samedi 31 décembre 2011

que le Seigneur tourne vers toi son visage - textes pour ce jour et toute suite

Dimanche 1er Janavier 2012


Inextinguible espérance. C’est elle qui donne le sens aux lieux, aux moments, à toute relation. Et il n’y a d’espérance qu’en autre que nous-mêmes, qu’en autre qu’analogue à nous, il n’y a d’espérance, toujours reçue, jamais happée ni construite, qu’en …quel que soit le nom que nous Lui donnons… quelles que soient nos demandes ou nos silences ou nos désespoirs. L’espérance n’est pas le contraire du désespoir, elle le contient, le transfigure et en fait quelque chose que Dieu nous rend, transformé, devenu notre sourire et notre aboutissement. Prier par conséquent… [1] ... ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire. Pas de texte ni d’échange que l’évangile rapporte entre ces premiers visiteurs de la Sainte Famille, certainement inattendus. Mais cette propagation ensuite, comme se fera celle des miracles opérés par le Christ, puis celle de sa résurrection. Le point commun à ces trois contagions-télmoignages, c’est l’exactitude vérifiée d’une annonce. Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s’étonnait de ce que racontaient les bergers. La plus étonnée, quoique la première mise au fait de l’ensemble des événements et de leur sens, pour les siècles des siècles, est sans doute Marie : elle a de la méthode, contemplative et ingériorisante, elle ne caractérise rien de l’immédiat, elle le prie. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Elle a confiance, elle respire la confiance et la disponibilité, là sont sa liberté, son accomplissement, son exemple. La théorisation ou la théologie viendront plus tard et jamais de son fait, d’une certaine manière cette femme toute spirituelle, est très pratique. Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme, il a été sous la domination de la loi de Moïse pour racheter ceux qui étaient sous la domination de la loi et et pour faire de nous des fils. Et voici la preuve que vous êtes des fils : envoyé de Dieu, l’Esprit de son Fils est dans nos coeurs, et il crie vers le Père… Puissè-je crier ! Cette amante si intelligente, et inoubliable donc, qui me disait, me répétait : mais crie donc ! Nos formules de vœux, si faibles, qui sont d’ailleurs en circuit fermé comme si nous-mêmes, chacun de nous, pouvions réaliser pour autrui et pour nous-mêmes, ces « souhaits ». Je préfère dire, écrire et penser : nos demandes pour nous-mêmes et plus encore pour les autres, puisque notre bonheur dépend de celui des autres, c’est celui des autres. « Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » … C’est ainsi que mon nom sera prononcé sur les fils d’Israël, et moi, je le bénirai. … Voici comment Aaron et ses descendants béniront les fils d’Israël : « que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi, son visage, qu’il se penche vers toi ! ». Ainsi soit-il, prière redondante du psalmiste : que ton visage s‘illumine pour nous, et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations [2].


[1] - Nombres VI 22 à 27 ; psaume LXVII ; Paul aux galates IV 4 à 7 ; évangile selon saint Luc II 16 à 21

[2] - Merveille d’architecture littéraire, ce psaume de 8 versets, d’une symétrie parfaite, épouse la forme du chandelier à 7 branches. Il fut à ce titre l’objet d’une sollicitude particulière de la part des cabbalistes, avec son allusion à la bénédiction des cohanim, donc à Aaron, premier des Grands-Prêtres qui était chargé d’allumer la mé,nora du temple. Selon ces mêmes cabblistes, le lecteur de ce psaume doit visionner dans sa tête la ménora et insister sure chacun des 49 mots (7x7) et des 49 lettres du verset médian. Ces multiples de 7 sont évidemment à rapprocher des 7 semaines (49 jours) du ‘omer qui séparent Pessah de Chavou’ot.Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.

nés de Dieu - textes pour aujourd'hui

Samedi 31 Décembre 2011



Prier… les hommes, les femmes, les pays, notre époque… souffrances, bêtises et parfois sourire. Fraternité des enfances qui reviennent au seuil du troisième âge. Misère et magnificence, corps et âmes. [1] Celui qui est saint vous a consacrés par l’oinction et ainsi vous avez tous la connaissance (l’ambition d’Eve, du premier homme, de notre époque, le dire de Gagarine, les écrits de nos Nobel agnostiques, cette sorte de cri fraternel de mon si cher Jean-Marcel Jeanneney, il y a deux ans, à propos de la suite, de la vie éternelle : on ne sait pas) Je ne vous dis pas que vous ignorez la vérité, mais je vous dis : « Vous la connaissez », et la vérité ne produit aucun mensonge. Parabole de la politique, notamment chez nous, dès ce soir et pour les six mois à venir. Commandement pour ma vie, regard, comportement, conversion. Les arbres des forêts dansent de joie, devant la face du Seigneur, car il vient, car il vient pour juger la terre. [2] Le « jugement » tel qu’il est présenté dans les religions monothéistes ou les images et idées que nous en développons, est en réalité une fête, l’accueil et le crible de Dieu, qui nous connaître, nous aime. En vérité. La vérité unique est celle de Dieu, est Dieu-même. Dont nous sommes les enfants, frères d’adoption de son Fils. A tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de poouvoir devenir enfants de Dieu. Et tous les croyants emportent – comme le Christ les emportent – ceux qui ne croient pas ou disent ne pas croire, gerbe du salut, procession de tous à égalité et au premier rang pour la vie éternelle, la réconciliation, la création reprise et aboutie. Joie au ciel ! Exulte la terre ! Et à travers tout aujourd’hui, hier et demain, la confiance que nous recevons, que je reçois : espérance surnaturelle et si humaine. Communion avec tous. Amen. Celles et ceux que je connais et aime, qui m’aiment, et les innombrables que je ne connais pas mais aimerais s’il m’était donné de les rencontrer et connaître selon leur visage devant Dieu et aux instants de leur naissance et de leur mort. Bonne route aujourd’hui et pour l’an prochain. Je me le souhaite, le souhaite à tous. Et j’y crois.



[1] - 1ère lettre de Jean II 18 à 21 ; psaume XCVI ; prologue de l’évangile de saint Jean I 1 à 18

[2] - Si à la suite d’Israël, incitées par lui, les nations proclament le règne de Dieu, alors le monde connaîtrait la félicité éternelle, grâce à la justice et à la droiture. « Les cieux se réjouiront, la terre exultera, la mer mugira ». Ce sera l’ère messianique où on entonnera un chant nouveau. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. Israël missionnaire ? la Palestine et les Palestiniens… l’Eglise ? missionnaire ? proclamer quoi ? devant la mort, la souffrance et nos propres actions d’illégitimité et de mépris ?


jeudi 29 décembre 2011

l'Esprit Saint était sur lui - textes du jour

Vendredi 30 Décembre 2011


Hier

11 heures + Si j’avais à dire ou à écrire « ma vie spirituelle », je dirai qu’elle est vie relationnelle à Dieu, car tout le reste des mouvements du cœur ou de l’esprit prête au roman, au poème, au travail intellectuel mais tâtonne. Orientée et axée ainsi – mystérieusement, inexplicablement si ce doit être autrement que par les Ecritures et l’initiative de Dieu, motivée uniquement par Lui-même – c’est une vie objective, ailleurs que dans le narcissisme ou la mémoire ou le fantasme. Quant à cette relation qui m’échappe si je veux la définir ou l’expliciter, mais qui est présente, structurante si je me rends seulement à elle, à sa vérité, je dirai tout simplement que toute mavie – jusqu’à présent – j’ai reçu la certitude à la fois des sens spirituels et de tous autres chemins de perception humaine d’être constamment accompagné, secouru même quand j’étais en pleine dépression, au fond de l’échec, de la souffrance morale, voire physique, échecs professionnels, drames amoureux, et toutes incertitudes. A partir de là, pas du tout unbe apologétique mais une réponse que je dois donner : aimer Dieu et L’entendre, pour moi, pour les miens, pour le monde et quotidiennement pour travailler, ne pas être fou et être, pour les miens et tous tiers, davantage supportable, utile, voire agréable.

22 heures 41 + La crèche vivante à Sainte-Anne d’Auray. Quelques paroisses alentour, depuis teize ans. Cette année, plus de dix-mille spectateurs en pas dix jours. La queue sous tente est calme, le silence est religieux c’est le cas de l’écrire dans la salle dite Jean Paul II où j’ai participé il y a quinze ans à une journée de rencontre pour célibétaires de vingt-cinq à quarante ans, j’en avais déjà plus de cinquante, j’avais le cœur à vif, et les itinéraires blessants, sans compter ma disgrâce professionnelle et les commencements sentis de ma gêne financière. Un animateur – prêtre diocésain – diagnostiqua pendant que nous rangions les tables après la synthèse en fin d’après-midi des divers « ateliers », j’avais été désigné pour rapporter les propos d’un des groupes et rédigeai ensuite une note pour l’évêque sur la pastorale des célibataires… que j’avais passé l’âge de rencontrer qui que ce soit en vue du mariage. Deux des jeunes participantes que j’accompagnais, sans projet de ma part mais très amicalement pendant quelques mois, se sont mariées et cela a été un fiasco, avec cependant un enfant. Comme prisonnières d’un maléfice, elles sont entourées d’un silence que je sens pas de leur fait. Rencontrant l’une d’elles par hasard, j’ai appris le désastre mais le bonheur, au moins, d’être mère. – Autre réminiscence, des pélerinages-pique-nique et bannières, « grand pardon » et défilé des coiffes, chaperaux ronds et binious, dans mon enfance du tout début des années 1950, trois générations de ma famille depuis La Baule ou même Bellevue dans la presqu’île de Séné.


Maintenant, c’est peu de paroles, simples. Des tableaux vivants d’une présentation de vie quotidienne à l’Annonciation, au songe de Joseph, à la Visitation, à l’édit de César Auguste, et ainsi de suite tandis que les deux agnelets têtent en frétillant frénétiquement de leur petite queue molle, que la vache se hausse de temps à autre avec la brebis pour mieux voir et que l’âne, sans doute du Poitou selon son poil, est évidemment touchant. Marguerite sur mes genoux. Nous retenons, elle : les animaux, et l’enfant nouveau-né très emmailloté, et si bien donné qu’elle le croit vivant, même en étant allée le voir après la conclusion, et moi, cette intense tranquiillité des mouvements d’ensemble et le hiératisme de la fiancée, de la visiteuse, de la parturiante. Regarder sans détailler et se laisser aller, c’est probablement l’un des seuils de notre propre présentation au Temple…


La beauté… la jeune fille « jouant » la Vierge Marie, quelconque, le nez trop long à l’entrée en « scène », et peu à peu le fil de l’histoire, un très ingénieux et pieux changement – en même temps que très progrssif – de son vêtement, une lumière intérieure calmant et adoucissant le visage jusqu’à l’essentiel qui n’était plus trait mais vérité d’un volume seulement attentif… la jeune fille était devenue belle et le simulacre de nouveau-né la faisait rayonner plus que tranquillement. Hier, cette autre jeune fille dont je n’ai pas même remarqué ou chercher à savoir si elle était bien faite, quoiqu’en maillot de bain, la piscine encore avec notre fille, mais ses yeux d’abord pour elle-même puis en dialogue aux côtés de son petit frère, d’un jeune beau-frère et de leur mère à tous trois, famille recomposée et sans que l’un ou l’autre des géniteurs soit encore au foyer : texte lamentable, mais question de la jeune fille, je vous ai déjà vu… c’est elle qui a trouvé, petit « boulot » d’été à servir à la boulangerie où sa grâce il y a trois ans m’avait émerveillé et je l’en avais félicité. Elle en avait été alors gênée, mais dans le dialogue de maintenant, elle en était, rétrospectivement, très heureuse : elle avait retenu ce qui était plus qu’un compliment, sans doute une preuve d’existence dans le regard, l’estime d’un autre. Grâce que la beauté féminine m’amène à la joie de l’action de grâces et non plus à l’angoisse de la « conquête ». Le regard intérieur qui regarde. La couleur et la brillance, si proches d'une eau sur fond de verdure... les deux soleils noirs sur pierre-prunelle bleu-vert... une expression de soi tellement belle que ce n'était plus naguère ou hier celle d'une jeune fille, mais un univers, l'univers. D'avant et d'après le temps. Peut-être la prière telle qu'elle peut arriver à Dieu.


