dimanche 29 juin 2008

Pierre et Paul - homélie monastique



+ Homélie pour la solennité des apôtres Pierre et Paul, dimanche 29 juin 2008

« Pierre, tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Jésus n'est pas remonté au ciel sans avoir auparavant bien organisé et prévu toutes choses. Son oeuvre, c'est l'Église qui la continuera. Pierre a été mis à la tête d'un collège de douze apôtres qui ont reçu directement du Christ leur mission, leurs instructions et leur pouvoir. Quand le traître eut été remplacé par Matthias, un compagnon de la première heure, c'est sur eux, les Douze, réunis en prière avec Marie, que l'Esprit Saint est descendu à la Pentecôte. C'est autour d'eux que se sont réunis les disciples du Christ dans la communauté primitive de Jérusalem. Dans la joie et l'unité des coeurs, les frères mettaient tout en commun. Le Seigneur était loué, l'Évangile était proclamé, on servait les pauvres et on guérissait les malades. On supportait ensemble la persécution et chacun était prêt, comme Étienne, à reproduire dans sa mort la mort de Jésus lui-même, ce qu'on appellerait bientôt le martyre.

Tout était donc bien clair dans cette Église confiée à Pierre et aux Douze pour gérer l'héritage de Jésus, et qui avait les promesses de la vie éternelle. Pourtant, vers l'an 36 environ, on commença à entendre parler d'un converti qui déployait une ardeur peu commune. Saul était un petit homme d'apparence assez quelconque mais que la prédication transformait. L'éloquence de ce juif, qui connaissait bien le grec et le latin, ne recourait pas aux artifices des rhéteurs helléniques. Il n'avait pas non plus l'autorité un peu solennelle des rabbins dont il avait été l'élève à Jérusalem. Sa parole si vigoureuse semblait une manifestation directe de la puissance divine. Il était capable de parler pendant des heures de Celui qui avait retourné son existence : Jésus de Nazareth, le Ressuscité vivant dans son Église, qui lui était apparu sur le chemin de Damas. Il ne se lassait pas de raconter cette rencontre qui avait fait du pharisien convaincu persécuteur enragé des chrétiens qu'il avait été, quoi donc ? un disciple ? un prédicateur de Jésus ? mieux encore : un Apôtre, c'est-à-dire l'envoyé personnel et permanent du Seigneur pour diffuser l'Évangile partout dans le monde et fonder de nouvelles communautés ecclésiales.

Et voilà bien ce qui était gênant. Que venait faire dans l'Église de Pierre, fondée par Jésus lui-même à partir des hommes qu'il avait personnellement recrutés et formés, ce Paul qui se disait « apôtre, non de la part des hommes, ni par l'intermédiaire d'un homme, mais par Jésus Christ et Dieu le Père qui l'a ressuscité des morts » (Ga 1, 1) ? À cette question, qu'on lui posait si souvent, Paul donnait trois réponses.

La première mettait en avant son lien personnel avec le Christ et elle consistait dans ce récit sans cesse repris de l'intervention directe de Jésus ressuscité dans sa vie.

La deuxième réponse de Paul montrait en lui un fils de l'Église, attentif à demeurer constamment en communion avec Pierre et avec l'Église-mère de Jérusalem. Il tenait à rencontrer quand il le fallait ceux qu'il considérait comme les colonnes de l'Église pour vérifier auprès d'eux la teneur de son enseignement, pour convenir avec eux de ce qu'on appellerait de nos jours des orientations doctrinales ou pastorales, et pour leur rendre compte de ses missions en pays païens. Il veillait aussi à soutenir financièrement l'Église appauvrie de Jérusalem en organisant et gérant une gigantesque collecte dans toutes les églises qu'il visitait.

La troisième réponse de Paul consistait dans l'évidence de l'action de l'Esprit Saint dans sa personne et dans sa vie.

De lui-même, Paul se savait peu de choses. Il était né à Tarse en Asie Mineure vers l'an 8 de notre ère – et l'année Saint Paul inaugurée vendredi dernier par le Saint-Père Benoît XVI nous invite à célébrer le bimillénaire de cet événement. Il avait reçu une éducation religieuse poussée à Jérusalem ce qui lui donnait une connaissance remarquable de la Parole de Dieu et des traditions du Judaïsme. Mais ce n'était pas sur cela qu'il s'appuyait.

Il avait par ailleurs une assez mauvaise santé. Il rencontrait sans cesse l'opposition des Juifs. Sa vie était exposée en permanence à mille dangers. Il y ajoutait une ascèse austère. Mais rien de tout cela ne le décourageait.

Il ne connaissait qu'une chose : le Christ l'avait choisi, il lui avait fait miséricorde, à lui, Saul, le persécuteur, il l'avait aimé au point de mourir pour lui. Et maintenant, le Christ lui demandait de s'appuyer uniquement sur ce choix bienveillant, cette « élection », cette « grâce » qu'il lui avait révélée sur le chemin de Damas et qu'il lui refaisait sans cesse sur tous les chemins de l'Évangile.
Paul ne pouvait que s'effacer toujours plus humblement devant la grâce qui agissait en lui. Il voyait se déployer dans sa faiblesse la puissance infiniment riche en ressources du Christ fondant lui-même son Église et parlant par la bouche des prédicateurs de l'Évangile. Il contemplait cette Parole de la Croix en train de résonner jusqu'aux extrémités de la terre. Il était l'intendant du mystère qui, depuis le coeur du Père éternel, se déployait irrésistiblement dans le monde par le Fils et dans l'Esprit Saint. Il était le serviteur de cet Esprit à l'oeuvre pour vivifier de la vie du Ressuscité le Corps ecclésial tout entier par la charité.

La troisième réponse de Paul, c'était Paul lui-même, tel que l'Esprit lui donnait de vivre et de se montrer. Car Paul et son Évangile ne faisaient qu'un : il était lui-même, en personne, dans sa faiblesse et dans sa sainteté, dans le feu de son amour et dans les fulgurances de son intelligence du mystère, l'annonce de l'Évangile de la grâce de Dieu. Il était une parole incarnée qui annonçait la gratuité de l'amour qui, à partir de la Croix, saisit l'homme et le monde pour les pénétrer de la gloire divine. Car la Croix, la Croix seule, était la preuve, mystérieuse et fascinante, que Dieu nous aime, lui qui n'a pas épargné son propre Fils mais l'a donné pour nous.

Devant une telle évidence du mystère de la volonté divine s'accomplissant en Paul, Pierre et les autres apôtres n'avaient plus qu'à se laisser dépasser. L'Église, ils en avaient vite fait l'expérience, ne fonctionnait pas comme une association sagement réunie autour de son Président. Elle était d'origine divine, par le Christ qui l'avait fondé, mais aussi de fonctionnement divin, par l'Esprit du Ressuscité qui l'animait. Et le Ressuscité n'aurait pas pu affirmer plus nettement son autorité qu'en imposant aux Douze cet Apôtre de surcroît qu'il avait formé lui-même directement et qu'il leur envoyait comme un extraordinaire cadeau.

On peut supposer que saint Pierre se fût parfois bien passé de cet empêcheur de tourner en rond et qu'il lui arrivait de s'agacer quelque peu des idées tranchées, des manières personnelles et de la supériorité manifeste de ce génie de la grâce qu'était l'apôtre Paul. Décidément, Jésus, qui l'avait toujours affectueusement taquiné, lui avait joué un bon tour de plus en lui donnant ce collaborateur aussi admirable qu'encombrant. C'était au point qu'il lui faudrait partager avec ce tard-venu le privilège d'évangéliser le centre du monde, cette ville de Rome à qui ne suffirait pas le seul martyre de Pierre en l'an 64, mais qui voudrait aussi s'honorer de la mort glorieuse de saint Paul vers l'année 67.

Mais Pierre, l'humble Pierre, qui avait eu à compter avec Jean, le bien-aimé du Seigneur, et qui avait aussi dû gérer des personnalités aussi fortes que celles de Jacques, le premier évêque de Jérusalem, ou Barnabé, ne craignait pas de renvoyer à Paul. Lisez ses lettres, disait-il volontiers. Ce n'est pas toujours très facile, mais c'est du solide. En cette année Saint Paul qui s'ouvre, le successeur de Pierre nous envoie nous aussi vers Paul. Il nous invite à nous faire tout spécialement les disciples de celui qui s'est tellement identifié à sa mission que la Tradition l'a appelé l'Apôtre, tout simplement. Accueillons cette invitation porteuse de grâce. Lisons les Actes des Apôtres pour avoir une vue d'ensemble de l'itinéraire de saint Paul. Plongeons-nous dans ses épîtres : peut-être pas tout seuls, car elles sont parfois difficiles, mais à l'aide d'une bonne introduction, comme celle que proposent nos Bibles ou plusieurs sites internets, à commencer par celui du Saint-Siège. Avec Paul, allons à la source de notre foi : Jésus ressuscité, vivant dans son Église, lui qui vient faire de nous en cette eucharistie de vivantes offrandes à la gloire du Père, lui qui vient nous habiter et nous transformer jusqu'à oser dire avec le grand saint Paul : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi ». Amen.


Dom Xavier Perrin, moine de Sainte-Anne de Kergonan . o.s.b. - prieur

fondation - textes du jour

Dimanche 29 Juin 2008

Prier… ceux que nous accompagnons et qui nous donnent en retour, à ma femme et à moi, un surcroît d’union et de communion en couple. Ceux dont nous craignons qu’ils ne recouvrent pas la santé. Ceux qui nous manquent et ceux que nous décevons, à qui nous n’avons pas donné justement le très peu qu’ils avaient attendu, il y en a sûrement. Belle solennité de Pierre et Paul, l’Eglise a compté beaucoup de géants. Pourquoi sommes-nous en Europe occidentale (est-ce autant aux Etats-Unis ? en Russie ? dans les pays arabes ?) aussi portés à comprendre la vie autour de grandes personnalités, vie spirituelle, vie politique, vie littéraire, et si peu selon des œuvres collectives, des sommets de civilisation, des consensus sur un certain type de société ou sur une conception de la beauté ? sur une morale ? [1] ; je te donnera

09 heures 44 + A l’instant, Jean M. que je comptais appeler dans la journée, le remercier de la brassée de livres que nous a rapportée Edith hier, m’appelle, interrompant « ma » « prière » (j’insiste sur les guillemets à chacun des deux mots, rien ne m’appartient en ce domaine comme en tout, et la prière est si pauvre quand elle est de moi, seule celle des psaumes, humaine, est parfaite et seule celle du Christ, est efficace et surtout informée sur Qui elle s’adresse – car que demander à la perfection et à l’absolu, puisque si Dieu est, nous sommes en Lui parfaits et absolus).

