vendredi 21 mai 2021

 

 

 

traité de saint Hilaire sur la Trinité

 

Le don du Père

Le Seigneur a ordonné de baptiser au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, c'est-à-dire dans la profession de foi au Créateur, au Fils unique et à celui qui est le Don. Le Créateur de tous est unique. Il y a un seul Dieu Père, de qui tout provient ; il y a un seul Fils unique, notre Seigneur Jésus Christ, par qui tout existe ; il y a un seul Esprit, le don de Dieu répandu en tous.

Toutes choses sont donc organisées par les vertus et les attributions divines : une puissance unique de qui tout provient ; une descendance unique par qui tout existe ; une grâce unique donnant une parfaite espérance. Et rien ne peut manquer à une telle perfection, puisqu'on y trouve l'infinité dans le Père éternel, la vision dans son image qui est le Fils, la pratique de la vie chrétienne dans le don de l'Esprit. ~

Que tel soit en nous le rôle de celui-ci, apprenons-le des paroles dites par le Seigneur lui-même : J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l'instant vous n'avez pas la force de les porter. Il vous est avantageux que je parte ; si je m'en vais, je vous enverrai l'Avocat. Et encore : Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Avocat qui sera pour toujours avec vous. C'est l'Esprit de vérité. Il vous guidera vers la Vérité tout entière. En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même ; il redira tout ce qu'il aura entendu et, ce qui va venir, il vous l'expliquera. Il me glorifiera, car c'est de moi qu'il le tirera.

Ces paroles ont été dites pour vous faire comprendre plusieurs choses ; on y trouve l'intention de celui qui procure le don et aussi la raison d'être et la nature du don. Puisque notre faiblesse serait incapable de saisir aussi bien le Père que le Fils, le Saint-Esprit est un don qui, par son intervention, peut éclairer notre foi pour laquelle l'Incarnation est un mystère difficile. ~

On le reçoit afin de connaître Dieu. La nature du corps humain, lorsque disparaîtront les objets qui l'intéressent, sera inactive. Car s'il n'y a pas de lumière ou de jour, le service rendu par les yeux n'aura pas à s'exercer ; si aucun son ou aucune voix ne se fait entendre, les oreilles ne trouveront plus rien à faire ; si aucune odeur ne s'exhale, les narines seront sans utilité. Il en est de même pour l'esprit humain : si, par la foi, il ne reçoit pas le don du Saint-Esprit, il aura bien un principe naturel de connaissance de Dieu, mais il n'aura pas la lumière de la science.

Quant au don qui réside dans le Christ, il est toujours le même pour tous ; et puisqu'il ne manque jamais, il est donné à chacun autant qu'il veut en profiter ; il réside en chacun autant qu'il veut l'obtenir. Ce don demeure avec nous jusqu'à la fin du monde, il nous réconforte dans notre attente ; il est un gage, par l'activité de ses bienfaits, de ce que nous espérons pour l'avenir, il éclaire les esprits, il illumine les cœurs.

 

jeudi 20 mai 2021

 

Commentaire de saint Cyrille de Jérusalem sur l'évangile selon saint Jean


« Si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous »

Tout ce que le Christ avait à faire sur la terre était maintenant accompli ; mais il fallait absolument que nous devenions participants de la nature divine du Verbe, c'est-à-dire que nous abandonnions notre vie propre pour qu'elle se transforme en une autre, qu'elle se transfigure pour atteindre la nouveauté d'une vie aimée de Dieu. Et cela ne pouvait se faire autrement que par union et participation à l'Esprit Saint.

Le moment le plus indiqué et le plus opportun pour l'envoi de l'Esprit et sa venue en nous était celui où le Christ notre Sauveur nous quitterait.

En effet, aussi longtemps qu'il demeurait dans la chair auprès des croyants, il leur apparaissait, je crois, comme le donateur de tout bien. Mais lorsque viendrait le moment où il devrait monter vers son Père des cieux, il faudrait bien qu'il soit présent par son Esprit auprès de ses fidèles, qu'il habite par la foi dans nos cœurs. Ainsi, le possédant en nous-mêmes, nous pourrions crier avec confiance : Abba, Père ; nous porter facilement vers toutes les vertus et, en outre, montrer notre force invincible contre tous les pièges du démon et toutes les attaques des hommes, puisque nous posséderions l'Esprit tout-puissant.

Les hommes en qui l'Esprit est venu et a fait sa demeure sont transformés ; ils reçoivent de lui une vie nouvelle comme on peut facilement le voir par des exemples pris dans l'Ancien et le Nouveau Testament. Samuel, après avoir adressé tout un discours à Saül, lui dit : L'Esprit du Seigneur fondra sur toi et tu seras changé en un autre homme. Quant à saint Paul : Nous tous qui, le visage dévoilé, reflétons la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, de gloire en gloire, comme il convient au Seigneur qui est Esprit. Car le Seigneur, c'est l'Esprit.

Vous voyez comment l'Esprit transforme pour ainsi dire en une autre image ceux en qui on le voit demeurer. Il fait passer facilement de la considération des choses terrestres à un regard exclusivement dirigé vers les réalités célestes ; d'une lâcheté honteuse à des projets héroïques. Nous constatons que ce changement s'est produit chez les disciples : fortifiés ainsi par l'Esprit, les assauts des persécuteurs ne les ont pas paralysés ; au contraire, ils se sont attachés au Christ par un amour invincible. C'est absolument indubitable.

