mardi 31 mai 2011

c'est lui le héris qui apporte le salut - textes du jour

Mardi 31 Mai 2011



Chaque jour, avec une insistance que le bonheur a bien davantage que le malheur, car il est objectif et intime tandis que le malheur est le mélange qui se fait en nous des circonstances et de la réception coup après coup, chaque jour, l’évidence que l’amour mutuel nous sauve seul, et qu’en nous le recommandant aussi fortement le Christ est non seulement réaliste mais thérapeute. Evidence aussi, inacessible pour Don Juan et perdue de vue par le législateur sur la famille et les relations de couple, que cet amour mutuel a pour cathédrale principale à ornementer et à visiter de partout, la cellule familiale elle-même totalement fonction du couple et de son aventure, chaque jour, chaque nuit, recommencée. Prier… justement, la visitation d’Elisabeth par sa toute jeune cousine, Marie [1]. Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem… Le roi d’Israël, le Seigneur est en toi. Tu n’as plus à craindre le malheur… Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête. Intériorité, demeurance, pacification et apaisement, tout cela signifié avec prodigalité à la fiancée, à la Vierge, à l’Eglise, à chacune de nos âmes, en duo décisif. Réponse qui nous est inspirée : béni le Dieu qui me sauve : j’ai confiance, je n’ai plus de crainte. Ma force et mon chant, c’est le Seigneur : il est pour moi le salut. Le visage, la silhouette, l’apparition, la présence de Marie proclament à sa cousine le surnaturel d’une destinée non seulement prodigieuse, mais éminemment personnelle, intériorisée, vécue : comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Qu’Elisabeth ait pu deviner l’événement que vient lui apprendre sa cadette ! qu’elle soit en avance de quatre siècle sur les conciles de l’Eglise proclamant Marie, mère de Dieu ! simplement, elle-même porte en son sein le Précurseur, celui qui désignera, sur les bords du Jourdain à la foule des pélerins et des pénitents, le Christ… quand Elisabeth entendit la salutation (sans doute banale et familière) de Marie, l’enfant tressaillit en elle. La mère du Baptiste conclut, en contemplative d’autrui et non d’elle-même : Heureuse, celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. Marie reprend, avant de commencer cette sorte de retraite (Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois, puis elle retourna chez elle, avec l’explication à donner à son fiancé, lequel n’accepte que sur indication expresse de Dieu)… le Magnificat est en trois parties très distinctes. L’action de grâce personnelle, celle rendue pour la rencontre du Seigneur, du divin : elle est naturelle à l’âme qui dans sa pauvreté native est visitée, et donc exaltée. Puis, c’est la contemplation du Dieu de l’histoire, de l’univers, de la société, de toute justice, de tout amour. Enfin, c’est le sceau de la mémoire, non seulement scripturaire mais qu’ont inscrite en tout homme, en tout vivant, sa nostalgie du bonheur et de l’éternité, de l’accomplissement. Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Il s’est penché sur son humble servante. Conscience de soi qui est donnée à Marie de résumer, en elle-même et par sa maternité d’exception, toute l’histoire et toute la dialectique du salut : désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles. De fait, on ne peut faire mieux, ni recevoir davantage que l’incarnation de Dieu en soi…Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides… il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères… Paul, dont « le chemin de Damas » n’est pas seulement celui de son retournement et de sa conversion, mais aussi un « chemin d’Emmaüs » en ce sens qu’il comprend dès lors l’ensemble des Ecritures qui sont son fondement intellectuel, la raison de son zéle de persécuteur des chrétiens, et il les lit désormais en termes de vie. Il est devenu pasteur, écho d’Isaïe, écho de Marie et d’Elisabeth : que votre amour soit sans hypocrisie….Soyez unis les uns aux autres par l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres, ne brisez pas l’élan de votre générosité. Quel que soit le livre de la Bible, la très vive intuition psychologique, la science du cœur et de l’âme. N’ayez pas le goût des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est simple.

[1] - Sophonie III 14 à 18 ; Paul aux Romains XII 9 à 16 ; cantique Isaie XII 2 à 6 passim ; évangile selon saint Luc I 39 à 56

lundi 30 mai 2011

il donne aux humbles l'éclat de la victoire - textes du jour

Lundi 30 Mai 2011



Prier…[1] Puisque vous avez reconnu ma foi au Seigneur, venez donc loger dans ma maison. C’est le début de la prédication de Paul en Europe, le naturel de son abord des gens, une pastorale sans instructions de méthode, et une aventure telle que le Christ la vivait avec ses disciples, quelques années auparavant. La disposition de certaines et certains… la rencontre donc de Lydia : elle nous écoutait car le Seigneur lui avait ouvert l’esprit pour la rendre attentive à ce que disait Paul. Elle se fit baptiser avec tous les gens de sa maison. J’ai eu la grâce de vivre quelques njours à Samothrace, où j’étais allé chercher le site d’où a été enlevée la fameuse « victoire » et j’y fus bloqué ar une tempête, n’ayant pour m’occuper qu’une des premières éditions de l’autobiographie de Thérèse de Lisieux. Dans un endroit portant à l’événement intérieur, je rencontrai une âme de géant spirituel. Grâce aussi d’avoir arpenté le site de Philippes, calme, silence, oliviers, et verdure comme température particulièrement agréable pour la Grèce en général. Il n’y avait plus que le site, pratiquement sans ruines ni statut, mais l’Esprit n’en était que plus présent. Il n’y avait personne… La Grèce du nord et les îles de l’Egée concentrent et ne dispersent pas, ce ne sont pas des lieux de passage, ce sont des phares et des môles, dont la fgorce n’est pas violente et n’a d’attributs que ceux qu’on leur apporte ou vient y chercher. Ce sont des lieux – rares à mon expérience – où l’harmonie est parfaite entre ce qu’ils sont physiquement et ce qu’ils ont inspiré en textes et en prière, en contemplation autant profane que totale et spirituelle. La spontanéité et l’évidence de cette harmonie sont une véritable proposition de vie, à tous égards. Paul avait toutes raisons de demeurer là … du temps. Lydia, prédisposée à l’accueil, et d’autres prédiposés au contraire : l’heure vient où tous ceux qui vous tueront s’imagineront offrir ainsi un sacrifice à Dieu. Ils le feront parce qu’ils ne connaissent ni le Père ni moi. A lire ligne à ligne Jean de Patmos, une sensation de tranquillité et de sérénité émane du Christn, et pourtant Celui-ci prophétise à l’envie sa propre mort et le partyr de ses fidèles. C’est bien que la vie l’emporte sur la mort, que les complexités de destinée de chacun se résolvent dans l’adhésion et la foi. Car le Seigneur aime son peuple, il donne aux humbles l’éclat de la victoire.



[1] - Actes des Apôtres XVI 11 à 15 ; psaume CXLIX ; évangile selon saint Jean XV 26 à XVI 4

dimanche 29 mai 2011

alors, Pierre et Jean leur imposèrent les mains - textes du jour

Dimanche 29 Mai 2011


Prier…. [1] l’Esprit de vérité, le monde est incapable de le recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous, et qu’il est en vous. Nos sens incapables de saisir, comprendre et assimiler. L’incarnation du Fils de Dieu donne aux disciples de voir, entendre et toucher, ce qui ne les avance guère plus dans la foi qui reste fonction de leurs projets et de leur culture, mais il y a ce Maître mystérieux, délicat, proche, étonnant. Résultat : l’Esprit-Saint, la Pentecôte et les millénaires d’une foi chrétienne qui n’est pas exclusive de l’attente et de la foi juives ni de la démarche et de l’exigence musulmane : Abraham, Isaac, Ismaël et le fils de David. Celui qui m’aime sera aimé de mon Père. Voilà pour notre intime. Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est avec vous. Elle était à zéro, pour Pierre, attendant dans la cour, la condamnation de Jésus par la hiérarchie religieuse du temps… mais faites-le avec douceur et respect. Voilà pour nos Croisades d’il y a dix ou huit siècles ou nos haines et peurs de l’Islam aujourd’hui, et entretemps nos guerres de religion, et autres…. L’Esprit n’était encore venu sur aucun d’entre eux : ils étaient seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils recevaient le Saint-Esprit. Voilà pour la vie sacramentelle d’hier et aujourd’hui. Ce Jésuite, seul de son espèce, du moins à s’afficher, au stand de librairie de la fête de mon collège : pas de succès, alors que Nicolas Doucet et sa bande dessinée. Il me fait parler sur notre fille, je réponds : dessin et chiens, et j’ai une magnifique dédicace improvisée au début de chacun des albums que je lui présente. Le livre du Jésuite, les sacrements dans la vie de tous jours ou quelque chose du genre. Thème de la bande dessinée : les facéties en famille… Les deux sont de même vérité et ne font qu’un. – Richesse de ces Actes des Apôtres, tant au spirituel que pour les questions pratiques alors résolues. Comment n’avons-nous pas encore un pape se choisissant pour nom de pontife : Pierre-Jean. Bien des chrétiens l’ont déjà osé. Les six ou huit premiers chapitres des Actes racontent la fécondité et la puissance extraordinaire de ce binôme, deux générations, deux spiritualités, deux rapports au Christ. Et cette marche ensemble dans la fondation, dans la prison, dans le gouvernement de l’Eglise, dans la formation accélérée donnée à Paul le géant, dans le martyre, dans le témoignage de la foi, de l’écrit, de la prière. A.M.D.G.

