vendredi 30 mai 2008

fardeau et joug - textes du jour

Vendredi 30 Mai 2008

Les oiseaux, aussi familiers que nos chiens. Un rouge-gorge pour son bain à heure fixe, une paire de moineaux entrant et allant aux gamelles des chiens et ressortant tranquillement.

Prier….le Sacré-Cœur de Jésus, la pluie des dévotions les plus spéciales… ou la prière de l’Eglise selon ses générations, découvrant et honorant des aspects, chaque fois nouveaux pour elle, mais immanents de toujours, dans le mystère de l’identité de Dieu ? peu importe les appellations ou, ce qui peut paraître aux tiers, des amulettes, il y a le face à face. Le cœur à cœur, précisément [1]. La comparaison affectionnée par l’Ancien Testament : le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. Comme la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint. Héritage reçu et très répandu par le Coran. Jean catégorique : Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. Ce n‘est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils… Dieu, maître d’amour. La mutuelle demeurance de l’homme en Dieu, l’amour, la foi au Fils, le Christ. L’attestation qui depuis longtemps m’a mis au paradoxe de la connaissance de Dieu par le chrétien. Jean qui a vêcu et pénétré autant qu’il était possible, du vivant terrestre du Christ, le mystère, la nature et la sensibilité de Celui-ci, écrit aussi bien : nous qui avons vu que Dieu personne ne l’a jamais vu. Echo de la réponse de Jésus à Philippe : et tu ne m’as jamais vu ? Paradoxe que nous vivons communément de cette vue-connaissance de l’autre, à la fois totale par instants (hors le temps et la chair, quoique dans la chair et dans le moment) et indicible, vue-connaissance qui est aussi l’amour de l’autre, le don à lui, la communion. Parfois avec des inconnus. Don divin que celui-là. Matthieu reproduit un autre de ces syllogismes, propres aux évangiles : nous ne connaissons chacune des personnes de la Trinité que par les deux autres, le Fils que par le Père, le Père que opar le Fils, et cette conaissance n’est pas particulière, elle est un partage qui nous est offert de la mutuelle connaissance (d’amour) des personnes divines. Voilà le Sacré-Cœur, c’est-à-dre l’effet et la cause, l’état absolu et créateur de l’amour-Dieu, force et nature. Mais Jésus sait aussi se remettre à notre portée. Prenez sur vous mon joug, car je suis doux et humble de cœur, devenez mes disciples. Fardeau supplémentaire ? non, poids d’amour qui nous allège et délivre. C’est par amour pour vous, et par fidélité au serment fait à vos pères, que le Seigneur vous a fait sortir par la force de sa main. Notre acquiescement est notre consentement à la fidélité. Demain, ce jeune moine dont j’avais entendu la première profession : Suscipe, est ordonné prêtre. Chemin et état. – L’heure ponctuellement respectée, du coucou. Pauvreté et vulnérabilité d’un oiseau à terre : ce goëland égaré ou blessé l’an dernier, que nous avons enterré en cachette de notre fille, à côté de deux chiennes recueillies successivement plus tôt. Et liberté qui est la leur, symbole de tout, dans les airs. Avant-hier soir, les hirondelles au ras du sable jusqu’à l’ourlet fait et défait de la mer à marée encore très basse, mais un couple de mouettes, ajoutant deux traits blancs comme les nuages légers mais volumineux dont le ciel s’était défait vers l’horizon et une île très basse. Une journée finissait, aujourd’hui commence. Giono : l’âme de l’univers était comme un rayon de soleil dans l’eau.

[1] - Deutéronome VII 6 à 11 ; psaume CIII ; 1ère lettre de Jean IV 7 à 16 ; évangile selon saint Matthieu XI 25 à 30

mercredi 28 mai 2008

privés d'amour - textes du jour

Jeudi 29 Mai 2008

Prier…[1] l’aveugle Bartimée, le nom sonne grec, il salue Jésus pourtant à la juive, cela se passe à Jéricho, le Christ est surentouré. La scène et le dialogue sont très vifs, la conclusion heureuse aussi : Que veux-tu que je fasse pour toi ? (ATTALI, bien après avoir perdu le « pouvoir » m’adressa spontanément cette question, une fois : type de ses visiteurs ou considération de ce que je devenais ? à rapprocher d’une salutation du cardinal MARTY que je montais saluer à la tribune de la Mutualité, une petite salle, il venait de succéder à Pierre EMMANUEL, sépulcral, pendant la « Semaine des intellectuels caholiques français » qui semblent ne plus se tenir depuis des décennies… où en êtes-vous ? il ne me connaissait pas et posait l’essentiel) – Rabbouni, que je voie – Va, ta foi t’a sauvé … et il suivait Jésus sur la route. Efficace, l’un. Et l’autre, donnant sa vie, sans barguigner à celui qui la lui avait changée. Vous étiez privés d’amour, mais aujourd’hui Dieu vous a montré son amour. Pierre nous remettant en situation devant Dieu, notre vie changée, conclut aussi sur notre condition humaine : vous êtes ici-bas des gens de passage et des voyageurs. Nous sommes des miraculés, en transit. J’embarque les miens, et tous ceux qui sont en communion avec moi et ceux avec qui je voudrais communier, pays, peuples, civilisations et tout le créé, à construire le Temple spirituel.


[1] - 1ère lettre de Pierre II 2 à 12 passim ; psaume C ; évangile selon saint Marc X 46 à 52

mardi 27 mai 2008

les précédait - textes du jour

Mercredi 28 Mai 2008
Prier… simple fleur dans des herbes fragiles chacune mais surabondantes, les oiseaux sans rythme, le coucou absent, l’humidité et le silence ambiant, une sorte de détente de tout le corps, de l’air qui est, là, disponible… depuis des années maintenant, exister à la campagne, comme au bord d’une tente, la nature, la végétation majoritaire au lieu du goudron et de la rumeur partout en ville. Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande. Jacques et Jean, fils de Zébédée ne demandent pas tout à fait maladroitement, ils veulent la proximité du Christ, ils ne doutent pas de cette gloire à venir de leur Seigneur, ils sont prêts au martyre et ils le subiront, Jésus les considère et leur en donne acte tout en se déclarant incompétent. Petites touches pour notre discernement de la Trinité, ce que peut et ne peut pas le Christ, le Fils. La demande des deux apôtres est d’autant plus méritoire qu’elle enchaîne sur une nouvelle prédiction de ce qu’il va arriver à leur maître. Ils sont offensifs et disponibles. Jésus les remet dans le réel qui n’est pas leur destinée personnelle seulement, qui est le royaume et ce que le Fils obtient du Père. Pour Pierre qui assiste peut-être à ce dialogue et qui ne s’est pas payé de mots à longueur de sa vie avec le Christ, l’essentiel tient en peu : Dieu vous a fait renaître, non pas d’une semence périssable, mais d’une semence impérissable : sa parole vivante qui demeure… la parole de Dieu demeure pour toujours. Or, cette parole, c’est l’Evangile qui vous a été annoncé. L’Eglise, par son chef, nous pousse à la vie quotidienne, ce n’est pas l’au-delà ou l’imagination ou la crainte ou la désespérance que nous en avons, qui importe, mais bien notre renaissance et notre éternité, notre accomplissement déjà acquis, déjà assuré. Creuser en nous l’espace envahissant et dilatant de cette parole vivante qui demeure. Et verbum erat apud Deum, et verbum erat Deus. A ma main gauche, le livret modeste, le papier pauvre, du texte… et me voici lampe de tabernacle, et en moi, notre fille et ma femme joignent leurs mains aux miennes et nous donnons à Dieu notre salutation du matin. Il envoie sa parole sur la terre ; rapide, son verbe la parcourt. Il révèle sa parole à Jacob. Une parole de construction et nous attendons tranquillement notre tour de servir pour l’édifice, et placés où nous sommes, où nous serons, avec Jacques et Jean et Pierre et tant d’autres, avec ceux que nous aimons et avons aimés, avec ceux qui nous ont mûtilés ou déçus mais que nous redécouvrirons autres, nous ferons l’ensemble de la création terminée, belle et bonne à jamais, apaisée et totale. Les disciples étaient en route avec Jésus pour monter à Jérusalem ; Jésus sles précédait ; ils étaient effrayés, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte. Nos itinéraires ainsi, mais Jésus les précédait. De son incarnation, de sa connaissance totale de ce qui allait suivre et du pourquoi de toutes choses, et de tout un chacun [1]...