Pour tromper l’attente, nous étions allés dans la basilique, elle est priante parce que populeuse, bruissante parce qu’on s’y rencontre. Une crèche, ici simplement votive, a été intelligemment dotée d’une petite bâtisse voisine, semi-vide sauf des simulacres de cadeaux et l’on en fait le tour avant de trouver la grotte, ses statuettes, sa troupe et l’enfant central. Marguerite, comme à son habitude, a le tropisme des bougies et petites lampes, elle ne s’arrête pas au tarif des neuvaines, ne m’interroge que sur le préposé à l’entretien des flammes. Sur l’autoroute, comme je lui rappelais que la prière peut n’être qu’un mot semi-murmuré, Jésus je vous aime et que nous admirions un éclat aveuglant du soleil à ne plus distinguer son globe entre un plafond lourd de nuages noirs et un horizon précédé d’un laiteux tranquille, elle m’avait défini si exactement le rôle du prêtre dans ce qu’elle vit et que nous vivons, que je m’étais écrié d’admiration et qu’elle m’avait répondu être assurée que ce qu’elle disait était juste, quoique ou parce que venant de son fonds propre. Le livre d’or sous le grand portrait de Jean Paul II. J’y écris ma reconnaissance pour l’entretien de Février 1995, inoubliable tête-à-tête pas seulement par le fait mais tant le pontife fut fin, humoristique, vif de répartie, homme d’Etat attentif avant la messe privée du lendemain, où seul laîc je rencontrait l’humble curé de campagne, homme d’action de grâce, de préparation à la liturgie, tranquille. Ma fille continue, spontanément : que Jésu soit avec toi et te déni… m’aime si je te tais pas mi de bougie, je t’aime canmaime. J’ai eu le tort ensuite d’écrire la « traduction ». Je lui ai simplement dit de qui il s’agit, et elle l’a nommé tout à l’heure dans sa prière du lit…

Ce matin

07 heures 35 + Prier… la nuit encore étoilée, le Seigneur fait les cieux : devant lui, splendeur et majesté, dans son sanctuaire, puissance et beauté, c’était le psaume d’hier… Aujourd’hui est simplement relationnel, fête de la Sainte Famille. Relation = souvenir… rien que des paroles de la veille ou celles avouant une vie, récit hier soir au téléphone, à nouveau, du mariage en 2000 d’Ousmane 22 ans et de Mouna 17 ans, de la mort maintenant à la veille juste d’un Noël que le familier de mon moine, quoique demeuré musulman, devait célébrer avec celui-ci, comme je le fis en 2002, l’oratoire décoré à la maure, un disque de Solesmes et dehors le sable rouge et deux chiens du désert (Zozo et sa mère +), abattus par le propriétaire des lieux quand ceux-ci leur furent rendus pour cause de départ en France. Il s’est toujours souvenu de son alliance… [1]souvenez-vous des merveilles qu’il a faites… oui, survivre au chagrin, au malheur, à la défaite… joie pour les cœurs qui cherchent Dieu… nous mettre les uns les autres sur cette trajectoire. Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l’enfant Jésus pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient. Syméon prit l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu. Nunc dimittis de mon enfance, de toute enfance parce qu’elle ne connaît de la vieillesse que sa force, celle des structures familiales. Lumen ad revelationem gentium…. La prophétesse Anne ne prend pas Jésus dans ses bras, elle tourne autour, elle s’adresse à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem, soit l’univers entier de l’époque. Syméon, lui, est dans le cercle apparemment restreint mais décisif : Dieu, la Vierge Marie. Ô Maître, tu peux laisser aller ton serviteur dans la paix, selon ta parole… Syméon les bénit puis il dit à Marie… la genèse de tout : Abraham eut foi dans le Seigneur et le Seighneur estima qu’il était juste. Le Seigneur intervint en faveur de Sara, comme il l’avait annoncé ; il agit pour elle comme il l’avait dit. Elle devint enceinte et elle enfanta un fils pour Abraham dans sa vieillesse, à la date que Dieu avait fixée. C’est aussi ce qu’il nous est arrivé [2].


[1] - Ce texte pourrait être classé parmi les psaumes historiques et il faudrait même considérer les six premiers versets comme une introduction à ce remarquable raccourci de l’histoire d’IsraPel ; car ils invitent le lecteur à louer Dieu et à « publier ses hauts-faits et ses prodiges auprès des nations », étant entendu que l’histoire d’Israël n’est rien d’autre qu’une succession de miracles. En outre, cette histoire remonte à « Abraham son serviteur, aux fils de Jacob, ses élus », auxquels il avait promis de donner la terre de Canaan en héritage. Et on sait par tradition que ce serment a été renouvelé auprès de chacun des trois patriarches. Les versets 1 à 15, ont été repris dans la liturgie de tous les matins en guise de préambule aux pessouqé dézimra. Ils se retrouvent dans le livre des Chroniques, chapitre 16, avec quelques variantes. Le psalmiste suit la chronologie de la Genèse. A la suite d’une famine, Joseph, vendu comme esclave en Egypte, en devient le maître. Jacob et sa famille descendent en Egypte où ils sransforment en peuple nombreux et puissant. Après une dure servitude, Moïse et Aaron sont envoyés par Dieu pour provoquer les dix plaies et délivrer le peuple. Le séjour dans le désert est marqué par les colonnes de nuées et de feu protectrices, par l’épisode des cailles, la manne et l’eau du rocher. Israël rentre dans la terre promise avec pour mission d’observer les commandements de la Tora. Et le psaume se termine comme il avait commencé : Halelouya ! Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. Rien, mieux que ce commentaire, montre la différence d’attitude pour écrire et vivre l’histoire spirituelle de l’humanité entre juifs et chrétiens. La geste d’Israël, pour le chrétien, est la parabole, très factuelle et d’autant plus significative qu’elle est factuelle, historicisante, de l’histoire universelle, de l’histoire de l’humanité, créée et choisie. Israël n’est pas pour lui mais pour toute l’humanité. L’Eglise n’est pas pour ses « fidèles » mais elle est l’image de toute l’humanité. Ouverture ou repliement ? nous nous retrouvons cependant dans le recueillement, où nous accueillent aussi les musulmans, méditant la même histoire et dans un sens proche de celui qu’y attachent les chrétiens.

[2] - Genèse XV 1 à 6 & XXI 1 à 3 ; psaume CV ; évangile selon saint Luc II 22 à 40

mercredi 28 décembre 2011

et, toi-même, ton coeur sera transpercé par une épée - textes du jour

Jeudi 29 Décembre 2011


Il me téléphone, six jours après la mort de sa femme, simplement parce qu’il n’a personne à qui l’apprendre, avec qui évoquer un mariage aux dix-sept ans de celle-ci et à ses vingt-cinq ans, en 2000. Il m’émeut aux larmes… larmes de pitié, de tendresse et surtout de rage et d’impuissance. Il me téléphone simplement pour me dire qu’il est si mal qu’il préfère que je raccroche et je conviens de le rappeler. Ce que je fais. Tu ne peux pas comprendre… j’ai quitté Nouakchott parce que j’étais trop endetté. Ici – c’est sa « brousse » familiale et sans doute natale, un terrain de plusieurs hectares, m’avait-il dit il y a quelques années, mais pas les moyens de le clôturer, donc cultures impoossibles, les animaux, et en sus des inondations casatrophiques deux Septembre de suite, précédentes conversations. Quatre enfants, le dernier né le 14 Janvier dernier, prénommé Yacoub, comme « mon » moine dont il a été le familier. Retour de ce dernier en France, puis décès, catastrophiques. Il est descendant d’esclave affranchi. Si tu n’as ni argent ni relation ni famille, à l’hôpital on ne t’écoute pas. On ne te dit pas ce qu’elle a puisque tu n’as pas de quoi payer [1]. Deux opérations du vivant du Père Yacoub qu’il payait. Cancer de l’uterus. Que puis-je ? Un autre me téléphone aussi de temps en temps, lui aussi affranchi mais demuré à Nouakchott où il a été factotum du principal opposant politique aux dictatures militaires, puis de la veuve d’un homme politique de grand prestige et de premier plan : chacun l’a laissé tomber. L’Afrique, la société, nous, c’est cela, tandis que j’entends dégoiser une chef du service marketing grand voyage à la SNCF pour expliquer les hausses de tarif et rappeler que 80% des usagers voyagent à prix réduits, que les augmentations sont la répercussion des hausses de TVA récentes et que… investissements d’un millliard d’euros pour une trentaine de rames de TVG, les lignes vers la Méditerranée… tandis que se concocte le pacte compétivité-emploi consistant à dimunuer les salaires, au prochain coup les retraites… et cela continue, continuera… je n’ai pas connu la femme d’Ousmane, mais sa délicatesse à lui et à la manière dont ces dix ans je l’ai entendu parler et d’elle et de leurs enfants… il a conclu timidement : Dieu l’a voulu… Non, Dieu ne veut pas cela, mais que m’inspire-t-il de faire ? d’être ? sans doute aurai-je dû régulièrement lui téléphoner pour apprendre, savoir, intervenir, conseiller le comportement, me porter caution par des amis sur place ou dans la capitale… Brakeol, adresse : galaxie où se trouve la planète et son étoile que d’aucuns ont appelé terre et soleil. Sur place, c’est une sorte de sable rouge. Il y a un fleuve plus au sud. Très au nord se réfugient des sans-loi qu’on appelle intégriste, Aqmi ou autres, ce qui a toujours été. Dans la capitale, règne un putschiste que la France a légitimé d’ordre de l’Elysée contre les ministères et même les « services » compétents.


