dimanche 30 août 2009

semée en vous - textes du jour

Dimanche 30 Août 2009


Prier… [1] ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. Ce n’est pas du Christ, mais de l’Ancien Testament, que si souvent Jésus s’approprie textuellement, s’exprimant par citations pour demeurer dans le type de culture de son pays et de son temps. Dieu inspire l’Ecriture, nous la dicte parfois, et nous l’emprunte ensuite ! Commentaire du Messie, sévère : vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. Il est rare que Jésus ayant stigmatisé un comportement (ou l’ayant loué, son admiration pour la foi de certains, surtout celle des étrangers…) ou cerné un problème, nous laisse sans solution : ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur… tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. Nous sommes à l’origine de notre péché, c’est du dedans, du cœur de l’homme que sortent les pensées perverses. Bien plus que toute perpétration de « mauvaises » actions, c’est bien d’orientation du cœur qu’il s’agit décisivement. Yahvé vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre et que son cœur ne formait que de mauvais desseins à longueur de journée [2]. Tout cela à partir d’une constatation des bonnes âmes du temps : les disciples prennent leur repas sans s’être lavé les mains. Ce qui en soi, nous le voyons avec nos enfants et ma chère femme me le recommande : se laver les mains avant de passer à table, doit aller de soi… du minuscule et de l’anecdotique, Dieu fait une révélation, en tout cas notre éducation : accueillez donc humblement la parole de Dieu semée en vous ; elle est capable de vous sauver... elle est votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples… Semée, donc dans notre coeur, là où tout se décide.


[1] - Deutéronome IV 1 à 8 ; psaume XV ; lettre de saint Jacques I 17 à 27 passim ; évangile selon saint Marc VII 1 à 23 passim

[2] - Genèse VI 5

samedi 29 août 2009

vivement contrarié, il ne voulut pas lui opposer un refus - textes du jour

Samedi 29 Août 2009


Lancé, relancé hier soir en diffusant l’article du Pèlerin donné par mon cher aîné, le débat sur les souvenirs familiaux et leur partage. Déjà, une réponse ... écho de précédentes. Comment vit-on sans entrer dans son passé et sans l’interrogation-certitude-espérance de la foi ? La foi posant des questions mais autrement que l’absence de foi. D’ailleurs, il ne s’agit pas alors de l’absence de foi, mais bien de la croyance que Dieu n’existe pas, ou au pis qu’Il « ne s’occupe pas de nous ». Peut-on vivre avec ce qui me semble deux vides, deux trous vertigineux, ou bien ceux/celles qui vivent ainsi n’ont pas du tout ce ressenti, c’est simplement une dimension qui n’existe pas pour eux, de même que certains animaux ayant des sens différents des nôtres ou plus développés, appréhendent un monde ou le monde dont nous n’avons pas la moindre idée ou imagination ?
Prier…[1] le martyre de saint Jean dit le Baptiste a donné lieu à une foule de tableaux et d’interprétations artistiques, à un conte étonnant de réalisme (description des décors et des mœurs) de Gustave Flaubert. Du texte – que Marc donne en plus circonstancié que Matthieu [2] – on retient généralement la faiblesse et l’imprudence d’Hérode faisant un serment et en état d’ivresse, après être tombé en fascination pour la fille de sa belle-sœur : les incestes en cascade de celui que Luc présente comme un criminel multirécidiviste. Mais la leçon me semble autre qu’un portrait, Jean est la conscience du roi débauché, et annonçant le Christ, le Messie à ses contemporains il est la conscience d’Israël, la conscience de l’humanité. Notre conscience, droite, nativement, notre âme à notre Genèse, de toute Genèse, nous gêne parce qu’elle nous met en contradiction avec nous-mêmes. Adam et Eve souhaitent discerner le mal du bien, et goûtent du fruit, ils sont exaucés. Nous héritons sans doute du péché originel, des limites qu’il engendre pour notre nature terrestre : la mort sous toutes ses formes de frustration quotidienne, et sous sa forme ultime de destruction de notre chair, mais nous hériton surtout de la liberté et de la conscience du bien et du mal… Conscience indestructible : ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer. Jésus lui-même connaît ce débat au Jardin des Oliviers, mais son orientation consciente et amoureuse vers son Père le remet dans la souveraine liberté qu’est l’obéissance. L’obéissance heureuse et sans débat, ou l’obéissance douloureuse mais triomphante quand il y a eu débat, trouble, puis grâce du discernement. Discernement qui ne porte jamais sur le contenu de la décision mais sur l’abandon à la décision que l’on reçoit de prendre. Avec armes et bagages, allant ensemble.

Je me relis, avant de prier. L’obéissance est fidélité, le discernement a pour repère la fidélité. Ce mot de Mauriac (à propos du referendum de 1962 sur l’élection du président de la République au suffrage universel) : dans le doute, il faut choisir d’être fidèle. Tout simplement parce que nos fondements ne sont pas la soumission (soit à autrui, soit à nous-mêmes, les ordres de l’un, la tentation s’insérant, s’incrustant en nous, jusqu’à son ricanant triomphe qui nous laisse amers et suicidaires comme Judas, tandis que Pierre – simplement ou ultimement – pleure, même s’il ne voit pas l’espoir, mais le regard de Jésus a croisé le sien). Le passé, si ce n’est que le nôtre, oui, il ne serait parfois, souvent qu’une amertume ou des regret-nostalgies, mais s’il est commun, si nous comprenons qu’il est un bien commun, à plusieurs, d’une richesse d’autant plus étonnante et qu’aucun inventaire n’épuisera jamais, parce que précisément plusieurs ont vêcu, chacun à sa manière, ce que nous avons cheminé et parcouru à la nôtre. L’humanité ou une fratrie sont ainsi du même bois, parvenir à un patriotisme européen rassemblant les histoires nationales dans le même nœud d’une seule fierté et ainsi de suite pour la conquête de étoiles par tout le genre humain et le vivant, c’est un chien ou une chienne (soviétique) qui alla d’abord dans l’espace, colombe lâchée par Noé. Solidarité, personnalité. L’obéissance (celle du couple, celle de l’amitié donne mieux son synonyme : la fidélité, constance de l’ordre que par un vœu, une consécation, une volonté délibérée, nous nous sommes à nous-mêmes donné) et la mémoire, deux aspects de la communion, et donc de l‘amour. Ce dont le manque empêche tout, ce qui reçu et cultivé fonde et pérennise tout.

[1] - Jérémie I 17 à 19 ; psaume LXXI ; évangile selon saint Marc VI 17 à 29

[2] - Luc III 19.20 puis IX 7 à 9 & Matthieu XIV 3 à 12

vendredi 28 août 2009

comme l'époux tardait - devant Dieu - textes de la veille et du jour



Vendredi 28 Août 2009

10 heures 23 + Mon inexpérience d’autrui et du bonheur. Retrouvailles à leur manière et non à la mienne, retour de mes aimées à vingt-et-une heures hier soir.
Prier… [1]

19 heures 22 + Seulement maintenant… magistère de l’Eglise en matière de mœurs, que rappelle l’apôtre : vous savez bien quelles instructions nous vous avons données de la part du Seigneur Jésus… ainsi donc, celui qui rejette mes instructions, ce n’est pas un homme qu’il rejette, c’est Dieu lui-même, lui qui vous donne son Esprit Saint. On ne peut être plus clair. Le dogme de l’infaillibilité pontificale n’est pas une invention de Pie IX et du premier concile du Vatican, à la veille de la chute du pouvoir temporel des papes. Contenu, il est complexe. Comment ne pas le vivre pleinement quand depuis quelques heures seulement me reviennent femme et enfant après trois semaines d’absence : vous comporter chacun avec votre femme dans n eprit de sainteté et de respect, sans vous laisser entraîner par le désir comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu… en effet, si Dieu nous a appelés, ce n’est pas pour que nous restions dans l’impureté, mais pour que nous vivions dans la sainteté. Qu’est-ce à dire sinon dans un couple aimant vivre et comprendre – expérience conjugale s’il en est – que le désir est au service de l’amour, qu’il en fournit un des plus beaux instruments d’expression, le sexe lui-même est communication et le désir est appel à la tolérance et à l’émerveillement pour l’altérité et la différence. Le respect mutuel, pas seulement dans l’expression ou la patience sexuelles, est certainement la clé de la vie conjugale, de la vie familiale, de toute vie relationnelle. . Qu’y ajoute la sainteté, sinon la conscience que désir, respect, tolérance, amour nous viennent non d’une inaltérable attraction qu’exercerait sur nous autrui, mais bien de Dieu : que le Seigneur soit votre joie, hommes justes, nous souhaite le psalmiste. L’évangile des vierges sages et des vierges folles apporte- t-il à la leçon ? Elles sont toutes les dix invitées à des noces, comme nous dès notre naissance, nous sommes appelés aux noces de Dieu et de l’humanité – l’Incarnation du Fils, la sollicitude divine à l’égard de chacun de nous – et dont l’un des signes est évidemment le mariage. C’est un appel à la responsabilité : donner de la lumière à l’Epoux lui-même, à Dieu dont notre vie témoigne ou pas. La provision d’huile… elle ne se partage pas. Nous concourons à notre salut autant qu’à celui du monde. De plus en plus, je ne vois pas de témoignage dans l’apologétique, les homélies, les enseignements : ils vont de soi. De témoignage (d’amour) que par la vie-même, celle que nous menons ou celle ou qui nous mène. Relations de couple, de famille parents/enfants, de communauté. Comme si à chaque instant, j’étais à l’article de la mort, sans avertissement. Quoique de naissance, je doive savoir que je suis voué à la mort, au crible du passage à l’éternité. Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. L’attente, le retard, l’inopiné sont autant de mouvements dans notre relation à Dieu, autant de mesure de sa présence. Notre disponbilité-même quand elle nous est donnée, que nous en prenons joyeusement conscience, c’est bien l’Esprit saint qui nous habite et qui bâtit ce corps mystique de l’Eglise, des noces décisives entre Dieu et l’humanité, toutes nos vies sont consacrées. Une vie sans vœu ? sans destination ? Nous sommes d’autant plus l’Epouse que celle-ci ne paraît pas dans la parabole, l’Epoux arrive seul et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et l’on ferma la porte. La démonstration est faite que l’Epoux n’avait nul besoin du service que sont censées lui rendre les jeunes filles en pourvoyant à l’éclairage. Cinq lampes au lieu de dix, n’est pas le problème. De même, les jeunes filles n’attendent pas dans la salle qu’elles auraient illuminée pour accueillir l’Epoux. C’est l’Epoux qui les entraîne dans la salle. Sur ce versant terrestre de nos vies, ce n'est pas Dieu qui tarde, mais nous.


