jeudi 30 avril 2009

sa destinée, qui la racontera ? - textes du jour

Jeudi 30 Avril 2009


Prier… [1] celui-là seul a vu le Père. Jésus, Fils de Dieu, Dieu fait homme, est le plus souvent présenté comme un prophète, LE Prophète ? car fondamentalement il se présente comme un témoin qui ne dit rien qui vienne de Lui-même. Mais cette qualité reconnue, il se pose aussitôt en rédempteur, et cette fois une rédemption un salut qui s’accomplissent par Lui, et par Lui au sens le plus concret : celui qui en mange ne mourra pas. … Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie. Dieu, Père et Yahvé de l’Ancien Testament, est insaisisssable et incommensurable, mais d’une certaine manière fort simple : Dieu tout court… si nous pouvons, si pauvrement, écrire ainsi. Le Saint-Esprit, présent manifestement dès la Genèse et si souvent évoqué dans les deux Testaments, lui aussi, est univoque, en rôle et en « personnalité ». C’est le Christ qui est multiple dans ses rôles, dans ce qu’il lui revient d’accomplir et assumer dans la dialectique du salut, dans sa double fonction de témoin et de rédempteur. Il y ajoute, Lui-même… toutes les touches d’une psychologie humaine très marquée, émotive, spontanée, très communicative, vulnérable à l’attention d’autrui – les femmes et la vénération que celles-ci ont pour lui, dans une vue de foi et non de sensualité, un corps qu’elles embaument mais ne convoitent pas – alors que l’enseignement qu’il donne va du plus traditionnel au plus complexe : celui du « pain de vie », le tout dans la tension d’un procès à pièges et rebondissements, à incidents, à victoires successives jusqu’à une défaite spectaculairement finale, selon toutes apparences, qui dure trois ans… et dont les Apôtres, en témoins de la résurrection, feront appel devant toutes les générations à venir au nom des attentes de toutes celles passées. Dis-moi, je te prie : de qui le prophète parle-t-il ? De lui-même, ou bien d’un autre ? le remarquable épisode de la catéchèse d’un haut fonctionnaire étranger par Philippe, le disciple qui « gère » la multiplication des pains (et des poissons – on ne mange que du poisson lors de ces miracles, et après la résurrection, lors des apparitions du Christ aux siens – avec du pain). Isaïe et son texte, consacrés comme étant un véritable évangile. Un texte qui interroge. L’Ethiopien a l’esprit curieux, ouvert, il demande et reçoit, et le passage qui l’interpelle, est le portrait du juste entrant dans sa passion : accents pauliniens, ce Paul que parfois je ne comprends ou qui me scandalise intellectuellement (la perfection par la souffrance), a été précédé de beaucoup par Isaïe : A cause de son humiliation, sa condamnation a été levée. Sa destinée qui la racontera ? Nous !


[1] - Actes des Apôtres VIII 26 à 40 ; psaume LXVI ; évangile selon saint Luc VI 44 à 51

mercredi 29 avril 2009

sa destinée, qui la racontera ? - textes du jour

Jeudi 30 Avril 2009


Prier… [1] celui-là seul a vu le Père. Jésus, Fils de Dieu, Dieu fait homme, est le plus souvent présenté comme un prophète, LE Prophète ? car fondamentalement il se présente comme un témoin qui ne dit rien qui vienne de Lui-même. Mais cette qualité reconnue, il se pose aussitôt en rédempteur, et cette fois une rédemption un salut qui s’accomplissent par Lui, et par Lui au sens le plus concret : celui qui en mange ne mourra pas. … Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie. Dieu, Père et Yahvé de l’Ancien Testament, est insaisisssable et incommensurable, mais d’une certaine manière fort simple : Dieu tout court… si nous pouvons, si pauvrement, écrire ainsi. Le Saint-Esprit, présent manifestement dès la Genèse et si souvent évoqué dans les deux Testaments, lui aussi, est univoque, en rôle et en « personnalité ». C’est le Christ qui est multiple dans ses rôles, dans ce qu’il lui revient d’accomplir et assumer dans la dialectique du salut, dans sa double fonction de témoin et de rédempteur. Il y ajoute, Lui-même… toutes les touches d’une psychologie humaine très marquée, émotive, spontanée, très communicative, vulnérable à l’attention d’autrui – les femmes et la vénération que celles-ci ont pour lui, dans une vue de foi et non de sensualité, un corps qu’elles embaument mais ne convoitent pas – alors que l’enseignement qu’il donne va du plus traditionnel au plus complexe : celui du « pain de vie », le tout dans la tension d’un procès à pièges et rebondissements, à incidents, à victoires successives jusqu’à une défaite spectaculairement finale, selon toutes apparences, qui dure trois ans… et dont les Apôtres, en témoins de la résurrection, feront appel devant toutes les générations à venir au nom des attentes de toutes celles passées. Dis-moi, je te prie : de qui le prophète parle-t-il ? De lui-même, ou bien d’un autre ? le remarquable épisode de la catéchèse d’un haut fonctionnaire étranger par Philippe, le disciple qui « gère » la multiplication des pains (et des poissons – on ne mange que du poisson lors de ces miracles, et après la résurrection, lors des apparitions du Christ aux siens – avec du pain). Isaïe et son texte, consacrés comme étant un véritable évangile. Un texte qui interroge. L’Ethiopien a l’esprit curieux, ouvert, il demande et reçoit, et le passage qui l’interpelle, est le portrait du juste entrant dans sa passion : accents pauliniens, ce Paul que parfois je ne comprends ou qui me scandalise intellectuellement (la perfection par la souffrance), a été précédé de beaucoup par Isaïe : A cause de son humiliation, sa condamnation a été levée. Sa destinée qui la racontera ? Nous !


[1] - Actes des Apôtres VIII 26 à 40 ; psaume LXVI ; évangile selon saint Luc VI 44 à 51

il nous purifiera de tout ce qui nous oppose à lui - textes du jour



Mercredi 29 Avril 2009

Prier… le coucou, le jour indécis, un second oiseau, léger pépiement, rythme du coucou, silence de mes aimées, début de journée depuis longtemps pour les chiens. [1] Marthe et Marie : que de gloses sur la dialectique de leur couple, que je ne crois pas assimilable à un débat contemplation-action ou œuvre, et que ne résoudrait pas l’observation, psychiquement fondée, que la contemplation est le summum de l’activité humaine. Avec en sus le mystère sur cette Marie, est-elle la pécheresse, la Marie-Madeleine, amoureuse, amante, contemplative et prophétesse qui expérimente l’acmée de la vie spirituelle et mystique (que je n’ai pas encore connue : être s proche que l’on éprouve bien plus que la résistance de Dieu à nos projets et à nos vouloirs, on éprouverait qu’Il ne veut pas être étreint, ce qui est une merveilleuse indication qu’il est possible de l’étreindre, et que Dieu est au bord de se donner à étreindre…) : noli me tangere… le texte de Luc oppose les deux sœurs en un seul point : Marthe, la maîtresse de maison en titre était accaparée par les multiples occupations du service (la belle-mère de Pierre opportunément guérie de sa fièvre par Jésus, pour se mettre au « turbin »). Tandis que Marie, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. On pense vulgairement que les soins du ménage, c’est-à-dire probablement cuisine et mise de la table ne pouvaient se passer de quelqu’un qui le fasse. Jésus relève deux choses : la perspective. … bien des choses, une seule est nécessaire. Le discernement, la hiérarchie des valeurs et des priorités, sans doute. Plus observé, je crois, la notation que l’une écoutait sa parole et que l’autre était accaparée. L’une est libre ou libérée, l’autre est prisonnière. Reste que c’est Marthe qui va « obtenir » la résurrection de son frère Lazare. Ces femmes sont vraiment attirantes et sympathiques. L’adultère et la Samaritaine aussi. Quant à la Vierge, disponible à la parole de l’ange et attentive à Cana… mes petits enfants, je vous écris pour que vous évitiez le péché. Mais, si l’un de vous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père. Sans doute, le même mot que celui rendu pour le Paraclet de la dernière Cène. L’Esprit Saint donc, mais tout autant le Fils. Et le Père n’est-il pas que miséricorde. L’affectivité débordante du « disciple que Jésus aimait ». Conception certainement différente de celle d’aujourd’hui : le péché pour les contemporains du Christ, puis pour les premiers chrétiens. Evolution ou évolutivité ? de la conception du péché. Y a-t-il de la littérature là-dessus ? fonction aussi bien de la conception de Dieu que nous nous faisons par mise en regard de la Révélation avec notre vie concrète en notre sicèle et en notre civilisation, que de la société courante. Non pas du droit, je crois, mais du relationnel. Relation à Dieu, aux autres, à soi. Analyse donnée du premier « péché » : la Genèse. De la pomme, si pomme c’était, au meurtre et au fratricide. Réponse du texte d’aujourd’hui. Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en lui (voilà pour l’échange que j’ai avec mon ami sur les secrets d’Etat…) et confirmation d’une conception relationnelle du péché : si nous reconnaissons nos péchés, lui qui est fidèle et juste nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout ce qui nous oppose à lui. Echo du psalmiste qui l’avait prophétisé, sept ou huit siècle auparavant. Expérience universelle de la miséricorde divine (ainsi l’Islam), autant que du mal (la shoah, tout génocide, l’organisation sociale si souvent pervertie dans sa pratique, notre cœur que nous connaissons et que nous ne nous pardonnons pas toujours à nous-mêmes, alors que Dieu… ou ceux/celles qui nous aiment) : les deux choses vont ensemble, dans la psychologie humaine. Il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse. … Il sait de quoi nous sommes pétris, il se souvient que nous sommes poussière.

