jeudi 31 août 2017

que nous puissions revoir votre visage et compléter ce qui manque à votre foi - textes de ce jour



Jeudi 31 août 2017
 
                                                         07 heures 45 + Rassasie-nous de ton amour au matin… que vienne sur nous la  douceur du Seigneur notre Dieu ! [1]
 

22 heures 54 + La densité de tout, tellement tout et chaque tout me paraît très signifiant, chaque tout importe : notre moment politique, probablement le plus important depuis 1958 mais ni par lumière ni par constructivité, plutôt un terrible mais serein constat. En regard et saisissant, hier soir sur la 3, la biographie simplifiée de la reine Elisabeth II, la dévotion au devoir d’Etat et l’intelligence, la leçon d’une monarchie à ceux qui ont dégénéré le legs de l’homme du 18-Juin. En ajout pas inutile, la biographie du prince Philip. Avant-hier, sur Arte, les derniers états de la France d’armistice, Sigmaringen, présentation d’erreurs et de contre-sens mais donnant une sensation quand même juste. La présentation du livre-thèse de Régis DEBRAY, donné comme philosophe, sur un nouveau pouvoir, ce que serait celui de notre élu du 14-Mai. Chez l’orthodontiste, deux numéros de plus de Match, produisant EM en couverture, quinze ou vingt fois en un an… quelle puérilité que cet appel à l’adhésion, avant, pendant, depuis l’élection.  Un film maintenant, HUPPERT et FROT, les sœurs fâchées, admirable de contraste, d’art de vivre, de rapport à soi ou à la vie. Ce que j’apprends en deux demi-journées, un peu mieux, sur mon cher Michel TdeP .Ce que je ne peux communiquer à personne de ma fratrie, sauf peut-être un de mes frères, mon angoisse, ma prière, le drame que vit ma sœur et qui me traverse : inopinément, le pire de la mort, la survie en version malade, handicapée. – Tout cela, j’essaye de l’approfondir, dès que j’ai le temps, rythme de la rentrée, de notre fille, des invitations données et reçues, et surtout notre vie de couple, ma femme que je regarde et que je vois sourire. Notre fille et son après-midi prolongée en soirée : quatre amies pour l’anniversaire d’une d’elles souhaitée par surprise.


Je prie devant ce clavier, ma machine foireuse qui ne reçoit plus, le logiciel pour les photos qui va de travers, l’imprimante sans pilote et donc inerte… et chacun de mes pas, chaque sensation de mon corps suivant qu’il fonctionne ou qu’il grippe et souffre, j’en ai alors ma part d’âme, sont l’instant d’un remerciement. Sur le tard, je m’aperçois que tout est cadeau, mais combien je déteste la souffrance, le handicap, la pauvreté quand immobiles et précis ils, elles sont devant moi et je ne sais qu’en faire, quoi dire. Prier alors aux larmes et en foi totale. Que nous passions nos jours dans la joie et les chants. Psalmiste insensé ? ou sage orant qui chante ? [1] Simplicité de Jésus, vérité de Sa recommandation : veillez, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient… c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. Jésus à Ses disciples, Il est parmi nous, parmi eux et nous avertit de Sa venue, de la conclusion. Qu’ainsi il affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints. Amen.



[1] - 1ère lettre de Paul aux Thessaloniciens III 7 à 13 ; psaume XC ; évangile selon saint Matthieu XXIV 42 à 51

samedi 26 août 2017

béni soit le Seigneur qui aujourd'hui ne t'a pas laissée sans quelqu'un pour te racheter - textes du jour


Samedi 26 Août 2017


Télévision, passionnant et cafardant film sur une remontée de la Volga jusqu’à rejoindre le lac Ladoga puis Pétersbourg, des niveaux de vie que j’ai connus et vécus au Kazakhstan, des retards de cinquante ans, le tragique et la vie, C’est sur la chaîne allemande Phoenix. Nouvelles de France, journées de la France insoumise à Marseille, nous sommes la seule opposition, la prêcheuse dans la foule, des femme surtout, lunettes noires. Puis rue de Solférino ou maison de la chimie à Paris, entrée en colloque des cadres socialistes, révolutionner, renouveler, péremption, tête des gens, embrassades entre hommes comme naguère il y eut le salut hitlérien. Enfin, bain de foule des MACRON au Touquet, la villa ou la maison semble en hauteur en sorte qu’il y a descente des marches vers la foule, le commentaire : retrouver les Français, en être proche après les trois jours dans le sud-est européen. Pitoyable pour les partis, du moins en transcription télévisuelle, et affligeant de mise à côté pour EM. La prétention n’est jamais exaucée. Je crois ce mandat peu durable, sans longévité et pas du tout un premier commencement, c’est au contraire la conclusion d’un cycle où dans un registre pas inventorié ni analysé finalement malgré ce que fit croire la campagne de l’élu pendant un an, on aura essayé tout. Le pouvoir n’est ni proche des Français ni proche mentalement des questions à résoudre et des sujets à traiter. Je ne perds pas du tout espoir, je suis curieux de la suite. – Dans l’immédiat, tous les échos de presse et les anecdotes du Canard attestent que cette communication dont EM se vantait qu’elle serait archi-cadrée et donc – supposait-il – archi-productive (mais en quoi ? modèle et image à faire passer ? au lieu de l’incitation à la participation de tous au pouvoir ?) aboutit au strict contraire : elle n’a pas de contenu, elle est rigide. Ce constat n’est que politique. Je crois volontiers que le prince du moment est authentique, n’a rien caché ni de sa biographie, ni de sa personnalité : il est froid mais de bonne volonté, il est sans imagination ni perspective parce qu’il n’en a ni le don, ni l’instinct et qu’il n’en a pas reçu la formation. Il ne serait pas jeune qu’il serait plat. Les comparaisons, maintenant américaines, avec Napoléon, seul précédent français en âge d’accès au pouvoir ne disent pas du tout notre actualité, car il n’y a ni aujourd’hui ni l’intensité d’un mouvement inouï de la société, ni le remuement de tous les peuples en Europe, ni le génie propre à BONAPARTE au civil comme au militaire. Le seul précédent serait VGE, mais VGE, même s’il ne fut pas réélu, a pleinement incarné une époque des relations internationales et d’une entrée sereine de la France dans autre chose que l’après-guerre et la structuration gaullienne. Les dialectiques ont changé en 1974, nous avons cru les trouver et en avons vécu jusqu’à cette élection-ci : l’alternance au pouvoir et la fin progressive d’idéologie voulant contrarier un cours libéral de plus en plus irrépressible, apparemment. Nous aboutissons à un civisme renaissant mais qui, actuellement, n’a pu s’exprimer que par l’abstention : les 54% des législatives après les 53% du second tour, soit certainement 30% motivées et volontaires, ajoutant substantiellement aux abstentions dites structurelles ou incompressibles… Il y a un socle, il y a un ressort, mais les points d’application ne sont pas trouvés. – Il faut que je regarde les textes censés dire le voyage présidentiel de ces trois jours, et surtout que je fasse le point de la campagne électorale allemande qui semble s’aviver. 

Prier… je tiendrai journal plus longuement demain. Ressort de la grâce après une journée de total repos, tant je me suis trouvé fatigué après ces jours de jachère et d’accueil. Tout est aujourd’hui bonheur et certitude, selon les textes du jour. Le destin de Ruth dont la fidélité à sa belle-mère a été notoire et est connue de Booz. Pourquoi ai-je trouvé grâce à tes yeux, pourquoi t’intéresser à moi, moi qui suis une étrangère ? Nous devant Dieu [1]L’enfant que Ruth et Booz se donnent mutuellement est élevé par Noémi, tout le monde vit à Bethléem. Un extraordinaire « happy end » et la reprise de l’histoire du salut, ce n’est plus le temps des Patriarches et de la Promesse, c’est la généalogie du Christ qui commence. Ce sont des fragments du Magnificat et des rencontres entre générations et cousines à la gestation de Jean le futur Baptiste et de Jésus. Cantique des femmes à Noémi. Béni soit le Seigneur qui aujourd’hui ne t’a pas laissée sans quelqu’un pour te racheter ! Que son nom soit célébré en Israël ! Cet enfant te fera revivre, il sera l’appui de ta vieillesse : il est né de ta belle-fille qui t’aime, et qui vaut mieux pour toi que sept fils… Thème de ma rencontre pénitentielle ce matin, église de Theix, entrée par le transept, mon cher recteur, agenouillé, dos très droit, noir de cheveux et de vêtement, homme de prière et de spiritualité. Nous n’aurons donc jamais explicitement communié sauf en liturgie et en sacrements de la vie quotidienne ou des circonstances exceptionnelles. Commentaire et conseils : le Christ au centre de notre vie, de ma vie, de la sienne, à chaque instant. Leçon du Christ aux foules et à ses disciples. La féroce caricature de ceux qui enseignent dans la chaire de Moïse et l’affirmation : vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé.  Prier dans cette nuit, prier dans ces va-et-vient des sentiments et supputations sur soi, toute longévité, prier dans cette inquiétude pour le sort, l’avenir de mes aimées, prier en confiance absolue : le signe qu’elle est fondée et bien placée, c’est qu’elle m’est donnée. Aucun élément immédiat ne la nourrit, la lumière qui m’est donnée est tout autre.    Conclusion, le psaume : voilà comment sera béni l'homme qui craint le Seigneur. De Sion, que le Seigneur te bénisse ! Tu verras le bonheur de Jérusalem, tous les jours de ta vie.       


[1] - Ruth II 1 à 11 & IV 13à 17 ; psaume CXXVIII ; évangile selon saint Matthieu XXIII 1 à 12

vendredi 25 août 2017

saint Louis (Louis IX), roi de France : 1215 + 1270




Louis a frappé ses contemporains par son sens de la justice, sa profonde piété et sa grande charité envers les pauvres ; sa vertu le faisait regarder comme l'arbitre des princes d'Europe.

