mardi 30 septembre 2008

l'autre fondation - textes du jour


Mardi 30 Septembre 2008

Il y a deux cités ; l'une s'appelle Babylone, l'autre Jérusalem. Le nom de Babylone signifie « confusion » ; Jérusalem signifie « vision de paix ». Regardez bien la cité de confusion pour mieux connaître la vision de paix ; supportez la première, aspirez à la seconde.
Qu'est-ce qui permet de distinguer ces deux cités ? Pouvons-nous dès a présent les séparer l'une de l'autre ? Elles sont emmêlées l'une dans l'autre et, depuis l'aube du genre humain, s'acheminent ainsi vers la fin des temps. Jérusalem est née avec Abel, Babylone avec Caïn... Les deux villes matérielles ont été construites plus tard, mais elles représentent symboliquement les deux cités immatérielles dont les origines remontent au commencement des temps et qui doivent durer ici-bas jusqu'à la fin des siècles. Le Seigneur alors les séparera, lorsqu'il mettra les uns à sa droite et les autres à sa gauche (Mt 25,33)...
Mais il y a quelque chose qui distingue, même maintenant, les citoyens de Jérusalem des citoyens de Babylone : ce sont deux amours. L'amour de Dieu fait Jérusalem ; l'amour du monde fait Babylone. Demandez-vous qui vous aimez et vous saurez d'où vous êtes. Si vous vous trouvez citoyen de Babylone, arrachez de votre vie la convoitise, plantez en vous la charité ; si vous vous trouvez citoyen de Jérusalem, supportez patiemment la captivité, ayez espoir en votre libération . En effet, beaucoup de citoyens de notre sainte mère Jérusalem (Ga 4,26) étaient d'abord captifs de Babylone...
Comment peut s'éveiller en nous l'amour de Jérusalem notre patrie, dont les longueurs de l'exil nous ont fait perdre le souvenir ? C'est le Père lui-même qui, de là-bas, nous écrit et rallume en nous par ses lettres, qui sont les Saintes Ecritures, la nostalgie du retour. [1]

Exaltation et épuisement cette nuit, tant j’ai eu conscience – après quarante cinq ans d’observation des chroniques du monde et de mon pays – que nous entrions dans une ère nouvelle dont nous ne savons rien et selon un processus qui ne fait que commencer. Je l’écris par ailleurs dans mon journal d’inquiétude & vie de certitudes. Ouvrant ma messagerie en même temps que le portail orange m’apportant les dépêches de l’AFP, c’est la proposition decommentaire l’Evangile au quotidien que je regarde d’abord. Comment n’être pas halluciné par la coincidence et le prophétisme, les deux cités, les deux amours, leur emmêlement des origines à la fin des temps. La parabole de notre moment – historique, ces heures-ci, à l’égal de 1929 ou des déclarations des deux guerres mondiales au siècle dernier, qui périment ce qu’on a pris pour des événements majeurs, le 11-septembre ou l’invasion américaine de l’Irak pour ce début de XXIème siècle – est tout entière là, et la médication aussi. Mais il faudra des années et sans doute plusieurs générations pour que nous la prenions. Humblement mais fièrement, chacun y collaborer dès ce matin.

Prier… le livre de Job, que je considère comme l’entretien psychothérapeutique modèle, ou une analyse au sens de la psychanalyse. Il faut des répondeurs et relanceurs, en principe neutres, ceux de Job, ne le sont pas, mais du moins ils assument la fonction indispensable, que le « patient » ne soit pas enfermé dans son monologue. Job remplit d’autre part le préalable et la fin qui sont essentiels. Il souffre sans doute, mais il n’admet pas sa culpabilité. Il a par ailleurs conservé, ce que n’a plus en entrant en entretien ou en analyse le patient : ses repères. Job garde foi en Dieu. [2] Pourquoi donner la vie à l’homme qui ne trouve plus aucune issue, et que Dieu enferme de toutes parts ? ceux dont tu n‘as plus souvenir, qui sont exclus, et loin de ta main. Chant du désespoir mais qui a son adresse : Dieu. Le désir de mort, la préférence qui caractérise la dépression : maintenant je serais étendu dans le calme, je dormirais d’un sommeil reposant. C’est là au séjour des morts que prend fin l’agitation des méchants, c’est là que reposent ceux qui sont exténués. Pourquoi donner la lumière à un malheureux, la vie à ceux qui sont pleins d’amertume, qui aspirent à la mort sans qu’elle vienne, qui la recherchent plus avidement qu’un trésor ? Le mur, donc, et l’évangile ne le fait pas franchir – aujourd’hui. Jésus en route vers Jérusalem, sa passion et sa mort humaines. Le refus d’un village de l’accueillir, ils partirent vers un autre village. Apparemment, rien de lumineux ni dans les malédictions du juste ni dans cette marche du Christ : comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. Dieu lui-même sans halte ni repos, mais un repère, une direction, un moment vers lequel continuer. Prière : tu m’as pris au plus profond de la fosse, le poids de ta colère m’écrase, tu déverses tes flots contre moi, que ma prière parvienne jusqu’à toi, ouvre l’oreille à ma plainte. Ainsi soit-il…


[1] - Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église Sermon sur le psaume 64 (trad. cf En Calcat)

[2] - Job III 1 à 23 ; psaume LXXXVIII ; évangile selon saint Luc IX 51 à 56

samedi 27 septembre 2008

route - textes du jour

Dimanche 28 Septembre 2008

Prier…[1] les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis. Le problème aujourd’hui, du moins « autour » de moi, de l’incroyance ou de l’athéisme, ce qui n’est pas la même chose, ou de la révolte contre Dieu (ou l’Eglise faisant scandale ou sourire), ce qui est encore autre chose, n’est ni une repentance : nos excès de repentances et expressions de regret pour des événements passés genre colonisation ou Shoah ou inquisition n’en sont pas de vraiment personnelles, nous n’avons pas davantage le sens du péché originel sauf à ressentir les limites de notre nature humaine et de notre personnalité, ni une absence, un vide. Je crois bien que c’est un excès de foi, mais de foi en soi, ce que l’on a établi pour soi à propos de tout. On s’est organisé mentalement, et parfois très bien. Peut-être l’âge ou un malheur (ou le bonheur ?) font-ils question ? On est mûré. Mais je le suis tout autant dans ce que je crois être ma foi (chrétienne) et qui est peut-être ma suffisance et un certain sommeil. Aimer cet homme qui vêcut en Galilée il y a deux mille ans, ce Dieu dont parle si bien la Bible et parfois quelques humains en notre temps ? Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole. Je trouve la réponse à la question qui m’était posée hier soir par courriel : Réf. : textes du jour - veuillez svp ne plus m'envoyer vos textes. Je n'ai pas de dieu. Merci. Rencontre dans une salle d’attente d’hôpital, une femme jeune, plutôt belle, le visage manifestement qui a beaucoup pleuré, elle est seule, avec son fils genre du héros de Mort à Venise ; elle est tellement évidente dans sa détresse, les lieux d’ailleurs indiquent laquelle ou à peu près que je lui adresse la parole, quelques mots pour lui dire qu’elle a tout pour vivre, échange d’adresses électroniques. Plus tard, j’entrevois son fils qui continue d’attendre, elle consulte, ce qui m’avait amené à la regarder et à l’aborder, n’était pas tant elle que la relation qu’elle manifestait avec son fils, une adoration, une protection, une dépendance, ce n’est plus très précis dans ma mémoire, mais cela me paraissait dérangé. La parabole interrogative du Christ part vraiment d’elle, si elle me courielle n’avoir pas de dieu (minuscule), c’est bien qu’il y a en elle, par son fils probablement, quelque chose qui à la fois l’habite et la désespère. Mais elle est habitée. Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne’. Il répondit : ‘Je ne veux pas’. Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Abordant le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? Ils lui répondirent :’Le premier’. Nous sommes le public du Christ, quand nous entendons cela, nous répondons comme ses contemporains, nous comprenons notre propre inconsistance autant que nos contradictions si seulement nous rentrions vraiment en nous-mêmes, et en étant disponibles au constat que nous ferions. Mais que faisons-nous ? La réponse d’une vie n’est pas la foi, mais ce que je fais, moi, de cette vie qui m’est accordée. Et Paul commente : s’il est vrai que dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage dans l’amour, si l’on a de la tendresse et de la pitié … que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres… recherchez l’unité. Le prophète aussi : Je ne désire pas la mort du méchant, et pourtant vous dites : ‘La conduite du Seigneur est étrange’… est-ce ma conduite qui est étrange ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? Si le juste se détourne de sa justice, c’est à cause de sa perversité qu’il mourra. Mais si le méchant se détourne de se méchanceté… parce qu’il a ouvert les yeux, parce qu’il s’est détourné de ses fautes, il ne mourra pas, il vivra. Alors, la réponse du psalmiste… Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours. Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse, dans ton amour, ne m’oublie pas. Vieillissement et perte de mémoire, nous n’avons plus besoin que du présent pour vivre, nous nous y enfonçons et probablement, quoique diminués physiquement et physiologiquement, nous vivons davantage, seule nous est restée la mémoire de nos enfances et jeunesses, et Dieu nous a suivi en cela. Oublie les révoltes… ne m’oublie pas. Contrairement à tout ce que nous disons et voyons, vieillesse et amour vont de pair, ainsi. Nous sommes décapés autant par l’amour que par l’âge, du moins est-ce ce que le bonheur reçu m’apprend. Les malheureux, les incroyants sont bien davantage au seuil que nous, tellement plus aptes à recevoir, soudainement, ou à comprendre, apparemment par eux-mêmes, ce qu’ils avaient et vivaient déjà. Mais pour moi, pour nous … si je puis dire : nous, en pensant/priant avec tant… enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Vous regarder, Seigneur, est la route. Amen.

[1] - Ezéchiel XVIII 25 à 28 ; psaume XXV ; Paul aux Philippiens II 1 à 11 ; évangile selon saint Matthieu XXI 28 à 32

vêcu - les évêques, comment les recruter ?


Les évêques : comment les recruter ?
Des parachutés qui surgissent, tout puissants

Problème à réfléchir : le mode de recrutement des évêques.

Propos subjectifs.

Autant on comprend que celui des prêtres, longtemps organisé sociologiquement, puis, d’une manière plus exigeante mais sans doute un peu confuse, selon la vocation de chacun, soit vraiment indépendant de la communauté dont ils seront les pasteurs nommés hiérarchiquement (tout renvoyant au charisme ou à la mission d’une congrégation, ou au discernement de l’évêque), autant ces façons de carrière consacrée par le regard du nonce et une certaine rumeur, avec des critères changeants où la docilité et le lisse doivent certainement l’emporter sur toute audace et vraie confiance en l’Esprit saint, sont de moins en moins compréhensibles.

Mais faire voter ? et qui ? n’est pas davantage praticable.