[1] - 1ère lettre de saint Jean I 5 à II 2 ; psaume CIII ; évangile selon saint Luc X 38 à 42

mardi 28 avril 2009

devant moi, tu as ouvert un passage - textes du jour

Mardi 28 Avril 2009

Porter aujourd’hui, avancer pour gagner… fête de Louis-Marie Grignon de Montfort, dévotion de Jean Paul II pour ce saint. Je suis partagé entre la reconnaissance et le « culte » des saints, donc une certaine utilité de se trouver des modèles pratiques, vêcus, censément proches si les canonisations sont vraiment contemporaines, et d’autre part, les excès auxquels cela conduit, surtout aujourd’hui où il semble que nous perdons mesure et repères entre l’indifférénce militante, les faux sens de partout sur la piété, la religiosité, l’identité, la spiritualité, les arts de vivre et autres sophrologie, voire psychothérapie. Des dévotions trop enfermantes, des manques de respirations, des propositions de congrégation dont sourdent si peu la contagion de l’amour fraternel et les équilibres de vie personnelle. Des textes souvent affligeants – la logorrhée de Mezzugorgié – au regard de la limpidité de la Bible elle-même, ou du Coran. Au regard des vies que nous rapportent les deux Testaments, centrées sur l’essentiel, une mission, l’explicitation d’une foi, avec parfois la touche intimiste. Et de l’histoire nette comme un récit, le martyre d’Etienne, les contempteurs : ils s’exaspéraient contre lui, et grinçaient des dents… ceux qui étaient là se bouchèrent les oreilles et se mirent à pousser de grands cris ; tous à la fois ils se précipitèrent sur lui, l’entraînèrent hors de la ville et commncèrent à lui jeter des pierres. Ces lynchages en assemblée, en place publique puis physiquement, le « tolle », l’expression est restée – contre Jésus et contre Etienne. Vous qui aviez reçu la loi communiquée par les anges, vous ne l’avez pas observée. Dévotion directe d’Etienne : Seigneur Jésus, reçois mon esprit … Seigneur, ne leur compte pas ce péché…Voici que je contemple les cieux ouverts : le Fils de l’homme est debout à la droite de Dieu. Présentation directe de la foi, de la confiance, de la relation à Dieu. C’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde … Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. L’accomplissement – je ne dis ni ne pense : accomplissement spirituel ou observance religieuse – l’accomplissement humain a ce chemin et ce moyen. Il se trouve que son apparente abstraction, quoique le sacrement de l’eucharistie soit le plus pratique et concret possible : pain et vin… s’assortit aussitôt d’une proposition constante de compagnonnage avec Dieu. Tu me guides et me conduis. En tes mains, je remets mon esprit, tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité. Ton amour me fait danser de joie : devant moi, tu as ouvert un passage. [1]


[1] - Actes des Apôtres VII 51 à VIII 1 ; psaume XXXI ; évangile selon saint Jean VI 30 à 35

lundi 27 avril 2009

l'ayant trouvé sur l'autre rive - textes du jour

Lundi 27 Avril 2009


Prier… l’ayant trouvé sur l’autre rive, les gens lui dirent : « Maître, quand es-tu arrivé ici ? ». La vie spirituelle n’est pas, pour le chrétien, la recherche d’un état, fut-il de vie, mais bien une rencontre dont nous n’avons pas le ressort ni la mesure, mais dont nous sommes gratifiés au-delà de tout quand nous en bénéficions. Les contemporains du Christ le vivent à tâtons comme nous : lorsqu’enfin la foule se rendit compte que Jésus n’était pas là. Initialement, c’est l’attachement pour le bienfaiteur, mais un cheminement se fait à l’initiative du Christ et le dialogue a de la vérité : Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? – L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. Apparemment, le faux dilemme de l’activisme et de la foi, laquelle serait une passivité économiquement et psychologiquement répréhensible. Elle est en réalité un vrai départ, une mise en mouvement. Etienne arrive, lui, au bout de l’itinéraire, il n’est plus que transparence au témoignage qu’il donne, plein de la grâce et de la puissance de Dieu… et son visage leur apparut comme celui d’un ange. Prière de l’orant que je suis, que nous sommes : détourne-moi de la voie du mensonge, fais-moi la grâce de ta loi. J’ai choisi la voie de la fidélité, je m’ajuste à tes décisions. [1]


[1] - Actes des Apôtres VI 8 à 15 ; psaume CXIX ; évangile selon saint Jean VI 22 à 29



dimanche 26 avril 2009

touchez-moi, regardez - textes du jour



Le ciel des promesses à Abraham : la croix du Cygne, Deneb et Altaïr, Cassiopée et le Scorpion, mais quelques nuages ont déjà blancs. Hier, comme toute la vie, deux tests en sens contraire. Je suis cinq heures d’affilée à cet écritoire pour la mise au net de mes notes d’entretien téléphonique, mais voulant monter sur le muret pour au téléobjectif photographier le plan de mer qui semble s’exhausser entre deux horizons, l’un avec ce moulin, l’autre avec le bout de nos prés, ne je m’y prends que de l’appui d’une main et l’ayant d’ailleurs pressenti, je tombe assez lourdement ; j’aurais pu donner de la tête sur le pavement que j’ai organisé à l’automne. Je suis intact et mon appareil de photo. aussi. – Prier [1] les disciples qui rentraient d’Emmaüs, racontaient … ce qu’il s’était passé sur la route et comment ils avaient reconnu le Seigneur… Le témoignage type, non pas du moi-moi-moi ou de la morale sexuelle. L’insistance, de chacun des évagélistes mais à sa manière sur les sacrements laissés, institués par le Christ : comment ils avaient reconnu le Seigneur quand il avait rompu le pain. Dans mon enfance, l’expérience de la rencontre par le sacrement : la consécration, le mon Seigneur et mon Dieu que partout à cette époque (les années 50 après les années 10 ou 20 selon mon cher Denis M.) on nous enseignait à murmurer, la communion, l’action de grâces la tête dans les bras ou dans les mains – l’illumination du sacrement de pénitence ou de la confession (on dit aujourd’hui autrement : aucun des mots n’est vrai, mais l’expérience, c’est-à-dire celle d’une présence puisqu’il y a rencontre, est vraie, objective). Enfin, dans l’instant de l’échange de nos consentements, il y aura dans quelques semaines cinq ans, la chapelle magnifique du Val-de-Grâce, la perception infailliblement nette du changement d’essence de notre relation devenue et bénie conjugale. Comme ils en parlaient encore, lui-même était au milieu d’eux… il leur montra ses mains et ses pieds. Le pain, cette fois, n’est plus le sacrement du divin, mais le signe de l’humain : ‘Avez-vous ici quelque chose à manger ? …Touchez-moi, regardez-moi.’ Et ce sont ses mains et ses pieds transpercés que Jésus montre à ses disciples : mort et résurrection vont de pair. C’est à Thomas qu’il propose, non pas l’ultime blessure, il était mort avant le coup de lance, mais le signe le plus spectaculaire. Le moment se clot – comme une messe – par l’appel à la mémoire : rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous, puis par le sens et enfin par l’envoi en mission. L’ensemble des évangiles, et tant de passages dans l’Ancien Testament, sont structurés par ce rythme ternaire : les souffrances du Messie, sa résurrection d’entre les morts le troisième jour et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. C’est vous qui en êtes les témoins. Ce qui remet à sa place toutes les repentances, celles des souverains pontifes comme celles des politiques… quelle outrecuidance que nos demandes de pardon… à qui ? … notre mémoire implore le pardon d’une autre mémoire ? sans cependant rien apporter au présent et au futur qui seraient la conciliation et l’amour. En celui qui garde fidèlement sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection. Jean affirme qu’il n’y a donc de pardon comme il ne peut y avoir de défense que selon le Christ, par lui et en lui. Pierre poursuit l’évangile de Luc : Dieu qui par la bouche de tous les prophètes, avait annoncé que son Messie souffrirait, accomplissait ainsi sa parole. Convertissez-vous donc et revenez à Dieu pour que vos péchés soient effacés. La Pentecôte nous ramène à la Genèse, au péché originel et à notre rédemption. Ainsi accomplis en ce lever du jour, nous pouvons dire et vivre, et je vis avec mes aimées encore endormies : dans la paix, moi aussi, je me couche et je dors : car tu me donnes d’habiter, Seigneur, seul, dans la confiance. Ce qui est précurseur de notre ultime sommeil et signifie bien notre espérance-certitude de la résurrection. Pourquoi seul ? sans doute pour affirmer notre liberté, notre individualité à partir de laquelle se vivent et bâtissent notre communion à tous et notre remise en Dieu. Le psaume, comme la plupart, alterne le nous et le je : Qui nous fera voir le bonheur ? Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage. Soleil levant – j’en suis encore loin – et reflet de la lumière venant sur tout ce qui s’y prête : nos visages, aussi. La beauté reflet ou transparence, dans les deux cas – que fait vivre l’amour humain quand il dévisage et se réjouit de la beauté de qui il aime – il y a la lumière. Pierre, le renégat, avait tout de même suivi tout le procès de Jésus : devant Pilate, qui était d’avis de le relâcher, vous l’aviez rejeté. Communion dans la responsabilité, communion dans cet immense mouvement dont le Christ nous prend. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Peut-être, sans doute, notre arrivée à l’orée – si l’on peut ainsi écrire – de la vie éternelle, aurons-nous cette extraordinaire sensation … Il ne reste plus qu’Altaïr et l’étoile du Berger, ou est-ce Jupiter ? les nuages sont devenus noirs et le ciel est presque clair.