Prier… apparemment, c’est trop tard, et l’objet est hors procédure. Prier pour moi et les miens, sans doute, pour le monde vaguement et précisément : oui. Jésus eut pitié de cette foule…. Jésus le regarda et l’aima… En vérité, je te le dis, ce soir, tu sera avec moi en paradis. … Il essuiera toutes larmes. Souffrir, soi-même ? d’accord, mais que l’autre souffre ? non ! Je prie avec l’âme de « mon » moine. C’est lui que cela regarde, qu’il fasse… [2] Syméon, par grâce, a discerné l’auteur décisif du salut : l’Esprit lui avait révélé qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie du Seigneur… Mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face des peuples… mais il prophétise aussi pis que la mort à la jeune mère qui porte le Messie : toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée. Il gâche tout ? ce jour-là… l’évangéliste note que le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qu’on disait de lui, mais il ne rapporte pas la réaction ou la réplique de Marie à ce qui la concerne, comme une seconde Annonciation. Or, celle-ci, sa principale informatrice pour les récits de cette décisive enfance, la lui a certainement donnée. La Vierge Marie face à la souffrance, à la mort, les siennes, celles des autres. Indication : son attitude à Cana. Faites tout ce qu’il vous dira, alors même qu’elle s’est fait rabrouer par son Fils, le Christ. Les ténèbres sont en train de disparaître et déjà brille la vraie lumière… Celui qui aime son frère demeure dans la lumière. Que révèle cette lumière ? Lui, le Seigneur a fait les cieux : devant lui, splendeur et majesté, dans son sanctuaire, puissance et beauté… racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles ! [3] … mais, moi, comme presque tous, je n’ai qu’une morte, une jeune morte que vous apportent Seigneur, son mari et leurs quatre enfants, après une nouvelle nuit : noire.


[1] - j’ai su qu’autour de l’hôpital de Nouakchott (qui n’est pas, en cela, exceptionnel), à des époques récentes, il y avait eu des cadavres, ceux qui avaient attendu, déposés par leurs parents … et il est notoire qu’en Afrique du nord-ouest, Maroc, compris et dans tout le Sahel, il faut payer ses médicaments et les pansements quand on est hospitalisé, et pour plus de sûreté les apporter avec soi

[2] - 1ère lettre de Jean II 3 à 11 ; psaume CXVI ; évangile selon saint Luc II 22 à 35

[3] - Si à la suite d’Israël, incitées par lui, les nations proclament le règne de Dieu, alors le monde connaîtrait la félicité éternelle, grâce à la justice et à la droiture. « Les cieux se réjouiront, la terre exultera, la mer mugira ». Ce sera l’ère messianique où on entonnera un chant nouveau. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. Israël missionnaire ? la Palestine et les Palestiniens… l’Eglise ? missionnaire ? proclamer quoi ? devant la mort, la souffrance et nos propres actions d’illégitimité et de mépris ?

Jeudi 29 Décembre 2011


Il me téléphone, six jours après la mort de sa femme, simplement parce qu’il n’a personne à qui l’apprendre, avec qui évoquer un mariage aux dix-sept ans de celle-ci et à ses vingt-cinq ans, en 2000. Il m’émeut aux larmes… larmes de pitié, de tendresse et surtout de rage et d’impuissance. Il me téléphone simplement pour me dire qu’il est si mal qu’il préfère que je raccroche et je conviens de le rappeler. Ce que je fais. Tu ne peux pas comprendre… j’ai quitté Nouakchott parce que j’étais trop endetté. Ici – c’est sa « brousse » familiale et sans doute natale, un terrain de plusieurs hectares, m’avait-il dit il y a quelques années, mais pas les moyens de le clôturer, donc cultures impoossibles, les animaux, et en sus des inondations casatrophiques deux Septembre de suite, précédentes conversations. Quatre enfants, le dernier né le 14 Janvier dernier, prénommé Yacoub, comme « mon » moine dont il a été le familier. Retour de ce dernier en France, puis décès, catastrophiques. Il est descendant d’esclave affranchi. Si tu n’as ni argent ni relation ni famille, à l’hôpital on ne t’écoute pas. On ne te dit pas ce qu’elle a puisque tu n’as pas de quoi payer [1]. Deux opérations du vivant du Père Yacoub qu’il payait. Cancer de l’uterus. Que puis-je ? Un autre me téléphone aussi de temps en temps, lui aussi affranchi mais demuré à Nouakchott où il a été factotum du principal opposant politique aux dictatures militaires, puis de la veuve d’un homme politique de grand prestige et de premier plan : chacun l’a laissé tomber. L’Afrique, la société, nous, c’est cela, tandis que j’entends dégoiser une chef du service marketing grand voyage à la SNCF pour expliquer les hausses de tarif et rappeler que 80% des usagers voyagent à prix réduits, que les augmentations sont la répercussion des hausses de TVA récentes et que… investissements d’un millliard d’euros pour une trentaine de rames de TVG, les lignes vers la Méditerranée… tandis que se concocte le pacte compétivité-emploi consistant à dimunuer les salaires, au prochain coup les retraites… et cela continue, continuera… je n’ai pas connu la femme d’Ousmane, mais sa délicatesse à lui et à la manière dont ces dix ans je l’ai entendu parler et d’elle et de leurs enfants… il a conclu timidement : Dieu l’a voulu… Non, Dieu ne veut pas cela, mais que m’inspire-t-il de faire ? d’être ? sans doute aurai-je dû régulièrement lui téléphoner pour apprendre, savoir, intervenir, conseiller le comportement, me porter caution par des amis sur place ou dans la capitale… Brakeol, adresse : galaxie où se trouve la planète et son étoile que d’aucuns ont appelé terre et soleil. Sur place, c’est une sorte de sable rouge. Il y a un fleuve plus au sud. Très au nord se réfugient des sans-loi qu’on appelle intégriste, Aqmi ou autres, ce qui a toujours été. Dans la capitale, règne un putschiste que la France a légitimé d’ordre de l’Elysée contre les ministères et même les « services » compétents.


Prier… apparemment, c’est trop tard, et l’objet est hors procédure. Prier pour moi et les miens, sans doute, pour le monde vaguement et précisément : oui. Jésus eut pitié de cette foule…. Jésus le regarda et l’aima… En vérité, je te le dis, ce soir, tu sera avec moi en paradis. … Il essuiera toutes larmes. Souffrir, soi-même ? d’accord, mais que l’autre souffre ? non ! Je prie avec l’âme de « mon » moine. C’est lui que cela regarde, qu’il fasse… [2] Syméon, par grâce, a discerné l’auteur décisif du salut : l’Esprit lui avait révélé qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie du Seigneur… Mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face des peuples… mais il prophétise aussi pis que la mort à la jeune mère qui porte le Messie : toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée. Il gâche tout ? ce jour-là… l’évangéliste note que le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qu’on disait de lui, mais il ne rapporte pas la réaction ou la réplique de Marie à ce qui la concerne, comme une seconde Annonciation. Or, celle-ci, sa principale informatrice pour les récits de cette décisive enfance, la lui a certainement donnée. La Vierge Marie face à la souffrance, à la mort, les siennes, celles des autres. Indication : son attitude à Cana. Faites tout ce qu’il vous dira, alors même qu’elle s’est fait rabrouer par son Fils, le Christ. Les ténéèbres sont en train de disparaître et déjà brille la vraie lumière… Celui qui aime son frère demeure dans la lumière. Que révèle cette lumière ? Lui, le Seigneur a fait les cieux : devant lui, splendeur et majesté, dans son sanctuaire, puissance et beauté… racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles ! [3] … mais, moi, comme presque tous, je n’ai qu’une morte, une jeune morte que vous apportent Seigneur, son mari et leurs quatre enfants, après une nouvelle nuit : noire.

[1] - j’ai su qu’autour de l’hôpital de Nouakchott (qui n’est pas, en cela, exceptionnel), à des époques récentes, il y avait eu des cadavres, ceux qui avaient attendu, déposés par leurs parents … et il est notoire qu’en Afrique du nord-ouest, Maroc, compris et dans tout le Sahel, il faut payer ses médicaments et les pansements quand on est hospitalisé, et pour plus de sûreté les apporter avec soi

[2] - 1ère lettre de Jean II 3 à 11 ; psaume CXVI ; évangile selon saint Luc II 22 à 35

[3] - Si à la suite d’Israël, incitées par lui, les nations proclament le règne de Dieu, alors le monde connaîtrait la félicité éternelle, grâce à la justice et à la droiture. « Les cieux se réjouiront, la terre exultera, la mer mugira ». Ce sera l’ère messianique où on entonnera un chant nouveau. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. Israël missionnaire ? la Palestine et les Palestiniens… l’Eglise ? missionnaire ? proclamer quoi ? devant la mort, la souffrance et nos propres actions d’illégitimité et de mépris ?

alors le flot passait sur nous, le torrent nous submergeait ; alors nous étions submergés par les flots en furie - textes du jour

Mercredi 28 Décembre 2011


Prier…. Calme et silence du jour commencé. Une autre totalité, apparemment selon le lieu et le moment, tous deux si familiers pour moi dans l’habitude que j’en ai, mais en profondeur c’est la vie entière, celle qui m’est donnée, qui m’accueille à cet instant. [1] Le massacre des saints Innocents… innocents, sûrement. Ces formes de génocide (aujourd’hui en quelques années, combien le mot a été galvaudé, il me semble n’avoir valu, hors la shoah par le double caractère de la préméditation et de l’organisation minutieuse, qu’en Arménie, sans doute, en Ruanda, en Tchétchénie, mais le plus accablant a sans doute été ce qui fut perpétré envers les Amérindiens par les Espagnols puis les Anglo-Saxons, et aussi cette forme encore plus odieuse parce que mercantile qu’a été la traite… mais j’en oublie… l’affreux… on pourrait aujourd’hui sans « décréter » une fête ou une commémoration de plus, y penser… j’y pense : nos péchés collectifs encore maintenant). Dans une grande fureur, il envoya tuer tous les enfants de moins de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages. L’aveuglement d’une passion complexe, la peur, la haine, le plan qui échoue, chacun des deux Testaments – la Bible chrétienne – est actuel. La place de l’Egypte dans l’histoire du monde et dans l’histoire du salut, au moins pour ce tiers du globe, puisque l’Amérique et l’Asie à partir de l’Indus ont évolué factuellement, culturellement et spirituellement hors de cet axe. Sollicitude divine, l’ange guide étape par étape le père adoptif et nourricier de l’enfant Jésus. Le filet s’est rompu, nous avons échappé [2]. Jean en donne moins la théologie qu’une leçon de conduite toute pratique et simple : si nous reconnaissons nos péchés, lui qui est fidèle et juste nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout ce qui nous oppose à lui.


