vendredi 31 juillet 2015

saint Ignace de Loyola, prêtre - fondateur de la Compagnie de Jésus . 1491 + 1556





I
gnace (en espagnol : Íñigo López de Loyola) naît au château de Loyola, en Espagne, le 24 décembre 1491 ; il est le dernier de 13 enfants de Beltran Ibañez de Oñaz et de Marina Sanchez de Licona.

Il fut d'abord page du roi Ferdinand V ; puis il embrassa la carrière des armes. Il ne le céda en courage à personne, mais négligea complètement de vivre en chrétien, dirigé uniquement par l'orgueil et l'amour des plaisirs. De ce chevalier mondain, Dieu allait faire l'un des premiers chevaliers chrétiens de tous les âges. 

Au siège de Pampelune, un boulet de canon brisa la jambe droite du jeune officier, qui en peu de jours fut réduit à l'extrémité et reçut les derniers sacrements. Il s'endormit ensuite et crut voir en songe saint Pierre, qui lui rendait la santé en touchant sa blessure. À son réveil, il se trouva hors de danger, quoique perclus de sa jambe.
Pour se distraire, il demanda des livres ; on lui apporta la Vie de Jésus-Christ et la Vie des Saints. Il les lut d'abord sans attention, puis avec une émotion profonde. Il se livra en lui un violent combat ; mais enfin la grâce l'emporta, et comme des hommes de cette valeur ne font rien à demi, il devint, dans sa résolution, un grand Saint dès ce même jour. Il commença à traiter son corps avec la plus grande rigueur ; il se levait toutes les nuits pour pleurer ses péchés. Une nuit, il se consacra à Jésus-Christ par l'entremise de la Sainte Vierge, refuge des pécheurs, et lui jura une fidélité inviolable. Une autre nuit, Marie lui apparut environnée de lumière, tenant en ses bras l'Enfant Jésus.

Peu après, Ignace fit une confession générale et se retira à Manrèze, pour s'y livrer à des austérités qui n'ont guère d'exemple que dans la vie des plus célèbres anachorètes : vivant d'aumônes, jeûnant au pain et à l'eau, portant le cilice, il demeurait tous les jours six ou sept heures à genoux en oraison. Le démon fit en vain des efforts étonnants pour le décourager. C'est dans cette solitude qu'il composa ses Exercices spirituels, l'un des livres les plus sublimes qui aient été écrits par la main des hommes. 

Passons sous silence son pèlerinage en Terre Sainte et différents faits merveilleux de sa vie, pour rappeler celui qui en est de beaucoup le plus important, la fondation de la Compagnie de Jésus (1534), que l'on pourrait appeler la chevalerie du Christ et le boulevard de la chrétienté. Cette fondation est assurément l'une des plus grandes gloires de l'Église catholique ; sciences profanes et sciences sacrées, enseignement, apostolat, rien ne devait être étranger à la Compagnie d'Ignace. 

Les vertus du fondateur égalaient ses grandes œuvres ; elles avaient toutes pour inspiratrice cette devise digne de lui : « Ad maiorem Dei gloriam! » (À la plus grande gloire de Dieu !).
Pour un approfondissement :
>>> Ignace de Loyola


Sources principales : Abbé L. Jaud (Vie des Saints...) ; wikipédia.org (« Rév. x gpm »).


Le texte ci-dessous fait partie d'un document rédigé par Ignace de Loyola et les premiers compagnons pour définir la nature et la visée du nouvel ordre religieux qu'ils voulaient fonder. Ce document a été approuvé par le Pape en 1550, dix années après le premier texte de fondation de la Compagnie de Jésus.



 Celui qui veut,

dans notre Compagnie que nous désirons voir désignée du nom de Jésus,

 combattre pour Dieu sous l'étendard de la croix

 et servir le Seigneur seul et l'Église son Épouse sous le Pontife romain, vicaire du Christ sur la terre,

 se persuadera que,

après le voeu solennel de perpétuelle chasteté, pauvreté et obéissance,

 il fait partie d'une Compagnie instituée avant tout
 pour se consacrer principalement à la défense et à la propagation de la foi
 et au bien des âmes dans la vie et la doctrine chrétiennes,

par les prédications publiques,
les leçons et tout autre ministère de la Parole de Dieu,
et les exercices spirituels,
la formation chrétienne des enfants et des ignorants,
la consolation spirituelle des fidèles par les confessions et l'administration des autres sacrements;

 il s'emploiera encore
 à réconcilier ceux qui sont dans la discorde,
 à secourir et servir pieusement ceux qui se trouvent en prison ou à l'hôpital
 et à pratiquer d'autres oeuvres de charité comme cela paraîtra convenir pour la gloire de Dieu et le bien commun,

 et il fera tout à fait gratuitement,
 sans recevoir aucun salaire pour son travail en tout ce qui vient d'être dit;

et il aura soin, aussi longtemps qu'il vit, de tenir le regard fixé d'abord sur Dieu.


in Ignace de Loyola - Ecrits - traduits et présentés sous la direction de Maurice Giuliani - Collection Christus n° 76 - Descléee de Brouwer - Bellarmin - Paris 1991 - page 293. (Pour vous procurer ce livre, cliquez ici)

Voir aussi :
> Les centres spirituels
> Le noviciat
> La grande saga du IHS
> "Guide spirituel"
> La vie intérieure
> Le moment de la prière





Jésuites : serviteurs de la mission du Christ - © Compagnie de Jésus




La Fondation :
LA MANIÈRE DONT S'EST INSTITUÉE LA COMPAGNIE
1539-1541 : Les travaux de fondation

On trouvera ici un ensemble de documents écrits liés à la vie interne de l'Ordre naissant, entre le printemps 1539 et le printemps 1541 :
- la manière dont s'est instituée la Compagnie.
- attestation concernant la décision de faire voeu d'obéissance.
- déterminations de la Compagnie.
- le vote d'Ignace pour l'élection du préposé général.

Les débats d'Ignace et des compagnons, réunis à Rome en 1539, s'étendent sur « près de trois mois », depuis « le milieu du carême » jusqu'à la « fête de Jean­Baptiste », c'est-à-dire de la mi-mars au 24 juin. La désignation des dates dans le texte - du « carême » à « la fête de saint Jean-Baptiste » - souligne la solennité rituelle d'une réunion marquée par la question centrale de l'inscription du groupe (issu du voeu de Montmartre) le 15 août 1534, dans l'Église, sous la forme d'un ordre religieux reconnu par l'autorité pontificale.
Deux questions sont en réalité à l'ordre du jour :
Convient-il que les compagnons restent unis en un seul Corps?
Et, si oui, convient-il de faire voeu d'obéissance à l'un d'entre eux?

Entre ces deux questions, le lien est défini par la voie missionnaire : c'est parce qu'ils seront dispersés par les missions que l'union en un Corps doit être envisagée, et que cette union doit être scellée dans l'obéissance. Mais l'union du corps reste ici motrice : l'obéissance en est déduite comme son moyen, et, en tant que tel, sérieusement discutée.