[1] - Actes des Apôtres III 13 à 19 passim ; psaume IV ; 1ère lettre de saint Jean II 1 à 5 ; évangile selon saint Luc XXIV 35 à 48


samedi 25 avril 2009

le Seigneur travaillait avec eux - textes du jour

Samedi 25 Avril 2009

Prier… la pluie, le déluge de l’apologétique et aussi des conseils pour prier. Prions en Eglise qui donne les textes de la liturgie de chaque jour et aussi beaucoup de commentaires, en même temps que de la réclame pour des « articles religieux » : CDs, DVds et pélerinages… titre pour ce jour : « L’humilité, un art subtil », sans doute, mais l’humilité est une vertu et plus encore une situation. On se voit tel que l’on est, ou plus concrètement pour tant de nos contemporains, et souvent pour moi et pour les miens, on est écrasé par l’dversité, les revers, la pauvreté, la misère, la maladie, le chagrin, alors on est humble par force ou par lucidité. L’Exode note que Moïse était l’homme le plus humble qui soit, il devait même probablement être bègue et timide pour qu’Aaron afin de fonder le cléricat, soit son porte-parole… humilité. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants … Le Seigneur, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu… conclusions du même genre imagé pour Elie… pour Mahomet… Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout la Bonne Nouvelle. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient. [1]Matthieu conclut sans image mais fait suivre l’envoi aux nations par la promesse : Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin de l’âge. [2] Luc donne une autre version et situe l’Ascension à Béthanie (la résurrection de Lazare) : Et il advint comme il les bénissait, qu’il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Les disciples ne sont pas actifs, comme dans la version de Pierre et de sa plume Marc, mais contemplatifs : ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, et ils étaient constamment dans le Temple à bénir Dieu. [3] Jean, lui, ne rapporte rien, le dernier épisode le met en relation de destinée humaine avec Pierre… et l’évangile se termine sur une nouvelle attestation de témoignage personnel et oculaire en même temps que du foisonnement de ce qui pourrait être encore rapporté. Autre secrétaire de Pierre, Silvain. Recommandations diverses de l’apôtre, si pastoral : les rapports mutuels, test de tout : revêtez l’humilité dans vos rapports les uns avec les autres… Exprimez votre amour mutuel en échangeant le baiser de paix… et commentaire pratique du Magnificat : Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce. Et la suite … que je m’applique tranquillement après les épreuves d’hier : tenez-vous donc humblement sous la main puissante de Dieu, pour qu’il vous élève quand le jugement viendra. Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, puisqu’il s’occupe de vous. Ce n’est pas la moïra grecque ou le fatum ou la prédestination ou quelque inexorable situation dans laquelle nous serions à jamais enfermés, gratifiés seulement de l’ignorance du dénouement… c’est la relation affectueuse et confiante de la créature avec son Créateur, de l’enfant – souvent épuisant – avec ses parents, et sans cesse la rémission mutuelle et le retour l’un à l’autre : nous le vivons avec notre fille.

[1] - 1ère lettre de Pierre V 5 à 14 ; psaume LXXXIX ; évangile selon saint Marc XVI 15 à 20

[2] - Matthieu XXVIII 16 à 20 – traduction sans doute très difficile : Bible de Jérusalem

[3] - Luc XXIV 50 à 52

jeudi 23 avril 2009

faites-les asseoir - textes du jour

Vendredi 24 Avril 2009

Prier… [1] une grande foule le suivait parce que… Jésus, Dieu fait homme, expérimente la loi des succès humains : le malentendu, la confluence des contraires tant que dure un certain suspense, c’est le dénouement qui crible les fidélités. La relation historique entre Philippe et André, les questions et réponses, les dialogues entre Philippe et Jésus avant la multiplication des pains ou lors de la dernière Cène. Les différences avec les dialogues de Pierre. Jésus se met en scène, mais jamais directement. Tout va se faire par le truchement des disciples, l’état des lieux, la distrubution, le constat. Dans cette version, c’est Jésus qui s’aperçoit des besoins de la foule, pourtant à peine arrivée, et le bienfait matériel précède l’enseignement, celui-ci n’a pas lieu dans ce que rapporte saint Jean. C’est l’évangile de la méprise. Jésus cerné par la foule à Nazareth ou au Temple échappe à ceux qui veulent le tuer, ici, il échappe à ceux qui veulent faire de lui leur roi. On ne met pas la main sur Dieu, chaque événement, surtout s’il nous déconcerte, est ou peut être une mise à l’épreuve. De laquelle s’agit-il ? la confiance humaine en la toute-puissance de ce Fils de Dieu. L’épreuve n’est concluante qu’avec la grâce de Dieu, qu’avec la Résurrection – et encore – qu’avec la Pentecôte, définitivement. Eux, en sortant du grand conseil repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus. Tous les jours, au Temple et dans leurs maisons, sans cesse, ils enseignaient cette Bonne Nouvelle : Jésus est le Messie. L’Eglise enseignante bien plus que Jésus qui multiplie les pains et les poissons sans rien dire à la foule : les questions-réponses sont intimes. Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? alors même qu’il les a entraînés, au-dessus du lac, loin des agglomérations. Faites-les asseoir. Primum vivere. Jésus est la vie-même, la plus concrète, éprouvée.

[1] - Actes des Apôtres V 34 à 42 ; psaume XXVII ; évangile selon saint Jean VI 1 à 15

nous sommes les témoins de tout cela - textes du jour

Jeudi 23 Avril 2009


Prier… Dieu exauce même et surtout ce que nous potrions sans oser le prier et le lui demander. Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela. [1] Jean, l’évangéliste, par excellence. Enseignement dense, sans cesse sur la relation Père-Fils dans la Trinité. Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans compter. Dogme à part, une telle expression pourrait être celle de l’Islam… et celle-là aussi par sa virulence : celui qui refuse de croire en lui ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. L’Eglise s’est trop focalisée sur son ascendance juive et pas assez sur Ismaël, réduisant Mahomet et la descendance de celui-ci à une aberration théologique (l’Islam nous le rend moins et s’interroge davantage sur nous que nous sur lui) et à une explication sociologique et historique. Il me semble que nous devons aller au-delà, il n’y a pas que des convergences mystiques ou la communion humaine entre ceux qui prient, il y a probablement un lien théologique à découvrir, scripturaire peut-être même… Jean cependant est réaliste : celui qui vient du ciel rend témoignage de ce qu’il a vu et entendu, etr personne n’accepte son témoignage. De tout ce que les disciples entendent de leur maître, Jean garde essentiellement cette affirmation répétée du Christ : d’où il vient, ce dont il est témoin lui-même en Dieu. – Une hirondelle, magnifique, bleue-nuit, s’empêtre devant la baie, je la dégage, elle part droit vers le grand arbre mort où en couple viennent souvent elle et d’autres. – Voilà que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement… réponse : Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le pendant au bois du supplice. Pour les Apôtres, et principalement Pierre, le fait est massif, valant toute exégèse et discussion : la résurrection. Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes… nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. Nous ne sommes pas conviés à une psychothérapie dont la prière quotidienne serait le lieu ou l’outil, nous ne sommes pas devant une explication de l’univers ou de l’histoire, nous sommes pris dans une mission et devant un fait. Lui que Dieu, par sa puissance, a élevé en faisant de lui le Chef, le Sauveur, pour apporter à Israël la conversion et le pardon des péchés. Bien entendu, aujourd’hui, Israël, c’est nous (ce qui vaut aussi pour la question israëlo-palestinienne). Ce que nous reprochons à autrui, manque de foi, manque de discernement, ou bien, aujourd’hui, violence, racisme et réflexes apeurés, c’est nous qui le commettons en vie personnelle (tous nos réflexes, mes réflexes) et en vie collective, nationale, notre pays, l’Eglise aussi. La conversion et le pardon des péchés… celui qui croit au Fils a la vie éternelle.

[1] - Actes des Apôtres V 27 à 33 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Jean III 31 à 36


Dialogue ensuite …

Je reçois :


Je consonne entièrement avec vous pour dire que la foi chrétienne engage dans une mission avant d'être une psychothérapie et une explication de l'histoire et de l'univers.
En revanche, je ne suis pas tout à fait d'accord avec votre positionnement vis-à-vis d'Isarël et d'Ismaël.
On peut être indigné - et croyez que je le suis ! - de la politique de l'Etat d'Israël à l'égard des Palestiniens - tout en reconnaissant la relation de filiation du christianisme par rapport à la foi juive, celle d'avant le judaïsme tout au moins, ne serait-ce que parce que c'est dans cette foi que Jésus a été élevé, et en relation avec elle qu'il a exprimé sa mission : en lui s'accomplissent les Ecritures, même si c'est d'une façon inattendue ! Il n'est que de lire les Evangiles, tout tissés de références ou de citations de l'Ancien Testament. D'autre part, pouvons-nous dire qu' "Israël, c'est nous" ? Oui, à condition des rester greffés sur l'olivier franc (Rm 11, 21) nous dit saint Paul qui, en nous rappelant que "les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables", (Rm 11, 29), interdit la théorie de la "substitution" qui a trop longtemps régné dans notre Eglise.

Il est vrai que le Coran et, l'Islam sont souvent plus positifs vis-à-vis du christianisme et surtout de la personne de Jésus qu'une bonne partie du judaïsme contemporain, et que bien des textes des mystiques musulmans sont admirables et propres à nous mettre dans une relation authentique avec Dieu !


Dialogue ensuite …

Je reçois :
Je consonne entièrement avec vous pour dire que la foi chrétienne engage dans une mission avant d'être une psychothérapie et une explication de l'histoire et de l'univers.
En revanche, je ne suis pas tout à fait d'accord avec votre positionnement vis-à-vis d'Isarël et d'Ismaël. On peut être indigné - et croyez que je le suis ! - de la politique de l'Etat d'Israël à l'égard des Palestiniens - tout en reconnaissant la relation de filiation du christianisme par rapport à la foi juive, celle d'avant le judaïsme tout au moins, ne serait-ce que parce que c'est dans cette foi que Jésus a été élevé, et en relation avec elle qu'il a exprimé sa mission : en lui s'accomplissent les Ecritures, même si c'est d'une façon inattendue ! Il n'est que de lire les Evangiles, tout tissés de références ou de citations de l'Ancien Testament. D'autre part, pouvons-nous dire qu' "Israël, c'est nous" ? Oui, à condition des rester greffés sur l'olivier franc (Rm 11, 21) nous dit saint Paul qui, en nous rappelant que "les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables", (Rm 11, 29), interdit la théorie de la "substitution" qui a trop longtemps régné dans notre Eglise.


Il est vrai que le Coran et, l'Islam sont souvent plus positifs vis-à-vis du christianisme et surtout de la personne de Jésus qu'une bonne partie du judaïsme contemporain, et que bien des textes des mystiques musulmans sont admirables et propres à nous mettre dans une relation authentique avec Dieu !