L’évêque, père spirituel de ses prêtres ? l’évêque intervenant dans la vie de la société, donnant des repères, pas en langue de bois.

Ces deux fonctions, certains évêques les accomplissent manifestement, mais ce semble l’exception. Naguère Mgr. Riobé (Orléans – les années 1970) ou Mgr. Chapoulie (Angers – les années 1950 et découvreur de Mgr. Riobé), ces temps-ci ceux des évêques qui ont pris position à propos des tests ADN et de l’immigration.

Mais le problème initial demeure : comment faire que l’évêque ne soit pas un parachuté, soudain tout puissant sur ses prêtres et l’argent du diocèse, et sans prise pastorale sur les fidèles, encore moins sur les distants de l’Eglise ? Le modèle, pour moi, mais comment transposer et réaliser : Ambroise, envoyé de Rome par Théodose, préfet plénipotentiaire arrivant à Milan dont l’évêque vient de mourir. La foule l’acclame, le proclame évêque et dans la même journée, il est baptisé, ordonné et placé à la tête de la ville, à tous égards. Les hymnes ensuite et le magistère d’Augustin…

Je veux y revenir – surtout, je vais en parler et provoquer là-dessus.

27 IX 08

vêcu - réunions et évangélisation

Réunions – témoins : points de départ de l’évangélisation aujourd’hui


Les professionnels – l’apologétique, le commentaire, les rédactions revues et d’articles, les conférences. Le clergé – diminuant de moitié en nombre tous les dix ans, au moins en France – administrant les sacrements. Les pratiquants – de moins en moins nombreux, récriminent et découragent leurs prêtres, et n’attirent quant à eux plus personne. Alors ?

Je participe à deux réunions. L’une d’un mouvement des chrétiens retraités. Première fois que j’y vais, selon une annonce en fin de messe dominicale.. L’autre, où je me rends pour la seconde fois, prépare depuis le début de l’année, un pèlerinage en Terre sainte. Deux ancrages pour la vie spirituelle personnelle, sans doute, mais possibles points de départ pour un rayonnement et la « nouvelle évangélisation ».

Notes de journal…

Une réunion du mouvement des chrétiens retraités. Anita B. m’avait appelé en fin de matinée me disant que je serai déçu, que ce ne serait pas intéressant (sous-entendu pour moi), je n’avais pas eu l’esprit de lui demander pourquoi cela l’intéresse – elle ? J’ai répondu que je viendrai par intérêt pour la rencontre elle-même. Je n’ai pas été déçu. Nous sommes six moi compris, indication de deux couples absents. Le diagnostic de base de D. est vrai, ce mouvement censé atteler les générations les plus âgées à une certaine transmission aux plus jeunes n’a aucun rayonnement ni vis-à-vis de sa clientèle biologique ni vis-à-vis des autres, censément à épauler. Je ne sais d’ailleurs la finalité de ce mouvement ni son histoire. Chronophagie ? ou divertissement ? selon les occupations ou inoccupations des uns et des autres. Des cahiers servent de guide, bien faits dans les questionnements, discutables quand les professionnels du « baratin » spirituel prétendent se mettre à la place des ouailles. Manifestement, l’Eglise de plus en plus enfermée sur elle-même au lieu de se lancer dans la bataille d’un monde meilleur, bataille à l’occasion de laquelle un témoignage d’expérience de Dieu peut – éventuellement – être livré.

Je suis donc là mais je ne perds pas mon temps. Le couple B. – BCBG, l’authenticité de lui, Michel, ne peut certainement se percer qu’à la longue, réflexions un peu réac. sur la soutane ou les signers distinctifs, sur l’impression produite par une assemblée de trois cent et quelques prêtres à Lourdes, concélébrant avec une douzaine d’évêques. Je lui dis au contraire ma rage de ce gaspillage, comme dans les concélébrations à la cathédrale de Vannes, quand des lieux perdus sont sans plus aucune messe. Qu’il n’y ait qu’un assistant ou même pas du tout, je crois à ces messes dans des lieux froids et déserts mais qui furent autrefois habitées par des gens qui venaient prier et qui y ont vêcu. Elle – censée animer, n’est qu’un cri. Son histoire est celle d’une constante adaptation, d’un oui perpétuel et notamment à un mari qui tient de la place mais n’apporte pas grand-chose (sinon un niveau de vie) qui soit immédiatement évident ou secourable. Elle trouve force et discernement dans « la parole de Dieu ». J’admire qu’elle ait tenu jusqu’à maintenant, mais peut-être y a-t-il tendresse que je ne vois pas. Il ne s’est pas agi d’échanger des récits de vie mais de répondre, en gros, à deux questions : comment caractériser la génération à laquelle on se sent appartenir ? les ponts vers l’autre, savons-nous les construire,avons-nous peur de les traverser ?

Ce que j’entends de l’autre bord de notre aisance et de notre culture m’a saisi. Une Louisette P., de Quimperlé dit surtout qu’elle a eu de la chance, génération de l’Occupation, l’arrivée des Allemands, l’anecdote d’une église qu’ils cherchent, et veulent tout à eux, en fait une messe, église pleine. Elle ressasse sa chance : celle d’avoir échappé à l’adversité ? vivant à la campagne, elle n’a pas manqué, sa famille en nourrissait d’autres. Une sœur religieuse, qui a donné un récit d’adolescence et de débuts de vie religieuse, j’ai demandé à le lire, évocation d’éducation stricte mais tout à fait consentie par des religieuses à Saint-Brieuc, les paires de claques reçues et acceptées. L’évidence qui m’avait frappé en première année de droit, des éducations et des enseignements qui ne conduisent de la part des maîtres, éducateurs ou professeurs qu’à reproduire ce qu’ils sont eux-mêmes et ce qu’ils ont vêcu, au lieu d’un départ en mission et en création, tâche à laquelle se mêleraient aussi ces éducateurs et professeurs. En ce sens, si j’ai regretté de ne pas avoir ce « filet » protecteur qu’aurait été l’Université – dont JMJ me disait la sécurisation qu’il opéra dans sa vie politique et gouvernementale – je n’ai jamais regretté une carrière me polongeant dans les problèmes du monde contemporain et me faisant rencontrer une quantité de situations et de personnes, si diverses, que mon célibat ou ma prodigalité m’ont vraiment permis de partager, dans lesquelles je me suis immergé pendant vingt ans, et mes dix ans de solitude relative ici depuis ma disgrâce ont été aussi un séjour en « pays étranger » et à découvrir des « autochtones »…

Puis, le couple vraiment beau par sa discrétion, son union, sa totale pudeur, pas du tout voulu, mais parfaitement naturelle, plus de quatre-vingt ans chacun, elle tient l’harmonium. Sans qu’elle l’articule ainsi, elle est la génération de l’honneur, fortes études, carrière dans les services de perception et de trésorerie de l’Etat, connue comme chrétienne, les millions et les billets manipulés, expérience de la débâcle, du cours forcé du mark, des billets français brûlés en hâte (les instructions de MCM que j’ai vues « en amont », poursuite de l’ambiance, mon dire du projet de sa biographie fait que Michel B. me propose la mise en rapport avec une nièce ou une sœur ayant bien connu les filles de mon grand homme : avec empressement, j’ai accepté). Lui, engagé volontaire dans la marine en 39-40, navigué pendant trois-quatre ans. En fait, les Forces navales françaises libres à 17 ans, puis la marine marchande, un premier engagement dans un bateau de la SNCF, que la concurrence privée fait réglementairement éliminer, puis pris, sur recommandation de la SNCF dans une compagnie de navigation caennaise, tout de suite comme second, et ensuite commandant de navire. Etait-ce de voyageurs de fret ? je le saurai. Il est probablement mal entendant, dit avoir du mal à s’exprimer mais cela ne vaut que dans le registre de la réunion et pour le commentaire spirituel, mis devant son expérience et le récit de sa vie, il est disert, me passionne, il est parfait. Marie-Madeleine et André – Deux heures par mois ne sont pas astreignants, j’irai donc, et tâcherai de faire des adeptes. J’ai évidemment témoigné de la manière dont je lance sans cesse mes filets, témoigné aussi du désastre d’un couple apparemment si chrétien et pratiquant, les S. – D. est arrivé comme nous finissions, messe de funérailles à …, église pleine mais une vingtaine de communions, dont la plupart n’avait manifestement aucune habitude de la recevoir, ils ne savaient devant le prêtre, le ciboire et l’hostie quelle contenance avoir. Désespérance blasée de mon ami… qui se sent fatigué malgré ses vacances, qui vit mal de ne pouvoir travailler à quelque chose qu’il ne définit pas mais dont il est empêché par visites et appels de peu de sens.

Accessoire… Signature superficielle de la bonne volonté, l’énumération suggérée des générations : la guerre, etc… mais « génération Mitterrand » puisqu’il y eut cette ingénieuse publicité en 1988, récri général, le marin, Mit’ran ? non, et le retraité d’affaires : alors, génération Jean Paul II. Quant à moi, la génération du Concile ? non, le concile, long et profus, cinq ans ne m’a pas marqué, les encycliques, si. Je les ai même fait circuler et commenter. Sans insister, j’ai dit internet, mes diffusions, mes conversations de métro, les prises d’adresses et les étudiants qui me sont passés par le cœur et l’agenda, puisqu’il s’agissait de réfléchir sur les ponts. Anita n’arrive pas à dire ceux qu’elle n’a pas franchis, et témoigne d’une éducation, il est vrai induite par les psaumes, la rétribution. Aller à l’autre apporte forcément. Soit ! mais il y a Paul, commenté par Paul VI : je ne peux pas ne pas… je suis poussé… Et puis rien ne peut se dire sans l’écoute préalable et constante. Mais en même temps, susciter… comment le faire sans parler soi-même ?

Réunions d’hier. Autant celle de l’après-midi était psychologiquement et sociologiquement passionnante – psychologiquement, le couple B. : elle fatiguée de consentir sans cesse à son mari, de s’adapter et trouvant qu’il intervient trop et prend trop de place, et lui une assurance et une simplicité sympathiques, mais en fait sur la réserve, et sociologiquement les trois autres, leur richesse, leur histoire, du plein terroir… autant celle d’hier soir autour de D. a été décevante. Fatigue ou ennui, j’ai surtout lutté contre le sommeil et mes notes pourtant prises sur cet écritoire, n’ont aucun intérêt. Il est vrai que ces « lieux-saints » sont pour la plupart discutables, non seulement parce que les évangiles se contredisent, mais parce que les générations des Byzantins aux Croisés, puis aux divers religieux s’implantant à la fin du XIXème siècle, ont chacune eu leur manière d’identifier et de vénérer. Alors, il me semble que ce pèlerinage sera une initiation à un pays, à des paysages et surtout une prière inspirée, sans préavis ni d’autre préparation que le désir de Dieu. Quant à ses traces, elles sont dans nos âmes. J’apprends avec ennui que l’évêque sera avec nous. Comment n’avoir pas été mal impressionné par sa présence en réunion (la soirée de Vannes, il y a dix-huit mois, la date ne me revient plus du tout, seulement circonstances et ambiance) et ne pas lui en vouloir de ne pas répondre aux lettres.