[1] - Actes des Apôtres VIII 5 à 17 passim ; psaume LXVI ; 1ère lettre de Pierre III 15 à 18 ; évangile selon saint Jean XIV 15 à 21

vendredi 27 mai 2011

mon coeur est prêt - textes du jour

Vendredi 27 Mai 2011


Prier… [1] Dieu de toute force, Dieu de joie et de vie, Dieu incarné en ton Fils, Jésus-Christ, je Te prie et Tu me demandes de Te prier. Dans le msytère de tout ce qui est essentiel, existe une clarté, Ta clarté, celle de Ton Fils. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ait choisis et choisis par pour une sorte de complaisance divine égoiste, un Dieu se donnant une compagnie, celle de ses analogues en moins bien, ou un Dieu de sentiments nous dispensant de liberté et somme toute de la vie qui est aussi événements, épreuves, circonstances. C’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Une valorisation de chacun de nous, un aboutissement. Une relation surtout : alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera. Les récits de la fondation ecclésiale commentent par les faits ce plan divin, tel que le Christ l’exposait avant sa Passion : ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci… c’est l’accueil des païens sans leur imposer les rites et habitudes de leurs catéchistes et missionnaires, originaires d’une autre culture et d’une autre civilisation. Echo de l’exhortation du Christ : ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. On entre alors dans le mystère de nos natures et des circonstances, également rétives, dans le constat de nos limites mais aussi dans la simplicité sobre, nue de ce qui fait le poids et la vérité d’une existence humaine, hors course à toute possession, carrière, notoriété, accumulation, hors estime de soi.

[1] - Actes des Apôtres XV 22 à 31 ; psaume LVII ; évangile selon saint Jean XV 12 à 17

jeudi 26 mai 2011

il réalise ainsi ses projets, qui sont connus depuis toujours - textes du jour

Jeudi 26 Mai 2011



Eveillé depuis une grande heure. L’angoisse de la fin d’hier après-midi est là de nouveau. La littérature spirituelle est prodigue sur la joie, surtout la « joie sans cause », présentée ou identifiée comme la visitation de Dieu en notre âme, mais l’angoisse ? la Bible présente la folie comme la pire malédiction, la peur en est précurseur, le psalmiste l’évoque que l’on récite à Complies et le Christ – mais avec des raisons parfaitement identifiées – sue d’angoisse. [1] L’angoisse pressentiment ? science ? relation, la nôtre avec le temps, avec l’usure de l’échec, avec la mort et tout inconnu, avec l’absence de Dieu et de sa prévenance, de son salut immédiat et final ? tandis que la joie est présence, elle n’anticipe rien, elle a tout. Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Décidément, notre participation à l’amour trinitaire, autant dire – et nous le savons – notre participation à la vie divine. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie. Joie parce que nous anticipons dans la foi ? non, joie parce qu’elle est nous est donnée immédiatement. Elle prend forme de prière puisque je l’accueille, que je la ressente ou pas. La confiance. Antidote de toute peur. L’angoisse n’est pas la peur, elle est la prison de l’âme. Je reconstruirai ce qui était en ruines, je le relèverai. Alors, le reste des hommes cherchera le Seigneur, ainsi que les nations païennes sur lesquelles mon nom a été prononcé. Voilà ce que dit le Seigneur. Il réalise ainsi ses projets qui sont connus depuis toujours. L’avenir, l’histoire, le sens, la connaissance n’est pas que discernement, elle est participation à notre salut. Mon salut quel que soit ce chemin de maintenant ouvert à mon ignorance autant qu’à ma confiance. Allez dire aux nations : ‘Le Seigneur est roi !’ Le monde, inébranlable, tient bon. L’angoisse sans cause que je sache, mais le salut entendu comme un appel, l’appel d’une Personne. L’angoisse solitude sans repère, le salut comme une direction et la rencontre. M’envelopper, moi et qui j’aime, et qui m’aime.


[1] - Actes des Apôtres XV 7 à 21 ; psaume XCVI ; évangile selon saint Jean XV 9 à 11

mercredi 25 mai 2011

en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire - textes du jour

Mercredi 25 Mai 2011



Prier en action de grâce si décontenançant soit le présent… [1]. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Pas un lien de dépendance, pas une recette d’efficacité et de fécondité, quoique pratiquement il y ait de cela, mais une commune, une mutuelle demeurance, qui caractérise le royaume des Cieux, notre participation à la vie trinitaire. Cette insistance du Christ sur la nature de son rapport au Père, et par analogie ou tout simplement parce que le principe de la vie – le réel, au sens le plus global, total, accompli, entendu du terme – est là : demeurer l’un dans l’autre, les uns dans les autres. Réalisation de l’unité. Parabole que nous donne l’étreinte sexuelle, union et fécondité comprise. Ambition de tout bonheur, jamais solitaire mais jamais non plus anéantissant. En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. L’être a pour attribut le faire. Jean philosophe, évidemment, mais c’est question de vie et c’est la tranquille compréhension de ce qu’a montré le Seigneur, avec aussi cette entreprise de Dieu sur nous : qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie pour qu’il en donne davantage… Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Comment réaliser et maintenir cette union au Christ ? de tous à tous ? Il y a le dessein – la Création permanente – le dessein de Dieu : ce qui fait la gloire de mon Père, cest que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi vous serez pour moi des disciples. Il y a la prière quelle que soit sa forme, quel que soit son appellation : si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez et vous l’obtiendrez. Nous serons en effet dans le dessein de Dieu, selon son dessein. Type d’intelligence, d’exposé, d’expression de Jean : elle est en partie marquée par une époque, sans doute par l’hellénisme, c’est l’affaire de l’écriture de cet évangile tardif, mais elle est surtout faite d’une osmose pas seulement affective avec le Christ. Ce dernier parle en parabole, s’exprime et se fait comprendre ainsi. La redite, la repasse, une forme de commentaire nous élevant à la théorie, à l’abstraction – pourrions-nous croire – sont le génie et l’inspiration johanniques. En fait, si parfait et ingénieux que cela soit, ce n’est finalement que le balbutiement humain avant de tomber dans la prière et le silence. Ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux.



[1] - Actes des Apôtres XV 1 à 6 ; psaume CXXII ; évangile selon saint Jean XV 1 à 8

mardi 24 mai 2011

si vous m'aimiez - textes du jour

Mardi 24 Mai 2011


Prier… [1] les débuts du christianisme (comme aujourd’hui la persévérance dans beaucoup de pays, quoique la persécution de nos jours soit quasiment systématique pour tout ce qui n’est pas dans la norme dominante, qu’il s’agisse de foi, de mœurs ou d’expression, et cela vaut pour la France, je crois, rien que dans un village, le non-habituel est passible de ségrégation), les premiers disciples vivaient dans une ambiance dangereuse. Le Christ avait été exécuté, Etienne aussi… ils affermissaient le courage des disciples ; ils les exortaient à persévérer dans la foi, en disant ‘Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu’. Les grandes fondations se vivent ainsi, notre foi a ses racines historiques, qui devraient d’ailleurs nous faire combattre les combats d’autres fois, d’autres religions, d’autres convictions qui sont généralement de résistance contre la violence, plus qu’initiative de violence. Du moins à l’époque contemporaine. Complexité de toute expression réprimée, de toute conquête si elle devient celle du pouvoir. La geste des Apôtres, leurs actes ne sont pas une conquête du pouvoir. Ayant réuni les membres de l’Eglise, ils leur racontaient tout ce que Dieu avait fait qvec eux, et comment il avait ouvert aux nations païennes la porte de la foi.. Pour l’Eglise « primitive », la propagation de la foi n’est le fait que Dieu, ses témoins, tout témoin ne sont que les récitants. Son nom très saint, que toute chair le bénisse. Il n’y a que Jésus, au cours de son ministère public, pour être parfois déçu, découragé, attristé par l’accueil refusé à sa parole. Les Apôtres, au contraire, selon les Actes ou leurs lettres ne le sont jamais ; constamment, ils se sentent et se disent « portés ». Je vous ai dit toutes ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivenr ; ainsi, lors qu’elles arriveront, vous croirez. Reste la nature humaine, et le Seigneur l’a en partage avec nous… la tristesse des départs et des séparations, Paul quittant ses communautés, Jésus lors de la dernière Cène, les disciples : je m’en vais et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je vais vers le Père car le Père est plus grand que moi.


A la fin de la messe, à laquelle je viens d’ « assister », question au célébrant par une de ses paroissiennes : comment est-ce possible ? le Fils égal en tout… même honneur et même gloire… J’entends mal la réponse : humanité du Christ, etc… La pieuse femme comprend avant et après la Résurrection, avant il serait inférieur, et pas après. Je la félicite ensuite pour le fait-même de son interrogation, et sans répondre moi-même, lui dis combien dans la Bible, nous pouvons être arrêté – et demeurer sans réponse – par des moments du texte : dans mon cas, par exemple, le Christ porté à la perfection par sa souffrance alors que d’évidence il est parfait de toute éternité, puisqu’il est Dieu. Mais je préfère que nous considérions ensemble la condition dans laquelle nous accédons au texte : faute d’être polyglotte et en lettres anciennes ou versés dans toutes exégèses, nous lisons des traductions, quel est le mot juste, quel est le sens ? Et le sens. Le texte fut écrit dans une mentalité et pour une mentalité. Il y avait entente sur ce dont il était question, même s’il y avait désaccord sur le fond. Les mots, les comparaisons, les images, les circonstances étaient en intime partage. Ainsi, le Christ est-il parfaitement compris aussi bien dans sa prétention divine que dans ses paraboles et comparaisons, compris en tout cas de ses adversaires et à proportion de l’animosité de ceux-ci. Mais nous ? les allusions, les modes de vie, de pensée rendent notre lecture plus superficielle, et nous risquons aussi de nous approprier au prétexte d’actualiser… Quant à nos frères et sœurs d’autres civilisations, peut-être sont-ils plus simples que nous ? et l’Ecriture au total est à la fois à recevoir « au pied de la lettre » dont il a été dit qu’aucune ne sera effacée, et dans le souffle de l’Esprit. Et puis ce que nous comprenons ne se dit pas toujours, la contagion pour l’essentiel est regard, commune présence. La femme en question me dit simplement : je suis inconditionnelle de Dieu, mais c’est si l’on m’interroge… une autre écoutait, silencieuse. – « Mon » recteur, Denis M., voulait me voir ce matin : c’est pour m’annoncer son départ, et surtout sa destination l’île de Groix, à quatre-vingt ans passés. J’ai répondu : une chance spirituelle, pour vous, mon père. Pour nous, à la fois la tristesse, la fin d’une facilité, celle de votre proximité, et l’investissement d’aller jusqu’à vous. C’était bien l’évangile du je m’en vais et je reviens. A cette femme, sans âge, que je n’ai vu ni avec mari ni avec enfant, je crois n’avoir finalement fait remarquer que si nous listons nos difficultés de lecture et de compréhension, nous nous apercevons – en creux – que ce qui nous allait de soi, dans notre foi, dans nos écoutes diverses, est peut-être moins acquis que nous ne le pensions. – Je n’ai pas encore récité le Magnificat auquel mon confesseur d’avant Pâques m’avait « condamné ».