Il fut baptisé à Poissy, et en conserva toujours religieusement le souvenir, car plus tard il signait ordinairement Louis de Poissy, marquant par là qu'il estimait la grâce du baptême comme son plus glorieux titre de noblesse. Sa mère, Blanche de Castille, voulut le nourrir elle-même. Tout le monde connaît la belle parole de cette grande reine : « Mon fils, je vous aime après Dieu plus que toutes choses ; cependant, sachez-le bien, j'aimerais mieux vous voir mort que coupable d'un seul péché mortel. »

Élevé à une telle école, le jeune Louis montra dès son enfance les grandes vertus qu'il devait faire éclater sur le trône, l'égalité d'âme, l'amour de la justice et une tendre piété. Comme on lui reprochait quelques fois de donner trop de temps aux pieux exercices : « Les hommes sont étranges, disait-il ; on me fait un crime de mon assiduité à la prière, et on ne dirait rien si j'employais des heures plus longues à jouer aux jeux de hasard, à courir les bêtes fauves, à chasser aux oiseaux. »
Devenu roi, il voulut établir avant tout le règne de Dieu, auquel sont indéfectiblement liés le Roi et la France. Il s'appliqua plus que jamais à faire de la France un royaume puissant et chrétien. On connaît sa loi condamnant les blasphémateurs à subir aux lèvres la marque d'un fer rougi au feu.
Un des plus beaux jours de sa vie fut celui où il alla au-devant des religieux qui apportaient d'Orient la sainte Couronne d'épines, et la porta, pieds nus, dans sa capitale. Il fonde des hôpitaux et des monastères. Il réalise son grand projet : construire la Sainte-Chapelle comme une châsse de lumière et de vitraux destinée à recueillir les saintes reliques, surtout la Couronne d'épines. Il donne à sa sœur, la bienheureuse Isabelle de France, le terrain de Longchamp pour y fonder une abbaye de religieuses de Sainte-Claire. « Si je dépense beaucoup d'argent quelquefois, j'aime mieux le faire en aumônes faites pour l'amour de Dieu que pour frivolités et choses mondaines. Dieu m'a tout donné ce que j'ai. Ce que je dépense ainsi est bien dépensé. » (Saint Louis au sire de Joinville)
À vingt ans, il épouse Marguerite de Provence et leur amour sera tendre et fidèle. Saint Louis fut aussi un modèle du pur amour conjugal ; il avait fait graver sur son anneau cette devise : « Dieu, France et Marguerite. »
À la suite d'une maladie mortelle, guéri miraculeusement, il obéit à une inspiration du Ciel qui l'appelait aux Croisades. Il part pour délivrer la Terre Sainte en 1248. On le vit, dans ces luttes gigantesques, qui avaient pour but la libération des Lieux Saints, faire des actes de bravoure qui le mettaient au rang des plus illustres guerriers. On se tromperait en croyant que le bon et pieux roi n'eût pas toute la noble fierté qui convenait à son rang. Les Sarrasins, qui le retinrent longtemps captif, après une désastreuse campagne, eurent lieu d'admirer sa grandeur d'âme, sa foi et son courage.
Une fois libéré et rentré dans son royaume, il y entreprend de grandes réformes en particulier l'interdiction du duel judiciaire.
Son royaume connaît une période de plein développement culturel, intellectuel et théologique.
Saint Louis aime recevoir à sa table saint Bonaventure et saint Thomas d'Aquin. Avec Robert de Sorbon, il fonde la Sorbonne (1257). Il suit avec attention l'achèvement de la cathédrale Notre-Dame et surtout les grandes rosaces (1255) et les porches.
Son plus grand souci est de pacifier, de réconcilier les ennemis et d'éteindre les conflits, en particulier entre la France et l'Angleterre (1258). Mais il rêve de retourner en Terre Sainte et de convertir le sultan d'Égypte. Il n'ira pas plus loin que Carthage, l'actuelle Tunis. La maladie a raison de lui le 25 août 1270.


Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950. et Nominis.

Prière dite de St Louis*
Dieu Tout-Puissant et éternel, qui avez établi l'empire des Francs pour être dans le monde l'instrument de votre divine volonté, le glaive et le bouclier de votre sainte Église, nous vous en prions, prévenez toujours et partout de votre céleste lumière, les fils suppliants des Francs, afin qu'ils voient ce qu'il faut faire pour réaliser votre règne en ce monde, et que pour accomplir ce qu'ils ont vu, ils soient remplis de charité, de force et de persévérance, par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Amen.
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*ou “ prière des Francs ” : oraison tirée en fait d'un missel carolingien. 

Prière qu'affectionnait le bienheureux Charles de Foucauld
Prière officielle des scouts de France. 
BFF – elle ne l’était pas dans les années 1930-1960 : c’était celle du Père SAVIN. Seigneur Jésus, apprenez-nous à être généreux…













Reliquaire de Saint Louis destiné à abriter les ossements du roi (XIXe ...
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Saint Louis
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Louis IX

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Louis IX
Saint Louis
Sceau de majesté de Louis IX, dit Saint Louis.
Sceau de majesté de Louis IX, dit Saint Louis.
Titre
8 novembre 122625 août 1270
(43 ans 9 mois et 17 jours)
Couronnement
Prédécesseur
Successeur
Biographie
Dynastie
Nom de naissance
Louis de France
Date de naissance
Lieu de naissance
Date de décès
25 août 1270 (à 56 ans)
Lieu de décès
Père
Mère
Fratrie
Conjoint
Enfants
Religion
Résidence

Louis IX
Louis IX, né le 25 avril 1214 à Poissy et mort le 25 août 1270 à Tunis, dit « le PrudhommeL 1 », communément appelé Saint LouisN 1, est un roi de France capétien du XIIIe siècle, qui régna pendant plus de 43 ans de 1226 jusqu'à sa mort. Considéré comme un saint de son vivant, il est canonisé par l'Église catholique en 1297. 44e roi de France, et neuvième issu de la dynastie des Capétiens directs, il est le cinquième enfant et deuxième fils connu du roi Louis VIII, dit « Louis le Lion » et de la reine Blanche de Castille, de laquelle il reçoit une éducation très stricte et très pieuse durant toute son enfance. Aîné des membres survivants de sa fratrie, il hérite de la couronne à la mort de son père, alors qu'il n'est âgé que de douze ans. Il est alors sacré le 29 novembre 1226 en la cathédrale de Reims, mais c'est la reine mère qui, conformément au testament de Louis VIII, exerce la régence du royaume jusqu'à la majorité du nouveau monarque.
Devenu adulte, Louis IX met fin au conflit entre Capétiens et Plantagenêt et se soucie de l'extension du domaine royal, auquel il rattache notamment les baillies d'Aix-en-Provence, Beaucaire et Carcassonne ainsi que les comtés de Blois, Chartres, Chateaudun et Sancerre, tout en consolidant sa souveraineté sur la Normandie, l'Anjou, la Touraine, le Maine et le Poitou. Il mène un règne inspiré des valeurs du christianisme qui contribue à fonder l'idée que les pouvoirs spirituel et politique peuvent être incarnés par un seul homme. Il atténue les excès de la féodalité au profit de la notion de bien commun et développe la justice royale où le souverain apparaît comme « le justicier suprême ». De cette manière, il fait progressivement passer la France d'une monarchie féodale à une monarchie moderne, ne reposant plus seulement sur les rapports personnels du roi avec ses vassaux, mais sur ceux du roi en tant que chef de l'État avec ses « sujets ».
Louis IX est effectivement un roi réformateur qui veut léguer un royaume dont les sujets seront soumis à un pouvoir juste : il renouvelle la « Quarantaine-le-roi », introduit dans le pays des baillis et des prévôts, ordonne la présomption d'innocence, atténue l'usage de la torture, interdit l'ordalie et la vendetta et institue la supplicatio, consistant à pouvoir faire appel au roi pour l'amendement d'un jugement. Sa réputation dépassant les frontières du royaume, son arbitrage est parallèlement sollicité par les différentes monarchies d'Europe. Il établit également dans le royaume une monnaie unique et se fait l'instigateur des institutions qui deviendront le Parlement et la Cour des Comptes. Très pieux, il fait d'autre part construire plusieurs églises, abbayes et hospices, vient en aide aux plus faibles, travaille à la conversion des princes mongols, soutient la fondation du collège de Sorbonne et se procure des reliques de la Passion pour lesquelles il fait construire la Sainte-Chapelle en 1242.
Conformément à son vœu prononcé à la suite d'une grave maladie, puis confirmé à la suite d'une guérison considérée comme miraculeuse, Saint Louis part se battre avec ses frères Robert d'Artois, Alphonse de Poitiers et Charles d'Anjou, tout d'abord en Égypte lors de la septième croisade. À son retour, alors qu'il est persuadé que son échec est dû à l'état d'immoralité du royaume, il travaille à renforcer son autorité et à rétablir la moralité chrétienne. Il décide ainsi de punir le blasphème, les jeux d'argent, les prêts à intérêts et la prostitution ; il tente également de convertir de gré ou de force les juifs de France. À cette fin, il finit par leur imposer diverses mesures, dont le brûlement du Talmud et, vers la fin de son règne, le port de la rouelle, tout en les protégeant lorsqu'ils sont injustement attaqués. Enfin, en 1270, il repart en Tunisie pour la huitième croisade, au cours de laquelle il meurt, probablement de la dysenterie.
Il est canonisé le 11 août 1297 sous le nom de saint Louis de France par le pape Boniface VIII. Sa fête liturgique est fixée au jour anniversaire de sa mort, c'est-à-dire le 25 août. Aujourd'hui considéré comme un monarque ayant offert à la France un renouveau économique, intellectuel et artistique, il est considéré comme l'un des trois grands Capétiens directs avec son grand-père Philippe Auguste et son petit-fils Philippe IV le Bel.