[1] - 1ère lettre de Pierre I 18 à 25 ; psaume CXLVII ; évangile selon saint Marc X 32 à 45

dimanche 25 mai 2008

va... puis viens - textes du jour

Lundi 26 Mai 2008


Prier… les grands ordres religieux, ma lecture d’hier, tout n’est-il pas à reprendre ou à inventer quasiment ab initio en cette matière, puisque sauf exceptions, la vieille Europe, en tout cas notre France ne recrute plus ? Puis viens et suis-moi… ces paroles de feu qui me faisaient rougir, de même que toute allusion à nos assemblées de collégiens sur une vocation particulière, me paraissait directement adressée, ne remuent plus personne, ou sommes-nous dans la parabole du semeur et des ronciers, trop occupés ? notre psychologie à chacun devenue inapte ? La recherche de la perfection ou le mime de personnalités enviables et remarquables sont – à entendre les récits de vocation – les deux chemins fréquents. Il est clair que ces chemins sont très loin du seuil. Jésus le fait comprendre : posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer. S’il n’y a pas rencontre ou désir de rencontre, et rencontre d’amour, on ne va pas loin, on n’aboutit nulle part. L’attrait se bâtit cependant sur notre sensibilité. Ce mot de JL : je me suis fait jésuite, parce que cela me faisait plaisir… il est rare que Jésus appelle ses disciples, qui – eux – ont tout quitté pour le suivre, à la lettre et avant la formulation présentée aujourd’hui, mes enfants… La richesse handicape, un dénuement excessif, aussi. Vous allez obtenir votre salut, qui est l’aboutissement de votre foi. Je crois que chaque génération bénéficie des acquis de celles qui l’ont précédée, mais elle ajoute, les nôtres ajoutent peut-être une grande désinvolture et beaucoup de repli sur soi et de peurs autant de l’engagement que du dépouillement, mais elles ont l’intuition que les buts ne sont plus moteurs : perfection, salut ? soit, mais c’est la rencontre d’une personne qui est décisive. On se donne à quelqu’un et pas à quelque chose. Un de les scouts, il y a quarante-cinq ans, était choqué par le psaume… propter retributionem… aimer ou se consacrer : parce que… Non. Inconnu, indicible, invisible, Dieu sur-aimé. Un de mes moines aimés disait, il y a aussi quarante-cinq ans : Dieu plénitude d’attrait, il commentait il y a dix ans : notre bien commun, en communauté religieuse, certes pour tout le créé, le vivant. L’héritage qui ne connaîtra ni destruction, ni souillure, ni veillissement. La pièce n’est cependant pas à jouer demain. La rencontre du « jeune homme riche » est de maintenant, celui-ci ne demeure pas auprès du Christ mais s’en alla tout triste. Va… mais il est parti pour ne plus revenir. Va…puis viens et suis-moi. Mais va d’abord. Une sorte de mise en ordre, que la foi à elle seule, celle de l’évangile, l’espérance à elle seule, celle de Pierre et de l’Eglise, n’opèrent pas à elles seules [1].

[1] - 1ère lettre de Pierre I 3 à 9 ; psaume CXI ; évangile selon saint Marc X 17 à 27

samedi 24 mai 2008

c'est lui qui, pour toi - textes du jour

Dimanche 25 Mai 2008


Prier… après les trombes d’hier et tandis que dès l’ouverture des portes aux chiens, ce sont plusieurs oiseaux, hirondelles et moineaux qui se précipitent à l’intérieur. Tranquillité de chacun à son affaire, silence auquel le chant de quelques oiseaux donnent du relief, sorte de réponses de part et d’autre de la maison. [1] Histoire de la dévotion bien plus « importante » que celle de la liturgie, datation selon une époque et une société de ce que l’on appelait les « collectes », comment nos sensibilités selon les circonstances et aussi les modèles que nous nous infligeons modèlent notre cri vers Dieu, notre relation à Lui, la gangue dont il faut dégager nos mots pour que notre cœur, notre offrande, la nudité de nos mains et de nos apparaissent. Moi je suis le pain vivant… tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. Les Juifs se récrient comme sur l’Aréopage, les Grecs déserteront le discours de Paul quand il en sera arrivé à la Résurrection du Christ. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. Comme si l’Incarnation procédait de cette ultime raison, et était, par là, le moyen-clé de notre participation à la divinité, une commune et mutuelle demeurance. C’est mystérieux et sévère. Ce qu’on ne peut comprendre et voir, notre foi ose l’affirmer, hors des mois de la nature. Méditation laborieuse alors que le Veni sancte Spiritus est si fort et si limpide. Paul est attaché à cette constante démonstration du corps mystique et de l’unité, de l’union des chrétiens, des participants à ce banquet du nouveau roi. Tant que tu peux, tu dois oser, car il dépasse tes louanges, tu ne peux trop le louer. L’hymne un peu guindé, dont je ne sais l’époque : un XIXème des chasubles raides qui ne couvraient plus les bras du célébrant ? Il t’a fait connaître la pauvreté, il t’a fait sentir la faim et il t’a donné à manger la manne, pour te faire découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pâin, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. La vibration dans les évangiles de toute citation implicite ou avouée de l’Ancien Testament, et la résonnance charnelle et directe que leur donne le Christ quand il les redit, se les appropriant. C’est lui qui, pour toi…

[1] - Deutéronome VIII 2 à 6 passim ; psaume CXLVII ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens X 16 à 17 ; séquence Lauda Sion ; évangile selon saint Jean VI 51 à 58


Pape Benoît XVI Sacramentum caritatis, 92 (trad. DC 2377 1/4/07, p. 341 © Libreria Editrice Vaticana)

L’Eucharistie, lien entre la première création et la nouvelle création
Pour développer une spiritualité eucharistique profonde, capable aussi de peser significativement sur le tissu social, il est nécessaire que le peuple chrétien, qui rend grâce par l'eucharistie, ait conscience de le faire au nom de la création tout entière, aspirant ainsi à la sanctification du monde et travaillant intensément à cette fin… La liturgie elle-même nous éduque à tout cela quand, durant la présentation des dons, le prêtre adresse à Dieu une prière de bénédiction et de demande en relation avec le pain et le vin, « fruit de la terre », « de la vigne » et du « travail des hommes ». Par ces paroles, en plus d’impliquer dans l'offrande à Dieu toute l'activité et l'effort humains, le rite nous pousse à considérer la terre comme création de Dieu, qui produit pour nous ce dont nous avons besoin pour notre subsistance. La terre n'est pas une réalité neutre, une simple matière à utiliser indifféremment selon l'instinct humain. Elle se place au coeur même du bon dessein de Dieu, par lequel nous sommes tous appelés à être fils et filles dans l'unique Fils de Dieu, Jésus Christ (Ep 1,4-12). Les légitimes préoccupations concernant les conditions écologiques de la création en de nombreuses parties du monde trouvent des points d’appui dans la perspective de l'espérance chrétienne, qui nous engage à oeuvrer de manière responsable pour la sauvegarde de la création. Dans la relation entre l'eucharistie et le cosmos, en effet, nous découvrons l'unité du dessein de Dieu et nous sommes portés à saisir la profonde relation entre la création et la « nouvelle création », inaugurée dans la résurrection du Christ, nouvel Adam. Nous y participons déjà maintenant en vertu du baptême (Col 2,12s) ; ainsi, pour notre vie chrétienne nourrie de l'eucharistie, s'ouvre la perspective du monde nouveau, du ciel nouveau et de la terre nouvelle, où la Jérusalem nouvelle descend du ciel, de chez Dieu, « toute prête, comme une fiancée parée pour son époux » (Ap 21,2).

Ce pape si décrié ... d'une Eglise paraissant si peu consciente de ce qu'elle est devenue pour les hommes... a cependant des intuitions et des cris qui - moi - me touchent ... "une spiritualité eucharistique, capable aussi de peser significativement sur le tissu social"... probablement, la foi aujourd'hui ne paraît plus ce qu'elle est et a toujours été (dans l'histoire du peuple juif, chez les saints, et dans la geste terrestre du Christ), le meilleur rapport à la réalité et la meilleure collaboration au continu de la création ... Benoît XVI semble désuet parce qu'il est de foi. J'avais apprécié sa première encyclique, avec des percées inconnues de l'Eglise sur la reconnaissance d'eros et d'un certain accomplissement de l'être humain, et plus seulement l'agapè (si peu gênant pour les prudes et les ligotés). Deus caritas est... même approche un peu difficile du Lauda Sion, aujourd'hui.

Je rends compte dans mon blog. du livre prêté par "mon" recteur (-curé) en Bretagne : un cardinal gardant l'anonymat, préférant une pastorale d'historien ou de sociologue, plutôt que de théologien (p. 89) mais concluant un commentaire de son interlocuteur sur Elie par cette assurance - belle : " Ce livre est à vous. Son titre aussi. je vous le confie - Cela ne sera pas très facile... Mais si, vous verrez, la brise fait moins de bruit, mais l'ouragan n'a qu'un temps ". Le titre a été manqué, le livre est résonnant. Le fond de la question des relations entre l'Eglise et le monde, le spirituel et les dictatures de toutes sortes en notre temps (parabole du Dalai-Lama, de la Chine, de la Birmanie et de ce que "dans le temps", le commun des mortels aurait pris pour des vengeances divines, le Sechuan est au coeur du Tibet historique même si Pékin a changé les limites "administratives" de celui-ci...)


Olivier Le Gendre, Confession d’un cardinal (JC Lattès . Octobre 2007 . 413 pages)

l'enfant exemplaire - textes du jour

Samedi 24 Mai 2008

Prier… il pleut, on est proche des jours les plus longs de l’année, les saisons se vivent à une vitesse accélérée mais la pensée, ce que je comprends de l’univers, de l’histoire et de l’amour, me font aller de plus en plus lentement, le bonheur et ses empêchements : le désespoir, et les emm… pratiques, ont le même nom , notre vie. Toujours les enfants, toi qui révèles aux petits les mystères du Royaume ! Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. Et quelle est la manière d’un enfant ? telle qu’elle nous est donnée à vivre et voir par notre fille, ce sont bien entendu la confiance, la créativité dans l’interprétation et la poétisation, mais aussi la liberté d’accueil et les sautes d’humeur, les rébellions de la personnalité, de l’identité, le ciment est au total le réflexe d’affection, d’amour, d’union. Et nous faisons, nous avons fait l’expérience du mouvement trinitaire. Notre fille nous veut ensemble, prend nos mains pour les joindre et fermer elle-même le cercle, elle donne le baiser à son tour que je viens de donner à ma femme, mais elle imite aussi les « grandes personnes », nous : en comportement, en compréhension du langage, en occupations, en maternage, elle veut conduire la voiture et planter des clous, faire la cuisine. L’enfant ne fait qu’un avec ce qu’il est et veut ne faire qu’un avec ses parents tout en revendiquant l’exercice de sa liberté, de son acquiescement et de ses goûts. Jésus soumis à Nazareth mais aux affaires de son Père à Jérusalem… le Royaume s’il ressemble aux enfants sera/est tout, sauf monotone. L’Eglise commente et fait attendre cette leçon évangélique par l’enseignement de Jacques sur la prière, elle est de demande pratique, elle est d’accompagnement de l’autre, l’enfant est sans cesse en prière, il communique tellement que le langage encore hésitant mais presque toujours surprenant n’en est qu’une part [1].


