mercredi 31 décembre 2014

le monde était venu par lui à l'existence, mais le monde ne l'a pas reconnu - textes du jour


Mercredi 31 Décembre 2014

                               Conviction de plus en plus forte qu’il n’est de pire malheur pour soi et plus encore pour les autres nous entourant ou nous attendant, que la sécheresse, que la perte ou que l’inexistence du sens difficile à nommer mais reconnaissable entre tous : l’affectivité, la manifestation de tendresse, de compassion, de disponibilité, d’écoute, les bras qui s’ouvrent, enserrent, protègent, accueillent. Ceux qui en sont dépourvus ou qui momentanément ne l’ont pas, ne l’ont plus sont sans doute dans la pire souffrance, ne pas avoir ce sens, ne pas l’exercer est pire que l’amnésie, en apparence tout fonctionne mais plus rien n’a de sens ni d’âme. Quelqu’un qui ne sait pas manifester d’amour à qui l’aime ou à qui en attend, est sans doute encore plus en demande intime d’amour, de tendresse, de considération, d’estime en propre. Je l’avais vécu, je le vis intensément ces jours-ci. Abondance de cas, d’inconscience totale. Je les dirai ailleurs. Mais par notre fille, éperdue hier soir, j’en sais les ravages, et par ma chère femme, j’en sais la genèse ordinaire. Pour d’autres comme hier soir, je ne vois que le résultat : une pauvreté qui fait pitié, comme toute armure, peur du plein air, peur de la surrection de soi vers l’autre et de l’inconnu alors… la dialectique du don et de l’accueil bouleverse toutes les données. Que de fois dans mon existence, je l’ai vécu intérieurement vis-à-vis de Dieu. Mais le mouvement est si intime, si fort, si total, si intégrant que nous ne pouvons l’opérer seul : il y a faut la grâce. En espérance et en confiance avec Dieu, c’est presque simple puisque tout peut toujours se rattraper mais en relations d’amour et d’affection, en amour conjugal matrice et socle de tout, c’est plus difficile.  La littérature n’enseigne que les chagrins ou les erreurs, la vérité de l’existence physiquement et mentalement partagée est bien plus belle, mais elle est exigeante, la vertu d’espérance y règne autant qu’avec Dieu, lequel est toujours, implicitement, en tiers fécondant et inspirant tout. Même chez les soi-disant païens ou distraits, j’en suis sûr, l’espèce humaine et la dyade sont voulus et soutenus. Et puis il y a l’intelligence qui souvent montre le chemin, ouvre la fenêtre de la bonté et de la tendresse tant la réciprocité, le constat, la culture et la célébration de l’affinité et de la communion  font oublier la rudesse et le froid  jusqu’au prochain épisode et ainsi de suite. L’humanité attend donc en corps et chacun de nous sa délivrance et l’entrée définitive en communion mutuelle  par le don de communion avec Dieu. Cela se vit et s’appelle, par prétérition, la vie éternelle. L’enfant, évidemment, et je le vis à chaque heure, l’adolescent aussi, je le crois et l’ai expérimenté, nous rappelle cette nécessité d’âme et de chair : l’attention et la priorité affectueuses.
                                        L’incarnation du Fils de Dieu est cette « contribution » divine à nos affectivités, le partage, la compassion, l’expérience de la condition humaine, celle dans laquelle nous entrons chacun, petit à petit, à mesure de nos éclosions, selon des rythmes et circonstances propres. – Les actualités nous en fournissent, nous en brandissent constamment le masque, le rictus de la dureté de cœur, les visages et les noms nous sont familiers puisqu’en sus ces atrophiés de la communion et de l’univers sont assoiffés de notoriété et d’être mis en scène. – Itinéraire de Dieu parmi nous : partage de notre condition et véritable gloire par cela même… Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père, comme Fils unique, plein de grâce et de vérité [1]  Hier, Luc concluait les évangiles de la petite enfance : l’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse et la grâce de Dieu était sur lui [2] mais ceux/celles que nous aimons, qui nous aiment et nous ont choisis les premiers, imitant, sans nécessaire le savoir, le mouvement divin, ce sont bien eux/elles qui nous apprennent et réapprennent l’amour. Dieu personne ne l’a jamais vu, l’incroyant ou le distrait se rendent-ils compte qu’ils en sont cela, naturellement, humainement en commun avec l’un des chrétiens les plus gratifiés qui aient jamais été, le disciple que Jésus aimait et qui écrit donc : Dieu personne ne l’a jamais vu ! mais pour ne pas s’en tenir là : le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître. Histoire de toute religion, des circonstances, des dogmes à l’existence partagée, du factuel et subit au vécu à pleurer de reconnaissance car la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. Mémento pour tout ce que nous avons rencontré hier soir, Marguerite et moi, ces personnes… qu’elles vivent et soient heureuses en nous. En lui était la vie, et la vie était lumière des hommes. Qu’elles le soient et le demeurent. A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Et que par extension, selon notre pauvre prière, si limitée, ce soit le destin et l’aboutissement de tous, de tout le vivant. Amen. De fait, en cette fin d’année et à l’instant d’une très nouvelle, si grosse de tant d’imprévus en tous domaines, les masses de la mer mugissent, la campagne tout entière est en fête, les arbres des forêts dansent de joie devant la face du Seigneur, car il vient, car il vient pour juger la terre et en avoir pitié. Amen.


[1] - 1ère lettre de Jean II 18 à 21 ; psaume XCVI ; prologue de l’évangile selon saint Jean I 1 à 18