[1] - Actes des Apôtres XIV 19 à 28 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Jean XIV 27 à 31

lundi 23 mai 2011

pour quelle raison ? - textes du jour

Lundi 23 Mai 2011


Prier… [1] portée des psaumes : le ciel, c’est le ciel du Seigneur ; aux hommes, il a donné la terre. Séparation ? répartition ? toute la vie dit le contraire. Ou données de la rencontre ? Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père. On est loin ? ou au-dessus ? ou en deçà de la foi ? ou est-ce équivalent ? et ce conditionnel futur ? Moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui. On est tout simplement dans le plus concret. Question de Judas, dont je ne me souvenais pas vraiment, et qui revient : intense, car on garde surtout en mémoire le défilé des apôtres questionnant le Christ, le traître, est-ce moi ? Judas donc : Seigneur pour quelle raison vas-tu te manifester à nous, et pas au monde ? Jésus ne le prend pas à partie. Ne le désigne pas, mais ne lui répond pas. Judas pourtant pose la question de la prédestination, du choix des disciples, alors que Christ posant celle de l’amour suppose résolue par chacun celle de la liberté. Liberté d’aimer ou pas, de trahir ou pas. Pierre et Judas vont trahir, aucune importante pour le premier, lien de cause à effet fantastique par le second. Le premier aime : Pierre, m’aimes-tu ? – Seigneur, tu sais bien que je t’aime. Ter… Celui qui ne m’aime pas, ne restera pas fidèle à mes paroles. Quant aux moyens, ils sont donnés : le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. Judas est dans le plan de ces Lycaoniens qui prenaient Barnabé pour Zeus, et Paul pour Hermès, puisque c’était lui le porte-parole, à la guérison d’un des leurs. Nous ne sommes que des hommes, tout comme vous… convertissez-vous au Dieu vivant. Etre, vivre, penser, parfois croire aimer : à côté. Leurs idoles : or et argent, ouvrages de mains humaines. Et autres carrières, notoriétés, titres et possessions. La parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Notre mouvement constant d’appropriation pour nous-mêmes ou pour saisir ce que nous pensons satelliser matériellement ou mentalement. Le mouvement, au contraire, de Dieu se désappropriant constamment.


[1] - Actes des Apôtres XIV 5 à 18 ; psaume CXV ; évangile selon saint Jean XIV 21 à 26

dimanche 22 mai 2011

il aime le bon droit et la justice - textes du jour

Dimanche 22 Mai 2011


Prier…[1] bonté, humilité, silence. Pas même un regard. Discrétion de la vie quand elle est vraie. Redite du discours après la Cène. Tranquillité du Christ alors que… les deux questions décisives, celle de Thomas : comment pourrions-nous savoir le chemin ? et celle de Philippe : montre-nous le Père et cela nous suffit. Il y a au moins le discernement de l’essentiel chez ces gens qui se sont attachés à ce maître. Les réponses de Jésus sont sans hésitation et nous libèrent de toute hésitation : je suis la Voie, la Vérité, la vie… Celui qui m’a vu a vu le Père. Et conclusion qui aurait dû éclairer pour les disciples toute la Passion et le Golgotha : ne soyez donc pas bouleversés, vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ? La fondation pratique de l’Eglise, l’institution des diacres, l’organisation sont tout aussi sereines : la proposition plut à tout le monde, alors même que la tendance au « communautarisme » allait diviser les premiers chrétiens : les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque, et c’était à propos du quotidien : ils trouvaient que, dans les secours distribués quotidiennement, les veuves de leur groupe étaient désavantagées. Sensation de mouvement, le Christ va à sa Passion, donc à sa glorification finale et à la nôtre, l’Eglise a – à l’époque – bien démarré., à telle enseigne que la hiérarchie juive passe de son côté… la parole du Seigneur gagnait du terrain, le nombre des disciples augmentait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs accueillaient la foi.

[1] - Actes des Apôtres VI 1 à 7 ; psaume XXXIII ; 1ère lettre de Pierre II 4 à 9 ; évangile selon saint Jean XIV 1 à 12

vendredi 20 mai 2011

en entendant cela, les païens étaient dans la joie - textes du jour

Samedi 21 Mai 2011


Hier soir

Vivement impressionné hier soir, avant de descendre me coucher, j’étais remonté à notre grande salle-de-bains … mon corps dans la glace, selon la glace. J’ai failli il y a deux-trois ans retrouver un ventre quasiment plat, il ballonne et pend comme une baudruche d’enfant se dégonflant, accroché je ne sais où, j’ai des mamelles affalées, le haut du dos arrondi parfaitement ce qui n’est pas nouveau, mais de face je tenais encore : c’est fini, les épaules décharnées, la suspension des épaules et des bras, le positionnement du cou m’ont fait penser – par ce décharnement – à ces dessins d’anatomie, ou à ces figures de la mort : pas le squelette, mais la peau diaphane, fripée comme un tissu de médiocre qualité jeté sur une structure innommable. Ni os ni peau, résidu pas même de cadavre, seulement ce qu’il en reste après… Mais il faut que je fasse avec cela, avec « moi ». Ce n’est que changement de peau, c’est le cas de l’écrire, je suis autre, ou plutôt je ne suis pas cette apparence, ou que cette apparence. Qu’elle soit parfois belle ou l’ait été, qu’elle soit moche voire répugnante. Je crois qu’il en est aussi ainsi des âmes. Nous sommes plus. Bien plus. Nous sommes promis. Et puis je vis oublieux de ce que je viens de voir. Utile rappel.

Ce matin

Prier [1]… englouti dans mes sensations et le souvenir de mes sensations. M’en sortir, avancer, joindre les mains c’est commencer de faire quelque chose, redevenir un être. Complet. La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Pour se décentrer de soi, il faut trouver-retrouver un autre centre, le vrai. C’est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit ses propres œuvres. En deçà ou à côté du spirituel, il y a – dans ce dire – certainement soit une percée philosophique, ce qui me paraît, soit la reprise d’une approche contemporaine, d’une école contemporaine du Christ mais singulièrement adventiste et complexe. Il y a aussi une vérité psychologique, une intuition sur ce que nous sommes, sur la réalité spirituelle de notre être qui serait à creuser, l’a sûrement été mais que je n’ai jamais lue ou entendue. Enfin, il y a cette révélation de Dieu sur Lui-même par son Fils incarné, qui vaut révélation sur l’homme. Peut-être, cette expression Fils de l’homme, que je peine à saisir et comprendre depuis des années, est-elle tout simplement l’énoncé que le Christ est l’homme abouti, et en cela autant que le Fils du Père, il est le fils de toute l’humanité, le fils parfait, pas tant comme fils, que comme produit de toute l’humanité, de toute l’histoire, de Dieu-même qu’Il est, Lui par qui tout a été fait, et rien sans Lui.Fils de l’homme. … A force de se répéter, face à nos visages à bouche bée et à nos âmes distraites ou décentrées de Dieu, Jésus en serait à bafouiller (si j’ose écrire… que j’en sois pardonné !) Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi. La preuve alors avancée est sidérante, les œuvres et ce que nous-mêmes par la foi pouvons accomplir : celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes. Lien qui laisse perplexe si ce doit être de causalité … de plus grandes puisque je pars vers le Père. La conclusion – il en fallait une – des jours et nuits après Pâques : l’Ascension, forme spectaculaire d’un départ qui ne peut plus être la mort (notre fille hier inventait une comptine qui se terminait par : j’irai mourir dans Dieu) et qui n’est donc pas du tout indifférente. Ce n’est pas la forme du départ qui a importé, qui importe, mais le départ-même qui permet le commencement. C’est déjà immense que la vie ait pour chance la mort, je veux dire cette extrême indulgence de la vie, car nos mouvements browniens, succès ou insuccès, chance ou malchance, ont leur indulgence finale, nous mourons pardonné, bilan fait quelqu'il soit et enfin au repos. Mais l’Ascension du Seigneur signifie bien plus. Les relevailles, l’action suprême, l’être en totalité, la communion qu’est tout ensemble la vie éternelle. Cette place préparée.