[1] - épître de saint Jacques V 13 à 20 ; psaume CXLI ; évangile selon saint Marc X 13 à 16

vendredi 23 mai 2008

quitter, s'attacher - textes du jour

Vendredi 23 Mai 2008

Prier en ouverture tardive d’une journée qui est à tous, sans appropriatioon personnelle possible, sans prévisibilité. Enseignement du Christ et de son Eglise sur le mariage. La grâce du mien : à l’instant de l’échange de nos consentements, j’ai physiquement senti ma mutation, le changement de ma condition. Eglise du Val-de-Grâce, vendredi 18 juin 2004… la grâce du nôtre puisque nous ne tenons que par un constant miracle qui nous insuffle accessoirement le courage et l’énergie du quotidien, mais fondamentalement notre entente, notre mutuelle résonnance et ce qui, je crois, est plus efficace et surtout plus gratifiant que toute tolérance, notre acceptation ensemble de la manière dont chacun nous nous construisons avec l’aide et le paysage de l’autre et, pour notre couple, avec le compagnonnage constant de notre fille, physiquement et mentalement… L’essentiel est la construction et la vie, pas les conditions d’une rupture éventuelle et selon des points de droit. La rupture qu’évoque le Christ est relative à nos familles de naissance, mais quitter, s’attacher me semble à prendre pour la chair et le partage de vie commune. L’Ancien Testament est rempli de remarques et recommandations pour parents et enfants, et les passages de Paul – souvent considéré comme « machiste » - sont très délicats pour la relation parents-enfants. Le Christ, s’il n’évoque que le mari quittant père et mère, traite en revanche les époux à pied d’égalité pour l’adultère. Plus que le divorce – ou la séparation, sans doute inévitable et légitime, même, dans certains cas d’évidence – Jésus condamne le « re-mariage ». La leçon est la loi naturelle, en l’espèce : divine. Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! Le problème pastoral est que le clergé, non marié (et à mon sens, ne devant pas l’être), a le monopole de l’enseignement magistral sur le mariage et sur l’amour particulier des époux (amour exemplaire puis qu’image de la relation entre l’Eglise et le Christ, alors que c’est l’amour parents-enfants qui donne à expérimenter l’amour de Dieu pour nous) : il faudrait des paroles vêcues et des paroles d’expérience des laïcs. Mais ceux-ci quand ils s’expriment sont trop contingents. Il faut donc une parole et un enseignement de toute l’Eglise, observation valant pour le magistère en morale sexuelle ou en organisation de l’économie et des rapports sociaux. Combiner la tradition ecclésiale et la théologie, sciences et inspiration en principe de clercs avec la vie de couple ou d’entreprise, qui est en principe de laïcs. Jésus, dans son enseignement, semble interrompu par ceux qui le questionnent sur la répudiation, et ensuite pressé par ses disciples. On le devine, non pas agacé, mais nous donnant à penser que nous lui faisons traiter du secondaire. Jacques est presque plus énergique dans son exhortation : tenir, être d’une pièce, pas de forfanterie. C’est l’homme d’une simplicité organisée, prudente et exigeante. Entre lui et le Christ, Seigneur, s’agenouiller et demeurer, en demande, en écoûte, puis repartir au travail, aux autres, aimés ou inconnus. Ne gémissez pas les uns contre les autres. Point commun des deux enseignements, : s’en tenir à un axe [1].


[1] - épître de saint Jacques V 9 à 12 ; psaume CIII ; évangile selon saint Marc X 1 à 12

mercredi 21 mai 2008

sévérité - textes du jour

Jeudi 22 Mai 2008


Prier… [1] pleurez, lamentez-vous car des malheurs vous attendent… il vaut mieux entrer estropié… borgne… dans le royaume des cieux, dans la vie éternelle… De son vivant, il s’est béni lui-même.. les textes d’aujourd’hui sont sévères comme une icône byzantine. A nos attentes et à nos difficultés, l’apôtre comme le Christ répond par l’énoncé d’un jugement. Nos comportements passés au crible, notre raison estimée précaire et vacillante. D’autres repères existent. Troupeau parqué pour les enfers et que la mort mène paître. Ce qui est payé là, ce qui est sanctionné, c’est le scandale causé à un seul de ces petits qui croient en moi … vous avez fait bombance pendant qu’on massacrait des gens. Langage de Savonarole lui-même brûlé. Le Christ en croix, et nous, pétris d’admiration pour certains, et moi remué d’amertume ou d’envie pour certains : ne crains pas l’homme qui s’enrichit, qui accroît le luxe de sa maison : aux enfers, il n’emporte rien ; sa gloire ne descend pas avec lui. Dans le silence, s’envelopper, m’envelopper de prière et au travail, aller et retourner avec simplicité et confiance. Ces textes rudes sont intimes.

[1] - lettre de saint Jacques V 1 à 6 ; psaume XLIX ; évangile selon saint Marc IX 41 à 50

mardi 20 mai 2008

mis en attente - textes du jour

Mercredi 21 Mai 2008

Prier…[1] pourquoi craindre aux jours de malheur ces fourbes qui me talonnent pour m’encercler, ceux qui s’appuient sur leur fortune, et sevantent de leurs grandes richesses ? Ecoutez ceci, tous les peuples, entendez bien, habitants de l’univers, gens illustres, gens obscurs, riches et pauvres, tous ensemble. Message doublement universel que celui que nous recevons, destiné à tous, et portant d’abord sur nos sociologies et nos psychologies, s’adressant à nous en situation concrtète. Religiosité répandue de plus en plus, selon les dépêches d’agence, les Chinois, qui ont analysé à leur manière ce qu’il leur arrive depuis huit jours et qui n’aboutissent nullement aux schémas internationaux ou à ceux de leur régime d’autorité, se « réfugient » dans « la » religion. Contenu de bon sens et d’une espérance criée sans fondement que tout un chacun, poussé dans ses retranchements soit par une banale interrogation des tiers – la mienne, parfois, à des personnalités illustres : comment fonctionnez-vous ? – soit par des circonstances mettant tout en cause, se dit à lui-même. La révélation judéo-chrétienne (et musulmane) n’est pas du tout de cet ordre humain et naturel. Elle a certes sa morale, naturelle, quoiqu’élevée, à notre pointe : voilà que vous mettez votre orgueil dans des projets prétentieux. Etre en mesure de faire le bien, et ne pas le faire, c’est un péché. Mais elle exige et apporte autre chose. Quoique Jésus reste souvent à notre niveau, tranquille et patient, tolérant : celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi. Aujourd’hui, la liturgie comme le moment de ma vie la plus concrète, entre désespérance et espoir si ténu, met tout au repos. Pleine lune et rousse cette nuit, marées assez hautes mais tranquilles, les oiseaux ce matin dans une lumière déjà vive ne rompent que discrètement le silence. Aujourd’hui, je suis mis en attente et à l’écoute.

Le bonheur de ma vie actuelle et future : aimer et être aimé, totalement, aimer comme l’autre aimé se construit et se veut, être aimé malgré tout ce que je suis d’inachevé et de décevant. Le défi de ma vie, sécuriser mes aimées, avoir assez de temps et de force (recevoir assez de temps, de force, de santé, d’énergie) pour à donner autant qu’il m’est demandé par ma femme et notre fille, et qu’il m’en reste sans que cela leur soit retranché pour tant de travail, de recherche et élucidation de témoignages et de sensations, intuitions que je dois à des inconnus et aux époques qui vont suivre la mienne. Deux immenses défis qui – je le sais – se résoudront et seront relevés dans le divin compagnonnage qui depuis ma naissance n’a jamais cessé de m’être tout à fait sensible, y compris dans les plus creux, froids et noirs, obscurs de mon existence d’enfant, de garçon, d’homme et déjà, un peu, de vieillard pressentant la vieillesse parce que déjà elle l’atteint par beaucoup de traits perceptibles au physique, évidents au mental.

[1] - lettre de saint Jacques IV 13 à 17 ; psaume XLIX ; évangile selon saint Marc IX 38 à 40

lundi 19 mai 2008

comment nous sommes - textes du jour

Mardi 20 Mai 2008

Très bien dormi, m’éveillant, je vois la tête, le visage de ma chère femme, toujours endormie, tournés vers moi de confiance. Mon rêve dont j’ai perdu la consistance était au contraire une sensation de solitude sans compagne, et à mon éveil, la voici, elle. Dieu en soit béni. [1] Frères, d’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez. Le plus pastoral et concret des apôtres entreprend une thérapie de groupe : Dieu veille jalousement sur l’Esprit qu’il a fait habiter en nous. Abaissez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera. Le contre-exemple est donné par les disciples en route avec le divin Maître – l’enseigneur : traduit souvent Chouraqui – ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. Jésus les reprend par l’affirmation du service, qu’Il poussera à toute conséquence et par ce que nous appellerions aujourd’hui un « geste fort » (le lavement des pieds) et aussi par l’exemple de l’enfant. Non pas « retomber en enfance », mais accueillir l’enfant. Permanence de cette leçon quand on a reçu la responsabilité d’en avoir, au moins un. Une… nous la jugeons sur son attitude relativement au cadre que nous lui donnons (ou infligeons), mais que voit-elle de nous ? comment se sent-elle accueillie ? Je n’en sais rien, nous ne le devinons que par la relation qu’elle nous donne d’avoir avec elle – déjà inexpugnable quoique si vulnérable. L’enfant – quelconque – que « prend » Jésus, – lui – est totalement disponible, il se laisse enlever et placer au milieu de ce cercle d’adultes La scène se passant « dans la maison », il doit être familier de Pierre et de sa belle-mère, un neveu du chef des apôtres ? Jésus doit le connaître bien : l’enfant est – ici – son complice, il l’embrassa et leur dit. Le psalmiste nous donne, en sus, l’attitude mentale qu’avait l’enfant : décharge ton fardeau sur le Seigneur, il prendra soin de toi. Mais ce matin, j’ai hâte d’avoir un abri, contre ce grand vent de tempête : hier, ce qui se faisait entrevoir a fui, m’a fui. C’est un tout autre commencement qui vient, peut-être.


