samedi 26 février 2022

jeudi 24 février 2022

Polycarpe de Smyrne - 70 + 155 ou 167 . disciple de l'Apôtre saint Jean

 

wikipédia à jour au 24 février 2022 à 13:16 – consulté le même jour à 14:10 – fêté la veille, le mercredi 23.



Polycarpe de Smyrne
Saint chrétien

Image illustrative de l’article Polycarpe de Smyrne

évêque, martyr, Père apostolique

Naissance

v. 70
Empire parthe

Décès

155 ou 167  (v. 85 ou 95 ans)
Smyrne, province romaine d'Asie, Empire romain

Vénéré par

Église catholique,
Églises catholiques orientales,
Église orthodoxe

Fête

23 février

Attributs

pallium et crosse d'évêque, livre, palme du martyre, bûcher

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Polycarpe, en grec πολύκαρπος polykarpos (beaucoup de fruits), né vers 70 et mort (brûlé vif) soit en 155 ou 167, était un disciple direct de l'apôtre Jean et second évêque de Smyrne, aujourd'hui Izmir en Turquie. Mort martyr pour la foi, ce saint et Père apostolique est commémoré le 23 février selon le Martyrologe romain1.

Données biographiques

D'après Pionios, un prêtre et martyr du IIIe siècle, Polycarpe serait originaire de l'Empire parthe (Perse antique) avant d'être amené jeune garçon à Smyrne par des marchands qui le vendent à une femme noble, nommée Callista. Cette généreuse chrétienne l'élève dans la foi. Héritier des biens de sa mère adoptive, Polycarpe les utilise pour mener une vie chaste, se perfectionner dans la connaissance des Écritures et s'avancer dans la pratique de la piété en prenant soin des malades, des infirmes et des vieillards.

Il a plusieurs visions et accomplit certains miracles. Un peu plus tard, il reçoit le diaconat des mains du premier évêque de Smyrne, Boucolos, qui l'attache à son église et lui demande peu avant sa mort de prendre sa suite. De prêtre, il est promu évêque entre 113 et 117, et il remplit les fonctions de son ministère de manière tout apostolique durant une cinquantaine d'années.

Polycarpe est un disciple de l'apôtre Jean qui, d'après la tradition, se serait établi vers la fin de sa vie à Éphèse après son exil sur l'île de Patmos, et dont il aurait été libéré après la mort de Domitien. D'après Irénée de Lyon, qui fut l'un des élèves de Polycarpe, ce dernier a connu directement l'apôtre. Outre des entretiens avec lui et un encouragement à devenir évêque, il l'aurait accompagné lors d'un voyage apostolique.

Il devient l'un des évêques les plus influents et les plus estimés de son temps, à tel point qu'en 154 il est choisi comme représentant des Églises d'Asie puis envoyé à Rome vers 160 pour discuter avec le pape Anicet de plusieurs points de divergence dont la date de Pâques, déjà sujette à tension entre les chrétiens d'Orient et d'Occident. Ils se séparent sans accord mais « dans l'amitié ».

Polycarpe combat de nombreuses sectes jugées hérétiques, en particulier certains gnostiques et notamment Marcion. Il accueille en sa ville de Smyrne l'évêque d'Antioche, Ignace, condamné ad bestias dans les arènes de Rome. Les deux évêques deviennent amis et Ignace d'Antioche lui écrit de Troas une lettre le remerciant de son accueil et lui demandant d'envoyer des missionnaires affermir sa communauté dans la foi chrétienne. D'Antioche, il lui en envoie une autre restée dans les annales, dans laquelle il écrit : « Que votre baptême demeure comme votre bouclier, la foi comme votre casque, la charité comme votre lance, la patience comme votre armure. »

Lorsqu'éclate la persécution commandée par l'empereur et philosophe Marc Aurèle, Polycarpe est très âgé. Il tient tête au proconsul qui l'interroge. Il est brûlé vif en 155 ou 167.

Dans sa Lettre à Florinus, Irénée de Lyon le reconnaît comme étant celui dont il a reçu la foi et la tradition johannique.

L'Église de Smyrne a raconté en quelles circonstances Polycarpe et ses compagnons endurèrent le martyre dans L'Épître des chrétiens de l'Église de Smyrne aux autres églises, l'un des plus anciens mémoriaux de la littérature chrétienne.