1. Le carême étant prêt de s'achever, alors qu'approchait le moment où il faudrait nous diviser et nous séparer, ce que nous attendions justement de tous nos désirs pour arriver plus rapidement au but que nous nous étions proposés, auquel nous avions longuement réfléchi et que nous désirions ardemment, nous avons décidé de nous réunir pendant tous les jours qui précédaient notre séparation et de discuter entre nous de notre vocation et règle de vie.
Nous avions fait cela à plusieurs reprises. Parmi nous, il y avait des Français, des Espagnols, des Savoyards, des Cantabrais: nous étions partagés en avis et opinions qui divergeaient par rapport à notre statut, et nous avions tous une seule et même pensée et volonté, qui était de rechercher « le bon plaisir et la parfaite volonté de Dieu », selon la visée de notre vocation; mais c'était sur les moyens plus adaptés et plus efficaces, tant pour nous que pour notre prochain, qu'il y avait une certaine pluralité d'avis. Et il ne doit sembler étonnant à personne que cette pluralité d'avis se soit manifestée entre nous, qui sommes faibles et fragiles, alors que les Apôtres eux-mêmes, princes et « colonnes » de la très sainte Église, et tant d'autres hommes très parfaits auxquels nous ne méritons pas d'être comparés, même de loin, ont divergé dans leurs opinions et parfois même se sont opposés, nous laissant par écrit leurs avis contraires.
Nous avions donc, nous aussi, des jugements divergents, et nous étions désireux et soucieux de trouver un chemin pleinement dégagé sur lequel nous avancer pour nous offrir en holocauste à notre Dieu, en sorte que tout ce qui était nôtre s'effaçât devant sa louange, son honneur et sa gloire. Finalement, nous avons décidé et arrêté d'un commun accord de nous appliquer avec plus de ferveur que d'habitude aux prières, aux pénitences, aux méditations, et, après y avoir mis toute la diligence possible, de « jeter» pour le reste toutes « nos pensées dans le Seigneur» ; nous espérions que celui qui est assez bon et libéral pour ne pas refuser le bon esprit à quiconque le prie dans l'humilité et la simplicité du cœur et même pour le donner à tous « avec abondance sans le refuser à personne », ne nous ferait nullement défaut, et même nous assisterait, en raison de sa bonté,« bien au-delà de ce que nous demandons ou concevons ».
2. Nous avons donc commencé à déployer tous nos efforts humains et à proposer entre nous certaines questions qui demandaient examen et prudence de façon attentive et mûrie. Notre manière habituelle était de réfléchir et de méditer sur elles pendant la journée et de les approfondir aussi dans nos prières. Le soir, chacun mettait en commun ce qu'il avait jugé être plus juste et plus adapté, pour que nous embrassions tous ensemble un avis plus solide, qui avait été examiné et approuvé par le suffrage d'un plus grand nombre et grâce à des raisons plus déterminantes.
3. Le premier soir où nous nous sommes réunis, la question suivante a été proposée: convenait-il davantage, après que nous ayons offert et consacré nos personnes et nos vies au Christ notre Seigneur et à son vrai et légitime Vicaire Sur terre pour qu'il dispose de nous et nous envoie là où il jugerait que nous pourrions porter plus de fruit, chez les Turcs, aux Indes, chez les hérétiques, chez n'importe quels autres fidèles ou infidèles, convenait-il donc mieux que nous soyons tellement attachés et liés entre nous en un seul corps qu'aucune séparation physique, si grande soit-elle, ne puisse nous désunir; ou bien est-ce que cela ne convenait pas? Ce qu'un exemple faisait apparaître: voici que bientôt le Souverain Pontife envoie deux d'entre nous à Sienne; devons-nous nous soucier de ceux qui s'y rendent, et eux de nous, et être en communion les uns avec les autres, ou bien devons-nous ne pas nous soucier davantage de ceux-ci que de ceux qui sont en dehors de la Compagnie?
A la fin nous avons tranché par l'affirmative: après que le Seigneur très clément et très miséricordieux ait daigné nous rassembler et nous unir ensemble, nous si faibles et issus de régions et de cultures si différentes, nous ne devions pas briser ce que Dieu a rassemblé et uni, mais plutôt l'affermir et le consolider de plus en plus, en nous groupant en un corps unique, nous souciant les uns des autres et en communion entre nous pour un plus grand fruit des âmes, car des forces qui sont unies ont plus de résistance et d'énergie pour réaliser toute bonne œuvre difficile que si elles étaient dispersées en plusieurs lieux. Cependant, en tout ce qui a été dit et sera dit, nous voulons qu'on comprenne que nous n'affirmons absolument rien de notre propre inspiration ni de notre propre chef, mais cela seul, quoi que ce soit, que Dieu aura inspiré et le Siège Apostolique confirmé et approuvé.
4. Cette première question tranchée et résolue, on en est venu à une autre plus difficile, qui ne demandait pas moins d'examen et de prudence: après avoir tous émis le vœu de chasteté perpétuelle et le vœu de pauvreté entre les mains du Révérendissime Légat de Sa Sainteté, lorsque nous étions à Venise, convenait-il d'en émettre un troisième, celui d'obéissance à l'un d'entre nous, pour que nous puissions, avec plus de pureté, plus grande louange et plus grand mérite, accomplir en tout la volonté de Dieu notre Seigneur, en même temps que la libre volonté et les commandements de Sa Sainteté, à qui nous avions offert de très bon cœur tout ce qui était nôtre : volonté, intelligence, forces, etc. ?
5. Comme, pour résoudre cette question, nous avions passé bien des jours à prier constamment et à réfléchir sans que rien ne vienne satisfaire nos esprits, nous avons commencé, en espérant dans le Seigneur, à débattre entre nous de quelques moyens de mieux résoudre la question.
Et d'abord, convenait-il de nous retirer tous dans un lieu désert et d'y rester trente ou quarante jours en nous adonnant aux méditations, aux jeûnes et aux pénitences, pour que le Seigneur exauce nos désirs et veuille bien faire pénétrer en nos esprits la solution de la question? Ou bien trois ou quatre devaient-ils, au nom de tous, s'y rendre dans le même but? Ou bien, si personne ne devait aller dans un lieu désert, pouvions-nous, restant à Rome, passer la moitié de la journée uniquement à notre affaire, afin qu'il y ait plus facilement et plus largement place à la méditation, à la réflexion et à la prière, et consacrer le reste de la journée à nos ministères habituels de la prédication et des confessions?
6. A la fin, après avoir étudié et examiné ces points, nous avons décidé de rester tous à Rome, avant tout pour deux raisons. Premièrement: éviter racontars et scandale dans la ville et parmi les gens qui jugeraient et penseraient (ce qui est le penchant habituel des hommes à juger à la légère) que nous avions pris la fuite, ou bien que nous machinions quelque nouveauté, ou bien que nous manquions de fermeté et de constance dans ce que nous avons une fois commencé. Deuxièmement: éviter que, pendant notre absence, ne soit mis en danger le fruit que nous voyions se faire alors en abondance dans les confessions, les prédications et les autres ministères spirituels, et même en si grande abondance que, si nous avions été quatre fois plus nombreux que nous étions, nous n'aurions pas pu, comme actuellement non plus, satisfaire aux besoins de tous.