. . . je te donnerai les clefs du Royaume des cieux (ce livre de CRONIN, bouleversant nos adolescences avides de don de nous-mêmes, d’héroïsme et d’épique, la sainteté « était » tout cela, et l’interprétation du prêtre en Chine par Grégory PECK, je crois, bien aussi convaincant qu’en Vacances romaines… quand pour une belle histoire, nous avons besoin de Dieu et nous servons de ce qu’il nous permet… Les clefs du Royaume que je relirai dans la bibliothèque brochée d’époque de ma mère) curieuse et très instructive dialectique de l’évangile de ce jour. Jésus provoque ses disciples, il veut mesurer, peut-être, le point où ils en sont (a-t-on cherché à faire du cycle et des étapes de la formation de ses disciples par le Christ, un cheminement personnel et actualisé, aujourd’hui, vers la connaissance et l’amour fou de Dieu, connaissance totale et envoûtante, connaissance de désir et désir de connaissance, menant à l’adhésion, au don de nous-mêmes et à ce qui fait notre bonheur et notre fécondité la confiance de l’amour et de la foi ?). la réponse des apôtres est parfaite, ou plus exactement nous ne pouvons la trouver que parfaite, puisqu’elle nous a fondés, et elle est parfaite également aux yeux du Seigneur puisqu’elle confirme la fondation qu’Il veut faire, qu’Il opère. Elle est donnée, comme il sied par Pierre. Pour vous, qui suis-je ? la question suppose une mutuelle présence, intense, une interrogation impliquant que tout n’est pas évident, donné, et enfin c’est une nouvelle étape dans la vocation des apôtres, ce sont eux qui ont à répondre et manifestement Jésus, leur maître et ami, qu’ils aiment et révèrent, mais dont ils se sentent cependant encore si éloignés de Le comprendre et Le cerner, attend d’eux une réponse très différente de celles qu’ils lui ont donné, déjà, celles de la rumeur ou des établissements. Le résultat est une nouvelle Création. La Genèse donne pouvoir à l’homme sur tout le vivant (ce dont il use de plus en plus mal, et avec de plus en plus de mots censés le déculpabiliser), le Christ donne à Pierre le pouvoir de tout fonder, lier et dénouer. La vraie société humaine, celle de l’amour de Dieu, a là ses moyens et ses structures. Fruit exact, la vie de saint Paul qui n’avait de destin possible que par rapport au Christ, soit Le persécuter, soit Le propager. Co-fondateur historique de l’Eglise sans doute, il doit tout à celle-ci, sans l’Eglise, rien à persécuter, rien à annoncer. Quant à Pierre dont les épîtres m’attirent tant elles sont simples et directes, empreintes d’une sobriété qui en rend plus perceptible la bonté d’âme et d’inspiration, le surnaturel lui est devenu natuel, sa délivrance miraculeuse mais du vivant terrestre du Christ, tant d’événements et de dialogue l’ayant mis devant lui-même, pour le meilleur et pour le pire, autant qu’en « vedette » devant ses pairs, les disciples. – Joindre les mains en communion de supplication avec les malades, tous les malades du monde. – Fondation de l'Eglise ? sur quoi ? sur le dialogue initié par le Christ à ses disciples ? quand ? aujourd'hui où nous sommes appelés à devenir disciples et à vivre en disciples.


[1] - Actes XII 1 à 11 ; 2ème lettre de Paul à Timothée IV 6 à 18 ; évangile selon saint Matthieu XVI 13 à 19

samedi 28 juin 2008

désastre - textes du jour



Samedi 28 Juin 2008

Prier comme je puis… n’oublie pas sans fin la vie de tes pauvres. Regarde vers l’Alliance : la guerre est partout… Lève-toi , Dieu, défends ta cause ! Celle des hommes, du vivant, de toute la création est celle de Dieu. Qui répond au psalmiste : que pourrais-je te dire ? Ton désastre est infini comme la mer : qui donc pourrait te guérir ? Que ton cœur crie vers le Seigneur ! Et comment se trouve l’humanité, vierge, fille de Sion ? Mes yeux sont ravagés par les larmes, mes entrailles frémissent, mon cœur défaille, à cause du désastre de la ville de mon peuple. Je reviens à la Bible, pour situer ce livre que je ne crois pas avoir lu en entier, comme le reste de nos Ecritures, quelle puissance ! d’un anonyme, puisqu’il est acquis par l’exégèse et la critique de maintenant que ce ne peut être Jérémie plus confiant dans l’impact prophétique. Mais le désespoir est surtout une souffrance totale et immédiate, psychologique, qui tient à la vue désolante d’une ruine, la ville, mais aussi les familles, un peuple, les générations à venir. Le psaume est contemporain, Jérusalem mise à sac : dirige tes pas vers ces ruines sans fin, l’ennemi dans le sanctuaire a tout ravagé. Et tout cela a comme cause une rupture humaine de l’alliance divine. Ce peut sembler assez primitif et correspondre aux civilisations et cultures animistes, les lois de la nature, les dieux défiés, se vengent. Le tréfonds religieux des hommes les préparent à Dieu, quand même ou heureusement et chaque manière de se comporter devant les événements et devant le mystère de la vie et de la mort, mérite attention et respect, profonds. L’évangile donne la solution en plusieurs éléments, de pratique universelle : la démarche d’un païen qui est homme de foi, la présence réelle et située du Christ, un dialogue, et la guérison du serviteur aimé, puis spontanément de la part du Seigneur, celle de la belle-mère de Simon-Pierre. Réponse évangélique explicitement conclusive de la prière de l’Ancien Testament, de celle que nous proférons dans nos revers les plus absolus. Ainsi devait s’accomplir la parole prononcée par le prophète Isaïe : il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies. [1]


[1] - Lamentations II 2 à 19 passim ; psaume LXXIV ; évangile selon saint Matthieu VIII 5 à 17

vendredi 27 juin 2008

au sommet de ma joie - textes du jour

Vendredi 27 Juin 2008

Prier… [1] la fin lamentable et terrible de Sédécias, pourtant mis en place par l’envahisseur et débaptisé par lui: l’on prononça la sentence, les fils de Sédécias furent égorgés sous ses yeux, puis on lui creva les yeux, il fut enchaîné et emmené à Babylone. Je crois que dans un univers qui englobe tous les autres, et qui a ses dimensions qui commande toutes les autres, il n’y a plus que deux forces, la haine et l’amour, l’amour n’a besoin ni de motif ni de retour, il se nourrit de lui-même apparemment mais il n’a sa pleine justesse qu’épanoui par son objet – je le vis, à temps, dans ma vie, et n’ai plus à payer que le remords de n’avoir peut-être pas répondu à d’autres – tandis que la haine a son fondement et parfois sa légitimité, la haine de l’envahisseur, la haine pour l’usurpateur, le pouvoir abusif et malfaisant. En ce sens, Jésus nous atteint quand il nous enseigne à haïr le mal, le péché, le refus. Historicité du mal et de la haine, le livre des Rois date avec minutie les sièges de Jérusalem. C’est là que nos vainqueurs nous demandèrent des chansons. Comment chanterions-nous un chant au Seigneur, sur une terre étrangère ? Il y a une certaine chance dans l’histoire – bien occultée aujourd’hui par des thèmes importants mais partiels comme l’esclavage, la colonisation ou la shoah – l’histoire de notre France, que nous ayons eu à subir de mémoire d’hommes des guerres ravageuses en vies humaines, et une occupation par l’armée d’un peuple que nous avions moins su comprendre, pour le pire et pour le meilleur, que l’Allemagne et les Allemands ont toujours su nous aimer et surtout nous évaluer. L’occupation par l’étranger est toujours une profonde leçon pour l’asservi. Nos vainqueurs nous demandèrent des chansons… Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! … Si tu le veux, tu peux me purifier. Foi native d’une culture et d’une époque en une pureté originelle de l’homme, un état de santé est la norme. Dieu rétablit, plus qu’Il n’établit. L’établissement, une fois pour toutes, lors de la Création. Et le rachat, une fois pour toutes, par l’Incarnation, la Passion et la Résurrection. Notre salut très circonstancié et historiquement situé, tandis que notre création – celle de tout le vivant – est aussi perdue pour nous que notre propre conception : un fait permanent mais inatteignable en son origine, son essence. Dieu créateur : Si tu veux… Je le veux, sois… l’envers total et magnifique, bouleversant des destructions et des penchants des hommes. J’élève Jérusalem au sommet de ma joie. La suite de la Création est un dialogue. Dieu dialogue éternel avec Lui-même, par nature, et Création motivée par ce dialogue pousant à un autre dialogue, l'altérité de Dieu - s'il est possible de l'écrire ainsi - c'est l'homme, son répondant. Dieu a voulu une contingence qui Lui réponde et qu'Il puisse appeler à sa propre nature divine. Une liberté qui veuille Dieu... on ne sait pas dire de telles choses. Seul Dieu le sait et Il ne nous a pas tout dit, encore.

[1] - 2ème Rois XXV 1 à 12 ; psaume CXXXVII ; évangile selon saint Matthieu VIII 1 à 4

jeudi 26 juin 2008

oeuvre de Dieu - textes (et saint) du jour

Jeudi 26 Juin 2008


Saint Josemaria Escrivá de Balaguer(1902-1975)