[1] - Actes des Apôtres XIII 44 à 52 ; psaume XCVIII ; évangile selon saint Jean XIV 7 à 14

maintenant, rois, comprenez, reprenez-vous, juges de la terre - textes du jour

Vendredi 20 Mai 2011


Le vertige des événements, après leur ivresse, celle des faits, le tournoiement d’une réalité changeant comme les décors à vue du spectateur. Ce qu’on croyait intangible. Leçon de réalisme : la précarité. – Les commentaires sur hier depuis dimanche, l’unisson dans quelque sens que ce soit, mais l’unisson, signe le plus souvent de cécité, et évidemment ces affichages rendent le grand nombre passif. Il est psychologiquement décisif que Jésus, de son vivant terrestre, comme aujourd’hui selon son Eglise (et donc nous), reste controversé, n’ait jamais fait l’unanimité, qu’il y ait eu constamment à son sujet une opposition entre les faiseurs de l’opinion et le grand nombre. Aux meilleurs moments, celui-ci est enthousiaste, au pire, il hurle à la mort. Aujourd’hui, il est selon toute apparence – dans la version chrétienne du monothéisme pour les pays dits développés – indifférent.
Admirable Bonaventure dont je me suis engagé à rédiger une courte biographie, sans en avoir lu une ligne et n’en sachant que la joute avec Thomas d’Aquin au cours de laquelle il s’inclina par l’intelligence supérieure que sont l’empathie et l’humilité… et admirable Thomas dit le Jumeau, modèle de notre doute et donc de notre foi, une foi tout entière dûe à la prévenance particulière du Christ. [1]
Là où je suis, vous y serez aussi. Quoiqu’à quelques heures de sa mort et encore ancré de toute son incarnation parmi nous, Jésus est dans la vie éternelle, la vie de Dieu-même. Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin. – Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? – Moi, je suis la Voie, la Vérité et la Vie, personne ne va vers le Père sans passer par moi. Tout est dit, notre foi, la vie éternelle, notre participation à Dieu, notre essence même en tant que création avec tout le vivant, et notre personnalité propre avec son histoire, nos petits tumultes, notre grande capacité si souvent gâchée ou retardée d’exercice, ne « fonctionnent » que par Jésus. Thomas l’incrédule qui aura droit à son apparition à lui, quoique devant les autres, pose la question la plus humaine, celle du bon sens, pose les conditions de foi les plus raisonnables… et se fait répondre, et se fait exaucer… Ne soyez donc pas bouleversés. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Qui, même agnostique, ne croit en Dieu tout en se convainquant que cette croyance n’est pas possible… alors… croyez aussi et, là, tout commence. La promesse que Dieu avait faite à nos pères, il l’a entièrement accomplie pour nous, leurs enfants, en ressuscitant Jésus.

[1] - Actes des Apôtres XIII 26 à 33 ; psaume II ; évangile selon saint Jean XIV 1 à 6

jeudi 19 mai 2011

si vous avez un mot d'exhortation pour le peuple, prenez la parole - textes du jour

Jeudi 19 Mai 2011


Prier s’il est possible, que de déblais à opérer mais c’est l’existence humaine que d’avoir à déblayer et remblayer…[1] et avancer vers l’autel de l’oraison est joie, chaleur, lumière. Paul invité à prendre la parole à la synagogue d’Antioche de Pisidie, cf. le Christ à Nazareth, il est lecteur de surcroît et « tombant sur Isaïe »… culture de Paul, il connaît l’Ancien Testament comme Jésus sans doute le fit re-parcourir aux disciples qu’il avait rejoint sur la route d’Emmaüs, et il a travaillé avec soin la tradition des Douze dont il donne à propos du Précurseur le décisif témoignage : vécu. Au moment d’achever sa route, Jean disait : ‘ Celui auquel vous pensez, ce n’est pas moi. Mais le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de lui défaire ses sandales. Devant l’Aréopage, le discours sera différent : l’auditoire n’est pas de même culture religieuse. Devant nous, devant moi, qu’est-ce qui « mord » ? comme discours, comme témoignage ? Je ne parle pas pour vous tous. Moi, je sais quels sont ceux que j’ai choisis. Suis-je Judas ? parfois ? souvent ? recevoir celui que j’envoie, c’est me recevoir moi-même (le système diplomatique français devrait en prendre pour son compte, le mépris ambiant des services parisiens, au Quai d’Orsay, pour les ambassadeurs en poste) et me recevoir, c’est recevoir celui qui m’envoie. Par le Christ, la pétition divine. Le raisonnement cartésien : idea Dei, Deus est a sa force philosophique, il n’est pas chrétien. Il nous faut l’envoyé. C’est d’ailleurs le trait commun aux trois rameaux de la descendance spirituelle d’Abraham. Dieu a suscité David pour le faire roi et il lui a rendu ce témoignage : ‘ J’ai trouvé David, fils de Jessé, c’est un homme selon mon cœur ; il accomplira toutes mes volontés.’ Et comme il l’avait promis, Dieu a fait sortir de sa descendance un sauveur pour Israël : c’est Jésus, dont Jean Baptiste a préparé la venue… Révélation divine par le truchement des hommes, redoublement de l’Incarnation. Il me dira : Tu es mon Père, mon Dieu, mon roc et mon salut !


[1] - Actes des Apôtres XIII 13 à 25 ; psaume LXXXIX ; évangile selon saint Jean XIII 16 à 20

mercredi 18 mai 2011

ton chemin sera connu sur la terre - textes du jour

Mercredi 18 Mai 2011



Prier… [1] Jésus affirmait avec force : ‘Celui qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit, mais en celui qui m’a envoyé ; et celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé’. Il y a chez Jean un prodigieux souffle qui ne peut être le sien propre. Eût-il été génial qu’au mieux il aurait été l’émule de Platon dont il est avéré que ses disciples, son « école » s’il faut écrire ainsi, en connaissaient enseignements et écrits. Jean rapporte et médite. Il est instrument mais pas auteur. La Trinité n’est nulle part ailleurs dans quelque écrit ou autre jaillissement de la pensée humaine. La combinaison de l’incarnation et de la résurrection est dialectiquement solide, peut-être inventable, elle n’est pas susceptible de faire une doctrine à la propagation générale sans un fait historique. Jésus est historique, la terre a donné son fruit. Mais l’histoire à qui il donne sens et mouvement – majuscules et minuscules – est spirituelle, jusques dans ses moindres ressorts : la fondation de l’Eglise l’illustre à chaque épisode : un jour qu’ils célébraient le culte du Seigneur et qu’ils observaient un jeûne, l’Esprit Saint leur dit : ‘Détachez pour moi Barnabé et Saul en vue de l’œuvre à laquelle je les ai appelés’… Tout s’est ainsi passé. Si je prête attention à ma modeste vie, à ses bonheurs et à mes erreurs, à chacune de mes attentes et à l’éveil de matins comme celui-ci, je vois qu’il en est également ainsi, du goût à la possibilité de prier. Histoire et géographie – aussi – de nos vies, de l’amour pour les nôtres, pour ceux qui souffrent, qui sont emprisonnés, pour ceux qui espèrent, pour ceux qui se trompent de salut, pour ceux qui nous trompent. Partout, il y a quelque bonne volonté dans le pire-même. Quant à eux, ainsi envoyés en mission par le Saint-Esprit, ils descendirent jusqu’à Séleucie, et de là prirent un bateau pour l’île de Chypre. Arrivés à Salamine, ils annonçaient la parole de Dieu… La parole de Dieu était féconde et se multipliait. La foi, çà bouge. Dieu en nous crée du bonheur, même si les emm… restent en cercle et si nos limites sont constantes. Il y a du chemin. Proposé, donné, possible.
[1] - Actes des Apôtres XII 24 à XIII 5 ; psaume LXVII ; évangile selon saint Jean XII 44 à 50

mardi 17 mai 2011

voyant les effets de la grâce de Dieu, il fut dans la joie - textes du jour

Mardi 17 Mai 2011


Prier…[1] mais vous ne me croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. La souffrance du Christ souvent « regardée » uniquement lors de la Passion, elle fut constante, un ministère et des paroles qui tombaient à plat. Révélation sur Dieu, certes, tellement incroyable humainement puisque toutes les apparences (et la réalité) étaient que cette Révélation passaient par des paroles d’homme. Entendre un homme dire et répéter : le Père et moi, nous sommes UN, était scandaleux, inaudible pour les auditeurs de l’époque, seules les guérisons et les multiplications de pain et de poissons « passaient ». Obstination cependant de la curiosité, de la perplexité, de quelque chose de bien plus décisif qu’une interrogation, partage en fait des esprits du temps : Combien de temps vas-tu nous laisser dans le doute ? Si tu es le messie, dis-le nous ouvertement ? – Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Dialogues de la plus extrême tension, insoutenable. Dialogue vécu : C’était l’hiver. Jésus allait et venait dans le Temple, sous la colonnade de Salomon. Pourquoi, aujourd’hui, n’y a-t-il que les Juifs et Israël au mur des lamentations. Certes, nos Papes, ou Raymond Barre… certes, beaucoup… L’histoire… C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens. L’histoire faire de souffrance. L’inoubliable visage d’un homme que d’autres lui donnent de montrer désormais pour ce qu’a d’éternité une vie humaine et la mémoire d’une ou de quelques générations. Dominique Strauss-Kahn hier au tribunal (ce qu’on appelle une cour, alors que tout fonctionne à juge unique, sans jury, sans appel et que l’accusé, présumé coupable, est rabroué même par son avocat !), D.S.K. avait le visage de Pierre Laval à la Haute-Cour en Juillet 1945. Quand même la couleur ne produit plus que du noir et blanc. J’ai été saisi. Saisi plus encore d’indignation et d’impuissance devant la suprême souffrance qui est de vivre sa propre dignité bafouée et ignorée (surtout si elle fut grande), que de compassion, ne rien pouvoir faire pour secourir autrui. Rien qu’être et prier. Secouer quelques cocotiers aussi. Les évangiles sont une progression vers ce genre de visage humain. Dieu prend ce visage, Il donne tout son sens à tout visage, à tout péché, à toute innocence. A terme, Il prend et exauce tout, certes : mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Singulier syllogisme, singulière Incarnation puisque toute affirmation du Christ est à la fois révélation de Dieu, et révélation de soi, et aucun de ses dires (ou miracles, le miracle est avant tout une parole de Jésus) n’a de vérité, ne répond de la réalité que parce qu’il est Dieu, Fils de Dieu. Mon Père qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN.