[2] - évangile selon saint Luc II 40

mardi 30 décembre 2014

le monde passe et sa convoitise avec lui - textes du jour

Mardi 30 Décembre 2014


Journée d’hier. Suite des suggestions et ajustements de mon cher beau-frère (abaisser les plafonds, doubler nos vieux murs avec du placo.,installer des ventilateurs, prévoir un seau d’eau à côté du poêle cela pour notre habitat, quant à l’éducation de notre fille : des dires inadmissibles) mais début d’une réserve de bois à notre seuil, exemplaire d’organisation, et réparation du verrou de la grande chambre qui avait été monté à l’envers. Cela me dépayse tandis que ma chère femme n’avoue pas être médusée. Itinéraire professionnel, la Poste depuis ses vingt ans, un des rarissimes à être encore de statut fonctionnaire. Je m’étonne moi-même tant j’accepte et même affectionne le personnage… Ecrasé de sommeil, je n’ai pas rouvert mon écritoire à notre retour de Bellevue : site de plus en plus méconnaissable, même les noms disparaissent. Surréaliste, deux bonnes femmes, des Charentes maritimes, débarquent de leur voiture sacs et autres pour attendre à la nuit noire un bateau : l’île d’Arz au débarcadère, alors que la marée est archi-basse, mais il leur été indiqué que le départ se fait là… cris des mouettes et autres, vagues lumières de Séné au-delà du plan d’eau discontinu…– L’entretien de VALLS avec la presse espagnole, sauveur de la France ? mais bien mieux : de l’Europe, l’homme sans identité politique, la solitude absolue et une mécanique intérieure indiscernable. Demain soir, notre autre homme. En revanche, ce qui s’identifie parfaitement, c’est le démarrage de la révolte et de l’ingérable si doivent perdurer les système de ces dix ans. La Grèce, sa gauche, ses mers… l’Illiade et l’Odyssée peuvent se récrire, à l’encre rouge. C’est vraiment un autre monde à mes soixante-dix ans tandis que toute mon enfance années 40 et 50 demeure et vibre en moi. Le lien, l’autre enfance, Marguerite et son amie Emma, intermittentes à dîner, continue pour jouer à de l’internet et à la tablette ou à la DS, assise sur le lit, qui naguère fut celui de Maman, mais aujourd’hui recouvert très fantaisie. Le bonheur ne se prévoit pas, l’inattendu est mon paysage.
                           Prier… l’Eglise nous redonne les images des premières semaines de l’incarnation de notre Dieu [1] : elles sont notre permanence et notre gage, tandis que le monde passe,n et sa convoitise avec lui. Mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure pour toujours. Pour Jean l’évangéliste, le disciple par excellence, l’intuitif des moments après la Résurrection, pas de doute : je vous l’écris, parents… je vous l’écris, jeunes gens…  je vous l’ai écrit, enfants … vous connaissez le Père, vous êtes forts, la parole de Dieu demeure en vous, vous avez vaincu le Mauvais… vous connaissez celui qui existe depuis le commencement… Pas de texte de la prophétesse : Anne, du texte de l’évangéliste. L’extraordinaire, notre salut, l’incarnation, sont de simples faits. Et c’est permanent, posé. Elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem… L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. Puisse commencer, de même, l’enfance d’un monde nouveau, confiant.


[1] - 1ère lettre de Jean II 12 à 17 ; psaume XCVI ; évangile selon saint Luc II 36 à 40

lundi 29 décembre 2014

Syméon reçut l’enfant dans ses bras - textes du jour

Lundi 29 Décembre 2014


Prier… ni du commentaire de texte, commentaire millénaire de texte bi-millénaire ou trimillénaire… ni de la sophrologie : la joie, la paix… dans les deux postures, Dieu instrumenté, du verbiage sans témoignage, de la recherche de sensations dites spirituelles. Celui qui dit : « Je connais », et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur : la vérité n’est pas en lui. J’entends, sans abus de mot, je crois, par vérité : la réalité. Et cette habitation intime est communion. A Dieu et selon Lui et par Lui, avec tout autre, avec toute la création à toutes époques et sous toutes formes. Cosmogonie permanente, je crois. En celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection : voilà comment nous savons que nous sommes en lui. Celui qui déclare demeurer en lui doit, lui aussi marcher comme Jésus lui-même a marché [1]. Couronnement d’une vie humaine. Nunc dimittis. … Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort sans avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Annonce et attente. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi, Syméon reçut l’enfant dans ses bras… qui le lui donna ? comment cela s’est-il passé ? Le rite était premier dans le récit, thème du récit, motif de montée au Temple, et l’histoire change de cours. Tout devient prophétique, et le prophète c’est celui qui identifie. Mouvement même du Magnificat, réponse humaine par excellence à ces cours de l’histoire personnelle et collective : action de grâce puis la suite de l’histoire, clairement perçue et déjà vécue par anticipation. Désormais tous les âges me diront bienheureuse… tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix…  lumière qui se révèle aux nations…  La salutation-réplique d’Elisabeth à sa visiteuse, la lecture de vie donnée par Syméon à Marie. Les prières- dialogues de nos deux Testaments. Lumière qui se révèle… ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du coeur d’un grand nombre. Le cœur de l’homme dès son expulsion du Paradis…Yahvé vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre et que son cœur ne formait que de mauvais desseins à longueur de journée.  Yahvé se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre et il s’affligea dans son cœur. [2] Le déluge, la rédemption. Ouverture de l’Histoire sainte… ouverture des évangiles. Prière et écoute.


[1] - 1ère lettre de Jean II 3 à 11 ; psaume XCVI ; évangile selon saint Luc II 22 à 35

[2] - Genèse V 5 à 7

dimanche 28 décembre 2014

il partit sans savoir où il allait… elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses - textes du jour


Dimanche 28 Décembre 2014 - la Sainte Famille
 
Matin froid, mais sans grésil. Fête de la Sainte-Famille. Symboles multiples. Mon beau-frère, ici. La manifestation de chaleur et de sympathie, mais aucune référence. Celle aux parents simplement implicite. Quant à la messe, tout à l’heure… POUTINE, selon le Figaro, qui en politique intérieure ne se soucie que de l’orthographe (« le niveau baisse », chanson sans doute millénaire, mais non l’orthographe sera autre… et puis ?), POUTINE donc enfin parfaitement à l’aise dans l’engrenage de la « guerre froide » justifiant et portant sa dictature : l’OTAN, ennemi numéro un de la Russie. Les communautés… dont toute la dialectique serait l’enfermement et le délire de la persécution, de l’ennemi explication de l’extérieur pour toutes les difficultés intérieures. En revanche, évolution des familles : la recomposition (mouvement de fait dont la théorie du « remplacement », la France vidée d’elle-même par l’invasion immigrante en religion et en ethnie, en habitudes de vie). On entre dans tant d’aberrations. Et puis la réalité, la jeune fille à la gare d’hier soir, attendant le TGV de Paris pour aller à Quimper, c’est déjà – itinéraire – un symbole, elle souriait intérieurement et a même conquis Marguerite qui d’ordinaire n’apprécie pas les conversations de passage : elle devait supputer l’accueil, le repas puis les vêtements que le garçon rejoint ferait tomber. Projet de vie. C’est cela qui doit l’emporter, même si toutes les formes changent.
Leçon d’évangile, très bien dite par Paul VI en pèlerinage à  Nazareth. Jean XXIII et le prix Lénine (ce qui montre la régression actuelle de nos relations internationales : Daech et C rimée…) pour sortir l’Eglise du Quanta cura, et Paul VI sortant du Vatican et allant partout, le nom de règne qu’il s’était choisi et celui du Précurseur que sa famille lui avait donné… [1] Mon Seigneur Dieu, que pourrais-tu donc me donner ? Je m’en vais sans enfant… Tu ne m’as pas donné de descendance… Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste. Les prédilections de Dieu et la demande humaine. Cette descendance, Yahvé la désire pour son élu aussi fort que celui-ci regrette de n’en pas avoir. Correspondance parfaite. Pourquoi lui ? pourquoi le nombre ? c’est un de mes serviteurs qui sera mon héritier… Ce n’est pas lui qui sera ton héritier, mais quelqu’un de ton sang.  Nos demandes qui sont si multiples et qui rarement sont la seule prière d’être avec Dieu. Seule Marie était sans demande aucune. Point commun d’Abraham, départ humain de la dialectique du retour au paradis et à l’éternité avec Marie, aboutissement de ce parcours : la fécondité, la foi qui pour Dieu sont un même mouvement, celui de notre réponse à Lui. Il partit sans savoir où il allait…  elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses. Explication paulinienne du consentement d’Abraham au sacrifice de son unique : il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les mots, c’est pourquoi son fils lui fut rendu. Et l’Apôtre ou le disciple de son école nous amène au Christ et à nous : il y a là une préfiguration. Syméon, son attente, sa foi : il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ. Les grands cantiques de l’Evangile sont tous de la première époque : celle de l’enfance, celle de la Sainte Famille : nunc dimittis, magnificat, benedictus, et ils sont chacun d’actions de grâces. L’enfant est central, sans qu’alors – attente d’Abraham, accomplissement familial pour Jésus – son rôle, sa liberté, sa personnalité soient définis. Il fait réfléchir ses parents. Les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur… Abraham offrit Isaac en sacrifice… le père et la mère s’étonnaient de ce qui était dit de lui… Une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser… survenant à cette heure-même, elle proclamait les louanges de Dieu et parfait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Tous, de l’ang Gabriel à Marie visitant Elisabeth, Zacharie, Syméon, Anne, tous voient dans l’enfant Jésus le salut. Un salut attendu… L’humanité aujourd’hui : novation, elle n’attend rien, ou plus rien ? génération sans généalogie, je le ressens souvent dans ma fratrie, et sans avenir, que la débrouille individuelle ? L’histoire avait commencé – à la suite du péché originel – par la postérité, donc l’attente la plus biologique et la plus spirituelle, dès que « les choses » se compliquent, stérilité, fratricides, et nos histoires à chacun. Aujourd’hui, humblement mais décisivement pour moi, notre fille et nous. Ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. Fermer les yeux, l’enfance et Dieu, la mort et l’enfance, un enfant vous est donné…. Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu ! Memento… les disputes en famille, les enfants et leurs parents, la lutte de ceux-ci contre la maladie, la vieillesse pour encore demeurer parmi eux. Pronostics, prière.