[1] - lettre de saint Jacques IV 1 à 10 ; psaume LV ; évangile selon saint Marc IX 30 à 37

dimanche 18 mai 2008

le lait de la tendresse humaine - textes du jour

Lundi 19 Mai 2008

Prier… [1] ne fais pas attendre le regard le regard d’un indigent, ne fais pas souffrir un affamé, n’exaspère pas un homme qui est dans la misère, n’ajoute pas au trouble d’un cœur irrité, ne fais pas attendre ton aumône à qui en a besoin, ne repousse pas celui qui supplie dans la détresse, ne détourne pas du miséreux ton regard. Une délicatesse sans pareil, comme si l’expression du cœur humain était désormais du passé. J’avais été frappé d’un mot de BLUM rapporté par FABRE-LUCE (ce dernier ne passant pas pour un tendre et caractérisant le président du Conseil du Front populaire ainsi : « Blum saisissait aux nerfs ») : le lait de la tendresse humaine. Qui l’a aujourd’hui ? même en famille. Devant les critiques et les avertissements concernant notre fille si vive et donc difficile à «tenir», je m’en tiens à ce que je crois essentiel, sa joie et son goût de vivre, sa curiosité sans cesse en éveil, sa capacité à regarder, contempler, mémoriser, s’émerveiller, mais surtout son affectivité, ses rebonds et sursauts d’amour, exprimés, chaleureux, confiants, tendres, oui… J’ai choisi entre les deux messes du jour, celle de saint Yves, breton du XIIème siècle, prêtre certes mais en fait avocat d’une acuité exceptionnelle. Le sage de l’Ancien Testament, homme logique et d’époque dialectique, raisonne ensuite : ne donne pas à un homme l’occasion de te maudire, car s’il te maudit dans l’amertume de son âme, celui qui l’a créé entendra sa prière. Clé des relations internationales, presqu’entièrement faites de ressentiments exprimés ou tus entre peuple, des relations sociales quand un pays tourne mal comme le nôtre, le traitement des problèmes affligeant ceux qui sont déjà en peine et empêchant de traiter ce qui les soulagerait réellement. Etre à côté de ce qui est demandé est encore pire que de directement et sciemment nuire. Clé des relations entre personnes même entre parents et enfants, entre époux. Nos manques, bien plus que des gestes. Manques d’amour plus graves et corrosifs que gestes de haine ou coups. Vendez ce que vous avez et donnez-le en aumône. Faites-vous une bourse qui ne s’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne ronge pas. Mon expérience des déménageurs et garde-meubles prédateurs, en trente ans de nomadisme et des mites inexpugnables revenues avec moi d’Asie centrale. C’est le concret de l‘amour qui nous amène au réel de la relation à Dieu et à tous. Le surnaturel se fait au naturel, Il ne craint pas l’annonce d’un malheur ; le coeur ferme il s’appuie sur le Seigneur, à pleines mains, il donne au pauvre. La Bible entière, pour le « social », pour la « charité », ne donne pas de leçons ni d’analyses collectives, elle nous place en tête-à-tête et en situation d’urgence, urgence de ce qui est demandé, urgence de donner.

[1] - Siracide IV 1 à 10 ; psaume CXII ; évangile selon saint Luc XII 32 à 34

vendredi 16 mai 2008

mort de la foi - textes du jour

Vendredi 16 Mai 2008

Prier [1]… ce texte comme celui de la conclusion de l’évangile de Jean, la mort des autres, la nôtre, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu venir avec puissance. La mort, objet de connaissance ? si c’est ainsi, c’est bien que nous ne sommes pa assimilables à son œuvre, nous en différons, nous sommes au-dessus et en situation de voir et éprouver cette épreuve. Mais l’enseignement fondamental des évangiles n’est pas sur la mort – à ceci près que celle du Christ, présentée comme un passage vers son Père, n‘est jamais présentée comme un état définitif – il porte sur la vie, bien suprême. Glose de l’apôtre : comme le corps qui ne respire plus est mort, la foi qui n’agit pas est morte. Jacques raisonne comme Paul, nous sommes sauvés et justifiés par la foi, mais une foi en action. Abraham est présenté par les deux apôtres comme le modèle. Cohérence de l’enseignement dans la primitive Eglise, et surtout cohérence entre les apôtres quekl qu’ait été leur « recrutement ». Le corps, lieu et objet, pierre de touche de la charité. Le corps des autres, le procès FOURNIRET, l’agression collective contre le corps dont Dieu fait homme s’était revêtu, qu’Il avait fait sien. La vie de ce corps valant bien plus que les biens que nous accumulons de son vivant, soi-disant pour le magnifier, puisquie déjà nous délaissons notre âme : quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde en le payant de sa vie ? quelle somme pourrait-il verser en échange de sa vie ? L’homme de bien a pitié, il partage. Le critère de la foi est bien notre attitude envers autrui. Il est – moins visiblement, mais notre conscience est sollicitée pour cela – notre relation à Dieu selon ses commandements, lesquels sont notre loi d’amour.

[1] - lettre de saint Jacques II 14 à 26 ; psaume CXII ; évangile selon saint Marc VIII 34 à IX 1

jeudi 15 mai 2008

relationnés - textes du jour

Jeudi 15 Mai 2008


Prier… anniversaire de la signification par Nicole J. de la rupture de nos fiançailles, quarante-et-un ans de l’événement qui a le plus déterminé ma vie sentimentale, sinon l’ensemble de ma vie. L’autre étant le 30 Mars 1972 ma première publication dans Le Monde, qui me fixe en examen permanent de nos politiques françaises et canalise mes ambitions dans le domaine de la politique au détriment d’une mise complète sur ma carrière ou sur les moyens concrets de parvenir soit en politique, soit en administration (moyens que je n’ai toujours pas identifiés, en dehors du parrainage ayant mis en selle la plupart de ceux qui pérorent ou gouvernent). Mon fascicule titre la liturgie d’aujourd’hui de la manière qui a endommagé tant de vies à l’époque contemporaine : « la souffrance, chemin de vie », qui me paraît une transmission par les « supérieurs » à leurs disciples de leurs propres frustrations et raisons petites de vivre cette vie-ci, et qui surtout me paraît fondamentalement fausse en ce qu’on achèterait Dieu en lui offrant le piteux et laborieux sacrifice de souffrances que – là est la déviation, à mon sens – nous nous infligerions. Celles découlant de notre condition humaine ou des dysfonctionnements de la société, sont largement suffisantes pour que nous souffrions malgré nous. Le chemin est alors une forme d’acceptation et de consentement que nous ne pouvons former en nous que par abandon à Dieu et recherche de Sa force. La passion que va souffrir Jésus, Il ne la recherche pas, Il prie même pour qu’elle lui soit épargnée, mais Il consent finalement et la vit souverainement. Mystère cependant de cette dialectique du salut à un tel prix, de cette « nécessité » apparentée pour nous à la tragédie grecque, une des voies du jansénisme. Ce que donnent les psaumes et l’ensemble des Ecritures n’est pas un encouragement à recherche la souffrance, chemin soi-disant de perfection, mais la manière de la supporter et d’en sortir. Je cherche le Seigneur, Il me répond : de toutes mes frayeurs, Il me délivre. Quant à l’organisation sociale qui convient, elle est avec simplicité rappelée par l’apôtre Jacques, au langage si pastoral, c’est la condamnation sans équivoque de tous nos racismes, qui commencent et qui se prolongent bien en dehors des questions de peau : quand vous marquez des différences entre les personnes, vous commettez un péché, et cette loi (d’amour : Tu aimeras ton prochain comme toi-même) vous dénonce comme coupables. Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? Il les a faits riches de la foi. Expérience de ce que les plus simples communiquent bien davantage sur le fond de la vie et de la personne humaine que les nantis (d’argent, de culture ou même de « spirituel ») [1].

[1] - lettre de saint Jacques II 1 à 9 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Marc VIII 27 à 33

relationnés - textes du jour

Mercredi 14 Mai 2008


Prier [1] c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit et que votre fruit demeure. Nous ne sommes pas pour nous-mêmes, nos axes nous sont donné et nous avons à faire, une mission à remplir. Connaître Dieu, participer à Lui, aimer sont la même chose. Les images de mutuelle « demeurance » sont sans doute très parlantes pour d’autres civilisations, cultures et époques que les nôtres. Nous sommes tellement hermétiques les uns aux autres. Ce qui est appris est à transmettre, la vie c’est cela. Tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Au contraire du Paradis, Dieu ne cèle plus rien, n’interdit plus, mais Il nous donne à garder et à aimer. Toi qui connais le cœur de tous les hommes… le péché est notre liberté, l’amour l’est tout autant, plus encore. Mais la connaissance que Dieu a de nous, celle du cœur, est la clé de nos vies. Le système électif a son fondement dans la foi d’un plan et d’une volonté de Dieu. Aujourd’hui, le fondement du suffrage universel est au contraire sociologique, faire la démonstration du choix humain, de la décision des hommes. Il peut y manquer la méditation et la recherche du bien commun, laquelle dépasse nos opinions et nos sentiments… parfois. Qui prie avant de voter ? Le commandement d’amour qui est une loi de connaissance mutuelle entre nous et de nous en Dieu et selon Lui, produit aussi tout ce dont nous avons besoin, à condition de le demander, de l’identifier et de le rapporter à Dieu. Un comportement conscient. Même le sort est – pour l‘élection de Matthias – une relation à Dieu.


