dimanche 30 septembre 2012

tentative d'approfondissement - prêcher le combat ou l'exemple ?






Prêcher le combat ? ou l’exemple ?



tentative de synthèse des pétitions qui assaillent et des intuitions qui nous traversent



Sur deux thèmes d’actualité qui peuvent s’exprimer et se dialoguer en de multiples registres politiques, moraux, philosophiques, spirituels, sociaux – certains, se réclamant d’ailleurs du christianisme et plus précisément de leur appartenance à l’Eglise catholique, optent pour le combat. Leur argument est la vérité. Il s’agit de l’Islam vu et entendu comme une supercherie historique et comme un danger mortel pour un Occident émollient, peu vigilant, capitulard. Il s’agit de législations en projets jugés menaçant le début et la fin de la vie humaine ainsi que le couple et la fondation familiale, au point que c’est – aussi – une question de pérennité pour notre civilisation.

Cette option – grandiloquente et insistante, éventuellement proposée en plate-forme à des formations politiques en quête de textes approfondis – présente trois inconvénients. La couvrir du drapeau chrétien sinon de la référence pontificale romaine schématise le magistère de l’Eglise et n’en projette pour l’opinion publique en France et pour les tiers dans le monde qu’une image très réductrice. L’accessoire ou le conséquent est ressassé comme primordial. L’option fait donc oublier ou passer à l’arrière-plan des vérités positives ou des objets de discussion et d’études, aujourd’hui non abouties, auxquelles pourraient d’ailleurs ou participer d’autres que des chrétiens étiquetés ; elle prive donc le combat-même de renfort et d’expressions plus acceptables, aux références plus diversifiées. Enfin, cette option manichéenne suppose que si le mal est en face, le bien est quelque part ailleurs et le militant se targue de l’incarner surtout devant ceux qui prêchent la tierce voie de la tolérance et du dialogue. Les indifférents au combat ou les attentifs à l’adversaire ainsi désigné sont d’ailleurs les véritables ennemis de ces zélateurs de la vérité, du droit naturel, du dogme.

Ces deux thèmes d’actualité sont surtout traités en termes simplistes, sans véritables études quoique les dénonciateurs fondent l’objectivité à laquelle ils prétendent convertir sur des bases scientifiques. Ils importent moins que la distraction et le déplacement de l’attention collective qu’ils opèrent, surtout depuis quelques mois parallèlement à la campagne présidentielle et aux condamnations déjà prononcées contre le nouveau cours politique en France (ou le simple réagencement des rapports de forces politiques).
Je ne reviens pas – ici – sur l’islamophobie sinon pour relever que toute âme priante est avide de communion et d’un salut universels, qu’elle est heureuse de trouver ailleurs que chez ses éventuelles compagnes de confession ou d’enfance dans la foi religieuse, des attitudes, des références et des attentes vis-à-vis de Dieu qu’elle-même vit, parle et dialogue. Elle en est même confortée. Plutôt que discuter vérité, histoire, dogme, texte et contenu, le plus nourrissant est de rencontrer ce qu’il y a de commun, d’humain, d’humble devant les circonstances et la réalité, notamment de notre époque puisque c’est dans la vie et dans l’histoire qui se fait que se rencontrent les hommes et les femmes. Alors s’affinent les différences, divergences et analogies et peuvent se poser les choix de marcher ensemble tout en respectant le jardin secret de l’autre. Cela suppose une sérénité intérieure, et certainement une conscience du vrai et du définitif telle que comprendre l’autre et aller vers lui n’est ni une tolérance, ni du prosélytisme, encore moins du synchrétisme mais la simple affection de cœur, la vraie curiosité d’intelligence, la demande en fait que l’autre se dise davantage, plus profondément et que se découvre donc la vraie racine de toute âme croyante. Peu importent alors l’expression, l’obédience : chacun a les siennes. Ce qui compte, c’est l’échange et le partage de l’expérience spirituelle, du ressenti historique. Dans un monde compartimenté et dans des périodes historiques où la mixité des civilisations n’était accessible qu’à quelques-uns ou du fait des entrelacis politiques et militaires, notamment les grands va-et-vient autour de la Méditerranée, cette recherche de l’échange et du partage est une transmission, et peut constituer un enrichissement mutuel. Cela a été souvent entrepris et réalisé entre chrétiens, musulmans, juifs. Cela a été dramatiquement manqué entre le libéralisme et le communisme – pendant le sicèle dernier – en sorte que chacune des deux dogmatiques économiques a suivi, isolément de l’autre, son chemin, a déterminé des totalitarismes analogues et inhumains. Le système soviétique en est mort le premier, le monde crève de l’autre système – manifestement mortifère aujourd’hui – mais dont la mort n’est pas prévisible car la chute du communisme a coincidé avec un dépérissement de l’Etat tout autre que celui prophétisé par Marx.

L’option de combat empêche donc la connaissance de l’autre et l’amélioration de soi.

Je l’applique ici aux questions de société impliquant un jugement moral, voire des convictions religieuse, qui sont actuellement en débat. Elles le sont parce qu’il est question de légiférer à leur propos, différemment d’antan, alors que les évolutions en profondeur de nos sociétés depuis un demi-siècle au moins qui appellent ces retouches ou ces mûes législatives n’ont guère été débattues et que leurs conséquences psychologiques, voire économiques et politiques semblent découvertes au moment où des législations les consacreraient.
Un préalable dans l’exposé de ma réflexion. La compétence de l’Etat et la nature de la loi. La pénalisation de l’avortement – la loi de 1920 – est une décision de circonstance : après la victoire obtenue miraculeusement et avec la perspective de renforts extérieurs ininterrompus mais que la paix a taris, il est vital pour la France qu’elle se redresse démographiquement. Son déclin, alors qu’elle était la première population d’Europe, Russie comprise, jusqu’aux guerres napoléoniennes, l’a mise en position difficile face à son principal voisin territorial, l’Allemagne. Encore aujourd’hui le rétablissement français est plus en projections d’avenir qu’en acquis statistique. Une loi appelle une autre pour toute modification, « libéralisation » et nous sommes donc de fait dans une reconnaissance de la compétence de l’Etat pour un domaine que d’aucuns pourraient juger exclusivement privé. Aussitôt pour l’avortement comme pour l’euthanasie apparaissent les éléments et les procédures de bon sens mais qui ne peuvent, précisément constituer des normes : aucun cas n’est assimilable à un autre, la loi ne peut régler des situations aussi diverses et un système jurisprudentiel serait certainement plus adapté. Ce n’est pas la tradition française que de régler ainsi des questions par analogie. Nous sommes friands de premiers commencements. Avortement et euthanasie impliquent le respect de la vie d’autrui, naissent de l’impossibilité pour le sujet de s’exprimer, mettent en cause l’entourage et aussi le corps médical. Les solutions devraient se trouver – cas par cas – par la délibération à plusieurs et se fonder sur la compassion pour qui vit, consciemment ou inconsciemment le drame de la souffrance et de l’amoindrissement incurables, irréversibles, le drame de l’immaturité ou du dénuement empêchant d’accueillir l’enfant. Il ne peut s’agir de convenance ni de confort, ni même de convictions mais d’urgence. Accompagnement psychologique, affectif, social pour la mère souhaitant avorter et ne se voyant aucune autre issue, pour le couple possible mais imprévoyant. Délibération éclairée entre médecins et proches d’amitié ou de sang pour répondre à la volonté du mourant explicite ou à ce qu’imposent les circonstances. Rien de cela ne peut se légiférer, c’est la généralisation qui pose l’énigme et le risque des limites mais chaque cas particulier a sa solution que la loi ne doit pas compliquer quand tous les protagonistes sont éclairés et de bonne foi et s’il est certain qu’il faut tout tenter pour éviter le drame, pis la pérennisation du drame.   