[1] - Genèse XV 1 à 6 & XXI 1 à 3 ; psaume CV ; lettre aux Hébreux XI 8 à 19 ; évangile selon saint Luc II 22 à 40

samedi 27 décembre 2014

nous écrivons cela afin que votre joie soit parfaite - textes du jour

Samedi 27 Décembre 2014

Prier… un des principaux trésors de l’Eglise, ses enseignants, les évangélistes, dont le plus grand que nous fêtons aujourd’hui, mais cette manière de travailler et de creuser ensuite… d’Augustin à Benoît XVI par exemple, ou ce bénédictin irlandais du IXème siècle, les mêmes outils, les mêmes textes, la m^me foi, la même inspiration mais les talents, les esprits, les plumes, les personnalités si différentes, que de joyaux. Et cette complémentarité exceptionnelle dont notre époque bénéficie en ce moment, sans assez le savoir ni le vivre (je suis objectif et ne crois pas, ainsi, tomber dans la papolâtrie simpliste et censée nous exonérer de toute réflexion, donc de toute prière personnelle…) : le théologien, le spirituel, l’affectif, le majestueux qu’est Benoît XVI, le pasteur, l’intuitif, le pratique, le sévère et exigeant, habillé de bonté et science du geste qu’est François… un scientifique, un priant du donné et du révélé, un pasteur précis et perspicace ô combien.
Prier… il vit et il crut [1]. Le seul, sans doute de toute l’Ecriture qui soit ainsi présenté à notre prière pour le suivre… se laisser entrainer par son témoignage. L’antithèse apparente de Thomas, un autre des Apôtres : ne sois plus incrédule, sois croyant. … Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.  L’Eglise, Pierre, Jean, Thomas. Nous suivons, nous entrons et il nous est donné – de naissance, de conversion, de visitation ou sans que nous en prenions totalement conscience mi-rêve, mi-espérance, mi-intuition qu’un trésor, le trésor est quelque part en nous – et il nous est donné de nous agenouiller de chair et d’âme, et de murmurer : mon Seigneur et mon Dieu. Il vit et il crut. Noël. Nous écrivons cela afin que votre joie soit parfaite…  Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée… Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. Merci à nos pères et mères dans la foi, merci à mes adorables parents et à mon vénéré aîné de m’avoir agenouillé au pied de mon lit en toute petite enfance pour la prière, tous quatre ensemble, chaque soir. Merci à notre fille de consentir avant son sommeil ou quelque reprise de jeux de tablette, et après avoir réorganisé trésors, carnet intime fermant à clé, peluches nombreuses à ses oreillers, de consentir à notre récitation-memento. Puisse le Seigneur de la crèche et du tombeau l’enrichir et la solidifier quand elle sera « plus grande » de ce que nous semons ensemble ces années-ci, ma chère femme revenue à la messe dominicale pour l’y accompagner et venant si souvent à mon épaule pour cette prière du soir : soixante-dix ans, dix ans, les époques de la foi. Rendez grâce en rappelant son nom très saint… pour que vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or, nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus-Christ.


[1] - 1ère lettre de Jean I 1 à 4 ; psaume XCVII ; évangile selon saint Jean XX 2 à 8

Hier


17 heures 15 + L’objurgation du bonheur, Rebecca ce film tiré par HITCHCOK d’un roman de DAPHNE du MAURIER que je n’ai pas lu, et je n’ai commencé de me rappeler l’intrigue qu’au dernier tiers, mais la photographie, noir et blanc, style portraits d’HARCOURT dans les années 1950 (ma chère Maman) plus encore que de NATKIN… est superbe, les gros plans de visage, les mains (sauf le pouce) de Joan FONTAINE sont parfaites, sa beauté un peu simple, de visage symétrique et enfantin, blonde aux yeux bruns est surtout celle d’une actrice remarquable. Laurence OLIVIER en bellâtre à moustache fine est plus convenu, le rôle diabolique de la gouvernante est lui aussi exceptionnellement tenu. Objurgation du bonheur qui tombe aussi bien pour notre couple – dont je n’ai jamais douté depuis notre mariage mais dont ma chère femme ne croit pas assez qu’il soit possible et a déjà tout le terreau et toute la taille – que pour le temps de Noël, exhortation tout autant au bonheur, à la joie, à cultiver bonheur et joie. Je ne suis pas connaisseur en matière de bonheur, dit Maxime (Laurence OLIVIER), moi : si : en vécu, en ambition, en résolution et en goutte-à-goutte. Nos liturgies chrétiennes en sont quotidiennement la prosopopée

23 heures 31 + Qu’est-ce que je vais faire de ma vie pour racheter sa disparition ? … Au bout d’une heure, on ne pouvait plus les reconnaître, on les reconnaissait à des objets… Désormais on pouvait localiser les corps à l’odeur. Les dix ans du tsunami. Ce qu’il se passe en Grèce : avéré et public, ce qu’il se passe chez nous et qu’on cache : peut-être dix millions de personnes au seuil de pauvreté, la probable faillite du régime des retraites complémentaires en secteur libéral tandis que les logorrhées politique et médiatique continuent de moudre comme la mélodie d’un ménage avec la musique d’un ordre de barbarie, sans plus aucun rapport avec la réalité. Ce dixième anniversaire du tsunami décrit très exactement notre cécité mondiale, la lèpre commence de nous recouvrir. Il va se passer de plus en plus de choses horribles. Pis qu’un terrorisme qu’on n’éradique évidemment pas, la disparition des solidarités, des Etats, plus aucun outil, que des débris. – De LATTRE : ne pas subir.