[1] - 1ère lettre de Paul aux Thessloniciens IV 1 à 8 ; psaume XCVII ; évangile selon saint Matthieu XXV 1 à 13



Jeudi 27 Août 2009

Prier… que nous passions nos jours dans la joie et les chants. Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu ! Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains. [1]et qu’ainsi il vous établisse fermement dans une sainteté sans reproche devant Dieu notre Père, pour le jour où notre Seigneur Jésus viendra avec tous les saints. De l’état de vie idyllique (on ne dit pas « édénique » comme paradisiaque, alors que ce serait plus juste, un réarrangement de toute la création, on préfère l’image d’amour, l’idylle, le commencement, au seul niveau des sensations et de l’accord pour marcher ensemble, avec légèreté et surtout une résolution qui étonne les amoureux pas encore amants… ainsi la démarche que nous donne Dieu quand Il nous exauce) aux images fortes de la Parousie, l’ensemble peut paraître mièvre ou d’images complexes, un peu comme celle de l’Ascension, départ d’une fusée spatiale, une lente élévation à la puissance inouïe mais aux effets seulement progressifs. Comme toujours l’Ecriture, quel qu’en soit le livre, insiste sur le relationnel : nous sommes devant Dieu, notre ouvrage, nos collaborations à Son œuvre, sont décisives, le reste, qui peut nous arrêter par un énoncé imperméable ou décalé, n’est qu’accessoire. Paul aime ses ouailles, c’est premier. Sans doute sa vocation, sa place singulière dans la mission des Apôtres, les itinéraires et la marque de sa prédication en faisant le géant de nos fondations chrétiennes, mais de caractère et de comportement, c’est l’affectif, le sensible : plus qu’une paternité spirituelle et très chaleureuse qu’il donne à Tite ou à Timotée, il est de cœur dans le cœur de ses baptisés et de ses communautés, et dans son zèle il doit entrer (trouver des passages ?) autant l’obéissance à Celui qui l’a divinement recruté que l’amour du prochain, ce zèle de certains saints plus proches de nous, le bonheur des autres par une certaine annonce évangélique. Le retour du maître : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. Du mal à imaginer cette soudaine irruption – toute différente de la tranquille incarnation du Fils, dont nous ne voyons le lever solaire dans sa génération que très progressivement. La Parousie, difficile à imaginer, mais le conseil qui en découle, est vif : veillez, car vous ne connaissez ni le jour ni l’heure. Redondance du psaume : apprends-nous la vraie mesure de nos jours, que nos cœurs pénètrent la sagesse. Plus qu’un avertissement lourd de possibles sanctions, de jugements terribles si nous sommes surpris en péché, le conseil est en somme notre présence à Dieu. Que Dieu lui-même, notre Père, et que notre Seigneur Jésus nous tracent le chemin jusqu’à vous, prière de l’Apôtre. Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. L’état de veille en attente du Dieu inconnaissable, est le débordement, en chacun de nous, d’un amour particulier, orienté et universel.


[1] - 1ère lettre de Paul aux Thessaloniciens III 7 à 13 ; psaume XC ; évangile selon saint Matthieu XXIV 42 à 51

mercredi 26 août 2009

à l'oeuvre en vous - textes du jour

Mercredi 26 Août 2009


Prier…[1] c’est en travaillant nuit et jour, pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous, que nous vous avons annoncé l’évangile. L’évolution pratique de l’Eglise catholique a été telle que deux évidences du Nouveau Testament sinon de toute l’Ecriture sont complètement occultées du fait que les clercs, et leurs satellites laïcs encore plus clercs qu’eux, ont monopolisé pas tant l’enseignement que les comportements et l’interprétation de ce que peut être une vie librement et fortement chrétienne, qu’une société chrétienne. Les évangiles sont le pamphlet le plus anticlérical qui soit, les caricatures des scribes, et des autorités religieuses, sont constantes dans la bouche du Christ et c’est ce clergé qui veut sa perte et le fait mettre à mort, en éludant apparemment la réponsabilité de celle-ci. Quant au travail du prêtre et de l’apôtre, Paul, pourtant le plus requis des apôtres, le plus voyageur, le plus déraciné, donne l’exemple. Je ne vais pas au mariage du clergé, il y a tous les cas de figure dans l’Ecriture, des prophètes de l’Ancien testament aux disciples du nouveau. Le jaillissement par le peuple des formes contemporaines de l’Eglise et donc d’une certaine propagation de la foi, et surtout d’une contribution à l’ordre souhaitable du monde, est constamment empêché, tellement d’ailleurs que peu s’en rendent compte et que ceux qui s’en rendent compte, sont forcémenté étouffés. Vous savez bien que nous avons été pour chacun de vous comme un père pour ses enfants. Se montrer en exemple peut agacer autrui, dans le cas de Paul c’est si fréquent que ce ne peut être la pose de l’orgueilleux, c’est réellement la pédagogie d’un homme avouant par ailleurs ses limites et livrant surtout son secret : se laisser instrumenter par Dieu et son Christ : non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous, les croyants. Texte d’acception universelle, particulièrement par mes chers amis faisant Ramadan (non sans mérite, le jeûne par grosse chaleur, ne pas boire, pas de climatisation). Quant aux clergé contemporain du Christ (avec les grandes exceptions, à réétudier), vous êtes bien les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes. Vous achevez donc ce que vos pères ont commencé ! Et cela dura trois pleines années, avec l’ultime retournement de la foule devant le prétoire de Pilate, cette foule dont les puissances de l’époque, religieuses ou occupantes étrangères, avaient si peur. Tension dont témoigne l’Ecriture. Moktar à sa femme quand elle se décourageait. N’oublie pas que le Prophète manqua souvent d’être assassiné. De fait… vous dites : « Si nous avions vêcu à l’époque de nos pères, nous n’aurions pas été leurs complices pour verser le sang des prophètes »… Mais si ! et nous encore aujourd’hui… puisqu’il y a des pauvres, des malheureux, des condamnés et des arrogants, des cyniques, que nous ne changeons pas le monde, que nous ne prions pas non plus, alors que faisons-nous ? nous vivons moins sincèrement que nos animaux, que les arbres des forêts et les poissons de la mer. L’innocence du vent, des nuages, de la végétation attendant l’eau ou recueillant la fraicheur nocturne, témoigne à notre charge. La vie est autre du premier au sixième jour. J’avais dit : ‘Les ténèbres m’écrasent !’ mais la nuit devient lumière autour de moi.

[1] - 1ère lettre de Paul aux Thessaloniciens II 9 à 13 ; psaume CXXXIX ; évangile selon saint Matthieu XXIII 27 à 32

mardi 25 août 2009

Seigneur, tu le sais - textes du jour

Mardi 25 Août 2009


Prier… purifie d’abord l’intérieur de la coupe afin que l’extérieur aussi devienne pur. Le cœur de nous-même, le jaillissement de notre liberté, le secret – que nous ne savons pas – de notre conscience et de nos sources. De plus grave dans la loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. Voilà ce qu’il fallait pratiquer sans négliger le reste. … avec vous nous avons été pleins de douceur, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons. Ayant pour vous une telle affection, nous voudrions vous donner non seulement l’Evangile de Dieu, mais tout ce que nous sommes, car vous nous êtes devenus très chers. Débordement d’affectivité, Paul le géant, le dialecticien, un homme total : nous n’étions pas au service de doctrines fausses, nous n’avions pas de motifs impurs, nous n’agissions pas par ruse. Le Christ donne à ses apôtres d’être ainsi tandis que ses adversaires, il peut les qualifier d’hypocrites, de guides aveugles. Tandis qu’avance l’été vers l’automne, que le soleil, très rouge ce matin ne se manifestait qu’autour de sept heures, que ce sont les derniers silences du rite vacancier, je ne me mets pas dans le dilemme d’être scribe et savant ou affectif et attentionné, selon les modèles opposés aujourd’hui dans nos textes. Je ne prétends guider personne ni vraiment moi-même. Tout est toujours à reprendre en nous, Dieu nous a mis à l’épreuve ; de même, aujourd’hui, il continue de mettre notre cœur à l’épreuve. Pas même, car de l’épreuve qui peut dire à l’avance qu’il la surmontera. Regard simple du nourrissons vers sa mère, allaitement tranquille, communion, ainsi soit-il ! [1] l’intérieur de la coupe, notre naissance : que je marche ou me repose, tu le vois, tous mes chemins te sont familiers. Avant qu’un mot ne parvienne à mes lèvres, déjà, Seigneur, tu le sais. Ainsi, tentai-je d’apprendre par cœur ce psaume, le premier jour des Exercices de saint Ignace reçus et zélés de JL.


[1] - 1ère lettre de Paul aux Thessaloniciens II 1 à 8 ; psaume CXXXIX ; évangile selon saint Matthieu XXIII 23 à 26

lundi 24 août 2009

Jésus voit venir Nathaël venir à lui - textes du jour

Prier … [1] Comment me connais-tu ? – Avant que Philippe te parle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. – Viens et tu verras… Tu verrras des choses plus grandes encore. Une des rares, sinon unique, fois pù l’évangile rend un dialogue entre deux des disciples, en général n’est rapporté que le thème de leurs discussions, la plupart du temps soit sur la dureté des temps et la difficulté de suivre, soit sur l’identité de leur maître alors même qu’ils le suivent. Ici, c’est la transmission de la foi avec l’objection classique : pas possible. Nathanaël est disponible, il vient. Nathanaël est sensible, le fait qu’il soit vu en profondeur, en perspective, qu’il soit ainsi surnaturellement connu par cet homme le convainc, la première profession de foi dans les événagiles et la chronologie des vocations apostoliques est la sienne, celle de Thomas sera l’ultime. Jésus répond par la vision des « fins dernières ». La nouvelle recrue se fondait sur Abraham et les Ecritures, la voilà emportée en bout de cycle. Il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu… vous verrez les cieux ouverts, avec les angers de Dieu qui montent et descendent au-dessus du Fils de l’homme… la muraille de la cité reposait sur douze fondations portant les noms des douze Apôtres de l’Agneau. Voir, le regard du Christ dans les évangiles… Jésus voit Nathanaël venir à lui. Quelle conclusion : voici un véritable fils d’Israël, un homme qui ne sait pas mentir. Eloge rare chez le Christ ; en général Israël, les Juifs et leurs cadres, leurs élites sont plutôt caricaturés ou réprimandés. Qualité suprême, la franchise, la transparence.