Josémaria Escriva de Balaguer est né à Barbastro (province de Huesca, Espagne) le 9 janvier 1902. Ses parents s'appelaient José et Dolores. Il eut cinq frères et sœurs : Carmen (1899-1957), Santiago (1919-1994) et trois sœurs plus jeunes que lui, qui moururent étant encore enfants. Le couple Escriva donna à ses enfants une profonde éducation chrétienne.
En 1915, l'entreprise commerciale de son père ferma ses portes, et il dût s'installer à Logroño, où il trouva un autre travail. Dans cette ville, Josémaria perçut pour la première fois que Dieu l'appelait : après avoir vu des traces de pieds nus dans la neige laissées par un religieux, il comprit que Dieu attendait quelque chose de lui, sans savoir quoi exactement. Il pensa alors qu'il pourrait mieux le découvrir en devenant prêtre ; il commença à s'y préparer tout d'abord à Logroño et plus tard au séminaire de Saragosse. Il poursuivit aussi des études de droit civil, comme auditeur libre.
Son père mourut en 1924, et il devint alors comme le chef de la famille. Le 28 mars 1925, il fût ordonné prêtre et il commença à exercer son ministère dans une paroisse rurale dans les environs de Saragosse. En 1927, il s'installa, avec la permission de son évêque, à Madrid, pour pouvoir achever un doctorat en droit. Là, le 2 octobre 1928, durant des exercices spirituels, il vit ce que Dieu lui demandait, rappeler que tous les hommes sont appelés à la sainteté, même au milieu du monde, en sanctifiant les réalités du monde, et, après avoir constaté qu'aucune institution de l'Eglise ayant ce but n'existait alors, il fonda l'Opus Dei. Dès lors, il commença à travailler à cette fondation, en même temps qu'il exerçait son ministère sacerdotal, spécialement dans les milieux déshérités, auprès des pauvres et des malades. En outre, il prolongea ses études à l'Université de Madrid et dispensa des cours pour subvenir aux besoins de sa famille.
En 1946, il fixa sa résidence à Rome. Il obtint le doctorat en Théologie à l'Université du Latran. Il fût nommé consulteur de deux congrégations vaticanes, membre honoraire de l'Académie Pontificale de Théologie et prélat d'honneur de Sa Sainteté. Depuis Rome, il voyagea à de nombreuses occasions dans différents pays d'Europe — et en 1970 au Mexique —, pour établir et consolider l'Opus Dei dans ces régions du monde. Animé de la même ambition, il entreprit, en 1974 et en 1975, deux grands voyages en Amérique centrale et du Sud, où il tint des réunions catéchétiques avec de très nombreuses personnes.
Saint Josémaria mourut à Rome le 26 juin 1975. Des milliers de personnes, dont plus d'un tiers de l'épiscopat mondial, sollicitèrent du Saint-Siège l'ouverture de son procès en béatification et en canonisation.
Après sa mort, des milliers de lettres furent adressées à Rome pour demander au pape l'ouverture de sa cause en béatification et en canonisation. Parmi elles, celles de 69 cardinaux et près de 1300 évêques (plus d'un tiers de l'épiscopat mondial). Plusieurs miracles ont été attribués à l'intercession du saint, incluant quelques guérisons, médicalement inexpliqués. Le miracle retenu pour la béatification de Mgr Escriva fut celui de la guérison, en 1976, d'un carmélite de la Charité, la sœur Concepción Boullón Rubio, qui, malade, était au bord de la mort.
Après un examen exhaustif de la vie et de l'œuvre de Mgr Escriva - un procès qui aura duré 10 ans - le pape Jean-Paul II le béatifia le 17 mai 1992 sur la Place Saint-Pierre. La béatification de Mgr Escriva, aux côtés de la bienheureuse Joséphine Bakhita, eut lieu devant une des plus grandes foules réunies sur cette place au cours du XXème siècle, soit quelques 300 000 personnes dont 34 cardinaux et 200 évêques. Dans son homélie, Jean-Paul II dit aux fidèles : « Avec une intuition surnaturelle, le bienheureux Josémaria a prêché inlassablement l'appel universel à la sainteté et à l'apostolat. Dans une société où le désir effréné de posséder transforme les biens matériels en idoles qui éloignent les hommes de Dieu, le nouveau bienheureux nous rappelle que ces réalités concrètes, créés par Dieu et par le génie de l'homme, si l'on s'en sert correctement pour la gloire du Créateur et au service de nos frères, peuvent être un chemin qui conduit les hommes à rencontrer le Christ. »
Saint Josémaria Escriva, fondateur de l'Opus Dei, a ouvert de nouveaux chemins de sainteté dans l'Église Catholique, rappelant que tous les hommes et femmes peuvent trouver la sainteté en accomplissant leur travail et toutes leurs tâches quotidiennes avec un esprit chrétien.
Jean-Paul II a canonisé Josémaria Escriva de Balaguer le 6 octobre 2002 sur la place Saint-Pierre.
Bureau d'information de l'Opus Dei sur Internet


Prier… un des saints les plus controversés de l’époque contemporaine, Jose Maria Escriva de BALAGUER, l’Opus Dei, le général FRANCO, et donc l’une des décisions donnant l’un des aspects les plus ambivalents de la personnalité de Jean Paul II le charismatique, à tous les sens du terme, et d’une Eglise présentant ces défauts-mêmes que l’on reprocherait aux intégrismes, surtout musulmans alors qu’on les trouve dans le christianisme d’aujourd’hui et de ces dernières décennies. Est-ce une querelle non approfondie partant d’images fausses, une évangélisation par noyautage social et politique ? mais il y eut en France tous les groupements socio-professionnels de l’Action catholique. Une franc-maçonnerie « chrétienne », les moyens des « enfants de lumière », et la Compagnie de Jésus, avec son ambition si habile et longtemps fructueuse, de contribuer à la formation d’élites, en consacrant effectifs, énergie et prestige à l’éducation de la jeunesse. Je me tiens hors de cette querelle et repose ces images et ces schémas, et ne prie que pour l’ensemble de nos sociétés qui cherchent leur gouvernance et leur évangile… [1]

Ne rien trier, ne rien rejeter, suivre ma propre vocation, aimer chacun selon l’amour que Dieu a pour chacun, nous respectant chacun, alors que suis-je pour décider mes propres évaluations ? Dieu, les païens ont envahi ton domaine… nous sommes la risée des voisins … délivre-nous, efface nos fautes, pour la cause de nom ! Le « temporel » fait peur, alors que nous ne sommes pas désincarnés. Combien de fois la Compagnie de Jésus menacé d’interdiction, du vivant d’Ignace, puis ensuite. Alors l’Opus Dei, dont le nom peut sonner comme mon cher A.M.D.G. ? et des gens admirables là et ici…me Nous sommes un tout, comme le montre cette histoire d’Israël. La ruine de Jérusdalem, la déporation : on ne laissa sur place que la population la plus pauvre. Sièges bayloniens, sièges romains et geste d’Israël en notre temps… Il ne suffit pas de me dire ‘Seigneur, Seigneur !’ pour entrer dans le Royaume des cieux, mais il faut faire la vbolonté de mon Père qui est dans les cieux.. … Je ne vous ai jamais connus. Suivent les paraboles des maisons construites sur le sable et sur le roc, qui ont peut-être inspiré l’histoire et le film des Trois petits cochons dont notre fille a plusieurs interprétations en DVD. Des raisonnnements tout humains sont donc avalisés. Jean Paul II, que j’ai aimé, et aime, mais j’ai tant aimé aussi le pape de mes vingt ans, Paul VI. Les foules étaient frappées part son enseignement, car il parlait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes.

Prier pour ceux qui reçoivent autorité, rendre grâce pour ceux qui, dans ma vie, ont eu autorité – bienfaisante – et m’ont formé. Parmi eux, mes parents chéris, la bibliothèque de ma mère attestant ce dont elle-même se nourrissait ou ce à quoi elle réfélchissait, pour elle-même, et qu’elle m’infusa directement. Les existences humaines, apparemment les plus déclives ou « ratées », comme le parut tant de fois le destin d’Israël, de l’Eglise, de mon pays, de tous les pays en ce qu’ils sont œuvre collective des hommes sur eux-mêmes, témoignent de cette sollicitude et de cette providence divine. J’en suis sûr, malgré ma cécité. La prière est lucidité.


[1] - 2ème Rois XXIV 8 à 17 ; psaume LXXIX ; évangile selon saint Matthieu VII 21 à 29

mercredi 25 juin 2008

inimaginable conversion - textes du jour

Mercredi 25 Juin 2008

Prier… [1] scène détaillée et visuelle, la redécouverte d’un des livres de la Loi, lecture sans doute du grand-prêtre pour lui-même, puis du secrétaire du roi, puis pour le roi et enfin publique pour tout le peuple, chacun est nommé et situé, l’historicité de l’événement, de la re-découverte d’un des livres saints, et d’une réforme religieuse profonde, d’une reprise en main générale, n’est pas douteuse. La conversion populaire, à l’initiative du roi, donc des pouvoirs publics de l’époque, est conclue par la notation simple : et tout le peuple entra dans l’Alliance. Notre foi, notre rigueur et nos observances sont une réciprocité vis-à-vis de Dieu. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Jésus, sauf dans les synagogues, enseigne en plein air, et de préférence sur la montagne ou au bord du lac. Le texte du jour donne à distinguer les faux prophètes des légitimes. Là encore, l’environnement social, politique, l’époque en général d’une conversion. Notre culture en Europe occidentale est réticente, aujourd’hui, pour envisager un cheminement de la foi qui engloberait la société entière. Je ne sais non plus que penser, sinon prier. Nos sociétés, malgré des signes de révérence ou de tolérance, sont matérialistes et surtout injustes, fondamentalement illégitimes. Leur conversion, rien qu’à la loi naturelle ou au respect de la création dans son ensemble, est aujourd’hui inimaginable. Chacun s’en accommode, ceux qui en profitent et ceux qui en pâtissent. Et encore, nous ne sommes, au regard d’autres régions du monde, pas logés à la pire enseigne. Hélas !


[1] - 2ème Rois XXII 8 à 13 & XXIII 1 à 3 passim ; psaume CXIX ; évangile selon saint Matthieu VII 15 à 20

mardi 24 juin 2008

Medjugorje - mercredi 24 . jeudi 25 juin 1981

Mercredi 24 juin 1981

La première apparition a lieu l’après-midi, les voyants sont près d’un chêne sur la route de Bijakovici et Cilici (paroisse de Medjugorje). C’est une silhouette lointaine qui apparaît, blanche et silencieuse, sur le sommet du Podbrdo qui sera appelé ultérieurement la colline des apparitions ou la montagne des apparitions.
La seconde apparition a lieu vers 18 heures. La silhouette leur fait signe de venir, mais les voyants ont peur et ne montent pas vers l’apparition.

Jeudi 25 juin 1981

C’est le premier jour où les six voyants (Mirjana, Ivanka, Vicka, Marija, Ivan et Jakov) voient Notre-Dame ou « la Gospa » sur le sommet. Les cinq adolescents (14-15 ans) et le petit Jakov (10 ans) décident de courir vers l’apparition. Selon les témoins, ils volent littéralement sur le sol et en un instant se retrouvent face à l’apparition au sommet, au lieu marqué maintenant par de nombreuses croix.
La Sainte Vierge les salue en disant :
Loué soit Jésus !
Ivanka demanda des nouvelles de sa maman décédée deux mois plus tôt :
Elle est heureuse. Elle est avec moi !
Autre version : Elle est ton ange dans le Ciel.
Les voyants demandent à Notre-Dame si elle reviendra le lendemain, Notre-Dame répondit affirmativement par un signe de la tête.
Mirjana demande si Notre-Dame leur donnera un signe pour que les gens les croient. Mirjana a cru recevoir un signe car elle a remarqué que sa montre avait changé d’heure durant l’apparition.
[1]