Le second moyen dont nous avons commencé à débattre pour trouver une voie de solution fut de proposer à tous et à chacun de se préparer intérieurement des trois manières suivantes.
- La première: chacun se préparera et s'adonnera aux prières, aux pénitences et aux méditations de telle sorte qu'il s'efforce de trouver « joie et paix dans l'Esprit Saint » sur la question de l'obéissance, en travaillant autant que cela dépend de lui à avoir la volonté plutôt portée à obéir qu'à commander, là où s'ensuivrait une égale gloire de Dieu et une égale louange de sa Majesté.
- La seconde préparation intérieure: aucun des compagnons ne parlera de cette chose à un autre compagnon ni ne lui demandera ses raisons; ainsi nul ne sera, par la conviction d'un autre, entraîné ou incliné à obéir plutôt qu'à ne pas obéir, ou inversement; mais chacun ne recherchera que ce qu'il aura découvert dans la prière et la méditation comme convenant davantage.
- La troisième: chacun se regardera comme s'il était lui-même étranger à notre groupe et n'attendait pas d'y être jamais reçu; ainsi, grâce à cette attitude, il ne sera certainement pas porté par ses sentiments à penser et à juger plutôt d'une manière que d'une autre, mais, comme s'il était étranger, il fera connaître librement son avis sur la question proposée d'obéir ou de ne pas obéir, et enfin il confirmera et approu­vera par son jugement le parti qu'il croit devoir être un plus grand service de Dieu et assurer une conservation plus sûre de la Compagnie.
7. Dans ces dispositions intérieures préalables, nous avons fixé l'ordre suivant. Le lendemain, nous viendrions tous prêts à dire chacun toutes les objections possibles contre l'obéissance, toutes les raisons qui se présentaient et que chacun d'entre nous en particulier avait trouvées en réfléchissant, en méditant et en priant.
Chacun exposait à son tour ce qu'il avait découvert. L'un disait, par exemple: il semble que ce mot « religion» ou « obéissance» n'est pas aussi bien reçu qu'il devrait l'être dans le peuple chrétien, par notre faute et en raison de nos péchés. Un autre disait: si nous voulons vivre sous l'obéissance, nous serons peut-être forcés par le Souverain Pontife à vivre sous une autre règle déjà existante et établie; il arrivera alors que, l'occasion et le lieu ne nous étant pas ainsi donnés de travailler au salut des âmes, unique but que nous visons après notre propre salut, tous nos désirs seront déçus qui, à notre jugement, avaient été agréés du Seigneur notre Dieu. Un autre encore: si nous rendons obéissance à quelqu'un, il y aura moins d'hommes à entrer dans notre groupe pour travailler fidèlement à la vigne du Seigneur; on n'y trouve pourtant peu de vrais ouvriers alors que la moisson est si grande, et un grand nombre (ce qui est le fait de la faiblesse et de la fragilité humaines) y recherchent « leur intérêt personnel et leur volonté propre plus que les intérêts de Jésus Christ et la pleine abnégation de soi ». Un quatrième encore, puis un cinquième, etc., s'exprimaient d'une autre manière, énumérant les objections qui se présentaient contre l'obéissance.
Dès le jour suivant, nous discutions dans le sens contraire, en proposant tous les avantages et tous les fruits de l'obéissance, que chacun avait découverts dans la prière et la méditation; et chacun à son tour présentait ce qu'il avait médité, tantôt en menant une supposition jusqu'à l'impossible, tantôt en procédant directement et par voie d'affirmation.
Par exemple, quelqu'un menait une chose jusqu'à l'absurde et l'impossible, de la manière suivante: si notre groupe avait la charge d'une entreprise à réaliser sans la douceur du joug de l'obéissance, personne n'en prendrait vraiment la charge, chacun rejetant ce fardeau sur l'autre, comme nous en avons plusieurs fois fait l'expérience. Et encore: si ce groupe était sans obéissance, il ne pourrait pas durer ni se maintenir pendant longtemps, ce qui va pourtant à l'encontre de notre première intention de conserver pour toujours notre Compagnie; alors que rien ne conserve davantage un groupe que l'obéissance, celle-ci nous semble donc nécessaire, surtout à nous qui avons fait vœu de pauvreté perpétuelle et qui nous adonnons constamment et continuellement à des travaux spirituels et temporels, peu favorables à la conservation d'une Compagnie.
Procédant par voie d'affirmation, un autre disait: l'obéissance est l'origine d'actes et de vertus héroïques, même de manière habituelle. En effet, celui qui vit vraiment sous l'obéissance est pleinement disposé à exécuter tout ce qu'on lui ordonne, qu'il s'agisse de choses très difficiles ou qui provoquent la honte et le ridicule et « nous donnent en spectacle au monde»: par exemple, si on m'imposait d'aller nu ou vêtu d'habits extraordinaires par les rues et les places publiques; bien que cela ne soit jamais commandé, du moment que chacun est tout à fait prêt à le faire, renonçant à son jugement propre et à toute sa volonté, il serait toujours dans des actes héroïques et qui accroissent le mérite. Et encore: rien n'abat autant tout orgueil et arrogance que l'obéissance; car l'orgueil veut avant tout qu'on suive son jugement propre et sa volonté propre, sans céder à personne, « marchant dans de grands desseins et des merveilles qui le dépassent »; par contre l'obéissance combat dans un sens opposé, car elle suit toujours le jugement d'autrui et la volonté d'un autre, elle cède à tous, et elle est associée très étroitement à l'humilité qui est ennemie de l'orgueil. Et encore: bien que nous ayons remis au Pontife et Pasteur suprême toute obéissance, aussi bien du groupe que de chacun, il ne pourra pourtant pas s'occuper de nos affaires personnelles quotidiennes; et s'il le pouvait, cela ne siérait pas.
8. Nous avons donc débattu d'un très grand nombre de points dans un sens et dans l'autre pendant bien des jours concernant la solution de la question, en pesant et examinant les raisons qui avaient plus de poids et d'efficacité, en nous adonnant aux exercices habituels de l'oraison, de la méditation, de la réflexion. A la fin, le Seigneur accordant son secours, nous avons conclu non pas à la majorité des voix, mais sans que personne soit d'un avis contraire: pour nous, il convenait davantage et il était plus nécessaire de rendre obéissance à l'un d'entre nous, pour que nous puissions réaliser mieux et plus exactement nos premiers désirs d'accomplir en toutes choses la volonté divine, ensuite pour que la Compagnie soit conservée plus sûrement, et enfin pour qu'on puisse pourvoir correctement aux affaires particulières qui se présenteraient, tant spirituelles que temporelles.
9. En gardant pareillement la même règle et la même procédure pour l'étude de tout le reste, examinant chaque fois les points de vue opposés, nous sommes restés sur ces questions et sur d'autres pendant près de trois mois, depuis le milieu du carême jusqu'à la fête de Jean-Baptiste inclusivement. Ce jour-là, tout fut terminé et achevé dans la sérénité et l'accord unanime des âmes, non sans qu'il y ait eu beaucoup de veilles, de prières, de peines pour l'esprit et pour le corps, avant que nous en arrivions à cette conclusion et décision.