Je réponds


L'Islam me préoccupe parce que la relation n'est pas claire et aussi parce que j'ai beaucoup d'amis musulmans, dont certains... destinataires de ces mots-prière du matin.
Mais j'admets et j'avoue tout à fait que je tâtonne complètement.Je vais réfléchir de plus près à ce que vous indiquez comme la théorie de la substitution et surtout à la conclusion que vous apportez : un réapprofondissement de l'Eglise, là-dessus.

mercredi 22 avril 2009

un pauvre crie - textes du jour

Mercredi 22 Avril 2009

Dans cette angoisse, prier… [1] Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Soit en sens général du monde et de l’Histoire, en théologie parfaitement claire et explicite, mais l’effet dans nos vies particulières, immédiatement ? pour que, par lui, le monde soit sauvé. … Belle promesse et perspective nécessaire, certes, mais déjà la menace, qui est autrement précise : celui qui ne veut pas croire est déjà jugé. Je réponds que je crois, mais que j’ai les pieds dans le béton et la corde au cou. On m’objecte, non moi-même mais la généralité : les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises. Crainte d’être découverts si le jour arrive sur eux ? ou théologie de la lumière, les ténèbres ayant leur contagion et tout s’en trouvant endommagé ? celui qui agit selon la vérité vient à la lumière ce qui ne se comprend que si je considère que la lumière est le Christ-même et que je vais à lui, trébuchant à bout de souffle et de ressources, perdant sang et eau, mais que m’importe la suite ? afin que ses oeuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu. Quelles œuvres ? minables… je n’ai, toute ma vie, fait que me débattre en demande et en défense. Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. De fait, mis en prison, les Apôtres en sont miraculeusement extraits : pendant la nuit, l’ange du Seigneur ouvrit le sportes de la cellule et les fit sortir … pas pour eux-mêmes mais pour continuer à témoigner : « Partez d’ici, tenez-vous dans le Temple et là, annoncez au peuple toutes les paroles de vie ». Et la vie recommence, l’arrestation aussi : le commandant partit avec les gardes, pour ramener les Apôtres, mais sans violence, parce qu’ils redoutaient que le peuple ne leur jette des pierres. Ainsi la « lumière » commençait d’être accueillie. Nous en arrivons. L’ange du Seigneur campe alentour pour libérer ceux qui le craignent. Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge ! ainsi soit-il. Prier…


[1] - Actes des Apôtres V 17 à 26 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Jean III 16 à 21

mardi 21 avril 2009

tu ne connais pas ces choses-là ? textes du jour

Mardi 21 Avril 2009


Prier… comment cela peut-il se faire ? Nicodème, homme « en recherche » dirait-on aujourd’hui avec componction, a la même interrogation que Marie devant ce qu’il entend, alors qu’il n’a pas à faire à un ange mais au Christ lui-même. Il est présenté comme plus sensible à l’enseignement qu’à la personne du Sauveur. Toi, tu es chargé d’instruire Israël, et tu ne connais pas ces choses-là ? Et Jésus répond à côté, il ne développe nullement cet appel à la nouvelle naissance, à la vraie, mais très différemment il affirme qui il est et ce qu’il apporte à son interlocuteur et au monde. En quoi, il est le Verbe incarné. C’est sa personne-même qui fait tout l’enseignement. Alleluia. … afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. Jésus toute sa vie terrestre devant sa mort (et quel genre de mort !) et donc aussi devant sa résurrection (lien avec son Père), contrairement au bel écrit de Jacques Isorni qui ne conçoit la psyché de Jésus que devant un terrible destin humain. Oui, sans doute aucun, mais une psyché divine en même temps et pénétrée de l’ensemble de la dialectique de la nouvelle création, celle de l’Apocalypse. C’est avec une grande force que les Apôtres portaient témoignage de la résurrection du Seigneur. [1] Quant à Jésus, il est tellement dans cette dialectique, qui est la seule rendant compte de tout l'Ancien Testament, donc de tout l'acquis spirituel et scripturaire - censément - de ses contemporains, de ses compatriotes et de leurs élites, qu'il ne peut humainement comprendre que ce qu'il affirme dépasse son visiteur. Et ses bourreaux et juges à venir.

[1] - Actes des Apôtres IV 32 à 37 ; psaume XCIII ; évangile selon saint Jean III 7 à 15

lundi 20 avril 2009

naître quand on est déjà vieux - textes du jour

Lundi 20 Avril 2009


Prier…[1] les rois de la terre se dressent… un notable parmi les Juifs vint trouver Jésus pendant la nuit. Il lui dit : « Maître, nous le savons bien, c’est de la part de Dieu que tu es venu nous instruire… ». Pas de doute, grands ou petits, hommes et femmes, nous sommes en éveil, en fait mûs par l’Esprit. Pas du tout celui que nous nous figurons soit celui nos religions anciennes ou archaïques, soit celui d’une providence ou d’un hasard, chacun reflet de nos conceptions personnelles ou héritées ou sous influence de la mode d’un monde compliqué à nous représenter et plus encore à vraiment comprendre en totalité. Non, l’Esprit, personne de la sainte Trinité… le vent souffle où il veut : tu entends le bruit qu’il fait, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né du souffle de l’Esprit. Le souffle de Jésus sur ses Apôtres, à sa dernière apparition après sa Résurrection, le souffle de Dieu dans la Genèse, un souffle créatif, comme le commentait hier dans une homélie inspirée, mon cher Denis M. Et, appelés à participer à la vie-même de Dieu (ce qui nous rachète par anticipation et nous introduit de toute éternité à la vie éternelle – déjà), nous sommes nous-mêmes de l’ordre de l’Esprit. Evocation aussi du baptême, de l’eau, si présente dans la Bible, dans les évangiles. Comme leur prière se terminait, le lieu où ils étaient réunis se mit à trembler, ils furent tous remplis de l’Esprit Saint. Certains passages des Actes des Apôtres ont cette contemporanéité de style qu’ont des livres de l’Ancien Testament comme celui d’Esther ou des Maccabées, et d’autres sont d’une plume sans précédent, aloirs même que Luc a rédigé un évangile : tous les passages où les disciples sont – ensemble – saisis par le Saint Esprit. Re-nés et re-créés selon le dialogue de Jésus avec Nicodème. Celui-ci les a-t-il finalement rejoints, après avoir été témoin tellement privilégié de la mort et de l’inhumation du Christ ? Naître quand on est déjà vieux, notre destin à tous, le mien maintenant. Le mien, maintenant peut-être, que mes aimées et que tous y soient entrainés avec moi, tout de suite ou plus tard, toujours et tous.

[1] - Actes des Apôtres IV 23 à 31 ; psaume II ; évangile selon saint Jean III 1 à 8



samedi 18 avril 2009

ce qui nous a fait vaincre le monde, c'est notre foi - textes du jour

Dimanche 19 Avril 2009

La Divine Miséricorde, fête instituée par Jean Paul II, cette sainte religieuse du diocèse de Cracovie, si j’ai bonne mémoire, favorisée de grâces et d’intuitions exceptionnelles dans les années 1930 ? dans une Pologne qui fut le déclencheur de la guerre mondiale et le site majeur de la shoah !
Prier… [1] je ne suis pas au dernier jour de ma vie, mais devant ma mort possible. Elle m’inquiète et m’angoisse, non par crainte de l’au-delà, ou d’une quelconque souffrance (ce ne serait qu’un accident pour une réanimation manquée, un réveil qui ne se produit pas, alors qu’il doit être de routine, Jean Chapelle) ; ce dont j’ai peur, c’est de manquer aux miens, à mes deux aimées, leur devenir psychologique, la pauvreté et le dénuement dans lesquels je les laisse si je dois partir, et puis tout ce que j’ai à écrire et donc à donner… personne ne se disait propriétaire de ce qu’il possédait, mais on mettait tout en commun. Régime social de la chrétienté naissante, qui a été l’idéal communiste, développé par Paul et qui frappa tant les juristes soviétiques. Mes entretiens avec le ministre kazakh de la Justice, quasiment converti de la sorte et allant à Chartres demander d’être guéri d’un cancer (le regretté Chaïkenov, mon ami) – ce qui malheureusement ne lui fut pas donné. Aucun d’entre eux n’était dans la misère, car tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient et ils en apportaient le prix pour le mettre à la disposition des Apôtres. On en distribuait une part à chacun des frères au fur et à mesure de ses besoins. Tout y est. Le régime des biens et des personnes (l’esclavage-même) n’est pas modifié, mais c’est l’usage de tout qui a changé, et plus encore le rapport entre les personnes. Au lieu de construire son acquiescement (parfois empressé) aux dogmes contemporains du libéralisme et du mondialisme, auxquels personne « dans les hautes sphères » n’a manifestement renoncé (éloge de la titrisation par Sarkozy lors de son déjeuner de têtes du 15 Avril dernier, que personne n’a contesté en doctrine et au vu de nos catastrophes), l’Eglise pourrait méditer, creuser, mettre à l’étude pour sa transposition contemporaine un tel témoignage sur ses propres origines … et la puissance de la grâce était sur eux tous. Qui donc est vainqueur du monde ? Thomas, notre image à tous. Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. Or, la dogmatique juive, le récri devant Dieu de tout l’Ancien Testament, était : voir Dieu c’est mourir. Voici que ces hommes et ces femmes pendant trois ans, ont vu Dieu, sans s’en rendre compte tout en étant inexplicablement pris par cette aventure et par cet homme, si concret et pourtant les dépassant infiniment. Ce qui nous a fait vaincre le monde, c’est notre foi.

[1] - Actes des Apôtres IV 32 à 35 ; psaume CXVIII ; 1ère lettre de Jean V 1 à 6 ; évangile selon saint Jean XX 19 à 31

à toute la création - textes du jour



Samedi de Pâques . 18 Avril 2009

… prier. [1] Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Ce que j’ai découvert en inhumant une chienne recueillie quelques jours, colonne vertébrale brisée par un automobiliste inattentionné. C’est tout le créé, vivant ou inanimé qui est concerné par la rédemption, par l’éternité : pas seulement, l’espèce humaine. Argument pour l’écologie, l’environnement et les immenses péchés collectifs que commet l’espèce humaine depuis quelques décennies en toute conscience. Marc insiste dans la conclusion – semble-t-il surajoutée après une première réduction qui se finissait plus abruptement – sur l’incrédulité que constate Jésus et que le Christ reproche à ses disciples. Cela semble presque la parabole des vignerons homicides. Ce sont ces mêmes incrédules qui nous ont fondés et qui, dès la Pentecôte, deviennent inexpugnables dans leur foi et dans leur zèle : leur endurcissement et leur incrédulité parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité … à cause du peuple, on ne voyait pas comment les punir, car tout le monde rendait gloire à Dieu pour ce qu’il était arrivé… il nous est impossible de ne pas dire ce que nous avons et entendu. Propos et assurance, devant les plus hautes autorités du pays, de ceux qui, ayant vêcu avec lui, s’affligeaient et pleuraient. … Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur.