L’objection philosophique n’est pas recevable dans le système juridique français depuis Rousseau et sa proposition – triomphante en théorie – que la loi est l’expression de la volonté générale. En sociologie politique, l’axiome est d’application douteuse tant les mécanismes constitutionnels et le fonctionnement des partis aboutissent souvent à une loi votée contre le gré du grand nombre. Mais dire que la destination d’une loi serait de servir le bien commun, suppose la définition de celui-ci. L’histoire contemporaine de la France montre que le consensus n’est possible que lorsqu’il porte évidemment sur l’essentiel et le vital. L’élan de la Résistance et de la Libération a permis les plus grandes réformes économiques et sociales parce qu’il y avait consensus sur notre résurrection. L’artifice et le vide du texte politique aujourd’hui, les clivages et les jeux de rôle discréditant jusqu’au processus électif tiennent à ce que ne sont plus traitées que des questions contingentes de gestion et de circonstances. Le paradoxe étant que rien ne sépare au fond les protagonistes que leur succession et leur pérennité aux gouvernes.

L’outil manque donc et celui pour l’usage duquel les uns combattent et les autres revendiquent, deux minorités tâchant de mobiliser l’opinion publique pour forcer la décision de valeur législative, n’est pas le bon. L’option de combat manque de méthode, se trompe d’outil et n’éclaire pas l’immense tiers-parti ou bien indifférent ou bien totalement démuni quand les questions débattues, soudainement, se posent à lui intimement, du fait simple et absolu de la vie.

La décision ou la lâcheté de l’avortement, je l’ai vécue – aussi seul que celle à qui je les infligeais et celle-ci les a intérinées par urgence nullement par projet de vie. Le péché n’est pas un manquement à de l’enseignement, à un ordre reçu, il est notre détresse ou notre légèreté quand les circonstances nous révèlent à nous-mêmes sans références propres.

La vie n’est la vie que par les vivants. Elle n’est pas une idée à révérer pour elle-même, elle est un fait, elle est nous, elle est l’autre analogue à nous. La foi religieuse et la plupart des spiritualités ajoutent que nous recevons la vie, nous la transmettons selon la nature autant que selon la providence. En ce sens, personne n’en sait plus que les autres, personne ne peut se mettre à la place de l’autre sinon par empathie et amour, ce qui n’est pas automatiquement la certitude du point de vue de l’autre. Et l’autre, analogue à nous, n’est pas non plus forcément éclairé sur son orientation propre. Est-ce la liberté, est-ce l’émergence de la personne ? je n’en sais rien. La conscience de soi est-elle la vie ? la vie dont, sauf exception, nous n’avons d’expérience que dans sa version limitée, contingente fragile en psychisme et en physiologie, sa version terrestre. Mortelle précisément. Car le débat porte sur la mort administrée d’un semblable à l’autre, et pas sur la vie. Le débat sur la vie devrait porter sur l’égalité sociale, le respect de la dignité humaine, le devoir d’exemplarité bien plus que celui d’ingérence ; c’est la compassion qui fait tout imaginer y compris les deux drames de l’avortement et de l’euthanasie. Pas l’application du droit, pas la déduction d’une conviction religieuse.

Notre société – au moins en France – ne se décompose pas du fait des lois, celles qui réglementent le divorce, l’avortement, l’euthanasie, le mariage, l’adoption et les textes à venir quels qu’ils soient n’accélèreront ni ne ralentiront les évolutions. Ils sont d’ailleurs discutés, défendus ou combattus par bien des personnes qui en sont peu dignes dans leur vie personnelle : divorcés, remariés ou plus souvent concubins, ou qui sont directement intéressés à de nouveaux droits civiques : la dépénalisation de l’homosexualité dont on ne s’étonne pas assez, rétrospectivement, qu’elle ait pu être réprimée par des textes jusqu’au 24 Juillet 1882.

La réalité de nos comportements se prête cependant à des études qui pourraient nous éclairer. Ainsi la marchandisation de la procréation médicale assistée et surtout du don d’ovocytes et de l’adoption d’enfants. Ainsi l’impact sur une psychologie en devenir du foyer monoparental ou du couple parental homosexuel ou du couple en mésentente criante. La stérilité, la fécondité sont encore étudiées en statistiques, en accompagnement de la vitalité économique ou du poids politique d’un pays mais fort peu pour ce qu’elles déterminent en équilibre ou en pathologie des individus, hommes autant que femmes, et par conséquent en optimisme ou en dépressivité d’une société entière. Tandis que la France, en bientôt trente ans de dogmatique libérale quel que soit le coloris affiché du gouvernement, a perdu sa substance et ses emplois industriels, ont proliféré les métiers parasites d’aide à la recherche de l’emploi, à la formation tardive, à la conduite de la vie personnelle, à l’accès aux divers paradis que les addictions répertoriées en tant que telles ne procurent pas. L’amateurisme de ceux qui prétendent diriger le pays (leur savoir principal est dans la campagne électorale) et les entreprises (leur science est dans l’invocation du dogme et leur mérite tient à leur cooptation) a trouvé son pendant dans de fausses disciplines pour la connaissance de soi et de l’autre (vénalité de la consolation) : l’une et l’autre improvisation signifient le même manque de repères dépassant mais respectant l’individu, la personne. Le rapport de l’un à tous. Or nous naissons chacun grâce aux autres et nous souhaitons mourir accompagnés jusqu’à l’instant où l’on lâche prise et (peut-être) rend enfin grâce. Le dernier souffle est pour l’extérieur, un prêté pour un rendu. Du cri au soupir.

Aucune modification substantielle de nos dérives mentales, de nos suivismes, de nos recherches de recettes généralisables ne s’opèrera en continuant comme nous avons insensiblement commencé. Les générations qui nous ont précédé dataient aisément les bouleversements qui les avaient transormées par rapport à leurs devancières : les guerres, les grandes découvertes, les endémies. L’historiographie – elle-même à la recherche de ses fins et de beaucoup de ses moyens, aujourd’hui – repèrera sans doute les dates et événements qui nous forment et déforment : Mai 68, pillule et sida, mur de Berlin, 11-Septembre, printemps arabes… peut-être… La mise au pinacle de l’argent accumulé par la spéculation, celle-ci servie par toutes les disciplines de l’ingéniosité, de l’inventivité et des filières de carrière qui se consacraient à autre chose auparavant, est sans doute dénoncée, moralement condamnée mais rien ne se cherche pour l’éradiquer aussi mécaniquement qu’elle est née dans la finance et dans les esprits.