ATTESTATION CONCERNANT LA DÉCISION DE FAIRE VŒU D'OBÉISSANCE
 
Je soussigné, N., atteste en présence du Dieu tout-puissant, de la bienheureuse Vierge Marie et de toute la cour céleste, après avoir prié Dieu et pesé mûrement la chose, que j'ai décidé de mon plein gré, comme convenant davantage selon mon jugement à la louange de Dieu et au maintien perpétuel de la Compagnie, qu'il y ait en elle le vœu d'obéissance; et que je me suis résolument offert, en dehors cependant de tout vœu et de toute obligation, à entrer dans cette même Compagnie, si le Seigneur accorde qu'elle soit confirmée par le Pape. Pour mémoire de cette décision (dont je reconnais que je la tiens d'un don de Dieu), je m'approche maintenant de la très sainte communion, quoique très indigne, avec cette même décision.
mardi 15 avril 1539.

DÉTERMINATIONS DE LA COMPAGNIE
IHS
Le 3 mai, fête de la Sainte Croix, les points qui suivent ont été conclus par les huit, sans aucun désaccord, et confirmés le lendemain dimanche.
Premier point
1. Quiconque veut entrer dans cette Congrégation ou Compagnie sera tenu de faire vœu exprès d'obéissance au Souverain Pontife en personne. Par ce vœu, il s'offrira à aller en n'importe quelle province ou n'importe quel pays, aussi bien chez les fidèles que chez les infidèles; et cela concerne ceux qui auront les capacités suffisantes pour pouvoir être utiles au prochain vers qui ils seront envoyés. Et ce vœu se fera au Souverain Pontife par les mains du prélat de la Compagnie ou par les mains de la Compagnie tout entière, et non pas auprès du Pontife lui-même, à moins que quelqu'un ne soit d'une condition telle que le prélat de la Compagnie ou la Compagnie ne juge à son sujet qu'il convient qu'il émette ce vœu directement auprès du Souverain Pontife.
Deuxième point
2. Ceux qui auront moins de capacités ne seront reçus que s'ils sont conduits par le même esprit, en sorte qu'ils feront, eux aussi, le vœu d'obéir au Souverain Pontife, qu'ils soient envoyés chez les infidèles, même s'ils ne peuvent rien faire d'autre chez ceux-ci que de dire que le Christ est Sauveur, ou qu'ils soient envoyés chez les fidèles pour enseigner au moins, en public ou en privé, le Notre Père, les commandements de Dieu, etc., selon l'ordre donné par leur prélat ou directement par le Souverain Pontife lui-même.
Troisième point
3. Const. Ils devront enseigner les commandements aux enfants ou à toute autre personne.
Quatrième point
4. Const. On doit prendre un temps déterminé où l'on puisse exposer les commandements et les rudiments dans un ordre défini et selon la manière qui convient.
Cinquième point
5. Const. On doit prendre chaque année quarante jours pour enseigner ces rudiments, en comptant dans ces quarante jours les dimanches et les fêtes qui s'y trouvent, sans qu'il soit cependant nécessaire d'enseigner les commandements ces mêmes dimanches et fêtes. Et de plus, pour ne pas donner place au scrupule, on comprendra le chiffre de quarante de telle sorte que, si deux ou trois jours ou même un peu plus viennent à manquer, cela ne soit pas contre la présente règle.
Sixième point
6. On doit laisser au jugement du prélat de la Compagnie lui-même de décider si quelqu'un, quand il se rend dans un endroit, doit y enseigner les commandements plutôt que prêcher, faire autre chose, ou ne pas le faire.
Septième point
7. Si un membre de cette Congrégation a quelque désir d'aller dans une province plutôt que dans une autre, chez les fidèles ou les infidèles, il ne pourra en aucune manière, directement ou indirectement, par lui-même ou par un autre, recourir au Souverain Pontife pour être envoyé par lui; mais il restera soumis au jugement de la Congrégation ou de son prélat, à qui il manifestera ce qu'il désire ou juge bon, prêt à faire tout ce qu'on lui commandera.
IHS
Le samedi avant le quatrième dimanche après Pâques ont été conclus, et confirmés le dimanche suivant, sans aucun désaccord, ces deux points:
[Premier point]
8. On enseignera aux enfants pendant une heure, sans prendre pourtant l'heure scrupuleusement, mais au jugement probable de celui qui enseigne.
Deuxième point
9. Ceux qui sont à admettre doivent, avant d'être éprouvés pendant une année de probation, passer trois mois en exercices spirituels, en pèlerinage et au service des pauvres dans les hôpitaux, ou à autre chose. Cette répartition des trois mois se fera cependant au jugement du prélat de la Congrégation ou de la Compagnie tout entière; par exemple, si deux mois doivent être tout entiers consacrés au pèlerinage, ou tout entiers au service dans les hôpitaux, ou un mois à chacun des ministères, etc. Et de plus quiconque va entrer sera effectivement pauvre avant d'être admis en probation.
10. A ce sujet aussi, tous furent unanimement d'avis qu'il fallait laisser la porte ouverte à propos de ces trois mois: si quelqu'un était un homme si important, par exemple un noble et ayant des parents ou des amis puissants, qu'il y aurait danger pour lui d'aller en pèlerinage ou d'être au service dans les hôpitaux, dans un tel cas, le prélat pourrait le dispenser du pèlerinage ou du service dans les hôpitaux.
11. Ceci aussi fut confirmé sans désaccord: si quelqu'un manifestait au prélat lui-même ou à la Compagnie tout entière un désir personnel d'aller dans les pays des infidèles et que le Souverain Pontife laissait cela à leur jugement, il devrait passer dix jours en exercices spirituels ordonnés à connaître par quel esprit il est conduit, conformément à ces mots: « Éprouvez les esprits, pour voir s'ils viennent de Dieu, etc. » On l'enverra ensuite, si cela semble bon au prélat lui-même ou à la Com­pagnie.
12. Le vendredi avant la Pentecôte de la même année, il fut conclu et confirmé par tous, à l'exception de Bobadilla, que l'article concernant l'enseignement aux enfants pendant quarante jours, comme cela a été exposé plus haut, et pendant une heure chaque jour, tomberait sous un vœu formel obligeant sous peine de péché mor­tel, de même que les autres vœux d'obéir au prélat et au Souverain pontife et de ne pas recourir directement à lui lorsqu'on veut être envoyé.
13. En même temps, ii a été déterminé et confirmé que, en traitant toutes ces affaires, de quelque importance qu'elles soient, on s'en tiendrait au jugement de la majorité; cependant, comme on l'a fait jusqu'ici, pour les affaires plus importantes on prendrait trois jours et l'on conclurait le troisième jour selon l'avis du plus grand nombre. Ceux dont les noms suivent ont souscrit à cet avis, estimant qu'il ne serait pas juste que, si quelqu'un en ces débuts avait été en désaccord avec les autres, il ne soit pas admis à prendre part à aucune décision.
Pierre Favre, Claude Jay, Jean Codure,
Salmeron, Iñigo, Caceres, Lainez.
 