Sommaire

Jeunesse

L'éducation du petit prince

Né le 25 avril 1214 sous le règne de son grand-père Philippe Auguste, au château de PoissyL 2, le futur Louis IX est le cinquième enfant et deuxième fils connuN 2 du futur roi Louis VIII, dit « le Lion », et de la princesse Blanche de CastilleN 3. Il ne devient en effet l'héritier qu'à l'âge de quatre ans, après la mort précoce de son frère aîné : PhilippeL 4. Immédiatement après sa naissance, il est baptisé en la collégiale Notre-Dame de Poissy ; ce lieu demeurera cher au roi, qui aimera signer ses lettres du nom de « Louis de Poissy », ou encore, « Louis, seigneur de Poissy », considérant que sa vraie naissance demeure son baptêmeL 5.
Ses parents, et plus particulièrement la princesse Blanche de Castille, lui font donner une éducation très poussée afin qu'il soit religieusement et moralement formé à la fonction royale et préparé à protéger l'ÉgliseL 2. Le petit prince vit également auprès de son grand-père vieillissant, le roi Philippe Auguste, qui exerce sur lui une grande influence. Philippe est le premier roi de France à connaître son petit-fils, ce qui accentue la force dynastique de l'enfantL 6,N 4.
  • Enluminure représentant la naissance de Saint Louis. Blanche de Castille est alitée, entourée de trois femmes de chambre, dont l'une porte le nouveau-né auréolé.
  • Enluminure montrant le jeune Louis IX assis avec un livre à la main, devant un prêtre qui pointe l'ouvrage du doigt. Blanche de Castille, assise sur une chaise, les observe.
Leçon de lecture de Saint Louis, Grandes Chroniques, XIVe siècle.
  • Enluminure montrant Louis et sa mère dans un chariot, suivi des grand du royaume à cheval.
Louis et sa mère allant à Reims, id. XIVe siècle.
  • Enluminure représentant Saint Louis agenouillé, recevant l'Eucharistie des mains d'un évêque.
Communion de Louis IX, Vie et miracles de Saint Louis, G. de St. Pathus, XIVe siècle.
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Le sacre de l'enfant roi

Enluminure montrant Louis agenouillé, en position de prière, devant un évêque qui le oint. Les prélat du royaume sont présents à gauche, les seigneurs à droite.
Le sacre de Louis IX, miniature du manuscrit de l'Ordo du sacre de 1250, BNF, Lat.1246, fo 17.
Louis est âgé de neuf ans lorsque son grand-père Philippe Auguste meurt, le 14 juillet 1223. C'est alors son père, Louis « le Lion » qui devient roi mais pour une courte durée puisqu'il meurt trois ans plus tard, le 8 novembre 1226L 8. Le 3 novembre, soit quelques jours avant sa mort, Louis VIII fait venir dans sa chambre les barons, prélats et personnages importants de l'armée pour leur faire promettre que, dès qu'il serait mort, ils prêteraient hommage et foi à son fils, et qu'ils le couronneraient roi au plus viteN 5. Selon le chroniqueur Philippe Mouskes, Louis VIII missionne également ses plus proches conseillers, Barthélemy de Roye, Jean de Nesle et le frère Guérin, pour veiller sur ses enfantsL 9,N 6.
Louis est âgé de douze ans à la mort de son père, l'angoisse et l'inquiétude d'être gouverné par un enfant envahissent alors le royaumeL 10. Cependant, bien qu'enfant, le nouveau roi fait preuve d'une grande maturitéL 11 et, alors qu'aucun texte ni aucune tradition ne prévoit qui doit gouverner sous le règne d'un roi trop jeune, la tutelle passe entre les mains de la reine mère, Blanche de Castille, dès les premiers jours qui suivent la mort de son épouxL 12. Cette situation est légalisée par un acte inédit, dans lequel l'archevêque de Sens et les évêques de Chartres et de Beauvais affirment que Louis VIII, sur son lit de mort, avait fait savoir qu'il décidait de placer son fils héritier, le royaume et ses autres enfants sous le « bail et la tutelle » de sa femme jusqu'à ce que Louis atteigne sa majoritéL 13.
Photographie de la lettre circulaire adressée par les prélats et barons du royaume aux évêques et grands feudataires pour les inviter à assister au Couronnement du jeune Louis IX.
Lettre circulaire adressée par les prélats et barons du royaume aux évêques et grands feudataires pour les inviter à assister au Couronnement du jeune Louis IX, le 29 novembre 1226. Archives nationales.
Louis IX est sacré roi le 29 novembre 1226 en la cathédrale Notre-Dame de Reims par l'évêque de Soissons, Jacques de Bazoches. Son sacre est marqué par trois aspects. D'abord, la rapidité de l'événement, afin que Louis IX soit rapidement « complètement » roi et que personne ne puisse faire pression sur lui ou son entourageL 14. Ensuite, il est vite adoubé, lors d'une étape à Soissons sur le chemin menant à Reims, car le roi de France doit nécessairement être chevalier. Enfin, le troisième aspect sur lequel insistent les chroniqueurs est l'absence des grandes personnalités du royaume, tant ecclésiastiques que laïcsL 15,N 7. Les chroniqueurs ont souvent donné des motifs politiques à ces absences mais, selon Jacques Le Goff, même s'il est vrai que certains boudent le sacre pour des raisons politiques, la plupart n'ont simplement pas eu le temps de préparer leur voyage en raison de la précipitation de la cérémonie. De plus, le sacre d'un enfant n'est pas particulièrement attrayant pour les prélats et les grands seigneursL 16.
Blanche de Castille exerce le pouvoir avec le titre de « baillistre » et reste peu de temps entourée des conseillers expérimentés — mais vieillissants — des deux règnes précédents : le frère Guérin, chancelier de France, rend les sceaux et meurt en 1227 ; Barthélemy de Roye, Grand chambrier de France, s'efface peu à peu et meurt en 1237 et Jean de Nesle n'apparaît plus que par intermittences. Le principal soutien de la reine reste alors Gauthier Cornut, évêque de SensL 17.

La révolte des barons

Miniature en couleurs représentant une reine âgée parlant au roi son fils
Blanche de Castille et Louis IX, détail d'une miniature de la Bible moralisée de Tolède, 1240.
En 1226, Blanche de Castille et ses conseillers s'occupent du cas de quelques seigneurs mécontents. Pour concilier Philippe Hurepel, demi-frère de Louis VIII, son royal neveu lui donne les châteaux de Mortain et Lillebonne ainsi que l'hommage du comté de Saint-Pol et une rente viagère de six mille livres tournoisN 8. À la demande de plusieurs seigneurs, à l'Épiphanie, le 6 janvier 1227, Blanche, son fils et leurs conseillers décident également de libérer, en échange d'une rançon et de sa fidélité, Ferrand de Flandre qui avait trahi Philippe Auguste lors de la bataille de BouvinesL 18. Louis IX fait ensuite un effort en direction des grands seigneurs trop remuants : il promet de marier son frère Jean à la fille de Pierre Mauclerc, qui lui offre en gage Angers, Le Mans, Baugé et Beaufort-en-Vallée et promet de marier son frère Alphonse à une fille de Hugues X de Lusignan ainsi que sa sœur Isabelle à l'un de ses filsL 19. L'effort le plus important est fait envers le roi d'Angleterre Henri III et, en avril 1227, une trêve est conclue entre le roi de France et Richard de Cornouailles, frère du roi d'Angleterre. Le mois suivant, c'est Henri III en personne qui demande à Louis une trêve officielle. Celle-ci prend effet en juinL 19.
Ainsi, au début de l'été 1227, le jeune roi est à la tête d'un royaume pacifié. Cependant, les barons ne supportent plus d'être conduits par un enfant et une femme étrangère. De nombreux seigneurs se rassemblent à Corbeil et prévoient d'enlever le roi afin de le séparer de sa mère et de ses conseillers pour gouverner en son nom et s'approprier le pouvoir, les terres et les richesses. À la tête de cette révolte se trouvent alors Philippe Hurepel, comte de Boulogne et oncle du roi, qui a accepté de devenir l'un de leurs chefs, mais sans conviction, et Pierre Mauclerc, duc de Bretagne, le plus puissant des vassaux du roi de FranceL 20,N 9. Le jeune roi et la reine mère, qui reviennent de Vendôme, où ils sont allés négocier avec les barons de l'ouest, rentrent à Paris par Orléans mais toute leur suite est bloquée à Montlhéry par les barons rassemblés. Bientôt, les Parisiens, auxquels Blanche et ses conseillers avaient envoyé des messages requérant leur fidélité et leur soutien, prennent les armes, volent au secours du roi et le ramènent en triompheL 21. Contre cette première révolte, le roi est également soutenu par le comte Ferrand de Flandre, libéré et resté fidèle, et Thibaud IV de Champagne, avec lequel il est réconciliéL 22.
En 1228, la coalition des barons se reforme. Cette fois, la révolte, soutenue par Philippe Hurepel, est dirigée par Enguerrand III de Coucy. Les coalisés ne s'en prennent plus directement au roi et à sa tutrice mais à Thibaud IV de Champagne, leur plus puissant soutienL 22. Cette campagne commence par la propagation de rumeurs injurieuses à l'égard de Blanche : les barons l'accusent de vider les caisses du royaume et d'être la maîtresse de son conseiller Romain Frangipani ou encore de Thibaut de ChampagneL 23. Heureusement pour le roi, les barons sont instables et impressionnés par la royauté, même représentée par un adolescent. Certains d'entre eux passent donc de la rébellion à une obéissance totaleL 24. Mais il faut tout de même recourir aux opérations militaires et, en 1230, le jeune roi, âgé de moins de seize ans, prend la tête de l'ost royal. Il part en campagne dans l'ouest, contre Pierre Mauclerc, qui vient de prêter hommage au roi d'Angleterre en octobre 1229, et ses complices, puis en Champagne pour y protéger ThibaudL 24. La campagne de janvier se termine avec la prise de Bellême et la reprise d'Angers, Baugé et BeaufortL 25. Sur les conseils de Romain Frangipani. L'armée royale ravage également les champs, les récoltes et les possessions de Raymond VII de Toulouse, celui-ci étant ainsi forcé de faire la paix avec le gouvernement du royaumeL 26.
En mai, Henri III, appelé à l'aide par Pierre Mauclerc, débarque à Saint-Malo mais n'ose pas engager les hostilités et s'enferme dans Nantes, sans combattre. Louis prend la tête d'une nouvelle armée et, grâce à l'aide de Hugues X de Lusignan, prend Clisson, assiège Ancenis et rase le château de La Haye-Pesnel, appartenant au rebelle Fouques Pesnel. Au printemps 1231, il entreprend une nouvelle campagne dans l'ouest et impose à Pierre Mauclerc une trêve de trois ans à Saint-Aubin-du-CormierL 25. Entre-temps, Louis IX se tient en Champagne et les barons révoltés contre Thibaud n'osent pas attaquer le roi ; ils abandonnent ainsi les hostilitésL 26.
Victorieux, Louis apparaît comme un roi guerrier : les anciens coalisés, à l'exception de Pierre Mauclerc qui ne se soumettra qu'en novembre 1234, lui obéissent désormaisL 27,L 28.