Elle est donc bien vraie, la parole du Sauveur : C'est votre intérêt que je retourne au ciel. Car, c'est le moment de la descente de l'Esprit.


 

mardi 18 mai 2021

saint Eric - IX roi de Suède . wikipédia

wikipédia à jour au 7 avril 2021

Éric IX de Suède



Éric le Saint

Illustration.
Le troisième sceau de Stockholm, avec le portrait d'Éric

Titre

Roi de Suède

vers 11561160

Prédécesseur

Sverker l'Ancien

Successeur

Magnus Henriksen

Biographie

Dynastie

Maison d'Erik

Date de décès

18 mai 1160

Lieu de décès

Uppsala

Nature du décès

assassiné

Sépulture

Cathédrale d'Uppsala

Conjoint

Kristina Björnsdotter

Enfants

Knut
Filip
Katarina
Margareta

Liste des monarques de Suède

modifier  Consultez la documentation du modèle

Éric le Saint est roi de Suède de 1156 environ à sa mort, le 18 mai 1160. Peu de choses sont connues de son bref règne. Assassiné par le prince danois Magnus Henriksen, il est considéré comme un saint et une légende se développe autour de lui à la fin du XIIe siècle, sous le règne de son fils Knut. Fêté le 18 mai, il est le saint patron de Stockholm (sa tête figure sur le blason de la ville) et l'un des saints patrons de la Suède.

Origines

Selon certaines sources postérieures, Erik Jedvardsson serait le cousin de Sverker Ier de Suède, le fils d'un noble Jedvard (Edward) 1 et de Cécilia, une fille de Blot-Sven, ce qui paraît peu probable2. Erik ou Éric est un noble originaire du Västmanland et ses droits au trône semblent plus vraisemblablement provenir de son mariage avec Christine († 1170), fille unique du prince danois Björn Jernsida et de Catherine Ingesdotter, fille du roi Inge l'Ancien.

Règne

Erik Jedvardsson, proclamé roi en Uppland par les « Svear», reste très mal connu. L'historien danois Saxo Grammaticus, la meilleure source pour cette époque, l'ignore sans doute parce qu'il le considère comme un usurpateur. La première mention contemporaine qui en est faite repose sur une charte de son fils le roi Knut Eriksson.

Éric doit cependant rapidement faire face à l'opposition du fils de Sverker Ier de Suède ; Karl, qui a été proclamé roi par l'ensemble du Götaland dès 1155/1158. Il est de plus attaqué par le prétendant danois Magnus Henriksson. Surpris à Uppsala par ce dernier alors qu'il assistait à la messe le jour de l'Ascension, il est tué le 18 mai 1160. Considéré comme martyr, il devient ainsi le saint patron de la Suède : Erik den Helige.

Le défunt roi, fort pieux, avait également favorisé le christianisme dans son pays et amélioré le sort des femmes[réf. nécessaire]. Il est le fondateur de la maison d'Erik, qui alterne avec la maison de Sverker sur le trône de Suède jusqu'au milieu du XIIIe siècle.

Croisade en Finlande ?

Son règne est marqué par la première tentative peut-être légendaire de conversion des Finlandais païens. Selon la Vita Santi Erici rédigée par l'évêque de Västerås Israel Erlandsson au XIVe siècle, il aurait organisé une croisade en Finlande au cours de laquelle l'évêque Henri d'Uppsala aurait trouvé la mort tué d'un coup de hache par un nouveau converti. Il semble cependant qu'Éric ait bien fait campagne en Finlande. Le pape Alexandre III († 1181) écrit en effet à un évêque-comte suédois pour lui indiquer qu'il est excédé qu'on lui rapporte que les Finnois promettaient toujours de se convertir à foi chrétienne quand ils étaient menacés... mais qu'ils abjuraient aussitôt que l'armée se retirait. L'un de ses successeurs, Innocent III, dans une lettre au petit-fils d'Éric le roi Éric X de Suède, évoque de plus « la terre que vos ancêtres de fameuse mémoire ont arrachée des mains des païens » 3

Culte

Châsse de saint Éric à la cathédrale d'Uppsala.

Selon des détracteurs du saint, le pape Alexandre III aurait mis en garde le peuple suédois contre le culte rendu à saint Éric, lequel aurait été assassiné en état d'ébriété, ce qui interdirait de le considérer comme un saint, mais ces allégations ont été réfutées4. Il est possible cependant que le pape se soit réservé le droit de canonisation par la décrétale du 6 juillet 1170 en référence à ce culte populaire d'un saint mort en ébriété au cours d'une rixe5.

Postérité

De l'union d'Éric avec Christine († 1170), fille unique du prince danois Björn Jernsida, naquirent6 :

Notes et références

  • patronyme non scandinave lié sans doute a l'influence des missionnaires anglo-saxons

  • (sv) Carl Georg Starbäck, P. O. Bäckström, Berättelser ur svenska historien, Volume 1 F. & G. Beijers Förlag, 1885, p.267 .

  • Eric Christiansen, Les Croisades nordiques 1100~1525, Alerion, 1996 (ISBN 2910963047) p. 188 .