[1] - Actes I 15 à 26 passim ; psaume CXIII ; évangile selon saint Jean XV 9 à 17

vous ne comprenez pas encore ? - textes du jour

Mardi 13 Mai 2008

+ Prier… dans le dépaysement total de l’intelligence et des sensations, l’Ecriture comme un retour au pays et au foyer. Tout ce que j’ai croisé en idées, en personnalités, en évocations de pays et de situations. Sous le signe historique des apparitions de Fatima, il y a plus de quatre-vingt-dix ans, un Portugal que j’ai connu et que j’aime, une autre totalité. [1] Vous ne comprenez pas encore ? le mot de ce moine que j’aime : la prière de louange est la plus efficace. Les apôtres sont aveugles, y compris dans la conduite quotidienne de leur vie (ils jouent la scène de Marthe et Marie, en présence de Dieu, pourvoyeur de tout bien et de toute grâce). Face à ce compagnonnage divin décisif, qui sommes-nous et comment vivons-nous ? comment je vis ? Chacun est tenté par ses propres désirs qui l’entraînent et le séduisent. Nos addictions multiples… Il a voulu nous donner la vie par sa parole de vérité. Jésus insiste et nous fait récapituler ses bienfaits, non nos chutes et nos méandres : vous ne voyez pas ? vous avez le cœur aveuglé ? vous ne vous rappelez pas ? Toute notre vie est signe pour nous, toute ma vie est signe pour moi. Mon centre et ma continuité, la protection de qui j’aime et m’est confié, quand je dis ‘mon pied trébuche !’, ton amour, Seigneur, me soutient, quand d’innombrables soucis m’envahissent, tu me réconfortes et me consoles.


[1] - épître de saint Jacques I 12 à 18 ; psaume XCIV ; évangile selon saint Marc VIII 14 à 21

dimanche 11 mai 2008

joie et épreuve - textes du jour

Lundi de Pentecôte (12 Mai) 2008

Prier… [1] je vous salue joyeusement… quand vous butez sur toute sorte d’épreuves, pensez que c’est une grande joie. Le plus pastoral des apôtres définit la perfection (mythe d’adolescence, mirage de beaucoup de vocations religieuses, dialogue du « jeune homme riche » avec le Christ, et pourtant vœu et souhait divins pour nous). J’y vois plutôt la participation à la nature divine, par adoption, et non par effort de notre part, consentement plus que déploiement forcené d’énergie et de volonté, crispées. Pourtant, l’apôtre présente un itinéraire : L’épreuve, qui vérifie la qualité de votre foi, produit en vous la persévérance, et la persévérance doit vous amener à une conduite parfaite ; ainsi vous serez vraiment parfaits, il ne vous manquera rien. Itinéraire marqué par notre prière et les dons de Dieu. Seul éloge, celui de la stabilité, don suprême, celui demandé par Salomon, la sagesse. Qu’il demande avec foi, sans la moindre hésitation, car celui qui hésite est sembalble au va-et-vient des flots de la mer agités par le vent. J’aime beaucoup l’épître de Jacques, elle est encore plus psychologique que pastorale. D’autrres nous rejoignent par la force et la concision de l’exposé ou par la sensibilité, celle-ci démontre une connaissance de nos ressorts. A contrario, l’évangile nous montre ce qu’est une prière de provocation, qui évidemment n’est pas et ne sera pas exaucée. La foi fonde la prière, donne à celle-ci cette force qui touche le cœur de Dieu. Le psalmiste a une conclusion, qui n’est plus tout à fait pour nous plaire, le dolorisme d’antan n’est pas le nôtre, mais nos examens de conscience et retours sur notre vie, notre lecture de nous-mêmes gagnent à recevoir ces vérités : c’est pour mon bien que j’ai souffert, ainsi, ai-je appris tes commandeùments… Seigneur, je le sais, tes décisions sont justes, tu es fidèle quand tu m’éprouves. Que j’ai pour consolation ton amour.

[1] - commencement de l’épître de saint Jacques I 1 à 11 ; psaume XIX ; évangile selon saint Marc VIII 11 à 13

entrés en Dieu - textes du jour

Dimanche de la Pentecôte (11 Mai) 2008


Prier… [1] description de l’événement. Hier, dans l’homélie de la « messe anticipée », Denis fait remarquer que l’importance deds langues, la signification d’universalité qui s’y attache sont bien antérieures, dans la tradition juive, à ce qu’il va se passer. Remarque aussi de la géographie de l’époque et du mouvement est-ouest tant pour dire la participation des gens et leur origine que pour décrire plus tard la propagation de la foi de Jérusalem à l’Espagne. Les langues de feu ont également leur précédent dans l’Ancien Testament. Luc ne donne pas aussitôt le contenu de la première préducation apostolique, aujourd’hui ce qui compte c’est l’origine, les circonstances physiques et spirituelles et la foule qui se trouve comme convoquée par un phénomène à la fois naturel mais étonnant. Les bruits soudains et violents dans les évangiles… L’appétit de notre époque et de certains mouvements dans l’Eglise pour des manifestations physiques, au mieux des apparitions, au minimum des événements. Le pied de la lettre, prétend-on et demande-t-on. Cela ne m’est jamais arrivé, je ne nie pas que cela puisse exister, mais en ai-je besoin ? d’ailleurs la réalité divine se passe aussi de nos besoins, tels que nous les exprimons ou les ressentons. Nous sommes toujours comblés par surprise, pas forcément la surprise du moment, Dieu respecte nos rythmes et nos attentes, mais la surprise du fait. C’est un don, et toujours plus plein et vaste que ce que nous aurions osé demander ou imaginer. Personne n’est pas capable de dire : ‘Jésus est le Seigneur’, les Apôtres reçoivent ce don, et ils peuvent le dire dans toutes les langues, et aujourd’hui dans les nôtres. Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous. Nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit. Qu’on est loin des hiérarchies ecclésiales et a fortiori sociales. Donné par le Christ le soir de Pâques. Annoncé par Lui au moment d’entrer dans sa Passion. Mais avant le don de l’Esprit, celui de la paix, comme lors de la Cène, avant cette annonce, la distribution du pain et du vin, le sacrement du corps et du sang. Le discernement du bien et du mal, que l’homme cherche à avoir en propre au Paradis, est devenu secondaire dans l’évangile, la rémission, la rédemption l’emporte sur tout, la constitution du corps mystique nous fait entrer en Dieu.

[1] - Actes II 1 à 11 ; psaume CIV ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XII 3 à 13 ; évangile selon saint Jean XX 19 à 23

samedi 10 mai 2008

regards regardés - prendre nous lie

Samedi 10 Mai 2008



Visage du bonheur, malgré tant d’angoisses et aussi de fatigue : ma chère femme de profil, en imperméable, assise sur le muret tournant à demi autour du manège, avec notre fille sur ses genoux. Peu auparavant, tête posée sur l’oreiller, notre fille entre nous pendant notre courte sieste, un regard mi-endormi mi-rêveur répondant au mien… Appelé avant que nous passions à table, le Frère C.. Récit de sa journée... Le parc désert, la marche tranquille, quelques pas de danse lancés selon sa musique (religieuse juive). La sainte qui l’habite : son conseil ? je ne peux rien dire, sinon que je suis heureux d’y aller, heureux d’y prier : devant sa tombe. Rencontré fortuitement l’évêque, présent à M., pour la confirmation de près de 180 professants. Comme toujours quand je rencontre quelqu’un qui me dépasse, je confie la conversation à l’Esprit-Saint et cela se passe très bien. Simplicité – signe constant de vérité dans le cas de ce cher frère d’âme et d’attente (je n’écrirai pas de recherche : il baigne dans ce que d’autres ne savent ni demander ni chercher). Mercredi dernier, les pas au-dessus de sa cellule, alors qu’il n’y a personne, le démon… mais il ne décrit pas quoique je le lui demande ces pas, il répond : c’était surnaturel. Ce genre de réponse est saisissant à deux points de vue : aucune recherche d’affabulation, sens spirituel et discernement des phénomènes très assuré. J’ai déjà ressenti, pour le moment encore confusément, qu’il est tout à fait capable de diriger, au sens de remettre dans ses axes, quelqu’un qui aurait perdu tout repère à long terme comme dans l’instant d’un entretien spirituel, d’une visite à quelque père en expérience de la vie, c’est-à-dire de Dieu. Il a le don, manifestement, de la simplicité.

Il y a quelques jours, quittant l’école après y avoir déposé notre enfant, une jeune fille, yeux clairs, front pur, cheveux en bandeau du moins j’ajoutais cela, peut-être en imagination, je la regarde et l’ai aussitôt désiré, intensément, violemment, la silhouette était un peu épaisse, ces pantalons de toile comme si c’était du sac de couchage faisant les jambes en élépgant, le buste ne donnait aucune forme à voir ou deviner, c’était l’image d’une certaine tranquillité copieuse, enveloppante, solide. A l’écrire maintenant, une forme de la maternité mais propice à l’étreinte sexuelle et aux échanges de regards dans la nudité et la pénombre. Heureusement, et combien de fois l’ai-je expérimenté, ces désirs sans prénom à qui les dédier, sont sans prise, parce que cela « passe », s’oublie en quelques minutes, une totalité intense se défait, s’évanouit. Il n’y a d’ailleurs rencontre que de soi-même, précaire, vulnérable et providentiellement gardé – de soi, précisément, car céder, courir, rechercher, tenter serait aller à l’addiction et l’ivresse et si la vie est déjà ordonnée, faite, si les responsabilités, les acquis – à la vérité, tout le cycle de la confiance – sont là, en nous, ce serait folie et pis que mort que d’aller à la poursuite d’un papillon. Il m’a fallu une vie pour comprendre que prendre me faisait tout perdre.