La veille de l'octave du Corps du Christ, ont été déterminés, bien que non confirmés, les trois points suivants:
14. Const. Il y aura un prélat unique pour la Compagnie tout entière; il sera élu pour toujours, c'est-à-dire à vie, en tenant compte des exceptions qui seront déter­minées ensuite.
15. On recevra, pour y habiter, des maisons ou des églises, de telle manière cepen­dant qu'on n'ait aucun droit de propriété sur elles, mais que ceux qui en ont donné l'usage soient libres, toutes les fois qu'ils le voudront, de les reprendre sans aucune opposition; bien plus, nous n'aurons pas le droit d'assigner devant les tribunaux à leur sujet, de quelque manière qu'elles nous aient été laissées, quiconque les deman­derait même tout à fait injustement.
16. Const. Pour recevoir et renvoyer les novices, le prélat sera tenu d'accueillir le jugement de quelques membres de sa Congrégation, par lesquels il lui semblera pouvoir être davantage informé de ce qui convient pour cette admission ou ce renvoi. Ceci fait, il recourra à Dieu et, par lui-même, il déterminera et décidera ce qui lui semblera être davantage pour la louange de Dieu et pour le bien de sa Communauté, jugeant lui-même seul librement si un tel doit être admis ou non, et de même pour le départ d'un autre.
17. Const. Cependant il y a trois cas où le prélat ne devra pas décider ni voter. Premièrement, quand celui qui veut entrer est de sa famille ou de sa parenté. Deuxièmement, quand il est de son pays ou d'un pays si proche qu'on pourrait peut-être soupçonner que le prélat pourrait être influencé à son égard par un attachement dû à la proximité. Troisièmement, quand celui qui veut entrer est le fils spirituel de ce prélat, soit parce que celui-ci lui a donné les exercices spirituels, soit parce qu'il est son confesseur. Dans ces trois cas, le jugement pour admettre ou renvoyer appartiendra à la majorité des autres membres de sa Congrégation et Communauté.
VOTE D'IGNACE pour l'élection du préposé général

Jhus

M'excluant moi-même, je donne ma voix en notre Seigneur, pour être prélat, à celui qui aura le plus de voix pour l'être. Je l'ai donnée sans précision, en pensant au bien général. Si pourtant la Compagnie est d'un autre avis, ou si elle juge que c'est meilleur et pour une plus grande gloire de Dieu notre Seigneur, je suis prêt à y souscrire.

Fait à Rome, le 5 avril 1541
Iñigo

 

in Ignace de Loyola - Ecrits - traduits et présentés sous la direction de Maurice Giuliani - Collection Christus n° 76 - Descléee de Brouwer - Bellarmin - Paris 1991 - pages 277 - 287.
(Pour vous procurer ce livre, cliquez ici)



Voir aussi :
> Télécharger le fichier Délibération des premiers pères de 1539
> Le voeu de Montmarte vu par Ignace
> Le voeu de Montmartre vu par François-Xavier
> La fondation de la Compagnie de Jésus
> Les constitutions de la Compagnie de Jésus



Jésuites : serviteurs de la mission du Christ - © Compagnie de Jésus

saint Germain, évêque d’Auxerre . v. 378 + 448




Germain naît à Auxerre, de parents nobles et pieux. Il fut envoyé aux écoles les plus célèbres des Gaules, où il obtint de grands succès. Il alla ensuite à Rome étudier le droit et acquit bientôt une réputation éclatante par son éloquence au barreau. Les talents du jeune docteur le mirent en vue, et l'autorité impériale le revêtit d'une haute dignité militaire, à Auxerre, sa patrie.

L'an 418, saint Amator, évêque d'Auxerre, eut la révélation de sa mort prochaine et reçut de Dieu l'ordre de désigner Germain pour lui succéder. Il réunit le peuple dans sa cathédrale, et lui exposa quelle était la volonté de Dieu ; Germain, qui était présent, atterré d'une semblable nouvelle, entendit la foule acclamer son nom. Après avoir reçu successivement les différents ordres sacrés, il se résigna au sacrifice et accepta le fardeau de l'épiscopat. Il ne fit plus désormais chaque jour qu'un seul repas, composé de pain d'orge trempé dans l'eau ; il ne consentait à boire un peu de vin qu'aux solennités de Noël et de Pâques ; il passait les nuits en oraison, n'accordant à la nature qu'un court sommeil sur des planches couvertes de cendre.
Nommé légat apostolique pour aller combattre le pélagianisme dans la Grande-Bretagne, il passa par Paris, où il fit la rencontre de la pieuse bergère de Nanterre, sainte Geneviève, dont il prédit la gloire. Dans la traversée de la mer, Germain apaisa une horrible tempête en versant dans les flots quelques gouttes d'huile sainte. Ses miracles sans nombre opérèrent encore plus de bien que ses éloquents discours dans la Grande-Bretagne, et il eut la consolation de revenir à Auxerre, après avoir accompli un bien immense chez ces peuples infestés par l'hérésie.
Le saint évêque continua sa vie d'apostolat, de prière et de mortification, et devint de plus en plus illustre par le don des miracles. Un jour, un pauvre trouva le moyen de lui dérober son cheval ; mais il fut obligé de le rendre à l'évêque en lui disant qu'il n'avait jamais pu le diriger, et que, voyant là un châtiment de Dieu, il restituait à son maître l'animal volé : « Mon ami, lui dit le Saint, c'est moi qui suis coupable ; si j'avais eu hier la charité de te donner un vêtement, tu n'aurais pas eu l'idée de commettre ce vol » et il le renvoya avec une large aumône et sa bénédiction. Une autre fois, Germain guérit un jeune homme paralytique, en lui passant la main sur la longueur de la jambe. On rapporte de lui la résurrection d'un mort et de nombreuses guérisons.
Un jour, après avoir offert le saint sacrifice, il annonça sa mort très prochaine et mourut après sept jours de maladie.


Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.