Pour répondre à la demande de nombreux Philippiens, Polycarpe fait parvenir à l'Église de Philippes des lettres d'Ignace d'Antioche qu'il accompagne d'une lettre d'exhortation personnelle inspirée des épitres de Pierre et de Paul, de Jean et de Clément de Rome. C'est vraisemblablement grâce à Polycarpe que le corpus des sept lettres d'Ignace, qui ont circulé dans les communautés d'Asie mineure, a été conservé.

Martyre de saint Polycarpe

Saint Polycarpe myroblyte, détail d'une fresque du monastère de Dionysiou, mont Athos.

« À l'entrée de ce saint vieillard dans l'amphithéâtre, tous les chrétiens présents entendirent une voix mystérieuse qui lui disait : « Courage, Polycarpe, combats en homme de cœur ! » Le proconsul lui demanda : « Es-tu Polycarpe ? - Oui, je le suis. - Aie pitié de tes cheveux blancs, maudis le Christ, et tu seras libre. - Il y a quatre-vingt-six ans que je Le sers et Il ne m'a fait que du bien; comment pourrais-je Le maudire ? Il est mon Créateur, mon Roi et mon Sauveur. - Sais-tu que j'ai des lions et des ours tout prêts à te dévorer ? - Fais-les venir ! - Puisque tu te moques des bêtes féroces, je te ferai brûler. - Je ne crains que le feu qui brûle les impies et ne s'éteint jamais. Fais venir tes bêtes, allume le feu, je suis prêt à tout. » De toutes parts, dans l'amphithéâtre, la foule sanguinaire s'écrie : « Il est digne de mort. Polycarpe aux lions ! ». Mais les combats des bêtes féroces étaient achevés ; on arrêta qu'il serait brûlé vif. Comme les bourreaux se préparaient à l'attacher sur le bûcher, il leur dit : « C'est inutile, laissez-moi libre, le ciel m'aidera. » Le saint lève les yeux au ciel et prie. Tout à coup la flamme l'environne et s'élève par-dessus sa tête, mais sans lui faire aucun mal, pendant qu'un parfum délicieux embaume les spectateurs. À cette vue, les bourreaux lui percent le cœur avec une épée. »

Le récit antique donne :

« Polycarpe a avoué qu’il est chrétien ! ». La déclaration du héraut mit en fureur toute la foule des païens et des Juifs qui résidaient à Smyrne. Les cris éclatèrent : « C’est lui, le maître de l’Asie, le père des chrétiens, le fossoyeur de nos dieux, c’est lui qui incite les foules à ne plus sacrifier ni adorer ! ». Au milieu de leurs hurlements, ils demandaient à l’asiarque Philippe de lâcher un lion sur Polycarpe. Mais il objecta qu’il n’en avait plus le droit, parce que les combats de fauves étaient clos. Alors d’une seule voix, ils réclamèrent que Polycarpe pérît par le feu. Il fallait en effet que s’accomplît la vision qui lui avait montré son oreiller en flammes, tandis qu’il priait, et qui lui avait arraché devant ses amis ce mot prophétique : « Il faut que je sois brûlé vif ». Les événements se précipitèrent. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la foule se rua dans les ateliers et dans les bains pour ramasser du bois et des fagots. Les Juifs s’acquittaient de la besogne avec leur zèle habituel. Quand le bûcher fut prêt, le martyr retira lui-même tous ses vêtements, il détacha sa ceinture, puis commença à se déchausser, geste dont les fidèles le dispensaient toujours : dans l’impatience où ils étaient de toucher son corps, tous se précipitaient pour l’aider. Bien avant son martyre, la sainteté de sa conduite inspirait cette unanime révérence. - Récit du martyre de Polycarpe2. »

Date de sa mort

Statue du martyre, église Saint-Polycarpe de Cabuyao, Philippines.

Eusèbe de Césarée date sa mort de 166-167, sous le règne de Marc Aurèle. D'autres datations ont été proposées qui sont comprises entre 155 et 169. Certains commentateurs évoquent même 177.

« Le bienheureux Polycarpe a rendu témoignage au début du mois de Xanthique, le deuxième jour, le septième jour avant les calendes de mars, un jour de grand sabbat, à la huitième heure. Il avait été arrêté par Hérode, sous le pontificat de Philippe de Tralles, et le proconsulat de Statius Quadratus, mais sous le règne éternel de notre Seigneur Jésus-Christ ; à lui soit la gloire, l’honneur, la grandeur, le trône éternel de génération en génération. »

— Martyre de Polycarpe, XXI.