Prendre les questions de bioéthique et de constitution sociale dans ce contexte fait au moins approcher que le matérialisme, le paganisme et l’intégrisme sont aussi réducteurs les uns que les autres. Cela ne les résoud pas en tant que telles mais ouvre un chemin. La source du collectif est en nous. Le relationnel commence en nous et par nous. Et c’est le relationnel qui peut faire décider – non pour autrui – mais pour chacun de nous ce qu’il faut défendre ou conquérir : notre liberté, notre stabilité les plus intimes. L’exemple, pas le prêche, est contagieux. La loi vaut par l’esprit qui l’a inspiré, par ce dont elle est le résultat. Elan ? résignation ? perception d’une dimension nouvelle, multipliante, ouvrante ?

Toutes ensembles, ces questions de foi religieuse, de comportement sexuel, de fondation de quoi que ce soit avec autrui ou à plusieurs, de la famille à l’entreprise, à la société locale ou nationale, signifient que nous arrivons – en ce moment – à maturité, que beaucoup de nos institutions sont décalées, vécues schématiquement et distraitement et que nous en avons conscience. Nos questionnements qui – contrairement à ce que les adeptes du combat et de l’anathème assurent – ne sont pas des peurs mais des éveils.

L’accompagnement mutuel, le partage de l’expérience, de la réflexion – pas des récitations mais une inspiration commune trouvée dans le moment de vie ensemble (la prière de l’Eglise originelle, des journées de consensus dans la vie de certaaines démocraties renaissantes, pas seulement en Europe, des pacifications pour aller à plus difficile mais plus vrai que les premiers énoncés) – supposent tous le respect, l’attente les uns des autres. Nos personnalités sont étouffées à mesure que nous sommes censés « devenir adultes » par la mécanisation et la mutilation de la plupart de nos capacités, de nos souhaits. Contradiction fondamentale entre le prêche économique et social, véhiculé par des politiques qui ne vivent ni l’économique ni le social et font de l’adaptation la loi animale pour l’homme du XXIème siècle,  et le prêche qui n’est pas adverse et tente dans l’espace public résiduel de contraindre tout autant ce qui naguère était l’intimité, l’amour, la foi. En commun, ces deux prêches ont une conception de l’homme objet de réglementation, d’incarcération, de coercition mentales.

La voie d’une perception plus fine des enjeux et de la réalité économique, politique et sociale dont résultent les lois, est certainement une conscience, un comportement, une vitalité, une responsabilité de chacun de nous, non pour lui-même mais parce que nous contribuons tous au devenir du monde, de notre époque, de notre pays dans une mesure que nous ne savons pas s’agissant de nous mais dont nous nous rendons compte dans certaines circonstances face à d’autres – lumineux ou indignes, puérils ou nobles. Rameuter n’est pas responsable, répondre d’exemple tels que nous sommes et tâchons d’être, forts de notre enthousiasme et de nos souhaits à nos débuts ou recommencements de vie, forts de notre expérience et d’un discernement reçu de la vie et de la rencontre d’autrui quand nous vieillissons (j’y suis pour ma part après avoir été longtemps de la première séquence… et avec quelle pétulance qui en agaça beaucoup et me mit au garage là où la vue change plus que l’existence…), répondre par soi-même, sans argument ni accompagnement, nu, limité, accueillant, finalement heureux, c’est cela qui permet d’exiger de notre temps et de nos faiseurs moins de bêtise et plus d’audace.

Il n’y a pas d’appel – sauf pour nos vocations et nos amours quand nous recevons la grâce d’y consentir et de, rétrospectivement, les discerner – il y a des réponses. Nous répondons aux autres et à notre créateur – ce sont eux qui nous appellent. Non à les combattre mais à les accueillir. L’existence des autres est un appel, ce peut être notre nourriture, c’est notre chance. Je le vis. Dans mon passé, ce fut souvent douloureux, décevant autant que je déçus. Aujourd’hui, c’est heureux.

Je crois donc que

1° les appels à respecter l’intimité des décisions d’avortement et d’euthanasie doivent être entendus en terme d’accompagnement, de présence active : responsable au sens littéral du mot réponse ; ils ne sont ni assassins ni mortifères ; ils exigent une mutation sociale pour répondre aux débuts et fin de vie quand la personne isolée semble vaincue ;

2° les pressions pour que la pluralité des orientations ou des circonstances sexuelles soit admise dans l’unisson des recherches et des fondations d’amour, de paternité, de maternité doivent être socialement reçues comme un élément, ayant pu d’abord dérouter, de stabilisation de la cellule promordiale de notre société ; l’air libre pour les mariages homosexuels et les adoptions qui iront avec, éprouvera le fondement du mariage ; les sept jours de la Genèse, correctement lus et priés au besoin, confortent spirituellement pour notre époque les acquis scientifiques en histoire du vivant et de l’évolution, de même l’humain semblable à Dieu parce qu’homme et femme, intimement pluriel d’âmes mais indissolublement liés de chair, peut fort bien exister en masculin et féminin dans une seule apparence sexuelle. Bien plus fort que des penchants ou des « orientations », il y a le sexe de l’âme et l’indifférenciation de Dieu ; l’identité anatomique en dit fort peu ;

3° les nouveaux venus dans la société et les nouveaux adhérents à la nation française relayent, à tous points de vue : façons de voir, façons d’être, façon de pratiquer et enrichir notre langue, ses vocabulaires ses accents, façon de constituer la société quotidienne et le commerce le plus pratique entre nous tous… les lâchages et les émigrations de ceux qui avaient beaucoup pour demeurer nos élites et nous ont trahi. Ces sangs nouveaux ont reçu de notre image ou de notre emprise coloniale ou d’accueils par l’un ou l’autre de nous le goût de nous rejoindre au moment où des nantis et des cooptés commençaient de nous mépriser et voulaient nous convaincre de notre obsolescence collective ;

4° les saints sont nécessaires dans la société et l’histoire humaines. Le vivant nous a été donné par le Créateur ; la dialectique qui nous gouverne n’est pas la mort mais la miséricorde, le rachat, la multiplicité des chances, le retour à tout ; l’expérience de la vieillesse – telle que je la vis – est de retrouver intactes les pulsions et les certitudes de l’adolescence quand les compromis et compromissions de l’âge dit adulte n’avaient pas embrumés la solidité des origines de notre personnalité. Alors l’unité d’une existence, d’un parcours – peu importe sa notoriété ou son poids en numéraire à léguer – saute au visage, tout devient précieux, miraculeux, gratuit, surabondant ; d’autrui le mot, le sourire, la rencontre résulte une sorte de luminescence intérieure qu’on lui doit ; enfin, comme si déjà le « jugement dernier » arrivait après la probation de quelque « jugement particulier », je suis, nous sommes reconnus. Tous saints, potentiellement, le reste nous sera ôtés en bout de route ;

5° la novation des organisations de notre planète humaine est écrite et souhaitée par tous, mais n’est osée, dite par aucun dirigeant. Le lien sera fait plutôt tôt que tard parce que ce qui se souhaite et s’imagine collectivement a toujours été une anticipation de la réalité. Ce qui – malheureusement – ne s’économise ni même se dénombre, ce sont les victimes de nos retards, notre planète en tant que tel comme tout le vivant qu’elle porte et nourrit ;

6° la haine, la peur, la cécité – elles se secrètent l’une l’autre – sont une seule et même entrave à l’intelligence et à la véritable action, celle de la fécondité, en quelque domaine que ce soit.
 