[1] - Apocalyspe de saint Jean XXI 21 9 à 14 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Jean I 45 à 51

dimanche 23 août 2009

nous croyons, nous savons, nous voulons - textes du jour

Dimanche 22 Août 2009
Prier [1] … réactions après « le discours du pain de vie » : ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter ! Même réaction à l’Aréopage d’Athènes quand Paul, jusques là bien suivi, annonce la Résurrection. Bourrés de questions, d’interrogations, de demandes nous ne voulons de réponses qu’à notre échelle et qui donnent raison au plus petit des moments de notre raison. Il s’agit ici des disciples eux-mêmes, peut-être pas Les Douze, mais de gens suivant le Christ depuis quelque temps. Jésus connaissait par lui-même ces récriminations des disicples. Et il réplique, le scandale le plus grand, sera la croix, et selon lui ce qui en nous fait tout manquer pour notrre compréhension de la vie, de la réalité, du monde et de Dieu-même, c’est la chair capable de rien. Autrement dit, notre condition humaine, version terrestre, mortelle. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. L’Ecriture entière n’est pas un enseignement sur la mort, l’u-delà et tant de ruptures apparentes dans nos existences, y compris celle de la fin, elle est un enseignement sur la vie, qui en soi est la vie. Rappel que la foi est un don et le péché de Judas n’est pas de Le livrer, mais de ne pas croire. En regard, profession de Pierre. Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous avons que tu es le Saint, le Saint de Dieu. Pierre, affectif et théologique (le parallèle qu’opère Isorni dans Le vrai procès de Jésus entre Pierre et Judas). Paul prolonge – génialement et sereinement, architecte de toute la propagation de la foi et aussi de la compréhension de l’ ensemble des Ecritures – à la fois ce qu’a produit la profession de Pierre : l’épousaille de l’Eglise et de son fondateur, et l’énoncé de ce sacrement : le bain du baptême et la parole de vie. La chair, qui n’est plus un principe de raisonnement (mortifère) mais d’amour (salvifique) trouve sa dimension, le corps, l’amour conjugal, la parabole de l’Eglise et du Christ, de la création, de l’humanité et de son créateur. Josué conclut en posant au peuple la question de confiance, une fois sur deux c’est positif. Profession de foi collective. Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu. Que de hâte et de présomption : nous croyons, nous savons, nous voulons et Jésus de reprendre : personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père.
[1] - Josué XXIV 1 à 18 ; psaume XXXIV ; Paul aux Ephésiens V 21 à 32 ; évangile selon saint Jean VI 60 à 69

vendredi 21 août 2009

j'irai où tu iras - textes du jour

Vendredi 21 Août 2009



Prier… la saint-Pie X. Grand pape ? celui du conflit avec la France sur une séparation de l’Eglise et de l’Etat qui va aujourd’hui de soi, celui de la communion des enfants, le drapeau de l’intégrisme. Canonisé par Pie XII qui le considérait comme son père spirituel et qu’il aurait sacré évêque ? ce second point est faux, puis que Pacelli fut consacré par Benoît XV. La réponse du Christ sur l’essentiel des commandements : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’il y a dans l’Ecriture dépend de ces deux commandements, va tellement de soi, qu’elle ne semble pas du tout prodigieuse. Surtout aujourd’hui où, au moins dans une grande partie du monde dont en France nous sommes, la morale courante en est imprégnée. Loi naturelle ? pas du tout. Mais surtout pour le croyant, le chrétien, ce premier commandement est décisif, car il fait passer la relation à Dieu avant toute dogmatique, révélation et connaissance de ce Dieu. Révérer ce que l’on ne connaît pas et qu’on ne peut, de nous-mêmes, connaître. Privilège d’Adam et Eve, qui découlait de la création et qui est apparu comme un privilège perdu : Dieu familier, le plain-pied, la compagnie mutuelle quoique l’homme aurait été seul sans sa femme, Dieu ne suffisait pas, non selon lui Adam, mais selon le créateur… notre petite fille, mais Jésus, il n’existe pas, je ne le vois pas. Aimer ce Dieu, l’incarnation, l’Ecriture nous en donne cependant assez la « silhouette » pour nous approcher à tâtons, ne pas chercher à Le saisir, même et surtout d’intelligence, c’est de nous qu’il s’agit, nous diriger intimement vers Lui, Lui demander qu’Il se donne à nous. Nos forces et notre être vers Lui. Cela ne va pas de soi. Le prochain comme nous-mêmes, encore moins, puisque nous ne nous aimons pas et qu’une bonne partie de notre intériorité est le champ du conflit avec nous-mêmes, avec nos limites, nos nostalgies, nos regrets, notre péché. Le rapprochement de cette réponse du Christ avec la page du livre de Ruth, Noémi, veuve et perdant de surcroît ses deux fils, rentre chez elle mais l’une de ses belle-filles s’est atachée à elle : loi d’amour tout humaine, quoiqu’entre belle-mère et belle-fille… qui ne le sait, et Ruth (le beau poème de Victor Hugo) y trouvera l’amour conjugal… Ruth qui, par amour familial, épouse la religion de sa belle-mère, cheminement comme un autre, manière de Dieu de nous appeler : ne me force pas à t’abandonner et à m’éloigner de toi, car j’irai ou tu iras. Cette conclusion du Cantique des cantiques, l‘attachement, mets moi comme un sceau sur ton cœur et cette recommandation du Pentateuque : tu répèteras à tes fils. [1], l’un de nos chiens qui a dormi de son côté, vient longuement me saluer et prendre sa caresse du matin. Loi… humaine, Dieu nous prend donc par l’amour, puisqu’il est l’amour, quelles que soient les traductions, les variantes, les composantes du mot et de ses autres approches. Nous savons bien ce qu’est l’amour, mais le rapetissons selon notre histoire, celle des autres, et l’atrophie ou la déviation de nos sens plus ou moins oubliés, gaspillés ou appliqués dans le plus grand désordre. Or, l’amour n’est ce qu’il est qu’en dimensions et en application. Nous voyons et vivons petitement et appliquons avec restriction puisque nous demeurons notre centre. Nous sommes donc à côté, littéralement. Jésus au docteur de la loi, rappelle deux fois où est ce centre.

[1] - Ruth I 1 à 22 passim ; psaume CXVI ; évangile selon saint Matthieu XXII 34 à 40

jeudi 20 août 2009

tu as parlé trop vite - textes du jour

Jeudi 20 Août 2009


Prier…[1] le drame affreux de Jephté et de sa fille ressemble à l’histoire d’Iphigénie, mais la Bible admet l’holocauste et le sacrifice humain, contrairement à ce qu’il arrive heureusement à Isaac et pour son père Abraham, l’ange du Seigneur n’intervient pas : la victoire accordée selon un vœu insensé, la fille unique est sacrifiée et les deux mois écoulés, elle revint vers son père, et il accomplit sur elle le vœu qu’il avait prononcé. Rien que ce récit ferait perdre la foi : je ne te demande qu’une chose, laisse-moi un répit de deux mois. J’irai me cacher dans la montagne avec mes amies, pour pleurer le malheur de mourir sans avoir connu le mariage. Jephté enchaîné par lui-même, Hérode aussi devant ses compagnons de beuveries ce qui le fait obéir à sa marâtre et exécuter Jean Baptiste. L’interrogation, dans le texte, redouble quand je constate que Jephté était un vaillant guerrier. L’esprit du Seigneur s’empara de lui… c’est donc mû par l’Esprit saint qu’il prononce son vœu…La note de la Bible de Jérusalem n’apporte rien, le drame est nu, révoltant, total, si c’est cela « la religion »…. [2] Aspérité forte sur laquelle prier et réfléchir aujourd’hui. … Une piste m’apparaît cependant déjà. La jeune fille collabore à cette œuvre, elle ne s’enfuit pas alors que l’occasion lui en est donnée. Elle se joint pieusement à son père pour que la parole donnée ne soit pas trahie. Elle est humainement bouleversée mais elle se soumet et consent, non sans donner la leçon à son père : le personnage sage, dans l’affaire, comme souvent, c’est elle, une femme. Mon père, tu as parlé trop vite devant le Seigneur, traite-moi donc selon ta parole. Comme tous les grands actes de foi de l’Ecriture et de la manière, aussi, dont s’accomplissent les miracles dans le Nouveau Testament : qu’il me soit fait selon ta parole, répond Marie à Gabriel. Que tout se passe selon ta foi, conclut Jésus. Parabole du jugement « dernier », le festin, les invités, les récalcitrants sont ceux dont il était organisé qu’ils viennent. On les remplace au pied levé : les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noces fut remplie de convives. L’assassinat des envoyés dans cette parabole comme dans celle des vignerons, la mise en évidence du cas marginal, comme dans la parabole de la brebis perdu, comme à propos de Sodome et Gomorrhe. Jeux de foule, destin et lot commun, solidarité de la création et individualisation de nos réponses autant que de la sollicitude divine. Notre part de responsabilité.