[1] - 1ère lettre de Jean I 5 à II 2 ; psaume CXXIV ; évangile selon saint Matthieu II 13 à 18

[2] - Ce psaume complète le texte précédent. Il insiste sur une seule idée : Israël sans son Dieu n’est rien ! Il deviendrait facilement la proie de ses ennemis. Les mots employés sont extrêmement suggestifs. Les ennemis d’Israël sont de véritables bêtes sauvages, cruelles, dévorant leur proie ; c’est aussi des torrents d’eaux destructrices, aveugles, Face à eux, Israël n’est qu’un petit oiseau sans défense à la merci du moindre oiseleur ! Mais heureusement, Dieu est là, il est le maître du monde puisque c’est lui qui l’a créé !Le secours ne peut donc venir que de lui !.Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.

mardi 27 décembre 2011

afn que nous ayons la plénitude de la joie textes du jour

Mardi 27 Décembre 2011


Etrange sensation. Je suis tombé de sommeil hier soir à ce clavier, m’étant installé à côté du poële pour avoir plus chaud, et me suis mis au lit bien avant ma chère femme, et même notre fille – venue m’éveiller et me lire la suite de l’histoire David poursuivi par Saül. Mais j’avais tenu tant bien que mal le journal de l’après-mdi, et il ne m’en est rien resté tant j’étais fatigué : sauvegarde ? . Je le restitue comme je peux ci-dessus, restant ébloui par l’expérience plus encore que par ce qui en fut l’objet ou en provoqua la prise de conscience, cette adolescente qui me parut parfaite dans ses imperfections parce que ces imperfections l’individualisaient, la situaient par rapport à moi et à ce que j’aime ou désire voir, sinon – mentalement – prendre. Logique enfin de la perfection telle que nous avons reconnu ou décidé de l’avoir aperçue-rencontrée, de sa silhouette, du léger malancement des hanches et des reins, du vaporeux ou presque des fesses quand elle quitta les bassins et que je la voyais s’éloigner vers les douches et vestiaires, puis un peu plus tard, enveloppée d’une serviette, justement rose, rimant avec la couleur de sa peau et ce qu’avait été son maillot de bains deux pièces orangé et rose… elle avait certainement remarqué qu’à plusieurs reprises, je l’avais regardée puisque, dans le hall, rejoignant Marguerite à la console de jeux, elle me dévisagea silencieuse, de loin, presque pelotonnée sur une chaise avec des adultes sans doute ses parents et un enfant plus jeune. Privilège aujourd’hui de ma vie et de la grâce, simple expérience de la beauté humaine sans la morsure que les circonstances ou moi-même m’auraient infligée autrefois : le désir, la prédation, l’inassouvissement, l’occupation et la laideur anxieuse de moi-même. Hier et aujourd’hui, c’est seulement l’admiration et puis le vœu que cette passagère entrevue sur le chemin de la vie ne soit pas handicapée par le pouvoir que donne la beauté et qui n’est pas notre totalité. – Histoire aussi de cet homme jeune, au beau regard, tenue grise de travail à la couleur uniforme des tuyaux et de la citerne, absorbé devant son énborme semi-remorque, livrant le carburant tandis que je fais modestement le plein et que Marguerite me demande pourquoi il faut retenir le numéro de la pompe. L’histoire se dit vite, imprimeur de profession, peut-être une vingtaine d’années employé en usine, la camaraderie et ce travail créatif. Rachat de toutes les typographies de la région par Ouest-France, le journal modèle et bien-pensant s’il en est, rentable aussi. Banquet de fin d’année offert par la direction, et au dessert : vous êtes tous virés. Il a passé le permis poids lourd, douze heures d’affilée, quatre jours par semaine. Il guette autant un autre emploi que la révolte – en France – qui ne vient pas. Ce n’est plus possible que cela dure et ce serait reconduit ? Je lui ai demandé son prénom pour penser à lui : Marc. Sa fatigue morale. Et votre femme, comment a-t-elle pris cela. Il ne m’a pas répondu.


Prier… ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu, ce que nos mains ont touché, c’est le Verbe, la Parole de la vie [1]. Observation que je me faisais hier, sans lien apparent avec quoi que ce soit, le Christ valide l’Ancien Testament… sans la venue du Christ, l’Ancien Testament, l’alliance de Dieu avec son peuple est douteuse, elle est d’expérience humaine, elle n’est pas factuelle. Avec Lui, la promesse se réalise et donc tout ce qui avait été dit avant Lui était bien vrai. Plus qu’une intuition, un désir et une conviction. Vie spirituelle, vie tout court par attraction de Dieu. L’aimer tel qu’Il se donne à nous, à moi. Aucun autre « motif » que Lui-même, du genre perfection, rite, transmission, logique de la foi, salut éternel ou gratifications intimes en accomptes, la joie, la récompense… non ! seulement Lui, Dieu. Dieu pour Dieu. Pas même son attrait tel qu’Il nous le fait sentir ou tel qu’intellectuellement nous pouvons le développer. Non toute notre liberté à L’aimer, alors qu’il est incommensurable. Seul chemin possible, celui dit par Jean : Jésus. D’aboutissement s’il est possible qu’en vie éternelle, d’ici là tâtons et prière. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusques là, un homme attachant, mystérieux mais présent : On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. Trois ans de formation des disciples et de ministère public, de prédication des foules et d’intimité : résultat, sollicitude, chagrin, cécité. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place. L’Incarnation qui n’a de preuve que la Résurrection. Je mets des majuscules, m’agenouille, prie avec mes aimées et avec les rencontres d’hier, tandis que la nuit – sur notre terre et à cette heure – reste entière, avec les constellations inhabituelles d’avant le lever du jour. Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire. Sans doute… mais moi, nous… Une lumière est semée pour le juste, et pour le cœur simple, une joie. Ce sont notre misère, ma finitude et notre analogie de précarité et de morbidité qui nous donnent la nécessaire simplicité sans laquelle il n’y a pas de regard [2].


[1] - 1ère lettre de Jean I 1 à 4 ; psaume XCVII ; évangile selon saint Jean XX 2 à 8

[2] - Le roi de l’univers, vers qui convergent les hommages de toute la création et ceux d’Israel à partir de Sion, est présenté dans toute sa magnificence et sa gloire comme défenseur du droit et de la justice, devant qui le feu anéantit les impies, fait fondre les montaggnes et confond les idoles et tous ceux qui se réclament d’elles ! C’est à ce titre qu’il est roi et qu’il doit êtres ervi et adoré. Car, s’il est ce feu qui tue les impies et les idolâtres, il est en même temps cette lumière « ensemencée » pour les justes, pour tous ceux qui l’aiment et détestent le mal. Dans l’envolée poétique propre aux psaumes se trouve ici exprimée l’idée, si chère au judaïsme, selon laquelle Dieu ne peut être que l’ennemi du mal.Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. Observation plus que méritoire de notre commentateur, puisqu’il y a eu la shoah, et puisqu’il y a les exactions, pour ne pas écrire plus dur, d’Israël en tant qu’Etat vis-à-vis d’une population partageant avec les juifs de tous temps un même territoire et que ceux-ci depuis plus de soixante ans prétendent exclure ou au moins vassaliser.

lundi 26 décembre 2011

devabnt moi, tu as ouvert un passage - textes pour le lendemain de Noël

Lundi 26 Décembre 2011


Donne-moi, Seigneur, la grâce de ta paix.

Prier… [1] tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité. [2] Ton amour me fait danser de joie : devant moi, tu as ouvert un passage… Tu combles, à la face du monde, ceux qui ont en toi leur refuge. Dès le lendemain de Noël, qui était du point de vue de Dieu, voici la tribulation des hommes : le frère livrera son frère à la mort, et le père, ses enfants ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mettre à mort. Martyre de saint Etienne. Heureux ceux qui ne sont détestés qu’à cause de leur foi, et non à cause d’eux-mêmes, car ce que nous souffrons ou nos échecs ne sont certainement pas parce que nous témoignons d’autre que de nous-mêmes… en cela, le martyre est une grâce. Etienne rempli de l’Esprit Saint, regardait vers le ciel ; il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. Les bergers devant la mangeoire et le divin enfant, Etienne et l’ultime vision. Définitive. Sur ton serviteur que s‘illumine ta face.


[1] - Actes des Apôtres VI 8 à 60 passim ; psaume XXXI ; évangile selon saint Matthieu X 17 à 22

[2] - Ce psaume décrit la souffrance d’un homme aux prises avec la solitude, abandonné de ses proches et de ses amis, cible de toutes les agressions, dont toute la vie est faite d’angoisses et de soupirs ; il devient un objet de risée pour tous ceux qui le rencontrent ; il est pour ainsi dire « oublié comme un mort », « un objet perdu » dont nul ne se soucie plus. Alors il implore Dieu de ne pas le livrer à ses ennemis ; il lui confie « ses instants » car il sait qu’il « rendra muettes ces lèvres mensongères » qui médisent du juste avec orgueil et mépris. Sa prière peut être celle de n’importe quel individu dans une situation à peu près semblable, ou émaner du peuple d’Israël tout entier.Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.
Il se répand enfin en une prière soudainz, et à ce propos il fait deux choses. Il se recommande d’abord au Seigneur. Puis il rappelle son bienfait divin, ou acquis, ou qu’il va bientôt recevoir… Il recommande ce qu’il a de plus cher à celui qui le conduit. Et c’est pourquoi en cette vie danegreuse je te remets mon esprit, ô Dieu. Le Christ fit cela pour nous donner un exemple, c’est pourquoi il a dit sur la croix : En tes mains, je remets mon esprit.. On comprend cela dans la personne de l’Eglise, autrement dit l’Eglise s’adressant au Christ qui en est la Tête. … Et il résulte de cela, à savoir de la croix, notre rédemption…Thomas d’Aquin, Sur les psaumes . traduction par Jean-Eric Stroobant de Saint-Eloy, OSB, préface de Mark D. Jordan (Cerf .Septembre 1996 . 796 pages) – ce tome ne présente que les psaumes 1 à 54 – p. 358


dimanche 25 décembre 2011

devant moi, tu as ouvert un passage - textes pour aujourd'hui, lendemain de Noël

Lundi 26 Décembre 2011


Donne-moi, Seigneur, la grâce de ta paix.


Prier… [1] tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité. [2] Ton amour me fait danser de joie : devant moi, tu as ouvert un passage… Tu combles, à la face du monde, ceux qui ont en toi leur refuge. Dès le lendemain de Noël, qui était du point de vue de Dieu, voici la tribulation des hommes : le frère livrera son frère à la mort, et le père, ses enfants ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mettre à mort. Martyre de saint Etienne. Heureux ceux qui ne sont détestés qu’à cause de leur foi, et non à cause d’eux-mêmes, car ce que nous souffrons ou nos échecs ne sont certainement parce que nous témoignons d’autre que de nous-mêmes… en cela, le martyre est une grâce. Etienne rempli de l’Esprit Saint, regardait vers le ciel ; il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. Les bergers devant la mangeoire et le divin enfant, Etienne et l’ultime vision. Définitive. Sur ton serviteur que s‘illumine ta face.