[1] - Actes des Apôtres IV 13 à 21 ; psaume CXVIII ; évangile selon saint Marc XVI 9 à 15

vendredi 17 avril 2009

administration des sacrements - le dialogue prêtre-famille - le ressenti des familles

il se jeta à l'eau - textes du jour

Vendredi de Pâques . 17 Avril 2009



Prier… de la maison du Seigneur, nous vous bénissons ! commencer ainsi, la récapitulation de la veille, voire de la vie entière, que j’amène aux marches de l’autel, un autel qui est un moment du temps que je vis incliné d’âme, mais libre et palpitant de cœur. Oui, que le dise Israël : éternel est son amour. Cela vaut surtout quand on sait ses noirceurs (possibles), quand on vit des impasses et que coûte tout effort. Nous allons avec toi… Or, ils passèrent la nuit sans rien perndre. Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était Jésus. Il les appelle : « Les enfants, auriez-vous un peu de poisson ? ». Toute notre vie spirituelle (possible) est là. Dieu se repère à sa présence avant même que rien soit explicité ou que nous puissions en prendre conscience. Nos activités, mes activités, notre vie la plus banale et routnière mais avec ses amitiés, son travail, ses obligations – tout cela continue, c’est notre mode d’existence… au lever du jour, Jésus était là dans notre rythme, à nos lieux. Plus que méconnaissable car cela supposerait un rapport au connu, et déjà une identification. Il est inconnaissable, là pourtant. L’initiative, la prise de parole, la question – fondamentalement – c’est lui, ce n’est pas nous, et pourtant ce sont les nôtres, c’est la parfaite réponse que les questions de Dieu, à nous directement et personnellement adressées. C’est le Seigneur ! répartition des rôles, devenu millénaire, dans l’Eglise. Le disciple que Jésus aimait, dit à Pierre : « C’est le Seigneur ». L’autre, la spontanéité même, dans la trahison comme dans la profession de foi, dans le doute (Jésus marchant sur les eaux et qu’il va rejoindre…), se jeta à l’eau. Or, Jésus, apparemment demandeur, donne tout, d’une part la pêche miraculeuse qui a quelque intérêt matériel pour les disciples mais qui est surtout le « déclencheur » de leur mémoire spirituelle, et d’autre part avait déjà préparé le repas, feu, poisson grillé, pain… En pleine communion et mutuelle présence, Dieu reste insaisissable, et Jésus – il faudrait trouver le mot : intimidant, ne convient pas… nous ne savons pas nous définir devant Dieu et encore moins pouvons-nous définir et même nommer Dieu, pourtant incarné, proche, présent… Jésus dit alors : « Venez déjeuner. » Aucun des disciples n’osait lui demander : »Qui es-tu ? ». Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson. Echo de la multiplication des pains, l’historien et mémorialiste. Expérience spirituelle, les étapes de l’entrée et de la demeurance en présence de Dieu. Je ne crois pas qu’il existe – dans la littérature humaine, se présentant comme une « révélation » ou un « message d’origine divine » - de page plus directement dans le sujet : la relation de l’homme avec Dieu, dont le christianisme et les « religions du livre » nous disent qu’en fait c’estb l’inverse : la relation de Dieu à l’homme. Etonnante… l’agnostique fondamentalement admet la possibilité de Dieu mais ne conçoit pas que Dieu ait quelque souci de l’homme. C’est bien davantage que le « problème du mal », pourquoi s’il y a Dieu, le mal est-il « permis » ? et de discuter sur la liberté de l’homme et une compassion divine qui devrait la dépasser à la manière dont nous pardonnons toujours tout à notre enfant (jusqu’à ce qu’il soit devenu adulte)… réponse du christianisme, de ce legs depuis deux mille ans d’une expérience et d’une rencontre historiques : ce Jésus est devenu la pierre d’angle. En dehors de lui, il n’y a pas de salut. Et son nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver. C’est Pierre qui parle, comparaissant – après Jésus – devant Anne et Caïphe. Et il se jeta à l’eau. [1]




[1] - Actes des Apôtres IV 1 à 12 ; psaume CXVIII ; évangile selon saint Jean XXI 1 à 14



jeudi 16 avril 2009

quelque chose à manger - textes du jour

Jeudi de Pâques . 16 Avril 2009

Prier enfin… à voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? exactement l’ « argument » de mon vieil et éminent ami. S’il existe, comme il aurait à faire ! et de mon côté, quand les choses sont lourdes, que tout est flou et que je suis si faible, et me sais si faible, comment ne pas y ajouter ? à vivre la vie ! qu’est-ce que je suis pour que tu t’occupes de moi ? Pierre et l’Eglise (l’Eglise, c’est nous, la hiérarchie et l’organisation ne sont qu’une sécrétion même si la perpétuation des systèmes de transmission par vocations et cooptation à l’intérieur de ces appelés, est sans doute instituée originellement par le Seigneur… mais servus servorum Dei…) Pierre donc répond : tout repose sur la foi au nom de Jésus. Le discours est profus, celui des évangélistes, à la suite de miracles du même genre l’était moins. La nature du Christ était donnée pour évidente. Après l’Ascension et la Pentecôte, on est déjà dans le temps des homélies et moins dans celui du vêcu (hélas ?). Alors, il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Ecritures… c’est vous qui en êtes les témoins. Jésus est d’abord un fait. Un homme qui se montre et qui parle, qui a souffert, est mort, est ressuscité, est monté au ciel d’où il reviendra juger les vivants et les morts. Croyez-vous ? Avez-vous ici quelque chose à manger ? Sauf Jean, les disciples n’ont pas été témoins de la mort de leur maître, ils l’ont considéré comme mort dès son arrestation, qu’ils ont fui. Pierre a tenté de suivre un peu… et puis… ils lui offrirent un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux. Alors commence et s’affirme le mystère de cette présence. Puis il déclara : « Rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous… ». Il n’est plus là de la même manière. Et aujourd’hui… maintenant… [1] .

[1] - Actes des Apôtres III 11 à 26 ; psaume VIII ; évangile selon saint Luc XXIV 35 à 48

mercredi 15 avril 2009

alors ils s'arrêtèrent tout tristes - textes du jour

Mercredi de Pâques .15 Avril 2009


Prier… alors ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’évangéliste donne des noms de personnes, de lieux, il date. Le Christ ressuscité a sa manière propre : c’est désormais toujours Lui qui vient, qui approche, qui est là, la plénitude d’initiative, donc de présence. Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha et il marchait avec eux. La cécité, l’ensommeillement sont, en revanche, notre mode d’être et de vivre. Ce que nous savons de Dieu est donc très au-dessous de la réalité, et même, pour ces disciples (qu’on dirait aujourd’hui, l’Elysée sous FM… du second cercle), très en-deçà de ce que le Christ avait tenté de « faire passer » aux siens : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et de tout le peuple. Et bien entendu, l’espérance est petite, à l’échelle… nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël. L’habituelle confusion humaine. L’insistance du Christ : mon royaume n’est pas de ce monde, le royaume des cieux… Or Jésus pour dessiller les yeux de ses disciples ne fait pas référence à lui-même, mais aux prophètes, en somme à la tradition religieuse de son temps et donc de ses compagnons… ceux-ci ne font pas le lien entre ce qu’ont rapporté les saintes femmes et ce qu’ont annoncé les prophètes, et leur maître lui-même. Lui, ils ne l’ont pas vu. Or, très précisément, ces deux hommes qui cheminent vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem (pensée pour cet homme qu’a été, complexe et exceptionnel, l’Abbé Pierre…), et que rejoint un inconnu, précisément ces deux hommes le voient… alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Jésus ne s’impose pas, ne « dure » pas mais il change tout, met en mouvement, les femmes se précipitent, les deux disciples rebroussent chemin. C’est vrai ! le Seigneur est ressuscité. [1] Valeur d’entrainement, de pédagogie et de communion : l’édification mutuelle. A leur tour, ils racontaient ce qu’il s’était passé sur la route, sur la route, la conversation et l’enseignement du Christ, et non la halte et le début du repas. L’apparition décisive, qui n’est pas rapportée mais évoquée, est celle du Christ au chef des apôtres, au fondateur, et c’est lui qui opère la première guérison officielle dans l’Eglise : je n’ai pas d’or ni d’argent ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ, le Nazaréen, lève-toi et marche. … Il entra avec eux dans le Temple : il marchait, bondissait, et louait Dieu. Tout bouge, est mouvement. Ceux qui prient, apparemment arrêtés. L’aîné de mes frères, je sais où quand il est au lieu d’accueil de ses enfants, ces moines, deux en particulier, qui cherchent, l’un en début encore d’itinéraire, l’autre en aboutissement de course, apparemment pas plus « avancés » l’un que l’autre, mais qu’importe qu’ils le sachent ou que je le sache, ils sont entre Jérusalem et Emmaüs, un lieu spirituel, un lieu quelconque, une route quelconque, le point n’est pas là, mais ce qu’il se passe sur la route : Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Leur chagrin et leur désarroi sont tout humain, Dieu les en arrache avec douceur et les remet dans l’équilibre fondamental, celui de leur foi et de leur amour. Contrairement à mon correspondant devant LE tombeau, les deux disciples n’espéraient plus parce qu’ils n’avaient pas d’espace. Vue très juste de mon inconnu(e).

[1] - Actes des Apôtres III 1 à 10 ; psaume CV ; évangile selon saint Marc XXIV 13 à 35

LE tombeau - un commentaire

commentaires:

pascal a dit…
entre le déjà et le pas encore ! La salle d'attenteou d'"esperar" où tout est possible

g ... @wanadoo.fr

11 avril 2009 08:34


Chemin permanent, personnage à nos mesures, audible et parfois palpable, et pourtant incommensurable. A la fois, les Ecritures et l'expérience du coeur, des visitations soudaines de notre intelligence, de notre sensibilité. Touchant le fond, remonter. Il est au fond, plus encore que dans les cieux.