Bertrand Fessard de Foucault – lundi 24 & dimanche 30 Septembre 2012

celui qui entrainera la chute d'un seul de ces petits - textes du jour

Dimanche 30 Septembre 2012

                                   Mon chien en peluche, celui de mes deux ans, dévoré sauf une joue et les pattes arrière par un de nos chiens… je n’ai pas encore de sentiments, sinon qu’il avait vécu soixante-huit ans mais que je le délaissais, à preuve… tandis que nos quatre-pattes ont une espérance de vie incertaine, pour les plus jeunes, du fait de notre environnement. Les textes de la messe, déjà entendus et prêchés à la messe anticipée hier soir à Penerf, crient le décalage entre l’actuel magistère social de l’Eglise et l’Evangile… s’il y a combat des chrétiens, ce n’est pas contre l’homoexualité ou contre l’Islam qu’il faut se mobiliser mais pour l’exemple : l’exigence de justice sociale, qui est tout simplement l’obsession de l’égalité de valeur, de considération, de respect, et l’exemple à donner de la fidélité, de la stabilité conjugale, de la tolérance mutuelle… et là, cela dépend de nous, et il y a à faire, sans pétition mais tranquillement et amoureusement minute par minute. Les saints n’ont jamais rien remontré à personne, leur vie disait tout et mettait en porte-à-faux ce qui doit l’être… Prier… [1] l’ensemble des textes est limpide. D’abord, le thème du Magnificat ou du cantique d’Anne, la condamnation des repus, des gras et des autistes, le cri social au point que Paul, dans beaucoup d’écrits marxistes, fut revendiqué comme le premier prêcheur du communisme (sans son adjuvent soviétique, celui de la dictature), mais tous les Actes des Apôtres le disent aussi bien. Des travailleurs ont moissoné vos terres, et vous ne les avez pas payés ; leur salaire crie vengeance, et les revendications des moissonneurs sont arrivés aux oreilles du Seigneur de l’univers. Vous avez recherché sur terre le plaisir et le luxe, et vous avez fait boimbance pendant qu’on massacrait des gens. Péché principal rassemblant tous les autres car le Christ « paye » pour chacun de nous et pour notre « civilisation », notre « culture », l’inversion totale de nos « échelles de valeurs » : vous avez condamné le juste et vous l’avez tué, sans qu’il vous résiste. Le second thème est donné par l’analogie entre Moïse et Jésus, priés chacun de donner une exclusive à leur propre ministère et surtout à leurs propres disciples : un jeune homme courit annoncer à Moïse, « Eldad er Médad prophétisent dans le camp ! ». Josué, fils de Noun, serviteur de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : « Moïse, mon maître, arrête-les ! » … Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un chasser des esprits mauvais en ton nom : nous avons voulu l’en empêcher, car il n’est pas de ceux qui nous suivent ». Réponse de l’un et de l’autre : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! ». Et le Christ continue, lui aussi … « Ne l’empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». Je le prends pour moi… car jamais, de nous-mêmes, nous ne serons complètement au Christ et à sa mission, c’est Lui qui nous tolère, nous accueille, nous forme, nous prend enfin tels qu’Il veut que nous devenions et selon les souhaits les plus intimes qu’Il nous inspire. Nos vocations au jour le jour plus encore qu’en « état de vie » sont entre Ses mains, au souffle de Son Esprit. Accessoire : ces auto-mutilations que Jésus donne à s’administrer si nous discernons nos occasions de chute et il faut les lire, je pense, pour l’ensemble de nos activités et addictions… ou propensions, peuvent aussi résonner comme un écho de la charia. Mais selon l’évangile, c’est le pécheur lui-même qui se corrige et au besoin s’agresse. Non une collectivité. Quoique les évangiles aussi suggèrent les procédures de remontrance faites en privé puis collectivement au récalcitrant. Ne prier que directement ce qui est proposé : la loi du Seineur est parfaite qui redonne vie (c’est le critère pour la reconnaître et l’aimer) : la charte du Seigneur est sûre qui rend sage les simples.


[1] - Nombres XI 25 à 29 ; psaume XIX ; lettre de saint Jacques V 1 à 6 ; évangile selon saint Marc IX 38 à 48

samedi 29 septembre 2012

mariage homosexuel - prêcher le combat ou d'exemple ?


----- Original Message -----
From: G.
Sent: Saturday, September 29, 2012 9:04 PM
Subject: Fw : Pétition pour un grand dé bat démocratique sur le mariage

Pour un grand débat démocratique sur le mariage  .
.. voici une pétition demandant un débat démocratique sur le mariage.

MARIAGE = UN HOMME + UNE FEMME
ENFANT = UN PÈRE + UNE MÈRE



Une pétition a été mise en ligne
par l'Observatoire socio-politique du diocèse de Fréjus-Toulon et parrainé par 4 évêques :
  
  • Monseigneur Dominique Rey évêque de Frejus-Toulon  
  • Monseigneur Marc Aillet évêque de Bayonne  
  • Monseigneur Maurice de Germigny évêque de Blois  
  • Monseigneur Alain Castet évêque de Luçon
2 députés et un imam la parrainent également.

----- Original Message -----
Sent: Sunday, September 30, 2012 12:12 AM
Subject: l'exemple plutôt que le combat - Re: Pétition pour un grand dé bat démocratique sur le mariage

La "grand-débatite" est née sous Juppé pour prévenir Novembre-Décembre 1995, avec le résultat que nous vécûmes : le dernier mouvement social vrai qu'ait connu notre pays.

Un referendum s'il était admis sera perdu par les intégristes et les orthodoxes. Il faut le pratiquer pour l'organisation des pouvoirs publics, du dialogue social et pour la détermination des choix stratégiques en économie, en défense de la France, mais pas en morale. Si nous le faisons, nous allons droit aux querelles religieuses et au rétablissement de la peine de mort.

La seule réponse est double : prêcher d'exemple plutôt que le combat, objection de conscience si les lois ne nous conviennent pas quand elles nous sont appliquées ou quand nous devons les appliquer. Ne cherchons pas à décider pour les autres : marié, je ne décide pas du mariage des autres et vous, religieux vous bénissez les mariages qui vous paraissent en être ou en promettre.

Les ferments de dissolution de la société et de la famille ne sont pas des lois sur le mariage mais le fait des divorces, des non-mariages, et des multiples recompositions de la famille cf. Match en couverture présentant en Mai 2007, Nicolas et Cécilia avec cinq enfants dont aucun n'était du même lit.

Comme pour la justice où l'on attend d'elle qu'elle nous donne raison, la démocratie quand on l'invoque, c'est pour faire valoir sinon imposer son point de vue. Elle me paraît hors sujet dans l'affaire du mariage homosexuel. Ayons des pratiques sincères, commençons par nous-mêmes.

Je prépare une réflexion là-dessus : l'exemple plutôt que le combat.

Filialement et fraternellement.