[1] - Actes des Apôtres VI 8 à 60 passim ; psaume XXXI ; évangile selon saint Matthieu X 17 à 22

[2] - Ce psaume décrit la souffrance d’un homme aux prises avec la solitude, abandonné de ses proches et de ses amis, cible de toutes les agressions, dont toute la vie est faite d’angoisses et de soupirs ; il devient un objet de risée pour tous ceux qui le rencontrent ; il est pour ainsi dire « oublié comme un mort », « un objet perdu » dont nul ne se soucie plus. Alors il implore Dieu de ne pas le livrer à ses ennemis ; il lui confie « ses instants » car il sait qu’il « rendra muettes ces lèvres mensongères » qui médisent du juste avec orgueil et mépris. Sa prière peut être celle de n’importe quel individu dans une situation à peu près semblable, ou émaner du peuple d’Israël tout entier. Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.
Il se répand enfin en une prière soudaine, et à ce propos il fait deux choses. Il se recommande d’abord au Seigneur. Puis il rappelle son bienfait divin, ou acquis, ou qu’il va bientôt recevoir… Il recommande ce qu’il a de plus cher à celui qui le conduit. Et c’est pourquoi en cette vie danegreuse je te remets mon esprit, ô Dieu. Le Christ fit cela pour nous donner un exemple, c’est pourquoi il a dit sur la croix : En tes mains, je remets mon esprit.. On comprend cela dans la personne de l’Eglise, autrement dit l’Eglise s’adressant au Christ qui en est la Tête. … Et il résulte de cela, à savoir de la croix, notre rédemption…– Thomas d’Aquin, Sur les psaumes . traduction par Jean-Eric Stroobant de Saint-Eloy, OSB, préface de Mark D. Jordan (Cerf .Septembre 1996 . 796 pages) – ce tome ne présente que les psaumes 1 à 54 – p. 358

il est venu chez les siens - textes de ces heures de Noël

... nuit et jour de Noël - dimanche 25 Décembre 2011


Soir de Noël. A notre fille, seule, le récit de cette nuit et de ce matin. Paradoxe … dans notre pays déchristianisé et sans plus aucun repère d’aucune sorte, la fête, c’est Noël, l’espérance et la famille, alors que le salut, l’issue : Pâques, n’a aucune résonnance sociale, familiale, politique. Ce matin, cette petite église millénaire, dans un village-musée, une commanderie du Temple, la petite nef en chantier pour le vaisseau de bois à refaire, seule parle du passé, l’épaisseur des murs déterminant les fenêtres et l’impact de celle-ci sur toute l’ambiance du bâtiment, une architecture ordonnant la lumière du jour. Accueil sans étonnement de la petite assistance dont nous commençâmes la composition et notre cher Denis M. par qui cette délocalisation arrivait, chasuble à l’ornement minimum mais coloré, beau, dessiné comme une écriture, faisait répéter l’harmonium. Commentaire de l’évangile, contradictions des synoptiques, un recensement en plusieurs années peut-être, l’Annonciation certainement pas à Nazareth puisque Marie âgée sans doute de pas plus de quinze ans, vit chez ses parents et ceux-ci, service au Temple de Zacharie, habitent à Jérusalem, la Nativité probablement pas à Bethléem mais la situer là est souligner l’appartenance à la maison de David. Les différents noms de Dieu, les 99 selon l’Islam, les 13, je crois, selon le judaïsme. Si peu nombreux selon les évangiles. Il me semble, en mon âme, ne jamais concevoir ni encore moins énoncer un nom. En revanche, certitude qui de proche en proche éclaire toute mon intelligence, parfois mon action de grâce, peut-être un jour ma vie : l’Incarnation qui signifie notre vocation à la décisive et unique participation, notre entrée dabs la vie éternelle, et d’ici là cette dialectique amoureuse de Dieu pour chacun de nous, notre édification du corps mystique en communion des saints. Rien d’indifférent et tout promis à la fécondité, même si… et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. L’événement de cette nuit [1] : oui ! un enfant nous est né, un fils nous a été donné. Il faut n’avoir jamais reçu un enfant dans sa vie de femme, d’homme, pour ne pas comprendre ce qu’est vivre et entendre : un enfant nous est né ! Mais Isaïe étonne car il précise : l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » … tandis que Paul nous fait attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur.


La nouvelle nuit, la première après celle de Noël. Lire une histoire… avant de s’endormir. La petite Bible, illustrée de façon charmante, des chapitres, un livre de contes [2], Saül le timide, David et le géant, David et Jonathan, la jalousie de Saül, la fuite, une tour et la corrde qui pend au clair de lune, tout se rejoint des contes d’enfance au conte décisif de Dieu – nouveau-né et adulte en croix, en hostie. Il me semble que ma vie de bientôt septuagénaire, si dense quoique les éphémérides ne soient rien, qu’elle oscille toutes définitions abolies du bonheur, de la tristesse, entre vertiges putatifs de la folie et extase qu’appellent le silence de la nuit, des fragments de Mozart selon l’interprétation de Forman, la silhouette retrouvée et changeante selon la lumière de cette statue mythique depuis plus de trente ans : la sérénité d’Heinrich Faltermeier, disciple d’Arno Breker… que ma vie n’est plus qu’une coupe où ceux, celles qui m’aiment viendraient boire, et Dieu Lui-même peut-être. La permission d’être heureux, la permission de vivre, la permission de n’avoir plus peur ni de la peur, ni de la déraison, ni de la décrépitude, la permission d’entendre notre fille dire les mots décisifs de l’amour, la permission de prier pour notre pays, pour ce monde-ci, de cette époque-ci, pour tout mort et tout nouveau-né. Le Seigneur a consolé son peuple… le Seigneur a montré la force divine de son bras aux yeux de toutes les nations, et d’un bout à l’autre de la terre, elles verront le salut de notre Dieu. [3]


Tranquillement, avant de m’endormir, laisser ma vie entre les mains et dans le vouloir du Seigneur, confier mes deux aimées, notre pays, notre monde à Son unique projet : Lui, le Créateur, notre Créateur. Le Verbe était la vraie lumière, qui éclaire tous les hommes en venant dans le monde. Il était dans le monde, lui par qui le monde s’était fait, mais le monde ne pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu… Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. Ce n’est pas mémoire, ni culture, ni même transmission, c’est présence. L’Incarnation veut dire naissance et mort… dialogues que je viens de vivre avec notre fille concluant la journée, avec ma femme, celle que Dieu m’a donnée, avec notre ami prêtre, lui aussi premier communiant un matin de Noël (1936…), avec cet ancien ministre et garde des Sceaux que j’affectionne et dont il s’est fallu de si peu que je ne dirige son cabinet dans une période si décisive pour notre politique pénitentiaire et nos lois pénales, avec ces inconnus nous ayant accueillis dans leur lieu millénaire de prière dominicale, avec cette délicieuse gouvernante camerounaise d’une vieille dame glissant du sommeil à la mort après une vie qui n’a plus de témoin que des papiers de militance pour l’abolition de la peine de mort mais sans jamais la fête de Noël ? Dialogues avec les morts de ma vie aussi, les morts de la vie de ma chère femme, les morts des autres… avec les enfants, ceux qui étaient derrière nous ce matin encadrant une femme plus que ravissante, simple, expressive, lisse pourtant, cheveux si noirs que cela faisait oublier toute autre couleur pour ses vêtements, ceux de notre messe d’avant minuit en famille nombreuse, père et mère ensemble, celles de la génération de notre fille chantant avec elle hier soir, jeunesse et fatigue relatives du célébrant qu’assistait un Montfortain quasi-centenaire. … Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées ; mais, dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous a parlé par ce Fils qu’il a été établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes… En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée… Ecoutez la voix des guetteurs, leur appel retentit, c’est un seul cri de joie… Comme il est beau de voir courir sur les montagnes le messager qui annonce la paix, le messager de la bonne nouvelle, qui annonce le salut… Même si elle ne le dit plus, ne le pense plus, une partie de l’humanité, surtout celle de nos très vieux pays d’Europe, de notre France, aujourd’hui si précaire et hésitante, reste vibrante à Noël d’une certaine mémoire : une mémoire familiale, une mémoire d’enfance, une mémoire de perspective, flamme de la chandelle qui penche et manque s’éteindre quand s’ouvrent ou se ferment portes et fenêtres, que passe la vie… la mémoire n’est pas cérébrale, elle est de cœur, elle est toujours d’enfance, le silence de l’enfance, l’assurance de l’enfance : qui t’a appris cela ? c’est moi-même ! Ma mère a fait écrire sur sa tombe : a quitté tous les siens, a retrouvé les siens… et Jean remarque du Christ, Dieu fait homme : Il est venu chez les siens.

[1] - messe de la nuit de Noël – Isaïe IX 1 à 6 ; psaume XCVI ; Paul à Tite II 11 à 14 ; évangile selon saint Luc II 1 à 4

[2] - textes de Pat ALEXANDER & dessins de Léon BAXTER : La Bible, comme une histoire (éd. Novalis . Cerf jeunesse . XL6 – 479 pages . 1997 . imprimé à Singapour)

[3] - messe du jour de Noël – Isaïe LII 7 à 10 ; psaume XCVIII ; commencement de la lettre aux Hébreux I 1 à 6 ; commencement de l’évangile selon saint Jean I 1 à 18