[1] - Cyrille Auboyneau, Paroles du ciel . Messages de Marie à Medjugorje (éd. Béatitudes : Burtin 41600 Nouan-le-Fuzelier . Février 1996 . 260 pages) p. 49

selon quoi Dieu nous choisit - textes du jour



Mardi 23 Juin 2008

Prier … [1] la saint-Jean-Baptiste, mais aussi – pour beaucoup, maintenant, dont notre frère spirituel – le 27ème anniversaire des apparitions de la Vierge à Mezzugorgié : le premier jour, une forme sur la colline qui effraye les enfants, mais ils y reviennent le lendemain, la forme se précise et il y a un message. Du moins, c’est ce qu’il m’est dit. Texte d’Isaïe, connu et que chacun, surtout s’il est à la côte, s’approprie. Oui, j’ai du prix aux yeux du Seigneur … C’est trop peu que tu sois mon serviteur… d’une prostration à la lumière le miracle d’une résurrection et d’un accomplissement ? soit, mais je lis aujourd’hui, l’incise : c’est mon Dieu qui est ma force. Ainsi, notre « prix » aux yeux du Seigneur (il faudrait avoir le mot hébreu et sa traduction plus proche, ce n’est pas un chiffre sur étiquette certainement, mais une valeur absolue) tient à notre foi. La foi qui a manqué à Adam et ve, cherchant midi à quatorze heures au Paradis. La foi qui est réponse à Dieu, acquiescement à son amour, à son dessein, à ses vues sur nous et sur ceux que nous aimons et qui nous aiment, ses vues sur le monde et notre époque. Alors, oui, des prédestinations évoquées magnifiquement par Isaïe, le proto-Jean-Baptiste ou le Précurseur, nouvel Isäie, cet évangéliste de l’Ancien Testament, car nous sommes toujours quelqu’un qui a déjà été et qui reste en devenir, libre d’acquiescer et d’aimer. Chaque jour, cette proposition m’est faite que je sois dans une sensation de bonheur et d’accomplissement, faisant synthèse et bois de tout, ou dans des sentiments d’affliction et de découragement, les mains ne rencontrant plus rien ni personne que du vide, du gris, du silence, du refus, du dédain. Et moi, je me disais : je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant, c’est en pure perte que j’ai usé mes forces. Réponse : non pas, tu es, mais : tu seras. Et tu seras parce que je t’aime, te veux et te prends. Je vais faire de toi la lumière des nations. Et nous sommes chacun lumière ou « trou noir » pour les autres. Parfois, souvent, les deux tour à tour, occasion de déception et occasion d’une joie, d’une reconnaissance dans laquelle l’autre s’est trouvé, puisque nous l’avons apprécié et avons sur le lui dire ou faire comprendre. Celui auquel vous pensez, ce n’est pas moi. Adam et Eve, au contraire, se demandent pourquoi ils ne sont pas les égaux de Dieu, leur Créateur… C’est un homme selon mon cœur, il accomplira toutes mes volontés. Les commandements de Dieu (et de l’Eglise) ne sont pas seulement la canne donnée aux aveugles que nous sommes, les petits ? moyens de rester au contact du Seigneur, ils sont tous simplement le critère du choix que Dieu fait de nous. Que sera donc cet enfant ? Seuls, ses contemporains proches, le amis et parents d’Elisabeth et de Zacharie, l’ignorent. Et Zacharie, enfin dans le jeu et docile, donc inspiré, transcrit le nom, donc le destin entier que Dieu – l’ange lui ont révélé.


[1] - Isaïe XLIX 1 à 6 ; psaume CXXXIX ; Actes des Apôtres XIII 22 à 26 ; évangile selon saint Luc I 57 à 80 passim

dimanche 22 juin 2008

divisés - textes du jour

Lundi 23 Juin 2008


Prier… action de grâces, demande de la vie. Vivre sérieusement et pourtant avec détachement. [1] Faisè-je assez attention à autrui et à ce qui peut lui faire plaisir ? m’effacer vraiment et ne pas me laisser entraîner par moi-même. Enlève d’abord la poutre de ton œil, alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l’œil de ton frère. La mesure dont vous servez pour les autres servira aussi pour vous. Oui, hier, je ne me suis pas aimé. Ils n’ont pas obéi et ils se sont entêtés… ils ont méprisé… détournez-vous de votre conduite mauvaise. Vérité psychologique, le dédoublement qu’opère en nous le mal. Nous ne nous aimons plus, nous ne pouvons plus nous aimer, nous ne pouvons plus coincider avec nous-mêmes. Le mal divise les hommes et femmes entre eux, mais en nous-mêmes fait toutes les failles de la dégénérescence. Tu nous as rejetés, brisés, tu étais en colère, reviens-nous ! Dieu, dans sa grâce, nous mettant en garde contre nos pentes. Tu nous fais boire un vin de vertige. Dieu, notre éducateur. Ils avaient alors adoré d’autres dieux. Ce mouvement de la liturgie à l’offertoire : humbles et pauvres, qu’ainsi soit ma journée : dédiée à autrui et recueillie.

[1] - 2ème Rois XVII 5 à 18 passim ; psaume LX ; évangile selon saint Matthieu VII 1 à 5

craignez plutôt... - textes du jour

Dimanche 22 Juin 2008


Prier… et demander la suite, la force et la lumière [1]. Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu. Et moi, je te prie, Seigneur, c’est l’heure de ta grâce. Dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi, par ta vérité sauve-moi. Je suis si bas que c’en est une grâce : pouvoir se mettre à genoux et n’être qu’imploration à bout de ressources, de projets, d’espérance et de force, enfin arrivé au temps présent, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus-Christ. Je m’en tiens là tandis que – majestueuse – la grande leçon continue, la leçon sur le péché, Adam et le Christ, nouvel Adam, la leçon sur notre solidarité avec le Christ et sur les véritables morts qui sont celles de nos âmes. Une foi de cierge, une foi de cathédrale, une foi de publicain au seuil de l’église, de la vie et des sacrements. Sans assurance et tout en demande pour moi et les miens, pour le monde entier et tous ceux à aimer qu’ils souffrent ou qu’ils se croient riches. Mon Dieu, je me prononce pour toi et n’ai que toi. Ne craignez pas … craignez plutôt… les hommes ? non, mais ce que tous nous avons fait en vivant et en nous organisant sans conséquence au point que nous sommes dans une tyrannie sociale, économique, politique, spirituelle, inextricable et qui nous étrangle d’âme et de corps de plus en plus. Nous souffrons collectivement de nous-mêmes. Nous sommes chacun la conséquence de tous, de tout. Le péché est entré dans le monde, et par le péché est venue la mort, et ainsi, la mort atteinte tous les hommes, du fait que tous ont péché.

[1] - Jérémie XX 10 à 13 ; psaume LXIX ; Paul aux Romains V 12 à 15 ; évangile selon saint Matthieu X 26 à 33

samedi 21 juin 2008

la mort

Lettre à ma mère à la suite de l’inhumation de mon père

Jeudi soir 28 février 1980
Ma petite Maman .
route très longue jusqu’à Francfort parce qu’
entièrement de nuit . n’ayant quitté St Benoît
que vers 19 h . Drame des cimetières quand
l’imagination parle trop encore : un visage .
un corps . connus . de vie à un mètre sous
la terre tassée ! Depuis six mois . la vie
prend sa dimension pour moi . sans doute définitive
un simple et si court . presque insignifiant passage .
On en vient presque à douter que l’identité
personnelle ait quelque importance réelle .
Nom du notaire : M° . St Benoît sur Loire
Nom du père abbé : Dom B.
A mon retour . Munich . je vous en voie une
brochure de lui . et les feuilles déposées
à l’entrée de l’église . Vous me direz si
vous avez reuçu le sermon .
Bien sûr . mon réveil radio m’attendait .
Tendrement et gravement .
votre Bd
P.S. Il paraît qu’une loi de 1976 a prévu pour les nouvelles veuves une allocation
mensuelle fixe . quelles que soient les autres ressources . de 2000 F pendant un an .
Vous pouvez demander à la mairie .


Samedi 21 Juin 2008

Sieste . – Inexplicablement sans cause mais avec l’effet – considérable de me mettre dans le vertige et le cafard sans le moindre repère – me vient une pensée, un état d’âme envahissant que je ne saurais dire-décrire. Le néant de la vie, la plénitude de la mort. Et j’en suis ressorti, je m’étais perdu ou j’avais été perdu.

Pourtant aux côtés de ma femme aimée . notre petite fille siestant elle aussi paisiblement après un déjeuner drôlatique et qu’elle m’ait offert une clématite, exprès de la couleur de sa robe préférée . et ave la perspective d’un travail que j’aime continuer . et d’une soirée chez des amis dont je me réjouis .

La mort par le dedans. Inattendue, totale, terrifiante, tout autre que toute idée, tout souvenir, tour pressentiment. Visite…

Ma femme me demande, nous éveillant ensemble : qu’est-ce que tu as ? – un coup de cafard, sans cause, inexplicable. Mais çà va.

Elle m’avait rappelé cette phrase de notre ami Jean Mauriac, notée dans son
François Mauriac à Malagar : " à la mort de Claire (l’une de ses deux sœurs), j’ai commencé de mourir ".

Revenu à mon écritoire-messagerie : nouvelle-courriel de l’avant-dernière de mes sœurs qui ne m’avait plus fait signe son départ assez loin, il y a plus de trois mois.


dans notre histoire - textes du jour

Samedi 21 Juin 2008

Prier [1] … les doubles appartenances détestables en toutes circonstances, état de vie et pour n’importe quel objet, les apparentements électoraux sous la IVème République, l’argent qui est forcément une double appartenance même pour les plus simples ou les plus « religieux », les vies doubles sentimentalement et/ou sexuellement, nos occupations et nos urgences nous détachant du soin de qui nous aimons, je le vois bien pour le temps que je donne ou que je refuse à notre fille… à ma chère femme, les horaires minima pour être disponibles l’un et l’autre dans les lieux de convivialité et de mutuelle affection, la table, notre sommeil… la recette de Jésus, la voie de la disponibilité ne sont pas une réorganisation volontariste de notre existence ou des dépouillements parfois déraisonnables ou impoossibles, c’est une autre manière d’être et de voir : ne vous faites pas tant de souci pour votre vie, au sujet de la nourriture, ni pour votre corps, au sujet des vêtements. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? Le dialogue avec Marthe et avec Marie… Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché. Jésus conclut par ce qui est devenu l’adage du sens commun : à chaque jour suffit sa peine, lui qui passa sa vie terrestre dans le dénuement et aussi dans la projection de chaque instant vers un avenir qui était le sens de sa venue parmi nous et avait rendu « nécessaire » son incarnation… Ainsi, le mouvement d’abandon autant que l’ardeur au travail de manière à apporter à ceux dont nous avons la charge, selon les hommes et selon Dieu plus encore, st-il autant naturel que spirituel. Mais nous ne tenons pas les deux bouts, et nous laissons absorber par ce qui est second. Je le sais et le vis, à chaque instant de ma vie. Nous avons toutes les lumières nécessaires pour nous bien « conduire », et marchons en aveugles, décidément. Joas et le peuple d’Israël avaient eu leur chance avec le coup d’Etat renversant Athalie, et ils ne l’ont pas jouée, dans des circonstances que ne dit pas le texte : châtiment tout naturel, une guerre perdue et un nouveau coup d’Etat. Commentaire du psaume qui éclaire toute la liturgie d’aujourd’hui : Si ses fils abandonnent ma loi, et ne suivent pas mes volontés, s’ils osent violer mes préceptes, je punirai leur faute en les frappant. S’ils ne gardent pas mes commandements, je châtierai leur révolte, mais sans lui retirer mon amour, ni démentir ma fidélité. Présence de Dieu dans l’Histoire et dans nos histoires.