Pour certains critiques, ces indications paraissent correspondre à l’année 155. En effet, il n’existe aucune autre date au IIe siècle où puissent coïncider un samedi (sabbat), un 23 février (septième jour avant les calendes de mars) et le deuxième jour d’un mois lunaire (le 2 de Xanthique) ; de plus, de bons arguments montrent que Statius Quadratus était très probablement proconsul en 155. Polycarpe aurait donc été baptisé en 69, avant la ruine de Jérusalem.

Toutefois, cette date de 155 présente une difficulté, Marc-Aurèle ayant régné de 161 à 180.

Selon les Mémoires pour servir à l'Histoire Ecclésiastique des Six premiers siècles de Louis-Sébastien Le Nain de Tillemont page 305 [archive] ce "grand sabbat" est la veille de Pâques, et une lecture possible est le 7e jour des calendes d'avril, ce qui donne comme date le 16 mars 169. Mais le même auteur souligne la difficulté d'accorder le 2 d'un mois lunaire et la veille de Pâques3, qui tombe un 14 selon le calendrier juif (mais sans doute pas en usage chez les Chrétiens de ce temps).

Postérité

Très vite après le martyre de Polycarpe, l’Église de Smyrne confie à un fidèle nommé Marcianus le soin de rédiger un récit circonstancié des faits pour l'envoyer à l’Église de Philomélium en Phrygie qui s'interrogeait sur les circonstances de sa mort. Sous le titre de Passio Polycarpi, le texte, qui fait un parallèle avec le martyre de Jésus-Christ, se diffuse ensuite à toutes les communautés chrétiennes des alentours. Un autre homme, Gaius, rédige un témoignage basé sur les souvenirs de saint Irénée de Lyon qui a connu Polycarpe et qui l’estimait beaucoup. Plus tard, à Corinthe, un certain Isocrate (ou Socrate) rédige une compilation des deux dont va s’inspirer le prêtre Pionios pour la rédaction de son livre Vita Polycarpi.

Gustave Flaubert, en grand pourfendeur de la bêtise, le célébrait ou l'invoquait à chaque fois qu'un spectacle de la vie moderne le heurtait particulièrement, le citant souvent dans sa correspondance, et fêtant chaque année son anniversaire avec ses amis, prétexte à d'amples libations.

Reliques

Le tombeau de Polycarpe à Izmir, photographie de 1895.

D’après les récits, voulant se préserver d’un culte éventuel voué à l’évêque Polycarpe, les autorités romaines refusent de céder les restes de son corps aux fidèles qui désirent les récupérer. Certains Juifs arguant même avec ironie qu’ils seraient capable de le préférer au Ressuscité. Cependant, le garde en faction accepte de leur céder, soit par regret d’avoir participer au supplice, soit par admiration vis-à-vis du courage exemplaire du vieil homme, ou les deux.

Les chrétiens déposent alors dans un lieu secret et consacré les os calcinés du saint et décident d’une inscription en son honneur : « Nous pûmes plus tard cueillir ses ossements plus précieux que des pierres de grand prix et plus précieux que l'or, pour les déposer en un lieu convenable. C'est là, autant que possible, que le Seigneur nous donnera de nous réunir dans l'allégresse et la joie, pour célébrer l'anniversaire de son martyre, de sa naissance, en mémoire de ceux qui ont combattu avant nous, et pour exercer et préparer ceux qui doivent combattre à l'avenir ».

C'est ainsi qu’ils prirent l’habitude de venir se recueillir à son souvenir, et chaque année célébrer sa mort. Apparaît alors, en cette seconde moitié du IIe siècle le culte des reliques vécu en assemblée, principalement à la date anniversaire du martyre. Il n'y a pas là de superstition, mais du respect, de l'admiration, le désir de conserver tout ce qu'il reste de l'homme martyrisé, les cendres, le sang versé, même les instruments du martyre4.

Le courage de Polycarpe frappa beaucoup les païens eux-mêmes et l’autorité romaine arrêta pour un temps les supplices. Le nom de Polycarpe resta célèbre à Smyrne et son martyr contribua à servir d’exemple de la différence qu’il y a à faire entre adoration (réservée à Dieu, latrie) et vénération (des saints et des reliques, dulie). À partir de cette période, les chrétiens de l’Église primitive vont considérer qu'il est profitable de prier, puis de se faire enterrer à proximité de ces corps privilégiés pour tirer parti de la communion des saints. C'est l'origine première des basiliques construites généralement sur d'anciennes zones funéraires, à la périphérie des villes antiques, puis abritant des reliques5.