SAN GERMANO D AUXERRE VESCOVO / A
 

alors, d’où lui vient tout cela ? - textes du jour

Vendredi 31 Juillet 2015
Hier

. . . soirée + En ville pour les compléments de cadeaux d’anniversaire de ma chère femme. Les deux magasins en véritables lieux de l’Esprit : la librairie Oberlin et le commerce équitable. La cathédrale ainsi par les rues pas larges, des places toujours intimes, quelles que soient leur taille, car hauteur et tranquillité des habitats les déterminant, à moins que ce soient ces places qui appellent la sérénité et donc la demeure. Le joyau intense, la couleur certes, mais l’originalité soit voulue (la façade et son dessin en ensemble et en détail) soit providentielle selon les tâtons historiques : les sculptures, les personnages chacun séparément et par groupes. Mieux que le chef d’œuvre, une totalité pour un unique message, mais tant de visages, tant de poses, donc tant d’histoires et de propositions d’exemplarités spirituelles. Les dehors, le palais Rohan, le baroque, les rues revenant à l’Ill, un autre pont des Arts avec les cadenas, les devantures pas grandes et respirant art, et indépendance d’inspiration. Strasbourg sans modèle, sans précédent avec l’imbécilité de cette année-ci : les remaniements de notre carte administrative, les noms de régions à trouver, leurs chefs-lieux respectifs, la faute et le péché contre la France et ce qui la constitue, pièce à pièce, siècle à siècle, adhésions et violences et amours pour un esprit commun, unique, je le crois, dans l’histoire de ces millénaires, le péché certes est le manque de consultation, mais plus encore l’inculture. Imposer son propre vide, le néant et la stérilité de ses structures mentales. Signé : FH. – Alsace nullement jumelle de la rive droite du Rhin, d’abord parce que sa germanité n’est ni la Prusse, arrivée là seulement en 1815, ni la Rhénanie ou une quelconque Lotharingie indépendantiste (l’échec du Téméraire), elle est celle des Habsbourg, des marchands parvenus, des surdoués de la diversité ethnique mais aussi du devoir d’Etat. Des féconds, même et surtout si on les a tués : erreur décisive de la France, que l’Europe entière a payé en 1938 et repayé à l’effondrement du « mur » de Berlin… et à l’élargissement aux pays dits de l’Est, d’une Union mal conçue institutionnellement… la liberté ne vint pas de l’escalade et de la mansuétude de GORBATCHEV, elle est venue de la capillarité austro-hongroise rétablie dès 1986 (en coincidence avec l’ouverture de l’URSS aux aides « occidentales » pour Tchernobyl, scenario que refusa POUTINE pour le Koursk… Les quais de l’Ill, les toits aux pans immenses, les tuiles mieux que roses ou rouges, arrondies comme les coquilles Saint-Jacques, les fleurs, la tranquillité et la force de l’eau. – Daniel, un échiquier sur le macadam du trottoir : ingéniosité d’une mendicité qui offre une rétribution, la partie ? ou mieux encore : un génie que j’entrevois… Allant à la cathédrale, un portraitiste, assez vrai… un musicien donnant à entendre tous les instruments à corde en tapant sur le couvercle vaste d’une marmite à l’ancienne… un violoncelliste, seul devant toute la façade donnée en grès par les Vosges. Les Vosges bien plus parlantes que la Forêt Noire, et la lèvre inférieure (la rive gauche du Rhin) du sourire et de la fécondité de la vallée rhénane, bien plus large, onctueuse, gibbeuse que celle de la rive droite à hauteur de Strasbourg et en amont. La ligne bleue des Vosges peut-être, mais la royauté et l’équilibre de la plaine d’Alsace, à cela – sans ostentation ni « chauvinisme » – je la déclare avec assurance : française de toujours... il y a tant de versions française, mais la seule à pratiquer encore quotidiennement sa langue originellement majoritaire, me semble la plus vibrante en histoire, en aménagement des cultures et des villages : ROUGET de LISLE, KELLERMAN, Gustave DORE, l'affaire du collier et les noyers d'Altenburg, Novembre 1918 et Novembre 1944 (dates de naissance de l'homme du 18-Juin et de notre fille... j'aime tout cela, ces coincidences, le sujet de géographie pour mon bac et les éditions d'époque pour HANSI, le culte local pour LECLERC, l'école de Marc BLOCH et celle de FUSTEL de COULANGES, la mûtilation qui nous a constitués pour l'époque moderne : celle de 1871 et notre ancêtre éponyme né ici). Il y a l’homogénéité et la volonté de cohérence de Versailles sur les quai de l’Ill et sur la route des vins et le long de la vieille voie ferrée de Strasbourg à Bâle. Nous en avons la série de paysages lithographiées d’époque allemande mais légendées en français. Strasbourg, perpétuel soleil couchant pour la robe mais vivacité des sculptures, de la façade et de la tour, qui sont les traits et la silhouette d’une adolescente, me plaisant totalement. Ici, je suis en cohérence de tout, mon mariage est une ratification, les promenades du soir dans le village autrefois totalement maraîchers et qui conserve la plupart des maisons et jardins : la Robertsau.
 Blog. politique [1].
Aujourd'hui 

Prier… la saint-Ignace… ceux qui de 1950 à 1960 m’ont formé… JL de 1985 à sa mort, tout autant mais selon une autre étape de ma vie, et dans un registre autre… je me crois cependant a priori sans plus d’affinités, mais aller au site de la Compagnie en sa province de France, dès les premières lignes d’Ignace… je suis à nouveau dans ce qui m’a fait devenir. Mes dettes… chacun de mes deux parents, père et mère, mon frère aîné, et la Compagnie, directement par « le » collège (1950-1960) et indirectement par chacun des Pères qui m’ont reçu et accompagné, aussi par ceux que j’y ai rencontré, vivant ensemble ces dix ans, nous retrouvant encore périodiquement, et quelques amitiés d’âme encore plus fortes, dont mon si cher Michel T.de P. aussi des témoignages, tel que celui d’Eric de L. Le sérieux d’un legs vivant imprégnant enfance et adolescence grâce à des hommes, rétrospectivement très jeunes, pas plus de la quarantaine sans doute et aux vies, après le moment où nous les connûmes et en reçûmes tant, somme toute plus qu’humbles et chacun. Pour la plupart, ni prédications célèbres, courues, ni livres ni même articles. La liste simple au cimetière du Trocadéro… Prescriptions mosaïques, toutes règles fondatrices ou formatrices, la famille, parents/enfants, époux. Rites et assemblées. … le huitième jour… vous ne ferez aucun travail, aucun ouvrage [2].  Le premier jour, vous tiendrez une assemblée sainte et vous ne ferez aucun travail, aucun ouvrage. Mobilisée et mobilisant à propos de sexe, d’avortement, d’euthanasie, naguère à propos de la liberté d’enseigner, l’Eglise de France ne se bat pas beaucoup pour le repos dominical, sujet pourtant crucial et au carrefour de tout : conception du travail et de l’économie salariée, conception de la famille et du rite et de la réunion et de l’échange, parabole évidente de la Genèse et de la dernière Cène. Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là. Attestation a contrario de ce que les miracles sont un appel divin au meilleur de l’homme : son don à la foi. Le miracle est entériné, constaté par le Christ. Le Christ produit la foi, le croyant fait la suite et le reste, miracle et conversion. Affirmation aussi et plus encore de l’Incarnation : le métier, la fratrie, la filiation, les relations sociales : n’est-il pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie et ses frères … et ses sœurs…. D’où le prodige : alors, d’où lui vient tout cela ? Notre réponse : et habitavit in nobis. L’extraordinaire et à notre portée quotidienne.