27.IX.08

la mesure du temps - textes du jour

Samedi 27 Septembre 2008

Réunion de préparation à un pélerinage en Terre Sainte.Fatigue ou ennui, j’ai surtout lutté contre le sommeil et mes notes pourtant prises sur cet écritoire, n’ont aucun intérêt. Il est vrai que ces « lieux-saints » sont pour la plupart discutables, non seulement parce que les évangiles se contredisent, mais parce que les générations des Byzantins aux Croisés, puis aux divers religieux s’implantant à la fin du XIXème siècle, ont chacune eu leur manière d’identifier et de vénérer. Alors, il me semble que ce pèlerinage sera une initiation à un pays, à des paysages et surtout une prière inspirée, sans préavis ni d’autre préparation que le désir de Dieu. Quant à ses traces, elles sont dans nos âmes. J’apprends avec ennui que l’évêque sera avec nous. Comment n’avoir pas été mal impressionné par sa présence en réunion (la soirée de Vannes, il y a dix-huit mois, la date ne me revient plus du tout, seulement circonstances et ambiance) et ne pas lui en vouloir de ne pas répondre aux lettres.

Le croissant de lune au-dessus de Minnohar me Mamm, brillant et vif, tout d’argent, encore fin. Sur le ciel pâle, les étoiles d’Orion désormais seules, le baudrier bien net et Sirius toujours évidente.

Prier…[1] réjouis-toi, jeune homme, dans ton adolescence, et sois heureux aux jours de ta jeunesse. Suis les sentiers de ton cœur et les désirs de tes yeux. Mais sache que pour tout cela Dieu t’appellera au jugement. Je cherchai alors ces sentiers et ne les trouvai point, mes désirs étaient indistincts, ils embrassaient tout et n’étreignaient, ne sentaient finalement rien ni personne. Quant au jugement, trop occupé à me débattre sans aucun repère ni structure que ceux de l’échec et l’échec me venait de la non-correspondance et de la non-réponse des autres que jappelais d’amour et qui me renvoyaient des questions analogues aux miennes, et sans doute vêcues dans la même ambiance de cécité et de lumière mêlées et vagues, le jugement m’était complètement hors de vue. Le jugement vient des hommes, de la société et des conséquences des actes ou des omissions que nous avons posés à ces débuts d’exercice de notre liberté. De Dieu, nous n’expérimentons que la suite, qui est sa miséricorde et – selon mon expérience – toujours la seconde chance. J’ai vu parmi ceux que j’aimais le plus et connaissais le moins mal, tous les signes d’une prédilection divine, en tout cas de vocations religieuses éclairant leur vie, la prenant entière et leur donnant enthousiasme et assurance (trop peut-être, je regardais, enviais, partageais et écoutais), mais aujourd’hui, ils expérimentent dans l’au-delà ou ici-bas seulement la miséricorde, le chemin a été une impasse ou s’est barré ou ils l’on barré. Les jours mauvais… les années dont tu diras ‘Je ne les aime pas’, ce sont eux qui m’ont déversé, comme d’un brancard, celui de mes fortunes et dissipations, déversé dans le bonheur et la chaleur de celles que Dieu m’a données pour enfin vivre. J’espère alors que viendra le plus tard possible ce moment – splendidement décrit par l’auteur de l’Ecclésiaste, où les pleureuses sont déjà au coin de la rue… le fil d’argent se détache… la lampe d’or se brise…la cruche se casse à la fontaine… la poulie se fend sur les puits, avant que la poussière retourne à la terre comme elle vient, et le souffle à Dieu qui l’a donné. Au contraire, ce que j’ai lu de Christiane S. ou entendu de Dom Gaston témoigne de ce que la mort est lumière et s’annonce par de grandes et heureuses récapitulations et découvertes en nous et autour de nous, la mort nous transfigure par avance. Dom Amédée fut ainsi aussi. Jésus seul – parce qu’il est Dieu – fut défiguré mais par les hommes et par nous, Ecce homo… Le temps, mesure commune à l’homme que je suis, que sont les miens, et à Dieu : reviens, Seigneur, pourquoi tarder ? La conscience du temps nous rapprochant de Dieu, nous donnant le décalage, la dépendance, le désir et donc la disponibilité à L’accueillir. Tout notre chemin, toutes nos voies spirituelles ne sont possibles, ne nous sont ouverts que par l’incarnation du Fils de Dieu, Sa mort et Sa résurrection. Plus nous Le regardons, parfait, complet, attirant, plus Il insiste sur Son destin terrestre, sur la rançon de notre liberté : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes.

[1] - Ecclésiaste XI 9 à XII 8 ; psaume XC ; évangile selon saint Luc IX 13 à 15

qu'est-ce que l'homme pour que tu comptes avec lui, Seigneur ? - mesure du temps - textes du jour

Vendredi 26 Septembre 2008

Les trois rois d’Orion, la constellation bien complète, le ciel bien noir, la lune à son lever, mince croissant orange foncé bien à l’est, le choix du drapeau mauritanien… j’ai éveillé ma chère femme, et aurais voulu lever notre petite fille qui depuis deux semaines me réclament les trois rois d’Orion, nommés ainsi sans hésitation. Recueillement, puis bonheur et action de grâce, un religieux qui me faisait savoir que ces textes matinaux l’encombraient me courielle que son secrétariat en avait pris une initiative un peu vivace – il est dans une position de responsabilités publique où il reçoit beaucoup, en fait il mène mis à jour le combat des prêtres ouvriers et témoigne dans les hautes sphères du pays ce qui y parvient rarement, sauf pour la montre, ou ce qui met bien des consciences à ce niveau de responsabilité dans un porte-à-faux que l’Eglise contemporaine ne sait pas assez bien discerner et accompagner, sauf certain aumônier des parlementaires il y a quelques années, également ancien résistant et aumônier de prisons. Bonheur et action de grâce aussi en lisant la position arrêtée par l’Union africaine qui donne des lettres de noblesse à cette organisation que l’Union européenne, prise pourtant pour modèle, ne comprend et ne soutient pas assez, position concernant le pays qui m’est cher, la Mauritanie, et qui condamne les pustchistes, d’il y a six semaines. Cette position si claire et nette est en symbiose avec une vraie résistance intérieure, quoique non violente, c’est une première en Afrique si cette symbiose parvient à faire avorter – par la raison – une usurpation militaire. Pacem in terris… prix Lénine de la paix décerné à Jean XXIII.

Prier…[1] Dieu a mis toute la durée du temps dans l’esprit de l’homme, et pourtant celui-ci est incapable d’embrasser l’œuvre que Dieu a faite, du début jusqu’à la fin… l’homme tellement doté et cependant incapable ? non, car Jésus Christ, l’homme total et parfait, Jésus priait à l’écart… faisant cercle devant le premier et dernier prêtre qui soit, les disciples silencieux, contemplatifs au sens premier du terme et ne sachant sans doute pas combien dans les millénaires qui allaient suivren, tant de femmes, d’hommes, d’enfants, de mourants, d’heureux et de malheureux tenteraient de les suivre et d’être avec eux, autour du Seigneur à Le contempler, priant. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea. Dieu identifié et comme tel, son parcours de rédempteur, déconcertant pour ceux qui Le suivent, L’aiment, Le contemplent, sont questionnés et emmenés par Lui. Nous ne sommes pas au calvaire et au mieux nous sommes dans la cour de Caïphe, peu avoués. Un temps… et un temps… dit notre maître de ces jours-ci, celui de l’Ecclésiaste, fin, lucide, inattendu, nous prenant où nous sommes mais nous emmenant. Très pédagogue. Le Christ a moins de précaution et déchire toujours le rideau du Temple. Qu’est-ce que l’homme, pour que tu le connaisses, Seigneur, le fils d’un homme pour que tu comptes avec lui ? L’homme est semblable à un souffle, ses jours sont une ombre qui passe. Et le Christ est dans notre condition, rejeté… tué… pour la clé de tout : le troisième jour, il ressuscite. Cercle des disciples que nous rejoignons tandis que Jésus prie en notre nom à tous, avant que nous prenions le jour qu’Il nous donne et en fassions son œuvre et sa création : il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose… ora et labora.


[1] - Ecclésiaste III 1 à 11 ; psaume CXLIV ; évangile selon saint Luc IX 18 à 22

mercredi 24 septembre 2008

une garantie - textes du jour

Mercredi 24 Septembre 2008

Prier… Jésus convoqua les Douze et il leur donna pouvoir et autorité… non sur les autres disciples ou les convertis à venir, mais pour dominer tous les esprits mauvais et guérir les maladies, donc pour pourvoir vraiment aux nécessités humaines. Il les envoya proclamer le règne de Dieu et faire des guérisons. … Ils partirent et ils allaient de village en village, annonçant la Bonne Nouvelle et faisant partout des guérisons. Comme dans la Genèse, la création, aussitôt, aussitôt fait. La parole de Dieu efficace en elle-même, y compris quand il s’agit de nous faire mettre en route, de nous transformer en thaumaturges et en prophètes….[1] Des chemins du mal, je détourne mes pas afin d’observer ta parole. Tes préceptes m’ont donné l’intelligence. Moïse s’écartant de son chemin, allant au buisson ardent, observant et recevant le discernement qui sera l’envoi dans une immense et terrible mission. Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche. Tranquillité de vie et de comportement – apparente, comme une prière et une abnégation laissant à Dieu, l’essentiel du combat intérieur : Dom Gaston le bon. Le parfait équilibre (celui d’une vie religieuse ? toute vie consacrée par vœu ou simplement selon la vie quotidienne…) : ne me donne ni la pauvreté ni la richesse, accorde moi seulement de quoi subsister. Car dans l’abondance, je pourrais te renier en disant : ‘le Seigneur n’existe pas’. Et, dans la misère, je pourrais devenir un voleur, et profaner ainsi le nom de mon Dieu. Prière de Salomon, prière du psalmiste, prière inspirée des Proverbes, prière de celui qui meurt (les pages de Christiane Singer [2] tournent pour nous au livre de chevet) et prière de l’enfant naissant, cri et regard, tranquillité, notre fille dans mes bras tandis que nous avons attendu deux petites heures le retour de sa maman, ma chère femme, dans sa chambre), la prière de tous, celle de chacun, florilège de l’assemblée des saints, Apocalypse et Toussaint, Pentecôte. L’au-delà, la vie définitive et complète nous sont intérieurs : la prière, présence de Dieu. La parole de Dieu est garantie.
Point commun que je découvre entre ces deux « morts » qui m’arrivent et m’habitent depuis dimanche, coincidence des dates et talent : lecture d’une amie d’il y a vingt ans, exceptionnelle d’écriture et de rayonnement autant en Autriche (présidente du Pen Club) qu’en France (prix de la langue française pour toute son œuvre, qu’elle reçoit sur son lit d’hôpîtal, les académiciens se succédant au téléphone), je ne savais ni son agonie ni sa mort quand ce fut, et le même dimanche où je la lis en famille à la plage, ce moine est appelé une dernière fois, la bonne, je l’avais vu à deux reprises seulement pour ce qui ne fut pas même un aparte mais le regard de chacun sur l’autre, lui, moi. En commun, le talent. Gaston, le talent exceptionnel à ce point d’être moine. Christiane le talent de restituer et mettre en forme, communiquer ce qu’elle reçoit en vivant. Et me voici habité et recevant à profusion. Il est vrai que j’en ai besoin et ma chère femme le partage. Puissent mes destinataires, puisse tout le memento des vivants (défunts compris, mes chers parents, Michel T. de P., JL) en recevoir la rosée, tandis qu’arrive ce jour.