Fiançailles et mariage

Miniature scindée en deux parties : la première montre Louis et Marguerite de Provence agenouillés devant l'évêque qui les marie ; la seconde représente Marguerite allongée et Saint Louis priant à côté du lit conjugal.
Célébration du mariage de Louis et Marguerite. Le roi et la reine pratiquant l'abstinence. Guillaume de Saint-Pathus, Vie et miracles de saint Louis, 1330-1340, BNF, Fr.5716.
Louis IX est probablement reconnu majeur en 1234, à vingt ans, voire en 1235, à vingt et un ansL 29,N 10.
Guillaume de Nangis fait du mariage la conséquence d'un désir du roi mais, selon Jacques Le Goff et Gérard Sivéry, le jeune roi n'a fait que se conformer à l'usage et à l'avis de sa mère et de ses conseillersL 30,S 1.
Marguerite, aînée des quatre filles de Raimond-Bérenger IV de Provence, est à peine nubile car elle n'a que treize ans. Jean de Nesle et Gauthier Cornut sont alors nommés principaux négociateurs du contrat de mariage et, selon le chroniqueur Philippe Mouskes, Maurice de Sully, archevêque de Bourges, se serait également chargé des premières démarches. En 1233, le roi Louis IX ordonne au chevalier Gilles de Flagy, en mission à Toulouse, de passer par la cour comtale de Provence, probablement afin, selon Gérard Sivéry, de se renseigner sur la jeune princesse dont les rumeurs louent la perfectionS 2. Louis et Marguerite sont de lointains parents, mais, le 2 janvier 1234, le pape Grégoire IX les relève de l'empêchement de mariage pour consanguinitéL 31,N 11.
Le 30 avril 1234, à Sisteron, le comte et la comtesse de Provence reconnaissent devoir une dot de 8 000 marcs d'argent, à payer avant le 1er novembre 1239, et donnent en gages le château de Tarascon et ses revenus au roi de France. La réponse se fait peu attendre ; Jean de Nesle et Gauthier Cornut, chargés d'aller chercher la fiancée en Provence et de l'accompagner jusqu'au lieu du mariage, font rédiger par écrit la promesse de mariage du roi qui s'engage à épouser Marguerite avant l'Ascension, célébrée cette année le 1er juinL 31. Le 17 mai 1234, Raimond Bérenger complète la dot de 2 000 marcs supplémentaires en désignant Raimond Audibert, archevêque d'Aix, garant envers son futur gendre ; le comte cède alors les revenus du château d'Aix ainsi que la baillie d'Aix que détenait Guillaume de Cottignac. Mais la somme considérable de 10 000 marcs d'argent dépasse les capacités financières du comte qui n'en paiera en fait que le cinquièmeS 2.
Le 27 mai 1234, le mariage de Louis et Marguerite est célébré en la cathédrale de Sens, par Gauthier le Cornu. Les personnages importants du royaume sont présents et la suite de Louis comprend sa mère, ses frères Robert et Alphonse, son cousin Alphonse de Portugal, de nombreux nobles dont le fidèle Barthélemy de Roye et plusieurs dames qui assurent la suite de MargueriteL 32. La cérémonie se déroule en deux temps. La première phase, une cérémonie extérieure devant l'église, commence par la jonction des mains des fiancés par Guillaume de Savoie, évêque de Valence et oncle de Marguerite, symbolisant leur consentement, puis les anneaux sont échangés et, enfin, elle se termine par la bénédiction et l'encensement des épouxL 33. La seconde phase est essentiellement une messe lors de laquelle sont lus et chantés plusieurs textesL 34. Au moment de l'invocation, le roi reçoit un baiser de l'archevêque qu'il va porter à sa jeune épouse, lui promettant ainsi amour et protection. Enfin, vient la bénédiction de la chambre nuptiale, rite soulignant leur devoir de procréerL 35. Le lendemain du mariage, le 28 mai 1234, la jeune Marguerite est couronnée reineL 36.
Selon Guillaume de Saint-Pathus, confesseur et confident de la reine Marguerite de Provence, Saint Louis ne touche pas sa femme pendant la nuit de noces ; il passe ses trois premières nuits de jeune marié à prier, respectant ainsi les trois « nuits de Tobie » recommandées par l'ÉgliseL 35.

La fin du conflit avec les Anglais

La ligue des seigneurs poitevins

Henri III, grand adversaire de Saint Louis et de la monarchie française, n'a pas renoncé à récupérer les territoires anglais en France, reconquis par Philippe Auguste. Il conteste en effet la légitimité de la confiscation des fiefs de son père Jean sans Terre dans l'ouest de la France. Mais occupé par les barons anglais qui avaient limité son pouvoir en arrachant la Grande Charte à son père et par les barons français coalisés qui lui demandèrent de l'aide pour s'émanciper, Henri III n'a jamais manifesté ses désirs de reconquêteL 37.
En France, une nouvelle rébellion commence à prendre vie. Tout d'abord, Hugues X de Lusignan s'insurge en raison d'un accord non respecté : lorsqu'en 1227, la reine Blanche et ses conseillers avaient neutralisé Hugues, un accord avait prévu le mariage d'une fille de ce dernier avec Alphonse de France mais celui-ci était déjà fiancé à Jeanne de Toulouse ; en compensation, il était prévu qu'Isabelle de France épouse le futur Hugues XI de Lusignan mais celui-ci épousa Yolande de Bretagne en 1238, tandis qu'Alphonse se maria effectivement avec sa fiancée, JeanneL 28. En plus de cela, à sa majorité, en 1241, Alphonse reçoit de son royal frère le comté de Poitiers et l'Auvergne, conformément à la volonté de leur père. Ses nouvelles terres absorbent alors le comté de la Marche et Hugues X doit transférer son hommage de vassal du roi de France à Alphonse de Poitiers, seigneur de rang inférieur. Hugues X prête finalement l'hommage mais la situation déplaît fortement à sa femme, Isabelle d'Angoulême, veuve de Jean sans Terre et mère d'Henri III, qui souhaite conserver son rang de reineL 38.
Le conflit éclate lorsque Louis IX, prétextant la rupture des fiançailles, réclame l'Aunis et Saint-Jean-d'Angély, remis en gage à Hugues X en 1230 à l'occasion de la promesse de mariage entre sa sœur Isabelle et le jeune Hugues. Hugues X, décidé à se battre, détruit symboliquement la maison qu'il possède à Poitiers et, en décembre 1241, s'oppose publiquement au roi lors de l'assemblée solennelle des vassaux du comte de Poitou. Louis tente d'abord vainement de faire revenir le comte sur sa décision puis présente son cas à la cour des pairs de France, qui prononce la confiscation des domaines du rebelle. Immédiatement, il constitue une ligue contre Louis IX, à laquelle la plupart des barons poitevins adhèrentL 38,N 12. Dès les débuts de cette coalition, le roi d'Angleterre s'y intéresse mais se voit retenu par ses engagements pris lors des trêves de 1238L 39. Après la destitution de Hugues X, Henri III décide de prendre part à la coalition afin de faire valoir ses droits en FranceL 40.

La guerre de Saintonge

Article détaillé : Guerre de Saintonge.
Miniature du XIVe siècle représentant deux troupes de chevaliers en armure s'affrontant, dont l'un est équipé et harnaché aux armes de France et l'autre aux armes de Normandie.
Combat entre les troupes de Louis IX et Henri III. Chroniques de Saint-Denis, vers 1332-1350, BL, Royal 16 G VI.
La guerre de Saintonge dure environ un an, du 28 avril 1242 au 7 avril 1243. Selon Jacques Le Goff, elle se déroule en trois phases : du 28 avril au 20 juillet 1242, c'est une guerre de siège lors de laquelle Louis ne se bat qu'avec le comte de la Marche et ses alliés ; du 21 juillet au 4 août 1242, l'ost royale bat les Anglais devant Saintes et les repousse jusqu'à Blaye ; et enfin, du 4 août 1242 au 7 avril 1243, la guerre s'oriente contre le comte de Toulouse, puis se termine par une trêve entre Henri d'Angleterre et Saint LouisL 40.