[1] - journal d’inquiétude & vie de certitudes
matin
Taxi retour au garage de Dambach-la-Ville, pied des Vosges et route des vins, pour le cadeau d’anniversaire de ma chère femme : un train de quatre pneus neufs (Michelin, entrée de gamme…). Un étranger d’origine, mais à l’excellent français. Question et un véritable, par bribes et phrases aisées et sobres, cours d’université. Selman est kosovar. Père dans le petit immobilier à Pristina. Parti en 1999 avec sa femme, deux mois en Suisse,  arrivé ici, une tante déjà en France, entreprise de taxi à Strasbourg. Considérations sur les investissements le long de la côte monténégrine, le sable plus fin et plus blanc à mesure que l’on descend vers le sud. Grands parents, le père musulman, la mère catholique. Tolérance et mixité religieuses, au contraire de la Bosnie-Herzégovine. Mais ruine économique depuis la guerre par l’adoption de fait de l’euro. comme monnaie. Stabilité politique relative, mais instabilité alentour : Macédoine en particulier, Serbie aussi, tenant essentiellement à une rivalité très sensible entre Américains et Russes. Inexistence de l’Union européenne en géostratégie dans les Balkans. Albanie sans revendication territoriale, arriérée, mais l’albanais est la langue courante au Kosovo et dans les deux-tiers de la Macédoine et au-delà. Jeune et plus qu’athlétique. Je lui conseille de faire des études en sus de son entreprise qui a plusieurs employés. – Comme le plus souvent, ce genre de rencontres m’apprend plus que des conférences livresques ou des livres-essais non vécus. La géographie n’est pas anthropologie mais vie sur place. Elle est l’étude de l’homme fait par les paysages et les ressources potentielles. L’histoire est le récit des mises en œuvre, et des batailles autour de ce qui réussit.
soirée
Chaines parlementaires. Le Sénat. Montage d’une série de quelques mois avec la succession de quelques-uns des ministres de l’Intérieur (sauf Sarkozy), mais Chevènement, Joxe, Pasqua, Hortefeux, Jean-Louis Debré, Alliot-Marie et finalement Valls par contraste et alors place Beauvau. Lui à ses quarantes ans et Alliot-Marie très bien « conservée », mais les autres à faire peur, d’autant que par dérision ? ils sont filmés, le visage et même des parties de visage en très gros plan. Tous affreux, peau malsaine, boutons. Hortefeux, albinos et glabre. Joxe, pourtant devenu une autorité morale est tuméfié et aussi poilu plus qu’un sanglier. Chevènement, le visage d’une vieille dame de Faizant, etc… La fraicheur relative de Valls met en évidence le vide de son texte. Les yeux sont alors moins ceux d’un drogué (les yeux aussi de Sarkozy, fréquemment) que maintenant, trop vifs, trop brillants et au total : inexpressifs. Son expression fera-t-elle balle : la gauche, c’est l’ordre. Macron avait eu une formule du même tonneau : être de gauche, c’est réussir.
Justement, le ministre de l’Economie sur Areva, dont toute la partie centrales nucléaires et production est reprise par EDF. Son dire aux journalistes est encore plus flou que ceux de Montebourg, et il ne s’agit que très vaguement d’études diverses et de prises de responsabilités, alors que le sujet est à l’ordre du jour publiquement depuis un an et sans doute sur la table des gouvernants depuis plusieurs années, et le premier scandale des mines-bidon achetées à prix d’or en Afrique du sud-ouest. Une dette ou un déficit de 7 milliards d’euros a des causes : personne ne les dit publiquement. L’occasion d’une entente Areva-Siemens, marquant enfin un vouloir industriel proprement européen, est une fois de plus manqué. Lacune de la politique française depuis au moins vingt ans. L’autre, éclatante, c’est la faiblesse de nos dirigeants de grandes entreprises : aucune capacité ni stratégique ni financière, ce ne sont que des gens s’engraissant et préparant licenciements et mises de la clé sous les portes. Je caricature évidemment mais nos grands groupes en services ou en industrie ou en production sont quand même cela, au lieu d’un très grand patronat, d’origine souvent familial ou sachant recruter dans l’esprit de la fondation initiale, des directeurs sans libido et gratifiés principalement par l’honneur de diriger.
Scandaleusement, encore une fois et sur le sujet le plus propre à chacun des Français : son nom, le nom de son origine, de ses lieux de vie, le respect de sa tradition, de ses héritages, de son regard sur lui-même. Donc, re-le solo présidentiel, sinon de quelques gouvernants autour de Hollande, va « dévoiler » le nom et la ville chef-lieu des nouvelles régions. Pour un Alsacien, ce ne peut pas même être la Lotharingie. Imposer des noms, fabriquer des identités… décider toujours sans consultation. Et pour des sujets ne requérant ni urgence ni économies. Cela et la liaison Gayet ont rendu pour moi Hollande impardonnable. Patrimoine industriel bradé, pénétration des capitaux étrangers les plus douteux et les plus contraires à toutes nos formes de pensée et de société, ratage complètement du passage du marché commun agricole à autre chose…: et pas même un peu de consultation, de démocratie, d’égards envers les citoyens, dépouillés même de leurs mémoire et identité (les plaques minéralogiques, les nouvelles régions).
La Grèce. D’abord la démocratie, un parti radical est élu, novation totale en Europe. Puis une négociation où la démocratie peut l’emporter sur les dogmatiques, d’autant que la France a tout intérêt à faire bouger l’Allemagne et que les recettes du pacte budgétaire sont même désavouées par le FMI, qu’enfin les Grecs ont été abusés pendant des années par le système financier international et les banques qui l’ont monté et continuent de narguer les gouvernements tout en se faisant goberger par la Banque centrale européenne… Puis un referendum tandis qu’en secret se prépare l’éventualité d’un échec des négociations. Le referendum confirme et amplifie le vote de Janvier : non, à l’anti-logique européenne. Mais exactement comme la France en 2005, ce non au contraire amène Tsipras à l’ennemi. La Grèce passe sous les fourches caudines, son parlement entérine quitte à ce que la majorité change de couleur. Maintenant, fin du fin, nouveau referendum mais à l’intérieur du parti puis congrès de ce parti, le tout pour avaliser exactement le contraire de ce pour quoi le peuple grec lui a donné le pouvoir. Avec Hollande, la trahison a été plus feutrée et surtout n’a pas cherché à être avalisée, légitimée. Quelle honte. – L’Europe actuelle mérite de ne toujours pas exister. Elle s’est donnée pendant cinquante ans le prétexte de l’hégémonie ou de la fascination américaines. Maintenant, ce n’est qu’elle-même son propre prétexte. L’Europe a inventé la démocratie, c’est son arme principale pour rivaliser avec la Chine et la Russie : économie, financers, territoire, mais elle en devient le contre-exemple, pas seulement par la manière dont elle cède aux extrêmes (ses extrêmes) sans jamais dialoguer d’ailleurs avec celles-ci : les migrants, les immigrants, nos racismes. Quel beau jeu pour les adversaires de l’Europe. Quel désespoir pour ses citoyens… l’Europe changerait tout.. si elle était elle-même ; pour l’heure, elle est sa propre tombe, elle fabrique quotidiennement son empêchement.
Leçon de ce matin, les camions remontant de Colmar vers Strasbourg, immobilisés et tassés sur trente kilomètres. L’éco-taxe en Allemagne, pas chez nous : donc, détournement et concurrence fiscale. Résultat pour l’argent : la pollution et évidemment le mal-être des salariés au volant, le plus souvent selon notre ami de ce matin, des Polonais embauchés par les Français et les Allemands, salaire moyen de 400 euros/mois… Ecologie : le transport par chemin de fer n’est toujours pas pratiqué depuis vingt-trente ans qu’on en parle, alors que les grands axes de l’ouest-européen et le massif alpin y sont si propices. Les transports par autocar à bas coût pour une SNCF élitiste quoique n’investissant plus depuis peut-être trente ans, les faux TGV… le contraire d’une transition énergétique. L’automobile continue partout, le train recule.