Églises Saint-Polycarpe

Bibliographie

Œuvre

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Clavis Patrum Græcorum 1040-1042

  • Polycarpe de Smyrne, Lettres aux Philippiens. Anonymes hagiographiques, Martyre de Polycarpe. Ignace d'Antioche, Lettre aux Éphésiens... Lettre à Polycarpe, trad. Pierre Thomas Camelot, Cerf, coll. "Sources chrétiennes" (Textes grecs, n° 10 bis), 1945, 4° éd. 2007.

  • Les Écrits des Pères apostoliques, Cerf, 2001.

  • Lettre aux Philippiens, in Premiers écrits chrétiens, dir. B. Pouderon, J.-M. Salamito, V. Zarini, La Pléiade, NRF, Gallimard, p. 220-226.

  • Lettre aux Philippiens [archive], édition bilingue sur patristique.org : s'y trouve aussi le récit du martyre de Polycarpe et une introduction à ces documents.

Études

  • Source : Martyre de saint Polycarpe (vers 160), trad. du grec Cécile Bost-Pouderon : Premiers écrits chrétiens, Gallimard, coll. "La Pléiade", 2016, p. 249-258.

  • V. Saxer: « L'authenticité du Martyre de Polycarpe : Bilan de 25 ans de critique » [archive], dans Mélanges de l'École Française de Rome (Série Antiquité), Rome, 1982, vol. 94, n° 2, p. 979-1001

  • Boudewijn Dehandschutter, Polycarpiana. Studies on Martyrdom and Persecution in Early Christianity, Louvain, Presses de l'Université de Louvain, 2007.

  • Atti e passioni dei martiri, introd. di A.A.R. Bastiaensen, testo critico e comm. a c. di A.A.R. Bastiaensen, A. Hilhorst, G.A.A. Kortekaas, A.P. Orbán, M.M. van Assendelft, tradd. di G. Chiarini, G.A.A. Kortekaas, G. Lanata, S. Ronchey, xlix-615 pp., Milano, Mondadori/Fondazione Lorenzo Valla, 1987

Notes et références

  • cf. Bruno Chenu, Claude Prud’homme, France Quéré, Jean-Claude Thomas, Le livre des martyrs chrétiens, éd. Centurion, Paris, 1988, p. 42-49.

  • Pâques a lieu le premier dimanche qui suit la première pleine lune de printemps

  1. Les reliques à l'origine des premières basiliques [archive], histoire des reliques, IIe siècle, Prophètes et Mystiques

Voir aussi

Articles connexes

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  • Ressource relative à la religion

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dimanche 6 février 2022

 

 

 

 

prière de ce matin

Le dimanche de la vocation, je ne sais si l’Église le consacre ainsi, mais – lectio divina 1– l’évidence est là, si instructive, si passionnée. Du dehors, mais tout proche d’eux, ceux, religieux ou « séculiers » qui m’ont mené dans la foi, notamment Gilbert LAMANDE, Jacques BLANCHARD, François BOYER-CHAMMARD, Dom Jacques MEUGNIOT, Jean LAPLACE, Amédée HALLIER, relation chaque fois très différente, d’intimité plus ou moins profonde mais toujours affectivement pudique, la vertu de l’exemple, un adulte donné pour toujours... et d’une façon toute particulière et apparemment indirecte, notre actuel recteur… et la souffrance e’un ancien dont l’amicale ferveur, la sincérité nous ont accompagnés en famille une quinzaine d’années : Denis MAUGAN… et mes trois « mousquetaires » de la ronde spirituelle, de la communion adolescente et passionnée d’un Dieu commun et présent, insistant : Michel T. de P., André L. et JCC, leurs vocations et les parcours de l’épreuve. Chance et providence de chemins ensemble, le même, mais nous, eux, si divers… et maintenant Eric de L. et notre fille en contre-épreuve : ce qui a été semé, etc... Foi de famille et de toute petite enfance : notre prière à quatre, à genoux, au moins moi, au pied de mon lit, rue Parmentier : Papa, Maman, Claude si chers, chacun, l’unisson de la simplicité. L’expérience rayonnante des sacrements : la « réconciliation » (appellation toujours pas trouvée : confession, pénitence?), notre mariage. Et celui, apparemment humain seulement, de dormir, ma chère femme et moi, dans le même lit, allongés, nous mouvementant parfois, le silence et à mes éveils, la respiration de qui s’est confiée à moi en s’en dormant le long de moi, ou en me rejoignant, déjà endormi. Avec tous, je prie, explicitement. Si le coeur avait des mains, DÜRER, MERKEL… les joindre et embarquer. – J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? ». Et j’ai répondu : « Me voici : envoie-moi ! »… Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur...Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras… C’est Paul qui explique tout : car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais ce que je suis, je le suis par la grâce Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi. Rarement, un témoignage et une expérience aussi constante que celle rapportée par les lettres de saint Paul : la grâce de Dieu en nous, l’habitation par l’Esprit. Ce qui fait force et contagion, y compris en politique tout humaine… expérience de cette campagne présidentielle chez nous… ce n’est pas la conviction, encore moins l’intrinsèque, c’est l’habitation. L’exact contraire de l’ego. La force des répétitions littérales pendant vingt ans, et peut-être quatre candidatures (vérifier) d’Arlette LAGUILLER…