  • (en) A. Jönsson, St. Eric of Sweden - the Drunken Saint ?, Analecta Bollandiana, vol. 109, nos 3-4, p. 331-346 (ISSN 0003-2468)

  • (en) B. G. E. W. Kemp, « Pope Alexander III and thc Canonization of Saints », Transactions of the Royal Hislorical Society, vol. XXVII,‎ 1945, p. 13-28

  1. (de) Europäische Stammtafeln Vittorio Klostermann, Gmbh Frankfurt am Main, 2004 (ISBN 3-465-03292-6), Die Könige von Schweden II, 1060-1250 aus dem Stenkil'schen, dem Erik'schen und dem Sverker'schen Geschlechte. Volume III Tafel 115

Sources


 [masquer]

v · m

Monarques de Suède

Munsö (970-1060)

Erik le Victorieux · Olof Skötkonung · Anund Jacob · Emund le Vieil

Stenkil (1060-1130)

Stenkil · Erik Stenkilsson et Erik le Païen · Halsten Stenkilsson · Anund Gårdske · Håkan le Rouge · Inge l'Ancien · Sven le Sacrificateur · Inge l'Ancien · Philippe et Inge le Jeune · Ragnvald · Magnus Nilsson

Sverker1 et Erik2
(1130-1250)

Sverker l'Ancien1 · Erik le Saint2 · Magnus Henriksen · Karl Sverkersson1 · Kol et Burislev1 · Knut Eriksson2 · Sverker le Jeune1 · Erik Knutsson2 · Johan Sverkersson1 · Erik Eriksson2 · Knut le Long2 · Erik Eriksson2

Folkungar (1250-1363)

Valdemar Birgersson · Magnus Ladulås · Torgils Knutsson · Birger Magnusson · Mats Kättilmundson · Magnus Eriksson · Erik Magnusson · Magnus Eriksson · Håkon Magnusson

Mecklembourg (1363-1389)

Albert

Union de Kalmar
(1389-1523)

Marguerite Ire · Éric de Poméranie · Engelbrekt Engelbrektsson · Karl Knutsson · Christophe de Bavière · Bengt et Nils Jönsson · Karl Knutsson · Jöns Bengtsson, Erik Axelsson · Christian Ier · Kettil Karlsson · Karl Knutsson · Kettil Karlsson · Jöns Bengtsson · Erik Axelsson & et Ivar Axelsson Tott · Karl Knutsson · Sten Sture le Vieil · Jean Ier · Sten Sture le Vieil · Svante Nilsson · Erik Trolle · Sten Sture le Jeune · Christian II · Gustave Eriksson

Vasa (1523-1654)

Gustave Ier · Éric XIV · Jean III · Sigismond · Charles IX · Gustave II Adolphe · Christine

Palatinat-Deux-Ponts et Hesse (1654-1751)

Charles X Gustave · Charles XI · Charles XII · Ulrique-Éléonore · Frédéric Ier

Holstein-Gottorp (1751-1818)

Adolphe-Frédéric · Gustave III · Gustave IV Adolphe · Charles XIII

Bernadotte (depuis 1818)

Charles XIV Jean · Oscar Ier · Charles XV · Oscar II · Gustave V · Gustave VI Adolphe · Charles XVI Gustave


 

 

 

lundi 17 mai 2021

Pourquoi Jérusalem est la troisième ville sainte de l’islam ? - Le Monde

 


Jérusalem se nomme Al Qods, « la sainte », en arabe. Elle se trouve en troisième position dans la hiérarchie des villes saintes, derrière La Mecque et Médine. Les premiers musulmans se tournaient vers elle pour prier.

Par Mohammed Taleb(Ecrivain)

Musulmans en prière lors de l’Aïd-el-Fitr, avec le dôme du Rocher en arrière-plan, Jérusalem, 13 mai 2021. Musulmans en prière lors de l’Aïd-el-Fitr, avec le dôme du Rocher en arrière-plan, Jérusalem, 13 mai 2021. MAHMOUD ILLEAN / AP

Jérusalem occupe une place importante, même si elle n’est pas de premier plan, dans la géographie symbolique et religieuse de l’islam. Son statut vient d’abord de la relation que le prophète Mahomet a eue avec la ville. Evoqués furtivement par le Coran, ces liens seront développés dans la pensée théologique, la mystique soufie et les traditions populaires.

La ville a été le lieu d’orientation – qibla – de la prière de la première communauté musulmane. Ce terme est issu de la racine qbl, « se trouver devant », « faire face ». C’est ainsi que les disciples du Prophète se désignent comme le « peuple de la qibla et de la communion » (Ahl al-qibla wa-l-jama’a).

Dans une mosquée, la qibla (direction de la prière) est clairement indiquée par une niche située sur l’un des murs, très souvent encadrée de deux colonnes : le mihrab. Cette indication est cruciale pour la prière, qui s’effectue à l’aube (soubh), à midi (dohr), dans l’après-midi (asr), au coucher du soleil (maghreb) et la nuit (ichaa).

Changement de direction

Alors que La Mecque est aujourd’hui la qibla pour tous les musulmans, les premiers fidèles s’orientaient vers Jérusalem. La tradition rapporte que si les croyants priaient vers la cité palestinienne, Mahomet prenait néanmoins garde à ce que le temple mecquois de la Kaaba soit toujours situé face à lui, dans sa prière vers Jérusalem.