vendredi 26 décembre 2014

devant moi, tu as ouvert un passage - textes du jour



Vendredi 26 Décembre 2014

Journée d’hier très paisible,un peu de rangements et de mises à jour, mais surtout jeu de société avec Marguerite très calme : les mystères de Pékin, puis la soirée avec Jean « le bon », ses récits qui ajoutent chaque fois un nouveau détail à une vie archi-simple, à un entourage apparemment calamiteux d'indicibles recherches et de constants revers, essais, erreurs, mais l’ensemble donne une telle sensation d’humilité et d’acceptation que j’en conclus toujours à une sainteté non catalogable mais certaine… son retour chez lui à tâtons entre murs de la maison et haies d’hortensias et arbustes: la Bretagne condamnant les portes d’entrée et faisant s’introduire par le garage, les maisons sans fondation, la cave, une pièce comme une autre de plain-pied. Marguerite disant son discernement des pas de sa mère et des miens.  – Prier… tout aujourd’hui, rangement minimum. Mes années de retard dans les travaux, chantiers et au matériel comme à la plume, ce que je « dois » faire ou produire ne me pèsent plus.
 
Prier… Etienne, rempli de la grâce et de puissance de Dieu, accomplissait parmi le peuple des prodiges et des signes éclatants. [1] Qu’était-il avant son martyre ? Benoît XVI, passionnant dans ses recherches biographiques tant sur le Christ que sur nos grands saints et pères d’Eglise, en sait à peine plus que nous. Luc, manifestement, est un un homme que les hommes intéressent et qu’il sait décrire par leur comportement. Le reste et la suite se déduisent. C’est plus que des récits, c’est constamment – spiritualité de Noël – le mariage de l’homme, des talents reçus, d’une mission donnée, avec la grâce et l’Esprit de Dieu. Lui, rempli de l’Esprit Saint, fixait le ciel du regard, il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. Jésus avait prédit le martyre, nos emm… n’ont rien à voir. Nous ne souffrons pas, je ne souffre pas – moi puisque je sais à peu près mon histoire et mes manques et erreurs, en est-il de même pour tous ? j’ai tendance à le supposer, mais les martyres, dans le silence et la prière, sous des apparences de vie banale, existent aussi j’en suis sûr et ont la grâce de vivre selon le Christ, et d’avoir à en souffrir… je ne souffre que de mes limites et du manque de prière, d’attention à autrui, de travail pour le mieux être des autres. Etienne a pourvu à tout, le matériel, le spirituel, ce fut tellement éclatant dans son service d’Eglise et pour les Apôtres, et lors de son procès, qu’il en est mort. Ils poussèrent de grands cris et se bouchèrent les oreilles. Tous ensemble, ils se précipitèrent sur lui, l’entrainèrent hors de la ville et se mirent à le lapider. Les folies meurtrières, tant de précédents et tant à prévoir…  Vous serez détestés de tous à cause de mon nom ; mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. Schéma et grâce de la persévérance que n’eurent les Apôtres qu’après la Pentecôte. Paradoxalement, leur Maître disparu à leurs yeux et à leurs oreilles… Etienne… la conversion de Paul a ses racines en ce martyre, la route vers Damas est peut-être alors projetée. Conversion et persévérance sont données et pas acquises. La foi native dont je suis gratifié ne tient qu’à Dieu, et je vis chaque jour, en regardant notre fille, que rien ne tiendra de ce que je lui ai présenté et continue de lui présenter depuis sa naissance, sans la grâce. L’Esprit seul est au travail, nous en sommes enveloppés. Ou pas ? là commence le mystère, qui n’est pas celui de Dieu d’abord mais celui de notre liberté. Ton amour me fait danser de joie… sur ton serviteur que s’illumine ta face… devant moi, tu as ouvert un passage. La prière ensuite ne se dit plus, encore moins s’écrit, mais notre petitesse alors s’étend à l’univers, du premier cercle de celles et ceux que nous aimons à l’entier de la vie et de la création.


[1] -  Actes VI 8 à 10 & VII 54 à 60 ; psaume XXXI ; évangile selon saint Matthieu X 17 à 22

jeudi 25 décembre 2014

le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi - textes du jour

jour de Noël - jeudi 25 Décembre 2014

02 heures 08 du matin suivant + Soirée et nuit de Noël exceptionnel de détente et d’affection entre nous trois, de piété à notre église.

08 heures 14 + De la mort et du néant, le vœu désespéré d’une orpheline pour le premier Noël sans sa mère et sans son père, le vœu d’une jeune fille n’aimant ni sa vie ni celle de son couple dans une maison et un pays qu’elle n’a pas choisis, la femme dans les astreintes de toutes sortes dont elle ne veut que les étranglements hic et nunc [1]et la révolte d’une fillette de dix ans et un mois qui tout simplement a attendu un an, point du tout Noël selon toute apparence, mais le spectacle Disney sur M6, spécial pour cette nuit de la naissance, fête de l’enfance [2]… à la paix, l’union, au sourire, à la mutuelle présence en notre église de village, Marguerite en servante d’assemblée, l’aube blanche, la télévision qu’à l’heure dite elle avait fermée d’elle-même, ma chère femme distingué et soignée au possible de vêtement et d’allure. Vivre simplement l’heure d’action de grâce quand se fait la résurrection, que la boue est devenue poussière lumineuse. Priante veillée, très bien organisée. Ouverture à l’orgue par un enfant de huit ans, Cassien, sœur de Fleur, allant ensuite revêtir son aube de servant d’autel. Teint cireux et inquiétant de notre cher MLP, allure du chef de procession et expert de l’encensoir : un pré-adolescent de jolie taille et de profil pour médaille du Grand siècle, puis tout a été emporté par les textes : le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi [3]. Solo en breton de notre chère Josiane. Retable, statues rurales et ancien maître-autel dans la luminescence des cierge. Quand l’amour se retourne contre lui-même, il n’exprime que le dehors de tout. Et il fait aussitôt, en profondeur, de ceux qu’il habite, attendre l’expression de sa renaissance, tant l’a appelé son contraire. Comme toute annonciation, depuis celle donnée Marie, , ce qsu’a popularisé à l’extrême saint Jean Paul II : ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple. Noël comme l’Annonciation est la noce de Dieu avec l’homme qui l’accepte : Père, Fils et Saint Esprit concourent à le prendre, le faire naître, incarnation, participation à la vie triniaire. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime.  Tous. La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes… alors le jour et maintenant : comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut… tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu. [4]

