non comme quelque chose de simplement extérieur, mais comme nous touchant de l’intérieur. Environ un demi-siècle plus tard, reconsidérant ce processus et en regardant ce qui s’était produit, je fus tenté d’inverser la phrase : « L’Eglise meurt dans les âmes. »
De fait, l’Eglise aujourd’hui est largement considérée comme une simple sorte d’appareil politique. On en parle quasi exclusivement en catégories politiques, et cela concerne même les évêques, qui formulent leur conception de l’Eglise de demain en termes quasi exclusivement politiques. La crise causée par les nombreux cas d’abus commis par des prêtres nous pousse à considérer l’Eglise comme quelque chose de misérable : une chose que nous devons désormais reprendre en mains et restructurer. Mais une Eglise fabriquée par nous ne peut fonder l’espérance.
Jésus lui-même a comparé l’Eglise à un filet de pêche où à la fin, les bons poissons sont séparés des mauvais par Dieu lui-même. Il y a aussi la parabole de l’Eglise, figurée par un champ où pousse le bon grain semé par Dieu lui-même, mais aussi l’ivraie qu’« un ennemi » y a secrètement semé. Il est vrai que l’ivraie dans le champ de Dieu, l’Eglise, n’est que trop visible, et que les mauvais poissons dans le filet montrent également leur force. Néanmoins, le champ est toujours le champ de Dieu et le filet est toujours le filet de pêche de Dieu. Et dans tous les temps, il n’y a pas seulement l’ivraie et les mauvais poissons, mais également les moissons de Dieu et les bons poissons. Proclamer les deux choses avec insistance ne relève pas d’une fausse apologétique : c’est un service qu’il est nécessaire de rendre à la vérité.
Dans ce contexte il est nécessaire de se référer à un texte important de l’Apocalypse de saint Jean. Le diable est identifié comme l’accusateur qui accuse nos frères devant Dieu jour et nuit (Apoc. 12, 10). L’Apocalypse de saint Jean reprend ainsi une réflexion qui est au centre du cadre narratif du livre de Job (Job 1 et 2, 10 ; 42, 7-15). Dans ce livre, le diable cherché à rabaisser la droiture de Job devant Dieu, en disant qu’elle n’est qu’extérieure. Il s’agit exactement de ce que dit l’Apocalypse : le diable cherche à prouver qu’il n’y a pas de justes ; que toute la droiture des hommes ne se manifeste qu’à l’extérieur. Si on pouvait s’approcher davantage d’une personne, alors les apparences de droiture s’évanouiraient bien vite.
L’histoire de Job commence par une dispute entre Dieu et le diable, où Dieu avait désigné Job comme un homme vraiment juste. Celui-ci sera utilisé comme exemple, pour vérifier qui a raison. Enlevez-lui ce qu’il possède et vous verrez qu’il ne restera rien de sa piété, soutient le diable. Dieu lui permet de faire cette tentative, dont Job sort victorieux. Alors le diable va plus loin, disant : « L’homme donnera peau pour peau, et tout ce qu’il a pour sauver sa vie ; mais étendez votre main, et frappez ses os et sa chair, et vous verrez s’il ne vous maudira pas en face » (Job, 2, 4).
Dieu concède au diable un deuxième round. Il lui sera également permis de toucher la peau de Job. Il ne lui est interdit que de tuer Job. Pour les chrétiens, il est clair que ce Job, qui se dresse devant Dieu comme un exemple pour l’humanité tout entière, est Jésus-Christ. Dans l’Apocalypse de saint Jean, le drame de l’humanité nous est présenté dans toute son étendue.
Le Dieu créateur est face au diable qui médit de toute l’humanité et de toute la création. Il dit, non seulement à Dieu mais par-dessus tout aux êtres humains : Regardez ce qu’a fait ce Dieu. Cette création prétendument bonne, est en réalité pleine de misère et de répugnance.
Ce dénigrement de la création est en réalité un dénigrement de Dieu. Il cherche à prouver que Dieu n’est pas bon lui-même, et ainsi à nous détourner de lui.
L’actualité de ce que l’Apocalypse nous dit ici est évidente. Aujourd’hui, l’accusation adressée à Dieu vise par-dessus tout à présenter son Eglise comme entièrement mauvaise, et ainsi, à nous en détourner. L’idée d’une Eglise meilleure, que nous créerions nous même, est en réalité une suggestion du diable, par laquelle il cherche à nous éloigner du Dieu vivant, au moyen d’une logique trompeuse par laquelle nous nous laissons trop facilement duper. Non, même aujourd’hui l’Eglise n’est pas composée seulement de mauvais poissons et d’ivraie. L’Eglise de Dieu continue d’exister aujourd’hui, et aujourd’hui, elle est l’instrument même par lequel Dieu nous sauve.
Il est très important de contrer les mensonges et demi-vérités du diable au moyen de la vérité tout entière : oui, il y a des péchés dans l’Eglise, il y a du mal. Mais aujourd’hui encore il y a la sainte Eglise, qui est indestructible. Aujourd’hui il y a beaucoup de gens qui croient, souffrent et aiment humblement, dans lesquels le vrai Dieu, le Dieu d’amour, se montre à nous. Aujourd’hui encore Dieu a ses témoins (ses « martyrs ») dans le monde. Nous devons simplement veiller, pour les voir et pour les entendre.
Le mot « martyr »  nous vient du droit procédural. Dans le procès contre le diable, Jésus-Christ est le premier et le véritable témoin de Dieu, Il est le premier martyr, suivi depuis lors par d’innombrables autres martyrs.
Aujourd’hui l’Eglise est plus que jamais une Eglise des martyrs, et elle est ainsi témoin du Dieu vivant. Si nous regardons autour de nous et que nous écoutons d’un cœur attentif, nous pouvons vous trouver des témoins partout aujourd’hui, spécialement parmi les gens ordinaires, mais aussi dans les plus hauts rangs de l’Eglise, qui par leur vie et leur souffrance, se lèvent pour Dieu. C’est une inertie du cœur qui nous conduit à ne pas vouloir les reconnaître. L’une des tâches les plus grandes et des plus essentielles de notre évangélisation est d’établir, autant que nous le pouvons, des lieux de vie de Foi, et par-dessus tout, de les trouver et de les reconnaître.
Je vis dans une maison, une petite communauté de personnes qui découvrent de tels témoins du Dieu vivant, encore et toujours, dans la vie quotidienne, et qui me le font remarquer à moi aussi avec joie. Voir et trouver l’Eglise vivante est une tâche merveilleuse qui nous rend plus forts et qui nous donne de nous réjouir de nouveau dans notre foi, toujours.
À la fin de mes réflexions je voudrais remercier le pape François pour tout ce qu’il fait pour nous montrer, encore et encore, la lumière de Dieu, qui n’a pas disparu, même aujourd’hui. Merci, Saint-Père !
Nous vivons un changement civilisationnel dont le moteur est culturel. La famille dite traditionnelle - qui est simplement la famille naturelle - diminue massivement en nombre et en influence sociale. Le politique est de plus en plus centré sur la promotion de l’individualisme a-culturel, a-religieux et a-national. L’économique accroît des inégalités devenues stratosphériques et accélère et amplifie le cycle des crises. L'Église est pourfendue; clercs et laïcs sont atterrés.
Une culture nouvelle jaillira inévitablement de ces craquements historiques.
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