En 622, selon la tradition musulmane, la communauté rassemblée autour de Mahomet se voit contrainte de quitter La Mecque, dont les habitants s’avèrent hostiles à leur message, pour se réfugier à Médine. Vers 623-624, soit un peu plus d’un an après cet événement fondateur, appelé hégire (« émigration »), le changement d’orientation de la prière se produit dans la mosquée médinoise de la tribu des Banou Salima, en plein rituel du dohr, à midi : la première partie du rite est effectuée en direction de Jérusalem, la seconde vers La Mecque. La mosquée est d’ailleurs connue sous le nom de Masjid Al Qiblatain, la « mosquée des deux qibla » ; aujourd’hui encore, elle possède deux mihrabs.

Le changement de direction de la prière renforce le caractère arabe de l’islam naissant

Ce changement de qibla renforce le caractère arabe de l’islam naissant. Il ne s’agit pas seulement de se démarquer des juifs, mais aussi de revaloriser la cité mecquoise et son temple arabe. « Cet événement capital, écrit ainsi l’historien Edmond Rabbath (1902-1991), eut pour effet de trancher net le dernier lien, d’ordre cultuel et politique, avec le judaïsme, mais de restituer surtout à l’islam l’authenticité de son âme arabe, en le rattachant à jamais à la race d’Ibrahim [ou Abraham] et d’Ismaël, fondateurs du Bayt Al Atiq, de la Maison antique, où est logée la Pierre noire » (Mahomet, prophète arabe et fondateur d’Etat, publications de l’Université libanaise, Beyrouth, 1989).

Pour autant, la rupture avec les juifs ne signifie nullement la disparition de Jérusalem du champ de la géographie visionnaire musulmane. Elle demeure un pôle important, mais en troisième position après les cités saintes de l’Arabie : La Mecque et Médine.

Entre terre et ciel

Un autre récit de la tradition islamique est hautement significatif de l’attachement musulman à Jérusalem : le miracle du Voyage nocturne du Prophète. Il met en scène plusieurs sites, en particulier La Mecque comme point de départ, Médine et Jérusalem comme lieux intermédiaires, jusqu’au ciel divin. Le Coran relate brièvement l’événement :

« Gloire et Pureté à Celui qui, de nuit, fit voyager Son Serviteur [Mahomet], de la mosquée Al-Haram à la mosquée Al-Aqsa dont Nous avons béni l’alentour, afin de lui faire voir certaines de Nos merveilles. C’est Lui, vraiment, qui est l’Audient, le Clairvoyant » (Coran 17, 1).

A partir de ce simple verset et de hadiths (paroles attribuées au Prophète), théologiens, mystiques et poètes vont élaborer toute une narration autour de ce qui est habituellement nommé le Voyage nocturne (Isra) et l’Ascension céleste (Miraj) de Mahomet.

Le décryptage : Comment expliquer les nouveaux affrontements ?

Ce Voyage aurait eu lieu la 27e nuit du mois de Rajab, en 620, un peu plus d’un an avant l’hégire. Le contexte est sombre : le Prophète vient de perdre sa femme Khadija et son oncle Abou Talib, qui le protégeait face à l’hostilité des Mecquois. Cette nuit-là, selon la tradition, il voit le toit de sa maison se soulever et l’ange Gabriel descendre du ciel. L’être céleste aurait alors ouvert la poitrine de Mahomet avant de la laver avec l’eau du puits de Zam-zam, situé près du temple de la Kaaba. Et de déverser en lui une bassine pleine d’or, symbole de sagesse et de foi, avant d’amener une créature cosmique, nommée Al-Bouraq – jument ailée à tête de femme –, chargée de conduire le Prophète aux alentours de la majesté divine, afin qu’il reçoive les enseignements spirituels.

D’un bond, poursuit la tradition, Mahomet se déplace de La Mecque à Médine pour effectuer une prière, avant de prendre son envol pour Madyan (la ville de naissance du prophète arabe Chou’ayb) et le mont Sinaï. Chaque fois, il prie. Par la suite, Al-Bouraq emporte le Prophète en Palestine, à Bethléem (ville de naissance de Jésus) et enfin à Jérusalem. Sur l’esplanade des Mosquées, le dôme du Rocher abrite le « rocher de la fondation », endroit précis où Mahomet se serait arrêté pendant son voyage nocturne commencé à La Mecque, et d’où il se serait élevé au ciel sur sa monture Al-Bouraq.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Mecque, du sanctuaire païen au lieu le plus saint de l’islam

Rencontrant les prophètes des temps passés, tels Jésus, Abraham et Moïse, Mahomet dirige une prière collective. Par cet acte, l’islam affirme la fraternité métaphysique entre les envoyés de Dieu, ainsi que la solidarité spirituelle entre l’Arabie et la Palestine, entre La Mecque et Jérusalem. Commence ensuite la montée du Prophète, toujours sur Al-Bouraq, dans le ciel divin où un dialogue direct se serait amorcé entre le Prophète et Dieu.