10 heures 32 + Marguerite et les cadeaux. Avant-hier, son insistance, la vérité, le Père Noël, les cadeaux. J’ai refusé de répondre, la foi est aussi un choix, celui de la ratification. Elle ne pose plus la question, mais les cadeaux correspondent exactement à ses souhaits.Il y a même une poupée qu’elle avait déjà et va offrir à la collecte paroissiale. La première des « kinra girls » m’émerveille : Marguerite a donc les collections de ses lectures (Monsterhigh, Everafterhigh), tandis que ma femme qui dans sa toute petite enfance reçut la première Barbie, celle des années 60, avec quelques sept cent maintenant… un après-midi ou presque pour que je transbahute et installe la collection dans notre longère-garde-meubles, collection aussi d’une centaine de paires de chaussures… je ne suis pas isolé dans mes passions d’adolescence à aujourd’hui. Ma chère femme m’a trouvé une édition rare et magnifique de Comme le temps passse… livre emblématique (Robert Brasillach) qui rachète toute une époque, que ma mère me fit lire au seuil de mon adolescence, auteur qui, avec Maurois et ses Climats, m’introduisit à l’essentiel de la vie, de l’amour qui est beauté par l’âme. Je ne me suis pris d’addiction pour photographier nue celle qui était venue à moi – féminin pluriel – qu’à partir de mes trente-cinq ans. Auquel ajouter une merveilleuse histoire de France racontée aux enfants par la dernière compagne de Michelet, celle-ci sans enfants… et l’enfance et la vie des Français illustres (Pierre Lorme illustré par Pierre Falké, Bertrand du Guseclin, Jeanne d’Arc, Richelieu, Turenne, La Fontaine, Molière Poussin, Pascal, Pasteur, Jean Bart, Victor Hugo, Joffre… date d’édition probable ,’Occupation avec visa de censure) et enfin la maison des marmousets (librairie nationale d’éducatioin et de récréation)… Christine commençait déjà à se repentir de son imprudence, sans cependant en prévoir toutes les conséquences fatale). Et elle s’est trouvée une étole de fourrure, parfaitement imitée, ce qui permet de suivre BB et de s’habiller, se vêtir aussi bien, sans martyriser ni tuer. – Suite de la neuvaine pour la France, toujours une conversion à la Ninive, quoiqu’à tous ces textes il manque Jonas. Je « réponds » à Daniel-Ange, et, comme c’est écrit d’avance, faiblesse de tout texte spirituel s’il ne se prie pas à sa seule date de vie et de partage, l’argument de la régression de deux mille ans par les crèches interdites tombe à faux, le tribunal administratif de Montpellier en référé a permis samedi que la crèche installée par le maire frontiste dans sa mairie de Béziers a été autorisée, puisqu’elle ne trouble pas l’ordre public, et lundi, même chose pour Melun. Je ne crois pas que ce soit la laïcité, telle qu’elle peut nous faire nous accueillir les uns les autres quoique tous les musulmans respectent la Nativité et font même parler l’Enfant dès sa naissance, alors que pour nous chrétiens, il est infans. La crèche trouble l’ordre public en Chaldée… pas plus que naguère pour les camps d’extermination, nous n’agissons vraiment. Or, c’est cela qu’il faut. Quant à l’acharnement d’un prêche tâchant de nous persuader et de notre « régression » et de la persécution qui, en France-même, aurait commencé ? non, la prière de France doit être autre [5]. Quand nous nous somme couchés vers les deux heures, j’ai lu à notre fille le message de Noël aux enfants de France, 1941, Charles de Gaulle… l’histoire et la victoire.
Ce que j’ai vécu hier, du bas vers le haut, ce que nous avons vécu, je prenais les coups mais souffrait bien moins, puisque j’espérais, que celles qui tapaient plus sur elles-même que sur moi et les images de Dieu ou de Sa fête, introduit aussi à cette leçon : de la difficulté naît la manifestation de Providence. Se mettre en voyage avec sa jeune femme enceinte, quels problèmes pour Joseph, quelle fatigue pour Marie… mais du coup le Fils de David naît dans la ville même où l’ancêtre éponyme était né.
Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré… Moi, je serai pour lui un père, et lui sera pour moi un fils… Tandis que notre cher MLP dans une autre église de notre doyenné donne une homélie sans doute différente : hier de la nuit à la lumière, suivant notre veillée, me voici à nouveau devant l’icône décisive : rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être, le Fils, qui porte l’univers par sa parole puissante, après avoir accompli la purification des péchés, s’est assis à la droite de la Majesté divine… Et Jean assure : tous, nous avons eu part à sa plénitude, nous avons grâce après grâce. La prière aujourd’hui est déjà notre immersion, notre existence accomplie dans la totalité d’un univers et d’une communion auxquels rien ne manque. Homme né dans la pauvreté, mort dans l’ignominie, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire.Toutes nos joies, tous nos retours à l’amour, à la vie, notre résurrection et notre naisance ont, en cela, leur racine, et leur cause.


[1] - J’espère que c’est le dernier Noël que je passe ici

[2] - J’aurais toi, je serais incroyant. Dieu n’existe pas, il ne fait rien, il ne fait pas de miracle, il dit tout le temps qu’il est mort pour nous, mais il ne fait rien .

[3] - Isaïe IX 1 à 6 ; psaume XCVI ; Paul à Tite II 11 à 14 ; évangile selon saint Luc II 1 à 14

[4] - Isaïe LII 7 à 10 ; psaume XCVIII ; lettre aux Hébreux I 1 à 6 ; orologue de l’évangile selon saint Jean I 1 à 8

[5] - Quand la France acceptera ce que le monde a toujours cru d'elle et ce que les siens, natifs ou nouveaux-venus, espèrent d'elle, alors elle trouvera - sans référence ni étiquette - le don de Dieu. La prière à sa racine est aveu de pauvreté. Les Français sans repères, l'Europe sans le ferment et l'imagination de cette France millénaire, le monde sans sa plus vieille partie ... éprouvent ce dénuement. De là jaillit le cri de Bartimée, des lépreux, de la Cananéenne - dénuement du Christ en croix - et à quoi répondent pitié et compassion du Sauveur. Sans oriflamme, sans réseaux que nos mains se joignant et cherchant celles de tout autre remplacent les chaînes de tout orgueil, de tout racisme, de toute pétition prosélyte de supériorité. Que notre aînesse dans l'Eglise soit d'abord la mémoire fondant notre espérance. Pour la faire partager, que les chrétiens en France soient exemplaires d'écoute, d'accueil et de générosité matériellement, sentimentalement, spirituellement. Alors les pains et les poissons seront à nouveau multipliés et peut-être aurons-nous - chrétiens en France - l'honneur et la charge de le distribuer.
SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR
HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS
Basilique vaticane
Mercredi 24 décembre 2014


« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (Is 9, 1). « L’ange du Seigneur se présenta devant eux [les pasteurs] et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière » (Lc 2, 9). C’est ainsi que la liturgie de cette sainte nuit de Noël nous présente la naissance du Sauveur : comme une lumière qui pénètre et dissout l’obscurité la plus dense. La présence du Seigneur au milieu de son peuple efface le poids de la défaite et la tristesse de l’esclavage, et instaure la joie et l’allégresse.
Nous aussi, en cette nuit sainte, nous sommes venus dans la maison de Dieu en traversant les ténèbres qui enveloppent la terre, mais guidés par la flamme de la foi qui éclaire nos pas et animés par l’espérance de trouver la ‘‘grande lumière’’. En ouvrant notre cœur, nous avons, nous aussi, la possibilité de contempler le miracle de cet enfant-soleil qui éclaircit l’horizon en surgissant d’en-haut.
L’origine des ténèbres qui enveloppent le monde se perd dans la nuit des temps. Repensons au moment obscur où a été commis le premier crime de l’humanité, quand la main de Caïn, aveuglé par la jalousie, a frappé à mort son frère Abel (cf. Gn 4, 8). Ainsi, le cours des siècles a été marqué par des violences, des guerres, la haine et des abus. Mais Dieu, qui avait placé ses propres attentes en l’homme fait à son image et à sa ressemblance, attendait. Dieu attendait. Il a attendu tellement longtemps que peut-être à un certain moment il aurait dû renoncer. Mais il ne pouvait renoncer, il ne pouvait pas se renier lui-même (cf. 2 Tm 2, 13). C’est pourquoi, il a continué à attendre avec patience face à la corruption des hommes et des peuples. La patience de Dieu, Comme il est difficile de comprendre cela : la patience de Dieu envers nous !
Au long du chemin de l’histoire, la lumière qui perce l’obscurité nous révèle que Dieu est Père et que sa patiente fidélité est plus forte que les ténèbres et la corruption. C’est en cela que consiste l’annonce de la nuit de Noël. Dieu ne connaît pas d’accès de colère et l’impatience ; il est toujours là, comme le père de la parabole du fils prodigue, dans l’attente d’entrevoir de loin le retour du fils perdu ; et chaque jour, avec patience. La patience de Dieu.
La prophétie d’Isaïe annonce l’apparition d’une immense lumière qui perce l’obscurité. Elle naît à Bethléem et elle est accueillie par les tendres mains de Marie, par l’affection de Joseph, par l’étonnement des bergers. Quand les anges ont annoncé aux bergers la naissance du Rédempteur, ils l’ont fait avec ces paroles : ‘‘Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12). Le ‘‘signe’’ c’est justement l’humilité de Dieu, l’humilité de Dieu portée à l’extrême ; c’est l’amour avec lequel, cette nuit, il a assumé notre fragilité, notre souffrance, nos angoisses, nos désirs et nos limites. Le message que tous attendaient, le message que tous cherchaient dans la profondeur de leur âme, n’était autre que la tendresse de Dieu : Dieu qui nous regarde avec des yeux pleins d’affection, qui accepte notre misère, Dieu amoureux de notre petitesse.
En cette sainte nuit, tandis que nous contemplons l’Enfant Jésus qui vient de naître et d’être déposé dans une mangeoire, nous sommes invités à réfléchir. Comment accueillons-nous la tendresse de Dieu ? Est-ce que je me laisse rejoindre par lui, est-ce que je me laisse embrasser, ou bien est-ce que je l’empêche de s’approcher ? ‘‘Mais je cherche le Seigneur’’ – pourrions-nous rétorquer. Toutefois, la chose la plus importante n’est pas de le chercher, mais plutôt de faire en sorte que ce soit lui qui me cherche, qui me trouve et qui me caresse avec amour. Voici la question que nous pose l’Enfant par sa seule présence : est-ce que je permets à Dieu de m’aimer ?
Et encore : avons-nous le courage d’accueillir avec tendresse les situations difficiles et les problèmes de celui qui est à côté de nous, ou bien préférons-nous les solutions impersonnelles, peut-être efficaces mais dépourvues de la chaleur de l’Évangile ? Combien le monde a besoin de tendresse aujourd’hui ! Patience de Dieu, proximité de Dieu, tendresse de Dieu.
La réponse du chrétien ne peut être différente de celle que Dieu donne à notre petitesse. La vie doit être affrontée avec bonté, avec mansuétude. Quand nous nous rendons compte que Dieu est amoureux de notre petitesse, que lui-même se fait petit pour mieux nous rencontrer, nous ne pouvons pas ne pas lui ouvrir notre cœur et le supplier : ‘‘Seigneur, aide-moi à être comme toi, donne-moi la grâce de la tendresse dans les circonstances les plus dures de la vie, donne-moi la grâce de la proximité face à toute nécessité, de la douceur dans n’importe quel conflit’’.
Chers frères et sœurs, en cette nuit sainte, contemplons la crèche : là, ‘‘le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière’’ (Is 9, 1). Les gens simples, les gens disposés à accueillir le don de Dieu, l’ont vue. Au contraire, les arrogants, les orgueilleux, ceux qui établissent les lois selon leurs propres critères personnels, ceux qui assument des attitudes de fermeture, ne l’ont pas vue. Regardons la crèche et prions, en demandant à la Vierge Mère : ‘‘ Ô Marie, montre-nous Jésus’’.

mercredi 24 décembre 2014

pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, pour conduire nos paix au chemin de la paix - textes du jour

Mercredi 24 Décembre 2014
 
 Prier…[1]les grands textes de récapitulation, l’alliance de Dieu avec David et un continuel accompagnement, gratuit : Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j’y habite ? C’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau, pour que tu sois le chef de mon peuple Israël. Nous ne rétribuons pas Dieu et nos vies, nos rôles, ce que nous avons à faire et à être dans le dessein global de Dieu pour l’ensemble de la Création à laquelle nous sommes appelés à coopérer, c’est Dieu-même qui Le définit et nous en donne force et inspiration snas nous lâcher d ‘une semelle. David doit tout à Dieu. J’ai été avec toi partout où tu es allé… Oui, je t’ai accordé la tranquillité en te délivrant de tous tes ennemis. Les gratifications immenses n’ont de cause que l’amour divin et aussi la mise en situation de son élu pour que celui-ci accomplisse la tâche nécessaire à tout le peuple. Jean Baptiste, prophétisé par un incrédule, son père Zacharie, toi aussi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut, tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins, pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés, grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu…Ma radicale impuissance à « faire » le bonheur de ma femme, de notre fille, à leur ouvrir l’avenir et à faire sourdre en elles tout… c’est alors l’élan de ma prière pour elles qui me sont confiées, et pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, pour conduire nos paix au chemin de la paix. 
Le ciel, plafond bas et sombre, épais, mais voici au ras des arbres, sous cette chape, une lumière laiteuse, comme une rescapée introduisant maintenant quelque chose, sera-ce le jour ?


[1] - 2ème livre de Samuël VII 1 à 16 passim ; psaume LXXXIX ; évangile selon saint Luc I 67 à 79

mardi 23 décembre 2014

la main du Seigneur était avec lui - textes du jour

Mardi 23 Décembre 2014

Saint Joachim, maison de retraite sacerdotale pour le diocèse de Vannes + Ambiance ? ou vie, la énième forme en humanité, selon le paramètre de l’âge, il y en a tant d’autres : géographie, époque,  sexe, fortune

Prier…  priorité donnée à mon lever à mon hommage pour le cher Ahmed Salem, je ne viens à la prière du jour, généralement reçue le matin, que maintenant tandis que Denis M. est mis aux toilettes par une aide-soignante, horaires réguliers. Le repas… la messe auparavant… j’y entends ce que je n’avais jamais remarqué : dans tutre la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur coeur… Je croyais ce mouvement d’intériorisation, manière et intériorisation propre à la seule Marie. Non ! elle est native, culturelle. Aujourd’hui, c’est la distraction, le hors sujet qui sont la norme en tout registre

Perfection d’une silhouette, très droite, même se penchant :  kiné. ? ou Romane en stage d’accueil, économie sociale. Je la regarde, dans l’instant, de profil, tandis qu’elle interroge : un fauteuil roulant à véhiculer… Le dos droit, la queue de cheval abondante mais pas indiscrète, la poitrine de profil, la simple indication des pointes de seins presque sans ceux-ci, mais les fesses pleines, sans excès mais donnant tout l’équilibre du corps. Elle disparait dans le couloir, a dû ressentir mon regard, se retourne, un mot que je lui rends et qui dit plus. Deo gratias pour la beauté et l’attractivité des jeunes filles, pour le dévouement inlassable et précis des femmes de tous âges.