[1] - 2ème Rois XXIV 17 à 25 ; psaume LXXXVIII ; évangile selon saint Matthieu VI 24 à 34

vendredi 20 juin 2008

ténèbres - textes du jour

Vendredi 20 Juin 2008

Fautes pardonnées ? impardonnables pourtant. Dieu pardonne certes, mais nous-mêmes, mais moi-même à moi-même ? Pardonnez-nous comme nous pardonnons… mais pardonnons-nous, précisément ? Ma faute est devant moi sans relâche, mon péché, moi je le connais. L’heure d’un oiseau solitaire, il est à lui-même son écho… – Prier… nos prières ataviques récitées au lit tandis que notre petite fille se réendormait entre nous. Car le Seigneur a fait choix de Sion, elle est le séjour qu’il désire. Et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, plenum gratiae et veritatis. Athalie, de Racine, que je n’ai pas lu, une histoire tragique, le massacre des innocents, la figure de Moïse, la figure de Jésus nouveau-né, les enfants-providence dans la Bible, la place des enfants comme parabole par excellence dans l’enseignement du Christ, la virginité comme disponibilité, virginité d’une âme d’enfant, virginité d’un corps humain propre à se donner et à se consacrer. Le salut d’un pays, parfois par la violence, le renversement d’une tyrannie mais selon des règles et en vue du rétablissement de la légitimité. C’est un homme issu de toi que je placerai sur ton trône. Dieu intervient dans l’Histoire, l’emmêlement de la trame dynastique de David au temporel et au spirituel, la dialectique des saluts nationaux, la décolonisation quand elle réussit, les belles figures historiques, je n’en manque pas dans mon souvenir, de très belles qui continuent de m’habiter. La joie des libérations. Le Christ dont les réflexions sur le sel ou la lampe et leurs fonctions rédemptrices sont familières, en propose une troisième : si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres y aura-t-il ! Deux démarches en une seule, le réalisme et l’échelle des valeurs : faites vous des trésors dans le ciel là où les mites et la rouille ne dévorent pas, et une attitude qui n’est ni le témoignage encombrant les autres, ni une mise en valeur d’un parcours qui ne peut être que particulier, comme toute vocation, comme tout accomplissement de la personnalité de chacun, qui est de participer au salut du monde et d’être lumineux à soi-même et aux autres. [1]

[1] - 2ème Rois II 1 à 20 passim ; psaume CXXXII ; évangile selon saint Matthieu VI 19 à 23

jeudi 19 juin 2008

nous aussi - textes du jour

Jeudi 19 Juin 2008

Précarité de tout, des sentiments en tout cas aussi passagers que des nuages, aucune attache durable ne peut se faire ainsi, la racine de notre identité et de notre communion avec autrui, avec ceux qui nous sont confiés, est autre, l’amour est autre, mais je ne saurais dire ce qu’ils sont. Ma ferveur n’est qu’un signe de leur place en moi et de ma place en eux. Notre petite fille chérie, notre trésor, sa vie à elle, comment vit-elle, que ressent-elle chaque jour et chaque semaine ? ainsi aujourd’hui, « grande sortie » avec valisette pique-nique préparée depuis hier soir, ses pleurs quotidien pour ne pas aller à l’école, mais une fois sur place ou même dès les premiers tours de roue de la voiture, elle a oublié, ou elle s’est fait une raison. Subir et entrer dans le bonheur sans l’avoir voulu a priori, mais de confiance tout de même, quoique cette confiance n’ait pas d’alternative ? Notre commune sollicitude, les enfants dans la vie quotdienne et les perspectives de vie des époux… bien plus qu’un souci ou qu’un bien commun. Mystère de cette responsabilité partagée, de cette personnalité qui émerge, les traits moraux et physiques, un peu des nôtres, de chacun, et pourtant mélange et circonstances faisant le tout autre, la proximité de l’autre par le sang pas plus forte que celle par le consentement, et les deux font la suite des six jours de la première Création…
Prier…[1] la prière du cœur, qualitative, que me dit hier soir mon frère spirituel, la liturgie de ce matin y vient. Quant aux mots, rien à inventer, Jésus nous les a donnés. Pas de prière de demande, a priori : votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l’ayez demandé. Pourtant le Notre Père est tout entier de demandes, demandes à Dieu selon Dieu. Et Jésus n’explicite que la dernière de celles qu’il nous recommande d’adresser à ce Père céleste lequel est tout son enseignement. Le pardon… qui n’est ni tolérance ni oubli, qui est relation, générosité, ouverture et humilité puisque pécheurs, nous le sommes tous. Le personnage d’Elie, celui d’Elisée rempli de son esprit comme il l’avait demandé ultimement au prophète. Un esprit de courage et de capacités extraordinaires. Car nous aussi nous possèderons la vraie vie.


[1] - Ben Sirac le Sage XLVIII 1 à 14 ; psaume XCVII ; évangile selon saint Matthieu VI 7 à 15

sacrements - le mariage


Mariage


Comme devant un décor, nous avons défilé tous deux le long de la façade magnifique de l’abbaye qu’avait construite Anne d’Autriche, c’est en plein cœur de Paris non loin de l’ancienne abbaye de Port-Royal. Deux des plus grands hôpitaux de France ont été construits autour du cœur de chacune. L’église du Val-de-Grâce est d’une unique homogénéité de style, pas de vitraux, une exhubérance germanique que le classicisme français alors naissant a tempéré. J’épouse ma femme et ma femme y consent. Quatre ans juste après, nous gardons les mêmes mots pour nous décrire et rappeler cette journée. La perfection selon moi. Exactement ce que je voulais, me redit-elle. Nous nous disons aussi que chacun nous appréhendions depuis des décennies un mariage-cérémonie de foule et de comparution. Comment sommes-nous venus à une décision ? Malgré un journal quotidien de plus de quarante ans, mais que je ne relis que dans des vues précises – ainsi mon journal manuscrit des événements de Mai 68 et du départ du général de Gaulle, referendum perdu –je ne me souviens pas de cette genèse. Mais ce que nous savons, c’est que notre vie entière nous y a amenés, et que dans le port, à peine abrité des tempêtes, mais où nous avons l’anneau auquel accrocher notre navire, nous sommes arrivés définitivement. Avant ce jour, il y avait eu le fait – extraordinaire et sans que nous ayons non plus la mémoire de ce qui nous décida à demander qu’il se produise – le fait téléphoné par ma future femme : oui… l’enfant était là, en toute certitude. Aucun lien « de cause à effet », mais l’évidence de la bénédiction. J’étais dans l’entrebaillement d’un centre de documentation, derrière moi, les sas, puis les tables, les rayons, les livres et dossiers, les ordinateurs, type des endroits fréquentés, cadre de vie que j’ai toujours eu de mon adolescence à cet âge qui m’approche du « troisième » … et devant moi, la chaussée, les trottoirs, le flux des voitures, leur rumeur, la rambarde de pierre, la Seine que je ne vois pas, le pavillon d’angle des Tuileries, Paris somptueux et familier. Un cœur nouveau bat. Nous l’entendrons à l’échographie, nous l’avons décrit à notre fille : ploup-ploup-ploup, si régulièrement.

Il y a le coup de foudre, je l’ai reçu-ressenti deux fois. Vainement : le chemin parfait de la stérilité et de la déception, d’une supplication mal fondée, l’autre acquiesce grâcieusement d’abord puis se lasse vite d’être l’objet d’un souvenir d’émotion. Des éducations qui, parce qu’elles prévoient et enseignent tout, laissent une place immense et parfois ravageuse aux fantasmes, m’avaient fait attendre une femme de toute mon éternité de jeune homme, préparée pour moi, adéquate. Des années à la chercher, à la reconnaître aux premiers tâtons d’une rencontre, puis à macérer pendant des semaines ou des années, le refus, l’échec et l’indû, la
maladresse d’un projet conjecturé, parfois publié – bans et date de mariage – et chaviré, perdu. Du romantisme au lit, de l’unique au multiple, des décennies ainsi… et une galerie de portraits, des vignettes et chapitres d’ne histoire, des sentiments et des mots qui ne s’usent jamais mais ne se renouvellent pas non plus, des dégâts en moi – le péché éludé ? le mensonge en construction ! une dépense intense d’énergie, de temps et de capacités m’ayant empêché d’investir à tous points de vue, et l’attente jamais exaucée. Une erreur quasi-finale. Voilà mon histoire. Celle de ma femme lui appartient et je ne la sais, parfois de jour en jour que par bribes minuscules. La vie de couple est une découverte continuelle, une curiosité de l’autre qui s’aiguise et je sais maintenant que découverte et curiosité ne sont possibles que dans l’enveloppe chaleureuse – retour au ventre matriciel mais à deux, ensemble, mains et corps joints – qu’est le mariage.

Le coup que je reçois au Val-de-Grâce (dont je suis enveloppé) quand l’Eglise et son prêtre – fin, discret et souriant, l’aumônier aux armées, administrant les malades, et malades nous le sommes tous deux qui voulons la convalescence du mariage, la convalescence de nos vies respectives, la convalescence de notre relation d’amour souvent désespérée et parfois si précaire et dont pourtant nous avons expérimenté une courte dizaine d’années l’indestructibilité dont nous sommes les premiers étonnés – et voici l’Eglise et son prêtre ouvrant notre dialogue, le supervisant sans se substituer à nous. Alors, oui, un coup, mais d’une douceur inouïe, indicible et que je n’avais jamais éprouvé jusques-là. Dire mon consentement, soit ! depuis des décennies, je ne m’en croyais plus jamais capable, et je le suis, à cet instant. Un instant qui n’a pas eu son compte-à-rebours ni ses appréhensions. Mais, le coup ne m’enveloppe, ne m’enlève – le char de feu prenant Elie – qu’en entendant ma femme, mon épouse à ce moment-ci, si précis qu’il y aura toujours désormais un « avant ce moment » et un « à la suite de ce moment ». Elle me dit, elle dit : oui, qu’elle consent à notre mariage, qu’elle consent à moi, qu’elle consent à elle-même en tant qu’épouse, et désormais je suis plus mari que moi-même, plus à elle qu’à moi.