Aujourd’hui, à la messe de Pentecôte que je viens célébrer à la chapelle de P., notre fille installant son oreiller puis son petit corps, pouce entre les lèvres, sur deux chaises à touche-touche de notre cher recteur D., prêchant et lisant en rouge-sang (martyrs et Esprit-Saint, même témoignage), j’ai vis-à-vis, de l’autre côté de l’autel, deux adolescentes, l’une s’ennuie et évalue tout dédaigneusement, le visage un peu lourd et rectangulauire d’une Catherine Deneuve résolument brune, noire de jais, les yeux trop grands, l’autre paraît moins présente d’abord, mais haussant soudainement un tout petit peu le menton, elle me donne à regarder un visage qui m’apparaît alors parfait quoique sans modèle, le nez a la même épaisseur tout à son long, il n’a pas de racine, prolonge un front qui est pur et réfléchi, les traits sont peu nombreux, les volumes sont des traits, il n’y a pas de masse, tout est simple, les yeux clairs, cette jeune fille a une âme, elle prie aux grands moments de ces trois quarts d’heure, elle est transparente pour l’essentiel en ce sens que je me mets à souhaiter éperdûment son bonheur et que je ressens avec certitude qu’elle le mérite. Netteté grave du regard, du visage cohérent et simple. Elle m’a souri un moment, sans savoir sourire, une sorte de grimace et de masque un instant, était-ce une offrande ou un signe ténu de gratitude, le seul que chacune de nos vies nous permette à jamais. Elle a quitté l’église avant que je puisse bouger, elle et sa sœur dont je n’ai pu comparer les silhouettes, le visage qu’il me reste à regarder de mémoire se simplifie encore, un contour, pas de traits intermédiaires, des yeux clairs mais sans insistance.

Avant-hier, la messe républicaine (notre recteur dixit)… deux ou trois femmes, que des hommes, tous ayant passé au moins la soixantaine, le rapport masculin-féminin inverse des dimanches. La messe des anciens combattants. Rite… je découvre des profils perdus, non loin de moi, ces hommes sont pieux, graves, accueillant sérieusement ce que la liturgie dispense même si – en dehors des sacrements qui se reçoivent en famille et donnent lieu à repas – ils ne viennent à l’église que pour sortir derrière le drapeau et aller au monuments aux morts écoûter le maire, la sonnerie quand il y en a une, le message du secrétaire à la Défense préposé à la commémoration.

ce qui concerne - textes du jour

Samedi 10 Mai 2008



Hier soir, 22 heures 42 + Ma déprime, sans doute la fatigue, des couchers trop tard, pas de production dans mes chantiers toujours au point mort, pas ouverts en écriture. Mais peut-être le signe d’autre chose ? Physiologique ? Une chose m’est cependant venue, à deux jours de la fête de la Pentecôte, Dieu ne me veut-Il pas davantage priant, davantage croyant, plus près de Lui, et cette douloureuse faiblesse, cette grisaille m’y amènent.

Ce matin, 07 heures 49 + Je m’éveille aussi déprimé que je m’étais mis au lit, la vanité de ce que je fais et de ce que je suis. Prier dans l’attente de ce moment – rythme des liturgies chrétiennes – de la Pentecôte. Les Actes rapportent, en termes qui pourraient être ceux des incroyants « du dehors », ce qu’entre détenteurs du pouvoir de l’époque on comprenait de la discussion entre Juifs et chrétiens : ikls avaient seulement avec lui certaines discussions au sujet de leur religion à eux, et au sujet d’un certain Jésus qui est mort, mais que Paul déclarait toujours vivant. Je remarque d’une part que ce qui finalement paraît anodin au gouverneur romain, Festus, ne le paraîtra pas au tribunal de César à Rome : condamnation à mort et exécution. Et d’autre part que notre auteur, Luc, qui a su interroger Marie, est très informé de dialogues qu’on dirait aujourd’hui au sommet. – Je m’aperçois que j’ai interverti hier les lectures d’évangile, ce qu’aucun de mes destinataires pitatifs ne m’a fait remarquer en retour… j’étais resté loin du texte, ne relevant que l’interrogation du Christ à Pierre et n’allant pas à la première lecture. Les « discours » ou les enseignements du Christ, après les repas, et non pas avant, nos liturgies d’aujourd’hui font le contraire… l’interrogation : Pierre m’aimes-tu ? ne veut pas, de la part du Christ, aboutir à la réponse connue d’avance, et qui fait le pendant, pas seulement au reniement pendant la Passion, mais aux professions de foi admirables de concision du chef des apôtres. Il s’agit bien d’une mission particulière. Avec l’incrustation d’une image forte, celle de la parabole du pasteur, des brebis, la bergerie, la brebis perdue, un résumé de tout l’enseignement sur le troupeau et sa garde. Des brebis qui n’appartiendront ni à Pierre ni à l’Eglise hiérarchique, qui sont les brebis de Dieu. Lui-même, Pierre, ne s’appartiendra plus. Les institutions ecclésiales et par extension le nouvel ordre politique qu’a ambitionné parfois le christianisme de fonder, ne sont pas pour eux-mêmes et leur perpétuation mais, en substitut provisoire de Dieu-même, une déperdition d’elle-même pour le service et la sécurité des ouailles. Déperdition de soi-même, cela commence dans notre rôle vis-à-vis de notre fille et la fonction parentale. Contemporaine de la fondation de son Eglise par Jésus, la loi romaine : elle est pour l’ordre, fin en soi, elle est appliquée par des personnes interchangeables, qui se succèdent à Césarée, par exemple. Ce que commencent le Christ puis ses Apôtres est au contraire relationnel, de l’amour mutuel, une mission de paix et de sécurité. Non pas un ordre acquis, mais un ordre à faire [1].
Et je m’aperçois – ma fatigue générale ? – que je n’ai rien interverti du tout mais que je me crois encore la veille (vendredi) du jour où nous sommes (samedi)… veille de la Pentecôte [2], dont j’attends, cette année, tant. Conclusion de l’évangile de saint Jean, l’amour de Pierre pour le Christ, mais l’amour de Jésus pour Jean… les destinées de chacun, censément indifférente de l’un à l’autre. Il y a chez Jean la sobriété de quelqu’un ayant atteint la plénitude d’une maturité, celle que donne la vraie connaissance, l’embrassement de la vérité. Jean est par excellence l’homme de la Pentecôte, structuré par l’Esprit-Saint, par une contemplation et une compréhension aussi intenses qu’il est possible à l’âme et au mental humain d’y parvenir. Conclusion aussi des Actes : Paul, censément prisonnier, ne sachant pas son sort final, prêche tranquillement avec une assurance totale et sans rencontrer aucun obstacle. Prêche qui n’est pas de morale ou de commentaire mais ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ dont il imite les dires : il annonçait le règne de Dieu, que nous oublions totalement à notre époque, figé dans ce que nous vivons, et regardons comme intangible, surtout dans les multiples injustices, bêtises et catastrophes dont nous sommes témoins et souvent complices. Tant que nous prions pas pour que ce règne arrive, nous sommes responsables de ce qu’il tarde. A notre niveau… mais à la Pentecôte, il y eut une langue de feu par personne.

Prier, seul avec tous et en Dieu, dans le silence où seuls les oiseaux et les couleurs de nos fleurs – jamais aussi belles depuis une décennie – donnent tranquillement leur accompagnement. Prier en même temps que chantent les oiseaux, moment précis du jour et surtout de l’âme, surtout quand elle doit se hisser de l’abîme et s’oublie elle-même, oublie l’âme, et monte, simplement. La prière est un autel où tout se passe. L’homme le sait depuis toujours quand il est religieux. Jean, le plus religieux au sens moderne, c’est-à-dire (pour nous) chrétien, a le privilège, reconnu par les autres disciples, de pouvoir interroger le Christ. Celui-ci lui répond, le priant, le contemplatif, celui qui demande reçoit réponse et précisément à sa question. La mienne, en cette veille de Pentecôte, est que mes aimées et moi, et tous ceux que je rencontre ou à qui j’importe, nous recevions tous force et flamme. Vie ! Ainsi soit-il.

[1] - Actes XXV 13 à 21 ; psaume CIII ; évangile selon saint Jean XXI 15 à 19

[2] - Actes XXVIII 16 à 31 passim ; psaume XI ; évangile selon saint Jean XXI 20 à 25

Sainte Thérèse d'Avila (1515-1582), carmélite, docteur de l'Église Chemin de perfection, 17 (trad. OC, Cerf 1995, p. 760)

« --Et lui, Seigneur ? ... --Est-ce ton affaire ? Toi, suis-moi »

Dieu ne conduit pas toutes les âmes par un même chemin. Celui qui croit marcher par la voie la plus humble est peut-être le plus élevé aux yeux du Seigneur. Ainsi, parce que dans ce monastère toutes s'adonnent à l'oraison, il ne s'ensuit pas que toutes doivent être contemplatives. C'est impossible, et l'ignorance de cette vérité pourrait jeter dans la désolation celles qui ne le sont pas... J'ai passé plus de quatorze ans sans même pouvoir méditer, si ce n'est en lisant, et il doit y avoir bien des personnes dans ce cas. D'autres sont impuissantes à méditer, même à l'aide d'un livre. Elles ne sont capables que de prier vocalement : cela les fixe davantage... Il y a bien des personnes semblables. Mais si elles sont humbles, je crois qu'en fin de compte elles ne seront pas les moins bien loties : elles iront de pair avec les âmes inondées de consolations. D'une certaine manière, leur voie est même plus sûre, car nous ignorons si ces consolations viennent de Dieu ou si le démon en est l'auteur... Ces personnes qui n'ont pas de consolations marchent dans l'humilité, craignant toujours qu'il y ait de leur faute, et elles ont un soin continuel de s'avancer. En voient-elles d'autres verser une larme, aussitôt il leur semble que, si elles n'en répandent pas, c'est le signe qu'elles sont bien en retard dans le service de Dieu, alors que peut-être devancent-elles les autres de beaucoup. En effet, les larmes, quoique bonnes, ne sont pas toutes parfaites, et il y a toujours plus de sécurité dans l'humilité, la mortification, le détachement et les autres vertus. Ainsi ne craignez rien, et dites-vous que vous ne manquerez pas d'arriver à la perfection, aussi bien que les grands contemplatifs.