----- Original Message -----
From: D.  
Sent: Sunday, September 30, 2012 12:33 AM
Subject: RE: l'exemple plutôt que le combat - Re: Pétition pour un grand dé bat démocratique sur le mariage

Il y vingt ans, j’étais bêtement homophobes, du fait de mon éducation ( et peut -être du père M. … paix à son âme). Grâce à mes enfants, à mon épouse, aux débats, j’ai changé de position et suis devenu respectueux des différences. Quant au mariage homosexuel, je suis d’accord avec toi : l’enjeu est bien inférieur à celui des familles monoparentales, et il y a une grande hypocrisie à dire que les enfants ont besoin d’un père et d’une mère quand on voit le nombre de familles disloquées. Je ne sais pas si les enfants de couples homosexuels auront des problèmes, mais je peux assurer que certains enfants de couples hétéros en ont ( certains deviennent même homosexuels…)
Alors, s’ils veulent se marier et fonder une cellule stable et affectueuse, pourquoi pas ?
Une fois de plus une certaine église se trompe de combat. A quand un référendum dans l’église pour l’ordination des femmes, pour le déménagement du Vatican dans un lieu évangélique et de la CEF à St Denis plutôt qu’avenue de Breteuil ?

le jour où tu répondis à mon appel, tu fis grandir en mon âme la force - textes du jour

Samedi 29 Septembre 2012

La mort de mon éminent ami – comme celle naguère de Maurice COUVE de MURVILLE – me rappelle mon inorganisation et mes retards constants au point que ce devient de l’inertie quand il s’agit de travaux valant dettes d’honeur envers ceux qui se confient à moi. Deux séjours de travail à Apin Selama, inoubliables plus initiatiques à l’essentiel qu’une retraite monastique ou ignatienne, à apprendre d’un patriote, d’un érudit, d’un homme totalement libre ce qu’est un pays, ce que sont des populations au point de devenir une possible nation, ce qu’est l’homme selon une biographie riche, accidentée, curieuse et copieuse d’absolument tout, mais dite sobrement, en complicité et aboutissant à la sagesse du partage, de l’amitié, du travail, d’une responsabilité familiale. Tout cela dans un dénuement matériel à laquelle les lieux et l’homme rendent insensible. Le proche parent du président-fondateur de ma chère Mauritanie, l’un de ses compagnons de totale confiance me paraît ce matin de la même trempe d’intelligence, d’âme, de tranquille patriotisme, de vérité nue que le grand ministre des Affaires Etrangères du général de GAULLE. Paix à eux et que leur rayonnement nous enlève à notre crainte de n’être que nous-mêmes, simplement. Prier… [1]. Ces morts, nos morts, les nôtres morts ou vivants qui sont nos « anges gardiens »… je l’ai souvent ressenti. Les anges eux-mêmes – point commun du dogme avec l’Islam, et si Gabriel pour le chrétien est spécialement celui qui annonce l’Incarnation, il est celui de la Révélation à Mahomet. Nous n’y croyons plus guère aujourd’hui. Charmante bande dessinée des années 50… livre de prière de ma petite enfance, sur la table de chevet maintenant de notre fille, le petit ange et le petit diable. Notre débat intérieur seulement, ou une veille tutélaire et intime, des êtres surnaturels… la doctrine paulinienne sur corps spirituel… beaucoup à étudier, comprendre puis prier. Nous sommes alors bien au-delà de la mort et de son chemin. Piété qui est une ouverture au surnaturel car Jésus évoque « l’échelle de Jacob » [2]à propos d’un véritable fils d’Israël, un homme qui ne sait pas mentir, Nathanaël. .Celui-ci est tellement limpide qu’il s’étonne d’être ainsi vu par le Seigneur. Des choses plus grandes encore… des exploits, le renversement de l’Histoire ? non, cette vision du Patriarche que Jésus promet à son nouveau disciple. Mais dans la chronologie des professions de foi, Nathanaël est le tout premier, bien avant Pierre : Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! c’est toi le roi d’Israël. Le Seigneur réplique calmement, à la manière de Jean de la Croix bien plus tard, ce n’est qu’un commencement… Dépassant l’amour d’eux-mêmes, ils sont allés jusqu’à la mort. Ciel, sois donc dans la joie, ainsi que vous tous qui demeurez aux cieux. Les combats de l’ange ont leur version humaine : les martyres. L’ange déchu, le mal, est présenté par l’Apôtre Jean comme l’accusateur de nos frères, l’être de la division. Dans la vision de Daniel, les anges – donnés simplement comme des millions d’êtres, des centaines de millions – ne se définissent que par leur nombre, leur fonction de servir, leur présence devant Dieu. – Ce n’est pas si mystérieux. L’ensemble des textes proposés aujourd’hui répètent une destinée d’appelés qui aboutissent à la communion divine. Les visions concordent en ce que rien n’est statique et que le Christ : Fils d’homme ou Fils de l’homme est central, décisif.


[1] - Apocalypse de Jean XII 7 à 12 ; Daniel VII 9 à 14 ; psaume CXXXVIII ; évangile selon saint Jean I 47 à 51

[2] - Genèse XXVIII 12

vendredi 28 septembre 2012

la douceur du Seigneur notre Dieu - textes du jour

Vendredi 28 Septembre 2012

... le départ en classe de notre fille. Celle-ci tout à fait avisée et capable. Me voyant la presser et me presser : c’est bon, Papa, tu ne vas pas accoucher tout de même ! – Miracle de la marguerite… tige longue et forte, mais les pétales blancs retournés et le cœur offert sur le plat-bord de la voiture avec l’aération chaude et deséchante hier matin, notre fille sans doute l’avait cueillie pour nous l’offrir. Dans l’eau, les pétales se sont redéployés dans l’heure et ils sont ce matin joyeux et vifs.
Prier… une nouvelle fois, je me suis trompé dans les lectures en anticipant hier la messe d’aujourd’hui, je prends donc ceux que j’ai laissés passer [1]. Luc rapporte l’interrogation générale sur l’identité véritable du Christ, passage introduisant la « profession de foi » de Pierre. Certains disaient que Jean le Baptiste était ressuscité d’entre les morts… d’autres encore : c’est un prophète d’aurefois qui est ressuscité. Attente également d’Elie, telle qu’elle fera la confusion – difficile à comprendre sans exégèse – entre le cri : pourquoi m’as-tu abandonné et il appelle Elie… Le point commun est le passéisme, mais aussi la résurrection des morts à laquelle il est donc cru dans les milieux contemporains du Christ, contrairement à la culture gréco-romaine. Or Jésus répondra à Pierre par le futur mais aussi par la confirmation qu’il s’agira bien de résurrection. Hérode ressemble, par anticipation, à RENAN : le personnage de Jésus, tel quel, l’intéresse. Par sa notoriété. Qui est positive alors que la sienne est mauvaise. Attitude aussi du premier Hérode qui se fait finalement tromper par les « rois » mages. – Dans l’Ecclésiaste, bel épigraphe pour l’entretien du Premier ministre hier… Tout discours est fatiguant, on ne peut jamais tout dire… ce qui a existé, c’est cela qui existera ; ce qui s’est fait, c’est cela qui se fera ; il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Cette dernière maxime, sujet de composition quand j’étais en classe de philosophie. J’ai argumenté – évidemment – le contraire. Sous le répétitif, l’événement. L’œil n’a jamais fini de voir, ni l’oreille d’entendre. Certes, mais le Christ appelle : celui qui a des oreilles, qu’il entende. Nous n’entendons pas. Prière alors : quotidienne. Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu ! Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains. Ainsi soit-il !