samedi 24 décembre 2011

telle est la tendresse du coeur de notre Dieu - textes du jour

Samedi 24 Décembre 2011


Simplement prier. La journée commencée, le jour et sa lumière artificielle, toutes ces vies qui reprennent conscience d’elles-mêmes, celles qui se terminent, celles qui débutent, les plus « intéressantes » pour Dieu et pour les hommes : celles qui continunent, pitié universelle et gloires intimes que Dieu (et parfois nous-mêmes) décernons à quelques-uns… Il me dira : Tu es mon Père, mon Dieu, mon roc et mon salut ! Sans lui, je lui garderai mon amour, mon alliance avec lui sera fidèle. La gloire suprême, celle que le Père donne à son Fils. Mais question incongrue… qu’a donc fait ce Fils ? aimable au possible aux yeux de son Père et pour ce Père ? mais en quoi ? parce que de même nature que le Père et par Lui tout a été fait ? la réponse dogmatique serait cela ? n’y a-t-il pas une réponse humaine, étonnante. L’amour du Père pour le Fils, d’une personne divine à une autre, serait fondé sur l’incarnation du Fils, le Fils a provoqué l’admiration, l’amour de son Père, parce qu’Il s’est incarné… parce qu’Il a ramené toute la créaiton, l’humanité, le vivant à son Père, à Dieu, créateur. Créateur dont la création – qu’Il avait voulue et créée libre – Lui avait échappé… Dialectique hasardeuse… que de d’écrire cela ? mais pas de le prier. Dieu aime son Fils fait homme parce qu’Il nous aie. Il nous aime en son Fils, Il aime sa création, Il a créé par amour. Pas pour se parfaire ou se prolonger Lui-même. Au contraire, altruiste au possible en la personne du Fils, mis en croix par nous… attente divine que notre reconnaissance de Dieu : c’est un amour bâti pour toujours ; ta fidélité est plus stable que les cieux. [1] Modèle d’amour, modèle d’alliance entre Dieu et l’humanité, sa création entière, les grands saints, David, la figure anticipée ou redonnée du Christ, plus ou moins fidèlement, mais de trait constant : l’incarnation. Et la réponse de Dieu est aussi constante que l’incarnation : elle est l’alliance, la miséricorde et à notre précarité il est répondu par la tsabilité divine. Et la fécondité de ce que nous sommes et faisons, devenons, selon les commandements de la Genèse. Je te donnerai un successeur dans ta descendance (Dieu succède aux hommes… le Fils de Dieu fait homme succède à David et celui-ci l’avait annoncé et lui a donné son nom patronymique par un adultère…) qui sera né de toi, et je rendrai stable sa royauté. Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils. Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. Promesse divine tenue, ce dont Zacharie nous fait prendre acte : dans la maison de David, son serviteur, il a fait se lever une force qui nous sauve. C’est ce qu’il avait annoncé autrefois par la houche de ses saints prophètes : le salut qui nous délivre de nos adversaires, des mains de tous nos ennemis. Il a montré sa miséricorde envers nos pères, il s’est rappelé son Alliance sainte. Zacharie, en fait, donne en clair tout ce que va manifester Jean Baptiste par sa propre annonbce conclusive, la désignation du Christ au bord du Jourdain. Zacharie dit son rôle : et toi, petit enfant (il s’agit de son fils, né au très tard de sa vie) on t’appellera prophète du Très-Haut, car tu marcheras devant le Seigneur pour lui préparer le chemin, pour révéler à son peuple qu’il est sauvé, que ses péchés sont pardonnés. [2] Le génie de Jean l’évangéliste, le mystique est reconnu : le discours après la Cène, le rythme étonnant du ministère public du Christ : à mesure que son identité se révèle, de plus en plus de pierres sont ramassées pour les lui jeter, l’ambiance n’est qu’à la méditation de sa mort par toute la hiérarchie religieuse du temps qu’Il est en train de renverser… mais le génie de Luc est décisif, car il ne commente ni ne présente le mystère, il y prépare, toutes les décisives prières-prophéties-annonces des évangiles dits de l’enfance, qui ne sont nullement le récit d’une enfance mais bien la démonstration d’un discernement général que Dieu fait opérer, de proche en proche, à l’entourage du divin Enfant…. Ce discernement qu’Eve voulait arracher par l’un quelconque de ses fruits à un arbre, Dieu le donne à profusion quand va paraître soin Fils : telle est la tendresse du cœur de notre Dieu ; grâce à elle, du haut des cieux, un astre est venu nous visiter ; il est apparu à ceux qui demeuraient dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, pour guider nos pas sur le chemin de la paix.


[1] - Ce psaume est un hymne à la toute puissance divine qui s’est illustrée par le choix de David comme roi d’Israël et par la création du monde fondée sur la justice. Avec David, Dieu a scellé une alliance indestructible, pour lui et ses descendants. Le soutien de Dieu est permanent ; le psalmiste lui consacre les versets 21 à 38. En tant que créateur du monde, il le gouverne avec majesté, châtiant les impies, tels que l’Egypte, nommée ici …, du nom de l’ange protecteur du pays. Et tout naturellement, cette création lui rend hommage : « le Tabor et le H’ermon chantent ton nom » (verset 14). A partir du verset 39 le ton change, car la dynastie davidique a été brutalement interrompue par la destruction du Temple de Salomon. Le psalmiste, qui se fait écho de la pensée populaire, se met à douter de la promesse divine ; il prend Dieu à partie de façon violente, agressive, jusqu’à l’inconvenance : Tu as abandonné ton oint, tu as aboli l’alliance, tu as ruiné ses fortereesses, tu as mis à bas son trône, tu l’as couvert de honte… Il faut comprendre que pour le psalmiste, le monde n’a de sens que s’il porte haut les valeurs représentées par David et son peuple. Crest le sens du parallèule établi entre la créaiton du monde et la Maison de David. La ruine de cette dernière est la ruine du monde : « c’est donc vain que tu as créé l’homme !» (verset 48). Revelons enfin quelques phrases utilisées dans la liturgie : « Dieu glorifié dans une assemblées de saints » (v. 8), « heureux le peuple qui connaît la victoire » : ô Eternel, ils marchent à la lumière de ta face ! » (v. 16) ; « tu es la force de sa plendeur et par ta volonté, tu relève sa corne » (v.18). Notre psaume se termine par une bénédiction : « Béni soit l’Eternel à jamais, amen et amen ! », clôturant ainsi le troisième livre du recueil. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.

[2] - 2ème Samuel VII 1 à 16 ; psaume LXXXIX ; évangile selon saint Luc I 67 à 79

vendredi 23 décembre 2011

il fait connaître son alliance - textes du jour

Vendredi 23 Décembre 2011


Fait-on jamais le tour d’une mécanique mentale de quelqu’un ? a fortiori de soi-même puisque nous faisons à nous-même écran par l’image de nous, projetée, rêvée, ou péjorative et dubitative, tout à la fois sans doute… Prier… [1] Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. C’est la prière d’une âme heureuse qui sent s’être opéré en elle un réagencement de tout et qui en éprouive comme une bienveillance universelle. Dépouillée (un moment) de ses obsessions, angoisses et de la conscience de sa vulnérabilité, la personnalité trouve sa vraie posture, elle sait qu’elle est sauvée, elle le reconnaît et par action de grâce, elle demande que faire, c’est-à-dire comment être pour complaire à son Créateur et Le rencontrer, ne plus jamais Le perdre de vue, de prière. A mesure qu’elle avance, elle connaît mieux : l’essentiel. Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours. L’enseignement coule de source, inspiré certes, maisdéversé en nous, nous comblant précisément dans ce qui faisait notre identité malheureuse à nos yeux, mais heureuse et dispose selon Dieu : sa justice dirige les humbles, il enseigne aux humbles son chemin… Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ; à ceux-là, il fait connaîre son alliance. [2] Apaisés, conduits, nous sommes co-auteurs de notre vie, nous délibérons notre chemin avec un Autre, décisif, qui garantit nos relations avec Lui, avec ceux et celles que nous aimons, avec nous-mêmes. C’est ce qui m’est donné ce matin, comme à beaucoup , surtout si cela se dit et se vit différemment, mais l’action de grâces est analogue et unique… tandis que mon neveu roule vers des obsèques au berceau de sa famille, Carcassonne… que le défunt demeure avec son sourire, sa familiarité et une présence de chef…la main du Seigneur était avec lui. Non pas sur lui… Pouvoir le dire de tous ceux de nous qui rayonnent, plus objectivement, par ce qu’ils apportent à autrui. Jean le Baptiste s’annonce lui-même d’une manière exceptionnelle : il tressaille dans le sein de sa mère et fait proférer aux deux cousines les cantiques et salutations décisives introduisant les événagiles, il dirige son père selon l’ange intervenu au temple. Le seul fait que Zacharie écrivit : son nom est Jean. A l’instant même sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et bénissait Dieu. C’est un muet qui engendre le Précurseur, c’est un prophète, avec tous ses moyens, en sus de son rang social et de son autorité sacerdotale qui célèbre la présentation, la circoncision. Il purifera les fils de Lévi, il les comme l’or et l’argent : ainsi pourront-ils, aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en toute justice. Ainsi…la Bible est lien de causalité, la parole de Dieu est efficace, Dieu n’est ni hasard ni punition, nous ne sommes pas des jouets ni des fétus ni des damnés, nous sommes faits et doués pour le bonheur, la beauté, l’admiration, pour collaborer avec l’œuvre divine en cours. … De l’autre côté de l’eau, inhabituellement, les cloches… au-dessus de l’horizon pas bien haut une écharpe blanche s’étire, tout le ciel de la terre au zénith reste sombre, nuageux, sans étoiles, sans vie. La cloche s’est tue.Le jour viendra. Ma prière et mon réveil l’ayant précédé, il sera moins réel que ce qui m’habite et que ce je reçois. J’aurai pourtant à me battre avec lu, à en faire un travail, de l’amour et de la paix. Mystérieusement pour beaucoup autant que pour moi. Et je reçois de même de la prière des autres et de notre Dieu innombrablement nommé, plus encore qu’Il ne semble oublié. … Il pleuviote, le jour est levé, un crissement que je ne sais identifier emplit le silence.


[1] - Malachie III 1 à 24 passim ; psaume XXV ; évangile selon saint Luc I 57 à 66

[2] - Il manque dans ce psaume alphabétique les lettres bet et vav, tandis que le alef et le réch reviennent deux fois. La dernière phrase, extraite du psaume 130.8, a été peut-être ajoutée pour combler la lacune du vav. Ainsi, la quête de Dieu consiste-t-elle essentiellement à connaître les voies qui mènent à lui et à comprendre que ces chemins se confodent avec la vérité, le bienfait, la droiture et que seuls sont aptes à s’y engager ceux qui craignent Dieu, les modestes qui se reptent sincèrement de leurs erreurs en s’en remettant entièrement à lui. Au bout de ces chemins brillent alors l’espoir, le salut, le pardon et, par-dessus tout, le mystère de Dieu. C’est ce psaume qui a été choisi par nos sages comme type-même de supplication, qu’ils ont appelé néfilat apayim (littéralement « la chute de la face ») afin de compléter l’énumération des 13 attributs divins. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. La manière dont commente et lit notre rabbin m’éveille à une évidence : le christianisme a ceci de particulier qu’il n’est lié à aucune langue (erreur décisive et inculte que de se cramponner au latin, selon quelques-uns, même si cette langue qui n’est plus parlée est fort belle, a son rythme, sa précision et a enfanté en Europe occidentale la plupart de nos parlers, de nos écrits et donc de nos façons de penser. Le Juif, religieux ou pas, a comme base de sa littérature, de sa civilisation, plus encore que d’une religion certainement moins pratiquée, même en israël, qu’autrefois, les psaumes, les livres de ce que le chrétien appelle l’Ancien Testament : la Thora et le musulman reçoit d’une pueple et d’une langue particulière le monument littéraire de celui-ci : le Coran, l’hébreu, l’arabe se parlent et ils constituent une âme populaire, une référence même profane. Le religieux a enfanté plus que de la piété ou des rites. Le chrétien pratique des transpositions : l’homme est à l’image de Dieu, les sacrements perpétuent l’action incarnée du Christ… le chrétien est convaincu que Dieu parle sa propre langue, dans sa civilisation et dans son époque, hic et nunc, pas seulement selon les circonstances qu’il déchiffre, ou l’inspiration de son cœur, mais selon une révélation qui continue par l’Esprit Saint donnant à chaque génération le sens de l’immuable mais pour aujourd’hui. – Reste que Claude BRAHIMI dit, ce matin, admirablement le sens de ce psaume, de ce qu’il nous apporte au nom de son peuple et de sa tradition. Manifestement, ces commentaires ne sont pas écrits d’un bloc ni d’un seul tenant, ils le sont jour après jour selon sa prière, la nôtre.
Il demande d’être élevé vers les biens, et oil expose sa demande. Puis il en donne la raison ; or, il y a deux sortes de biens : le bien de la vie active et celui de la vie contemplative. Il commence par mentionner le bien de la vie active, puis celui de la vie contemplative : Dirige—moi. Dans la vie active, il y A deux manières de progresser : la première est générale et se fait paar le précepte… Car à travers ces voies, le Seigneur vient à nous, en particulier par le précepte de la charité… Moi, je ne connais pas ces voies, et c’est pourquoi montre-les moi, et quant à l’intelligence et quant à la pratique. Touchant l’intelligence, il est écrit : Tes yeux verront ton maître, et tu entendras la voix de celui qui, derrière toi, t’avertira (Isaïe XXX 20). Touchant la pratique, il dit : et enseigne-moi tes sentiers. La voie est publique et commune, tandis que le sentier est étroit et n’est pas commun, il est au contraire une réduction de la voie commune. Semblablement les conseils sont une voie qui mène à Dieu, mais plus étroite et plus courte. … Mais les deux, à savoir les préceptes et les conseils, concernent la vie contemplative. D’abord, dans le but de bien se servir des choses connues pour recherche soigneusement les autres, et ensuite, dans le but d’apprendre les choses inconnues. … Parce que toi, Dieu, tu es mon sauveur. Le psalmiste expose ici la raison de la demande mentionnée. L’une s’appuie sur Dieu. L’autre s’appuie sur celui qui demande. Elle s’appuie sur Dieu, parce qu’il est lui-même le sauveur et le créateur du salut humain, qui consiste principalement dans la connaissance de la vérité… semblablement, elle s’appuie sur celui qui demande, car je n’attends d’enseignement de personne excepté de toi…Thomas d’Aquin, Sur les psaumes . traduction par Jean-Eric Stroobant de Saint-Eloy, OSB, préface de Mark D. Jordan (Cerf .Septembre 1996 . 796 pages) – ce tome ne présente que les psaumes 1 à 54 – pp. 288 et 287 . La méthode du « docteur angélique » est toute différente de celle du rabbin. Il n’attend pas la vérité, ni la prière – inspiration et propension – du texte-même. Il fait parler le texte en le mettant en résonnance avec l’ensemble de l’Ecritutre, Ancien et Nouveau Testament. L’intelligence devient architecte, l’oraison se sait et se justifie elle-même, tellement elle a présente l’ensemble des préceptes et des révélations de Dieu, qui ne sont que multiples versions d’un même mot.