[1] - Proverbes XXX 5 à 9 ; psaume CXIX ; évangile selon saint Luc IX 1 à 6

[2] - Christiane Singer Derniers fragments d’un long voyage (Albin Michel . Avril 2007 . 136 pages) Il faut partir en agonie, il faut être abattu comme un arbre pour libérer autour de soi une puissance d’amour pareille. Une vague. Une vague immense. Tous ont osé aimer. Sont entrés dans cette audace d’amour. En somme, il a fallu que la foudre me frappe pour que tout autour de moi enfin se lmettent debout et osent aimer. Debout dans leur courage et dans leur beauté. Oser aimer du seul amour qui mérite ce nom et du seul amour dont la mesure soit acceptable : l’amour exagéré. L’amour démesuré. L’amour immodéré. Alors, amis, entendez ces mots que je vous dis là comme un grand appel à être vivants, à être dans la joie et à aimer immodérément. Tout est mystère. Ma voix va maintenant lentement se taire à votre oreille ; vous me rencontrerez peut-être ces jours de congrès errant dans les couloirs car j’ai de la peine à me séparer de vous. La main sur le cœur, je m’incline devant chacun de vous. (pp. 42.43)

mardi 23 septembre 2008

la mort, une vie : un moine + Dom Gaston Le Nézet


après-midi du dimanche 21 septembre 2008

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Sent: Sunday, September 21, 2008 3:51 PM
Subject: dom le nézet

+Notre très aimé Père et Frère
Dom GASTON LE NÉZET
est entré dans son éternité aujourd'hui vers 12 h 30.
Il fut maître des novices 16 ans à Kergonan et 11 ans au prieuré de Terreville en Martinique.
Il fut prieur de Kergonan et il était sous-prieur de Terreville.
Il fut aussi maître de choeur et maître des oblats.
Il sera enterré mardi 23 septembre à 14 h 30.
Merci de votre prière pour lui.
"Celui qui a soif, qu'il reçoive l'eau de la vie, gratuitement"
(Apocalypse 22, lu au réfectoire juste après son décès)


après midi du mardi 23 septembre 2008 – Sainte-Anne de Kergonan


roulant vers le monastère de sa vocation

la mort le rend plus vivant en moi
plus disponible
plus personnel
la relation peut être la plus intime
elle devient à notre mesure
pour nous donner la sienne

La dialogue possible.

Le nôtre ultra-simple et sobre – historiquement pauvre, au point que j’ai de lui depuis la première rencontre qui ne fut pas même un entretien ou un moment substantiel ensemble d’échange voulu, seulement le regard et la sensation que les quelques mots que je reçus de lui, sans provocation, étaient d’une extrême pertinence, d’une extrême originalité et cependant je ne les ai pas mémorisés, quitte à ce que je les retrouve dans mes notes de l’époque : mes premiers passages ou séjours dans ce monastère, relativement voisin de ce port d’attache qui sera peut-être le définitif ancrage.

Symétrique, l’instant sur le goudron d’été devant la clinique Océane tandis que ma chère femme et notre fille, ensemble, nous allions tous trois visiter un de ses frères cadets en religion (et en « grade » d’Eglise). Il est là avec l’infirmier et un troisième moine, je crois, cannes anglaises, très vieilli de silhouette mais pas de visage, le front est grand sans excès, les joues, le nez, le menton sont fermes et pleins mais de contours doux, l’homme n’est pas glabre, il « fait » très terrien

Pas davantage le souvenir de ce qu’il me dit, encore moins de ce que je lui dis, mais le souvenir certain de mon bonheur de le revoir, la permanence de cette mémoire d’un religieux, d’une âme particulière simple au point que sa richesse, sa densité n’étonnaient pas et n’étaient que don quand on venait à lui,
la sensation que j’étais, de mon côté, demeuré en lui

Le voilà en exemple – une vie linéaire et droite,
un goût de Dieu, un état de vie, un choix sans débat, une fidélité sans aspérité
pas d’appétit de gloire, d’emploi
autant que je puisse deviner, pas d’anxiété
nature nativement monastique sans les tourments du sexe, de l’affectivité, de al dispersion intellectuelle, sans les problèmes nés de la promiscuité ou de l’obéissance quand on a un caractère autre
pas de problème, donc, je crois, d’emploi de soi
choix de vie judicieux : intelligence humaine ? grâce de Dieu ?

Le bonheur et la disponibilité au bonheur, par tranquille présence à autrui,
aptitude à se donner, mais aussi à se bien gérer
démonstration que la vie monastique
perçue en adolescent comme le chemin ou l’état de perfection
suppose pour ne pas perdre énergie, temps et chances de bonheur
à se « corriger » et sculpter humainement pour ressembler à qui ?
ce qui n’est pas forcément une proximité au Christ et à Son être
– une certaine nature
je la crois, aujourd’hui, assez rare : surtout dans les monastères.
Y être heureux

Un autre moine – cistercien celui-là
m’a montré ce qu’est une personnalité d’écoûte
devenant d’exemple parce que le disciple ou l’ami,
à un tel contact, retrouve ses propres vertus d’attention

Tous deux font – par leur biographie simple, leur stabilité d’âme
cultivée tranquillement, sans que le secret d’une lutte ou d’une angoisse,
d’une attente qui furent peut-être permanente,
soit jamais exposé : secret avec Dieu – l’éloge vêcu de la vie religieuse



14 heures 50

homélie de Dom Philippe, abbé – qui l’eut comme Père-maître
à ses propres débuts
phrases que je prends au vol

comme à son insu

au service de Jésus auquel il a consacré sa vie
évangile des ouriers et de la vigne lu à l'instant de sa mort

né à Betz, à dix kilomètres
aîné de trois enfants, comme au petit jour de la parabole, déjà appelé
petit séminaire à Sainte Anne d'Auray
grand séminaire à Vannes
service dans la marine
à Toulon, l'aumônier sans le connaître lui dit : tu seras moine bénédictin
appel si net au grand séminaire : à haute voix : oui, Seigneur, avec joie
risque d'être pris pour un fou
il exulte intérieurement
Sainte Anne de nouveau, mais à Kergonan
ordonné à la cathédrale faute d'église au monastère : 22 juin 1963
fils du pays
part à 64 ans à la Martinique
s'acclimate avec facilité au climat, à la mentalité

humilité, bonté : il est accepté, aimé
a toujours été heureux là où les circonstances le conduisait ;
là où le Seigneur le mettait
avec une grande sagesse, a su fleurir là où il se trouvait

rentré, il y a dix mois
chimiothérapie, Juin, la décision de repartir
grande fatigue, fin de l’été
prévenu il y a douze jours : ne vivra pas plus de quinze jours
ah bon ! je vais mourir
je voudrais mourir d’amour
à quoi il s’est employé pendant ce court laps de temps

rayonnant de simplicité, d’abandon à la volonté de Dieu, humanité et sainteté
à la fois : quel homme ! quel moine !

tout simplement bon de travailler dans la vigne
le fait d’être appelé est déjà en soi
la première récompense

toute sa vie : immergé dans le beau
l’incomparable rivière d’Etel
la vie familiale
la grande musique et le grégorien qu’il aimait tant

dans la vie communautaire, inévitable de rencontrer des difficultés, parfois même des oppositions : regarder au-delà
mes petits enfants, aimez vous les uns les autres
puisque l’amour vient de Dieu (st Jean)

sa sœur me dit que le samedi après-midi il lui a dit
jamais je n‘ai été aussi heureux qu’en ce moment
il a bien dormi jusqu’au bout
le Seigneur est venu le chercher rapidement
presque furtivement à Sainte-Anne

enthousiasme, dynamisme, joie que nous lui connaissons


16 heures

procession d’Eglise, ligne des silhouettes en chasuble violette,
croix en tête, les dos droits des moines quand ils sont jeunes
le sous-prieur sans tenue liturgique, plus jeune que jamais,
manifestement saisi
paroles inaudibles de l’Abbé
rite bouleversant du dernier regard à la tête achevée et définitive,
que je n’ai pas vue – pour la voiler, puis tout le corps
auparavant avec autant de soin qu’on baigne un enfant,
l’encensement de ce corps, cloîtré dans son cercueil
plusieurs à visser le couvercle, les plus jeunes et le sous-prieur
les croix aussi sobres que dans les cimetières militaires, l’inscription aussi
puis la pierre roulée, on s’en va, c’est le sabbat
c’est le début du chemin vers Emmaüs pour le retour à notre ciel d’origine

témoignage de vie d’homme

télécopié à sa communauté ce soir

je représentais ma chère femme et notre fille, cet après-midi parmi vous.
Vivement ému par la beauté de votre liturgie, ce qui a été confié sur notre cher Gaston au cours de l’homélie, et par l’allée vers le cimetière, le voile blanc et le vissage du cercueil.
Mais évidemment c’est votre frère si clair et enfant d’âme, si ferme dans sa foi d’homme, si attentif à qui arrive dans sa vie pour quelques instants ou pour longtemps qui nous a présidés et inspirés tous, qui nous habite vraiment. Une mémoire du cœur, des mots que je rassemble, la chance d’un long regard devant la clinique Océane cet été. Ma femme et notre fille se trouvaient là, et Edith en est restée vraiment pénétrée tant la bonté et la sérénité de Dom Gaston lui ont été personnellement évidentes.
Nous sommes donc en communion avec lui et dans le même deuil humain. Et désormais dans cette transmission de tout que permet le mort en libérant toute notre disponibilité et nos forces d’amour de part et d’autre de ce lieu-moment-esprit par où nous passons. Vers notre Dieu et Seigneur.
Quelle belle vie !
Merci à lui et à Dieu pour tout ce qui nous a été donné par lui et va continuer de nous être donné.