[1] - Ecclésiaste I 2 à 11 ; psaume XC ; évangile selon saint Luc IX 7 à 9

jeudi 27 septembre 2012

un temps - textes du jour

Jeudi 27 Septembre 2012

                               Ciel magnifique à regarder ensemble. La constellation d’Orion à notre seuil : Sirius et Jupiter donc comme des phares. Prier…[1] sagesse intense des Proverbes, du peuple choisi et élu, formé par Yahvé, la perception – aujourd’hui – du temps, le summum de la création et aussi du don de l’esprit. J’ai vu toutes les occupations que Dieu donne aux hommes. Toutes les choses que Dieu a faites sont bonnes en leur temps. Dieu a mis toute la durée du temps dans l’esprit de l’homme, et pourtant celui-ci est incapable d’embrasser l’œuvre que Dieu a faite, du début jusqu’à la fin. Le milieu divin selon TEILHARD de CHARDIN, le temps bien davantage notre ambiance, notre site d’action, de naissance, de mort et de rencontre. Un temps pour lancer des pierres et un temps pour les ramasser ; un temps pour s’embrasser et un temps pour s’abstenir. Un temps pour chercher et un temps pour perdre ; un temps pour garder et un temps pour jeter. L’alternative, les contraires, rien n’est mauvais en soi. Rapport à Dieu ? ou rapport à l’action ? ou situation de nous-mêmes ? Qu’est-ce que l’homme pour que tu le connaisses, Seigneur, le fils d’un homme, pour que tu comptes avec lui ? L’homme est semblable à un souffle, ses jours sont une ombre qui passe. Certitude de notre situation mais ignorance de notre destinée, sinon qu’elle est voulue par Dieu et qu’elle est marquée de sa sollicitude. Seul Dieu se connaît et connaît où Il va et pleinement ce qu’Il fait : sa création, notre rédemption, ce difficile compte de Dieu avec notre liberté. Le Christ ne peut dire son identité ou en accepter le témoignage humain qu’en rappelant sa destinée propre : Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les Anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué et que, le troisième jour, il ressuscite. Il y a temps effectivement pour tout, pour Dieu fait homme en particulier : mon heure n’est pas encore venue… mon heure est venue… Ce que tu as à faire, fais-le vite… Dans sa passion de l’angoisse au Jardin des Oliviers à ses interrogatoires devant les autorités religieuses, puis politiques, Jésus n’évoque pas sa résurrection, et la connaissance prophétique qu’Il a de son sort ne diminue en rien son angoisse humaine, et son appréhension humaine de la mort. Lui qui vit les deux « temps », celui de Dieu son Père, et le nôtre. – Dans quel temps sommes-nous entrés et depuis quand ? et pour quoi ? Le temps de la guerre, de l’intégrisme, des luttes fratricides ? La fonte estivale de la banquise prévue pour 2080 aurait lieu d’ici trois-quatre ans ? Boycott américain du discours d’AHMADINEJAD aux Nations Unies au prétexte de ses propos sur Israël ppurtant le doigt sur la gachette, l’Iran de KHOMEINY à l’origine de tout le manichéisme d’aujourd’hui s’étant – commodément pour beaucoup d’esprits – susbtitué à la bipolarité apparente en géostratégie et en idéologie du monde d’après-guerre ? Les miroirs surabondent pour nous renvoyer notre image, mais nous, l’autre, qui sommes-nous ? Même reconu par Pierre, nommé et salué : le Messie de Dieu, le Christ n’est pas pour autant identifié. – Prier… ce petit matin et toute ma vie. Il est le bouclier qui m’abrite.


[1] - Ecclésiaste III 1 à 11 ; psaume CXLIV ; évangile selon saint Luc IX 18 à 22

mercredi 26 septembre 2012

dans l'abondance, je pourrais te renier - textes du jour

Mercredi 26 Septembre 2012

                    Prier… l’espérance et la foi nues, à ceci près que je les reçois, premier gage d’elles-mêmes. Je ne te demande que deux choses, Seigneur. Ne me les refuse pas avant que je meure ! Eloigne de moi le mensonge et la fauseté, ne me donne ni la pauvreté ni la richesse. [1] Tes préceptes m’ont donné l’intelligence : je hais tout chemin de mensonge. Je hais, je déteste le mensonge ; ta loi, je l’aime… Accorde-moi seulement de quoi subsister. Ce qui se traduit par les préceptes du Christ : N’emportez rien pour la route, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent ; n’ayez pas une tunique de rechange. Si vous trouvez l’hospitalité dans une maison, restez-y ; c’est de là que vous repartirez. Et c‘est dans cette posture d‘âme, dans ce comportement que les disciples, envoyés par leur Maître, allaient de villahge en village, annonçant la Bonne Nouvelle et faisant partout des guérisons. Jésus en effet leur donna pouvoir et autorité pour dominer tous les esprits mauvais et guérir les maladies.  Pouvoir, envoi, annonce à faire, guérisons à l’appui. Le texte respire la sérénité et la tranquillité, il les recommande. Ce n’est pas un envoi chez l’ennemi ni au combat. C’est un sillage mystérieux, puisqu’au lieu de suivre, il précède… le Christ. Ecole de souveraineté : Et si les gens refusent de vous accueillir, sortez de la ville en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. Faire réfléchir et nous faire nous-même réfléchir.


[1] - Proverbes XXX 5 à 9 ; psaume XCIX ; évanile selon saint Luc IX 1 à 6

mardi 25 septembre 2012

celui qui ferme ses oreilles à la clameur des pauvres criera lui-même sans obtenir de réponse - textes du jour

Mardi 25 Septembre 2012

Prier… la perception du naufrage et ne rien pouvoir faire, notre pays, l’Europe, l’équipe de rechange depuis le 6 Mai, les remèdes crèvent les yeux et ne sont pas pris, les défis tuent les pauvres des décicions de justice (l’Erika, je ne sais pas encore pour AZF) aux fermetures d’entreprises et les dirigeants de la politique, de l’économie, de la finance, du commentaire planent. Je communique, ce n’est pas assez. Je prie et j’espère, cela ne dépend pas de moi, que de m’agenouiller et ouvrir les mains. Prier, accomplir la justice et le droit, cela plaît au Seigneur plus que le sacrifice [1] Celui qui ferme ses oreilles à la clameur des pauvres criera lui-même sans obtenir de réponse. … Chacun trouve que sa propre conduite est droite, mais c’est le Seigneur qui pèse les cœurs. Modèle de docilité et de simplicité, la Vierge Marie qui sans doute a rapporté à Luc cette anecdote : la mère et les frères de Jésus vinrent le trouver, mais ils ne pouvaient pas arriver jusqu’à lui à cause de la foule. Le Christ ne la rabroue pas mais a la même réplique celle, enfant de douze ans, il avait déjà donné à sa mère le retrouvant au Temple après trois jours de recherche et d’angoisse. Ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon père, cela devant son père adoptif. Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique. Pourtant s’il en est une qui entend et qui pratique… devant tout cela, devant ce que nous vivons, devant l’exemple d’antan toujours actuel selon la foi qui nous est donnée, simplement demander, espérer, scruter. J’ai choisi la voie de la fidélité, je m’ajuste à tes décisions.