Chaque matin, depuis des années, la lecture donc des textes de la messe, leur partage-diffusion d'abord adressé électroniquement à ma femme, d'une sensibilité très différente de la mienne "sur le plan religieux", puis à quelques amis, et de fil en aiguille.

Si ce qui est foi et présence de l'autre si intime et proche, m'étaient retirés, je ne sais ce que je deviendrais, vivrais-je encore ? et maintenant que les années ont été nombreuses et que - par tardive fondation familiale - je me sens en gros "accompli", il y a la mort, le passage à venir et je vis par avance que ce sera le passage. Ma prière se simplifie : résurrection de la chair et éternité de nos amours. Et transformation de tout - indifférences et distances, limites et autres - en floraison et sourire. Je n'espère pas, je vis.

Merci de vous être manifesté. Je pense à vous sans vous voir. Mais vous êtes là.

mardi 14 avril 2009

qui cherches-tu ? textes du jour

Mardi de Pâques . 14 Avril 2009


Prier… [1] la scène est tellement vêcue que son récit par Jean suppose une intimité de l’évangéliste avec la « pécheresse », l’hypothèse, dans le beau conte de Marguerite Yourcenar, de leur amour : elle la lui a racontée. Mais il y a également tant d’hypothèses, humaines, sur la relation aussi de Jésus avec Jean comme avec Marie-Madeleine. Le bain de l’amour. Les textes sont elliptiques, même le Cantique des Cantiques, ils ne donnent en général que les sentiments, l’évangile tranche. Il est factuel. L’abondance des événements explique le disparate des versions entre les quatre rédacteurs, sans compter les apocryphes. Le Christ est partout au matin de Pâques et spécialement, particulièrement, personnellement à chacun. Cesse de me tenir, je ne suis pas encore monté vers le Père. Jésus, selon le texte (traduction française moderne), ne met pas le possessif pour son Père, pas aussitôt, mais le développe : l’adoption est explicite, depuis la Résurrection, nous sommes substantiellement, spirituellement attachés au Christ, emportés par lui. Mais le noli me tangere ? est-ce à dire (et à prier) que Jésus « remonté » aux cieux et assis à la droite du Père est enfin saisissable, se laisse enfin saisir, alors que ce n’était pas possible humainement, sauf à l’occasion de la Passion : que de fois les évangiles rapportent la vaine tentative de se saisir de lui, mais lui passait son chemin. De prise sur Dieu, pour nous les humains, que spirituelle … A Béthanie, Marie-Madeleine étreint les pieds du Christ, elle pleure déjà mais pour une autre raison, celle qui l’a convertie. Pierre, mû par l’Esprit saint, remporte son premier succès de prédicateur : ceux qui l’entendaient furent remués jusqu’au fond d’eux-mêmes. Jésus, lui, vaut par sa seule présence : « … je ne sais pas où on l’a mis. » Tout en disant cela, elle se retourne et aperçoit Jésus qui était là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Le mystère – simple – des apparences et des modes de présence du Christ ressuscité. Femme, pourquoi pleures-tu ? question des anges, que reprend le Seigneur. Dieu nous appelle chacun par notre nom, tous, sauf Adam (et Eve qui doit son nom à Adam), sans doute parce que celui-ci est nous tous. Nommés par Dieu, par ceux/celles aussi qui quotidiennement nous aiment, nous savons alors qui est présent. C’est pour vous que Dieu a fait cette promesse, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera. Le début de la Passion : qui cherchez-vous ? c'est moi, et la conclusion par la Résurrection : qui cherches-tu ? et Jésus n'a pas à dire : c'est moi.


[1] - Actes des Apôtres II 36 à 41 ; psaume XXXIII ; évangile selon saint Jean XX 11 à 18

lundi 13 avril 2009

tu ne peux abandonner ton ami à la mort - textes du jour

Lundi de Pâques - 12 Avril 2009


Prier… il fait très beau, j’ai la sensation d’un nouveau départ. [1] Deux versions sur l’attitude « des femmes » quittant le tombeau vide. Leuir peur et leur mutisme, selon Marc. Et Matthieu dit tout le contraire : quand les femmes eurent entendu les paroles de l’ange, vite, elles quittèrent le tombeau, tremblantes et toutes joyeuses, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. C’est dans cette ambiance intime, une intense gratification spirituelle, une foi totale et incarnée, elles sont dans l’événement, que ce que Jean attribue à la seule Marie-Madeleine, leur arrive. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue ». Elles s’approchèrent et, lui saisissant les pieds, elles se prosternèrent devant lui. Eve a vraiment sa revanche : Marie, mère du Christ et Messie, les saintes femmes, au pied de la croix (les hommes absents, sauf les préposés et Jean, l’exceptionnel à tous égards) et à qui, les premières, la Bonne Nouvelle est annoncée, à qui, les premières, le Christ ressuscité, apparaît, se donne à voir et à saisir. Matthieu donne des détails : les saintes femmes se croisent avec les gardes qui sont, eux aussi, partis en ville, témoins sans la foi, donc faciles à retourner. Foi dont répond et qu’exprime Pierre. Toujours cette difficulté pour moi de la « nécessité » et d’une logique des événements dont la liberté serait absente : Dieu l’a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. Jésus ressuscité ou se ressuscitant ? ce dilemme-là se résoud facilement. Le Dieu trinitaire n’est qu’amour, toute puissance de l’amour, ce n’est pas un des « membres » de l’entité divine qui guérit l’autre, comme il est observé chez certains animaux, c’est le mystère de Dieu que l’une des personnes incarnées soit inséparable des autres, et combine – en triomphale initiation – la nature humaine mortelle, mais désormais ressuscitée, ressuscitable, et la nature divine immanente. Pierre, en revanche, est tout à fait clair : incarnation et divinité. Cet homme… vous l’avez fait mourir. … Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Que Jésus soit ressuscité par Dieu et ne se ressuscite pas lui-même : l’affirmation répèterait que c’est bien de l’homme qu’il s’agit (Dieu ne se ressuscite pas, il est hors de toute atteinte et n’est possédé, atteint que par lui-même, si je puis écrire) et par conséquent de nous, à la suite du Christ, lié à lui, attaché à lui, à l’homme qu’il est pleinement. Dieu ressuscite l’homme. Tu ne peux pas m'abandonner à la mort ni laisser ton fidèle connaître la corruption. Tu m'as montré le chemin de la vie, tu me rempliras d'allégresse par ta présence.

[1] - Actes II 14 à 32 passim ; psaume XVI ; évangile selon saint Matthieu XXVIII 8 à 15

dimanche 12 avril 2009

vous êtes ressuscités avec le Christ - textes du jour

Dimanche de Pâques . 12 Avril 2009

Pâques, exceptionnellement cette année – la profusion organisée par ma chère femme, pour notre retour, notre fille et moi ce matin, les cris, les hurlements de joie et d’enthousiasme : c’est le plus beau jour de Pâques de ma vie, elle n’a que quatre ans… tant de privilèges en ces heures… tandis que tant souffrent et meurent, de nos proches et du monde entier. Paradoxal carillon. Ambivalence de notre chair, éternelle et vouée immédiatement, affaire de jours ou d’années à la pourriture et au dessèchement. Mais le soleil à travers les arbres, encore blanc de sa brillance insoutenable, que me montre notre fille quand je pars à l’office du soir, hier : pour elle, elle me désigne la suprême beauté. Je n’ai pu qu’évoquer la Résurrection et son matin anticipé.

Hier soir, la messe nocturne, le baptême de Valentin, Benjamin, Matthieu. Dès l’entrée dans l’église, me voici converti, j’en avais besoin. Voyant ces familles de Noirs, leur beauté, leur piété, mon racisme contre Barack Obama, pour lequel on a trop fait depuis six mois, est tombé (pas un racisme anti-race, mais une sorte de révolte que le président des Etats-Unis soit, etc… alors que je sais que pour le reste du monde, c’est le titre de gloire le plus actualisé des Américains qu’ils aient « pu » voter ainsi). Emancipé mentalement de l’inhabituel ou de la nouveauté assez radicale pour les images qu’on reçoit désormais et qui vont persister pendant quatre ans, je vais redevenir tranquille et serein pour juger le nouveau président américain (il est vrai qu’ainsi la vacuité de son texte : l’absence de texte, pendant son bref séjour européen n’en éclate que davantage). De l’ensemble de la liturgie, je retiens l’essentiel qui fut à la fin, ces garçonnets, neuf ans, onze ans et six ans, signant à l’autel leur acte de baptême : Mathieu, juché je ne voyais pas sur quoi ou comment, pour signer de ses six ans. Et la note sur laquelle se clôt l’évangile de Marc : elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. La propagation de la foi, selon le plus ancien de nos quatre évangiles commence bien. Paul aux Romains rappelle l’essentiel par son syllogisme fameux et comment n’en pas ressentir la force quand l’âge nous prend et nous fait considérer, désormais, chaque jour comme un supplément gratuit : si nous sommes déjà en communion avec lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons encore par une résurrection qui ressemblera à la sienne. Echo, réplique à l’affirmation de notre création à la ressemblance de Dieu. Nous n’avons lu ni Baruch ni Ezéchiel, mais Isaïe et les dons gratuits et profus, le psaume : sa colère ne dure qu’un instant, sa bonté, toute la vie. Et l’Exode, la scène tant filmée et recomposée, dont pourtant l’égyptologie n’a pas trouvé l’évocation (Freud en revanche glose, avec beaucoup d’inexactitudes relevées ensuite autant par ses contempteurs que par ses élèves, sur Moïse, comme sur Akhnaton) : l’attitude humaine, récriminer, appeler, voir, craindre, croire, et ainsi X fois, nos allers-retours comme notre respiration physiologique et spirituelle. Et la Genèse, l’œuvre divine et notre destination [1].