notre vocation - textes du jour

Mardi 23 Septembre 2008

Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l'Église Derniers Entretiens, 21/08/1897 (OC, Cerf DDB 1996, p.1102)

Elle vivait de foi comme nous Que j'aurais bien voulu être prêtre pour prêcher sur la Sainte Vierge ! Une seule fois m'aurait suffi pour dire tout ce que je pense à ce sujet. J'aurais d'abord fait comprendre à quel point on connaît peu sa vie. Il ne faudrait pas dire des choses invraisemblables ou qu'on ne sait pas ; par exemple que, toute petite, à trois ans, la Sainte Vierge est allée au Temple s'offrir à Dieu avec des sentiments brûlants d'amour et tout à fait extraordinaires ; tandis qu'elle y est peut-être allée tout simplement pour obéir à ses parents... Pour qu'un sermon sur la Sainte Vierge me plaise et me fasse du bien, il faut que je voie sa vie réelle, pas sa vie supposée ; et je suis sûre que sa vie réelle devait être toute simple. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, faire ressortir ses vertus, dire qu'elle vivait de foi comme nous, en donner des preuves par l'Evangile où nous lisons : « Ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait » (Lc 2,50). Et cette autre, non moins mystérieuse : « Ses parents étaient dans l'admiration de ce qu'on disait de lui » (Lc 2,33). Cette admiration suppose un certain étonnement, ne trouvez-vous pas ? On sait bien que la Sainte Vierge est la Reine du Ciel et de la terre, mais elle est plus mère que reine, et il ne faut pas dire à cause de ses prérogatives qu'elle éclipse la gloire de tous les saints, comme le soleil à son lever fait disparaître les étoiles. Mon Dieu ! que cela est étrange ! Une mère qui fait disparaître la gloire de ses enfants ! Moi je pense tout le contraire, je crois qu'elle augmentera de beaucoup la splendeur des élus. C'est bien de parler de ses prérogatives, mais il ne faut pas dire que cela... Qui sait si quelque âme n'irait pas même jusqu'à sentir alors un certain éloignement pour une créature tellement supérieure et ne se dirait pas : « Si c'est cela, autant aller briller comme on pourra dans un petit coin ». Ce que la Sainte Vierge a de plus que nous, c'est qu'elle ne pouvait pas pécher, qu'elle était exempte de la tache originelle, mais d'autre part, elle a eu bien moins de chance que nous, puisqu'elle n'a pas eu de Sainte Vierge à aimer, et c'est une telle douceur de plus pour nous.

Prier… le texte de Thérèse de Lisieux, magnifique, puissant et étonnant, car il surpasse la plupart des apologies de clercs professionnels. L’amour inspire pas seulement la poésie ou le désir. Il est au cœur du sujet, dans la forme et dans le fond. C’est splendide, comme – avant-hier – devant l’océan bordant tranquillement la grande baie qui nous est familière à tous trois, les pages de Christiane Singer [1]sur son lit de mort, l’expérience de la vie et de sa force par la perspective de la mort, quotidiennement et jusqu’à ce que l’expérience soit complète, alors… le Seigneur dipose du cœur du roi comme on règle un canal d’irrigation, il le dirige où il veut. Nos sentiments, nos précarités, nos élans, ce jaillissement plus vrai que notre volonté et pourtant qui identifie notre liberté. Chacun trouve que sa conduite est droite, mais c’est le Seigneur qui pèse les cœurs. Ne pas nous juger nous-mêmes, ne pas nous évaluer, pas de bilan. Accomplir la justice et le droit, cela plaît au Seigneur plus que le sacrifice. Pas de rite ni de combinaisons cambistes et volontaristes, un comportement vrai. Les plans de l’homme actif lui assurent du profit, mais l’homme trop pressé est toujours perdant. ... L’homme simple acquiert la connaissance quand il voit instruire le sage. … Celui qui ferme ses oreilles à la clameur des pauvres criera lui-même sans obtenir de réponse. Cette sagesse anticipe l’Evangile, elle paraît naturelle à lire, mais elle conduit à un comportement et à une spiritualité : montre-moi la voie de tes préceptes, que je médite sur tes merveilles. Guide-moi sur la voie de tes volontés, là, je me plais. En retour, Dieu, son Fils incarné, nous adoptent, nous prennent, adhésion mutuelle : Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique. Or, la foule est immense et intense autour du Christ, cette multitude-là n’est pas préférée à mère et frères, c’est autre « chose », c’est la mise à égalité de valeur aux yeux de Dieu, quels que soient nos vocations, nos places et nos parcours, tout s’équivaut dans l’amour de Dieu pour chacun de nous : entendre et mettre en pratique, c’est être en Dieu, déjà, complètement. Montre-moi comment garder ta loi, que je l’observe de tout cœur. Demande du psalmiste, attente des Juifs à l’époque du Messie, nos balbutiements. Réponse, l’intimité du Seigneur [2].

[1] - Christiane Singer Derniers fragments d’un long voyage (Albin Michel . Avril 2007 . 136 pages)Oui, ma maladie ouvre des espaces inattendus pour beaucoup d’autres et tant pour mes plmus proches que pour les amis d’âme et de coeur. C’est incroyable. Une force semble se réveiller qui leur dit : désormais il n’y a plus à tergiverser ni à faire antichambre : il faut entrer en VIE, et sur l’instant !!! Tout ce que je rêvais se réalise ! J’étais en somme, si je peux le dire avec quelque humour, le dernier obstacle à ce rebondissement de conscience. L’intelligence de la vie me bouleverse, et son agilité paradoxale ! (p. 24) – Si je dois survivre de quelques mois ou de quelques années… et même de quelques décennies, sait-on jamais, je n’aurais pas vaincu la mort ; je l’aurai totalement, amoureusement intégrée. Voilà la vérité, elle est douce à dire (p. 25) – J’ai accompagné jusqu’au bout amer ma propre solitude, mon propre abandon. Il est bon et juste d’accompagner jusqu’au bout tout ce qu’on ressent, d’aller au plus aigu de la pointe. Pour être délivré de quelque chose, surtout le rejoindre de si près, de si près qu’on sente le souffle du dragon dans la nuque ! Oui seulement si je suis capable d‘accompagner ma misère, de l’admettre, de la reconnaître, elle prendra fin. (p. 125) – Dans l’ordre des choses humaines, les jeux sont faits. Un ordre restreint certes que « cet ordre des choses médicales », mais c’était pour moi un étrange soulagement. Je n’avais donc plus cette monstrueuse responsabilité de me maintenir en vie ! (p. 71) - Ma dernière prière : ne soyez pas déçus que la mort ait apparemment vaincu ; ce n’est que l’apparence, la vérité est que tout est VIE, je sors de la vie et j’entre en vie. Ah comme je serre dans mes bras tous ceux que j’ai eu le bonheur de rencontrer sur cette Terre ! (p. 72)

[2] - Proverbes XXI 1 à 13 ; psaume CXIX ; évangile selon saint Luc VIII 19 à 21

lundi 22 septembre 2008

humilité et écoûte - textes du jour

Lundi 22 Septembre 2008

Prier… [1] il ne fait pas de tort à son frère et n’outrage pas son prochain. Notre pauvre et petite part à la remise d’aplomb de toute la création, de la société, la nôtre. Plus avant, l’authenticité de notre cœur : rien n’est secret qui ne doive être connu et venir au grand jour. Enfin, seconde version de cette affirmation terrible du Christ, qui n’est d’ailleurs qu’une constatation : celui qui a recevra encore, et celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il paraît avoir. Explicitation, ces avoirs et ces retraits sont essentiellement, pour ce qu’il y a de plus vital pour nous, de l’ordre spirituel : faites attention à la manière dont vous écoutez. Modèles évidemment, les disciples tout balourds, peu instruits et encombrés de préjugés compréhensibles : une telle écoûte qu’ils sont parvenus à nous transmettre ce qui nous fait vivre et construit, une écoûte d’âme et une écoûte d’action (missionnaire mais aussi sociale, l’Eglise a été une société par elle-même pendant tant de siècles, au moins en Europe, y compris la société politique, et il est possible qu’en Afrique, en Amérique latine, en Chine, en Inde quand ces nouveaux chrétiens auront pris le pouvoir à Rome-Vatican, elle le redevienne). Jésus, si souvent, part de nous pour nous exposer l’essentiel, les manières d’être avec Dieu, son Père. Part de nous, les guérisons selon nos besoins à notre demande et par notre foi. Part de notre bon sens quotidien : Personne, après avoir allumé une lampe, ne la cache sous un couvercle ou ne la met en-dessous du lit… de fait ! Seigneur qui séjournera sous ta tente ? … le Seineur a horreur des gens tortueux, tandis que les hommes droits sont parmi ses intimes. … Il se moque des moqueurs, mais il accorde aux humbles sa grâce. Donne-moi (donne-nous) Seigneur Jésus, aux côtés de ton fidèle Gaston, moine de Sainte-Anne de Kergonan, au regard toujours bleu de ciel, humble s’il en est, passeur d’âmes puisqu’il avait la charge des novices y compris d’une communauté entière de probables débutants, et qu’il en avait surtout, par humilité et attention, le charisme, donne-moi (donne-nous) cette humilité et cette attention qui nous font demeurer sous ta tente, dans ton intimité… Dom Gaston, gisant désormais dans la commune attente, qui fait ainsi demeure inébranlable. Tes fidèles, Seigneur, Gaston au premier rang précisément parce qu’il ne se faisait pas voir, se reconnaissent à leur regard.


[1] - Proverbes III 27 à 34 ; psaume XV ; évangile selon saint Luc IX 16 à 18

dimanche 21 septembre 2008

vêcu - trois joies . . . une source ?

Dimanche 21 Septembre 2008


Trois joies, une source ?