L’islam affirme la fraternité métaphysique entre les envoyés de Dieu, ainsi que la solidarité spirituelle entre l’Arabie et la Palestine

L’islam propose une hiérarchie comprenant trois villes saintes – les seules vers lesquelles un pèlerinage peut être effectué – qui correspondent en fait chacune à une mosquée : Al-Haram à La Mecque (où se trouve le sanctuaire de la Kaaba), Al-Nabawi à Médine et Al-Aqsa à Jérusalem. Si cette dernière vient en troisième position, cela correspond à la puissance que le Prophète a attribuée à la pratique de la prière dans ces lieux :

« La prière accomplie dans la mosquée sacrée [de La Mecque] est égale [sur le plan des récompenses] à cent mille prières faites ailleurs. La prière accomplie dans ma mosquée [à Médine] est égale [sur le plan des récompenses] à mille prières faites ailleurs. Et la prière accomplie dans la mosquée Al-Aqsa [de Jérusalem] est égale à cinq cents prières faites ailleurs. »

L’excellence spirituelle de Jérusalem est confirmée par les noms qu’elle porte en arabe, lesquels dérivent de la racine qds. Le philosophe Michel Chodkiewicz (1929-2020) écrit que cette dernière « exprime la transcendance, la pureté et qu’on l’utilise pour parler de Dieu ».

Jérusalem est Al Qods, la « sainte », ou encore Bayt Al-Maqdis, la « maison de la sainteté ». Une sainteté renforcée par le fait que, raconte la tradition musulmane, Adam aurait été le bâtisseur des deux premières mosquées de l’humanité : d’abord sur le site de la Kaaba, à La Mecque, puis, quarante ans plus tard, sur le site actuel de la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem. Mais le Déluge, à l’époque de Noé, aurait fait disparaître les traces du temple d’origine.

Géopolitique et métaphysique

Néanmoins, la religion n’est pas la seule source de légitimation de la place de Jérusalem dans la conscience musulmane, profondément marquée par les tribulations de l’histoire : de la conquête de Jérusalem par les troupes du calife Omar Ibn Al-Khattab, dans les années 630, jusqu’à l’actuel conflit israélo-arabe, en passant par l’épisode des croisades aux XIIe et XIIIe siècles, la cité est devenue un enjeu de la mémoire et de la conscience arabo-musulmane.

A bien des égards, le sort de la Jérusalem arabe est considéré comme la clé de voûte de ce conflit et sa solution

Bien évidemment, avec Jérusalem, c’est toute la Palestine historique qui est engagée dans ces processus. A bien des égards, le sort de la Jérusalem arabe, tant dans ses composantes musulmanes que chrétiennes, est considéré comme la clé de voûte de ce conflit et sa solution, ce qui explique l’émotion considérable qu’a suscitée, dans le monde islamique, la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme « capitale de l’Etat d’Israël » en 2017.

Avec l’or du célèbre dôme du Rocher qui en est la parure, la Jérusalem arabe est un centre à la fois géopolitique et métaphysique. Comme le chante la diva libanaise Fayrouz, Jérusalem est « la fleur des cités », Zahrat Al-Madayyn, « la cité de la prière ».

Cet article a initialement été publié dans Le Monde des religions n° 88, mars-avril 2018.

Mohammed Taleb a collaboré à l’ouvrage collectif Jérusalem, trois fois sainte (Desclée de Brouwer, 2016).

Mohammed Taleb(Ecrivain)

Daté du mardi 18 mai


 

 

 

vendredi 7 mai 2021

Antioche de Syrie - là où pour la première fois apparaît le nom de : chrétien

 

wikipédia à jour au 23 avril 2021

Antioche

Antioche

Image illustrative de l’article Antioche
Antioche entre le Ier et le Ve siècle.

Localisation

Pays

Drapeau de la Turquie Turquie

Coordonnées

36° 12′ 17″ nord, 36° 10′ 54″ est

modifier  Consultez la documentation du modèle

Antioche, ou Antioche-sur-l'Oronte (en grec ancien : Ἀντιόχεια ἡ ἐπὶ Ὀρόντου / Antiókheia hē epì Oróntou ; en latin : Antiochia ad Orontem) afin de la distinguer des autres Antioche plus récentes, est une ville historique originellement fondée sur la rive gauche de l'Oronte dans la Syrie historique et qu'occupe la ville moderne d'Antakya, en Turquie. C'était l'une des villes d'arrivée de la route de la soie.

Histoire

Fondation

Fondée vers 300 av. J.-C. par Séleucos Ier Nicator après sa victoire d'Ipsos sur Antigone le Borgne, il l'appelle Antiocheia (en grec Ἀντιόχεια) en souvenir de son père Antiochos. La ville connaît un essor démographique rapide car elle est créée par synœcisme de plusieurs bourgs avoisinants, Lopolis, Jope, Meroe et Bottia, (le synœcisme est la réunion de plusieurs villages pour fonder une polis), synœcisme amplifié par l'adjonction de 3 500 familles macédoniennes et grecques déplacées d'Antigonie, l'ancienne capitale de son rival située 9 km en amont sur l'Oronte. Bâtie initialement en retrait de la rive gauche du fleuve en raison des risques d'inondations, elle est conçue sur un plan hippodamien à l'image d'Alexandrie. Elle se veut en être la concurrente dans la région. Antioche devient l'une des grandes villes de l'époque. Les immigrants et en particulier, fait rare, les Juifs, y obtiennent les mêmes droits que les autres habitants.

On la connaît aussi sous le nom d’Antioche sur l'Oronte afin de la distinguer des quinze autres Antioche créées par le monarque et d’Antioche épi [près de] Daphnè, du nom d'un bois sacré voisin consacré à Apollon et dans lequel Séleucos éleva un temple au dieu tutélaire des Séleucides.

La première Antioche, dont Séleucos confia la construction à une commission de trois superviseurs, Attaios, Péritas et Anaxicratès, ne comprenait que deux quartiers : ce qui devait devenir le quartier royal, dans l’île, et le quartier sud. Elle fut entourée d’une enceinte (dont il ne reste rien) conçue par l’architecte Xénaïos.