La liturgie et le Code civil sont calqués, au moins en France, les consentements échangés sont l’essentiel du rituel. Pourtant le sacrement tel que je l’ai vêcu et continue de le vivre, chaque jour, est d’une créativité radicale. Il m’a – réellement – semblé que je recevais une force, une solidité dont je n’avais pas le moindre soupçon l’instant d’avant notre échange devant l’Eglise, incarnée par ce prêtre amical et par une fratrie toute simple et un médecin général si fraternel et décisif, l’Eglise, ce vendredi 18 juin 2004 autour de dix-sept heures au Val-de-Grâce à Paris, platanes de trois cent cinquante ans, construction royale, rumeur d’un silence immédiat et concentré. Plus encore que la force et l’évidence, une nouvelle structure de moi-même, une unification qui ne se sont pas défaites et qui m’ont changé, parce qu’enfin j’ai été constitué et le sacrement me donne ceci d’étonnant quoique accessoire, je puis dater à la seconde près de cette naissance, en pleine conscience, à une vie enfin adulte, féconde, partagée, solide. Et cette grâce continue, chaque jour notre mariage me fait voir ce que je n’avais pas encore vu la veille ou il y a quatre ans. Je suis transformé, porté. Je vis.

Quant aux brûmes de cinq décennies, elles sont les versets d’une action de grâce où chacune que j’ai aimée de projet ou de chair – mais qu’à torts partagés ou pas j’ai quitté de vie ou qui m’a quitté d’amour et de préférence – demeure en moi à sa manière. Toutes sont ma prière pour leur propre bonheur et leur accomplissement. Une est mon remords et ensemble, comme Adam et Eve, nous avons péché conre la vie. Elles m’ont amené aux années que je vis à présent. Le premier soir où nous étions presque lèvre à lèvre, ma future épouse me parut dans la pénombre m’offrir, en kaléidoscope inimaginable mais qui tournait bien là sans se répéter, la succession de tous les visages qui avant le sien m’avait captivé. Elle était toutes. Nous ne nous sommes embrassés mais salués. Devant l’autel baroque, splendide, royal, nous fûmes debout, j’étais à sa droite, elle était à ma gauche, nous nous sommes mariés, nous avons été bénis, et il ne se passe pas de jours que notre petite fille, dans mes bras n’appelle aussitôt ceux de sa maman ou ne donne aussitôt à celle-ci la caresse que je viens de donner à ma femme. L’instinct trinitaire – de l’enfant – appelle et renforce constamment le couple. A celui de nous qui est présent, elle demande ausitôt où est l’autre. Il y a donc la chair et la vie, l’aide semblable dont chacun a besoin, la différenciation sexuelle qui est peu anatomique, qui est beaucoup pour la « reproduction », qui est surtout dans les âmes en ce que le sexe, la différenciation, l’autonomie de destin et la communion possible par altérité mutuelle sont d’abord à la racine de nous-mêmes, là où se prépare l’éternité.

Ce sacrement est grand, dit l’apôtre, qui y voit toutes les symboliques possible du spirituel et du vivant. Le recevoir, c’est être porté. Quant à l’amour humain, il fait les bibliothèques, les rêves, les crimes et les procès, la poésie, mais chacun sait – et nous deux aussi – que le désir ne se commande pas, qu’il est un don et une grâce et que s’entr’aimer nous dépasse et nous vient d’ailleurs. Il faut beaucoup de transcendance pour résister à chaque instant à ce que le travail de la mort rend corrosif en nous. Naguère, la novation par de nouvelles rencontres m’avait paru le remède, c’était aussi me distraire d’une attente dont je pensais qu’elle n’aboutirait jamais. Je n’eus ainsi ni l’expérience de la mort, ni de la naissance qui nous met à l’âge adulte, ni de la paternité, ni de la maternité d’une femme choisie et consentante, je n’eus que celle des limites humaines et des adieux manqués. Aujourd’hui, consacré en couple, je vis et j’avance, fécond et responsable, je m’appuie sur ma femme et je compte pour elle. L’échelle des valeurs, qui – selon tous, et selon moi – me faisait défaut depuis une adolescence pourtant pieuse et généreuse, mais « à côté de la plaque », inconséquente et dispersée d’ambitions pas assez grandes ni continues, est enfin dressée.

La grâce chaque jour – que la bénédiction nuptiale nous a promise – est là à chaque coup d’une difficulté redondante ou à chaque regard d’accueil et de nouveau consentement. La grâce, là. Et Dieu sourdant à travers nous +


18 juin 2004 - 2008

mercredi 18 juin 2008

enlevé - textes du jour

Mercredi 18 Juin 2008


Prier… [1] si vous voulez vivre comme des justes… autrement, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. A première lecture, c’est le résumé de ce que je n’ « aime » pas dans une religion quelle qu’elle soit, caricature de dévôts assoiffés d’une rétribution, qui évidemment n’est pas obtenue dans ce monde-ci dont nous subissons les règles, mais en compensation de nos macérations, nous tombe du ciel… quand nous y sommes enfin, tirés de la vallée de larmes. L’agnosticisme ou le défaut de foi ou de pratique quelconque, me paraît moins incompréhensible – de loin – que ces vies qui ont été bâties ou le sont encore sur une évaluation narcissique, suis-je juste, vais-je vers la perfection ? Et devant l’âne, la carotte pour qu’il avance, la récompense dans l’autre monde, l’inversion des rôles selon le Magnificat et les Béatitudes… et le dessous du panier tiendrait ici jusqu’au renversement final, le riche enfin assoiffé en enfer. De même que Dieu nous établit dans des commandements que nous pouvons lire, entendre, visualiser, de même il y a donc ce discours simpliste. Je n’en fais pas un obstacle, si j’ai à mesurer quoi que ce soit dans ma vie, ce n’est pas mes progrès et mes reculs, mais l’avance radicale dans le bonheur, c’est-à-dire selon les grâces et les dons que je reçois, et essaie de partager, qui sont tous les confirmation d’un Dieu aimant, notre Père. Dans ce mouvement intime, résonne alors l’incise de cet enseignement du Christ : évitez d’agir devant les hommes pour vous faire remarquer. Tu les caches au plus secret de ta face, loin des intrigues des hommes. Le seul regard qui compte est celui de Dieu : ton Père voit ce que tu fais en secret. Mais nous, nous ne le voyons habituellement pas. Elisée courant après son maître : Mon père ! mon père ! char d’Israël et coursiers ! ou l’imitant pour traverser le Jourdain, il ne lui reste que le manteau, comme il nous resta la croix, nos manières de nous attacher sont pauvres mais Dieu en est touché : il frappa encore une fois, les eau s’écartèrent, et il traversa.. Elisée continue la mission, et Elie, mystérieusement « enlevé aux cieux », a marché à son destin en toute connaissance. Le Christ et ses apôres, la passion et l’ascension. La prière d’Elisée, comme celle de Salomon, mais l’octroi gratuit sans notre demande selon l’évangile : le don de la sagesse, de l’Esprit : que je reçoive une double part de l’esprit que tu as reçu ! Véritable mystère et centre de notre condition terrestre, être de chair à recevoir un supplément d’âme, notre identité et notre force, la vie en plus, en abondance. Je suis venu pour qu’ils aient la vie en abondance. Reste cette semence-là, dont témoigne le passage difficile à pénétrer : l’enlèvement d’Elie, comme celui d’Enoch, comme l’ « ascension » du Christ – point du dogme chrétien (et il monta aux cieux) mais il me semble que la fin terrestre du prophète de l’Islam est de cet ordre aussi à vérifier, comme la fin du Bouddha – trouvaille de l’auteur inspiré puisqu’une mort et une disparition par corruption biologique est d’un ordre trop commun ? Le Christ, incarné, se disant toujours d’ailleurs et vivant lié à son Père qui est dans les cieux, le mouvement est conséquent, mais Elie, mais Enoch : le sort du juste ? l’assomption de Marie ? questions que je ne résouds pas, mais qui ne m’embarrasse pas, la réponse accessoire est dans l’ensemble qui m’enveloppe et que comme l’embryon je ressens sans le voir, je le perçois seulement. On ne voit que de l’extérieur, mais on ne vit que de l’intérieur.


[1] - 2ème Rois II 1 à 14 ; psaume XXXU ; évangile selon saint Matthieu VI 1 à 18 passim

lundi 16 juin 2008

à contre-pied - textes du jour


Mardi 17 Juin 2008

Prier… le dialogue entre le pécheur et son justicier : Tu m’as donc retrouvé, toi, mon ennemi ! Oui, je t'ai retrouvé. Etonnant que le XVIIème siècle n’en ait pas fait une tragédie, puis le XVIIIème un opéra, et que nous n’ayons pas eu une adaptation romanesque à l’écran, genre Cocteau. Les chiens dévoreront Jézabel sous les murs de la ville d’Israël. Des pouvoirs temporels sous le contrôle des prophètes de Dieu, la référence à des principes de conduite personnelle, la solidarité entre générations mais l’efficacité du repentir et de la conversion : il gardait le vêtement de pénitence pour dormir, et il marchait lentement. Mystique et dépression. David et Acab, des assassins. Oui, je connais mon péché, ma faute est devant moi. Le péché est un rapport à Dieu, felix culpa qui nos… nos moines le récitent à la sortie du repas, avant None. Amiez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père. Dieu, persécuté et mis à mort, en la personne de son Fils, se conduit ainsi envers nous. Exhortation sidérante : soyez parfaits comme votre Père est céleste. Contempler la perfection de Dieu, elle n’est pas d’abord d’ordre esthétique et de la beauté, elle est bonté, justesse, justice. Et Dieu vit que cela était bon. Dieu évaluant le résultat de son activité créatrice, et s’en étonnant. Nos ancêtres et nos pères dans la foi contemplaient ainsi : l’anthropomorphisme, apporocher Dieu de nous pour que nous puissions discerner et comprendre (les dialogues de Dieu avec Adam puis avec Abraham). [1] Mais nous sommes pris à contre-pied : vous avez appris… moi, je vous dis…


[1] - 1er Rois XXI 17 à 29 ; psaume LI ; évangile selon saint Matthieu V 43 à 48

dimanche 15 juin 2008

nos procès - textes du jour

Lundi 16 Juin 2008

Prier…Acab et Naboth, la convoitise royale pour la vigne du pauvre, l’influence de Jézabel, l’un et l’autre refuse de se nourrir, la reine donne la tactique à suivre, le pauvre est jugé à tort et lapidé. Le passage proposé aujourd’hui du premier livre des Rois ne conclut pas, il vaut pour tous les procès iniques. Pire que tout massacre, où le mal se discerne à l’évidence, il y a le procès inique : quand le grand nombre et la force se déguisent et se prétendent, au point que beaucoup de contemporains le croient et sont abusés, la justice, que des formes mêmes sont « respectées », quand la justice est instrument d’autre chose qu’elle-même et du bien commun. Justice et bien commu, thème peu traités. L’histoire de notre rédemption a pour point tournant le procès à Jésus : inique, nos procès à Dieu : iniques et de mauvaise foi le plus souvent, peu informés – je parle ici des procès que font les gens censément de foi et de dogme à un Dieu qui ne se plie pas à leurs intelligences et ne tourne pas les événements selon ce qu’ils veulent. L’agonstique, l’incroyant ne font pas procès, pas même aux croyants. Et les adeptes ou croyants d’autres voies de vie humaine, et souvent de quête de l’absolu, de vérité sinon de Dieu, ne font pas non plus procès. Enfants du grand procès de la rédemption, nous le continuons et dans le mauvais rôle, sans nous y reconnaître. L’évangile fait redondance, la loi du tallion. Jésus recommande : si quelqu’un veut te faire un procès et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. Donne à qui te demande : ne te détourne pas de celui qui veut t’emprunter. Notre religion n’est pas éthérée, les religions en tant que telles, même les plus "construites" apparemment de "main d'homme"pas davantage, en quoi nous avons été inspirés, tous....Dieu n’est pas « au ciel », mais parmi nous et dans nos affaires. [1]


[1] - 1er Rois XXI 1 à 16 ; psaume V ; évangile selon saint Matthieu V 38 à 42

sacrements - un baptême, le baptême - ART

Baptême


Notre paroisse – censément – mais depuis que celui qui y fut notre dernier recteur résidant, a été affecté une dizaine d’années après ce ministère dans la paroisse voisine : Denis M., nous allons aux messes qu’il y célèbre.