La bataille de Taillebourg

Article détaillé : Bataille de Taillebourg.
Gravure du XIXe siècle en couleurs représentant des chevaliers, dont l'un est couronné, fonçant sur des fantassins.
La bataille de Taillebourg, gravure colorisée tirée d'une Histoire de l'armée française de Paul Lehugeur, 1880.
Le 28 avril 1242, Louis convoque l'ost royal à Chinon. Le 4 mai, à Poitiers, il lance le début de la campagne : il est à la tête de 1 000 chariots, 4 000 chevaliers et 20 000 écuyers, sergents et arbalétriers. Son armée assiège et prend successivement les châteaux rebelles de Montreuil, Béruges, Fontenay, Prez, Saint-Gelais, Tonnay-Boutonne, Matus, Thoré et Saint-AffaireL 40.
Henri III quitte Portsmouth le 9 mai et débarque à Royan le 13. Le 16 juin, il déclare la guerre à Louis pendant que celui-ci achève la conquête du Poitou. Le 20 juillet, les Français arrivent devant Taillebourg. Le lendemain, les ennemis se retrouvent face à face mais sont séparés par la Charente. Les Anglais tentent de rejoindre les Français par le pont de pierre reliant Taillebourg à Saintes mais sont rapidement repoussés par les troupes de Saint Louis qui les mènent à s'enfuir à toute allure vers Saintes. Le lendemain, 22 juillet, Louis et son armée traversent la Charente et la bataille s'engage devant SaintesL 41. Selon Guillaume de Nangis, la bataille dure très longtemps mais les Anglais ne peuvent endurer les assauts des Français et se mettent à fuir. Les Français les poursuivent et en font prisonniers un grand nombre. Le roi d'Angleterre s'enfuit quant à lui vers Saintes, d'où il s'enfuit à la nuit tombée avec Hugues X et leurs troupes. Enfin, le lendemain matin, 24 juillet, les clés de la ville sont remises à Louis par les citoyens de SaintesL 42.
Henri III se replie à Pons mais, le 25 juillet, Renaud, seigneur de Pons, se soumet à Louis IX qui arrive de Colombières. Le lendemain, Hugues X se soumet à son tourN 13. Le roi d'Angleterre se réfugie alors à Barbezieux d'où il s'échappe dans la nuit du 26 au 27 juillet. Il rejoint ensuite Blaye, mais doit repartir vers Bordeaux dès le 4 août, devant la progression du roi de FranceL 43.
Louis IX perd relativement peu d'hommes durant la campagne mais doit affronter une épidémie de dysenterie qui décime son armée. Louis en est également atteint mais rapidement guéri. Bien qu'affaibli, il rentre à Paris en août 1242L 44.

La soumission du comte de Toulouse et la trêve

De son côté, Raymond VII de Toulouse, qui a pourtant renouvelé son hommage à Louis en 1241, s'allie à la coalition des barons poitevins et du roi d'AngleterreL 44. Il rejoint Henri III à Blaye à la fin juillet, se fait remettre Narbonne le 17 août 1242, par le vicomte Aimery, s'empare d'Albi et proclame le retour des deux villes parmi ses possessionsL 45.
Saint Louis, qui vient de remporter la bataille de Taillebourg, envoie deux armées en Languedoc. Le comte de Foix lâche alors aussitôt le comte de Toulouse et Louis le délie de sa vassalité envers celui-ci. Le 20 octobre, Raymond VII est contraint de demander pardon au roi de France, qui le lui accorde en échange de sa renonciation à Narbonne et Albi ainsi que des promesses de combattre l'hérésie et d'accomplir son vœu de croisadeL 46.
Entre octobre et novembre 1242, Henri III tente une dernière fois de faire valoir ses droits en organisant le blocus de La Rochelle par la mer. Mais son blocus échoue, de même que la reconstitution de son armée et de ses alliances. En janvier 1243, il envoie une lettre à Frédéric II, empereur du Saint-Empire, à qui il avait fait une demande d'alliance en juin 1242, lui annonçant la fin de ses espérances. Et enfin, le 12 mars 1243, il est contraint de demander à Louis une trêve pour cinq ansL 44,L 47.
En 1253 et 1254, Louis IX autorise Henri III à se rendre en France pour visiter l'abbaye de Fontevraud, nécropole de ses ancêtres, celle de Pontigny, où reposent les reliques de saint Edmond, qu'il avait contraint à l'exil, ainsi que la cathédrale de Chartres. À cette occasion, Louis invite Henri III, qui est aussi son beau-frère, à Paris, où ils fêtent ensemble Noël. Une vive amitié naît entre les deux rois au point que, quelque temps après, Louis offre à Henri un éléphant qui lui avait été offert par le sultan d'Égypte. Dès cette année, Henri demande le renouvellement des trêves, que Louis lui accorde volontiersL 47.

Le traité de paix

Manuscrit en vieux français, scellé du sceau de Henri III en cire verte sur cordonnets de soie rouge et verte.
Article détaillé : Traité de Paris (1259).
En 1257, le roi d'Angleterre envoie auprès de Saint Louis l'évêque de Winchester dont la mission est de proposer au roi de France la substitution d'un véritable traité aux trêves qui avaient été signées. Et, bien qu'Henri refuse de renoncer à ses droits sur les territoires de ses ancêtres en France, les deux rois ont l'intention d'aboutir à la paix. Les négociations sont longues et laborieuses mais, enfin, le 28 mai 1258, Henri III Plantagenêt et Louis IX signent le traité de ParisL 48.
En signant le traité, Louis et Henri mettent fin au conflit entre Capétiens et Plantagenêts concernant les terres conquises par Philippe Auguste. Par ce texte, Henri III renonce à ses revendications concernant la Normandie, l'Anjou, la Touraine, le Maine et le Poitou et Louis IX lui donne la somme nécessaire pour entretenir 500 chevaliers pendant deux ans ainsi que les revenus de l'Agenais et ses domaines dans les diocèses de Limoges, Cahors et PérigueuxL 49,N 14
Le 10 février 1259, le traité est d'abord ratifié par Richard de Cornouailles. Le 17 février, il est ratifié à Westminster par des procureurs, au nom du roi, et, le 4 décembre, Simon V de Montfort et Aliénor d'Angleterre le ratifient également. Enfin, arrivé en France le 14 novembre, Henri III prête hommage à Louis le 4 décembre 1259L 50.

L'expansion du royaume

La France à la mort de Louis, en 1270.
Tout d'abord, par son testament de 1225, Louis VIII le Lion demande le transfert d'environ un tiers du domaine royal en faveur de ses fils puînés : le deuxième, Robert, reçoit l'Artois ; le troisième, Alphonse, le Poitou et l'Auvergne, et le quatrième, Charles, l'Anjou et le Maine3. Devenu roi, Louis IX respecte cette volonté, qu'il exécute comme une décision propre : lorsque ses frères atteignent l'âge de vingt ans, il les adoube et leur remet leur apanage. Le domaine royal est donc sensiblement amoindri mais cette politique ne provoque pas le démembrement du royaume. Elle est, au contraire, le moyen d'éviter les conflits entre les quatre frères. De plus, Louis insiste sur les conditions de possession de l'apanage, qui doit revenir au domaine royal dans le cas où son détenteur mourrait sans héritier, ce qui sera le cas d'Alphonse en 1271L 51.
Au cours de son règne, le roi Louis VIII a mis fin aux espoirs d'hégémonie du comte Raymond VII de Toulouse, soumis lors de la croisade des Albigeois. En mars 1229, Blanche et Louis convoquent une conférence à Meaux. Raymond VII s'y rend en pèlerin, accompagné de ses principaux vassaux, et signe le traité de Meaux-Paris le 12 avril 1229. Il se voit alors contraint de prêter allégeance au jeune roi de France et doit lui céder près de la moitié de son territoire, principalement les anciens vicomtés de Raimond II Trencavel. Les sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne sont données au royaume de France et le marquisat de Provence est cédé au Saint-Siège. Le comte se voit également contraint de fonder une université. Le traité prévoit par ailleurs le mariage de Jeanne de Toulouse, seule héritière de Raymond, avec Alphonse de Poitiers, ce qui permet, à plus ou moins brève échéance, de rattacher les territoires restants du comté de Toulouse au royaume de France : le couple mourant sans enfants, ces domaines seront en effet attachés au domaine royal en 1271, sous Philippe III le Hardi4.
Dans le contexte de la guerre de succession de Champagne, Alix de Champagne-Jérusalem, seconde fille d'Henri II de Champagne, revendique le comté de son père en 1231. Elle est alors soutenue par un nombre important de barons français reprochant à Thibaut de Champagne son soutien à Blanche de Castille. Alix n'arrive finalement en France qu'au début de l'année 1233, alors que les principaux barons du royaume se sont soumis au roi. En septembre 1234, elle renonce finalement à la Champagne en échange de quarante mille livres tournois et d'une rente foncière de deux mille livres tournois. Mais Thibaut n'a pas les moyens de payer : c'est ainsi qu'en échange de cette somme, Louis rattache au domaine royal les comtés de Blois, de Chartres, de Châteaudun et de Sancerre, répondant jusqu'ici à la suzeraineté des comtes de Champagne5. Par son mariage en 1234, il récupère également la baillie d'Aix-en-ProvenceS 2.
Par le traité de Corbeil signé le 12 mai 1258 entre les représentants de Jacques Ier d'Aragon et ceux de Louis IX, ce dernier renonce aux prétentions françaises sur l'ancienne marche d'Espagne, et en particulier sur la Catalogne, la Cerdagne et le Roussillon, tandis que l'Aragon renonce en échange aux siennes sur la Provence et le LanguedocN 15. S'ébauche alors la frontière du royaume de France au sud des Corbières. Côté français, la frontière est protégée par les forteresses de Termes, Aguilar, Niort, Quéribus, Peyrepertuse et Puilaurens tandis que Salces, Opoul et Perpignan défendent la frontière catalane6.
Enfin, comme nous l'avons déjà vu, Henri III d'Angleterre renonce par le traité de Paris (1259) à ses revendications sur la Normandie, l'Anjou, la Touraine, le Maine et le Poitou tandis que Louis rend à ce dernier une partie des terres du Limousin et du Quercy à la Saintonge, dont il n'est pas certain que la conquête ait été légitimement fondée7.

Le roi justicier et diplomate

En tant que roi chrétien, Louis IX doit faire respecter deux idéaux censés lui apporter, ainsi qu'à ses sujets, le salut éternel : la justice en premier lieu, puis la paix. Il s'efforce donc de faire régner la paix dans les affaires où il est impliqué et tente d'éliminer les sujets de conflit pour l'établir le plus longtemps possible. Son prestige fait de lui le recours préféré des adversaires en quête d'arbitrage et son action va s'étendre dans toute la Chrétienté, dont il deviendra l'apaiseurL 52.