Jésus, physiquement : il se tenait au bord du lac de Génésareth. Il vit deux barques… Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis, il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules (sur l’eau, la voix porte). Quand il eut fini de parler, il dit à Simon… Jésus dit à Simon… Visage à jamais inconnu, sur notre versant actuel de la vie, mais la voix, la silhouette...

1- Isaïe VI 1 à 8 ; psaume CXXXVIII ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XV 1 à 11 ; évangile selon saint Luc V 1 à 11

 

Isaïe VI 1 à 8

L’année de la mort du roi Ozias,
je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ;
les pans de son manteau remplissaient le Temple.
    Des séraphins se tenaient au-dessus de lui.
    Ils se criaient l’un à l’autre :
« Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers !
Toute la terre est remplie de sa gloire. »
    Les pivots des portes se mirent à trembler
à la voix de celui qui criait,
et le Temple se remplissait de fumée.
    Je dis alors :
« Malheur à moi ! je suis perdu,
car je suis un homme aux lèvres impures,
j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures :
et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! »
    L’un des séraphins vola vers moi,
tenant un charbon brûlant
qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel.
    Il l’approcha de ma bouche et dit :
« Ceci a touché tes lèvres,
et maintenant ta faute est enlevée,
ton péché est pardonné. »
    J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait :
« Qui enverrai-je ?
qui sera notre messager ? »
Et j’ai répondu :
« Me voici :
envoie-moi ! »


psaume CXXXVIII


De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.

Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.

Tous les rois de la terre te rendent grâce
quand ils entendent les paroles de ta bouche.
Ils chantent les chemins du Seigneur :
« Qu’elle est grande, la gloire du Seigneur ! »

Ta droite me rend vainqueur.
Le Seigneur fait tout pour moi !
Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains.



première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens XV 1 à 11

Frères,
je vous rappelle la Bonne Nouvelle
que je vous ai annoncée ;
cet Évangile, vous l’avez reçu ;
c’est en lui que vous tenez bon,
    c’est par lui que vous serez sauvés
si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ;
autrement, c’est pour rien que vous êtes devenus croyants.

    Avant tout, je vous ai transmis ceci,
que j’ai moi-même reçu :
le Christ est mort pour nos péchés
conformément aux Écritures,
    et il fut mis au tombeau ;
il est ressuscité le troisième jour
conformément aux Écritures,
    il est apparu à Pierre, puis aux Douze ;
    ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois
– la plupart sont encore vivants,
et quelques-uns sont endormis dans la mort –,
    ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres.
    Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis.

    Car moi, je suis le plus petit des Apôtres,
je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre,
puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu.
    Mais ce que je suis,
je le suis par la grâce de Dieu,
et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile.
Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ;
à vrai dire, ce n’est pas moi,
c’est la grâce de Dieu avec moi.

Alléluia. Alléluia.