Appelé Denis M. hier, son retour de vacances, le recevoir chez nous… pas possible ce jour où il va tôt après le déjeuner à Sainte-Anne d’Auray. Quatre ordinations diaconales. Il a ce mot rare chez lui : la joie, j’ai la joie d’en avoir mis deux sur la lampe de lancement. C’était à Plescop, sa paroisse d’il y a cinq-dix ans… pour le sacerdoce ? non, et dans sa bouche, ce n’est pas une diminution. L’un est marié, plusieurs enfants, il ne me dit pas son métier, l’autre quarante ans, professeur de mathématiques. Jusqu’à maintenant, j’ai plutôt une mauvaise « idée » de la chose. Un peu des encombrants dans la liturgie, un peu des déplacés quand ils prêchent, il manque l’onction, mais ceux que je connais sont sympathiques, sérieux, épanouis dans ce supplément d’état de vie, les épouses s’exposent moins, que vivent-elles ? je ne demande pas à mon ami s’il a auparavant conduit des jeunes vers la prêtrise. J’enregistre sa joie, son mot.
Me voici à la messe dominicale qu’il célèbre. Nous avons gagné, ma chère fille et moi le premier rang une fois l’homélie finie, toujours de la place, Marguerite se couche sur le banc, calme, une seule personne qui prie sereinement, qui n’encombre pas, qui est intense et souriante, elle prie et participe, son visage est avenant quand elle est tournée vers notre fille et moi, d’autres sont souvent fermés, ainsi à ma gauche, le banc des duègnes, la chorale qui ne m’offre pas le signe de paix et dont une manifeste mieux que les autres une répréhension sur les mouvements ou l’assoupissement, chacun jugé excessif, de mon petit trésor. Moi, comment ne me réjouirai-je pas qu’elle consente – à peu près – à venir à la messe chaque dimanche, après avoir été réfractaire plusieurs semaines de suite. Je n’avais pas voulu la forcer. Je la trompe un peu en l’appâtant avec le programme de la suite : agrès et plage. Elle est capable de dire qu’une église n’est pas belle, qu’elle n‘a pas très envie de prier, qu’elle ne dira pas bonjour à notre ami Denis. Les intentions de prière universelle, une jeune femme, cheveux presque ras, à la voix très bien placée, posée, le regard clair, heureux manifestement les donnent. Elle est communicative, je détaille ses mains sans pouvoir m’assurer qu’elle porte une alliance. A la sortie, moment de salutations avec le célébrant, bref dialogue. Un tiers ordre des sœurs de la Charité, une maison de récollection, les deux femmes vivent en communauté, la plus jolie des deux, la seconde précise en riant : vierge consacrée, je commente pour reconnaître la belle vérité. Une des religieuses à Nouakchott, communauté missionnaire donnant dans les services de santé, m’avait frappé par cette même joie autant que par sa beauté. Quelle est ma joie ? celle d’avoir deviné qu’elles sont heureuses dans leur vie consacrée et qu’elles en reçoivent un visage tel ?
A la plage, l’heure de midi passée, c’est l’un des moments de notre intimité ma fille et moi, les mouettes groupées en vol et en atterrissage empressé pour le pain avec des reliefs de pâté que n’a pas voulu Marguerite. Nos conversations, sa contemplation, la main qu’elle me prend d’autorité, jouer avec elle, nous arrêter, regarder. J’ai si souvent ces mois-ci un rendez-vous jamais raté avec le bonheur.

Retenant cela ici, est-ce cette venue dans notre intimité d’un Dieu théoriquement inconnaissable inéprouvable tant que nous sommes appuyés sur nos raisons et notre inattention ? est-ce cette joie de Sa présence, que tout soit don de Sa part ?

chemins et pensées - textes du jour

Dimanche 21 Septembre 2008

Prier… [1] Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi, je suis bon ? L’éthique n’est pas l’égalité, notre regard et nos manières, nos structures de pensée et d’économie ne sont pas celles de Dieu, même si la doctrine sociale de l’Eglise y prétend sans mise à jour. Le texte est pourtant limpide, pacta sunt servanda, il n’y a d’accord chiffré qu’avec les premiers engagés, le lot commun, en revanche pour la suite, et nous sommes sans doute tous de cette suite, le maître dit seulement : je vous donnerai ce qui est juste. Ainsi y a-t-il l’observance de ce qui est convenu pour les uns et un libre-choix, mais référencé (ce qui est juste) pour les autres. L’argument est autant d’autorité : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ? que de référence à la nature-même de Dieu (je suis bon). Puissance et miséricorde. Dieu appelle selon l’ordinaire, les premiers embauchés, et en suppléance de la vie et de la société. Paul pris entre sa mission et son désir de rencontrer son maître divin. L’Ecriture ne craint pas les conflits les plus intimes, les plus forts, les contradictions apparentes mais elle les résoud en Dieu en nous faisant abandonner nos propres façons de voir, de penser, de raisonner et de nous comporter : mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins… Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. Et pourtant ciel et terre sont de mêmes pour Dieu et le même prohète Isaïe associe l’homme au tracé de ces chemins, à travers le désert


[1] - Isaïe LV 6 à 9 ; psaume CXLV ; Paul aux Philippiens I 20 à 27 passim ; évangile selon saint Matthieu XX 1 à 16

vendredi 19 septembre 2008

semence - textes du jour

Samedi 20 Septembre 2008


Prier…[1] interrogation que rapporte et à laquelle répond Paul : l’un de vous peut demander : ‘comment les morts ressuscitent-ils ? avec quelle sorte de corps reviennent-ils ?’ L’apôtre comme le maître répondent par la parabole de la semence. Je réponds plus précisément, pour revenir ensuite à la parabole qui n’est pas tant celle de la résurrection que de la vie spirituelle mais il est vrai que la résurrection est le fruit et la manifestation de notre vie spirituelle, son aboutissement, l’esprit finalement maître de la chair, au sens d’une maîtrise de tout ce qui corrompt, vieillit la chair et de tout ce qui appelle notre péché, fait de notre condition terrestre. L’Eglise affirme la résurrection de la chair, la résurrection des morts, suivant les Credo et leurs versions diverses mais concordantes, elle affirme la vie éternelle. Un premier exemple très précis nous est donné par le Christ lui-même dans les récits des évangiles d’après la résurrection. Le Christ est incarné, comme avant, on peut le toucher, il mange et parle, quoique plus rien de cela ne soit nécessaire ni à sa vie propre, ni à sa relation au monde et avec ses disciples. Il se joue du temps, de l’espace, de tous obstacles. Ses disciples le reconnaissent par intuition, par leurs sens spirituels, il les y aide en leur faisant se souvenir de ses derniers gestes, les plus frappants, ceux du soir de la Cène, ou en faisant revivre des scènes doucement familières, les bords du lac, les pêches miraculeuses… ce mode d’apparaître, cette présence parmi ses disciples restent tributaires de ce que ceux-ci sont encore dans notre condition terrestre. La révélation est que la vie éternelle, qui est la vie « en » Dieu, notre participation à sa divinité, à sa vie divine, à l’amour qui unit substantiellement les trois personnes de la Trinité, nous est donnée corps et âme, c’est-à-dire en totalité de ce que nous sommes. Notre corps, notre chair nous expriment, nous identifient, cette expression, cette identification, notre personnalité aboutissent dans la vie éternelle. La communion y est en tout et avec tous, et tout ce qui nous a caractérisé – le péché n’étant que défaut et manque (à Dieu, à nous-mêmes, aux autres connus et aimés, inconnus, détestés ou recherchés…) – tout nous est rendu, la mort une fois passée. C’est la mort qui nous met – enfin et vraiment – à la suite du Christ, nous le rejoignons dans son tombeau, nos pauvres croix, pour la plupart d’entre nous, la vraie croix de quelques-uns, réprouvés ou explicites martyrs, nous y ont peu ou prou préparés. Engloutis dans la mort du Christ, jaillissant dans sa lumière, celle de Pâques, chair et âme, visage transfiguré, comme lui au Thabor ou appelant Marie par son prénom. Tu ne sèmes pas le corps de la plante qui va pousser, tu sèmes une graine toute nue. Notre corps est cette graine toute nue, notre vie d’âme aussi tous deux bien imparfaits, peu signifiants, mais nous donnant déjà quelque idée de notre beauté et de notre accomplissement à venir. Ce qui est semé dans la terre est périssable, ce qui ressuscite est impérissable ; ce qui est semé n’a plus de valeur, ce qui ressuscite est plein de gloire ; ce qui est semé est faible, ce qui ressuscite est puissant. L’Eglise, jusqu’à plus ample informé, n’a pas trop repris la distinction entre le corps humain et le corps spirituel, que détaille Paul selon sa conception du Christ, nouvel Adam : pétri de terre, le premier homme vient de la terre ; le deuxième homme, lui, vient du ciel. Il me semble que le maître-mot est notre création – homme et femme, ensemble et en couple – à l’image et à la ressemblance de Dieu. Tu m’as délivré de la mort et tu préserves mes pieds de la chute. Jésus, venu nous sauver, donne la parabole d’une autre manière ; celle de la liberté, le péché a été la conséquence, le fruit de notre liberté, nous avons fait mauvais usage de celle-ci, allant droit « à l’essentiel », concurrencer notre créateur, au lieu de recevoir de Lui notre divinisation et de participer, comme nous y étions conviés en Eve et en Adam, à sa vie et à sa création permanente du monde. Liberté que signifient les différents sols où est jetée la graine, le sol dépend de nous, qui sommes-nous ? que voulons-nous ? comment accueillons-nous ? fermés, ouverts, fertiles, rocailleux et embroussaillés ? Notre disposition intime mais aussi et surtout la semence, c’est la parole de Dieu. Pour nous aujourd’hui, pour moi maintenant à cette heure de remise quotidienne au travail tandis que mes aimées vaquent en toute tendresse (et liberté), la parole est cette lecture de textes, elle est l’intimité de Dieu se manifestant en moi, joyeux et échauffé, rassemblé si j’étais déprimé. Elle peut être pour d’autres si différente. Mais tous, nous tous – en face de Dieu, se manifestant – nous savons le reconnaître, instinct premier, et l’athéisme comme la terrible souffrance devant la victoire irrépressible du mal (infligé par l’homme à ses semblables, ou par une nature in compréhensible ou trop défiée), ceux-là aussi dans leur dénégation, reconnaissent un certain inexprimable qui gît en eux ou qui leur apparaît – en permanence ou selon leur vie. A nous tous, le semeur apporte un salut : sauvetage et salutation…