[1] - Actes des Apôtres XI 19 à 26 ; psaume LXXXVII ; évangile selon saint Jean X 22 à 30

lundi 16 mai 2011

envoie ta lumière et ta vérité - textes du jour

Lundi 16 Mai 2011



Tristesse pour notre pays, quel que soit le personnage par lequel redoublent les ravages pour notre image danns le monde et notre discernement sur nous-mêmes, ravages initié par un autre, lui-même né politiquement de tant d’anti-modèles s’il doit s’agir d’éthique, de grandeur et d’affection pour ce pays qui est le nôtre, et pour nous tous égaux en dignité avec quelque élu ou éligible que ce soit. Hélas ! consul videt, hic tamen vivit. Prier… cette prière naguère pour le souverain, puis pour la République. Alors Pierre reprit l’affaire depuis le début et leur exposa tout en détail. Cause difficile mais décisive. Le cheminement, Pierre ne change pas, comme au lavement des pieds, il se récrie : Allons, Pierre, immole ces bêtes, et mange-les – Certainement pas Seigneur ! Jamais aucun aliment interdit ou impur n’est entré dans ma bouche. Maïeutique divine, la vision ou le songe (le passage de Paul en Europe, Joseph averti comme les mages en songe). Conclusion et décision, comme dans l’auberge d’Emmaüs : alors je me suis rappelé la parole que le Seigneur avait dite. La vraie culture, la culture totale, celle de l’âme, qui assemble le disparate et en rend raison est cette mémoire et cette fidélité. Ce n’est pas synonyme, la fidélité dans la foi et la confiance me fait comprendre ce que me re-présente la mémoire. Le chef de l’Eglise est alors compris : en entendant ces paroles, ils se calmèrent et ils rendirent gloire à Dieu. Certes, l’exclusivité du salut – héritée du judaïsme – leur échappe mais ils sont soudainement illuminés par ce qu’ils gagnent : la foi des autres, le baptême de tous consolident et confirment les nôtres. Il ne me reste plus qu’à faire silence et continuer en regardant-écoutant : j’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Pierre a d’ailleurs, en une saisissante dialectique historique, justifié par avance toute la geste de Paul en argumentant pour l’accueil des païens, ce qui suppose non de les combattre – cf. les passionnés de l’islamophobie – mais de communier avec eux. Tu es entré chez les hommes qui n’ont pas la circoncision, et tu as mangé avec eux… Voici que les païens eux-mêmes ont reçu de Dieu la conversion qui fait entrer dans la vie. Reçu de Dieu, pas de nous… [1]

[1] - Actes des Apôtres XI 1 à 18 ; psaume XLII ; évangile selon saint Jean X 11 à 18

samedi 14 mai 2011

vous êtes mes amis - textes du jour

Samedi 14 Mai 2011

Prier… [1] l’aventure de Paul, ce qui est devenu l’archétype de la cibversion et du retournement, « le chemin de Damas », et l’aventure de Matthias, fidèle du second rang et le tirage au sort après pré-sélection. Le discernement à plusieurs d’une part – ce n’est pas Simon-Pierre qui fauit acte solitaire d’autorité – et la prière d’autre part. Je ne sais pourquoi, peut-être parce qu’elle est politique au sens d’un choix fondateur dont on se remet totalement à Dieu, la prière des disicples me rappelle celle d’Esther folle d’angoisse pour tout le peuple. Toi, Seigneur, qui connais le cœur de tous les hommes, montre-nous lequel des deux tu as choisi pour prendre place dans le ministère des Apôtres, que Judas a déserté en partant vers son destin. Prière d’entre les deux tours dans un an… ce n’est pas nous, les électeurs, les disciples contemporains du Christ, qui sommes sondés et éclairés par le Seigneur, c’est Dieu qui sait le poids, la valeur, l’adéquation de tel et tel, et nous les indique. L’histoire de l’Eglise à son commencement et tant de fois ensuite (« le pape polonais ») est bien une histoire des hommes comme les nôtres en politique et autres conseils d’administration. Maintenant, je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Intuition juste et tentation bien ciblée pour Eve : l’arbre de la connaissance, laquelle fait adoiption divine. Mais discernement et connaissance sont reçus : clé de la vie trinitaire, recevoir. Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé fidèlement les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Notre réponse à ce que nous recevons : la fidélité. En quoi tous les croyants, fils d’Abraham, se rejoignent et marchent ensemble : foi et fidélité. Dieu y est. Sorte de conclusion de toute la vie terrestre de Jésus : vous êtes mes amis. Il y est arrivé, au besoin par tirage au sort ou sur le chemin de Damas,, même Lui parti. Il y arrive avec nous, même selon des vies bien disparates et discontinues, et nos criailleries peu aimantes.

[1] - Actes des Apôtres I 15 à 26 ; psaume CXIII ; évangile selon saint Jean XV 9 à 17

vendredi 13 mai 2011

voilà ce que Jésus a dit, dans son enseignement à la synagogue de Capharnaüm - textes du jour

Vendredi 13 Mai 2011


06 heures 45 + Nuit courte, le rocher de Sisyphe…. Mystère de la vie et pas de mort. Prier…[1] partir, prendre toute route, enveloppé des textes et de la prière, enveloppé d’une Personne, enveloppé de mes aimées, enveloppé de tous. Mémoire de Notre Dame de Fatima, événement complexe dont j’ai étudié le contexte portugais, le « sidonisme » (Sidonio Pais), l’instabilité républicaine, etc… les contingences de nos piétés.


. . . de retour à Reniac, 22 heures 52 + L’aventure de Paul, il ira quand même à Damas et y sera actif, mais tout autrement. Prosélyte et ardent, il est persécuteur ; mû par l’Esprit Saint, il n’est plus ni bourreau, ni imprécateur, ni pourfendeur de quoi ou que ce soit ou qui que ce soit, il est tout simplement l’extraordinaire outil de Dieu. Converti, moyennant le triduum de son maître : pendant trois jours, il fut privé de la vue et il resta sans manger ni boire… Il se leva et il reçut le baptême. Puis, il prit de la nourriture et les forces lui revinrent. Il passa quelques jours avec les disciples de Damas, et, sans plus attendre, il proclamait Jésus dans les synagogues, affirmant qu’il est le Fils de Dieu. Paul ne devient pas d’Eglise par lui-même, même par un disciple, nommé Ananie. Vocation et conversion par Dieu lui-même : Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? … Je suis Jésus, celui que tu persécutes… C’est parce qu’il persécute Jésus qu’il Le rencontre… Jésus qui conclut : et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon Nom. C’est l’Eglise, par Ananie qui met Paul « en selle » mais sur ordre : Saul, mon frère, celui qui m’a envoyé, c’est le Seigneur, c’est Jésus, celui qui s’est montré à toui sur le chemin que tu suivais pour venir ici. Ainsi, tu vas retrouver la vue, et tu seras rempli d’Esprit Saint. Saul devient Paul par trois dialogues : celui qu’improviste lui impose le Christ, celui que le Seigneur noue avec Ananie, celui qu’Ananie a avec Saul. Et c’est dans une lettre de celui-ci que nous avons le premier récit de la première eucharistie, l’Eglise se fonde constamment et par tous : institution qui est la mise en œuvre du « discours sur le pain de vie ».

[1] - Actes des Apôtres IX 1 à 20 ; psaume CXVII ; évangile selon saint Jean VI 52 à 59

jeudi 12 mai 2011

je vous dirai ce qu'il a fait pour mon âme - textes du jour

Jeudi 12 Mai 2011


Prier….[1] Philippe, le diacre (je croyais que c’était le disciple de la Cène et du dialogue décisif : comment ? tu ne me connais pas, Philippe ? c’est l’un des « sept »). Exemple d’une catéchèse mais qui suppose la transparence mentale et la présence physique intense du catéchiste (mets-toi en marche vers le midi, prend la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; elle est déserte … avance, et rejoins ce char), la bonne volonté et la curiosité du catéchisé (l’homme lisait le prophète Isaïe… il invita donc Philippe à monter et à s’asseoir côté de lui), l’action de l’Esprit Saint. Philippe, le diacre, procède comme Jésus rejoignant les disciples qui marchaient vers Emmaüs. D’un passage, tout peut se dire. Tous viennent de Jérusalem. Pédagogie que nous vivons souvent en voiture, le trajet, le regard ensemble vers la ligne d’horizon. On parle et se dit plus librement, emportés. Même conclusion que dans l’épisode d’Emmaüs : il poursuivait sa route tout joyeux. L’action du Christ résumée par Lui-même : personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi, et moi, je le ressusciterai au dernier jour... celui qui croit en moi a la vie éternelle… je suis le pain vivant… si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Pas tant une révélation de Dieu que la révélation et le moyen du salut. Voici de l‘eau : qu’est-ce qui empêche que je reçoive le baptême ? Il fit arrêter le char, ils descendirent dans l’eau tous les deux et Philippe baptisa l’eunuque. Rappel opportun que le baptême se vit à deux, que l’accompagnement du baptisé par le baptiste est total. Archétype du baptême : Jésus et Jean, ensemble dans le Jourdain avec une inversion des rôles.


[1] - Actes des Apôtres VIII 26 à 40 ; psaume XLVI ; évangile selon saint Jean VI 44 à 51

mercredi 11 mai 2011

et il y eut dans cette ville une grande joie - textes du jour

Mercredi 11 Mai 2011


Prier…[1] Toujours, le développement du discours sur le pain de vie. Je ne suis pas descendu du ciel pour faire ma volonté… comment était comprise l’évocation du ciel par les contemporains de Jésus ? en revanche, la descente du ciel « prépare » l’ascension au ciel en fin de cycle et d’évangile. Le mouvement (l’incarnation) importe davantage que l’intitutlé du lieu, tout autre que ceux dont nous avons l’habitude et le concept. La volonté de mon Père, c’est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui obtienne la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Dessein du Père, rôle du Fils. Par le Christ, la foi et la résurrection. Le Fils, Lui-même, ressuscité par le Père. Eléments assez aisés à comprendre, d’autres bien moins. L’Eglise « primitive » se développe par ses martyrs. La mort d’Etienne ouvre le cycle de la première persécution systématique et violente. Auparavant, on intimidait les chefs (les Apôtres), maintenant ce sont les coups de filet, Saul qui sera excellent propagandiste (Paul) montre déjà son talent d’organisateur, sur le chemin de Damas, son talent changera seulement de point d’application et d’exercice. Prédication d’un des diacres, Philippe : et il y eut dans cette ville une grande joie. Jeux de foule, responsabilités et rayonnement individuels.