Le Dit d'Amiens

Saint Louis médiateur entre le roi d'Angleterre et ses barons, Georges Rouget, 1820, Château de Versailles.
En Angleterre, l'aristocratie se révolte pour restreindre et contrôler le pouvoir du roi. Ces révoltes aboutissent à la Grande Charte en 1215, puis aux provisions d'Oxford en 1258 et, enfin, aux provisions de Westminster en 1259H 1. L'opposition est alors menée par Simon V de Montfort, le propre beau-frère d'Henri IIIL 53. Les documents passent par une longue série de révocations et de rétablissementsH 1 : le roi réussit notamment à se faire relever de son serment de respecter les provisions d'Oxford par les papes Alexandre IV puis Urbain IV mais les barons anglais n'acceptent pas la décision pontificale. C'est ainsi qu'en décembre 1263, Henri III et ses barons demandent l'arbitrage de Louis IX, dont ils promettent de respecter la décisionL 54.
Louis rend son verdict, le « Dit d'Amiens », dès le 23 janvier 1264 : il ratifie d'abord la bulle pontificale annulant les provisions d'Oxford et déclare, en ferme partisan de la prérogative royale, qu'Henri Plantagenêt doit récupérer la plénitude du pouvoir et de sa souveraineté. L'arbitrage est alors considéré comme un jugement rendu par Louis IX, en tant que seigneur du roi d'Angleterre et donc comme suzerain des barons anglais, considérés comme ses arrière-vassauxL 54.

L'affaire des Flandres

Marguerite II de Flandre est en guerre avec les fils issus de son premier mariage avec Bouchard d'Avesnes, qu'elle désavantage au bénéfice des fils issus de son second mariage avec Guillaume II de Dampierre. Ainsi commence le conflit entre les Avesnes, qui mettent en avant leur droit d'aînesse, et les Dampierre, qui renient l'héritage de leurs demi-frères, considérés comme des fils illégitimes en raison de l'annulation du mariage de leurs parentsL 55.
Louis est appelé à plusieurs reprises pour intervenir, soit à l'initiative de l'un ou de l'autre parti, soit à sa propre initiative, en tant que suzerain. En 1235, il prévoit un partage inégal des terres : deux septièmes aux Avesnes et cinq septièmes aux DampierreL 55,N 16.
En 1246, dans le but de pacifier le royaume avant de partir en croisade, Louis IX et Eudes de Châteauroux ménagent un accord entre les deux partis : le Hainaut appartient maintenant aux Avesnes et la Flandre aux Dampierre. Guillaume III de Dampierre part en croisade avec Louis, revient en 1250 mais meurt accidentellement l'année suivante. Sa mère lui reconnaît alors comme successeur son frère cadet, Gui de Dampierre. Et si la curie romaine a finalement reconnu la légitimité des Avesnes, Marguerite refuse toujours à Jean d'Avesnes le titre de comte de Hainaut et ne lui laisse que le marquisat de NamurL 56.
Après avoir tenté en vain de s'emparer des îles de Zélande, en juillet 1253, sous l'impulsion de leur mère, les fils Dampierre, accompagnés de plusieurs barons français, sont fait prisonniers par Guillaume du Saint-Empire. Marguerite fait alors appel au frère du roi de France, Charles d'Anjou, à qui elle promet le Hainaut, ignorant ainsi les droits des Avesnes. Charles accepte, occupe Valenciennes et Mons et évite de peu un conflit armé avec le roi des RomainsL 56. Au retour de la croisade, Louis IX prend très mal l'initiative de son frère et intervient : il rappelle ce dernier à Paris et, par le « Dit de Péronne » du 24 septembre 1256, il confirme l'accord signé en 1246. Néanmoins, pour tenir compte de la donation du comté du Hainaut à Charles, Marguerite le lui rachète à un très haut prix. Elle doit aussi payer une forte rançon au comte de Hollande pour la libération des Dampierre, et, peu de temps après, se réconcilie avec son fils Baudoin d'AvesnesL 57.

Le conflit entre Frédéric II et Innocent IV

Miniature figurant Louis IX agenouillé devant le pape.
Entrevue de Saint Louis et du pape Innocent IV, Grandes Chroniques de France de Charles V, BNF, Fr.2813.
Alors que deux des plus grandes puissances d'Occident, l'empereur Frédéric II du Saint-Empire et le pape, sont en guerre, Louis IX garde une stricte neutralité dans ce conflitL 58. Monarque le plus puissant de la Chrétienté, il rend à chacun ce qu'il pense lui être dû : un profond et obéissant respect au pape et une reconnaissance formelle de sa prééminence symbolique à l'empereur. Mais il leur impose de respecter son indépendance temporelle et refuse, pour le premier comme pour le second, qu'ils interviennent dans les affaires relevant de son autoritéL 59.
En 1240, alors que le pape souhaite détrôner l'empereur, Louis refuse qu'il offre la couronne d'Allemagne à Robert d'Artois. Mais le 3 mai 1241, une flotte génoise amenant les prélats au concile convoqué par le pape Grégoire IX est vaincue par une flotte pisane au service de Frédéric. Parmi eux, plusieurs archevêques, évêques et abbés sont présentsL 59. Louis IX, persuadé de la bienveillance de l'empereur, envoie l'abbé de Corbie et le chevalier Gervais d'Escrenne auprès de lui pour demander leur libération. Frédéric, qui avait préalablement demandé au roi d'empêcher les prélats français de se rendre au concile, répond à Louis qu'il ne doit pas s'étonner si « César retient étroitement et en angoisse ceux qui étaient venus pour mettre César en angoisse ». Le roi de France envoie alors à l'empereur l'abbé de Cluny avec une lettre déclarant que « le royaume de France n'est pas encore si affaibli qu'il se laisse mener à [ses] éperons »L 60. La déclaration fait immédiatement reculer Frédéric II qui, par peur de mettre le roi Louis IX en colère, se décide à relâcher les prélats du royaumeL 61.
En août 1241, le pape Grégoire IX meurt et son successeur, Célestin IV, meurt après douze jours de pontificat. Enfin, en juin 1243, le pape Innocent IV leur succède et le conflit avec Frédéric s'amplifie. Le pape envoie une lettre à Louis pour lui demander l'asile, afin d'être à l'abri des attaques de l'empereurL 62. Cependant, Louis IX lui répond, de manière très respectueuse, que ses barons lui ont déconseillé d'accepter sa demande, afin de garder la neutralité nécessaire. Innocent IV part alors en exil à Lyon, ville quasi-indépendante et sous l'influence de la France. Le 27 décembre 1244, le pape convoque un concile à Lyon, cite l'empereur à comparaître et à entendre la sentence, et invite Louis à y assister. Mais Louis, préférant ne pas s'engager, refuse l'invitation et propose au pape une entrevue à Cluny dans l'espoir de préparer une réconciliation entre lui et l'empereurL 63. Lors de l'entretien, le pape renforce son soutien à la croisade du roi mais refuse tout geste de réconciliation avec l'empereurL 64.
Louis IX tente, sans succès, en 1246, une nouvelle intervention auprès du pape en faveur de Frédéric II. Mais, en 1247, il apprend que l'empereur rassemble une importante armée pour marcher sur Lyon où le pape réside toujours. Il envoie alors des troupes considérables pour défendre le souverain pontife et Frédéric II, qui s'est avancé jusqu'aux Alpes, rebrousse chemin vers Parme. Toutefois, après cela, Louis continue de rester neutre dans le conflit et ses relations avec l'empereur restent cordialesL 64.

Louis IX et les Mongols

Article connexe : Alliances franco-mongoles.
Dès 1245, la Chrétienté murit l'espoir de convertir le grand Khan au christianisme, ou, tout au moins, de l'amener à s'allier aux chrétiens contre les musulmans. C'est ainsi que le pape Innocent IV envoie trois missions à la recherche du grand Khan Güyük. Les dominicains André de Longjumeau, Ascelin de Lombardie et Simon de Saint-Quentin sont envoyés de Terre sainte tandis que le franciscain Jean de Plan Carpin passe par la Bohême, la Pologne et la Basse Volga, jusqu'au Khan dont il assiste à l'intronisationL 65. Saint Louis s'intéresse de près à ces expéditionsL 66.
En 1248, alors qu'il est en séjour à Chypre, le roi de France est approché par des envoyés de Eljigidei (en), commandant mongol basé en Arménie et en Perse8. Eljigidei prévient Louis « que Güyük Khan est prêt à l'aider à conquérir la Terre Sainte et à délivrer Jérusalem des mains des Sarrasins » et lui suggère de débarquer en Égypte, pendant que lui attaquerait Bagdad, pour empêcher que les sarrasins d'Égypte et ceux de Syrie joignent leurs forces9,L 66. Le roi dépêche alors au grand Khan deux prêcheurs, dont André de Longjumeau, ainsi qu'une tente écarlate très luxueuse en guise de chapelle, contenant des « images » montrant l'essentiel de la foi chrétienneL 66. Toutefois, Güyük meurt avant l'arrivée de l'ambassadeur, et rien de concret n'en résulte ; la reine Oghul Qaïmich, à présent régente, décline poliment l'offre9. En 1249, Louis apprend que le Khan Sartaq s'est converti au christianisme et s'est fait baptiser. Il lui envoie alors le franciscain Guillaume de Rubrouck mais pas en tant qu'ambassadeur officiel afin d'éviter une nouvelle humiliation. Sartaq n'a en réalité de chrétien que le nom mais permet au franciscain de se rendre auprès du grand Khan Möngke (1251-1259), à Karakorum. Rubrouck revient cependant à Chypre en 1255, sans succèsL 67.
En 1259, Berke, le chef de la Horde d'Or demande la soumission du roi de France10. En revanche, le 10 avril 1262, ce dernier reçoit une lettre du nouveau grand Khan Hülegü qui lui demande la paix et de l'aideL 67. Se présentant comme le « destructeur des perfides nations sarrasines », il insiste sur sa bienveillance à l'égard des chrétiens dans son empire et lui annonce les avoir tous libérés de prison ou de l'esclavage dans les pays qu'il a soumis. N'ayant pas de navire, il demande à Louis de lui en prêter afin d'attaquer l'Égypte et promet de restituer le royaume de Jérusalem aux chrétiens. Mais, dans cette lettre, Hülegü, qui n'a pas compris que le pape n'est qu'un chef spirituel et que le roi le plus puissant de la Chrétienté est en fait le roi de France, rappelle à Saint Louis la souveraineté du grand Khan sur le monde entier. Pour cette raison, le roi de France refuse de répondre à sa demande et adresse l'ambassade à Rome, où la papauté poursuit pendant plusieurs années les conversations, qui n'aboutissent finalement jamaisL 68.