[2] - Lévites XXIII 1 à 37 ; psaume LXXXI ; évangile selon saint Matthieu XIII 54 à 58

jeudi 30 juillet 2015

saint Léopold (Bogdan) Mandic, prêtre o.f.m. cap. - 1866 + 1942



L’Ordre, après la canonisation, a demandé de fixer la fête au 12 mai (jour de la naissance sur la terre) ; le Martyrologe Romain le commémore le 30 juillet (dies natalis).
Né le 12 mai 1866 à Herceg Novi (Dalmatie), Bogdan Mandic entra chez les Capucins de Bassano del Grappa (Vénétie) en 1884 et reçut le nom de Léopold.
Après son ordination sacerdotale en 1890, il resta sept ans à Venise comme confesseur, puis fut nommé supérieur de l'hospice capucin de Zara. Trois ans après il redevint confesseur dans différents couvents : Bassano, Capodistria, Thiene et Padoue.
Destin étrange que le sien : en 1887, pendant ses études, il se sentit appelé à prier et à travailler à l'unité de l’Église ; il demanda à maintes reprises d'être envoyé comme missionnaire en Orient ; il fit même le vœu de travailler au retour de son pays à l'unité de la foi ; en 1912 il s'offre en victime pour la rédemption de ses frères d'Orient. Mais ses supérieurs en décideront autrement.
Ce n'est qu'en 1936, à l'âge de soixante-dix ans, qu'il se dit : « Toute âme qui recourra à mon ministère de la confession sera mon Orient. »
Six ans plus tard il mourait à Padoue, le 30 juillet 1942.
Léopold (Bogdan) Mandic a été élevé à la gloire des autels, le 2 mai 1976, par le Bx Paul VI (Giovanni Battista Montini, 1963-1978) et canonisé, le 16 octobre 1983, par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).


Source principale : capucinsorient.org (« Rév. x gpm »). 

SAN LEOPOLDO MANDIC / A

saints Abdon et Sennen, martyrs † 254



Abdon et Sennen, nobles persans, avaient été comblés de biens et d'honneurs par les rois de Perse, qui les avaient investis des premières dignités de l'État. Cependant, leur piété et leur zèle pour la foi catholique surpassaient leurs immenses richesses et la noblesse de leur sang.
L'empereur Dèce, grand ennemi du christianisme, remporta une victoire décisive contre les rois persans, devenant par le fait même, maître absolu de plusieurs pays. Ce prince inique résolut d'exterminer les chrétiens dans tout son empire. Abdon et Sennen ressentirent une profonde affliction en voyant les cruelles injustices dont l'indigne empereur accablait les fidèles qui étaient chaque jour victimes d'odieux procédés. D'un commun accord, ils s'appliquèrent de tout leur pouvoir à fortifier et encourager leurs frères chrétiens. Ils ensevelissaient les martyrs, sous peine d'encourir eux-mêmes la terrible colère de leur nouveau souverain.
Dèce, instruit de leurs actions, commanda de les arrêter et de les conduire devant son tribunal. Usant d'abord de douceur à leur égard, il essaya de les persuader qu'il était redevable de sa victoire aux dieux de l'empire, et qu'il était de toute justice qu'ils les adorassent.

Les deux frères répondirent à Dèce que les vaincus avaient adoré les mêmes faux dieux que lui, et n'en avaient cependant pas moins perdu la bataille. Que pour eux, ils n'adoreraient jamais que le seul vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et son Fils Jésus-Christ qui donnait la victoire aux uns et permettait que les autres fussent vaincus à cause des desseins cachés de sa Providence.

Dèce leur déclara qu'il tenait à tout prix et sous peine de mort, qu'ils adorassent les mêmes dieux que lui. « La seule raison nous démontre, grand Prince, qu'il ne peut pas y avoir plusieurs dieux : deux maîtres souverains ne sauraient subsister dans l'empire. Ce que vous appelez des dieux ne sont que des démons, les singes de la Divinité dont les hommes sont dupes. Il n'y a qu'un seul Dieu, et c'est ce seul Dieu, notre souverain Maître et le vôtre, que nous adorons.Je saurai bien venger nos dieux de vos blasphèmes, et vous faire repentir de votre impiété !” » répliqua l'empereur.
Ne pouvant supporter plus longtemps les propos que Abdon et Sennen lui tenaient, Dèce ordonna de charger de chaînes les martyrs et de les enfermer dans une obscure prison; et quand il s'en retourna pour triompher, il les amena avec lui afin qu'ils servissent d'ornements à son triomphe. Il les fit ensuite comparaître devant les membres du sénat leur disant qu'il ne tenait qu'à eux de recouvrer leurs richesses et leurs dignités, et d'arriver aux premières charges de l'empire ; que pour cela, il leur fallait seulement sacrifier aux dieux. Abdon et Sennen répondirent à l'empereur qu'ils ne reconnaissaient qu'un Dieu, Jésus-Christ, et n'adoreraient jamais des idoles qui n'étaient que des démons.
Ils furent renvoyés en prison, et le lendemain, traînés dans l'amphithéâtre où l'on devait, par force, leur faire fléchir le genou devant la statue du soleil. Les martyrs, ayant insulté cette statue, furent fouettés cruellement, et on lâcha contre eux deux lions et quatre ours. Ces animaux se couchèrent à leurs pieds et devinrent leurs gardiens de telle façon, que personne n'osait s'approcher d'eux ; enfin, des gladiateurs vinrent mettre fin aux jours des martyrs.
Une fois décapités, les bourreaux attachèrent les pieds des martyrs et traînèrent leurs corps en présence de l'idole du soleil. On les laissa là pendant trois jours, sans sépulture, dans l'intention d'inspirer de la frayeur aux chrétiens. Au bout de ce temps, le sous-diacre Quirin enleva les précieuses dépouilles et les ensevelit dans sa maison.





Tiré de l'Abbé Jouve, 1886, deux. éd. tome 3, p. 163-167

SANTI ABDON E SENNEN MARTIRI / Snnn A