[1] - Actes des Apôtres VIII 1 à 8 ; psaume XLVI ; évangile selon saint Jean VI 35 à 40

mardi 10 mai 2011

tu as ouvert un passage - textes du jour

Mardi 10 Mai 2011





Prier [1] pour l’honneur de ton nom, tu me guides et me conduis. En tes mains, je remets mon esprit ; tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité. Ton amour me fait danser de joie : devant moi, tu as ouvert un passage. Notre Père spirituel, à Saint-Louis de Gonzague, visage de bagnard, debout sur sa table, entouré de la moitié de notre division, les terminales, tabagie pas possible, question de la torture en Algérie mais en fin de messe : en tes mains, je remets mon esprit. La voix rare était splendide, elle était d’un homme qui lisait surtout les incroyants comme Francis Jeanson ou Sartre pour nous y coller, sensation forte d’une foi existentielle, virile capable de tendresse mais aussi d’escalade à tous risques, les valises du F.L.N., le mouvement social : François Boyer-Chammard. C’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. – Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. Identité du Christ, disponibilité sacramentale, d’existence, d’incarnation aussi et d’abord, puisque les sacrements furent ainsi « produits », institués. Et nous, en réponse souhaitée, venir, croire. Martyre de saint Etienne, approbation de Saul futur apôtre Paul des Gentils. Etienne, pendant qu’on le lapidait, priait ainsi : ‘ Seigneur Jésus, reçois mon esprit ’. Puis il se mit à genoux et s’écria d’une voix forte : ‘ Seigneur, ne leur compte pas ce péché ’. Et, après cette parole, il s’endormit dans la mort. L’instant d’avant, ce qui le condamna, il avait déclaré : voici que je contemple les cieux ouverts : le Fils de l’homme est debout à la droite de Dieu. Témoignage, degré suprême de la foi, vision directe. Tu combles, à la face du monde, ceux qui ont en toi leur refuge. Tous ces textes entre Pâques et la Pentecôte, les quarante jours sur notre terre de l’unique Ressuscité, chargés de données, de paroles qui de la part de tout autre paraîtraient testamentaires, mais précisément de Celui-là qui a traversé la mort, tout semble inaugural : la Genèse reprise, le possible, le souhaitable ayant le frémissement d’une promesse de la réalité qui vient.

[1] - Actes des Apôtres VII 51 à VIII 1 ; psaume XXXI ; évangile selon saint Jean VI 30 à 35

tu as ouvert un passage - textes du jour

Mardi 10 Mai 2011




Prier [1] pour l’honneur de ton nom, tu me guides et me conduis. En tes mains, je remets mon esprit ; tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité. Ton amour me fait danser de joie : devant moi, tu as ouvert un passage. Notre Père spirituel, à Saint-Louis de Gonzague, visage de bagnard, debout sur sa ble, entouré de la moitié de notre division, les terminales, tabagie pas possible, question de la torture en Algérie mais en fin de messe : en tes mains, je remets mon esprit. La voix rare était splendide, elle était d’un homme qui lisait surtout les incroyants comme Francis Jeanson ou Sartre pour nous y coller, sensation forte d’une foi existentielle, virile capable de tendresse mais aussi d’escalade à tous risques, les valises du F.L.N., le mouvement social : François Boyer-Chammard. C’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. – Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. Identité du Christ, disponibilité sacramentale, d’existence, d’incarnation aussi et d’abord, puisque les sacrements furent ainsi « produits », institués. Et nous, en réponse souhaitée, venir, croire. Martyre de saint Etienne, approbation de Saul futur apôtre Paul des Gentils. Etienne, pendant qu’on le lapidait, priait ainsi : ‘ Seigneur Jésus, reçois mon esprit ’. Puis il se mit à genoux et s’écria d’une voix forte : ‘ Seigneur, ne leur compte pas ce péché ’. Et, après cette parole, il s’endormit dans la mort. L’instant d’avant, ce qui le condamna, il avait déclaré : voici que je contemple les cieux ouverts : le Fils de l’homme est debout à la droite de Dieu. Témoignage, degré suprême de la foi, vision directe. Tu combles, à la face du monde, ceux qui ont en toi leur refuge. Tous ces textes entre Pâques et la Pentecôte, les quarante jours sur notre terre de l’unique Ressuscité, chargés de données, de paroles qui de la part de tout autre paraîtraient testamentaires, mais précisément de Celui-là qui a traversé la mort, tout semble inaugural : la Genèse reprise, le possible, le souhaitable ayant le frémissement d’une promesse de la réalité qui vient.

[1] - Actes des Apôtres VII 51 à VIII 1 ; psaume XXXI ; évangile selon saint Jean VI 30 à 35

lundi 9 mai 2011

vous me cherchez parce que - textes du jour

Lundi 9 Mai 2011


Prier… [1] Jésus avait traversé le lac en marchant sur les eaux. Ce n’est pas une apprition en tout lieu, et en rupture avec l’instant précédent pour les tiers, sinon pour soi (car en continu où, comment vivait le Christ ressuscité mais pas encore « monté aux cieux ». Avant la Passion et la Résurrection, Jésus domine les éléments mais il en est substantiellement partie. Après la Réusrrection, Il leur est autre, étranger. Jean insiste sur : il n’y avait eu là qu’une seule barque… lorsqu’enfin la foule se rendit compte que Jésus n’était pas là… Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? Curieuse question, c’aurait dû être : comment es-tu arrivé ici ? puisqu’il n’y avait plus de bateau, tu avais raté le dernier ? faire le tour du lac à pied : pas le temps alors ? Jésus répond à côté : vous me cherchez… parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés. Définition encore plus déconcertante : que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? – L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. Réconciliation du musulman et de l’intégriste catholique, disciple de Dom Balaguer ? La nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle. Fondamentalement, le Christ dépayse, Il n’est jamais habituel. Vis-à-vis de ses disciples, Il est une force. Ils se mirent à discuter avec Etienne, mais sans pouvoir tenir tête à la sagesse et à l’Esprit Saint qui inspiraient ses paroles. Le premier martyr va être condamné exactement sous le même prétexte : lettre de sa prédication, nous l’avons entendu affirmer que ce Jésus, le Nazaréen, détruira le Lieu saint et changera les lois que Moïse a transmises. Exact pour la première affimation, contre-sens pour la seconde. L’homme, au contraire de Dieu, ne surprend pas : continuité totale dans ses incompréhensions, étonnements, questionnements. Fais-moi la grâce de ta loi. Les commandements et prescriptions, surtout de l’Ancien Testament, ne sont ni des contraintes ni même une pédagogie, c’est tout simplement une série de repères qui sont un rappel de la « loi naturelle », un exercice donné dans notre langue, celle de la faiblesse et de la cécité. Paradoxalement, cela a eu davantage de résultats que les miracles : Etienne qui était plein de la grâce et de la puissance de Dieu, accomplissait parmi le peuple des prodiges et des signes éclatants… Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signens, mais parce que vous ave mangé du pain et avez été rassasiés. Le prosaïque. Ou la foi ?


[1] - Actes des Apôtres VI 8 à 15 ; psaume CXIX ; évangile selon saint Jean VI 22 à 29

dimanche 8 mai 2011

la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères - textes du jour

hier après-midi

Lettre de PASCAL sur la grâce à une amie, ou à une inconnue : type de raisonnement par empathie avec saint Augustin… Commentaire de saint Thomas d’Aquis sur le psaume 31 : intelligence du Docteur, la manière dont il pense en ayant d’abord classé

aujourd'hui
Diamnche 8 Mai 2011


Prier… [1] de l’aventure des disciples d’Emmaüs, qui rebroussent chemin et propagent aussitôt ce qu’ils ont compris, ne retenir que le reste avec nous, le soir approche et déjà le jour baisse ainsi que la constatation émue : notre cœur n’était-il pas brûlant en nous ? c’est évidemment la tentation d’une sensibilité comblée, la nôtre. Chemine-t-on avec la sensibilité ? sans doute pour moi, mais n’est-ce pas une de nos facultés les plus vulénrables au retournement dans l’épreuve après le test de la joie ? Alors, ils s’arrêtèrent tout tristes. Le psalmiste et les Apôtres s’établissent autrement. Dans l’écoute, l’intelligence de la foi, la vérité. Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit mon cœur m’avertit. Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable. Accueillant leurs frères de retour d’Emmaüs, que disent les apôtres ? c’est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. Ils sont déjà l’Eglise, et que prêche Pierre ? vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n’est pas l’or et l’argent, car ils seront détruits, c’est le sang précieux du Christ. … C’est par lui que vous croyez en Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire. Ainsi vous mette votre foi et votre espérance en Dieu. … Elevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous : c’est cela que vous voyez et que vous entendez. Alors, en ce début d’un siècle à la vie sans but, je peux revenir à ma sensibilité première, marcher, faire demi-tour en m’étant attaché à Celui par qui tout arrive et continuer avec le psalmiste : je n’ai pas d’autre bonheur que toi, tu m’apprends le chemin de la vie.


[1] - Actes des Apôtres II 14 à 33 passim ; psaume XVI ; 1ère lettre de Pierre I 17 à 21 ; évangile selon saint Luc XXIV 13 à 35


samedi 7 mai 2011

intelligence - écrire pour penser : Pascal et Thomas d'Aquin - penser et étudier pour trouver

Il aime le bon droit et la justice, la terre est remplie de son amour - textes du jour

Samedi 7 Mai 2011


Prier… Le Seigneur entend ceux qui l’appellent. Quelle religion ? qui ose ainsi, non pas révéler Dieu, non pas transmettre quelque menace ou quelque présage ou une explication du monde et de la psyché des vivants ? mais ose assurer d’une relation et en raconter les antécédents ? [1] et laquelle – sur ordre (divin) – ose désigner et regarder vivre celui qui peut parler au nom de Dieu puisqu’Il l’est Lui-même… c’est moi, soyez sans crainte. Les apôtres étaient dans cette crainte : déjà, ils faisaient nuit et Jésus ne les avaient pas encore rejoints. D’ailleurs, comment l’auraient-ils fait, puisqu’ils sont en bateau et qu’un grand vent se mit à souffler et le lac devint houleux. Ils ne sont inquiets que pour eux-mêmes. Dénouement aussi inattendu mais concret que la multiplication des pains qui vient d’occuper la journée : les disciples voulaient le prendre dans la barque, mais asusitpot la barque atteignit le rivage à l’endroit où ils se rendaient. La mystique ne se nourrit pas d’éther. Jean a compté le kilométrage fait à la rame, et donc celui de la marche de Jésus sur les eaux, lorsqu’ils virent Jésus qui marchait sur la mer et se rapprochait de la barque. C’est forts d’une telle expérience et d’un tel compagnonnage que les disciples, après la Pentecôte, commencent l’évangélisation : la parole du Seigneur gagnait du terrain, et aussi qu’ils s’organisent, aussi pratiquement que Jésus fit distribuer pains et poissons. Institution des diacres, dont aujourd’hui l’Eglise n’a tiré que des adjuvants liturgiques : ce qui est faible. Des fonctions d’Eglise sont pourtant proposées depuis notre fondation.