Les réformes du Royaume

Situé entre le règne de son grand-père Philippe Auguste et celui de son petit-fils Philippe le Bel, Saint Louis est l'homme qui fait passer la France d'une monarchie féodale à une monarchie moderne. Celle-ci ne repose plus sur les rapports personnels du roi avec ses vassaux, mais sur les rapports du roi en tant que chef de la Couronne avec ses « sujets ». Il n'est plus seulement suzerain mais souverain. Ce passage à un État moderne se fait, selon Jacques Le Goff, « selon des formes transitoires, progressivement, évitant tout traumatisme institutionnel »11.

Les réformes judiciaires

Tableau de style néo-classique représentant Louis IX assis sous un chêne au milieu de suppliants.
Saint Louis rendant la justice sous le chêne de Vincennes, Pierre-Narcisse Guérin, 1816, Musée des beaux-arts d'Angers.
Dans l'ordonnance de 1245, le roi institue la « quarantaine-le-roi ». Dans cette ordonnance, il ordonne une trêve d'au moins quarante jours à partir de la date à laquelle survient un sujet de discorde entre deux parties, afin de limiter les guerres privées, désormais interdites. Ainsi, toute vengeance est proscrite jusqu'à l'expiration du délai, permettant un apaisement des tensionsL 69,12.
En 1247, il dépêche des enquêteurs royaux qui ont pour mission de l'instruire de l'état du pays et de réprimer directement dans les domaines de la justice, de l'administration, de la fiscalité et de l'armée. Baillis et prévôts sont également introduits en France, ces derniers cessent alors d'être des inspecteurs itinérants et deviennent des administrateurs nommés et payés par le roi, qui exercent leurs fonctions dans une vingtaine de circonscriptions distinctes qui divisent désormais l'immense royaume de FranceN 17. Recrutés dans la petite noblesse locale ou dans la bourgeoisie, ces officiers sont contraints de respecter des règles strictes de gestion, fixées par l’ordonnance de 125412,13,LN 1. Les officiers royaux sont eux aussi surveillés par les enquêteurs qui ont pour mission de fixer les limites de chacun et de transmettre par écrit toutes les plaintes à la cour du roi, qui commence à se diviser en sections précises : le Conseil, qui traite des affaires politiques ; la Curia in parliamento, qui s'élèvera au rang de parlement et la Curia in compotis, ancêtre de la Cour des comptes, qu'il installe à la Tour du Temple14.
Dès décembre 1254, Louis IX promulgue la « Grande Ordonnance », également appelée statutum generale, statuta sancti Ludovici ou « establissement le roi », qui tend à réformer le gouvernement royal en profondeurL 70. Elle est, en fait, le regroupement de plusieurs textes royaux promulgués entre juillet et décembre 1254. La plupart de ces textes abolissent des mesures prises par les sénéchaux royaux, en violation des anciennes coutumes localesL 71. Ces textes ordonnent également aux officiers royaux de rendre justice sans distinction des personnes et de refuser tout cadeau pour eux-mêmes ou leur famille. Ils ne pourront lever aucune amende sans jugement, devront considérer que tout accusé non condamné est présumé innocent, et il leur sera dorénavant interdit d'empêcher le transport des blés, mesure destinée à combattre la famine. En décembre, il y ajoute une série de mesures concernant la pure moralité : le blasphème13, les jeux d'argent, les prêts à intérêtLM 1 et la fréquentation des maisons closes ainsi que des tavernes sont interdits aux officiers royauxL 72,12. Mais les ordonnances ne touchent pas que les officiers royaux. Dans le but de conduire ses sujets au salut, le roi prohibe la prostitution, punit le blasphème, interdit les jeux de dés et leur fabrication ainsi que les jeux d'échecs, de dames et de « trictrac », doublement condamnables en tant que jeux d'argent et de hasard. Enfin, les tavernes se voient réservées aux voyageurs et interdites à la populationL 73.
La « Grande Ordonnance » est reprise en 1256. Le nouveau texte présente plusieurs différences avec ceux de 1254. L'ordonnance de 1256 résulte de la modification des textes de 1254, qui étaient plutôt des instructions aux baillis et sénéchaux, en une ordonnance générale pour le royaumeL 74. Dans cette nouvelle ordonnance royale, Louis supprime toute référence à l'usage de la torture et revient notamment sur l'interdiction stricte de la prostitutionL 75. Les droits des femmes sur leurs héritages et leurs dots doivent être particulièrement respectés : les femmes étant considérées comme des êtres faibles, il appartient à la justice royale de les protéger. Louis refuse ainsi, par exemple, qu'une femme soit punie pour les fautes de son mariL 76.
En 1261, conformément au quatrième concile du Latran, une nouvelle ordonnance royale abolit l'ordalie. Les épreuves par le feu et par l'eau dont l'accusé doit sortir indemne ou les combats dont il doit sortir vainqueur devront maintenant être remplacés par des preuves rationnelles ou testimonialesL 77.

Les réformes monétaires

Pièce de monnaie en argent frappée de la mention « + LVDOVICVS. REX + BNDICTV: SIT: NOmE: DHI: nRI: DEI: IhV. XPI. »
Gros tournois, avers et revers, sous Louis IX.
À la fin de son règne, entre 1262 et 1270, Louis IX met en place d'importantes réformes monétaires. Elles répondent d'abord à l'évolution économique et à la diffusion de l'économie monétaire. Les réformes commencent avec une ordonnance qui interdit de contrefaire la monnaie royale et qui institue le monopole de la circulation de celle-ci dans le royaume, à l'exception des monnaies de seigneurs ayant reçu une autorisation, qui peuvent circuler, mais uniquement sur leur terreL 78. Puis deux ordonnances interdisent l'utilisation des « esterlins », monnaie anglaise : la première, publiée entre 1262 et 1265, exige que les sujets du roi promettent de ne pas utiliser d'esterlins, et celle de 1265 fixe à la mi-août de 1266 la date limite de leur circulationL 79.
En 1265, une nouvelle ordonnance reprend celle de 1262 et confirme le privilège de la monnaie royale de circuler dans tout le royaume mais autorise les monnaies régionales. En juillet 1266, une ordonnance édicte la reprise de la frappe du denier parisis à de nouvelles conditions de poids et de teneur en métal fin ainsi que la création d'un gros tournois. Enfin, entre 1266 et 1270, une autre ordonnance édicte la création de l'écuL 79. Le denier parisis et l'écu d'or sont plutôt des échecs mais le gros tournois est une très grande réussite en France mais également sur le marché international, et son succès se poursuivra jusqu'au XIVe siècleL 80.

La régulation de la prostitution

Au Moyen Âge, les responsables de l’ordre public, municipalités, seigneurs laïcs ou ecclésiastiques, organisent la prostitution dès le XIIe siècle comme un moindre mal. On trouve même des bordels qui sont propriété de monastères ou de chapitres15. Mais comme nous l'avons vu précédemment, à son retour de Terre Sainte, Louis veut remettre de l'ordre dans le royaume. C'est ainsi qu'il prohibe totalement la prostitution dans son ordonnance de 1254. Toutes les femmes et filles se livrant à la prostitution sont appelées à y renoncer16. Elles sont expulsées des villes, loin des églises et des cimetières, et quiconque leur met une maison à disposition se voit confisquer un an de loyerL 75. Si, après un avertissement, elles continuent dans cette voie, l'ordonnance prévoit que leurs vêtements seront confisqués et que leur maison sera saisie puis vendue au profit du fisc. En cas de récidive, l'ordonnance envisage qu'elles seront bannies des villes et des villages, voire du royaume16.
Parallèlement, le roi prend sur sa cassette les fonds nécessaires pour permettre au couvent des Filles-Dieu, spécialement destiné à l'accueil des filles repentantes, de recevoir deux cents personnes supplémentaires16.
Mais l'expérience prouve au souverain que l'ordonnance est inutile. Poursuivies, les prostituées changent d'apparence pour prendre celle de « femmes honnêtes », ce qui les expose en plus aux insultes des libertins. En 1256, dans une seconde ordonnance qui révoque en quelque sorte la première, le roi permet ainsi aux prostituées d'exercer, mais hors des murs des cités et loin des lieux de culte. Des établissements spécialisés sont alors installés loin des maisons particulières. Ils ne sont ouverts que la journée, jusqu'à six heures au soir, afin que des femmes ne s'y rendent pas la nuit pour ne pas y être reconnues16. Selon Jacques Le Goff, c'est « l'esquisse de ghettos de la prostitution »L 75.