Thérèse d'Avila - et sans doute celle de Lisieux aussi - était dépressive. Je ne pensais pas écrivant ce que j'ai écrit hier soir et ce matin à une telle coincidence maintenant. Dans la vie - censément spirituelle - la coincidence est fréquente, elle nous parle, mais je ne crois pas qu'il faille trop s'attacher à ces coincidences. la foi n'est pas faite de trucs et elle n'est pas superstitieuse.

vendredi 9 mai 2008

affectivité - textes du jour

Vendredi 9 Mai 2008


Prier… avant d’aller à la messe. Le crachin s’est installé, il fait gris et surtout silencieux. Fête de l’Europe, l’anniversaire de la proposition SCHUMAN, qui en parlera et qui y pensera aujourd’hui ? Pont mais pas férié… fête de l’imagination constructive et de la paix. Racine chrétienne s’il en est : réarmement moral, personnalités catholiques ferventes de GASPERI, SCHUMAN donc, et ADENAUER qui en réalité avait exposé la chose dans Le Monde un mois avant notre ministre des Affaires étrangères, mais de l’Allemagne la chose pouvait paraître suspecte ou dangereuse. Le détail de l’histoire n’est pas toujours écrit, mais se reconstitue. Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. L’affectivité dans l’évangile ? alors que Jésus conseille aux femmes de Jérusalem de ne pleurer que sur elles-mêmes et pas sur lui ? qu’il dissuade Marie-Madeleine de l’étreindre, ce dont il ne l’avait pas empêché chez le Pharisien ? qu’il manque gravement à ses parents en restant au temple, alors qu’il n’est qu’enfant ? L’affectivité, pour Jésus, est bien plus totalisante que nos jeux de sentiments, pulsions et attachement. Elle est l’expression d’une consécration. Et ces consécrations ne sont pas discrètes, elles répondent à un envoi impératif en mission, en bouleversement du monde, avec à la clé un sacrifice certain de nous-mêmes, de notre vouloir, de nos délibérations pour t’emmenert là où tu ne voudrais pas aller. Mais ce serait s’arrêter à la seule humanité de notre destin limité. Puis, il lui dit encore : ‘Suis-moi’. C’est ce que vit Paul, par son appel à César, puisqu’il.est citoyen romain de naissance. Les vrais chefs sont emmenés. VALERY dit, un chef c’est celui qui a besoin des autres. Jésus eut besoin de Pierre, celui-ci lui manqua mais fut pardonné : indispensable ? aimé ! Jésus ayant aimé les siens, les aima jusqu’au bout… [1]

[1] - Actes XXV 13 à 21 ; psaume CIII ; évangile selon saint Jean XXI 15 à 19

jeudi 8 mai 2008

entrer en amour - textes du jour

Jeudi 8 Mai 2008


Prier… dans le manque du nécessaire, l’angoisse du lendemain la dépression d’aujourd’hui. Discerner les moyens pratiques de nous en sortir, y voir aussi le chemin d’une remise en Dieu. Facile à concevoir et mots à aligner qui viennent d’eux-mêmes, mais de cœur et de vie… apaisés et attentifs ? responsables et conscients ? [1] Je garde le Seigneur devant moi sans relâche : il est à ma droite, je suis inébranlable. Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit mon cœur m’avertit. Paul pratique ce que le Christ avait recommandé, en cas de procès, ou de difficulté de son témoin, l’assistance de l’Esprit Saint non seulement ne fera pas défaut mais confrondra les adversaires. Le point faible de la coalition contre l’Apôtre est la croyance ou pas dans les êtres spirituels, débat qui est aussi contemporain. Répit court pour Paul qui de Jérusalem va être envoyé à Rome. Le texte tourne parfois au meilleur des romans à suspense. On ne s’ennuie pas. Le sommeil d’épuisement et de vacuité des disciples au jardin des Oliviers. Prière du Christ pour l’unité. Vœu qui n’est pas une déduction ecclésiale ni une expérience spirituelle, mais qui est une volonté expresse de Dieu et l’évidence d’un don : notre participation à la divinité, à la relation trinitaire. Qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé, et que moi aussi je sois en eux. Accomplir des œuvres encore plus grandes que celles de Jésus pendant sa vie terrestre, devenir parfaits comme notre Père est parfait : Dieu, aimer et en être habités comme chacune des trois personnes de la Trinité ! la dragée est haute, et pourtant à notre portée puisque c’est ce à quoi Dieu Lui-même nous appelle, nous invite. Seigneur, mon partage et ma coupe : de toi, dépend mon sort. Et pratiquement, ce sont nos vies – finies et compliquées par nos faiblesses et nos fausses croyances et nos vraies incrédulités – qui sont ce lieu et ce temps pour entrer en amour.

[1] - Actes XXII 30 à XXIII 6 à 11 ; psaume XVI ; évangile selon saint Jean XVII 20 à 26

mardi 6 mai 2008

pour eux, je me consacre moi-même - textes du jour

Mercredi 7 Mai 2008


Prier dans la surcharge, dans les appréhensions, dans l’espérance et dans la fatigue. Parmi la foule de ceux qui marchent ou qui souffrent et attendent, dans la solitude où me poussent, nous poussent ceux dont je voudrais la considération ou la simple présence, la réponse. J’ai veillé sur eux et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Ecriture soit accomplie. Le jansénisme a dû se fonder sur ce genre de texte, une prédestination effroyable. Jésus ne s’y attarde pas, ne nous y attarde pas : qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils soient comblés. Les fausses joies, illusions, façon de parler, mais les vraies erreurs, les addictions à quoi que ce soit ou à qui que ce soit, l’envopûtement par autrui. Ce qui caractérise l’attraction et la plén,itude divines, c’est qu’elles n’emprisonnent pas, on est toujours libre de s’éloigner de Dieu, de douter de Lui et les occasions ne manquent pas dans une vie, en ce sens notre faiblesse est facteur de liberté. Tandis que l’addiction, la culture du mal, l’effondrement intime de l’incrédulité, quand celle-ci n’est pas active recherche malgré l’obscurité où l’on se trouve par aventure ou de naissance (par imprudence aussi), de cela on peut, je crois, ne jamais sortir. Alors, on est enfermé. La représentation de l’homme, tombé et désespéré, au plafond de la Sixtine, recroquevillé, la main au visage, le regard inverti, pathétiquement aveuglé. Consacre-les par la vérité… pour eux, je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité. Le soin, aussi pathétique que le désespoir du damné, que prend Jésus, que manifeste Jésus pour ses disciples, pour nous, alors qu’il va lui-même à la mort. Ton Dieu l’a commandé : ‘Sois fort !’, montre ta force, Dieu, quand tu agis pour nous ! Les adieux du Christ, les adieux de Paul. Veillez sur vous-mêmes… soyez vigilants… et maintenant je vous confie à Dieu et à son message de grâce. Le déchirement des départs, des séparations, la mort de ceux qui nous ont « élevés » à tous les sens du terme, et plus triste, voire terrible, ceux qui n’ont pas cette séparation parce qu’ils n’ont jamais ressenti, vêcu dans leur vie la portance et la sollicitude d’affections et de dévouements par le sang ou par l’adoption. Ou la consécration (l’état parental, certaines vocations à soutenir autrui, tel médecin dans ma vie, tel religieux, parfois telle femme, j’en sais une, totalement désintéressée et aimante, ou tel homme… l’état conjugal bien sûr aussi et souvent plus proche de l’idéal que les rancis et les pauvres d’affectivité l’imaginent et le daubent). Pour eux, je me consacre moi-même. [1] Prier à pleurer, prier à sourire, prière à respirer, prier pour vivre et en devenir contagieux.


[1] - Actes XX 28 à 38 ; psaume LXVIII ; évangile selon saint Jean XVII 11 à 19

je leur ai donné - textes du jour

Mardi 6 Mai 2008

Prier ainsi, commencement ou fin ? et de quoi ? alors que Dieu est présence et nous appelle à une présence définitive et totale. L’Eglise propose à nouveau aujourd’hui le grand texte de dimanche sur lequel je ne suis que partiellement revenu. Denis développait, dans son homélie, la petite église romane d’au moins dix siècles avec ses fondations de cinq siècles encore antérieures, et nous étions là, la génération certainement la moins croyante et la moins ecclésiale de toutes. Glorifier, donner, connaître… le cycle entier de l’histoire humaine quand elle est méditée selon ce qu’elle a de surnaturel : tu as donné à ton Fils autorité sur tout être vivant, il donnera la vie à tous ceux que tu lui as donnés. De la Genèse à l’Apocalypse. Dieu à l’œuvre et les hommes le reconnaissant. Les hommes, chacun de nous, moi et les miens, don mutuel de chacune des personnes divines à l’autre. Ceux que tu m’as donnés, ils sont à toi et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi. Nous entrons dans ce don, sommes saisis par ce don en reconnaissant le Christ et l’ensemble de sa mission, de son œuvre, laquelle est précisément de nous amener à la foi, la connaissance. Texte dense et dont nous ressentons l’extrême simplicité, la cohérence sans pouvoir le dire. La prière surpasse les mots, les sentiments, nos sens, nos facultés. Tu répandais sur ton héritage une pluie généreuse, et quand il défaillait, toi, tu le soutenais. Paul au travail : vous savez comment je me suis comporté tout le temps où j’étais avec vous… j’ai servi le Seigneur en toute humilité, dans les larmes… vous savez que je n’ai rien négligé de ce qui pouvait vous être utile… on ne peut pas me reprocher de vous avoir menés à votre perte, car je n’ai rien négligé pour vous annoncer le plan de Dieu tout entier… et maintenant je suis certain que vous ne reverrez plus mon visage, vous tous chez qui je suis passé en proclamant le Royaume. Pas plus beau bilan, pas d’adieu plus poignant. Les deux fondements de l’Eglise dans sa foi – si l’autorité est celle de Pierre dans laz profession de cette foi – sont bien Jean, qui connaît et connut et Paul qui propagea et dépensa tout de lui-même. Une des forces du christianisme est que ses Ecritures sont à tant de mains, selon tant de tempéraments et de circonstances, et pourtant si cohérente, s’appelant les unes les autres. Ni une tradition multiple et anonyme comme il semble que soient les dits des sages de l’hindouisme ou ce qui est rapporté du Bouddha, ni un écrit fulgurant mais de plume unique, celle de Mahomet. Quoique ces écrits-là sont à joindre aux nôtres, bouquet de l’humanité quand elle tend (et arrive) à Dieu [1].