Ce matin, l’église romane de ce village qui n’a plus qu’un millier d’habitants mais en compta plus de cinq mille aux XIVème et Xvème siècles avant que la Compagnie des Indes hésitante préfère Lorient, justement, à Penerf. Depuis, le marécage et les oiseaux, migrateurs et résidants, église sur des vestiges romains. Denis M. à contre-jour d’un vitrail, la chasuble blanche de belle laine, colorée de vert et de rouge, parfois de bleu vivants à mesure que tourne le soleil, le dallage à l’unisson et parfois les cheveux de mon ami célébrant. Marguerite… c’est Denis, le prêtre ? – Oui. – Pourquoi ? – parce que Jésus l’appelé ! – Pourquoi ? – parce que Jésus l’a voulu. – Pourquoi ? – parce que Denis le fait très bien. – Pourquoi Denis fait bien les choses ? Je ne réponds pas. Plus tard : pourquoi il fait bien les choses ? – parce que Jésus l’aide dans la prière. – Pourquoi il reste prêtre ? – parce qu’il a dit oui ! – Et il dira non ? – Non, jamais. Mon vieil ami, en homélie, rappelle que son père fut inhumé l’après-midi du dimanche de Pâques, décédé la veille le matin, et que lui-même fut ordonné prêtre un jour de Pâques. On faisait vite pour sa « promotion », l’Algérie et l’appel au service. 1956… Fatigué de la veille, il évoque notre pape Jean Paul II au point de donner la bénédiction pascale, puis nous souhaite, en concluant bonne semaine et bonne fête de Noël. J’ai aimé ainsi notre recteur et notre fille…[2] la délicatesse de Jean souvent commentée, son jeune âge aussi, et le il vit et il crut qui n’est pas noté pour Pierre. Mais c’est Pierre qui fait l’état des lieux, selon Jean lui-même : il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place. Jean ne fait pas parler le chef de l’Eglise mais à plusieurs reprises il enregistre ses professions de foi (et son triple reniement). Il observe. Comme les « disciples d’Emmaüs », Jean fait, enfin, le rapprochement entre les Ecritures et les faits. Comme la Shoah qui se distingue de tous les autres génocides, parce qu’elle a été annoncée par avance, publiquement (Mein Kampf) par celui qui la commandera ou au nom de qui elle sera perpétrée, la contre-épreuve, par une anticipation guère célébrée par les victimes d’aujourd’hui, la Résurrection et la divinité de Jésus ne « valent » que par l’annonce qui en a été faite, dès l’origine de la marche spirituelle de toute l’humanité, symbolisée par celle du « peuple élu ». En revanche, c’est cette nécessité – souvent affirmée dans les évangiles et dans les épîtres apostoliques, Paul surtout – il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts – qui me pose question à creuser et surtout prier. Liberté de Dieu, du Fils, notre liberté et pourtant Dieu étant amour par essence et absolument ne peut que nous racheter, la racine de la liberté, ou plutôt l’exercice de la liberté sont humains et non divins : Jésus Dieu fait homme, va librement et souverainement à sa Passion, l’homme (le couple humain, selon une distribution des rôles, très juste psychologiquement) pèche librement. – J’ai commencé de lire l’admirable et insolite réflexion-méditation de Jacques Isorni : Le vrai procès de Jésus [3] : c’est la mise en évidence de la liberté de tous les protagonistes de la Passion en réponse ou pendant à celle du Christ, les juges et accusateurs, ceux qui prononcent culpabilité et condamnation, mais plus encore les deux grands rôles : Pierre et Judas, dont l’avocat-défenseur de Brasillach, du Maréchal et de Bastien-Thiry (de Marcantoni aussi par haine de notre régime, en 1969) donne un parallèle et une opposition qui me saisissent. Elle court donc… ils couraient tous les deux ensemble… La Résurrection a mobilisé, la liturgie de ces jours-ci et de ce matin aussi. Notre foi, c’est de croire que nous sommes et serons associés au Christ, au Fils de Dieu, à Dieu-même. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire. Lors de la Transfiguration, les trois disciples restent spectateurs, épouvantés et tous leurs sens perdus, comme le vivent les femmes venus au tombeau et le constatant vide. Témoins que Dieu avait choisis d’avance. La grâce de mon baptême et que s’en soit, en moi, perpétuée la sensibilité. Ces éminents amis, mes chers mentors, ministres du Général, très hauts fonctionnaires, ministres de François Mitterrand, aux carrières et à l’intelligence suprêmes, et qui ne croient pas… et qui me savent croyant… Denis hier soir et ce matin : croyant ? mais à quoi ? et en qui ? Réponse en ce moment.

[1] - Genèse I 1 à II 2 ; Exode XIV 15 à XV 1 & cantique XV 2 à 17 passim ; Isaïe LV 1 à 11 ; Paul aux Romains VI 3 à 11 ; évangile selon saint Marc XVI 1 à 8

[2] - Actes X 34 à 43 passim ; psaume CXVII ; Paul aux Colossiens III 1 à 4 ; évangile selon saint Jean XX 1 à 9

[3] - Flammarion . Février 1967 . 201 pages

samedi 11 avril 2009

les dialogues directs de Jésus, le Christ - samedi-Saint 9 avril 2008

. . . avant l'autre vie, celle du Ressuscité - fin de l'après-midi du samedi-Saint 11 Avril 2009

devant LE tombeau, au pied de toutes tombes - samedi-Saint 11 avril 2009




. . . après-midi du samedi-Saint 11 Avril 2009



Tandis que mes aimées – sur la terrasse puis maintenant dans le salon – sont à jouer et à vaquer, je viens au tombeau, veiller. Sérénité du samedi-Saint, ce n’est pas le vide mais le temps, disponbilité de tout, du cœur, de l’intelligence, l’âme sait qu’elle chantera. Pour l’heure, elle se recueille, Dieu est à elle, dans la mort et l’ensevelissement du Fils fait homme mortel. Je me mets à genoux (mentalement) devant LE tombeau, m’entourant de toutes les tombes de toutes les époques, hier encore le départ vers cette résurrection particulière d’une inconnue, mais chère à un ami dont elle est la belle-mère (Jésus guérissant la belle-mère de Simon-Pierre), prénom beau, Clotilde, et jour magnifique, le vendredi-Saint… les tombes, significativement séparées ce qui me les rend encore plus une, de nos chers parents, la mienne un jour, ce soir peut-être…
Matthieu [1] – qui n’est pourtant pas témoin oculaire – met en scène grandiosement ce post mortem du Christ : et voilà que le voile du Sanctuaire se déchira en deux, du haut en bas ; la terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s’ouvrirent et de nombreux corps de saints trépassés ressuscitèrent ; ils sortirent des tombeaux après sa résurrection, entrèrent dans la Ville sainte et se firent voir à bien des gens. Fresque et enseignement. Factuellement, une certaine foule, les gardes, profession de foi collective (je n’avais mémoire que de celle du centurion) : ils furent saisis d’une grande frayeur et dirent : « vraiment, celui-ci était fils de Dieu ! », et les « saintes » femmes, parmi lesquelles Matthieu ne cite pas la Vierge. Ne décollent pas de l’endroit ni de la scène, Marie-Madeleine et Marie, mère de Jacques et de Joseph. Elles regardaient à distance, puis elles furent assises en face du sépulcre. Troisième série de participants, les faux témoins dont la hantise d’une supercherie nous fournit des éléments factuels décisifs : ils allèrent donc et s’assurèrent du sépulcre, en scellant la pierre et en postant une garde. Le site, et le corps ? Joseph d’Arimathie prit donc le corps, le roula dans un linceul propre et le mit dans le tombeau neuf qu’il s’était fait tailler dans le roc, puis il roula une grande pierre à l’entrée du tombeau et s’en alla. Les deux Marie sont là, ce sont elles surtout qui, les premières, après le jour du sabbat, comme le premier jour de la semaine commençait à poindre… vinrent visiter le sépulcre. Contemplatives s’il en est, privilégiées d’avoir pu suivre de bout en bout leur Seigneur passionnément aimé, elles seront gratifiées au possible : premiers témoins, la foi de l’Eglise commence avec elles. Chez Matthieu, on bouge donc beaucoup, l’on est nombreux, on prend beaucoup de disposition, Jésus – mort, cadavre, martyrisé – est plus central que jamais, cet imposteur a dit, de son vivant : « Après trois jours, je ressusciterai ». Les ennemis ont meilleure mémoire que les amis, que les fidèles, les disciples, eux, sont absents. Nous sommes de ceux-là, témoins oculaires de rien, terrés dans nos vies quotidiennes, plus ou moins perturbés, avons-nous quelque mémoire de nos anciennes prières, des grâces reçues, de nos angoisses et de ce vers quoi nous allons : mort et résurrection à notre tour, passage qu’est ce samedi Saint…

Marc[2] attribue la profession de foi au seul centurion, l’espérience de Pierre, déjà pressentie, la conversion de Corneille : voyant qu’il avait ainsi expiré, le centurion qui se tenait en face de lui, s’écria : « Vraiment, cet homme était fils de Dieu ! ». C’est la mort de Dieu qui révèle et synthétise tout pour cet homme, ce professionnel, qui a dévisagé le supplicié, le mourant dans les heures et les minutes, tête à tête inouï qui dépasse toute contemplation, toute prière, toute communion. Voir Dieu, voir son visage comme l’implorent le psalmiste ou la bien-aimée du Cantique, le païen, le tortionnaire, le préposé reçoit cette grâce, d’office. Il s’en rend compte, il témoigne. Le dernier souffle et non pas ce qui sera signe pour les Juifs (le voile du Temple) cristallise tout. Pas de tremblement de terre ni de résurrections en nombre, mais les mêmes femmes, avec la mention de Salomé, peut-être celle-ci est la mère des fils de Zébédée, les fils du tonnerre… Pierre a enquêté, autant que plus tard Thomas voudra des preuves. Hardiesse de Joseph d’Arimathie, étonnement de Pilate – élément factuel sur la mort de Jésus : le centurion, devenu croyant, est mandé : il lui demanda s’il était mort depuis longtemps. Joseph d’Arimathie a la grâce d’un beau rôle : celui-ci, ayant acheté un linceul, descendit Jésus, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans une tombe qui avait été taillée dans le roc. Le centurion avait dévisagé le Christ, le croyant secret prend Dieu fait homme à bras le corps. La pierre, la présence des deux Marie sont confirmées ; les deux femmes regardaient où on l’avait mis. Elles attestent de la mise au tombeau et de la situation de tout. Joseph paye le linceul, les saintes femmes se fendent des aromates pour aller oindre le corps. Et de bon matin, le premier jour de la semaine, elles vont à la tombe, le soleil s’étant levé. Solitude de la foi et de ces parcours spirituels, le centurion, le grand notable, mais aventure à deux de ces femmes, qui vont pouvoir attester l’une de l’autre. L’évangéliste ne retient d’elles ni le dialogue qu’elles durent avoir ensemble, ni ce qu’elles disent aux tiers, sans doute – elles auront peur à l’annonce de l’ange, Marie, la Vierge, n’a pas eu peur, mais elle fut bouleversé à l’autre annonce, d’un ange aussi, qui commença tout – sans doute sont-elles intimidées par les soldats comme par l’aristocrate. Elles se font petites, elles ne sont audacieuses qu’avec Dieu, elles s’inscrustent, elles reviennent aussi tôt que la religion ambiante l’autorise.