Légende tardive ou souvenir d’un rite barbare, Jean Malalas1 explique que la fondation d’Antioche est marquée par un sacrifice humain, celui d’une jeune fille nommée Aimathè. Elle est alors considérée comme une déesse, la Tyché (la Fortune), et son sanctuaire fondé par Séleucos devient l’un des plus importants de la cité. Le roi commande une statue au sculpteur Eutychidès de Sicyone, œuvre monumentale qui va devenir une des plus célèbres du monde grec : elle représentait la jeune fille voilée, couronnée de tours, tenant à la main des épis de blé, assise sur un rocher qui symbolise le mont Silpios ; à ses pieds apparaît à partir de la taille un jeune nageur étendant les bras, et représentant l’Oronte. Le roi fonde aussi d’autres sanctuaires pour la ville nouvelle : celui de Zeus Bottaios, un dieu macédonien, et dans les environs un temple d’Athéna avec une belle statue de bronze pour les colons athéniens venus d’Antigonéia, ainsi qu’un bois sacré de cyprès à proximité du Daphneion, le « sanctuaire du Laurier » consacré à Apollon, sur les hauteurs de Daphnè au sud-ouest.

Particulièrement bien située, à la charnière des voies conduisant vers l'Anatolie, la Mésopotamie et la Judée, et sur l'Oronte alors navigable, Antioche devient la capitale du royaume séleucide et l'un des principaux centres de diffusion de la culture hellénistique. La ville se pose très tôt en rivale d'Alexandrie.

La ville est dans la plaine fertile de l'Amuq, abritée par de petits massifs montagneux (le mont Staurin et le mont Silpion) qui défendent son approche et fournissent des piémonts aisés à fortifier. Elle est sans cesse agrandie, ce qui lui vaut la qualification de Tétrapole (cité quadruple) par le géographe Strabon2. Au milieu de l'Oronte, il y avait une île aménagée sous Antiochos III avec la construction du palais ou quartier royal, et au sud de cette île, la cité fondée par Séleucos avec ses rues parallèles au fleuve. Plus au sud encore le quartier d'Epiphaneia dont Antiochos IV Épiphane voulut faire le centre politique de la cité. Elle est peuplée de Grecs, de Syriens rapidement hellénisés. C’est une cité florissante et prospère (industrie textile, joaillerie, produits de luxe) mais qui ne peut rivaliser ni avec Alexandrie ni avec Pergame comme foyer littéraire et artistique.

La cité compte de 300 000 à 400 000 habitants à la fin de la période hellénistique. Son urbanisme (rues à angle droit) et ses institutions (boulè et archontes) sont ceux d’une polis (cité), qui peut se comporter à l’occasion comme un État souverain, surtout en cas d’affaiblissement du pouvoir royal. En 83 av. J.-C., les Antiochiens n’hésitent pas à lâcher la dynastie séleucide et à demander la protection du roi d’Arménie Tigrane II.

Antioche romaine

Antioche, mosaïque, bouquetins (détail), musée du Louvre.

Le Jugement de Pâris. Marbre, calcaire et pâte de verre, 115-150 ap. J.-C, triclinium de la maison de l'Atrium à Antioche sur l'Oronte, Turquie (musée du Louvre).

Ancienne voie romaine en Syrie qui reliait Antioche à Chalcis.

Après la conquête romaine en 64 av. J.-C. par Pompée, elle devient la capitale de la province de Syrie et, loin de s'affaiblir, conserve le surnom de « Couronne de l'Orient ». Sous le règne de Tibère, la ville est étendue vers le nord, reçoit une enceinte unique et son centre de gravité devient une avenue d'environ 30 mètres de largeur comportant 3 200 colonnes, presque parallèle à l'Oronte, séparant le quartier d'Épiphanie du reste de la cité, et offerte par Hérode le Grand. Ce type d'urbanisme est ensuite imité par presque toutes les cités d'Orient. Antioche, compte alors environ 500 000 habitants, et est la troisième ville de l'Empire, derrière Rome et Alexandrie.

Ce décor, déjà exceptionnel, eut à souffrir du séisme de 37. Les monuments sont restaurés, et l’empereur Caïus César « Caligula » fait construire à Daphné des thermes avec leur aqueduc. Titus ajoute un théâtre à proximité. Dans Antioche, Domitien fait construire des thermes et un temple d’Asclépios, Trajan un nouveau pont, un cirque et d'autres thermes. Survient le séisme de 115 : Trajan en personne se trouve en ville et manque bien de recevoir le plafond sur la tête. Les destructions sont considérables ; Trajan puis Hadrien rebâtissent une ville plus somptueuse qu’avant. La grande colonnade, cœur commerçant de la cité, est entièrement refaite sur toute sa longueur par-dessus les gravats. La chaussée centrale avait alors une largeur de 9 m, les portiques latéraux une largeur presque équivalente, et les boutiques une profondeur de 4 m. C’est sous les portiques qu’on circulait, à l’abri du soleil et des intempéries ; la chaussée centrale était sans doute encombrée de marchandises et de petits stands démontables, dont au IVe siècle Libanios donna une évocation vivante. Hadrien fait construire deux temples, à Artémis et à Trajan divinisé. Entre 162 et 166, durant sa guerre contre les Parthes, Lucius Aurelius Verus séjourne surtout à Antioche, entouré d'une cour brillante. Son frère adoptif, Marc Aurèle fait restaurer des thermes, et construire le Nymphée, fontaine monumentale ornée comme un décor de théâtre. La ville avait pourtant soutenu l'usurpation d'Avidius Cassius. Marc Aurèle cependant ne prend pas de mesures de rétorsion autres que symboliques : il ne visite la ville qu'au retour de son voyage en Orient en 176. Son gendre Claudius Pompeianus était originaire de la cité. Commode fait construire de nouveaux thermes si monumentaux que l'empereur Caracalla s'en servit pour donner ses audiences, des temples à Zeus Olympien et à Athéna, et le Xystos qui était un stade couvert.