[1] - Actes XX 17 à 27 ; psaume LXXXVIII ; évangile selon saint Jean XVII 1 à 11

dimanche 4 mai 2008

solidité - textes du jour

Lundi 5 Mai 2008

Prier…. [1] l’attente de l’Esprit-Saint, l’imposition des mots après un dialogue théologique, un ministère, d’une certaine manière la vie quelconque de l’Eglise originelle, mais les justes sont en fête, ils exultent ; devant la face de Dieu ils dansent de joie. La pastorale parfaite est évidemment celle du Christ : voici que tu parles ouvertement, sans employer de paraboles. Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et qu’il n’y a pas besoin de t’interroger. Voilà pourquoi nous croyons que tu es venu de Dieu. Or, cette profession de foi n’a pas de solidité puisque dans les heures qui suivent, les disciples s’égaieront tous quand Jésus sera arrêté, et sauf Jean, aucun d’eux ne sera au pied de la croix. Jésus le sait : l’heure vient – et même elle est venue – où vous serez dispersés chacun de son côté. L’affirmation centrale est tout humaine, un appel à la confiance que fonde la toute puissance. Notre foi n’est ni désespérée ni déraisonnable : ayez confiance : moi, je suis vainqueur du monde.

[1] - Actes XIX 1 à 8 ; psaume LXVIII ; évangile selon saint Jean XVI 29 à 33

samedi 3 mai 2008

voir et accomplir - textes du jour

Samedi 3 Mai 2008


Prier… tant de « choses », mais quelques visages, quelques âmes… vrais repères et ancrages dans la réalité de la vie tandis que l’absurde, l’échec, la mort, le dédain, les engrenages de l’indifférence ou de la bassesse dont personne n’est responsable mais qui sont notre civilisation et notre société… nous cernent et m’oppressent. M’oppriment. Ce n‘est pas nouveau, mais par moments, c’est assaillant. Mémoire de Pierre BEREGOVOY, aussi, autour de laquelle on s’agite. Pourquoi ? Relisant-déchiffrant mon carnet de l’époque, je vois que Raymond BARRE témoignant du « coup de blues » qu’un Premier ministre éprouve en quittant Matignon, a parlé de prier…[1]. Mystérieuse relation trinitaire, dont l’explicitation, autant qu’il est possible, commence par celle du Fils avec le Père. Le Christ dit ici le Père et non mon Père. La relation est de mutuelle habitation, au sens le plus fort et en fait indicible. Relation de Lui à Dieu, et de nous à Dieu, le Père, et à Lui, qui est de mouvement, de passage de départ. L’identité et la communion divines sont de l’ordre de l’être et au présent (donc, de l’ordre de l’éternité), mais toute la nature, toute la relation, et surtout toute l’accessibilité pour nous sont de l’ordre de l’action, une action nous prenant en entier, une action qui est prière et qui est passage (mouvement et station). Personne ne va vers le Père sans passer par moi… je suis dans le Père et le Père est en moi… c’est le Père qui demeure en moi et qui accomplit ses propres œuvres… je pars vers le Père. Les deux plans, celui de notre condition humaine que partage le Christ lors de ce « discours », la nôtre : accomplir des œuvres, en avoir accompli, demandez quelque chose en invoquant mon nom, et moi je le ferai, et le plan surnaturel auquel nous sommes appelés. Mais ce plan transparaît dès maintenant, le départ du Christ annonce même une condition humaine encore plus efficace et douée : celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père. Œuvres de Dieu-même. Visage et apparition d’un Dieu se laissant voir, autant dire : saisir, par le Christ au soir de la Cène, pendant sa vie terrestre, dans sa Passion, et selon sa Résurrection à nous mystérieusement, très concrètement aux apôtres, dont Paul sur son propre chemin.


[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XV 1 à 8 ; psaume XIX ; évangile selon saint Jean XIV 6 à 14

vendredi 2 mai 2008

je vous reverrai - textes du jour

Vendredi 2 Mai 2008


Prier… [1] vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai et votre cœur se réjouira. La comparaison usée par un homme pour d’autres hommes, de la femme qui accouche. Et Jésus ne dit pas : vous me reverrez et serez alors heureux, mais je vous reverrai. Et quelle est cette joie, par essence maternelle ? quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de son angoisse, dans la joie qu’elle éprouve du fait qu’un être humain est né dans le monde. Le bonheur d’avoir apporté quelque chose de décisif, d’absolu, le bonheur du don et de s’être donnée, le bonheur du résultat : magnifique. Dieu autant mère que père, et le Fils attestant d’une expérience parentale… votre joie, personne ne vous l’enlèvera. En ce jour-là, vous n’aurez plus à m’interroger. Joie et connaissance, dans l’Ecriture, vont de pair, c’est la proximité, le partage, la communion les plus intenses que la connaissance, le discernement, la possession de tout. Il choisit pour nous l’héritage. Dans l’attente et dans la période de gestation, d’enfantement où nous sommes de nous-mêmes et du monde, Dieu ne nous quitte pas : sois sans crainte, je suis avec toi. Redite dans les Actes de la promesse faite par Jésus à ses disciples au moment de son Ascension. Promesse et apparition en rêve qui sont aussitôt confirmées par l’attitude des autorités contemporaines de saint Paul. Mais l’apostolat de celui-ci commence par les milieux juifs de Corinthe. Tandis que vient de se commémorer la shoah, il n’est pas indifférent de se souvenir – aussi – que la propagation du christianisme a eu comme vecteur principal et décisif le peuple juif, lui-même. Le vœu mystérieux de Paul. Est-il explicité plus loin ? et il s’embarque, traversée de retour, avec deux jeunes femmes.

[1] - Actes XVIII 9 à 18 ; psaume XLVII ; évangile selon saint Jean XVI 20 à 23

jeudi 1 mai 2008

rendez-vous et mission

Jeudi de l'Ascension (1er Mai) 2008
Prier… [1] les disciples doutent encore, certains d’entre eux sans quer l’évangéliste disent lesquels. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. Ils voient mais ils doutent, donc ils doutent. Notre vie intérieyure arrangée avec elle-même, mais le fait de la présence de Dieu, quand il nous devient sensible – ce qui peut arriver, nous arriver – est déconcertant. Attendu, prié, espéré mais bouleversant. Jésus a donné un point de rencontre, y a-t-il un précédent, d’ordinaire c’est lui qui vient à ses disciples, ou bien ceux-ci le cherchent et le trouvent. Là, il y a un rendez-vous, on y va, on se déplace mais il n’y a pas spécialement à chercher. Jésus a choisi un lieu, d’ordinaire il choisit un moment. De lieu que ceux prescrits par les Ecritures : Bethléem ou le Temple, le Cénacle aussi a été choisi. Résumé d’un enseignement. Toute puissance de Celui qui envoie, de toutes nations faites des disciples… et comment et en quoi… et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. Ce qui peut parler à nos sensibilités. C’est la force même, le pouvoir, la vigueur qu’il a mis en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts. Nature de la toute puissance du Christ, une puissance reçue : tout pouvoir m’a été donné, et destin-signification de l’Eglise, sens profond de l’évangélisation et de la mission des disciples : l’Eglise est l’accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude. Un Christ qui reçoit, il obéit à Dieu son Père et se donne aux hommes. Il en reçoit même sa résurrection, et de la Vierge Marie, il reçoit sa chair.Voeu tranquille de l’apôtre, non pas que son enseignement, ses textes et prédications se propagent, mais qu’une rencontre personnelle se fasse : frères que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un Esprit de sagesse pour le découvrir et le connaître vraiment. Récit de la conclusion humaine de la vie du Christ : vous serez mes témoins jusqu’aux extrêmités de la terre… Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. Image qui se complète de la même iconographie que le tombeau vide : les anges donnant le sens de ce qui se voit et n’est pas compris. Les dernières instructions du Christ sont données dans l’Esprit saint. Cette fête de l’Ascension, austère, bonne pour les peintres, ne se prête qu’à notre agenouillement silencieux, et pourtant elle est une mise en mouvement total, nous en savons assez, nous avons à le dire à autrui. Ce qui aujourd’hui passe par l’exemplarité bien plus que par le texte. Le mien – adressé d’abord à moi-même – n’est que proposition de partage au passant ou à l’intime, également inconnus, selon notre commune condition humaine.


[1] - commencement Actes des Apôtres I 1 à 11; psaume XLVII ; Paul aux Ephésiens I 17 à 23 ; évangile selon saint Matthieu XXVIII 16 à 20