Retour ce matin car nous sommes invités à assister au baptême du petit Noah – camarade d’initiation musicale de notre fille – ravissante tête blonde et regard pur et bleu d’un enfant nain. Très tendre. Sa mère naine, son père pas, la grand-mère très proche de son petit-fils.

La messe qui précède : remise de croix aux enfants qui se préparent pour l’an prochain ce que – de mon temps – on appelait la communion privée. Des rites ou des éléments nouveaux, la plupart bienvenus : celui du baiser de paix avant la communion, en prolongement du Notre Père, récité ensemble mains ouvertes au ciel, même si beaucoup répugnent à quelque toucher physique que ce soit, et d’autres tendent la main mais détournent le visage (état sensible de notre société, dans sa version censément chrétienne…) ; la remise de cette croix, par exemple, depuis quelques années, en certains diocèses, avec aussi une telle remise pour les enfants de chœur (aujourd’hui, indifféremment garçons ou filles, et une messe a autre allure quand le prêtre n’a pas à tout faire lui-même et à quitter en quelque sorte la scène, notamment au Lavabo).

Une homélie de Michel LP. L’homme est rigoureux de visage, de poil noir, de regard surveillant les points de discipline ; encore jeune, arrivé, il y a quelques années maintenant d’un diocèse de la région parisienne pour des raisons non dites mais induisant un départ forcé, il aurait la réputation intégriste et ses messes de village auraient une chalandise dépassant notre petit territoire entre océan et campagne bretonne : de fait, des foulards Hermès aux anses de sac de beau cuir et des lunettes de soleil, en serre-tête et les maris aux crânes presque rasés, familles nombreuses et chrétiennes. Je caricature car ce peuple est moins présent maintenant – en tout cas, pas aujourd’hui – qu’aux débuts de notre prêtre. Intégrisme ? parce qu’il commence la célébration en disant : préparons-nous à célébrer les saints mystères, qu’il fait en conclusion prier pour les vocations, qu’il n’appelle pas à l’échange du baiser de paix. Il lit les textes vite comme s’il en voyait peu le sens et que le fait de lire, supplée à les comprendre. Il est trop pris, à des échéances qu’il ne précise pas, pour nous accorder un repas, mais – de loin – nous nous connaissons, j’ai parfois droit à un sourire qui est exceptionnel, parce qu’il est rare et parce qu’il est beau, vraiment de la lumière. Il nous a sans difficulté accordé la délocalisation du baptême de notre fille, dont nous voulions qu’elle le reçoive chez ses grands-parents, ce qui fut. Robe de baptême familiale depuis plusieurs générations, refusée par qui – dans ma fratrie – en a la garde. Nous en fîmes faire une, la coutûrière s’appelle Madame Lux, sans e, comme la lumière. A mon anniversaire, mes 61 ans juste, le baptême de notre fille.

Aujourd’hui, homélie. Le signe de croix est le plus beau geste qui soit, ne pas en faire chasse-mouche. Une trentaine d’enfants « animent » la « célébration », chants et lecture, procession d’offertoire. Ce cistercien, initialement frère instituteur, auteur, à quelques années de sa mort, d’un excellent propos sur le bonheur, dialogué avec un psychiâtre, avait coûtume de pédagogue de faire mémoriser ses explications ou intuitions par des lettres majuscules, écrites en encres de couleur différente sur des cartes de très petit format. Aujourd’hui, homélie sur l’ART. Les deux bras de la croix, le vertical, l’amour de Dieu et pour Dieu, l’horzontal, celui du prochain. L’amour. Mais aussi la révélation, la trinité qu’est Dieu. Et enfin l’hbitation en nos âmes et nos cœurs : le temple divin, c’est nous depuis notre baptême. Amour-révélation-temple. Je veux le noter sur mon « carnet de terrain », ma fille me réclame stylo et page vierge, trace et répète trait sur trait, la première lettre de son nom, qui est aussi celle de Marie. Elle graffitise puis soudain à une autre page, nettement, une croix. Quelques minutes de calme puis de dissipation, réclamation du carnet, nouvelle croix plus fantaisiste, presque une silhouette, au pied de la principale. L’histoire n’est pas finie, car à la bénédiction finale des petites croix à passer au cou des futurs communiants, elle sort de rang, et seule, dans lallée de la nef, brandit le carnet, replié pour ne présenter que la page des deux croix, au geste du prêtre. J’encadrerai et daterai le papier. Notre fille marchait depuis trois mois à peine quand dans la procession de communion, à la cathédrale, elle me prit la main et c’est elle qui m’entraînait, j’ai vu cette marche à l’autel un jour pour son mariage ou sa consécration religieuse, moi, lui tenant la main et la menant.

L’enfant blond reçoit de notre fille la petite croix peinte aux Philippines. Noah… sur le bois couleur bleu ciel, procession des animaux vers l’arche de Noé. Il tient notre modeste présent à la main jusqu’aux fonds baptismaux. Les dialogues avec parents et parain-marraine évoquent pour finir notre répudiation de Satan, nommément. Les mystiques – les vrais, notre frère spirituel, en ce moment cloué sur son lit post-opératoire – reconnaissent Satan, « Toto » pour notre frère spirituel, ses rafûts et mauvaise humeur quand l’âme, particulièrement gratifiée, s’oriente vers une verticale d’effusion et d’abandon. Une nuit, des pas, au-dessus de sa cellule. Or, à l’étage supérieur, il ne peut y avoir, en pleine nuit, personne. Comment ces pas ? un phraseur les aurait décrits. Lui, pas. C’était surnaturel, j’ai reconnu que c’était surnaturel. Pas de commentaire.

Noah – près de cinq ans – couché dans les bras de son père. Bien plus significativement que le nouveau-né avec la traîne de sa robe blanche. Remise du cierge, son regard d’enfant illuminé par la flamme qu’il n’a pas quitté des yeux, d’en bas où il était, et où – à vie – il semble qu’il sera, par rapport aux autres. Et pourtant, je sais qu’il est déjà contagieux de joie. Le rite se clôt : un jour, parmi ses frères les chrétiens, il donnera à Dieu le nom de Père.
Ainsi soit-il ! Que demandez-vous pour votre enfant ? La foi.

A la sacristie, où l’on déclenche la sonnerie des cloches, les portraits jumeaux de notre évêque, barbe noire, vêtements liturgiques décalés, superflus mais que trouver de mieux pour distinguer et faire que nous tous autour du célébrant vivons que c’est digne et que cela nous dépasse ? et de notre pape actuel. Les mains jointes et paysannes : le plus souvent, les gens de pensée ont des mains fortes. Et Benoît XVI, brocardé, parfois présenté en image désuète, a la bonté au visage. J’ai proposé au recteur de payer à la paroisse l’encadrement – amovible – des deux images fixées par papier collant sur l’armoire vitrée. Noah comme notre fille sont entrés dans cette Eglise, qui n’a de majuscule à son nom, que surnaturellement, car chaque jour… +




Surzur – matin du dimanche 15 Juin 2008

réconciliés - textes du jour

Dimanche 15 Juin 2008

Prier donc … servez le Seigneur dans l’allégresse, venez à lui avec des chants de joie ! Le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les coupables que nous étions. Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous éions encore pécheurs. La lignée de nos pères dans la foi, ces conciles des premiers siècles, établissant, d’inspiration et selon le décisif Esprit saint, les canons de nos viatiques et installant chacune de nos icônes qui baliseront nos vies, nos existences humaines. Une foi qui n’est pas d’abord une expérience ou un morale, encore moins des recettes, bien qu’elle les recèle toutes, une foi qui est le rappel et l’assemblage de faits, la déduction d’unelogique, qui est le paraphe même de Dieu dans l’Histoire de la création. Un retour de Dieu à son travail de création des « premiers jours et nuits ». Nous mettons notre orgueil en Dieu, grâce à Jésus Christ notre Seigneur, qui nous a réconciliés avec Dieu. Ce dialogue dont au Paradis, après notre péché de convoitise mentale, nous avions eu peur au point de nous cacher aux heures de l’habituelle venue de Dieu, est repris, à l’initiative de celui-ci. Où es-tu ? J’ai eu peur. Génie de Jean Paul II, la phrase entendue à son arrivée à notre tête, peut se lire autrement qu’à l’époque - qui fut : n’ayez pas peur de ce que nous vivons et allons vivre, je le lis aujourd’hui : n’ayez pas peur de retrouver Dieu… Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Nous sommes tentés de répliquer : facile à dire, mais à faire ? Le malade, qui souffre à chaque mouvement qu’on lui fait faire, nous apprend, dans son sourire et par le mutisme dont il me prévient, que c’est possible, puisqu’il le vit lui-même : Dieu se sert de tout, diagnostique sur lui-même et sur nous, notre frère spirituel. Il exauce, en lui, ce que nous demande le Christ : Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. C’est en conclusion de cette demande aux hommes, que Jésus l’exauce, l’exécute lui-même : alors, Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir de … y compris celui-là même qui le livra. Et tout s’accomplit ainsi, nous le savons : vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. L’Histoire réconciliée, même si le péché est au cœur de toute la relation humaine à Dieu, jusques dans les détails de la vie du rédempteur, il y a encore le ver dans le fruit, et dans la moindre de nos pensées d’hier, de cette nuit, et d’aujourd’hui. Priez pour nous, pauvres pécheurs. [1]