En 193-194, la cité prend parti pour son gouverneur Pescennius Niger au cours de la guerre civile qui l'oppose à Septime Sévère. Après la victoire de ce dernier, Antioche est punie, rétrogradée au rang de simple bourg du territoire de Laodicée (Lattaquié), mais recouvre rapidement son statut de cité et de capitale de la Syrie. Avec la multiplication des conflits entre l'Empire romain et l'Empire parthe, puis l'Empire sassanide, Antioche devient souvent résidence impériale et base arrière des campagnes romaines en Mésopotamie. Caracalla, Macrin, Héliogabale, Sévère Alexandre, Gordien III, Philippe l'Arabe, Valérien, Aurélien, Carus, Dioclétien, Galère et Maximin Daïa et Julien y séjournent.

Lors de l'invasion de la Syrie par les Perses sassanides de Shapur Ier en 252 la cité, dont un notable nommé Mariadès avait pris le contrôle, collabore un temps avec les Perses, qui se ravisent et la détruisent de fond en comble, déportant en Iran une grande partie de la population. Elle est reconstruite par Valérien, et peut-être reprise par les Perses en 260. Au IVe siècle, elle retrouve son importance, et est résidence impériale du César Constantius Gallus vers 350, qui fait régner dans la cité une atmosphère de terreur policière. Les Antiochiens étaient volontiers frondeurs, n'hésitant pas à critiquer les empereurs comme Julien qui y séjourne durant l'hiver 362/363. Les surnoms injurieux que lui infligent les Antiochiens l'irritent au point qu'il réplique par un discours pamphlet, le Misopogon3. En 387, un nouvel impôt déclenche la « révolte des statues », durant laquelle la population renverse les statues de la famille impériale.

Antioche chrétienne

Antioche — à ne pas confondre avec Antioche de Pisidie — est l'un des premiers appuis du christianisme naissant. Une communauté de fidèles du Christ s'y développe dès les premières années du christianisme et, selon les Actes des Apôtres (11, 26), c'est dans ce lieu que les disciples de Jésus reçoivent pour la première fois le nom de « chrétiens ».

Antioche est, très tôt, le siège d'un des patriarcats chrétiens d'Orient qui se réclame de l'apostolat de saint Pierre. La tradition en fait le premier évêque de la ville. Selon une tradition tardive, la Légende dorée, l'apôtre saint Pierre devient son premier évêque après avoir converti son prince. Au début du IIe siècle, l'Église d'Antioche est extrêmement organisée, avec saint Ignace pour évêque depuis l'an 69. Vers 270, les chrétiens d'Antioche se divisent, entre ceux soutenant leur évêque Paul de Samosate, qui nie la divinité du Christ et qui professe qu'il s'agit d'un homme envoyé par Dieu, et ceux qui font appel à l'arbitrage de l'empereur Aurélien pour le chasser de sa résidence épiscopale. Au IVe siècle, l'Église d'Antioche est considérée comme la plus importante de la chrétienté après Rome et Alexandrie. Elle est l'une des premières villes de l'Empire à construire une importante cathédrale (entre 327 et 341) avec coupole et mosaïques qui conservait les reliques de saint Julien d'Antioche.

L'importance religieuse d'Antioche diminue progressivement avec la montée de Constantinople et l'érection de Jérusalem en patriarcat. L'Église d'Antioche est affaiblie par les hérésies arienne (Concile d'Antioche de 324), puis nestorienne et monophysite.

Nonobstant cette décadence religieuse, aux IVe et Ve siècles, une brillante école théologique participe aux controverses théologiques de l'époque en soutenant en particulier l'interprétation littérale des textes de la Bible. Ses principaux représentants sont surtout Jean Chrysostome, Archevêque de Constantinople de 397 à 407 mais aussi Diodore, évêque de Tarse de 378 à 393, Théodore, évêque de Mopsueste de 392 à 428, Théodoret, évêque de Cyr de 423 à 460 et. Ils s'opposent principalement à l'école d'Alexandrie qui soutient l'interprétation allégorique de ces textes.

Moyen Âge

Articles connexes : Antioche à la veille des croisades, siège d'Antioche (1098) et principauté d'Antioche.

Prise d'Antioche par les croisés. Miniature de Jean Colombe tirée des Passages d'outremer de Sébastien Mamerot, BNF Fr 5594, f.59v.

La cité est détruite en grande partie par un tremblement de terre en 526, lequel aurait fait plus de 250 000 victimes, puis prise et pillée de nouveau par les Perses en 540 qui déportent une grande partie de sa population dans les environs d'Ecbatane. La ville est reconstruite par Justinien qui élève une nouvelle muraille, sur une superficie plus réduite, et la refonde sous le nom de Théoupolis (« Cité de Dieu »).