mercredi 21 décembre 2011

alors, ils se prosternèrnt devant le Seigneur - textes du jour

Jeudi 22 Décembre 2011




L’amour – vrai – n’est pas instinctif, tout y participe et souverainement l’intelligence qui meut tout et pérennise. Expérience d’hier soir avec notre fille, à la suite de ce qui aurait pu être un drame. L’amour et ses priorités, sa priorité appelle la version noble, détachée de l’intelligence. Il se peut que l’action des deux soit la charité. – Marguerite, par prétérition, m’en avait dit, en réplique, la parfaite définition : mais si ! Dieu a un défaut : aimer trop, c’est de la folie… Je lui disais hier soir, pour faire passer une petite remontrance, que nous avons chacun nos défauts, sauf Dieu qui est parfait. Prier… [1] dernier croissant de lune, très bas sur l’horizon vers l’est-nord-est. Le Magnificat, apparemment hors du temps car il constate un résultat, n’appelle le futur et l’avenir qu’en résultat déjà certain : un état d’âme fondé sur des comportements, celui de Dieu, celui des hommes, dont Marie dit et est l’unisson. Il s’est penché sur son humble servante… le Puissant fit pour moi des merveilles… désormais tous les âges me diront bienheureuse… mon âme exalte le Seigneur, mon exulte en Dieu mon sauveur. Etat d’âme et immersion dans le présent, une perfection qui anticipe ou révèle la vie éternelle, chacun de nous intact de péché, de distance, d’angoisse, d’orgueil. Un acte conscient de reconnaissance : en quoi la Vierge Marie avait-elle à être sauvée, elle qui salue son sauveur ? La plus grande partie de son chant est sur Dieu en acte, les « béatitudes » qui feront tant réfléchir les agnostiques et donc oublier la divinité de celui-ci – le fils du charpentier de Nazareth, le Fils de la Vierge Marie – sont dites déjà en particulier de cousine à cousine. Marie est substantiellement liée à cette humanité renversante… nouvelle que Dieu instaure-restaure : les superbes… les puissants… les riches… Un Dieu fidèle et merveilleux comme l’on s’écrie en amour: il comble de biens les affamés… il se souvient de son amour. Anne, mère de Samuel, qui a précédé Marie dans l’histoire spirituelle de l’humanité, ou qui l’a prophétisée, fait sans doute le même constat et avec les mêmes mots : les plus comblés s’embauche pour du pain, et les affamés se reposent… le Seigneur rend pauvre et riche ; il abaisse et il élève. De la poussière, il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu’il siège parmi les princes et reçoive un trône de gloire. Il y a encore de l’avoir dans cette bétatitude, tandis que Marie n’a pas ce mot : le Puissant fit pour moi des merveilles. Elle est tout entière dans la conscience d’elle-même dont sa reconnaissance envers Dieu la pénètre comme jamais dans une vie humaine. Anne, mère de Samuel, retrouve sa dignité, la reconnaissance sociale : mon cœur exulte à cause du Seigneur, mon front s’est relevé grâce à mon Dieu, elle a été entendue dans sa prière, tout à fait située et datée (le prêtre Eli en a été témoin) mais la mère de Jésus n’a rien demandé et elle n’évoque pas sa maternité et une conception si mystérieuse, elle ne « raconte » pas à sa cousine ce qu’il lui a été dit et ce qu’il lui arrive. Elle répond tranquillement, elle confirme ce qu’Elisabeth voit – spirituellement - d’elle et d’abord la salutation de celle-ci : la mère de mon Seigneur, mais en le rapportant uniquement à Dieu et comme anecdotiquement. De privilège, elle n’en revendiquera aucun, selon les élévangélistes – pas même de pouvoir approcher son Fils, elle perdue dans la foule au même plan de l’anonymat que toute la parentèle de sang du prédicateur et du thaumaturge à succès – mais elle sera toujours là, à l’endroit et au moment décisifs : Cana, le calvaire, la Pentecôte. Anne présente Samuel au prêtre et le voue à la maison du Seigneur à Silo. Il y a des anticipations de l’Eglise, surtout de ses liturgies, quoique nous soyons à l’époque en plein judaïsme : sans doute le sacrifice du taureau, mais également elle avait pris avec elle un sac de farine et une outre de vin et la prière est commune : le prêtre et la femme. C’est pour obtenir cet enfant que je priais, et me Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande. A mon tour, je le donne au Seigneur. Ainsi soit-il.




Le croissant monte silencieusement comme s’il tirait de « derrière » la terre, notre horizon – ici notre environnement le rend tout proche, ligne d’arbres dépouillés – une pâleur et comme un sang délayé dans sa décomposition. Le lever du jour comme une inversion de la mort, mais qui n’en a pas l’éclat, celui des longs et flamboyants, souverains couchers du soleil…




C’est seulement après un grand moment d’hésitation, que le jour, ne paraissant pas encore dans ce qu’il sera, montre d’où il vient, les pâleurs ne sont plus des nuances mais des surfaces délimitées, le ciel trouve un arrangement qui efface déjà les étoiles mais garde, allant lendement vers un probable zénit, une lune qui semble s’affiner jusqu’à la disparition. Couleur prétendue du « manteau de la Vierge ». C’est plutôt le silence de maintenant qui fait ce manteau, tout autre que celui de la nuit et impossible le jour pour la psychologie humaine, sauf quelque anticipation de catastrophe universelle ou d’une rencontre intensément particulière. Silence d’avant l’Annonciation, d’après la Visitation.



[1] - 1er Samuel I 24 à II 1 ; cantique ibid. II ; évangile selon saint Luc I 46 à 56


que tout se passe pour moi selon ta parole - textes pour hier priés aujourd'hui

Mercredi 21 Décembre 2011


Prier… cette aube, rien que de m’approcher de ce moment puis d’y entrer me rend toutes forces, alors que si souvent je m’éveille et me lève, tristes et déprimé, mécontent de moi-même et en impasse, mal au monde. Hier soir, mourir comme tous, chaque époque a son scenario, les épouvantables avec purgatoire même si ensuite on rejoint… l’inconnu de la souffrance physique ou psychologique à ces instants... solitude ? quel genre quand on s’en va… tout ce que je laisse inachevé et l’angoisse de l’avenir pour mes deux aimées. Et, « chrétiennement », si je m’étais trompé… en croyant, en attendant, en espérant… tout cela réduit en théorie quand me revient le souvenir, la leçon de l’Incarnation : oui, le Christ a été triste, l’âme triste à en mourir. Oui, le Christ a appréhendé la souffrance et la mort. Oui, le travail inachevé, les disciples inconsistants dont l’élite dot à quelques mètres de lui, incapable de l’entourer ou de communier… Oui, je suis frère d’adoption, fils d’adoptif. Oui… les textes d’hier, le grand début, l’Annonciation [1] : voici le peuple de ceux qui le cherchent… qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? [2] Le psalmiste et ses commentateurs juif ou chrétien répondent par l’évocation d’une génération sainte. Isaïe et Luc répondent plus complètement en donnant le chef de cette génération, de ce peuple, le centre de ce cercle : voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, c’est-à-dire : Dieu avec nous). Et comment ? l’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Soin particulier – physique – que Dieu prend de Marie et c’est ce soin, c’est cette prédilection qui fait la filiation divine du fruit de vos entrailles. La Trinité entière : l’Esprit Saint viendra sur toi… la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre… il sera appelé Fils de Dieu…mais la Trinité, la nature divine appellent la création, appelle l’humanité, ici représentée par Marie seule, en puissance de tout. Du Fils et de l’ensemble de la création rachetée, adoptée, appelée. Que pouvait-elle craindre ? car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Que doit-elle faire ? à quoi doit-elle consentir ? A rien. La question ne lui est pas posée. Tout est annonce, l’Annonciation, mais ce sont la personnalité et la liberté de Marie qui vont transformer une annonce, une pré-destination en question, précisément et parce cela meême qu’elle a la réponse, et veut absolument la donner. C’est Marie qui transforme l’annonce, l’Annonciation en un dialogue, c’est Marie qui souverainement, répond l’essentiel, c’est-à-dire ce qui est plus que les trois « actes » : foi, espérance et charité. Elle répond et c’est conclusif, elle valide l’ange, et pourrai-je dire… elle valide Dieu : voici la servante du Seigneur (c’est bien elle qui parle et qui définit son rôle dans la création et dans l’histoire du salut). Que tout se passe pour moi selon ta parole. Elle n’a pas encore la conscience que va lui donner une seconde saluation, celle de sa cousine, préludant au Magnificat et l’appelant, le provoquant. Que tout se passe pour moi, mais ce consentement et cet acte de foi disposent entièrement d’elle pour toute la suite, pour toute l’histoire… Dieu vient, comme convenu, comme annoncé mais c’est Marie qui le fait prévoir : que tout se passe… et nous l’annonce, avec l’ange pour témoin.