« Venez à ma suite, dit le Seigneur,
et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Alléluia. (Mt 4, 19)

évangile de Jésus Christ selon saint Luc V 1 à 11

    En ce temps-là,
    la foule se pressait autour de Jésus
pour écouter la parole de Dieu,
tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth.
    Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ;
les pêcheurs en étaient descendus
et lavaient leurs filets.
    Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon,
et lui demanda de s’écarter un peu du rivage.
Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules.
    Quand il eut fini de parler,
il dit à Simon :
« Avance au large,
et jetez vos filets pour la pêche. »
    Simon lui répondit :
« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ;
mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
    Et l’ayant fait,
ils capturèrent une telle quantité de poissons
que leurs filets allaient se déchirer.
    Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque
de venir les aider.
Ceux-ci vinrent,
et ils remplirent les deux barques,
à tel point qu’elles enfonçaient.
    à cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus,
en disant :
« Éloigne-toi de moi, Seigneur,
car je suis un homme pécheur. »
    En effet, un grand effroi l’avait saisi,
lui et tous ceux qui étaient avec lui,
devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ;
    et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée,
les associés de Simon.
Jésus dit à Simon :
« Sois sans crainte,
désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
    Alors ils ramenèrent les barques au rivage
et, laissant tout, ils le suivirent.

 

 

samedi 5 février 2022

 

 

 

prière du matin - garde-moi de fuir tes volontés

 

Fatigué comme jamais, sec pour mes projets de circulaires, et puis… les textes se forment en moi. – Lectio divina 1: l’admirable prière de Salomon et la réponse de Dieu, modèle pour tout chef de gouvernement. Je suis un tout jeune homme, ne sachant comment se comporter et me voilà au peuple du peuple que tu as élu… Donne à ton serviteur un coeur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal. Réponse : puisque c’est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis, mais puisque tu as demandé le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner, je fais ce que tu as demandé : je te donne un coeur intelligent et sage, tel que personne n’en a jamais eu avant toi et que personne n’en aura après toi. Salomon avait commencé sa prière en reconnaissant ce dont son père avait été gratifié, leçon pour une monarchie héréditaire (le roi, mon aïeul, commençaient ou concluaient beaucoup de nos Capétiens). Tu as traité ton serviteur David, mon père, avec une grande fidélité, lui qui a marché en ta présence dans la loyauté, la justice et la droiture de coeur envers toi (en se faisant pardonner, moyennant une terrible punition, l’assassinat d’Ourias et l’adultère). Tu lui as gardé cette grande fidélité… MAURIAC, lors du referendum d’Octobre 1962, critiqué par beaucoup au nom de la Constitution : dans le doute, il faut choisir d’être fidèle… Toujours ce réflexe ou ce comportement, mon comportement d’oubli et de n’être qu’avec moi-même, foncer dans l’oeuvre, dans la décision sans référence à Dieu, sans prière pour voir et comprendre les enjeux, une prière dont l’élément essentiel est la force que Dieu donne à qui se confie à lui. Le drame de l’été de 1976 : la prière ? Celui de l’été de 1996 : la prière ? Tout ce qu’il m’est arrivé de favorable, salutaire, bien … m’a été donné : grâce gratuite, pas même sollicitée : notre mariage, notre fille. Aujourd’hui, mettre cette œuvre politique, ce projet d’une candidature apparemment présidentielle mais à seule fin d’accéder aux médias et tout autre porte-voix, ce projet, le service du bien commun je le place à l’écoute de la volonté et du dessein de Qui m’accompagne. – Les Apôtres au service d’un projet qui n’était pas le leur a priori, plus que loin de là, dont ils n’avaient aucune idée ni aucun moyen, mais ils étaient à la racine du projet, à la source de toute force. Rentrant de la mission, accomplie deux par deux, les mains nues, sur ordre de Jésus, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Dans la version de Marc, pas d’appréciation, de félicitations de la part du Christ, mais du bon sens : venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. Pression de la foule : l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart… Cela ne marche pas. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Lui, est indispensable. Conclusion tenue du psalmiste : de tout mon coeur, je te cherche ; garde-moi de fuir tes volontés … Je fais repasser sur mes lèvres chaque décisin de ta bouche. Je trouve dans la voie de tes exigences plus de joie que dans toutes les richesses.