[1] - Actes des Apôtres VI 1 à 7 ; psaume XXXIII ; évangile selon saint Jean VI 16 à 21

vendredi 6 mai 2011

habiter la maison du Seigneur, tous les jours de ma vie - textes du jour

Vendredi 6 Mai 2011



Prier… [1] la mort des autres, quand ils sont proches, intimes, aimés, nous prépare à la nôtre. Ces mois-ci, cette préparation me paraît l’essentiel. Elle est forcément une prière et rien que cela, une évaluation de ce qui importe dans la vie déjà vécue, quant à ce qu’il reste à faire et à vivre, c’est forcément et uniquement le souci de celles et ceux dont j’ai la responsabilité. Les œuvres sont plus souvent posthumes que contemporaines, surtout aujourd’hui dans nos sociétés et pays. Mais l’amour est urgent. Se préparer à ce passage qui n’a d’inconnu que ses modalités, la date à quelques années près quand on a vieilli devient secondaire. La mort est au présent. Mais je réalise et comprends que me préparer à ma mort, c’est me préparer à la vie. D’atrophié, j’atteindrai ma dimension et tant d’exemples m’auront été donnés. Autant de certitudes. Jésus était passé de l’autre côté du lac… Jésus gagna la montagne, et là il s’assit avec ses disciples. Repos et détente interrompus. Disponibilité et puissance. La multiplication des pains. Jésus ne souhaite aucune de ces reconnaissances factices dont toute société est prodigue passant de l’exécration à l’adoration et vice-versa. Alors de nouveau il se retira tout seul, dans la montagne. Protagoniste du miracle, ce Philippe qui pose la grande question lors de la dernière Cène. L’un de ces disciples, polyvalents, que Jésus dût particulièrement apprécier. Il disait cela pour le mettre à l’épreuve. Sollicitude divine, nous sommes sans cesse « en formation ». Résultat, si Dieu veut et si c’est notre mission : tous les jours, au Temple et dans leurs maisons, sans cesse, ils enseignaient cette Bonne Nouvelle : Jésus est le Messie.


[1] - Actes des Apôtres V 34 à 42 ; psaume XXVII ; évangile selon saint Jean VI 1 à 15

jeudi 5 mai 2011

vous remplissez Jérusalem de votre enseignement - textes du jour

Jeudi 5 Mai 2011

Prier…[1] la Trinité se déduit, rétrospectivement de tout l’Ancien Testament, déduction de la substance, de la nature, de la réalité et de ce que nous pouvons percevoir et comprendre de l’incompréhensible et du pourtant logique de Dieu. Elle est repérable, se déduit plus directement, selon les évangile synoptiques, qui mettent successivement en scène les trois personnes, avec toujours le Christ en centre. Elle n’est pas directement énoncée – en termes de révélation dogmatique – par Jésus, qui la suppose connue et comprise de ses apôtres (le dialogue avec Philippe, pendant la dernière Cène). Mais elle est méditée-signifiée par Jean qui la donne comme l’absolu de ce dont il y a à témoigner. La foi en la Trinité est la condition, pour nous, d’obtenir la vie éternelle, parce que tout simplement cette foi est notre participation, d’avance, à la vie divine. Dans l’insistance de sa qualité d’envoyé, Jésus lui-même ou son évangéliste, peuvent faire penser à cette pétition de Mahomet… de même ces rappels du jugement : celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu… celui qui refuse de croire en lui ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. C’est apparemment transposable, comme beaucoup des évangiles dans le Coran, mais le lien entre foi et vie est le sceau propre aux évangiles. Celui qui accepte son témoignage certifie par là que Dieu dit la vérité. Existentialisme des évangiles et singulier retournement des situations : l’homme attestant Dieu. Jean inépuisable, en lui-même et les Apôtres après la Pentecôte, infatigables et irréductibles : attestation historique par une telle mûe de l’action et de la personne de l’Esprit Saint : quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. Il semble que l’évocation de l’Esprit Saint par les Apôtres devant la hiérarchie religieuse de l’époque, soit tout à fait admise par celle-ci : c’est leur revendication de cet Esprit qui est réprouvée.


[1] - Actes des Aôtres V 27 à 33 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Jean III 31 à 36

mercredi 4 mai 2011

qui regarde vers lui, resplendira - textes du jour

Mercrdi 4 Mai 2011


Prier… [1] dialectique de belle écriture qu’a Jean pour synthétiser ce qui n’est ni un combat ni une alternative, mais un constat : les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière… mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconneus comme des œuvres de Dieu. Le tropisme vers Dieu et vers la lumière serait la conséquence de nos œuvres, selon qu’elles sont bonnes ou mauvaises : tout homme qui fait le mal déteste la lumière ; il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées. Pourquoi fait-il le mal ? Jean ne répond pas, ne se pose pas la question, puisque Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Presqu’accessoirement, c’est le Christ mis en croix qui a répondu : Père, pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font. La perspective johannique, la nôtre depuis la Genèse, est la vie éternelle par le Christ. Heureux qui trouve en lui son refuge ! Les Apôtres emprisonnés sont libérés miraculeusement : Partez d’ici, tenez-vous dans le Temple, et là, annoncez au peuple toutes les paroles de vie. La question du mal, la question de fait est secondaire : Nous avons trouvé la prison parfaitement verrouillée, et les gardiens en faction devant les portes ; mais, quand nous avons ouvert, nous n’avons trouvé personne à l’intérieur.

[1] - Actes des Apôtres V 17 à 26 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Jean III 16 à 21

mardi 3 mai 2011

et tu ne me connais pas ! - textes du jour

Mardi 3 Mai 2011


Prier… mémoire de grands apôtres, spontanéité et équilibre [1]. Don de la transparence à tout pour recevoir, et à soi-même pour témoigner, transmettre. Témoigner, terme de Jean. Transmettre, terme de Paul. Notre nouveau bienheureux, saisissant singulièrement la succession d’un de nos papes les plus éphémères, en a rendu le prénom et donc l’orientation pastorale définitifs. Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Ecritures, et il a été mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures. La suite est historique et personnelle. Paul y excelle. Il témoigne par sa vocation et par son ministère de la relation du Christ avec les siens, et particulièrement avec ses « ministres ordonnés », avec tout homme, toute femme attentifs à transmettre. Tout ce que vous demanderez en invoquant mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en invoquant mon nom, moi, je le ferai. Quelle demande ? Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit – Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Prier. La prière est notre Genèse, notre Création, priant, je participe à ma création la plus intime, je collabore à l’œuvre de Dieu en moi et le monde entier vient en moi s’abreuver à Dieu, comme dans chaque minute de cette journée commencée, il me sera donné de découvrir Dieu au travail dans celles et ceux que je rencontrerai, celles et ceux à qui je suis confié puisqu’elles et ils me sont confiés. Et ce monde sans repère, distrait de force mais si conscient de ses lacunes, est confié à la prière de chacun. Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi : la rédemption.

[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XV 1 à 8 ; psaume XIX ; évangile selon saint Jean XIV 6 à 14

lundi 2 mai 2011

Dom Jacques Meugniot - moine de Solesmes et aussi ermite en Mauritanie . 14 Juillet 1927 + 25 Avril 2011


le Père Yacoub,
un Mauritanien d’adoption, un compagnon des musulmans




Puissè-je être compris en faisant partager le deuil que je ressens à la mort de Dom Jacques Meugniot, moine de Solesmes – retourné à Dieu à l’issue de la grande fête chrétienne de Pâques, le 25 Avril 2011 – dans son monastère de l’ouest de la France. Et en le dédiant à celui – au monde – qui le pleure le plus et le mieux, son familier dont va naître le quatrième enfant, déjà prénommé Yacoub

Il a vécu trente ans en Mauritanie (1975-2005), d’abord à Atar, puis à Kaédi, et enfin à Toujounine au début de la route de l’Espoir : seul, ermite. Pourquoi ? Quand il comprit la nécessité d’une certaine distance avec une très prestigieuse abbaye bénédictine dont il était certainement l’un des grands esprits en philosophie, en théologie morale et surtout en formation des novices et en accueil tout venant des hôtes, il hésita : le désert, sa spiritualité, sa psychologie, oui ! mais où et comment ? le sud algérien où il remplaça deux hivernages un aumônier ne coincidait pas avec ce qu’il était. De la Mauritanie comme le désert le plus transparent à la foi de tous et le plus respectueux de la vie de chacun, je lui parlais, après l’avoir rencontré en Avril 1963, puis être parti effectuer mon service national dans la future Ecole nationale d’administration de Nouakchott (1965-1966).

Il rencontra Ali Cheikh à Atar, donna de la philosophie sur le Fleuve. Quittant à Nice Moktar Ould Daddah qui l’avait déjà reçu avant le putsch, il s’interrogea (sa lettre du 26 Juin 2001) : « Ici on attend le retour de M.o.D. Sa maison est prête, vidée de son occupant provisoire, l’éphèmère et face Président Lulli. Comment retrouvera-t-il son pays ? Il semble avoir tourné le dos à la sage politique d’union raciale et de lutte contre le tribalisme. Celui-ci triomphe et le fossé entre beïdanes et Négro-Africains se transforme en abîme. Certains voyaient en Moktar le Nelson Mandela de la Mauritanie. Quant à la religion, elle sert de paravent à tous les abus, de l’esclavage à l’enrichissement illégal jusqu’au SIDA, via la polygamie successive ».