[1] - Juges XI 29 à 39 : psaume XL ; évangile selon saint Matthieu XXII 1 à 14


[2] - l’histoire du vœu de Jephté a pour fin d’expliquer une fête annuelle que l’on célébrait en Galaad, et dont la vraie signification est inconnue. Il ne faut pas en atténuer le sens : Jephté immole sa fille pour ne pas manquer au vœu qu’il a fait. Les sacrifices humaines seront toujours réprouvés en Israël, cf. déjà Genèse XXII, mais le narrateur rapporte l’histoire sans exprimer aucun blâme, et l’accent paraît même être mis sur la fidélité au vœu prononcé. Rester sans postérité était regardé comme un malheur et un déshonneur pour une femme.

mercredi 19 août 2009

regards croisés - l'Eglise dans les moments de l'histoire humaine

problème - direction... accompagnement spirituels... un ministère ? au nom de quoi ? et comment ?

le souhait de ses lèvres - textes du jour

Mercredi 19 Août 2009
Sensation de déprime. Sans doute, parce que je suis de nouveau étranglé par le temps : les rangements que je me projetais de faire, et puis… et maintenant le jour qui se lève de plus en plus tard, le soleil pas encore et du brouillard montant haut de notre prairie vers la maison. Cela sent l’automne et la fin de quelque chose ou de tout. Etat d’âme et introibo ad altare Dei. – Prier … [1] un jour, les arbres se mirent en campagne pour se donner un roi et le consacrer par l’onction. Ils dirent à l’olivier… faudra-t-il que je renonce … le figuier leur répondit… les arbres dirent alors à la vigne … et les arbres dirent au buisson d’épines … Textes qui ne plaident pas pour le système monarchique mais pour la démocratie, texte aussi qui montre l’abnégation et le renoncement que la charge du commandement suprême, charge sacrée, suppose des renoncements de la part de celui qui reçoit ainsi l’onction. Toutes considérations complètement oubliées aujourd’hui avec des hérédités de fait, des monocraties tolérées et un exercice du pouvoir qui n’a de référence que l’impétrant et pas du tout le sacré auquel reste inconsciemment attaché chaque peuple. Même défilé dans l’évangile, les journaliers attendant du travail. Personne ne nous a embauchés. Plutôt que le dénouement sur le bon plaisir de l’employeur dans le cadre cependant des contrats convenus, et sa générosité qui fait ombrage à ceux qui ont souffert, je retiens, comme à propos du roi que réclament les administrés de Gédéon, à la mort de celui-ci, l’intervention et le jugement suprême de Dieu, en tout cas l’intervention d’un tiers dans les institutions humaines. Un tiers qui nous surplombe et nous réapprend. Nos ambitions … aller se balancer au-dessus des autres arbres ? au lieu de la sereine considération de ce qui nous est déjà accordé : une pièce d’argent pour la journée… mon huile qui sert à honorer Dieu et les hommes… la douceur et la saveur de mes fruits …mon vin, qui réjouit Dieu et les hommes… Les deux dialogues : Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que, moi, je suis bon ? Tu as répondu au désir de son cœur, tu n’as pas rejeté le souhait de ses lèvres. – Prier pour ceux et celles que je ne peux aimer que putativement ou que j’ai aimé(e)s, les liens rompus ou les liens à ne pas établir puisqu’il faut choisir pour être et demeurer. Ce qui n’empêche pas au contraire l’intercession tranquille pour que nous entrions tous dans le dessein divin, d’amour et de paix. Consentir à Dieu dans notre vie, au chemin et à la main qu’Il me donne. Règles et conscience, références et fidélité.

[1] - Juges IX 6 à 15 ; psaume XXI ; évangile selon saint Matthieu XX 1 à 16

mardi 18 août 2009

ses pas traceront le chemin - textes du jour

Mardi 18 Août 2009





Prier… action de grâces, concentration intime, travail mais pensées pour celui qui, courageux et franc, combattif, sur qui je compte pour savoir et donc comprendre tels comportements des siens, me courielle qu’il remet cela à un revoir et de vive voix et me dit vivre un moment très difficile. Quand on est courageux, on est souple et vulnérable : s’il est une perfection humaine, c’est dans cette disponibilité et cette humilité de fait. Lâcheté et dissimulation font la raideur : Adam et Eve que Dieu cherche à l’heure de l’habituel rendez-vous, la brise du soir. Un riche entrera difficilement dans le Royaume des cieux. Soit, l’encombrement, le mot de Gide : tout ce que tu ne donnes pas, te possède. Mais les disciples sont étonnants, sans domicile fixe à suivre leur maître, pauvres sauf Lévi ou Judas, qu’ont-ils donc ? assez pour être riches au sens du Christ et ils se sentent visés. Nous ne pouvons que leur reconnaître une qualité (évangélique), d’un bout à l’autre du ministère qu’ils suivent, ils sont disponibles, ils ne comprennent presque rien sauf par à-coups, des jets de lumière : la foi, la révélation saisie, puis oubliée, mais ils sont disponibles. Leurs questions sont fondatrices, elles sont simples, ils se croient tout de même à part : Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre, alors qu’est-ce qu’il y aura pour nous ? Jésus est vague mais positif : Beaucoup plus. L’énumération des abandons et des consentements est de l’ordre de cette interrogation stupéfiante quand sa propre mère, avec ses frères et sœurs (ou cousins ?) sont à la porte et demandent à le voir : qui est ma mère ? qui sont mes frères ? Tout homme qui aura quitté à cause de mon nom des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre… Place singulière de la famille de sang dans ces enseignements évangéliques, il est vrai qu’ils disent les arrachements et les préférences à marquer. Car nous sommes d’abord en relation avec Dieu et vivons selon ses ordres. La merveilleuse histoire du juge Gédéon et son dialogue avec Yahvé : je resterai jusqu’à ton retour, et le sacrifice préparé, Dieu donne le signe demandé, le saint a cette semi-vision indicible mais conclusive : pourquoi ai-je vu l’ange du Seigneur face à face ? – Que la paix soit avec toi ! Sois sans crainte : tu ne mourras pas. Et c’est l’érection d’un énième autel, mais au nom superbe : Seigneur-de-la-paix. Paix intime, intérieure du saint qui doit cependant devenir chef de guerre et, à l’instar de Moïse et de Josué, sauver Israël du pouvoir de Madiane. C’est moi qui t’envoie. Epoque d’une vie spirituelle, Gédéon ne prend pas ses mouvements intérieurs pour forcément venus de Dieu, il appelle la vérification et l’obtient. La justice marchera devant lui et ses pas traceront le chemin. [1]




[1] - Juges VI 11 à 24 ; psaume LXXXV ; évangile selon saint Matthieu XIX 23 à 30



lundi 17 août 2009

si tu veux entrer dans la vie - textes du jour



Lundi 17 Août 2009


Prier…[1] ils se prostituèrent en suivant d’autres dieux, ils se prosternèrent devant eux. L’Ancien Testament peu se lire comme l’histoire de nos péchés soit individuels comme ceux de Caïn ou de David (assassinat pour diverses causes, la jalousie, l’adultère), soit collectifs (ils sont davantage d’ordre spirituel). Ce qui vaut pour nous, nos vies, notre part de responsabilité personnelle dans l’évolution collective de l’époque où nous vivons. L’institution des « juges », l’Ancien Testament comme notre ancienne monarchie (fondatrice de tout chez nous) ignorent la séparation des pouvoirs et correspondent à nos inconscients modernes, à notre tête, quelqu’un qui réponde de tout et nous guide. Mais à la condition cardinale d’être lui-même inspiré, docile à Dieu, répondant en conscience devant le Seigneur de ses actes et en fait de tout le peuple. Ce n’est pas le fondement de la dictature ni de la monarchie, mais celui d’une théocratie apparemment. Le modèle en est le Christ, c’est-à-dire que c’est mettre en nos vies une échelle de valeurs et une relation personnelle à Dieu qui irradie en relations vers autrui. Le Seigneur se laissait émouvoir quand ils gémissaient sous la violence de leurs oppresseurs. Car nous sommes toujours dominés, jamais souverains de nous-mêmes. Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. C’est Dieu qui introduit dans le monde et en notre vie la liberté : si tu veux entrer dans la vie… si tu veux être parfait, va… Et le frein à l’exercice de notre liberté ne vient pas même de notre constitution humaine : le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. Ce n’est pas dans cette version que Jésus fixa sur lui son regard sur lui et l’aima [2], mais dans celle fondée sur les récits et la prédication de Pierre : celui-ci, le chef mais si spontané et vulnérable, voyait et savait qui, humainement, son Seigneur aimait : Jean par qui il passe pour savoir le nom du traître à la dernière Cène (et peut-être lui faire la peau), cet homme quelconque, sauf qu’il est proche, on ne sait ni son extraction ni au vrai son âge. Pierre voit le regard du Christ. L’Eglise… l’argent, cet idole ? non. L’Evangile est plus clair que l’Ancien Testament : un outil, dont il faut savoir se servir, cf. la parabole de l’intendant astucieux plus encore qu’infidèle, et l’exhortation des fils de lumière. L’essentiel cependant n’est que dans notre relation à Dieu, qu’il s’agisse de nos institutions ou des richesses et biens matériels. Ce qui éclate, dans le christianisme, c’est, à la racine des textes et de l’enseignement reçu – quel comportement pour la vie, dans la vie ? – c’est le « relationnel ». La religion n’est pas l’autisme et le repliement.