[1] - Proverbes XXI 1 à 13 ; psaume CXIX ; évangile selon saint Luc VIII 19 à 21

lundi 24 septembre 2012

c'est dans la paix qu'est semée la justice - textes du jour

Lundi 24 Septembre 2012

                               prier… [1] pour m’apercevoir de ce qui est très secondaire : j’ai confondu hier matin les textes d’ajjourd’hui avec ceux du dimanche, Je prends donc ces derniers. Tandis que Jésus dit l’essentiel, les disciples n’en sont pas même à l’accessoire ayant quelque rapport avec ce que leur maître vient de leur dire et qu’il répète et répètera, prophétisera pour mieux faire se souvenir… Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes (pas plus tard ou hypothétiquement, mais maintenant parce que Dieu s’est fait homme et qu’il a habité parmi nous; il le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera – De quoi discutiez-vous en chemin ? En réalité, les disciples sont moins fautifs qu’il n’y paraît. La discussion entre eux pour savoir qui était le plus grand : quels furent d’ailleurs leures arguments, chronologie de leur appel mérites personnels, places à table… comme ils nous ressemblent, surtout dans les disputes actuelles, où la morale – d’ailleurs très fondée – l’emporte de beaucoup sur la révélation qui seule peut la soutenir… Ils ont échangé là-dessus, je crois, par diversion, sinon accablement. La mort et le supplice de leur maître (comment d’ailleurs entendre la conclusion : la résurrection ? tant tout est étrange et inacceptable) : les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger. C’est, du coup, le Christ qui vient à eux, se met à leur niveau et les interrogent. Pitoyable… prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux et leur dit… Enfants, femmes, toute une troupe suivant Jésus. L’accueil de l’enfant comme l’accueil de la parole.La sagesse qui vient de Dieu est d’abord droiture, et par suite elle est paix, tolérance, compréhension ; elle est pleine de miséricorde et féconde en bienfaits, sans partialité et sans hypocrisie. Si les objurgations de l’Eglise et les nôtres ont si peu d’effet, hors les convaincus et les passionnés de combattre, c’est bien que sa parole n’a pas d’abord cette force pacifiante… Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. Vous n’obtenez rien parce que vous ne priez pas ; vous priez, mais vous ne recevez rien, parce que votre prière est mauvaise : vous demandez des richesse pour satisfaire vos instincts. Au contrare jusques dans son supplice : voyons si ses paroles sont vraies, regardons où il aboutira… Souettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un veillera sur lui. Au lieu de la parole divine, celle des hommes éprouvée sur Dieu ! D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ?


[1] - Proverbes III 27 à 34 ; psaume XV ; évangile selon saint Luc VIII 16 à 18 qui sont les textes d’aujourd’hui – ceux d’hier dimanche avec lesquels je les avais confondus : Sagesse II 12 à 20 passim ; psaume LIV ; lettre de Jacques III 16 à IV 3 ; évangile selon saint Marc IX 30 à 37

dimanche 23 septembre 2012

qui fait ainsi demeure inébranlable - dimanche 23 septembre 2012

Dimanche 23 Septembre 2012

Hier, ne sachant que vaguement qui il est ni surtout ce qu’il a fait et donc fut (engagé à dix-sept ans dans la France libre, au début de Juillet 1940, sans avoir encore entendu parler du général de GAULLE), je l’avais d’abord entendu assurer que l’espoir est antérieur à la foi et la produit. Et vraiment il parlait foi à des commensaux dans une officialité. C’est ensuite que je l’aborde et lui demande puisque nous sommes ensemble pour cet anniversaire du discours à la jeunesse allemande en 1962 (personne n’a d’ailleurs évoqué l’évident antécédent : le discours de FICHTE à la nation allemande) s’il a rencontré de GAULLE. Ce matin, fin de l’homélie : Jean Eudes d’une voix très prenante correspondant aussi bien à ce qu’il est qu’à ce qu’il dit (personnalité, sacerdoce, prêche). Alors notre cœur se laissera transformer, nous retrouverons le chemin de la douceur… la prière reflet de nos vies… Jésus qui nous rejoint mystérieusement chaque jour. Et au Pater, il fait prier pour Denis M. hospitalisé en pleines vacances dans des montagnes qu’il aime, antithèse de la Bretagne version d’ici. Il pleut et fait très gris, bien avant la tombée de la nuit. Texte épitaphe de notre pays dont les éphémérides et les élites donnent à désespérer. Qui – en Afrique du sud – a écrit : Pleure, ô mon pays bien aimé !… Les évêques au Vatican, l’exhortation à lutter pour le mariage tel que… je vais réfléchir et écrire sur ce que je ressens en profondeur. Prêcher le combat ? ou prêcher l’exemple et d’exemple ! Dire et faire où sont en vérité et si sensibles la joie, le bonheur, la fécondité, l’accomplissement, la durée que d’autres, voire beaucoup cherchent autrement. Le chien ne regarde pas dans la direction qu’indique la main, il regarde la main. Nous tombons dans cette illusion en nous acharnant – Don Quichotte et ses moulins, alors que sur son lit de mort, il fait découvrir au lecteur de CERVANTES sa parfaite lucidité que pouvait masquer son merveilleux idéalisme – nous acharner, évêques en tête ? à condamner et décrire ce que nous ne savons pas, uniquement parce que nous ne le voulons pas, selon l’instinct, bien plus que l’expérience, nous acharner dans une société que nous ne pouvons diriger mais que nous pouvons, avec d’autres, inspirer et renouveler. J’ai choisi de dire et de tenter de vivre l’exemple, en tout cas de dire que le combat le plus efficace est de montrer le meilleur au lieu de ressasser la dénonciation de ce qui n’est le pire que selon nous. Analogie avec toute pastorale, toute foi : nous ne combattons pas la mort parce qu’elle est la mort, nous combattons la mort parce qu’elle n’est pas la mort et que c’est la vie qui nous intéresse, et qu’elle la permet. Nous exaltons la vie, nous ne nous consacrons pas à scruter la mort, encore moins à la redouter… Je dis mal les choses, mais nos temps sont lamentables parce qu’on pense négativement, on dit et propose sans savoir une sorte d’antithèse à ce que l’on dénonce, au lieu d’aller droit à ce que l’on souhaite. Le point commun et ce qui est unanimement souhaité, n’est-ce pas l’amour, n’est-ce pas la vie ? Ne jugeons pas les moyens des autres, montrons ce que nous sommes, soyons enviables. Chemin de la modestie qui nous fera rejoindre les autres et sans doute les comprendre.

Prier ainsi et pour cela, si Dieu le veut bien [1]….faites attention à la manière dont vous écoutez, nos transcriptions de la volonté de Dieu selon nous et erga omnes, nos prêches et nos combats, nos croisades et nos anathèmes… Car celui qui a recevra encore ; et celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il paraît avoir. Sans doute la foi. Que je la « perde » serait ou sera ma plus grande épreuve, mais je suis convaincu que cela me mènera à l’expérience inouïe de la recevoir à nouveau et d’en être, alors et cette fois-là, peut-être à venir bientôt, totalement transformé. Rien n’est caché qui ne doive paraître au grand jour ; rien n’est secret qui ne doive être connu et venir au grand jour. Le Christ, en croix, nu et ne cachant rien révèle alors sa divinité à celui qui y est apparemment le moins préparé : le païen, le centurion, son bourreau direct… L’humanité totale assurée par la vulnérabilité, la mortalité, le cri, l’angoisse démontre alors la divinité de Celui qui l’a pleinement « revêtue ». Il se moque des moqueurs, mais il accorde aux humbles sa grâce. … Ne porte pas envie à l’homme violent, n’adopte ses procédés… Qui fait ainsi demeure inébranlable [2]. Seigneur, donne-moi la force de ce que Tu m’inspires, donne-moi d’accomplir ce dont Tu me donnes conscience que j’ai à le faire et bénis-nous tous, quoi que, T’ignorant peut-être, nous choisissions ou croyions devoir faire. Nous ne nous convertirons pas les uns les autres, les circonstances nous blesseront mais ne nous convertiront pas, Toi seul, peut-être par les autres, peut-être par les circonstances, davantage celles de mes échecs, de nos échecs que des gloires précaires de ce que nous prenons ou ce qui nous est offert comme un succès, Toi seul peut tourner nos vies et notre visage vers Toi.