Luc place de grandes foules au calvaire [3] : toutes les foules qui s’étaient assemblées pour ce spectacle … tous ses amis… tandis que les badauds s’en retournaient en se frappant la poitrine, tous témoins de la mort de cet homme qui avait « défrayé la chronique » pendant plusieurs années, les femmes qui l’accompagnaient depuis la Galilée… regardaient cela. Contemplation ? regard ? elles sont immobiles. Voyant ce qu’il était arrivé, le centurion glofiait Dieu, en disant : « Sûrement, cet homme était un juste ». Moindre profession de foi, cheminement plus assuré ? c’est probablement Luc qui a raison sur Matthieu et sur Marc, c’est un enquêteur, il le dit lui-même, et soigneux. Il a la biographie et les actes de Joseph d’Arimathie, celui-ci va droit au but chez Pilate et réclama (le mot est le même chez les synoptiques). Même grâce : il le descendit, le roula dans un linceul et le mit dans une tombe taillée dans le roc, où personne encore n’avait été placé. Le tombeau neuf, le roc, pas la pleine terre donc. Notation de l’heure : le sabbat commençait à poindre. Les femmes qui l’accompagnaient (Jésus) depuis la Galilée … qui étaient venues avec lui de Galilée, avaient suivi Joseph. Elles regardèrent le tombeau et comment son corps avait été mis. Elles suivent comme si c’était leur nature… mais quand elles vont retourner au tombeau après le sabbat, au contraire, elles sont de pleine et souveraine initiative, le dessein d’amour, la prière de deux jours (elles se tinrent en repos, selon le précepte). Elles vont attester de la matérialité de tout, la position du corps. Ces textes synoptiques introduisent à une prière très particulière : voir les choses, voir qu’il y a mort, ensevelissement, voir le détail. La foi n’aura son socle que par cette minutie, les évangélistes y tiennent manifestement, ce n’est pas un chœur ou un discours, ce sont des faits, des témoins, des lieux, des horaires. Les plus actives et continues, les plus complètes sont ces femmes. Luc les nomment, Marie-Madeleine, l’autre Marie, et non pas Salomé, mais une Jeanne. Ils suggèrent qu’elles ne sont pas deux, mais bien plus nombreuses. Les communautés contemplatives peuvent trouver là quelque modèle, quelque prescience de ce qu’elles vivent aujourd’hui, en écho à ces soir et matin de la Mort et de la Résurrection.

De Jean, j’attends tout, ayant re-découvert chez ses trois devanciers, bien des traits que l’habitude ou la distraction avaient estompés en ma mémoire et mes méditations à toujours actualiser et ré-informer textuellement. [4] Le disciple que Jésus aimait ne donne que son propre témoignage, ce n’est pas la profession de foi du centurion, c’est le fait anatomique, mais d’intense portée spirituelle, du sang et de l’eau sourdant du côté percé à la lance. Joseph d’Arimathie, selon l’apôtre, est bien plus précautionneux qu’à lire les synoptiques : il demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Pilate le permit. Pluriel pour la descente de croix et la mise au tombeau : ils vinrent donc et enlevèrent son corps… c’est là qu’ils déposèrent Jésus. Nicodème est du nombre. Joseph a fait la démarche. Note pittoresque : il y avait un jardin au lieu où il avait été crucifié. Pourquoi ne pas songer au jardin de l’Eden, mais dont le centre (l’arbre ?) serait un tombeau neuf, dans lequel personne n’avait encore été mis. Jésus fruit des entrailles de Marie, fruit de nos tortures et procès, fruit enseveli comme le grain dans le tombeau neuf. En revanche, Marie-Madeleine est seule au tombeau le premier jour de la semaine. Jean s’y connaît en amour, solitude de la recherche et du tête à tête, Cantique des cantiques. Les aromates, un mélange de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres, c’était l’affaire de Nicodème, celui à qui sont expliqués la seconde naissance, le baptême, le sens de l’ensevelissement. Tandis que Marie-Madeleine vient mains nues. Elle vient de bonne heure au tombeau, comme il faisait encore sombre. Vigilance mais nuit de la foi. – Ainsi soit-il ! ainsi fut-il !

[1] - XXVII 50 à 66

[2] - XV 38 à 47
[3] - XXIII 47 à XXIV 1

[4] - XIX 20 à XX 1

vendredi 10 avril 2009

vous tous qui espérez - textes du jour

Vendredi Saint - 10 Avril 2009

Denis M. fait simple. Une petite centaine de personnes dans l’église qui n’est pas belle, chemin de croix devant des tableaux d’époque incertaine et moche, lecture simple des notices de Prions en Eglise qui, ingénieusement et utilement, distingue les stations inspirées des évangiles et celles tenant aux dévotions des XIIème et XIIIème siècles, les pélerinages en Terre Sainte. La lecture de saint Jean est irrésistible [1]. Denis m’apprend que l’Eglise primitive a condamné dès le IVème siècle une tentative de faire un aggloméré des quatre évangiles, préférant cette proposition apparemment plus complexe mais d’un relief et d’une portée tant factuelle, historique que spirituelle et parfois affective, décisifs. Ecoutant la lecture du grand texte – que depuis mon adolescence je crois n’avoir jamais manqué une seule année, grâce insigne qui m’est maintenue – je suis arrêté, comme jamais auparavant, d’une part par le détail et l’étendue du compte-rendu par Jean, témoin oculaire, et sans doute le seul des quatre évangélistes, des dialogues entre Pilate et Jésus, sérénité du Fils de l’homme, tentatives désespérées du procurateur de sauver cet accusé qui manifestement lui en impose et, davantage, lui est profondément sympathique : on est tout proche de la rencontre spirituelle, et un apocryphe attribué au Romain a sa valeur. Il a été magnifiquement et ingénieusement actualisé par Eric-Emmanuel Schmitt. Et d’autre part, par cette sorte de cri du « disciple que Jésus aimait », attestant aussitôt la mort du condamné. Sans doute se déduit-elle de ce qui est factuellement rapporté, mais Jean devance l’objection d’une semi-mort, d’une catalepsie et de beaucoup des ingéniosités contemporaines du Christ ou modernes : aujourd’hui. Accessoirement, enfin, l’Eglise à naître est absente : ses fondateurs, Pierre, les Douze moins Judas, ne sont pas au pied de la croix ni à la mise au tombeau. L’Eglise n’est alors que le lien d’amour entre Marie et son fils, entre Jésus et son disciple, entre Jésus et sa mère de l’avenir de qui il est soucieux. Et hors « hiérarchie », les « têtes mitrées » de mon cher JL, il y a ces deux disciples en secret : l’Eglise du seuil, dirait-on en pastorale d’aujourd’hui, Joseph d’Arimathie et Nicodème. Pas grand monde, mais de qualité extrême. Jean ne retient pas le cri du centurion, mais peut-être est-il tombé dans ses bras en entendant sa profession de foi… – Je veux revenir, ces temps-ci, sur ces dialogues du Christ avec des contemporains, pas des dialogues donnant à l’écrivain sacré l’occasion d’un discours de Jésus, mais ces échanges de quelques mots, questions-réponses, constats-actes de foi ou actions de grâce, qui sont signés : le Christ et tel disciple, telle rencontre, telle femme. On est alors si proche de nous. – Ce soir, revenu au silence d’une solitude relative, ma femme se reposant, notre fille à son lecteur de DVD, tandis que la pluie entoure tout et que sur le ciel noir luisent les glycines maintenant ouvertes, je prends les deux lectures [2] : en Jésus, le Fils de Dieu… avançons-nous donc avec pleine assurance… il a connu l’épreuve comme nous, et il n’a pas péché. C’est en soi miraculeux, notre condition, totalement, y compris la mort et pourtant un lien avec Dieu le Père, que ne défait pas l’humanité, l’incarnation du Fils, Dieu qui pouvait le sauver de la mort. Une mort que le Christ a, toute sa vie humaine, regardée, appréhendée et assumée : il intercédait pour les pécheurs. En fait, se jouait là et continue de se jouer dans l’actualité de la Passion : Mort et Résurrection, tout le mystère de notre liberté, totale et dont pourtant les errances et errements sont rattrapables, rattrapés. Mon serviteur réussira, dit le Seigneur, il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! Prodige spirituel et littéraire qu’Isaïe : à juste titre, les derniers chapitres de son texte sont considérés comme un évangile, déjà entrevu par le prophète. Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à cause des péchés de son peuple. On l’a enterré avec les mécréants, son tombeau est avec ceux des enrichis. – Ces offices sont un memento autant du Seigneur que de ceux qui ont croisé ma route ou même l’ont inspirée, ces prêtres et religieux, ces curés de campagne de nos « camps de Semaine sainte », ces moines d’autrefois ou d’hier soir, dans la blancheur de leurs vêtements liturgiques et de leur église monastique, tous ceux avec qui j’ai partagé prière et émotion du grand moment de notre itinéraire chrétien. Annuel. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Et nous voici, morts ou terrestrement vivants, réunis pour ces jours et nuits. Porteuses et mystérieuses. Mon serviteur justifuiera les multitudes, il se chargera de leurs péchés. C’est pourquoi je lui donnerai la multitude en partage. Suivons notre héros-héraut ces quelques heures-ci. Soyez forts, prenez courage, vous tous qui espérez le Seigneur !

[1] - évangile selon saint Jean XVIII 1 à XIX 42


[2] - Isaïe LII 13 à LIII 12 ; psaume XXXI ; lettre aux Hébreux IV 14 à 16 & V 7 à 9