mardi 30 septembre 2008

l'autre fondation - textes du jour


Mardi 30 Septembre 2008

Il y a deux cités ; l'une s'appelle Babylone, l'autre Jérusalem. Le nom de Babylone signifie « confusion » ; Jérusalem signifie « vision de paix ». Regardez bien la cité de confusion pour mieux connaître la vision de paix ; supportez la première, aspirez à la seconde.
Qu'est-ce qui permet de distinguer ces deux cités ? Pouvons-nous dès a présent les séparer l'une de l'autre ? Elles sont emmêlées l'une dans l'autre et, depuis l'aube du genre humain, s'acheminent ainsi vers la fin des temps. Jérusalem est née avec Abel, Babylone avec Caïn... Les deux villes matérielles ont été construites plus tard, mais elles représentent symboliquement les deux cités immatérielles dont les origines remontent au commencement des temps et qui doivent durer ici-bas jusqu'à la fin des siècles. Le Seigneur alors les séparera, lorsqu'il mettra les uns à sa droite et les autres à sa gauche (Mt 25,33)...
Mais il y a quelque chose qui distingue, même maintenant, les citoyens de Jérusalem des citoyens de Babylone : ce sont deux amours. L'amour de Dieu fait Jérusalem ; l'amour du monde fait Babylone. Demandez-vous qui vous aimez et vous saurez d'où vous êtes. Si vous vous trouvez citoyen de Babylone, arrachez de votre vie la convoitise, plantez en vous la charité ; si vous vous trouvez citoyen de Jérusalem, supportez patiemment la captivité, ayez espoir en votre libération . En effet, beaucoup de citoyens de notre sainte mère Jérusalem (Ga 4,26) étaient d'abord captifs de Babylone...
Comment peut s'éveiller en nous l'amour de Jérusalem notre patrie, dont les longueurs de l'exil nous ont fait perdre le souvenir ? C'est le Père lui-même qui, de là-bas, nous écrit et rallume en nous par ses lettres, qui sont les Saintes Ecritures, la nostalgie du retour. [1]

Exaltation et épuisement cette nuit, tant j’ai eu conscience – après quarante cinq ans d’observation des chroniques du monde et de mon pays – que nous entrions dans une ère nouvelle dont nous ne savons rien et selon un processus qui ne fait que commencer. Je l’écris par ailleurs dans mon journal d’inquiétude & vie de certitudes. Ouvrant ma messagerie en même temps que le portail orange m’apportant les dépêches de l’AFP, c’est la proposition decommentaire l’Evangile au quotidien que je regarde d’abord. Comment n’être pas halluciné par la coincidence et le prophétisme, les deux cités, les deux amours, leur emmêlement des origines à la fin des temps. La parabole de notre moment – historique, ces heures-ci, à l’égal de 1929 ou des déclarations des deux guerres mondiales au siècle dernier, qui périment ce qu’on a pris pour des événements majeurs, le 11-septembre ou l’invasion américaine de l’Irak pour ce début de XXIème siècle – est tout entière là, et la médication aussi. Mais il faudra des années et sans doute plusieurs générations pour que nous la prenions. Humblement mais fièrement, chacun y collaborer dès ce matin.

Prier… le livre de Job, que je considère comme l’entretien psychothérapeutique modèle, ou une analyse au sens de la psychanalyse. Il faut des répondeurs et relanceurs, en principe neutres, ceux de Job, ne le sont pas, mais du moins ils assument la fonction indispensable, que le « patient » ne soit pas enfermé dans son monologue. Job remplit d’autre part le préalable et la fin qui sont essentiels. Il souffre sans doute, mais il n’admet pas sa culpabilité. Il a par ailleurs conservé, ce que n’a plus en entrant en entretien ou en analyse le patient : ses repères. Job garde foi en Dieu. [2] Pourquoi donner la vie à l’homme qui ne trouve plus aucune issue, et que Dieu enferme de toutes parts ? ceux dont tu n‘as plus souvenir, qui sont exclus, et loin de ta main. Chant du désespoir mais qui a son adresse : Dieu. Le désir de mort, la préférence qui caractérise la dépression : maintenant je serais étendu dans le calme, je dormirais d’un sommeil reposant. C’est là au séjour des morts que prend fin l’agitation des méchants, c’est là que reposent ceux qui sont exténués. Pourquoi donner la lumière à un malheureux, la vie à ceux qui sont pleins d’amertume, qui aspirent à la mort sans qu’elle vienne, qui la recherchent plus avidement qu’un trésor ? Le mur, donc, et l’évangile ne le fait pas franchir – aujourd’hui. Jésus en route vers Jérusalem, sa passion et sa mort humaines. Le refus d’un village de l’accueillir, ils partirent vers un autre village. Apparemment, rien de lumineux ni dans les malédictions du juste ni dans cette marche du Christ : comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. Dieu lui-même sans halte ni repos, mais un repère, une direction, un moment vers lequel continuer. Prière : tu m’as pris au plus profond de la fosse, le poids de ta colère m’écrase, tu déverses tes flots contre moi, que ma prière parvienne jusqu’à toi, ouvre l’oreille à ma plainte. Ainsi soit-il…


[1] - Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église Sermon sur le psaume 64 (trad. cf En Calcat)

[2] - Job III 1 à 23 ; psaume LXXXVIII ; évangile selon saint Luc IX 51 à 56

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