[1] - Proverbes III 27 à 34 ; psaume XV ; évangile selon saint Luc VIII 16 à 18

[2] - Ne pénètre pas qui veut, dans l’intimité de Dieu. Les qualités requises sont nombreuses ; David en énumère onze, selon nos sages que l’on peut classer de la façon suivante : celles concernant le comportement général de l’homme en action et en pensée (verset 2), celles régissant les rapports de l’homme avec son semblable (versets 3 et 4), celles concernant ses rapports avec Dieu (fi du verset 4), celles enfin portant sur les biens matériels et l’argent (versets 5 et 6). Un très beau midrach nous enseigne que les 613 commandements prescrits à Moïse ont été réduits à 11 par David, à 6 par Isaïe et à 3 par Michée. Cela ne signfiie évidemment pas que les mitsvot ne doivent plus être respectées, mais qu’on peut en résumer l’essentiel à quelques principes de base du comportement moral et religieux. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.  Le chrétien, évidemment, à la suite du Christ et selon sa parole-même à un « docteur de la loi », résume et condense encore davantage que les prophètes : un seul commandement et celui qui lui est semblable.
déjà médité les mercredi 15 Février 2012 & dimanche 2 Septembre 2012

samedi 22 septembre 2012

vendredi 21 septembre 2012

suis-moi - textes du jour

Vendredi 21 Septembre 2012

                     Printemps en 2011, automne aujourd’hui et les années à venir ? Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. [1] L’inversion est si férquente qu’elle parapit de règle, des Béatitudes à tous les propos de tables de Jésus alors qu’il est régalé par les riches. Qui il est vrai ont table ouverte. Mœurs ou rayonnement du Christ, incontrôlable par ses détracteurs ? Il est vrai qu’aujourd’hui il est chez les siens, reçu par l’un de ces publicains abhorrés à l’époque. Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples.  … L’apôtre des Gentils commente et assure : au terme, nous parviendrons tous ensemble à l’unité dans la Foi et la vraie connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la plénitude de la stature du Christ. Perspective spirituelle pour chacun qui devient tellement un lot commun, qui est tellement le fait d’un seul Dieu et Père de tous, qui règne au-dessus de tous, par tous, et en tous, que les voies et moyens semblent indifférents : une seule espérance. Sans doute, n’y a-t-il qu’une seule foi, un seul baptême, puisqu’il n’y a qu’un seul Seigneur. Mystère alors du salut universel. La miséricorde divine – espérance commune à tous les croyants, juifs, musulmans, chrétiens et sans doute à tout homme – nous départagera entre Jansénistes et « laxistes », débat intellectuel puisque d’avance nous ne savons pas, mais d’avance nous espérons. Et espérer, il me semble ici bas que c’est savoir. Pas de parole dans ce récit, pas de voix qui s’entende ; mais sur toute la terre en paraôt le message et la nouvelle, aux limites du monde. Jésus à Matthieu : suis-moi, mais c’est pour aller chez celui-ci et y recevoir table ouverte…


[1] - Paul aux Ephésiens IV 1 à 13 passim ; psaume XIX ; évangile selon saint Matthieu IX 9 à 13

jeudi 20 septembre 2012

tu es pour moi le salut - textes du jour

Jeudi 20 Septembre 2012

Prière de sexte et de none, refaire le calme en milieu de journée, recevoir du silence. [1] Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur. Vie. Mission ? si l’on en a une… cet Evangile, vous l’avez reçu et vouis y restez attachés ; vous serez sauvés par lui si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement c’est pour rien que vous êtes devenus croyants. Quel est cette « bonne nouvelle » à propager et à laquelle se raccrocher ? Un amour tel qu’il conduit à la résurrection et en provoque l’anticipation. La pécheresse – toujours cette obsession de la chair chez toutes gens de rite qui, elles, généralement commettent avec la meilleure bonne conscience du monde (plus une dose de vanité) les péchés d’orgueil, de racisme et d’avidité – la pécheresse, quel que soit son péché est aimante. Elle reçoit du coup le don de prophétie, et elle est évidemment, spectaculairement, paradoxalement pour le public, pardonnée. Jésus authentifie ce pardon comme une authentique conversion, comme un mirale en reprenant sa formule de thaumaturge : Ta foi t’a sauvée. Va en paix !... Elle apportait un vase précieux plein de parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, à ses pieds et ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait, les couvrait de baisers et y versait le parfum. Le critique qu’est le maître de maison – à se demander pourquoi il traite le Seigneur ? jouer sur les deux tableaux, Jésus est populaire… ou bien le piéger ? – n’a aucun courage (il se dit en lui-même) et pas davantage de savoir-vivre : tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds… tu ne m’as pas embrassé … tu ne m’as pas versé de parfum sur la tête. La liste est longue. L’interrogation générale ne porte pas sur la mise à terre du pharisien mais sur Jésus : Qui est cet homme, qui va jusqu’à pardonner les péchés ? Mes bribes de dialogues avec incroyants et agnostiques : ils en sont, s’ils dépassent la sociologie religieuse, la construction freudienne d’une figure par besoin d’une figure, l’intuition voltairienne et des Lumières sur l’horloger, la pétition renanienne érigeant la statue du « doux rêveur », ne parvient pas à faire porter l’échange sur l’incarnation et la résurrection, même et surtout en commençant par l’espérance de la nôtre. Toutes deux décisives pour Paul, mais les païens de son temps étaient religieux, les nôtres sont distraits : s’ils étaient désespérés, ils se trouveraient du coup au seuil… avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Chrost est mort pour nos péchés conformément aux Ecritures, et il a été mis au tolbeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures, et il est apparu à Pierre, puis aux Douze ; ensuite, il est apparu à plus de cinq cent frères à la fois – la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont morts – ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres. Et en tout dernier lieu, il est apparu à l’avorton que je suis. Puisse ma mort être l’instant où m’apparaîtra le Christ, puisse-t-il alors souverainement et mystérieusementr apparaître à celles qui me donnent chaque jour la vie, et à celles et ceux qui me sont confiés… par rencontre, par correspondance, par vive amitié quel que soit le point ou la conviction de chacun… ou le furent, ou le seront… Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur. Et à l’heure du grand changement, pouvoir dire ou entendre dire ou me faire dire : tu es mon Dieu, je te rends grâce, mon Dieu, je t’exalte ! Je te rends grâce car tu m’as exaucé : tu es pour moi le salut.


[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XV 1 à 11 ; psaume CXVIII ; évangile selon saint Luc VII 36 à 50