Conquise par les Perses sassanides en 614, reprise par Héraclius, elle est enlevée par les Arabes en 638 durant le califat d'Omar. Antioche redevient byzantine en 966 lors de la reconquête de Nicéphore Phocas. L'empereur byzantin Constantin Monomaque est originaire de la cité.

Presque un siècle plus tard, en 1084, les Turcs seldjoukides s'en emparent.

La ville est conquise par les croisés le 2 juin 1098 après un siège de 8 mois. Ils en font la capitale d'une principauté au profit de Bohémond Ier de Tarente, fils aîné de Robert Guiscard. Après la victoire de Saladin à la bataille de Hattin (1187), cette principauté décline assez rapidement et se limite aux faubourgs d'Antioche. La ville est reprise par le sultan mamelouk Baybars en 1268. Sa chute annonce la fin de la présence chrétienne en Syrie.

Époque moderne

Les Turcs prennent la ville en 1489[réf. souhaitée] et y installent une garnison de janissaires. Antioche est devenue une bourgade, à l’écart des voies commerciales qui convergent vers Alep. Les vaisseaux venus d’Europe débarquent au XVIIe siècle à Alexandrette. Les marchandises prennent ensuite la route d’Alep où les puissances européennes, dont la France depuis François Ier, sont représentées par des consuls. Les affaires se font désormais ailleurs qu'à Antioche, qui n'est plus une ville étape commerciale.

En 1832, Ibrahim Pacha s'en empare au nom de son père Méhémet Ali, vice-roi d'Égypte. Antioche est restituée à la paix de Kütahya, le 14 mai 1833. La population d'Antioche est alors constituée de communautés bien diverses. Les Syriens constituent le gros de la population, les colons Turcs sont de plus en plus nombreux, et on trouve de fortes communautés chrétiennes, notamment des Grecs mais surtout des Arméniens.

Cette diversité ethnico-religieuse fut à l’origine des déchirements d’Antioche au début du XXe siècle. Choisissant de résister par les armes aux persécutions dont ils sont victimes à partir de 1915, les Arméniens se retranchent sur le Musa Dagh (« la montagne de Moïse »), entre la ville et la mer, et doivent être évacués in extremis par la marine française.

Articles détaillés : Génocide arménien et Les Quarante Jours du Musa Dagh.

En 1918, le sandjak d'Alexandrette dont Antioche fait partie, est occupé par l’armée française, comme la Cilicie et la Syrie. La Société des Nations pense intégrer Antioche à la Syrie, placée sous mandat français, mais la présence d’une forte population turque impose l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Pour ménager la Turquie dont on souhaitait la neutralité en cas de nouvelle guerre, le gouvernement d'Édouard Daladier laisse l’armée turque pénétrer dans le Sandjak en juillet 1938 et organiser le recensement des électeurs. Le résultat donne 63 % de Turcs.

En 1939, Antioche et sa région sont intégrées à la Turquie sous le nom de province de Hatay. 14 000 Arméniens (sur les 23 000 recensés en 1933) choisissent d’émigrer, comme de nombreux syriens arabes.

De nos jours, Antioche reste une pomme de discorde entre la Syrie et la Turquie. Officiellement, les Syriens considèrent la ville et le Hatay comme une province irrédente, de même que le plateau du Jawlan (Golan en hébreu). La ville d’Antakya regroupe moins de 46 000 habitants en 1970 alors que sa population en comptait près de 400 000 au IIe siècle de notre ère.

Panorama d'Antioche en 2003.

Rivière Asi

La rivière Asi, qui coule vers le nord pour former la frontière entre la Turquie et la Syrie, retourne à l'ouest après être revenue sur les terres de la Turquie et se confond avec le petit Asi du lac Amik, qui a été asséché.

Divers

Monuments et autres lieux

Autel de l’église Saint-Pierre.

Natifs d'Antioche renommés

Dans le Coran

La ville d'Antioche n'est pas mentionnée explicitement dans le Coran. Dans la sourate XXXVI, les versets 12 à 29 pourraient se référer à la ville d'Antioche :

« Cite-leur comme exemple les habitants d’une ville que visitèrent des envoyés de Dieu.
Nous en envoyâmes d’abord deux, et ils furent traités d’imposteurs ; nous les appuyâmes par un troisième, et tous trois dirent aux habitants de cette cité : Nous sommes envoyés vers vous. »

— Le Coran, « Ya Sin », XXXVI [archive], 12-13, (ar) يس [archive].

Notes et références

  • Strabon, Géographie, Livre XVI, chap. 2, 4-5.

  1. Julien, Misopogon, traduction de Ch. Lacombrade, Les Belles Lettres, 2003 (ISBN 2-251-79970-2).

Bibliographie

  • André-Jean Festugière, Antioche païenne et chrétienne. Libanius, Chrysostome et les moines de Syrie, Paris, 1959.

  • (en) Glanville Downey, A History of Antioch in Syria, from Seleucus to the Arab Conquest, Princeton, Princeton University Press 1961, XVII-752 p., 21 ill. ; rééd., 1974.

  • (en) Glanville Downey, Ancient Antioch, Princeton, Princeton University Press, XVII-295 p., 80 fig, 1963.

  • (en) Sheila Campbell, The Mosaics of Antioch, 1988.