1- 1er livre des Rois III 4 à 13 ; psaume CXIX ; évangile selon saint Marc VI 30 à 34

 


Lecture du premier livre des Rois III 4 à 13

En ces jours-là,
    le roi Salomon se rendit à Gabaon,
qui était alors le lieu sacré le plus important,
pour y offrir un sacrifice ;
il immola sur l’autel un millier de bêtes en holocauste.
    À Gabaon, pendant la nuit, le Seigneur lui apparut en songe.
Dieu lui dit :
« Demande ce que je dois te donner. »
    Salomon répondit :
« Tu as traité ton serviteur David, mon père,
avec une grande fidélité,
lui qui a marché en ta présence
dans la loyauté, la justice et la droiture de cœur envers toi.
Tu lui as gardé cette grande fidélité,
tu lui as donné un fils qui est assis maintenant sur son trône.
    Ainsi donc, Seigneur mon Dieu,
c’est toi qui m’as fait roi, moi, ton serviteur,
à la place de David, mon père ;
or, je suis un tout jeune homme,
ne sachant comment se comporter,
    et me voilà au milieu du peuple que tu as élu ;
c’est un peuple nombreux,
si nombreux qu’on ne peut ni l’évaluer ni le compter.
    Donne à ton serviteur un cœur attentif
pour qu’il sache gouverner ton peuple
et discerner le bien et le mal ;
sans cela, comment gouverner ton peuple,
qui est si important ? »

    Cette demande de Salomon plut au Seigneur,
qui lui dit :
    « Puisque c’est cela que tu as demandé,
et non pas de longs jours,
ni la richesse, ni la mort de tes ennemis,
mais puisque tu as demandé le discernement,
l’art d’être attentif et de gouverner,
    je fais ce que tu as demandé :
je te donne un cœur intelligent et sage,
tel que personne n’en a eu avant toi
et que personne n’en aura après toi.
    De plus, je te donne même ce que tu n’as pas demandé,
la richesse et la gloire,
si bien que pendant toute ta vie
tu n’auras pas d’égal parmi les rois. »

            – Parole du Seigneur.

Psaume

(Ps 118 (119), 9-10, 11-12, 13-14)

R/ Seigneur, apprends-moi tes commandements. (Ps 118, 12b)

Comment, jeune, garder pur son chemin ?
En observant ta parole.
De tout mon cœur, je te cherche ;
garde-moi de fuir tes volontés.

Dans mon cœur, je conserve tes promesses
pour ne pas faillir envers toi.
Toi, Seigneur, tu es béni :
apprends-moi tes commandements.

Je fais repasser sur mes lèvres
chaque décision de ta bouche.
Je trouve dans la voie de tes exigences
plus de joie que dans toutes les richesses.

Évangile

« Ils étaient comme des brebis sans berger » (Mc 6, 30-34)

Alléluia. Alléluia.
Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ;
moi, je les connais, et elles me suivent.
Alléluia. (Jn 10, 27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
    les Apôtres se réunirent auprès de Jésus,
et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné.
    Il leur dit :
« Venez à l’écart dans un endroit désert,
et reposez-vous un peu. »
De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux,
et l’on n’avait même pas le temps de manger.
    Alors, ils partirent en barque
pour un endroit désert, à l’écart.
    Les gens les virent s’éloigner,
et beaucoup comprirent leur intention.
Alors, à pied, de toutes les villes,
ils coururent là-bas
et arrivèrent avant eux.
    En débarquant, Jésus vit une grande foule.
Il fut saisi de compassion envers eux,
parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger.
Alors, il se mit à les enseigner longuement.

 

jeudi 3 février 2022

 

 

lu les textes de la messe d'aujourd'hui

 



10 heures 39 + Lectio divina 1 : fin de l’histoire de David, somptueuse, plus que mouvementée. Nos héros et prédécesseurs dans la foi sont des personnalités de mouvements à tous les points de vue. Son testament verbal à Salomon est analogue de circonstances en fin de vie et d’une certaine sérénité du mourant et du ou des récipiendaires, à celui de Jacob, réunissant ses fils sans qu’on mette plus en avant Joseph, et surtout à la dernière Cène : testament du Christ et legs de Son eucharistie. L’union à Dieu par la fidélité à Ses commandements : ainsi tu réussiras dans tout ce que tu feras et entreprendras. Mais plus charnellement et affectivement : je m’en vais par le chemin de tout le monde. Sois fort, sois un homme courageux ! Les instructions et conseils du Christ aux Douze, envoyés en mission deux par deux, sont tout aussi sereins : ne rien prendre pour la route… quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Contenu de la mission : la version de Marc est la plus sobre. Ils partirent et proclamèrent qu’il fallait se convertir. C’est ce que criait déjà le Baptiste, sans quitter la rive du Jourdain.

1- 1er livre des Rois II 1 à 12 passim ; cantique dans le premier livre des Chroniques XXIX 10 à 12 ; évangile selon saint Marc VI 7 à 13