[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XV 35 à 49 ; psaume LVI ; évangile selon saint Luc VIII 4 à 15

semence - textes du jour

Samedi 20 Septembre 2008


Prier…[1] interrogation que rapporte et à laquelle répond Paul : l’un de vous peut demander : ‘comment les morts ressuscitent-ils ? avec quelle sorte de corps reviennent-ils ?’ L’apôtre comme le maître répondent par la parabole de la semence. Je réponds plus précisément, pour revenir ensuite à la parabole qui n’est pas tant celle de la résurrection que de la vie spirituelle mais il est vrai que la résurrection est le fruit et la manifestation de notre vie spirituelle, son aboutissement, l’esprit finalement maître de la chair, au sens d’une maîtrise de tout ce qui corrompt, vieillit la chair et de tout ce qui appelle notre péché, fait de notre condition terrestre. L’Eglise affirme la résurrection de la chair, la résurrection des morts, suivant les Credo et leurs versions diverses mais concordantes, elle affirme la vie éternelle. Un premier exemple très précis nous est donné par le Christ lui-même dans les récits des évangiles d’après la résurrection. Le Christ est incarné, comme avant, on peut le toucher, il mange et parle, quoique plus rien de cela ne soit nécessaire ni à sa vie propre, ni à sa relation au monde et avec ses disciples. Il se joue du temps, de l’espace, de tous obstacles. Ses disciples le reconnaissent par intuition, par leurs sens spirituels, il les y aide en leur faisant se souvenir de ses derniers gestes, les plus frappants, ceux du soir de la Cène, ou en faisant revivre des scènes doucement familières, les bords du lac, les pêches miraculeuses… ce mode d’apparaître, cette présence parmi ses disciples restent tributaires de ce que ceux-ci sont encore dans notre condition terrestre. La révélation est que la vie éternelle, qui est la vie « en » Dieu, notre participation à sa divinité, à sa vie divine, à l’amour qui unit substantiellement les trois personnes de la Trinité, nous est donnée corps et âme, c’est-à-dire en totalité de ce que nous sommes. Notre corps, notre chair nous expriment, nous identifient, cette expression, cette identification, notre personnalité aboutissent dans la vie éternelle. La communion y est en tout et avec tous, et tout ce qui nous a caractérisé – le péché n’étant que défaut et manque (à Dieu, à nous-mêmes, aux autres connus et aimés, inconnus, détestés ou recherchés…) – tout nous est rendu, la mort une fois passée. C’est la mort qui nous met – enfin et vraiment – à la suite du Christ, nous le rejoignons dans son tombeau, nos pauvres croix, pour la plupart d’entre nous, la vraie croix de quelques-uns, réprouvés ou explicites martyrs, nous y ont peu ou prou préparés. Engloutis dans la mort du Christ, jaillissant dans sa lumière, celle de Pâques, chair et âme, visage transfiguré, comme lui au Thabor ou appelant Marie par son prénom. Tu ne sèmes pas le corps de la plante qui va pousser, tu sèmes une graine toute nue. Notre corps est cette graine toute nue, notre vie d’âme aussi tous deux bien imparfaits, peu signifiants, mais nous donnant déjà quelque idée de notre beauté et de notre accomplissement à venir. Ce qui est semé dans la terre est périssable, ce qui ressuscite est impérissable ; ce qui est semé n’a plus de valeur, ce qui ressuscite est plein de gloire ; ce qui est semé est faible, ce qui ressuscite est puissant. L’Eglise, jusqu’à plus ample informé, n’a pas trop repris la distinction entre le corps humain et le corps spirituel, que détaille Paul selon sa conception du Christ, nouvel Adam : pétri de terre, le premier homme vient de la terre ; le deuxième homme, lui, vient du ciel. Il me semble que le maître-mot est notre création – homme et femme, ensemble et en couple – à l’image et à la ressemblance de Dieu. Tu m’as délivré de la mort et tu préserves mes pieds de la chute. Jésus, venu nous sauver, donne la parabole d’une autre manière ; celle de la liberté, le péché a été la conséquence, le fruit de notre liberté, nous avons fait mauvais usage de celle-ci, allant droit « à l’essentiel », concurrencer notre créateur, au lieu de recevoir de Lui notre divinisation et de participer, comme nous y étions conviés en Eve et en Adam, à sa vie et à sa création permanente du monde. Liberté que signifient les différents sols où est jetée la graine, le sol dépend de nous, qui sommes-nous ? que voulons-nous ? comment accueillons-nous ? fermés, ouverts, fertiles, rocailleux et embroussaillés ? Notre disposition intime mais aussi et surtout la semence, c’est la parole de Dieu. Pour nous aujourd’hui, pour moi maintenant à cette heure de remise quotidienne au travail tandis que mes aimées vaquent en toute tendresse (et liberté), la parole est cette lecture de textes, elle est l’intimité de Dieu se manifestant en moi, joyeux et échauffé, rassemblé si j’étais déprimé. Elle peut être pour d’autres si différente. Mais tous, nous tous – en face de Dieu, se manifestant – nous savons le reconnaître, instinct premier, et l’athéisme comme la terrible souffrance devant la victoire irrépressible du mal (infligé par l’homme à ses semblables, ou par une nature in compréhensible ou trop défiée), ceux-là aussi dans leur dénégation, reconnaissent un certain inexprimable qui gît en eux ou qui leur apparaît – en permanence ou selon leur vie. A nous tous, le semeur apporte un salut : sauvetage et salutation…


[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XV 35 à 49 ; psaume LVI ; évangile selon saint Luc VIII 4 à 15

dépression et résurrection - textes du jour

Vendredi 19 Septembre 2008

Priez donc… car vous ne savez ni le jour ni l’heure : de Dieu, sans doute, mais la nôtre, nous la vivons quotidiennement selon nos échecs et nos fautes. Priez donc pour ne pas entrer en tentation… la seule qui résume toutes les autres, la tentation de la mort, de prendre goût et amour de la mort, c’est-à-dire du néant, là est le vrai reniement de Dieu, préférer la mort à la vie, pour en finir de notre petitesse ou de très objectives souffrances, en finir avec les injustices et les contraintes à la soumission.

Prier… la dépression est une école de vie, elle nous fait jouxter la mort en esprit, commettre presque le péché, pire que mortel, mortifère, cette préférence que nous caressons, que je caresse, puis qui s’éloigne, la vie réapparaît avec son attrait, fait davantage de promesses et de perspectives que d’immédiats avantages ou biens. Mais qu’est-ce qu’un bien ? Le Christ, les grands personnages de l’histoire humaine connaissent ce cycle dépression- enthousiasme de la renaissance. La Passion et la Résurrection en sont l’archétype, l’application d’école, le chemin et la médication, chemin de la chute et médication d’un retour, non à quelque état antérieur, mais à un plus-être. Œuvre de la grâce [1]. La suite de Dieu sur terre : les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qu’il avait délivrées d’esprit mauvais et guéries de leurs maladies… et beaucoup d’autres, qui les aidaient de leurs ressources. Paul hébergé à Philippes par une riche drapière. L’accueil en camp de base à Capharnaüm de la belle-mère de Pierre. Seigneur, écoute la justice ! La résurrection nous tirant de tout, clé de nos existences quotidiennes autrement marquées d’une constatation : à quoi bon ? et pour en venir là ? Paul argumente à la manière de son époque. Le texte se résume selon la foi transmise par l’Eglise : le Christ est ressuscité et nous sommes voués à la résurrection comme ses frères d’adoption. Pari raisonnable selon les uns avec Pascal, certitude qui nous habite quand nous sommes vigilants. Et la vigilance n’est pas un sursaut volontaire de conscience ou d’élucubration, elle est la prière. Et celle-ci est début de présence à Dieu, Dieu faisant le reste, nous enveloppant de sa misricorde, selon la formule – belle – des musulmans pour saluer et bénir la mémoire de nos morts. Mais Paul a une finesse qui surprend l’habitué que je suis, les habitués que nous sommes : si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Splendide (et ingénieux) retournement de la « preuve », la résurrection des hommes (espérance folle mais naturelle de certains ? ou de beaucoup ?) nous amène à celle du Christ, puisqu’elle ent est le fruit savoureux, décisif. Je t’appelle, toi, le Dieu qui répond : écoute-moi, entends ce que je dis. Montre les merveilles de ta grâce. Amen.

[1] - 1ère lettre aux Corinthiens XV 12 à 20 ; psaume XVII ; évangile selon saint Luc VIII 1 à 3

jeudi 18 septembre 2008

efficacité du coeur et de l'amour - texte du jour



Jeudi 18 Septembre 2008

Prier…[1] Je te rends grâce car tu m’as excausé : tu es pour moi le salut. Annonce incidente d’un artisan électricien, en grave détresse médicale et financière, refusé depuis des années pour une prise en charge convenable : il apprend qu’il est pris à 100%, enfin… Efficacité du cœur et de l’amour. Ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et y versait le parfum. L’amour discerne et anticipe toute une destinée. La « pécheresse », Marie-Madeleine ? anticipe la mort et la résurrection, elle est sur « la longueur d’ondes » de Jésus qui la reçoit et commente son attitude, sa foi, son amour et ses gestes exactement dans le sens qu’elle leur donnait. Simon, le pharisien, est doublement à côté : il n’a pas perçu l’exceptionnalité du Christ et par conséquent que ce dernier sait parfaitement qui est cette femme qui le touche et ce qu’elle est : une pécheresse, pas davantage le sens spirituel et la qualité d’attitude et d’âme de la femme. Jésus scelle la chose en la proclamant dans son « langage » habituel en la circonstance : Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! on est dans le registre du miracle. Tout y est de notre sacrement de la réconciliation : un vif repentir, un aveu implicite, une rencontre avec Dieu et en Eglise, les disciples, le mécréant qu’est le pharisien, aussi, et il y en a tout autant aujourd’hui dans notre Eglise, et le pardon. Jésus n’est pas discourtois avec son hôte : celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. Bien sûr, le pharisien n’a rien à se reprocher, que son aveuglement qu’en termes simples et tranquilles lui expose, personnellement, le Messie lui-même. Paul brille dans son évocation de la Passion et de la Résurrection par son oubli de Marie-Madeleine comme probable première gratifiée, en chronologie, d’une apparition du Ressuscité. Mais il souligne l’importance de l’Evangile, son contenu certes, mais le fait qu’il soit contemporain – plus de cinq cent frères à la fois – la plupart sont encore vivants et quelques-uns sont morts – et que le cœur du message soit le salut et la Résurrection : vous serez sauvés par lui si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé. Si nous actualisons la démarche de la pécheresse, l’Evangile devient la rencontre du Christ chez le pharisien et l’accueil de Dieu pour notre repentir et surtout notre foi, notre amour.


[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XV 1 à 11 ; psaume CXVIII ; évangile selon saint Luc VII 36 à 50

mercredi 17 septembre 2008

voyage de Benoît XVI - interpellation d'une athée 17.18 IX 08


Ce qui me donne à réfléchir sur tout dialogue portant sur le “religieux”, et sur le visage que le chrétien donne à l’athée et celui que le chrétien peut présenter à l’athée comme à autrui en général. Je crois en effet qu’autruii est toujours plus spirituel que nous, même si ce n’est pas explicite, même surtout si cela ne correspond ni aux normes que nous recevons ni aux pratiques que nous avons.

Par prochain « blog », je vous dis ce qui m’est ainsi apporté.


----- Original Message -----
From: Fr.
To: Bertrand Fessard de Foucault
Sent: Wednesday, September 17, 2008 4:52 PM
Subject: Fwd: ***SPAM*** Benoît XVI encourage les intégristes antisémites

Qu'en pensez-vous ?Bien cordialementFrançoise


Benoît XVI encourage les intégristes antisémites
Auteur : Memorial 98 via Betablog

Au troisième jour de sa visite en France, le pape Benoît XVI rappelé aux évêques les dogmes contre la "permissivité morale" et leur a suggéré une ouverture vers les catholiques traditionalistes, souvent proches des idées de l'extrême droite.