[1] - Isaïe VII 10 à 16 ; psaume XXIV ; évangile selon saint Luc I 26 à 38

[2] - Thomas d’Aquin traduit par « génération » au lieu de « peuple » et Claude Brahimi par « cercle »
A chaque jour de la semaine correspond un psaume exprimant la nature du jour en question, de même qu’à chaque événement du calendrier hébraïque (fête, deuil, naissance, jeûne) correspond un psaume particulier reflétant l’essence de l’événement. Le psaume du dimanche est le psaume 24, lu également dans d’autres circonsta,ces, en particulier à l’occasion de Roch hachana et Kippoure. Le talmud nous en donne la raison : Dieu a commencé de créer le monde ; le monde lui appartient, comme il rest dit au premier verset de ce psaume : « la terre et tout ce qu’elle contient appartient à Dieu ». A partir de là, on peut déuire que la subsistance des créatures dépend du bon vouloir de Dieu qui est fonctoion ders besoins et des mérites de l’homme. Ainsi, ce psaume a été choisi pour être récité à Roch hachana et Kippour car c’est au cours de ces solennirés que se décide la parnassa de chaque créature. Le dimanche étant le premier jour où l’homme entame sa semaine de travail, pour gagner sa nourriture, il est normal que celui-ci récite ce pasuame. La providence divine est concrétisée par l’entrée de l’Arche Sainte dans le sanctuaire comme pour simuler l’entrée de Dieu dans le monde. Il faut que les portes du monde s’ouvrent pour laisser passer le Dieu des Armées, le Héros de guerre. Seuls peuvent alors l’accueillir les hommes « aux mains innocentes et au cœur pur » ! .Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. Ce commentaire éveille le chrétien, la véritable entrée de Dieu dabs le monde, pas une simulation, c’est bien l’Incarnation du Christ, mais la leçon juive, c’est ce sens particulier pour rendre concret chaque étape du calendrier humain alors que l’Eglsie fait opérer un mouvement inverse : au chrétien de s’adapter au temps liturgique. Nous avons fondamentalement à apprendre et à recevoir les uns des autres.
Ceux-ci sont toute la génération de ceux qui cherchent Dieu, et dont les mains sont innocentes… Il la décrit de deux manières : par son zèle, car elle ne cherche rien si ce n’est Dieu, même ne cette vie… Dans quel but ? afin de parvenir à sa vision… La montagne signifie ici la hauteur de la justice divine ou de sa majesté. La montagne est donc la hauteur de la majesté divine ou la sublimité du Christ, qui est appelé montagne… Qui donc montera au point qu’il arrive au Christ ou à Dieu ? les hommes saints qui dispoent dans leur cœur des degrés pour s’élever monteront, comme le dit le psalmiste. De même, qui pourra s’y tenir, là où c’est lui-même qui est le lieu saint, le lieu de la gloire ? .Thomas d’Aquin, Sur les psaumes . traduction par Jean-Eric Stroobant de Saint-Eloy, OSB, préface de Mark D. Jordan (Cerf .Septembre 1996 . 796 pages) – ce tome ne présente que les psaumes 1 à 54 – pp. 288 et 287

mardi 20 décembre 2011

explication pour ces " textes du jour ", également diffusés directement selon des rencontres

à chacune et chacun des destinataires de l’envoi quotidien d’une lecture personnelle des textes de la messe du jour dans l’Eglise catholique


Chaque matin – parfois en retard dans la journée ou avec des interruptions dûes aux aléas informatiques – vous recevez un message de moi. Vous êtes environ deux cent, mais je vous ai rencontrés chacun par hasard, d’enfance, de fratrie ou seulement par correspondance. Vous ne faites pas partie d’une « liste » transférée. A volonté, vous pouvez ne plus me recevoir.

Ces messages sont de vie, ils ont une évolution : pas une explication de textes par quelqu’un de consacré, vivant en communauté ou pas, préparant à l’avance quelque édition périodique des textes de la liturgie catholique quotidienne. Un moment de vie, au lever, récapitulant forcément la journée de la veille et déjà habitée par le programme du jour. L’instant d’avant le recueillement qui ne peut s’écrire ni ne se dire : la prière.

Pas volontairement, c’est parfois impudique parce qu’indiscret vis-à-vis de moi-même, donc quelque chose d’imposé peut-être ou narcissique. Pièces jointes souvent : un témoignage reçu, une note de lecture, une réflexion politique ou des photos. Ma femme, initialement première destinataire, et notre fille sont présentes. Parfois, je suis long parce qu’enthousiaste – de ce que je vis ou du texte – et trop souvent, je ne me relis pas : fautes de saisie fréquentes que je vous demande d’excuser.

Dans la foi et pour la prière, nous sommes tous « amateurs », religieux éprouvés, enfants à la veille de recevoir un sacrement décisif, femme ou homme en dépression, en déshérence, responsable politique ou d’une entreprise ou d’un diocèse, croyants en Dieu unique mais selon une révélation reçue différemment (nos frères musulmans, juifs). Je ne suis pas non plus écrivain, quoique j’écrive beaucoup. Ce que vous recevez n’est donc qu’un bout de papier poussé de mon coin de table vers vous, avec timidité et souvent avec hésitation selon ce que je viens de vivre et d’avouer, aussi elliptiquement que possible.
mardi 20 Décembre 2011

Comment le dire, l’écrire, maintenant que c’est vécu, que c’est devenu pour moi et pour chacun de ceux et celles qui reçoivent le courriel circulaire – destinataires masqués par discrétion pour eux – une habitude, une structure. Pour moi, souvent, c’est la seule d’un jour échevelé, sans consistance, sans œuvre ou le point de lucidité dans une ambiance d’excitation, de joie, de dépression. Pour ceux qui reçoivent cet envoi, je ne sais que peu. Ce qui m’est parfois adressé en retour, pas toujours des mêmes. Une phrase, un mot ont touché. Lesquels ? Beaucoup plus évocateurs, les rejets et les refus. Le plus souvent mal articulés : l’encombrement des messageries et le temps perdu à trier pour supprimer, cela me vient (je ne dis plus que c’est un paradoxe) de professionnels et des dévôts : plate-bandes sur lesquelles je marche ? harrassement d’une monotonie d’exercices que n’irriguent plus étonnement ou foi – je caricature, suppose et ne sais… ou de personnes rencontrées à quelque sainte occasion que je crus fraternelle. Ma fratrie de chair et sang manifeste – à deux exceptions tandis que le peuple des neveux et nièces est plus accueillant – que l’enfance et l’éducation ensemble donnent les uns sur les autres les préjugés du droit, de la hiérarchie et surtout de la connaissance intime d’autrui, ou bien le partage d’émotions ou de réflexions paraît impudique ou exhibitionniste. Je le comprends – de tous – car initialement internet me répugna presque : envoyer certes, mais recevoir, être pénétré, violé… s’afficher, par adresse électronique, disposé à cela ?

De toute ma vie, je n’ai jamais fait l’expérience personnelle de l’absence de foi, quelle que soit la dénomination qui puisse se donner à l’incroyance, à l’agnosticisme, au désespoir ou à l’indifférence. La distraction vis-à-vis de Dieu (et des autres) tant est forte, multiforme notre carapace autiste, je l’éprouve sans cesse : ce n’est pas l’absence de foi, c’est le peu de prière.

Foi et prière sont toujours allées de soi, aussi loin que je me souvienne. La lecture de la Bible, pratiquée avec bonheur à ma toute première adolescence, dans une ambiance créée par une instruction religieuse – sans doute bien faite et attrayante, remuante – dès mon tout jeune âge. Une interrogation sur une éventuelle vocation religieuse et/ou sacerdotale me fit chercher dans la prière et la lecture spirituelle – pas seulement la fréquentation de la Bible chrétienne, c’est-à-dire en deux Testaments – une orientation de vie. Recherche de l’état auquel j’étais appelé, qui est devenu ces années-ci appel à fructifier, à répondre de ce qui m’est confié. Responsabilité de mes aimées en couple et en famille, mais aussi responsabilité vis-à-vis de celles et ceux qui reçoivent ce message quotidien.

Lecture quotidienne, non préparée, non destinée à être publiée, communiquée, même partagée, lecture personnelle au saut du lit, à l’ouverture de l’écritoire, commencement. Destinataire – quand fut le premier matin ? même question pour la Genèse – ma femme, avant notre mariage, que nous habitions le même lieu ou que nous soyons séparés puisque nous avons d’abord eu chacun notre résidence. Aujourd’hui encore quoique nos ordinateurs soient physiquement distants de pas trois mètres. Je précède l’envoi erga omnes d’un courriel de salutation amoureuse. Je suis humain, marié, bientôt septuagénaire, j’écris à notre fille – de maintenant six ans – le journal de sa conception puis de sa petite enfance, elle le recevra édité – vierge de toute lecture par un tiers – quand je sentirai qu’elle est prête (désireuse ?) pour les premiers volumes. Prière de toujours, écriture de presque toujours, communication fréquente.

En mentionnant la destination à ma chère femme, j’ai étendu la diffusion à quelques-uns, explicitement, puis l’anonymat des destinataires, y compris de l’unique réceptrice initiale devint nécessaire. Aucun envoi n’a été ni ne sera en liste reçue d’ailleurs. Chaque nom évoque un visage, parfois une histoire. Peu dans ma famille de sang, des étudiants, des rencontres dans le métro., dans la rue, dans des lieux publics, des hasards, des religieux – quand même – des politiques, deux anciens ministres du général de Gaulle, des musulmans, sans doute des juifs, des gens de grande réussite et d’autres très simples de société et de culture.

Je n’ai aucun but. Cette lecture quotidienne – dont je n’ai pas encore cherché les premiers écrits en chronologie quoique le journal intime que je tiens depuis 1964 témoigne de la place de la Bible et de la prière dans ma vie – est un acte. Si je le produis à d’autres, c’est que j’aimerai le recevoir d’autres. Non pas des effusions ou des études ou des commentaires écrits d’avance, à la suite l’un de l’autre, sans le poids et les circonstances de chaque jour à son commencement selon nos calendriers et nos horloges, pas des recueils apologétiques ou des prières composées. Seulement, quelques minutes de vie – entre Dieu et d’autres que je rassemble dans la prière surgissant de la lecture – et le bouquet naturellement puisqu’il m’a été intimement offert, que je n’aurai pas su le composer, le voir de moi-même… peut aller à d’autres.
Immaculée conception – 2010

En amours adolescents et ne vit-on pas ainsi toute l’existence humaine, même (sinon surtout) en couple, consacré par le mariage ? j’ai toujours guetté en l’autre le signe… de même que, par profession autant que par amour de mon pays, j’ai guetté (et suscité de plus en plus systématiquement) l’image portée de la France à l’étranger, et souvent chez mes compatriotes… de même depuis une vingtaine d’années, je guette (et provoque, de plus en plus) l’aveu de Dieu chez ceux que je rencontre ou celles dont j’ai la responsabilité, ma chère femme, notre fille (mariage le 18 Juin 2004 et naissance le 22 Novembre 2004, comme le général de Gaulle à dix minutes et cent quatre ans près).

dimanche 6 Février 2011 – l’évangile du sel et de la lumière