[1] - Exode XIX 2 à 6 ; psaume C ; Paul aux Romains V 6 à 11

samedi 14 juin 2008

épreuve, abandon à Dieu, bonheur - textes du jour

Samedi 14 Juin 2008

Prier… un malade donne plus à qui le visite, qu’il ne reçoit de celui-ci. Le bonheur par la vertu d’abandon : ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. C’est exactement ce que vit et nous fait vivre, notre frère spirituel, tout emmailloté de tuyaux et de cadrans, à la suite d’une lourde intervention chirurgical : je suis heureux, je suis dans le Père, donné, je souffre mais cela sert à quelque chose. Ce qui n’empêche pas la spontanéité, Elisée a d’abord des préalables à l’invite de Dieu. Attitude physique de l’appelé dans les Ecritures : puis il se leva, partit à la suite d’Elie et se mit à son service. Les Apôtres – tous – se lèvent et suivent. Un changement radical d’occupations. Nos vocations et conversions – sauf religieuses ou sacerdotales – ne sont vêcues comme un changement et une rupture qu’intérieurement, mais ce peut être aussi net. L’échange de nos consentements devant l’Eglise, il y a presque quatre ans. Netteté qui dispense de serments : les vœux religieux me sont apparus quand j’écoutais le Suscipe des postulants bénédictins à Sainte-Anne de Kergonan comme une demande et une supplication, tandis que les signatures sont du temporel, de l’état-civil, pour le mariage aussi. Quand vous dites ‘oui’, que ce soit un ‘oui’, quand vous dites ‘non’, que ce soit un ‘non’. Tout ce qui est en plus vient du Mauvais. [1] Le texte du Padre Pio, exactement le verbatim de celui que je visitai hier soir... il n'y a qu'une seule expérience de Dieu et de la souffrance. je ne les crois pas liées, contrairement à tant de spiritualités d'un passé récent, en ce sens que nous n'achèterons jamais Dieu en cherchant à souffrir, en demandant à souffrir. Les circonstances nous l'offrent assez. Chercher Dieu directement - les vocations religieuses, le secret de certaines vies et personnalités, aimer Dieu directement sans souci de récompense, de paradis, de logique ou d'espérance désespérée car ce paradoxe est le plus fréquent, aimer simplement et vouloir aimer vraiment. La grâce, alors, en ce monde - souvent - et en l'autre - sûrement - qui n'en diffère que parce que notre sensibilité aura changé et sera totale.



[1] - 1er Rois XIX 16 à 21 passim ; psaume XVI ; évangile selon saint Matthieu V 33 à 37


vendredi 13 juin 2008

douceur et amputation - textes du jour



Vendredi 13 Juin 2008

Hier soir
Pas les éléments pour le pronostic médical, aucune intuition sur la suite de vie ou la mort de cet homme étrange à force d’être limpide, affectueux, de merveilleuse volonté, de grande lucidité sur lui-même, très concret sur sa communauté, et au total délicieusement ami.

Ce matin
La grâce de la succession des jours, nous vivons dans le temps, l’illusion mais le secours psychologique des nouveaux commencements, la vérité de nos racines, le temps nous façonne autant que les lieux, mais la prière, l’Ecriture peuvent – dans une vie, dans la mienne – être à la fois, le temps, les lieux, les racines qui m’ont émancipé du temps, des lieux et même des erreurs ou des illusions si durables de ma vie, prière et écriture m’amènent au rivage où le Christ, à l’aurore qu’est la mort, m’attend, moi et tous, les poissons qui grillent alors que j’en ai tant cherché et n’en trouvais pas. – Nuit tranquille, aveuglée de tant de pensées et d’affections. – Prier.. Que fais-tu là, Elie ? J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur. Et Yahvé Dieu confie tout le temporel et toutes les institutions à son prophète, le roi de Syrie et le roi d’Israël, consacrés par lui – que dirait-on aujourd’hui, où l’on se scandalise que le potentat de Syrie par hérédité soit invité à Paris juste après notre visite présidentielle au Liban – et surtout le prophète Elisée son successeur. Dieu maître de l’histoire et des sociétés, des royaumes et des éléments … et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Elie, spirituel, y reconnaît Dieu. Celui-ci s’est annoncé mais ne s’identifie pas. Son prophète le sait, sans qu’il y ait besoin que ce soit explicite, mais les missions, nos missions nécessitent cet ordre exprès. Dieu, parfois, le détaille vivement. Ses commandements, pour nous tous, sont une vocation universelle. Nous sommes le premier terreau à évangéliser, nous sommes à nous-mêmes notre missionnaire. C’est ton intérêt de perdre un de tes membres, et que ton corps tout entier ne soit pas jeté à la géhenne. Et c’est nous-mêmes qui rejetons, coupons nos addictions et nos entrainements au péché : la vraie mutilation est le péché, non ce que nous retranchons de nous-mêmes, le renoncement est une libération, une lucidité, un rebond. Nous y sommes aidés. Singulière coincidence entre ce texte et ce que va subir notre frère spirituel : une intervention chrirgicale, précisément… rigueur. Mon cœur m’a redit ta parole : ‘Cherche ma face’ – C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. N’écarte pas ton serviteur avec colère, tu restes mon secours. [1].


[1] - 1er Rois XIX 9 à 16 passim ; psaume XXVII ; évangile selon saint Matthieu V 27 à 32

jeudi 12 juin 2008

tu abreuves - textes du jour

Jeudi 12 Juin 2008

Tant de choses, c’est-à-dire de causes humaines, de désespoirs ou de difficultés à muer en espérance et en sourire… que cela ne peut se porter qu’à plusieurs, en couple d’amour et avec la grâce de Dieu. Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. La loi du tallion nous abaisse, être pire que celui qui nous fait souffrir, nous humilie, nous manque oar défaut de compassion ou d’aide. La main donnée à qui nous l’a refusée quand les rôles étaient inverses. Les écritures par Jésus du code de procédure fraternelle : le pardon illimité, la réconciliation avant toute chose, et notamment avant le soi-disant spirituel. Raisons tout humaines, certes, de tenter d’être meilleur que l’agresseur ou en tous les cas de satisfaire à l’autre, mais raisons profondes : Dieu veut toujours davantage de nous. De même qu’Il nous donne toujours bien davantage que ce que nous n’imaginons pas même lui demander. Le bonheur peut nous dépasser quand il est le bonheur : au désert, les pâturages ruissellent, les collines débordent d’allégresse. Elie et ses difficiles dialogues avec le roi Acab, le surnaturel faisant du naturel un signe. Nos vies et surtout le don de nous-mêmes, à scruter et entreprendre ainsi : le discernement commence par la disponibilité, tu prépares la terre, tu arroses les sillons, tu aplanis le sol, tu le détrempes sous les pluies, tu bénis les semailles… il faut toute une vie pour ainsi préparer, nous préparer. Tu couronnes une année de bienfaits… et voici le moment du passage d’ici à plus loin : ceux qui nous y précèdent, ces jours-ci, puis notre tour inopiné ou à date simple d’un vieil âge. Durer pour les miens, aimer à ne jamais finir, car c’est ainsi que l’éternité s’attrape et ne se perd jamais. Etre aimé surprend [1] : alors, de Dieu ! là est l’enjeu d’une foi de cœur, qui venue par la raison ou par les circonstances, a alors son terreau : tu visites la terre et tu l’abreuves, tu la combles de richesses, ainsi soit-il.


[1] - 1er Rois XVIII 41 à 46 ; psaume LXV ; évangile selon saint Matthieu V 20 à 26

à domicile - textes du jour

Mercredi 11 Juin 2008

La grâce entre une heure et deux heures du matin… ce matiin, m’envahit la pensée de ces jeunes mariés d’il y a un mois… la possible amputation de l’amant à dix-huit ans d’une jeune fille aux yeux verts : la jambe. Les cancers. La vie, la maladie. La mort ouvre, mais la maladie ? Prier…comme celle de l’amour, quand il n’a pas de vis-à-vis, qu’il n’est que nostalgie, culpabilité, manque et supputation. Qu’au contraire, il soit vêcu par don, il est alors assomption.[1] Les personnages de l’Ecriture dont on ne sait que l’action, les hauts faits, à nous d’en éduire caractère et œuvre en eux de la grâce divine. Tout temps est fondateur. Informez-vous… et restez chez lui. Une pastorale, une manière d’être et agir dont nous sommes si loin, les antipodes, nos précautions et nos paresses à longueur d’existence, sans même évoquer quelque prosélytisme que ce soit. Sur votre route proclamez que le Royaume des cieux est proche, or la suite vient à nous, l’accomplissement arrive à domicile. Votre paix retourne vers vous. Tout est efficace… communion des saints, hôpitaux, cimetières, maternités, lits d’amour, travail des champs, journées d’informatique, touts angoisses et joies, prophéties et paroles initialement mauvaises, situations incompréhensibles et fauses assurances d’accomplissements, tous états de nos âmes, bénissez le Seigneur. Et tournez tout en protection sous le regard de Dieu… jouez pour le Seigneur.

[1] - Actes XI 21 à 26 & XIII 1 à 3 ; psaume XCVIII ; évangile selon saint Matthieu X 7 à 13

mardi 10 juin 2008

confiance de Dieu en nous - textes du jour



Mardi 10 Juin 2008


Prier… diagnostic pour notre frère spirituel, la tumeur intestinale est cancéreuse, son chirurgien passe la main à quelqu’un d’autre à trouver, on va surtout couper dans l’intestin qui serait trop long. Il était hier soir, encore somonolent de son anesthésie … et il prie pour la femme de notre ami, atteinte d’un cancer au pancréas. Avant-hier au téléphone, il riait presque : je n’en suis pas là, tandis que de l’inconnue il assumait tout, autant qu’il est psychiquement possible… [1] le sel, la lumière du monde, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. Le raisonnement du Christ, implacable mais si simple, s’admet bien et nous charge de responsabilités, dans sa première partie, mais la conséquence, une bonne volonté de notre entourage et de notre génération surprend. La veuve de Sarepta. Comme pour les miracles évangéliques, ce que fait Elie surnaturellement, n’est qu’un faire faire ou plutôt un changement de niveau de puissance d’un être humain devenu – par sa foi – capable d’accomplir ce dont il a la nécessité. La veuve, tout simplement, fait ce qu’elle avait l’intention de faire, mais l’effet produit est sans commune mesure. Tout devient inépuisable, alors que les éléments de départ étaient atrocement limités, le dernier repas devient le premier et longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger. Diagnostiqué cancéreux à nouveau, notre frère spirituel, pour ma femme et pour moi, reçoit la nouvelle et la communique avec sérénité, alors qu’il est de tempérament aisé à se frapper et à s’inquiéter, de qui lui apporte la communion et lui « sert » deux aphorismes : pour Dieu, rien d’impossible – que nous connaissons de l’évangile – et accepter l’imprévu de Dieu – dont je ne sais pas la source, mais qui est immense et conduit à tout, c’est-à-dire au plus précis de ce que nous voulions ni ne projetions pas. Mais sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle, le Seigneur entend quand je crie vers lui. Prions… tant de souffrances, de fin du monde et de lumière possible. Beaucoup demandent : ‘Qui nous fera voir le bonheur ?’ Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !

[1] - 1er Rois XVII 7 à 16 ; psaume IV ; évangile selon saint Matthieu V 13 à 16