Lors d'une rencontre à huis clos avec les évêques, le chef de l'Eglise catholique a précisé ses vues sur les questions de société. Il a souhaité une "pacification des esprits" avec les traditionalistes. "Nul n'est de trop dans l'Eglise. Chacun, sans exception, doit pouvoir s'y sentir chez lui et jamais rejeté", a-t-il déclaré, selon le texte de son intervention transmise à la presse.

Cette prise de position confirme l'orientation "restaurationniste » et réactionnaire qu'il entend donner à son pontificat et pour laquelle il a été choisi.

Quand il était cardinal Ratzinger, Benoît XVI estimait déjà que Vatican II n'était qu'une parenthèse.

Il a ouvert la porte de l'Église à des intégristes membres de la Légion du Christ, de l'Opus Dei et à des traditionalistes. Les groupes intégristes qui ont été réintégrés récemment dans l'Eglise se sentent encouragés en raison des gestes papaux à leur égard .

La remise à l'honneur de la messe en latin qui comprend notamment une prière pour "la conversion des Juifs", supprimée lors du concile Vatican II en raison de sa connotation antisémite. et l'appui à Radio Maryja en Pologne en constituent des signes éloquents.

Une cérémonie fin Septembre 2007 dans l'église Saint-Eloi de Bordeaux a illustré ce climat. Cette église a été attribuée en janvier 2002 par Alain Juppé à une association de la Fraternité Saint Pie X, dirigée à Bordeaux par l'abbé Laguérie, disciple de Mgr Lefebvre. C'est d'ailleurs dans ce lieu que s'est déroulé récemment le baptême de la fille de Dieudonné dont le parrain est Le Pen.

Les intégristes y fêtaient le premier anniversaire de la reconnaissance par le Vatican de leur « Institut du Bon Pasteur et l'ordination de nouveaux prêtres issus de ce cursus. Dans son discours, le cardinal romain Hoyos, président de la commission Ecclesia Dei, chargée à Rome du rapprochement avec les traditionalistes, envoyé par Benoît XVI pour célébrer la messe d'ordination, enfonce le clou : "Si l'Institut du Bon Pasteur reçoit cinq nouveaux prêtres, c'est toute l'Eglise catholique qui les reçoit."

Aussi présent Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France, reconnaît avoir facilité l'implantation de l'Institut à Bordeaux.

Les héros du jour sont les curés intégristes qui dirigent ce lieu : Guillaume de Tanoüarn et Philippe Laguérie. En 2003, l'abbé Guillaume de Tanoüarn, est condamné pour provocation à la haine raciale. Il est déjà prêtre, mais aussi directeur de la publication de la revue « Pacte », Laguérie étant membre de son comité de rédaction. La revue a publié un article d'un certain Rousseau, selon lequel les « Maghrébins » sont des « benladenistes en herbe » ; les « Arabes envahissent Lutèce, Lugdunum ou Phocée, c'est la France qu'ils menacent d'étrangler », les juifs sont des « financiers transnationaux ». Il existe une « solidarité foncière entre ces deux mondes », une « collusion d'intérêts » pour affaiblir la France.

Laguérie est ouvertement antisémite. En 1987, il déclare à Libération : « Depuis quarante-cinq ans, ils (les Juifs) tiennent la France en dictature, ils contrôlent les médias et la banque... »
En juillet 1996, Laguérie célèbre les obsèques du milicien Paul Touvier qu'il décrit comme « une âme délicate, sensible et nuancée ».
Dans son homélie funèbre, l'abbé qui se présente alors comme « l'avocat de Paul Touvier auprès de Dieu », déclare : « … (devant) le tribunal divin, il n'y a pas de médias ni de coups médiatiques, pas de communistes, pas de franc-maçonnerie, pas de partie civile et pas de Licra [Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, ] »

Le pape soutient aussi les antisémites polonais.

Il a pendant l'été 2007 reçu à sa résidence de Castel Gondolfo le directeur de la radio antisémite polonaise Radio Marya et l'a publiquement félicité pour "l'ensemble de son activité".
 Il apporte ainsi un soutien marqué au père Rydzyk qui s'illustre par ses diatribes antisémites, homophobes, anti-IVG et xénophobes.

Le pape ne néglige pas la dénonciation de l'Islam. Ainsi lors de son fameux discours de Ratisbonne en 2006 il avait cité un auteur byzantin : « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines… » Sans doute avait-il préparé ce discours en recevant en Septembre 2005, Oriana Fallaci, propagandiste de la dénonciation des musulmans A la mort de cette dernière, le cardinal Ruini, bras droit du pape en Italie en tant que président de la conférence épiscopale, avait rendu hommage à son "courage", sa "force morale" et son "engagement".

A la mort de Jean Paul II la hiérarchie de l'Eglise a choisi un pape déterminé à mener un combat de retour vers la tradition autoritaire du catholicisme. Elle n'a pas hésité pour cela à choisir celui des cardinaux qui avait été membre des Jeunesses hitlériennes.

MEMORIAL 98 15 septembre 2008
http://memorial98.over-blog.com/

Le 17 septembre 2008 18:29, Bertrand Fessard de Foucault <b.fdef@wanadoo.fr> a écrit :

Merci, chère Fr. Je crois que ce qui "authentifie" la haine inspirant ce "texte", c'est la mention des Jeunessses hitlériennes. Il me semble que l'honnêteté intellectuelle consisterait à lire tout ce qu'a produit ce pape et à regarder tout son audiencier et celui de ses proches. Le mouvement vers les traditionnalistes, Paul VI lui-même l'a eu avant même la sécession de Mgr Lefebvre et ses successeurs, il est vrai qu'il n'y en a qu'un avec le temps, ont tenté des réconciliations. Les approches vers le judaïsme et l'Islam varient suivant les moments, les interlocuteurs, les circonstances, on ne peut être simpliste. Je vous envoie en Fw le site qui - abonnement gratuit - donne tous les jours des textes du Vatican. Bref, ce texte me fait m'interroger plutôt sur ses auteurs que sur le pape régnant. J'ai au contraire été frappé de ce que Benoît XVI censément conservateur et peu "charismatique" au sens d'être apprécié par l'opinion publique, était bien vu par l'opinion française avant son voyage même si la France en dix à peine est passé de quelques 70% de gens se disant proche du catholicisme à moins de 50%, et que son voyage a été chaleureux. En revanche, ce que je ne comprends pas de lui, c'est qu'il ait reçu NS au Vatican dans les deux mois de son second divorce (permissivité morale...), et qu'il n'ait pas fait savoir que si un "collègue" ou "homologue" comme le Dalaï Lama n'est pas reçu à l'Elysée, lui-même ne s'y rendra pas : un tel geste pour le fait religieux dans le monde et pour le Tibet aurait eu un retentisseme,ty fantastique... je ne crois évidemment pas un mot du discours de NS sur la laîcité rouvrant depuis dix-huit mois un débat qui ne concerne plus que des avides de polémiques, alors que la paix religieuse et les problèmes juridiques me paraissent solubles - tous - dans l'Etat, et que l'Eglise de France a beaucoup à reprocher aux orientations législatives du mandat en cours, et l'a d'ailleurs fréquemment signifié depuis l'automne. Quant à ce qu'il se passe entre l'évêque de Rome et les évêques de France, il peut y avoir des rumeurs, je ne crois qu'aux textes ou à ce que me dirait en tête à tête quelqu'un qui a participé à l'entretien de Lourdes.

Bien à vous...

----- Original Message -----
From: Fr.
To: Bertrand Fessard de Foucault
Sent: Thursday, September 18, 2008 9:22 AM
Subject: Re: ***SPAM*** Benoît XVI encourage les intégristes antisémites

Merci pour votre éclairage. Il est d'autant plus intéressant qu'étant athée, je suis très ignorante des faits religieux. Toutefois, la venue de Benoît XVI a été suffisamment relayée par les médias pour m'y intéresser. Quant aux relations de NS avec le Vatican, elles ne relèvent que de quelques intérêts de circonstances... Je dois dire que sa réception par le Pape, en compagnie de Bigard, m'a quelque peu interloquée...

Bien cordialement
Fr.



----- Original Message -----
From: Bertrand Fessard de Foucault
To: Fr.
Sent: Thursday, September 18, 2008 12:09 PM
Subject: votre mesage de ce matin

Bien que vous sachant athée, je vous adressais ma méditation quotidienne, matinale en général, des textes de la messe du jour. Puis vous avez changé, sans doute, de messagerie, et les choses me revenaient. je vous réinscris - et vous pourrez me dire de vous "lâcher" quand vous le voudrez : cela peut vous donner une "teinture".

Où en êtes-vous professionnellement ?

Pouvez-vous me donner des choses de vous à lire ?

Chaleureusement

tellement imprégnés - textes du jour

Mercredi 17 Septembre 2008





Prier… [1] parmi les dons de Dieu, vous cherchez à obtenir ce qu’il y a de meilleur. Eh bien moi, je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres. L’assurance de Paul sur sa qualité d’apôtre, témoin direct par conséquent de tout le Christ, sa même assurance sur son exemplarité personnelle, cette assurance aujourd’hui sur la voie royale de la « perfection », elles sont telles et si constantes qu’elles cessent soudain de me choquer. Pourquoi cette soudaine acceptation de tout le personnage, si manifestement mû par Dieu ? peut-être par cette lacune étonnante, mais qui à vrai dire se retrouve chez tous les apôtres. Autant Jésus, ou les maîtres d’aujourd’hui ou depuis un siècle ou deuxc, insistent sur la prière, la vie en Dieu par la prière, et les disciples ont été souvent témoins de la prière de Jésus, l’ont interrogé à ce propos, ont recueilli beaucoup de ses conseils et exemples, et évidemment mémorisé le Notre Père (force du latin… et divina institutione formati), autant les apôtres n’en disent jamais rien ; ils donnent le comportement, la théologie, pas la prière, tout simplement parce que cette génération était totalement imprégnée de Jésus, ils étaient encore de plain-pied, la prière était totalement leur nature, et non une activité voulue, organisée, préparée. Ils étaient vraiment le corps mystique-même. Paul peut alors – et là le grec est supérieur cf. le solo magnifique dans Bleu – proposer et développer l’hymne à la charité. Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel disparaîtra. L’amour, la charité, la relation à autrui sont escathologique. Ce jour-là, je connaîtrai vraiment, comme Dieu m’a connu. Je note maintenant que ma connaissance est au futur, et celle de Dieu est ab initio, donc de tous temps. Jésus ne peut donc que considérer ses contemporains à côté de tout sauf s’ils le reconnaissent. La sagesse de Dieu se révèle juste auprès de tous ses enfants. L’attitude tyoujours supérieure de celui qui juge, l’attitude memant à toute connaissance, au bonheur et à l’accomplissement est celle de l’enfant, attentif, disponible et pourtant personnel, libre : nous en savons quelque chose avec notre trésor de petite fille

[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XII 31 à XIII 13 ; psaume XXXIII ; évangile selon saint Luc VII 31 à 35