En effet, la main du Seigneur était avec lui. [1]ses voisins et sa famille… tous les gens du voisinage… les évangiles de la joie et de la joie ensemble, une joie de contemplation, une relation à Dieu… apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. Probable récit de Marie à Luc, elle n’est partie qu’après la naissance, elle-même en troisième mois. La venue du Christ, le messager de l’Alliance que vous désirez, le voici qui vient… et tout se restaure : il ramènera le cœur des pères vers leurs fils, et le cœur des fils vers leurs pères. A quel point nous étions abîmés. Tu lui donneras le nom de Jean… Zacharie d’ordre de l’ange, il a pu le confier à Elisabeth. Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole et déclaré : « Non, il s’appellera Jean ». On lui dit : «  Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean est son nom ». Alors chaîne de prodiges. Tout le monde en fut étonné. A l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et bénissait. Tandis que la Vierge est enceinte, le Fils de Dieu en gestation, tout n’est que prière de louange, tout est joie, il va en être ainsi jusqu’au Gloria accompagnant les bergers. Le secret du Seigneur erst pour ceux qui le craignent : à ceux-là, il fait connaître son alliance.

Remonté chez mon cher Denis M. ? Souffrance que je ressens en lui d’une concélébration en fauteuil, la main et encore. La prière, le Magnificat. Je l’interroge. Il dit que c’est difficile. Je continue, oui, parce que c’est un constat, pas une demande. La messe dominicale, une communion, dit-il, qui s’établit facilement, ceux et celles à qui manque la messe de ce jour-là et le disent. Je lui dis qu’il a vraiment vécu une spiritualité et une vie sacerdotales, pas une dévotion spéciale. Sa mère dans les dernières années de celle-ci, tenait le presbytère et donc était à ses homélies, les commentait-elle ? non ! simplement ce qui avait fait rire les gens ou ce que d’autres lui en disaient. – Je l’ai quitté. Dans le couloir, un confrère en kiné., marcher. C’est la jeune fille qui est une jeune femme. Je lui dis ce que j’ai vu et ressenti d’elle. J’ai le plaisir de lui faire plaisir, quel hommage ! et elle me le dit. A table, Denis… les laideurs et atrocités du monde, mais aussi… Nous y sommes. Et par exemple, en boucle, l’hommage intense, vrai, divers, concordants : Jacques CHANCEL, les médias, le talent quand le service public permet de tout oser :grand échiquier des milliers de radioscopies. Et il a beaucoup de ce que je ne savais pas. Le rôle de Marcel JULLIAN pour Antenne 2, et le pendant : Apostrophes de Bernartd PIVOT. Il y eut un visage, une voix, des images que fit la France.

Ahmed Salem, mort le jour où le Parlement européen délibère la plus précise objurgation qu’il ait jamais voté contre la persistance de pratiques esclavagistes où que ce soit : la Mauritanie emblématique, et les victimes d’hérédité et de naissance qui se révèlent et sont les plus fortes antidotes. Pour mon éminent ami CHAÏKENOV, ministre de la Justice pour le Kazakhstan juste indépendant,le christianisme et précisément Paul (Onésime…) ont été les premiers émancipateurs. Je crois que cette constatation qu’il me fit fut son premier pas vers la foi, lui l’un des plus brillants juristes soviétiques, il continua en allant à Chartres tandis qu’il venait se faire diagnostiquer d’un cancer chez nous, 1994-1995.


[1] - Malachie III 1 à 24 passim ; psaume XXV ; évangile selon saint Luc I 57 à 66

lundi 22 décembre 2014

il s'est penché sur son humble servante, désormais tous les âges me diront bienheureuse



Lundi 22 Décembre 2014



Le Magnificat. L’Annonciation n’est pas un débat en Marie pour refuser ou consentir, elle est le constat divin communiqué à Marie sur sa participation au salut du genre humain et au rachat de la Création, dont elle fait elle-même partie. Le Magnificat est le constat de Marie sur ce que Dieu fait d’elle, sur les conséquences universelles de cette action. Il est à la fois la prière humaine par excellence : action de grâces, louange, lecture de vie et lecture de l’histoire, et la réponse qui aurait pu être donnée à l’ange, à Dieu mais que reçoit une autre femme, également privilégiée. Très peu de paroles de la Vierge en nos évangiles : deux phrases à l’ange, cette exultation maintenant, le reproche fait à l’Enfant retrouvé au Temple (une phrase), la consigne donné aux serviteurs à Cana. Toute la dévotion bimillénaire et beaucoup de nos dogmes, pas seulement ceux qui la concernent et l’exposent directement : Immaculée Conception et Assomption,  sont des déductions de cette intense sobriété. La place de Marie dans nos vies, dans la prière et la contemplation de l’Eglise, dans l’énoncé de notre foi est sans doute ce qu’il y a de plus participatif humainement à la révélation divine. Marie nous représente en intelligence de la foi et en vie de prière, en confiance absolue. Cantique d’Anne et cantique de Marie [1] : parenté d’élan et d’argument, certes, mais situation spirituelle totalement différente. Anne demandait un enfant, elle est exaucée, elle remercie et reconnaît Dieu selon ce qu’Il est ce qu’Il fait. Marie ne demandait rien. Gratuité totale et de Dieu envers elle, et d’elle envers Dieu. Anne explique donc : mon front s’est relevé grâce à mon Dieu, Marie constate : il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Anne dit Dieu et la dialectique évangélique, l’eau changée en vin, le Seigneur fait mourir et vivre… Le Seigneur rend pauvre et riche, il abaisse et il élève. Marie chante l’action de Dieu à travers l’Histoire à partir de ce qu’elle vit elle-même. Le Puissant fit pour moi des merveilles. Lesquelles, apparemment aucune, sinon ce choix divin qu’énonce l’ange Gabriel. Ces merveilles, c’est ce que Marie, se connaissant bien elle-même et lisant sa vie, constate. Objectivement et selon nous, ce n’est que vie quotidienne d’une très jeune fille, dont le prochain mariage, vie avec un homme et séparation d’avec ses parents, n’avait peut-être rien d’enthousiasmant. Sa joie et sa reconnaissance de l’œuvre de Dieu sont donc toutes spirituelles, déjà surnaturelles. Pour elle, le fait extraordinaire, c’est : il s‘est penché sur son humble servante, et pour qu’elle sache et vive ainsi ce qu’en diront tous les âges, c’est bien que cette prédilection est extraordinaire, et qu’elle est extraordinaire fructueuse. Imaginer ces trois mois : Elisabeth et Marie, donc Marie à la naissance du Baptiste, sixième mois à l’Annonciation, trois mois de Visitation. C’est le silence d’un chant de joie, c’est intérieur. Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !  Avant Marie, bien d’autres, dont Anne, mère de Samuël, décisif dans l’histoire d’Israël, fondateur de son histoire et de ses institutions en tant qu’Etat : mon cœur exulte à cause du Seigneur. Des joies qui sont causées par l’action d’autrui, par une Personne, et non selon des événements, des choses, des sentiments.