[1] - Juges II 11 à 19 ; psaume CVI ; évangile selon saint Matthieu XIX 16 à 22


[2] - Marc X 17 à 22 tandis que Luc XVIII 18 à 23 n’en dit pas plus que Matthieu


dimanche 16 août 2009

le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort - textes du jour

Dimanche 16 Août 2009



Horrifié par la bêtise et la méchanceté des relations familiales chez E.... C’est incurable et cela commence par une sorte d’incapacité à communiquer, à exprimer. On ne sait pas se parler, on n’écrit évidemment pas, il n’y a donc pas de geste de reconnaissance, de gratitude, pas de tendresse. Chacun dans son autisme ne peut plus être qu’égocentrique, matérialiste au degré suprême, le chef d’œuvre était hier ma belle-mère donnant la part de gâteau que laisse un instant sur la table ma chère femme, ne prenant pas le temps de vider son assiette afin de faire, pour tout le monde, chauffer le café. Ma belle-mère la propose à son fils, qui n’en veut pas, la bouche encore pleine de la sienne, du coup elle-même se l’approprie. E... revient avec la cafetière, son dessert a disparu. Il est vrai qu’il y a un enjeu immobilier lui-même symbolique d’une détestation de ma belle-mère pour sa propre belle-mère où le mari restait encore trop souvent en visite quotidienne, sans avoir le temps pour femme et enfants. Dérèglements ou méchanceté… Mais qu’on ne prenne plus, les larmes aux yeux ou en discours politique, l’exemple de la famille et de la fratrie comme modèle des relations humaines ou internationales souhaitable (ces chefs d’Etat africains qui se donnent du cher frère… et ami, ce qui annule bien la chose), c’est le contraire qu’il faut souvent espérer : respect mutuel, au minimum. Les rencontres de métro, de plage ou sur un forum électronique partant au moins d’un souci commun sont plus solides… en tout cas, font éprouver la chaleur et la merveille du partage et de l’expression, de la communication. De mon côté, l’indifférence des miens motivée, bouche serrée, cœur en cours d’ablation. Il y a trois jours, cet octogénaire m’expose que des deux côtés, celui de sa femme et le sien, c’est la brouille, au moins y a-t-il un fait générateur dans chaque cas et l’on habite à quelques kilomètres ou à une demi-heure de voiture l’un de l’autre. Tout de délicatesse et de fidélité pour une épouse semi-aveugle et s'handicapant d'autant, il s'est laissé épouser bien plus tôt et sans doute parce celle qu'il n'aurait pas voulu et il peut me dire, sans hurler ni pleurer, qu'il n'a jamais su ce que sa femme pense, et que du fait d'un des yeux de celle-ci, mort de naissance, il n'a jamais non plus pu vraiment fixer son regard... Et cette sexagénaire, mon âge exactement, pas reconnue par son père, amoureuse de prêtres successivement, devenant militante pour que le problème des prêtres mariés se règle (ce sont les femmes qui font les frais de ces immaturités ou ces non-éducations au célibat soi-disant choisi) me raconte la même chose dans le couple de sa nièce, évidemment non mariée et sous emprise. L’exploitation commence chez soi ou autour de soi. C’est l’anti-enseignement de la solidarité humaine, de l’amour universel, de la condition humaine, invivable et à hurler d’impasse s’il n’y a pas le fardeau et les joies en commun. A la racine de ces incommunications engendrant en cascade la haine et ses motifs rétrospectifs, il y a peut-être le vide intérieur (notre époque, l’absence d’autorité morale, la rareté du grand écrit, l’exploitation-alibi d’héroismes exotiques ou du passé pour ensevelir sous le réalisme contemporain la perte du sens du scandale, la montée en icône de demi ou totales impostures, j’ai un nom pour chez nous et nous avons vu cette otage des FARC au portrait géant à notre hôtel-de-ville de Paris faisant les boutiques de New-York alors que ses compagnons continuent de pourrir là où elle était retenue) ; le curé d’Ars : laissez une paroisse sans prêtre cinquante ans, et on y adorera les bêtes. Le veau d’or de l’Exode, rien que le temps d’absence de Moïse à recevoir les tables de la loi – Le corps mystique à comprendre et vivre dans cette ambiance. Textes d’aujourd’hui, le pain de vie, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. … Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour. Le commentant hier soir, notre recteur insiste, le texte ne dit pas : corps, mais chair (de même le Credo qui a d’ailleurs deux articles distincts : la résurrection de la chair, la communion des saints… merveille que le contenu de notre foi…). Le corps mystique, nous formant l’Eglise et le Christ en totalité et le corps et le sang sous les espèces du pain et du vin, le corps eucharistique, avec une inversion de ces deux sens jusqu’à la fin du XVIIIème siècle sqns doute. Complexe apparemment, il est grand le mystère de la foi, mais simple puisque l’un permet l’autre, la communion liturgique au corps et au sang du Christ nous permet de former ce corps du Christ et de vivre la communion des saints. Je « me » retrouve soudain, la fratrie impossible si elle ne nous est donné divinement, dès qu’il y eut deux frères, l’un assassina l’autre, Abel et Caïn. Or, Jésus va à la racine du remède qui est la résurrection, la vie éternelle. L’état d’amour mutuel, le cœur tout brûlant tandis qu’il nous parlait en chemin, plus que la sympathie, l’empathie, nous vient de Dieu et manger, boire c’est bien – croyance du cannibale – s’assimiler au possible l’autre, chair et âme. Notre participation à la divinité, la restauration de la création, c’est-à-dire du rapport créateur-créé que suggère la Genèse, est ainsi donnée, par cette manducation, cette assimilation biologique. La biologie de l’âme ? pas seulement. Présence réelle, croyons-nous. La même pointe des deux impossibilités de croire pour d’autres, si proches de Dieu et de la prière pourtant et que j’aime… croire au Christ présent et absorbé sous les espèces du pain et du vin, croire que cette absorption de même qu’une configuration par toute notre vie et nos comportements au Christ est gage de résurrection et de vie éternelle. Chair ressuscitée. La question n’est pas notre identité, nous la tenons de notre création, elle est celle de la vie, donc de la chair et du sang en nos veines, le sang vivifiant notre chair. A rédiger et illustrer, montrer : une belle thèse de médecine et de philosophie ensemble, vérité de ce dogme en biologie puisqu’a contrario chair et sang meurent, se figent, pourrissent. Il en sortit ausitôt du sang et de l’eau…. Comme l’eau se mêle au vin… La révélation du Christ, dans laquelle il est toujours fin et moyen [1], tandis que nous prenons le chemin inverse : ne vous enivrez pas, car le vin porte à la débauche. L’apôtre naguère comme aujourd’hui : tirez parti du temps présent, car nous traversons des jours mauvais. Ne soyez donc pas irréfléchis, mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur. Le discernement sur soi, début de la vie intérieure, n’est possible – j’ai mis quarante à le comprendre et c’est le bonheur reçu qui y fait entrer – que s’il se fonde sur un autre que nous, Dieu est ce seul autre, et au lieu de vivre à Son image, nous nous renvoyons chacun, de plus en plus déformée, l’image de ce que nous devenons les uns et les autres. A l’homme sans intelligence, la Sagesse dit : ‘Venez manger mon pain et boire le vin que j’ai apprêté ! Quittez votre folie et vous vivrez, suivez le chemin de l’intelligence’. Au commencement de nos vies respectives (Anaïs Nin, à treize ans… [2]), pourtant l’empathie, la télépathie, la confiance innée et surtout la divination des ambiances et de l’amour, notre fille n’est insupportable que quand, autour d’elle, infusant quasiment en elle, à son corps défendant, elle sent nos tensions ou soucis, ou dans ma belle-famille quand elle ressent que sa mère n’y est pas aimée. Alors, elle se révolte contre un tel contre-sens. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. … Celui qui me mangera vivra par moi.

[1] - Proverbes IX 1 à 6 ; psaume XXXIV ; Paul aux Ephésiens V 15 à 20 ; Jean VI 51 à 58

[2] - Aujourd’hui, j’ai fait une nouvelle découverte : je suis pleine de confiance dans l’avenir. J’ai appris qu’il ne faut pas désespérer et j’ai confiance en la fortune, le bonheur, l’avenir et la vie. Jusqu’ici, j’ai eu peur et je n’ai pas osé regarder l’avenir en face. Maintenant oui, car je me suis abandonnée entièrement à la Provudence. La vie st comme un grand monde, où l’on souffre, où l’on jouit et pleure. On vit, on travaille et on découvre. Il y a bien des choses à redécouvrir car chaque homme est un mystère, chaque grain de sable, chaque fleur, chaque passion un mystère. On doit découvrir toujours et toujours apprendre. Moi j’ai découvert : la confiance, la solitude, la prière, le rêve, le malheur, la tristesse, la douleur, la détresse, le mensonge, la haine, l’amitié, la pauvreté, l’orgueil, la colère, l’impatience, la charité, la liberté, l’amour de la patrie et le respect. Chaque découverte est un escalier qui lentement mène à l’éternité, le ciel pour ceux qui en profitent, l’enfer pour ceux qui font des crimes. A moi, il me manque beaucoup d’escaliers, et devant moi s’étend un long désert sans horizon, plein d’embûches, et dont je dois découvrir le nom ou plutôt les feuilles de cet aride désert que l’on nomme la Vie. 26 Mai 1916 – elle a donc treize ans… Journal d’enfance 1914-1919 * (Stock . Mars 1979 . 422 pages) p. 224

samedi 15 août 2009

Marie



Un condisciple du collège des Jésuites à Paris, puis de Sciences-Po. et de l'ENA - une dizaine d'années avec Valéry Giscard d'Estaing dont celles de l'Elysée - me courielle hier soir : trouve-moi un joli texte pour le 15 août, pas compliqué, que je puisse donner à mon épouse et mes enfants. Affectueusement. Ne retrouvant pas aussitôt mes Pléiade de Péguy, de Claudel ni plusieurs mariologies dont une du XIXème siècle, et une autre du Moyen-Age byzantin, je rédige à main levée.


Marie… regardée par vous, nous, ils, elles
sans repères que nous, vous, ils, elles…


Vous êtes pleine de grâce, c’est un ange qui dit cela, à une jeune fille auprès de laquelle il est envoyé par Dieu. Dans la scène, un seul des trois personnages nous est accessible, cette jeune fille, car les anges … Dieu… précisément, on en parle, nous en entendons parler (de moins en moins), mais qu’en savons-nous ? La petite fille de pas encore cinq ans réplique : mais Jésus, il n’existe pas, je ne le vois pas. Justement, parce que nous pouvons voir sa mère, nous allons le voir, lui, à la crèche, sur la croix, et entretemps à une réception de mariage.

Un miracle commode, utile, sinon la réception était ratée, les cancans et le désastre social, sans compter la mauvaise humeur qui eût été générale – nos milieux et notre éducation en savent quelque chose. Or, c’est Marie, mère de Jésus, qui s’aperçoit de la gêne grandissante, les maîtres d’hôtel qui chuchotent, son fils et le groupe de celui-ci (pas une bande car ils sont très hiérarchisés et complètement médusés par celui qu’ils appellent déjà : maître – mais cela n’étonne pas Marie qui, dès la naissance de cet enfant, a reçu des visites extraordinaires et constaté des comportements tout à fait étonnants à son endroit). Cela a commencé par elle, dont la vie était si banale, une promesse de mariage arrangée entre les familles, un fiancé de très bonne extraction, gagnant bien sa vie avec un monopole de marché dans un village, la charpenterie, cela marche, un homme discret avec lequel elle peut parler. Justement, elle lui explique ce qu’il lui arrive, enceinte… et d’une façon qui la bouleverse, et qu’elle racontera beaucoup plus tard, après la mort – dramatique de son Jésus – à l’un de ses disciples, médecin, s’y connaissant donc un peu en gynécologie, elle est enceinte du Saint-Esprit… et Joseph ne la répudie pas. Lui aussi, il a été visité, mais seulement en songe, par un ange.

Marie, nous en sommes là. Vous êtes tranquille, paisible, une jeune fille de votre époque et nous sommes, plus de vingt siècles après, à vous évoquer encore, d’autant que des apparitions – qui vous sont prêtées, dont beaucoup sans doute prêtent à caution, mais quelques-unes sont troublantes de véracité, de plausibilité, vous nous mettez toujours banalement dans l’extraordinaire – se multiplient depuis deux siècles. Nous n’irons pas voir, vous apparaissez à domicile comme l’ange Gabriel vint chez vous. Quoique le père de la petite fille ait fait vœu d’aller à pied de Lisieux (la « petite » Thérèse) à Lourdes (cette Bernadette inculte qui n’a aucune idée de quelque dogme que ce soit et qui va proclamer ce qu’en latin, un pape à la destinée tumultueuse a fait connaître à la hiérarchie de l’Eglise catholique, l’Immaculée conception), à pied pour rendre grâces. Ce qu’il n’a pas encore accompli, alors que le quasi-miracle : un enfant à plus de soixante ans après une ablation de la prostate… c’est vous.