Il avait su témoigner de l’apport religieux à toute gestion lors de réunions d’experts de la finance éthique et solidaire, ou lors de débats à huis clos entre communistes français : le bien commun, critère de tout discernement économique et aussi d’un gouvernement juste. Il parlait alors sans référence ni évocation de maîtres ou d’auteurs.

Ce n’était pas un prosélyte mais il laissait voir, et vibrait à tout ce que l’Islam et le christianisme se savent débiteurs l’un de l’autre. A Toujounine, son petit oratoire n’était qu’africain, maure, l’autel avec un coffre de Mederdra, le cœur du sanctuaire (le tabernacle), un autre : petit de Boutilimit. Priant selon les heures monastiques, donc le rythme musulman, ou disant la messe, seul en communion universelle, il laissait la porte ouverte pas tant pour le courant d’air que … oui, pour laisser voir. Un chrétien priant en pays musulman prie pour les musulmans et devant eux. Ce qui est si rare, alors que le musulman sait prier devant les autres. La vie monastique, toujours au péril de la solitude, l’avait au contraire préparé à l’Islam qui pour tant d’autres est un péril. Définissant sa vocation de solitaire par « une certaine fascination de l’UN », lui-même savait ce qu’il en recevait : l’Islam mauritanien est le meilleur ermitage qu’un moine bénédictin puisse trouver. A quelques semaines de sa mort, il me confia ce constat et sa reconnaissance de dette. Il l’avait exprimé auparavant, à son ami, le Père Paul Grasser, atrocement mûtilé dans la cathédrale de Nouakchott, en 1993, par un agresseur imprévisible et en complet contre-sens du partage religieux. Il a aimé les Mauritaniens encore plus que leur désert.

A Ousmane Ould Bah, qui lui fut, à Toujounine, le plus familier et aimant, il téléphona son « à Dieu » cinq jours avant sa mort : « tu es un homme courageux, tu dois être un homme responsable ».


Tu es mon fils ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré. demande, et je te donne en héritage les nations - textes du jour

Lundi 2 Mai 2011



Prier… pour tous ceux morts ou vivants qui, selon eux, ont cru à ce prophète et à cette caution. Cet assassinat sommaire emporte le secret, dépassant de beaucoup une individualité, et n’éradique aucune des causes ayant suscité le charisme d’Oussama Ben LADEN et les meurtres d’anonymes qu’il cautionna pour leurs auteurs et revendiqua pour les tiers. Le simplisme n’était pas de son côté. La coincidence entre sa mort – si elle est avérée, ce dont je doute – qui fut en dehors de toutes règles y compris judiciaires et la béatification en règle de Jean Paul II n’est pas commentée tant la courte vue domine les médias et les politiques enchainés par la même cécité dans la même endogamie. Prier dans cette interrogation : pourquoi ce tumulte des nations, ce vain murmure des peuples ? les rois de la terre se dressent, les grands se liguent entre eux contre le Seigneur et son messie : ‘ Faisons sauter nos chaînes, rejetons ces entraves ! ’. Il est des moments de l’histoire humaine, de toute histoire individuelle où aucun « fil directeur », aucune dialectique ne répond de tout, hors la considération que Dieu a un dessein de miséricorde, de rachat et de perfectionnement de sa créature par retrouvailles entre elle et Lui.[1] Le dialogue, en profondeur, entre Nicodème qui interviendra auprès de Pilate pour obtenir de lui le corps de Jésus, qui tenta au sanhédrin de faire instruire équitablement le procès du Christ, et Celui-ci. Nous le savons bien, c’est de la part de Dieu que tu es venu nous instruire. Jésus ne répond pas sur ce plan. En lecture des événements, en conduite de ma vie, en discernement pour chacun ou pour des peuples entiers, Dieu nous enlève de nos niveaux, de nos certitudes, de nos habitudes, de nos souhaits-mêmes. Nicodème, sans doute, souhaitait une déclaration d’identité, la communication d’un plan de prédication ou d’une stratégie. Il vous fait renaître. Je n’ai pas la capacité exégétique pour être assuré de ce nous et de ce vous qui ferait que Jésus s’adresse, par Nicodème, à ceux des notables qui sont de bonne volonté. Je le pense cependant. La dragée est haute pour cet homme de notoriété et de moralité. Et quel est ce type homme qui est né du souffle de l’Esprit ? ouverture ou presque de l’évangile de Jean à laquelle fait écho ce don du même Esprit par le Christ à ses disciples, sauf Thomas l’absent, quand il répandit sur son souffle et leur dit : ‘ Recevez l’Esprit Saint ’. Version johannique de la Pentecôte qui est, en fait, diffusée à travers tout son évangile : comme leur prière se terminait, le lieu où ils étaient réunis se mit à trembler, ils furent tous remplis de l’Esprit Saint, et ils annonçaient la parole de Dieu avec assurance. Une prière collective exaucée, une mission souhaitée explicitement par ceux qui l’ont déjà plusieurs reprises reçue : donne à ceux qui te servent d’annoncer ta parole avec une parfaite assurance. Voici soudainement dévoilé le sens de l’Histoire et donné le sens de nos vies, à chacun.

[1] - Actes des Apôtres IV 23 à 31 ; psaume II ; évangile selon saint Jean I 1 à 8

dimanche 1 mai 2011

Jean Paul II - prière sans date, retrouvée par hasard, la veille de sa béatification

Jean Paul II - prière sans date, retrouvée par hasard, la veille de sa béatification

la merveille devant nos yeux - textes du jour

Dimanche 1er Mai 2011



De l’exemplaire de « mon moine » , cette pensée de PASCAL (119) : Sépulcre de Jésus-Christ. – Jésus-Christ était mort, mais vu, sur la croix. Il est mort et caché dans le sépulcre. Jésus-Christ n’a été enseveli que par des saints. Jésus-Christ n’a fait aucun miracle au sépulcre. Il n’y a que des saints qui y entrent. C’est là où Jésus-Christ prend une nouvelle vie, non sur la croix. C’est le dernier mystère de la Passion et de la Rédemption. Jésus-Christ n’a point eu où se reposer sur la terre qu’au sépulcre. Ses ennemis n’ont cessé de le travailler qu’au sépulcre.


Prier [1] avec LE mort et ressuscité. La Passion, la Mort, la Résurrection nous introduisent à la prière du Christ, nous autorisent à y participer. Et avec son vicaire et croyant, celui qui a été béatifié ce matin. La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs es devenue la pierre d’angle ; c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. L’émerveillement de la foi, la contante et progressive compréhension de notre destin pour une vivante espérance, pour l’héritage qui ne connaîtrA ni destruction, ni souillure, ni vieillissement. Nous ne sommes apparemment pas aux premiers temps de l’Eglise quand tous ceux qui étaient devenus croyants vivaient ensemble, et ils mettaient tout en commun… chaque jour, d’un seul cœur, ils allaient fidèlement au Temple, ils rompaient le pain dans leurs maisons, ils prenaient leur repas avec allgéresse et simplicité. Mais nous sommes, chacun, au commencement de notre vie, selon la grâce et quel que soit notre âge. L’enfance, l’adolescence, la maturité, la vieillesse, la beauté, la laideur ont chacune leur manière d’entrer dans la foi ou de s’y maintenir, peut-être aussi de la perdre – expérience que je n’ai pas (pas encore et que je n’imagine pas) – … la puissance de Dieu garde par la foi. Le chemin des Apôtres n’est pas si différent du nôtre, enthousiasme collectif, incrédulité individuelle, communion et solitude : les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur… si je ne… non, je n’y croirai pas… Thomas lui dit alors : ‘Mon Seigneur et mon Dieu !’. Pas de reproche à Thomas : Parce que tu m’as vu, tu crois, pas non plus de louange ou de mérite reconnu à qui confesse sa foi, simplement : Heureux ceux qui croient sans avoir vu. La densité de l’évangile selon Jean est telle que chaque ligne inspire la contemplation puis la prière pour tout l’ensemble, non seulement de la vie de Jésus, mais de ses dires, de ses gestes. L’institution de deux sacrements est lapidairement rapportée, sans insistance alors que le vœu de paix ou l’attente de la foi sont répétés. Le temps n’est pas une dimension maîtresse, Pâques et Pentecôte d’aujourd’hui, selon nos liturgies chrétiennes, sont vécus par les Apôtres en une seule journée. Le Christ ressuscité est maître de l’espace. Tout cet extraordinaire, chacune de ces fondations cèdent cependant le pas à cette évidence : toute initiative appartient au Ressuscité, chacune de ses apparitions est souveraine, le détail est encore plus significatif (et émouvant). Jésus dirige nos regards, nous apprend que ce que nous voyons selon ses indications est prière : il leur montra ses mains et son côté… nous apprend que nos gestes, ce que nous confirment nos sens peut devenir prière, cri : avance ton doigt ici, et vous mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté. Horreur des plaies, des blessures, intimité de l’invite, de l’ordre. Thomas obtempère-t-il ? ce sont exactement ses objections, à la lettre, ses conditions telles qu’il les a dites à ses compagnons. Probablement pas : il est touché, transpercé par la vérité, par l’amour que Dieu suscite en lui pour ce maître adoré et regretté. Thomas lui dit alors : ‘ Mon Seigneur et mon Dieu ! ’. A ses disciples du premier soir, ceux qui marchent vers Emmaüs, ceux qui sont restés à Jérusalem et sont réunis, portes closes, Jésus enseigne et donne pouvoir, ministère, mais à Thomas il donne la foi.


[1] - Actes des Apôtres II 42 à 47 ; psaume CXVIII ; 1ère lettre de Pierre I 3 à 9 ; évangile selon saint Jean XX 19 à 31