[1] - 1er livre de Samuel I 24 à 38 ; cantique 1er Samuel II 1 à 8 ; évangile selon saint Luc I 46 à 56


dimanche 21 décembre 2014

Moi, je serai pour lui un père, et lui sera pour moi un fils - textes du jour

Dimanche 21 Décembre 2014



Théoriquement, le début de l’hiver Le silence, sauf le ronflement de Fonzy dont je partage le canapé devant le poêle, le souffle de celui-ci et nos horloges et pendules aux sonneries décalées. Hier a été fécond, objets et radios retrouvés, transbahutage de mes cartons de livres : la collection blanche de Gallimard, les Monde réempilés, dans leur sac mensuel (FNAC, juste de la bonne contenance mais de plus en plus difficiles à trouver (plus distribués, les derniers étaient de mauvaise qualité, de même que les chèques ne sont plus acceptés, au moins sur le site vannetais) et à déplacer : ce dont j’ai débarrassé le presbytère Damgan : autant de voyages dans une dimension qui n’est ni le temps ni l’espace, mais qui est encore plus vécu, sans doute parce qu’hors sensations et sentiments que mentaux. La psychologie personnelle et collective inculquée dans la première moitié du XXème siècle, tout sauf le doute, le mur de l’Atlantique, l’enseignement de la raideur. Un motu proprio du siècle précédent : des lois pour résister au « modernisme », alors avec majuscules. Marguerite a retrouvé son entrain, Nelly CADRA a téléphoné pour prendre de ses nouvelles, la convainquant de « prendre » ses médicaments, inhalation comprise, mais c’est ma chère femme, toussant depuis deux jours qui m’inquiète, sa déprime aussi, causes multiples, inquiétudes astreignantes, la mort de ses parents en fond d’ambiance, de sa pensée je ne sais que ces obsessions sans en être sûr et que son amour dont je suis sûr. Marie n’était certainement pas une femme anxieuse, alors qu’au début de sa gestation et à cause de celle-ci, puis à la naissance de son divin fils, elle est assaillie littéralement de prédictions en tous sens : la royauté davidique, le messianisme exaucé, le glaive de douleur.
Prier… Noël arrive, cinq petites crèches comme un chœur sur le buffet aux albums de photos, prière hier soir tous trois… puisse la toux et le mal être de ma femme… Le secret de Marie, de son équilibre personnel : elle ne se pose pas nos habituels « problèmes » : orientation de vie, état de vie ce qui fut tellement ma vie, suite des événements, difficultés pratiques. Elle est entière dans le présent, elle recueille, elle voit, elle n’interroge que sur ce qui manque à sa compréhension, elle n’est ni théorique ni dans l’éventuel… Le prodigieux pour nous, ses enfants d’adoption aux côtés de son divin Fils, est que nous déduisons à l’unisson depuis des siècles et sans nous tromper, toute la psychologie d’une femme, tous ses traits de caractère et même ses réactions de très peu de textes. Mais ces textes, si sobres, sont d’une limpidité absolue, ils posent les fondations de tout, et d’abord de notre prière à son parfait exemple. Le roi David habitait enfin dans sa maison. Le Seigneur lui avait accordé la tranquillité en le délivrant de tous les ennemis qui l’entouraient. Mais il ne s’en contente pas : projet grandiose  mais logique, sanctionné d’ailleurs par son « directeur spirituel » le prophète Nathan. Loger Dieu, donner à l’arche de l’Alliance (que l’on n’a jamais retrouvée alors que l’on prétend depuis l’impératrice Hélène avoir retrouvé la Croix – elle n’est déjà plus mentionnée dans les derniers livres de l’Ancien Testament) un abri, une demeure. Et puis il y aura la tentation du soir, adultère, assassinat, mort d’un premier-né…. [1]A David, ramené à son propre sort et donc au respect de l’indépendance de Dieu vis-à-vis de tout projet humain, le Seigneur promet tout, pour lui et pour sa descendance, le bonheur et la relation. Tu reposeras auprès de tes pères je te susciterai dans ta descendance un successeur, qui naîtra de toi, et je rendrai stable sa royauté. Moi, je serai pour lui un père, et lui sera pour moi un fils. Fondamentalement, la promesse est celle de la sécurité, de la stabilité selon une relation d’exception dont cependant le meilleur de nos relations humaines est mieux que l’image ou le pressentiment : le modèle. Accomplissement que Paul présente comme le mystère essentiel, gardé depuis toujours dans le silence, mystère maintenant manifesté au moyen des écrits prophétiques… mystère porté à la connaissance de toutes les nations… comment ? l’Incarnation. C’est la partie « visible » du mystère : Dieu se laisse appréhender en entrant dans notre Histoire, dans notre chair et en vivant parmi nous, ayant pris notre nature, y compris dans sa mortalité et toutes ses limites physiques. L’Annonciation n’a pas pour objet la virginité de Marie ni même la proclamation de sa maternité d’exception. Elle est le récit, factuel, de l’Incarnation, y compris dans son mode opératoire, seule question de la Vierge : l’identité de l’ange, le but de sa visite ne la préoccupent pas, elle écoute, reçoit, elle est tellement au présent, je ne connais pas d’homme, nulle part question comme il continue d’être prêché, d’un vœu perpétuel d’abstinence, pas non plus d’interrogation sur la suite de sa vie puisqu’elle est « promise » par les siens à Joseph de la descendance de David. Non, c’est simplissime et la réponse qu’elle reçoit, la preuve qu’en sus elle entend comme une invitation au constat, sa vieille cousine enceinte de six mois ce qu’elle ne savait pas, rien de cela ne conditionnait ce qui n’est pas une réponse ou une acceptation, mais un constat, un acte de foi, le plus souverain de l’histoire de l’humanité : que tout m’advienne selon ta parole. Ce que lui apporte l’Annonciation, c’est son rôle, la consécration de son rôle, les conséquences, le rayonnement, elle en prendra conscience tandis qu’elle court chez Elisabeth, ce sera alors le Magnificat. A l’Annonciation, elle et nous, sommes dans les faits. Tu vas concevoir et enfanter un fils… la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre… la descendance tout humaine de David devient aussi une descendance d’une tout autre nature, d’une tout autre grandeur que celle des institutions et de l’histoire politique : il sera appelé Fils du Très-Haut, le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il règnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. De l’histoire à l’éternité… ta maison et ta royauté subsisteront pour toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. L’Annonciation est une confirmation, la confirmation de Marie et le début de notre propre mouvement spirituel.


[1] - 2ème livre de Samuel VII 1 à 16 ; psaume LXXXIX ; Paul aux Romains XVI 25 à 27 ; Luc I 26 à 38