Quels furent vos traits humains, blonde, brune ? grande ? les apparitions qui donnent des récits, vous disent évidemment belles d’une beauté n’ayant rien à voir avec les statues : Bernadette Soubirous a abhorré la sculpture devenue officielle, et d’abord vous ne regardez pas au ciel mais vers elle, vers nous. Votre voix ? votre peau, votre démarche, vos cheveux, votre parfum, vos habitudes de femme, de mère de famille. Probablement rien d’exceptionnel. En tout cas, nous n’en savons rien, ce qui nous permet de tout imaginer donc de vous adapter à nous. Douceur, tendresse, vérité, divination, intuition.

Les textes disent cependant ce qu’il nous est nécessaire de savoir de vous. Vous êtes réfléchie, vous gardez les choses, les événements, les traits et les paroles en mémoire, le journal d’enfance (le « carnet de bébé » de ceux de nous qui à la guerre furent élevés au lait Guigoz), c’est vous, Marie, qui le tenez. Vous êtes l’école de prière et de mémoire, vous rapportez votre destinée à Dieu-même, le dieu de vos pères et ancêttres, la destinée qui vous est révélée et à laquelle vous consentez (pour vous, pas du tout les difficultés de tant d’entre nous ;, vocation ? orientation professionnelle ? choix d’une épouse, d’une carrière, d’un lieu de vie, des enfants ? autant de discernement qui nous angoisse ou que nous ratons plus ou moins, nos regrets plus que nos orgueils, nos pensées plutôt que nos dires). Le grand rôle ne vous rend pas immodeste (la grosse tête, les chevilles qui… disons-nous aujourd’hui avec raillerie avant que les arrivistes, qui se voient quasiment de naissance, ne soient pas parvenus) et d’ailleurs vous l’oubliez constamment. Fils de Dieu vous a dit Gabriel ? mais au Temple, quand vous retrouvez l’enfant que les juristes et théologiens de l’époque jugent prodigieux pour ses douze ans, sans d’ailleurs que les textes nous rapportent leurs dialogues, vous n’avez que l’attitude du chagrin, de l’affolement et de la fatigue. Vous avez complètement oublié l’Annonciation, les prophéties à la présentation au Temple, là déjà… Nous étions si inquiets. Jésus vous répond que d’une certaine manière vous n’êtes, votre époux et vous-même, absolument rien de plus pour lui que tout le reste du genre humain… quand avec vos autres enfants, car les textes parlent des frères et sœurs du Christ, à plusieurs reprises et les nomment, ce que l’Eglise, comme on cachait le sexe des statues et l’on tenta de barbouiller certains chefs-d’œuvre de la Renaissance (la feuille de vigne, au hasard d’une tige qui grimpe et qui s’installe…) a travesti en cousinage oriental ou à la mode de Bretagne (naissance de cette hantise proliférante de la « pureté » qui a produit toutes les crispations dont tant d’éduqués chrétiennement ne sortiront jamais que par le bas, que précisément ils réprouvent…), quand vous venez donc retrouver votre divin fils, vous vous faites rabrouer à la cantonade. Qui est ma mère ? qui sont mes frères. Vous qui m’écoutez, mais elle, eux ? dans le rang. Justement, vous nous prenez dans vos rangs. Au pied de la croix, il n’y a pas grand monde, les passants ont fait leur devoir de curiosité et de moquerie, ils ont lu l’écriteau décisif, l’avocat-défenseur du maréchal Pétain a écrit une dissertation passionnante (et passionné, cher Jacques Isorni) sur le procès qui a conclu à la condamnation de Jésus, X vices de procédure, mais vérité de l’incrimination et du relevé d’identité, cafouillages ensuite de l’Eglise et des conciles, allant au compliqué pour expliquer le simple. Même cafouillage pour votre virginité certaine à la conception divine, mais ensuite qu’importe… d’ailleurs ce n’est pas votre état physiologique, grande et merveilleuse Vierge Marie qui compte, mais la conception de votre fils.

Sans l’incarnation de Dieu, notre vie humaine n’a que le sens que nous lui donnons : limité, douteux, très changeant. Avec celle-ci, le gage de tout nous est fourni, la valeur est trouvée de chaque instant des plus médiocres à ce qu’il nous est donné parfois de vivre grandement. Nous avons un prédécesseur dans la vie quotidienne, dans la mort que nous rencontrerons – vous-même l’avez connu même si cette « dormition » mystérieuse vous a fait enlever corps et âme par votre fils et ses anges (eux du début à la fin de votre parcours) – et dans la résurrection à laquelle nous croyons si peu. Résurrection de la chair, alors nos yeux bleus ou marrons ? alors ceux/celles que nous avons aimés ? ce que nous aurions pu être ou avoir, ce que nous avons été et fait ? tout cela accompli ? quel pêle-mêle alors au « ciel » et que de monde puisque tout le vivant et toute la création s’y retrouvent : assomption et vie éternelle. Evidemment, nos vocabulaires et nos sens, très infirmes – toute la démarche scientifique le pratique journellement – pour saisir la totalité de la réalité, ne peuvent tout rendre et dire ce que nous ne savons pas, mais ce qui est ancré en beaucoup d’âmes et de cœur, l’espérance indistincte.

Faites tout ce qu’il vous dira. Aux maîtres d’hôtel à Cana – que les Israëliens d’aujourd’hui, un des meilleurs d’entre eux pourtant, Shimon Peres, eurent le sacrilège de bombarder, il y a quelques vingt ans, mais il paraît qu’il y a deux Canas, le saint lieu du miracle pour les chrétiens, et l’autre qui est un repaire de terroristes – vous avez dit cela, faites ce qu’il vous dira. Aucune de vos apparitions, vraies ou supposée, ne recommande autre chose. Vous n’avez aucune recette propre, en particulier. Que votre maternité. Votre fils, depuis la croix, l’a étendue à toute l’humanité. Les analogies dont nous avons besoin pour vivre et comprendre, sont ici à notre mesure. Sauf que nous réclamons, en notre petite enfance, constamment jusqu’à lasser nos parents, le père qui « travaille » et ne joue guère, la mère épuisée et énervée d’être ainsi cramponnée, et chaque enfant qui veut, qui refuse, qui maudit, qui pleure et qui revient sans cesse, qui fatigue. Ce vêcu-là, les parents l’oublient, sauf l’attendrissement ou quelque peur… l’âge adulte fixe tout parce qu’il choisit. Vous : Marie, vous n‘avez rien oublié de la petite enfance de votre fils, vous la racontez bien plus tard. Les éléments du sens, que vous enregistriiez, sans chercher le sens, ni aujourd’hui nous le dire vous-même. Et nous…, de notre enfance, quand elle a bien eu lieu et que des catastrophes familiales ne nous ont pas projetés, dès le jeune âge dans la vieillesse qui est amertume et regret, nous n’avons pas souvenir. Nous brodons la tapisserie merveilleuse de la tendresse et de la disponibilité, de la sécurité et d’un enseignement, d’une matrice continues et douces, efficaces. Vous, Marie, vous nous permettez – si nous avons recours à vous (prières d’autres époques que l’on n’apprend plus aujourd’hui) – d’entrer dans la tapisserie et de revivre cette continuité [1].

Alors, de l’Annonciation à l’Assomption, tandis que Fra Angelico et les commentateurs ou les contemplatifs vous voient les mains jointes, nous sommes à vos côtés, nous regardons comment vous faites, comment vous êtes, et nous apprenons chaque jour à prier. Je vous salue, Marie… le Seigneur est avec vous… avec nous, puisque vous nous avez appris à joindre nos mains. Maintenant et à l’heure de notre mort.


[1] - paragraphe que je voulais ajouter en me relisant, qui est d’une certaine manière « nécessaire » mais qui romprait le rythme et complique l’image – rien n’est simple… quand tout est vrai – je vous le donne quand même, sorte de chute : les copeaux…

Du couple aussi. De la tapisserie de nos réminiscences et de notre quotidien, fait partie votre époux, encore plus silencieux que vous, mais fort autant qu’il aura été discret et simple, compagnon des moments décisifs et contribuant, autrement que vous mais aussi nécessairement, à l’incarnation divine puisqu’il l’inscrit dans la grande lignée du nom de famille. Le premier de nous auprès de vous.

le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort - textes du jour

Samedi 14 Août 2009
Prier… car vous ne savez ni le jour ni l’heure… le passage de l’Apocalypse décrivant une femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l‘enfantement est présentée aussi bien comme une évocation de l’Eglise que de Marie. Je n’en suis pas d’accord, car l’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son trône, la femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Cela ressemble davantage à la fuite d’Agar, la première femme d’Abraham, servante de Sara. Je préfère la vision de la Jérusalem céleste, accomplissement si elle en est. La vision proposée aujourd’hui est plutôt l’image d’un début : Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ !, de notre début avec ses difficultés, parfois inouïes et douloureuses, début individuel, personnel, celui de notre liberté mais en cortège… c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner. Un des traits d’authenticité, pour moi le plus fort, des Ecritures du Nouveau Testament (et le Nouveau se porte fort de l’Ancien, puisqu’il l’accomplit), c’est non seulement la succession et le parallèle de plusieurs plumes, de plusieurs auteurs disant « la même chose », mais leur intime et constante résonnance, même s’ils se connaissent peu ou pas, et ne se lisent pas les uns les autres. Paul et Jean. Jean, dans son Apocalypse (texte que j’ai eu le bonheur et la grâce de lire à quelques aurores de suite, le dos au mur fendu de saint Jean à Patmos, il y a maintenant vingt-cinq ans), nous donne le versant mystique, la relation personnelle et et universelle au Christ, tandis que Paul, décisivement dogmatique, insiste sur la résurrection et notre sort ultime. Proximité mystique, résurrection de la chair triomphant divinement sur la mort et la chute du Paradis. Evidemment, quand la pleine conscience-connaissance est donné d’une telle destinée personnelle et collective, Magnificat : il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faire à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. L’Eglise voit les fruits de la rédemption et de l’incarnation, l'avenir tandis que Marie revient, elle, aux origines, la fidélité amoureuse de Dieu. L'une espère, l'autre rend grâces.[1]

[1] - Apocalypse de Jean XI 19 & XII 1 à 10 passim ; psaume XLIV ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XV 20 à 27 ; évangile selon saint Luc I 39 à 56

vendredi 14 août 2009

problème

portrait

vous profitez aujourd'hui - textes du jour

Vendredi 14 Août 2009



Prier… au hasard du livre retrouvé et d’une page… Imaginer quelqu’un, c’est prier pour lui. Puis voulant la retrouver, je « tombe » sur deux autres… ce que propose tout grand écrivain, c’est une nouvelle image de Dieu et puis, car j’ai du mal à retrouver et continue page à page : Il nous arrive ce que nous aimons. Pitié pour ceux qui n’aiment rien. Jean-René Huguenin Journal tenu de Décembre 1955 à Juillet 1957, édition intégrale, Le Seuil, Janvier 1993, 353 pages : il se tue dans un accident de voiture en 1962 à 26 ans, considéré par Mauriac et Gracq comme un des plus grands écrivains de notre époque, potentiellement, précocité de l’œuvre plus encore que de la mort, Rimbaud et Radiguet. Roman qui l’avait fait connaître La côte sauvage. – Fête de saint Maximilien Kolbe, ce prêtre polonais qui prend la place d’un père de famille à Auschwitz, + 1941. Un tel soleil rachète l’humanité et aussi, dans l’Eglise, tout ce qui y traîne d’antisémitisme. – Je vous ai donné une terre qui ne vous a coûté aucune peine, des villes dans lesquelles ous vous êtes installés sans les avoir bâties, des vignes et des oliveraies dont vous profitez aujourd’hui sans les avoir plantées. Pas tant le peuple d’Israël conduit par Josué en Terre promise, à la suite de Moïse, que nous tous : à notre naissance, nous recevons tout, et quand notre vie enfin s’accomplit ici-bas, vocation religieuse vraiment exaucée (et les communautés d’affectation, les « supérieurs » ont leur part dans cet accomplissement de celui qui est venu, poussé) ou mariage ou quelque fécondité que ce soit, là encore nous recevons sans avoir « fait » ou « mérité » grand-chose, et enfin quand nous naissons à la vie éternelle. Dieu récapitule souvent nos vies, et généralement dans le bonheur. Le malheur et la souffrance n’ont pas de mémoire, ils ne sont qu’au présent, présents. Action de grâces dans le bonheur, demande et dialogue (Job) dans le malheur. – Renvoyer sa femme, procédure des séparations et divorces, ce n’est vraiment pas le sujet. Le vis-à-vis des deux textes : cheminement d’Israël, épouse de Yahvé, entrée en possession de la Terre promise (à Abraham mais qu’Israël rénitègre, émigrée pour des raisons économiques, revenue pour des raisons sociales) et cette consultation juridique du Christ sur le mariage, est très vrai. Nous excellons à rester à côté de l’essentiel. Le Créateur les fit homme et femme… tous deux ne feront plus qu’un… pas seulement l’étreinte du désir, du plaisir, de la fécondité : nature, mais union d’âme, de destin, en fait déjà le corps mystique en gestation. Enfin, et décisivement, le mariage doublement vocation. Choix d’un état de vie par situation, par préférence, par capacité, et choix mutuel de deux êtres. Je crois – d’expérience – davantage au premier, car l’épouse ou l’époux ? nous ne nous choisissons pas, Dieu, la vie nous font nous rencontrer, au plus nous ratifions et ce consentement est à donner quotidiennement, même si le mariage une fois pour toutes nous en donne force et grâce en son sacrement. Jésus ne perd pas patience et n’a rien éludé. [1]


[1] - Josué XXIV 1 à 13 ; psaume CXXXVI ; évangile selon saint Matthieu XIX 3 à 12

jeudi 13 août 2009

qu'as-tu, mer, à t'enfuir ? - textes du jour



Jeudi 13 Août 2009



Véritable don de Dieu qui nous précède avant notre éveil dans le jour que nous aurons à vivre : l’humeur, le paysage mental, le rapport avec soi-même. Tant de « raisons » pour n’être pas bien dans ma peau ce petit matin, mais la réintégrant je m’y trouve bien, ou plutôt je me sens dolice à un travail, à un emploi de moi-même qui seront aisés, fructueux, joyeux. Deo gratias. Mais les petits miracles quotidiens ont comme les grands leurs ingrédients : ici, c’est repérable, ces heures hier avec un homme dont l’amour pour moi et pour ma femme me vainc et que je comprends enfin en même temps que je vois sa vie et ses raisons. Il me rend aussi un « objet » perdu mais qui avait du sens, car c’était cadeau reçu dans des circonstances précises et d’une femme précise, que je sais aujourd’hui malheureuse quoiqu’avec l’aide d’une petite fille qu’elle eut à cette époque ou peu après (de ces suspensions orientales, des tubes métalliques qui chantent quand un battant de bois les bat, mû par le vent, tout simple – tombé dans l’herbe, écrasé par le tracteur, perdu, et il m’est rendu, son chant avec). Enfin, la sensation de temps « devant soi », pas celui du mystère de la biologie et de notre longévité, mais quelques jours dont j’avais besoin pour les apprêts de cette maison, des rangements de papiers et d’ustensils, le travail de Marthe sans lequel Jésus resterait à jeun et Marie ne pourrait écouter ni prier, apprêts pour la surprise de ma femme et pour l’étonnement de notre fille quand elles reviendront… DG
… procession d’autrefois de l’Introit et du Confiteor, les degrés de l’autel, de la vie, de la journée, toutes les montées et ceux/celles que mentalement j’emmène ou accompagne. Combien de fois ? - Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. C’est Pierre qui pose la question et qui reçoit la réponse, lui le confesseur doublement, confesseur de la foi de toute Eglise, gardien aussi des « clés » du Royaume, tout ce que vous délierez… Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser… saisi de pitié, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. La parabole est connue, l’a-t-on commenté en économie politique ? aujourd’hui l’employé est en principe créancier de l’employeur, mais lui en a-t-il reconnaissance ? ces pays où « aller au chagrin », c’est aller au travail… et l’employeur se senti-il en rapport équilibre d’échange avec la personne de son employé ou bien est-ce la charge salariale est-elle la première dont on allège, sans égard aux personnes, le bilan ? L’encyclique de Benoît XVI que je n’ai pas encore ouverte mais pour laquelle – malgré un premier dire à son propos : qu’elle est longue ! – j’ai le préjugé favorable. L’évangile montre le serviteur endetté auprès d’un maître qui lui prête donc encore plus qu’il ne le paye. Les relations sont, dans la leçon du Christ, simplement humaines, pas comptables ni juridiques : ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ? Jésus demande constamment ces réciprocités et rend solidaires tous les comportements, y compris celui de Dieu vis-à-vis de nous. Alors tout Israël traversa à pied sec, jusqu’à ce que toute la nation eût fini de passer le fleuve. … Qu’as-tu, mer, à t’enfuir ? [1]


[1] - Josué III 7 à 17 passim ; psaume CXIV ; évangile selon saint Matthieu XVIII 21 à XIX I






mercredi 12 août 2009

portrait

reçu - mercredi 12 août 2009

venez, écoutez - textes du jour

Mercredi 12 Août 2009





Prier…[1] non pas le péché défini, mais l’entr’aide pour l’éradiquer. Les conséquences sociales, familiales du péché. L’enseignement porte en fait sur la puissance et l’efficacité d’être ensemble, à plusieurs, tant pour s’aider à résoudre et progresser que pour prier et demander. Si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord… est-ce dévoyer le texte que de songer au couple, à la prière de Tobie et de Sara au pied du lit de leur union, de leur mariage et suppliant le Seigneur, leur Dieu ? Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux… la trinité humaine, mère et père, amants et époux, leur enfant, le premier. L’appel à témoin si parler seul à seul ne suffit pas. Moïse, désintéressé mais puni de je ne sais quoi ? Ce pays, je te le fais voir, mais tu n’y entreras pas. Pourtant, sa vue n’avait pas baissé, sa vitalité n’avait pas diminué. Au pouvoir, savoir passer la main, ce que sut faire excellement Moïse, lui que le Seigneur rencontrait face à face. Simplicité, tranquillité d’une épopée. Venez, écoutez…
[1] - Deutéronome XXXIV 1 à 12 ; psaume LXVI ; évangile selon saint Matthieu XVIII 15 à 20

mardi 11 août 2009

il ne te lâchera pas - textes du jour

Mardi 11 Août 2009


Prier… [1] au peuple, comme à Josué, son jeune assistant devenu son successeur désigné, Moïse, presssentant sa mort, très âgé, ne dit que la même chose, indifféremment, répétitivement : le Seigneur marchera devant toi, il sera avec toi ; il ne te lâchera pas, il ne t’abandonnera pas. Tu n’auras ni crainte ni frayeur. Ce qui est foi et non fétichisme, cf. l’arche amenée sur le champ de bataille et prise par l’ennemi en sus d’une défaite totale d’Israël. Celui qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom, c’est moi qu’il accueille. Ce que nous sommes pour Dieu, l’intense valeur marginale des économistes du XXème siècle (Raymond Barre, notamment), et ce qu’Il est pour nous : Le suivre selon l’évangile, sans doute, mais fondamentalement c’est parce qu’Il nous précède, le Christ dans le Royaume pour nous y préparer une place, Dieu dans nos vies pour nous conduire, nous rassurer, nous éclairer. Le Seigneur seul l’a conduit. Y a-t-il un éloge funèbre plus grand ? et plus véridique ?

[1] - Deutéronome XXXI 1 à 8 ; cantique ibid. XXXII 3 à 12 passim ; évangile selon saint Matthieu XVIII 1 à 14



lundi 10 août 2009

reçu - lundi 10 août 2009

Lundi 10 Août 2009

On ne s’équilibre et l’on n’échappe à la folie (conscience de la précarité et du non-sens absolus) qu’en construisant, bâtissant : du faire et de l’aimer. Dieu lui-même l’a éprouvé puisqu’il a créé (dans le doute sur la valeur et la réussite puisque Dieu vit que cela était bon, son soulagement après une évaluation objective, que je crois, discussion du texte en exégèse dont je n’ai pas les capacités linguistiques, objective en éthique et non en esthétique) et puisqu’il a aimé. Là, l’énoncé me fait comprendre qu’étant par nature et essence, amour et amour en trinité et parce que trinité, le bâti de l’amour, de l’aimer ne lui était pas nécessaire et si l’on se place en « chronologie » a précédé forcément la création. Notre ressemblance, en tout cas, nous donne le moyen, tout naturel et nous venant de Dieu, d’échapper aux conséquences de notre nature mortelle : bâtir, faire, créer, aimer. Bien évidemment, la conjugalité, la maternité, la paternité que notre fille nous fait vivre en s’insérant systématiquement entre nous quand, debout tranquillement à l’improviste, nous nous embrassons, ma chère femme et moi, sont l’amour fait et à faire, en totalité de réciprocité. Amour passion, amour unilatéral, attente d’amour ou de l’aimée sont intéressants et mobilisants : je les ai vêcus combien de fois, mais ils ne sont pas l’amour faute d’application de nos facultés, de tout notre être, application qui n’est possible que permise et voulue par l’autre. Souci de Dieu : notre adhésion à Lui.

joyeusement - textes du jour




Lundi 10 Août 2009


Prier… avec tous ceux/celles que j’aime et autant avec ceux/celles qui ne m’aiment ou que je n’apprécie pas. Les grandes causes de notre époque et de notre monde, les affamés à tous points de vue, les errants à tous points de vue, les sans-papiers à tous points de vue. La saint-Laurent, vif souvenir d’amour vêcu et repoussé il y a quarante ans, son expression à saint-Bertrand de Comminges, les stalles de l’abbatiale avec un très beau martyre sculpté du jeune diacre. [1] Paul faisant redondance au psaume : chacun doit donner comme il a décidé dans son cœur, sans regret et sans contrainte, car Dieu aime celui qui donne joyeusement. .. il donnera toujours plus de fruit à ce que vous accomplirez dans la justice. Certains dons, certains arrachements que nous suggère notre conscience mais tout autant nos complexités échangistes et fétichistes de nos psychologies. Se concilier Dieu matériellement, sacrifice parfait, sacrifice sans tache ? débats d’aujourd’hui, débats de mon adolescence : celui qui aime sa vie la perd : celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle. Résultats ? il reste seul. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. Devant un tel programme d’existence humaine et une telle recommandation-proposition de comportement, je ne peux que m’agenouiller et m’en remettre à la grâce. Dieu est assez puissant pour vous donner toute grâce en surabondance… il donnera toujours plus de fruit à ce que vous accomplirez dans la justice. S’arrêter et espérer. Rien ne se fait sans des forces qui ne sont pas les nôtres, nous ne sommes qu'appoint, y compris pour nous-mêmes.

[1] - 2ème lettre de Paul aux Corinthiens IX 6 à 10 ; psaume CXII ; évangile selon saint Jean XII 24 à 26

samedi 8 août 2009

rien ne vous sera impossible - textes du jour

Samedi 8 Août 2009



Prier… Ecoute, Israël…tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta force. Les colles que s’entreposent le Christ et les hiérarchies religieuses de son temps sont donc de réponse textuelle aisée. Le commandement d’amour est premier, il a pour objet autant que pour source, Dieu Lui-même. Le texte insiste sur la pérennité et du commandement en soi, et de l’observance. Redondance du psaume, qui est fine au regard de nos appétits et de nos « échelles de valeurs » : Qui est Dieu, hormis le Seigneur ? et argument de psychologie vêcue : je t’aime, Seigneur, ma force. Le terain ainsi balisé, que devenons-nous ? Ils n’ont pas pu le guérir… c’est parce que vous avez trop peu de foi. Nous ne sommes pas passifs devant ce monument divin, la foi est notre participation, notre mouvement, notre liberté. Rien ne vous sera impossible. [1]


[1] - Deutéronome VI 4 à 13 ; psaume XVIII ; évangile selon saint Matthieu XVII 14 à 20

vendredi 7 août 2009

la sainteté est ton chemin - textes du jour

Vendredi 7 Août 2009
Mourir dans son sommeil, pour soi : le mieux ? sans avertissement, ne pas avoir peur. La souffrance psychique, pire que la soufrance physique ? mais la peur, douce étape, parfois désirée soit spirituellement soit par sensation-certitude d’avoir tout terminé, la mort relativement à soi seul ? je ne le crois pas. Cette vieille dame grabataire, ayant perdu toute indépendance et pratiquement « toute sa tête », seule au monde, s’est inventée un peuple dont elle demande des nouvelles aux étrangers qui la veillent, chance suprême de n’être pas dans quelque mouroir à lit numéroté. Les derniers mots – au moins à moi – de ma mère étaient contrastés : j’ai des idées noires, ce soir… mais sa mort dont nous convenions l’aspect funéraire, qu’écrire sur la tombe qui serait la nôtre et je lui disais que ma profession d’alors me faisant prendre des avions à catastrophe, on ne savait vraiment qui s’en irait le premier, elle répondit uniquement par rapport à nous vivants ou déjà morts, quitter et rejoindre, en même temps… Non, la mort avec avertissement, la vie nous la donne à éprouver chaque jour, existentiellement, rien que dans la souffrance si souvent à reprendre conscience et à mesurer nos néants. – Prier… il t’a fait entendre sa voix pour t’instruire… il t’a fait voir son feu impressionnant … il t’a fait sortir d’Egypte… sache donc aujourd’hui, et médite cela dans ton cœur… tu garderas tous les jours les commandements et les ordres du Seigneur que je te donne aujourd’hui, afin d’avoir, toi et tes fils, bonheur et longueur de vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. Nous qui cherchons éperdûment « le sens » (grand mot et grande quête en paroles, mais en actes ? depuis une vingtaine d’années), le discernement de nos orientations, la conduite à tenir et une lucidité sur nous-mêmes qui ne soit pas insupportable… voilà que tout nous est donné avec pédagogie. Quel avantage en effet un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il le paye de sa vie ? J’en fais si souvent l’expérience… l’état de mon âme, le degré de ma folie, le contentement de vivre ou la sensation du désastre tels que je les éprouve avant d’entrer au Temple sont une prépation sans préméditation ni organisation conscientes à ce qu’il me sera donné de lire et méditer, selon les textes de la liturgie du jour. Aujourd’hui, j’y suis, ô combien. Car le Fils de l’homme va venir… alors il rendra à chacun selon sa conduite. Exigence et non mièvrerie, précision et « virilité » de chaque existence humaine. Responsable de soi, responsable de nos chemins vers Dieu, responsable de ceux avec lesquels, parmi lesquels nous marchons tangiblement ou virtuellement. La sainteté est ton chemin ! [1]

[1] - Deutéronome IV 32 à 40 ; psaume LXXVII ; évangile selon saint Matthieu XVI 24 à 28



jeudi 6 août 2009

nouss n'avons pas eu recours aux inventions des récits mythologiques - textes du jour

Jeudi 6 Août 2009

Prier, j’en ai tant besoin, tu domines de haut tous les dieux. [1] Réponse : Jésus les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne… En descendant de la montagne, Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu’ils avaient vu… et ils restèrent fermement attachés à cette consigne, tout en se demandant entre eux ce que voulait ‘ressusciter d’entre les morts’. Les secrets de Paul, son « écharde », son transport au ciel « avec ou sans son corps ». Une prédilection du Christ ? toujours la pétition jansésniste, la prédestination ? le petit nombre, ce qui fonde aussi l’intégrisme, sa cécité et son orgueil. Le commandement du Christ, ultime au moment de son Ascension, est tout le contraire : allez dire à tous… tout l’Evangile est un souci de propagation, même enseignement, miracles, dialogues sont souvent réservés, mais précisément l’Evangile nous en fait tous témoins, comme de ce moment si extraordinaire pour les apôtres : la découverte du secret du Christ, une certaine approche de sa nature complète, transcendant l’histoire et le temps : Moise et Elie à ses côtés, et physiquement tout autre, mais l’humanité reste la même, la manifestation trinitaire n’est pas la première et ne sera pas la dernière. Ne parlent dans le moment que Pierre, le pauvre homme et de la nuée, une voix. Jésus est dans un dialogue qui échappe aux sens humains. La Transfiguration précède d’ailleurs l’apparition des deux grandes figures de l’Ancien Testament, l’Evangile éclaire le passé et fait l’avenir. Pierre ne propose de tentes que pour Jésus et ses deux compagnons, lui et les disciples s’oublient complètement, ils sont trois comme les trois personnages qu’ils contemplent, comme la Trinité divine. Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. C’est quand la vision, le message sont complets que reprend le quotidien. Cette voix venant du ciel, nous l’avons entendue nous-mêmes quand nous étions avec lui sur la montagne sainte. Pierre se fonde et nous fonde davantage sur la parole entendue que sur ce qu’ils ont vu : nous l’avons contemplé lui-même dans sa grandeur. De fait, les images sont pauvres : une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille… une lampe brillant dans l’obscurité… l’étoile du matin. Pour le chef des apôtres, la Transfiguration est une introduction, une pénétration jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs. Daniel donne son apocalypse : le Vieillard, son habit était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine immaculée. Ce qui l’apparente au vêtement du Transfiguré, mais il ne s’agit pas de lui : je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme. Préfiguration du Christ : Fils de l’homme ? L’exégèse confond-elle le défini et l’indéfini ? joue-t-on sur les mots pour les appeler à nos propres interprétations comme les frères et sœurs du Christ qui ne seraient que ses cousins. Je n’aime pas beaucoup cette façon, tantôt la rigueur, tantôt l’élision et l’approximation. En revanche, le texte est explicite : une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. La Transfiguration préfigure un triomphe et un ordre définitif, mais Jésus en connaît le préalable d’ici à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Ce qui pourrait n’être qu’une contemplation – derrière la vitre de nos sens et de notre précarité d’âme et de chair – est en réalité une invite à participer. Pierre a pris la parole, et avant Dieu Lui-même. Jésus l’y avait convié, lui ainsi que Jacques et Jean. A la fois tout le monde et « sa garde rapprochée », dirait-on aujourd’hui. Jean le mystique ne l’évoque ni dans ses épîtres ni dans son évangile, mais Pierre le pasteur, simple et sobre, en fait son argument, il ne rapporte pas seulement une expérience, des intuitions, la somme d’un enseignement : nous n’avons pas eu recours aux inventions des récits mythologiques, mais nous l’avons contemplé lui-même dans sa grandeur. Memento des vivants et des morts.

[1] - Daniel VII 9 à 14 passim ; 2ème lettre de Pierre I 16 à 19 ; évangile selon saint Marc IX 2 à 10