Le roi bâtisseur et mécène

Gravure du XVIIe siècle montrant une vue globale du château de Tours.
Le château de Tours au Moyen Âge. Gravure tirée de la Topographie française de Claude Chastillon, 1644-1648.
Sous le règne de Louis IX, les grandes cathédrales sont en construction, à peine achevées ou en profond remaniement. C'est ainsi qu'il assiste à la construction des cathédrales de Chartres, d'Amiens, de Reims, de Rouen, de Beauvais, d'Auxerre ou encore Notre-Dame de ParisL 81. Le roi finance et ordonne la construction de nombreux couvents, églises et abbayes, mais son rôle dans chaque fondation est peu connuL 82.
Selon Robert Branner, l'architecture parisienne, sous l'influence de Louis IX, devient « un art sophistiqué » qu'il appelle le « style curial ». Paris devient alors une capitale artistique avec une architecture élégante et des ateliers de manuscrits enluminés, d'ivoire, de broderies, de tapisseries, de joaillerie, de pierres précieuses et d'objets liturgiques. Outre l'architecture civile, le roi favorise l'architecture militaire — avec, par exemple, les remparts d'Aigues-Mortes et de Jaffa —, domestique — avec notamment le château de Tours — et religieuseL 83 :

Les édifices sacrés

Photographie contemporaine d'un cloître et de son jardin.
L'abbaye de Royaumont.
Dans son testament, Louis VIII a laissé une forte somme pour fonder un monastère près de ParisL 84. Pour édifier cette abbaye, Louis et sa mère choisissent un lieu proche d'Asnières-sur-Oise, où ils résident de temps en temps, et acquièrent le domaine de Cuimont, débaptisé pour être appelé Royaumont (« mont royal »), nom qui symbolise le lien étroit entre la famille royale et la future abbayeL 85. C'est alors que, dans les premières années de son règne, entre 1229 et 1234, Louis, conseillé par Blanche de Castille, réalise la fondation de l'abbaye et l'attribue à l'ordre cistercien, contrairement aux indications du feu roi qui souhaitait qu'elle soit affiliée aux chanoines de Saint-VictorL 84.
Article détaillé : Abbaye de Royaumont.
La fondation de Royaumont, construite entre 1228 et 1235, préfigure l'attrait naissant de Louis pour les ordres mendiants19, dont se rapprochent les cisterciens, et accroît son goût précoce pour les édifices religieux. C'est également une occasion pour le jeune roi de faire preuve d'humilité et de pénitence : pendant toute la période de construction, il surveille attentivement l'avancement des travaux et participe activement à la vie du chantier en aidant les artisans, allant jusqu'à porter les pierres et le mortierL 86,H 2.
Article détaillé : Abbaye de Maubuisson.
Photographie contemporaine du corps de bâtiments d'une abbaye.
L'abbaye de Maubuisson.
Quelques années plus tard, en 1241, Blanche de Castille fait construire non loin de là, à Saint-Ouen l'Aumône, l'abbaye aux Dames de MaubuissonL 82.
Article détaillé : Basilique Saint-Denis.
Dès 1231, à la demande de Louis IX, des travaux de grande ampleur sont menés dans l'abbatiale de Saint-DenisL 82. Initiés sous l’abbé Eudes Clément (1228-1245) les travaux raccordent l'abside et le narthex de l’église de Suger au plan plus large du nouvel édifice. Et en 1267, Louis IX inaugure le nouvel ensemble sépulcral destiné à sceller la continuité des trois dynasties royales franquesL 87.

La Sorbonne

Gravure colorisée montrant les bâtiments de la Sorbonne au sein de leur quartier.
La Sorbonne avant sa reconstruction par Richelieu, lithographie vers 1850.
Article détaillé : Collège de Sorbonne.
En 1253, Louis IX cofonde le Collège de Sorbonne, pour maîtres ès arts étudiant en théologie, à la demande de Robert de Sorbon, son chapelain, confesseur et amiL 87. Comme les autres collèges de l'université de Paris, celui de Sorbon doit accueillir des pensionnaires pauvres qui y disposent de bourses, ainsi que des étudiants non pensionnaires. À sa création, le collège est ainsi destiné à abriter une vingtaine de personnes. À cet effet, Louis donne quelques maisons de la rue Coupe-Gueule, face à l'hôtel de Cluny, pour y installer les étudiants. Robert de Sorbon, par l'intermédiaire de Guillaume de Chartres, achète et échange rapidement l'ensemble des abords de cette rue, dont la majorité du site lui appartiendra dès 1260. Il s'agit alors d'un ensemble épars de bâtiments divers, maisons et granges, disposés dans un jardin. La grande simplicité du bâti est maintenue par le fondateur, Robert de Sorbon, qui instaure une règle de vie pieuse et austèreH 3.

Les Hospices

Reproduction d'une gravure.
Les Quinze-vingt en 1567, carte postale de 1900.
Article détaillé : Hôpital des Quinze-Vingts.
Louis IX fonde, près de la porte Saint-Honoré, l'hospice des Quinze-Vingts, dans le but de recueillir les aveugles miséreux de ParisW 1. La date de sa construction est inconnue : seule une bulle du 23 juillet 1260 précise que la fondation était terminée au mois de juin. Les Quinze-Vingts fonctionnent alors comme une congrégation et la direction, plutôt « démocratique », rappelle celle des ordres mendiants. Dès sa fondation, l'hospice bénéficie ainsi de nombreux privilèges accordés par le roi et les autorités ecclésiastiques : Louis IX lui accorde notamment une rente de 30 livres parisis, destinée à l'alimentation des aveuglesW 2. En contrepartie, chacun des pensionnaires doit prier le plus souvent possible pour le roi, la reine, la famille royale et l'ensemble des bienfaiteurs et, après leur mort, leurs biens sont remis à la communauté. Le travail des aveugles des Quinze-Vingts est alors principalement la quête : la quête d'argent, dont l'intégralité du montant est remise à la communauté, et la quête de pain, dont le produit est partagé équitablement entre le mendiant et le maître de l'hôpitalW 3. Selon Zina Weygand, en apportant son soutien aux aveugles, Louis IX manifeste, pour la première fois de l'Histoire, la responsabilité de la monarchie vis à vis des infirmes et « pose les premiers jalons de la prise en charge par l'État d'un problème social jusque là laissé à l'Église et à la générosité des particuliers »W 4.
Vers 1248, le roi fait restaurer l'Hôtel-Dieu de Paris par Eudes de Montreuil et charge Blanche de Castille d'en surveiller l'avancement. Durant cette même période, il participe à la fondation de l'Hôtel des « Audriettes », destiné à accueillir les femmes veuves et miséreusesV 1. Vers 1259, Louis fonde l'Hôtel-Dieu de Pontoise et y place treize religieuses augustines mais la générosité des sœurs envers les pauvres et les malades attire une telle foule qu'en 1261, le roi se trouve dans la nécessité de leur léguer sa propre maison de campagne et le bois de Pontoise, afin de pouvoir y entretenir autant de religieuses qu'il en fautV 2. Il dépense également 30 000 livres pour fonder l'Hôtel-Dieu de Vernon, dans lequel il place vingt-cinq religieusesV 3.

Les fortifications

Photographie contemporaine des remparts vus depuis les arènes.
Les remparts d'Aigues-Mortes.
Photographie contemporaine de remparts partiellement recouverts de végétation.
Les remparts de Césarée.
Tout d'abord, au début des années 1230, avec le rattachement de l'Anjou au domaine royal, Blanche et Louis font réaliser la forteresse d'Angers et fortifier amplement la ville, devenue une place frontière face à la Bretagne indépendante20.
Vers 1240, en vue de la septième croisade, Louis IX décide de fortifier Aigues-Mortes pour s'assurer d'une base navale sûre pour le départ et le retour, ainsi qu'un port pour pouvoir construire la flotte royale. Le lieu est alors préféré à Narbonne et à Montpellier, politiquement dangereux, à cause de son attachement à la dynastie comtale de Toulouse pour le premier et à celle d'Aragon pour le second, ainsi qu'aux ports extérieurs, comme Marseille, d'où embarquent beaucoup de croisés, ou encore Gênes, ancien port de croisade sous Philippe Auguste. Aigues-Mortes devient ainsi « la tête et le terminus de l'iter hierosolymitanum (« la route de Jérusalem ») ». Selon Le Goff, elle est l'une des plus remarquables réalisations urbaines de la France médiévaleL 88. Le roi fait également construire une route entre les marais et fait bâtir la tour Carbonnière, destinée à servir de tour de guet, puis la tour de Constance qui abrite la garnison et sert successivement de phare et de prison21.
En 1250, libéré de sa captivité en Égypte, le roi arrive à Jaffa avec son épouse. Il séjourne à Césarée de mars 1251 à mai 1252 et y fait reconstruire ou même construire les remparts de la ville22. En 1252, il renforce également les remparts de Jaffa et y fait bâtir un couvent ainsi qu'une église. Enfin, il fait relever les fortifications d'Ascalon23.

L'influence de l'Église

La Sainte-Chapelle et les reliques de la Passion

L'acquisition des Saintes Reliques

Miniature représentant Louis IX et quatre suivants recevant des reliques d'un groupe de moines.
Louis IX recevant les Saintes Reliques, Chroniques de Saint-Denis, vers 1332-1350, BL, Royal 16 G VI, fo 395.
Article détaillé : Reliques de la Sainte-Chapelle.
Dans la Chrétienté du XIIIe siècle, la possession de reliques remarquables est considérée comme la preuve d'une grande dévotion ainsi que la source d'un grand prestige. Or, en 1237, Baudouin II de Courtenay, neveu de Baudouin VI de Hainaut, vient en France afin de demander l'aide de son cousin, Louis IX, contre les GrecsN 18. Pendant son séjour auprès de Saint Louis, il apprend que les barons latins de Constantinople, manquant d'argent, souhaitent vendre la Couronne du Christ à des étrangersL 90. Celle-ci étant la plus précieuse des reliques conservées à Constantinople, Baudouin supplie Louis et Blanche de Castille d'empêcher que la Sainte Couronne ne tombe entre des mains étrangères. L'idée d'acquérir la fameuse relique comble la piété et flatte la gloire du roi et de sa mèreL 91.
De Paris, Baudouin II envoie un émissaire avec une lettre ordonnant que la Couronne soit remise aux envoyés que Louis envoie de son côté, soit deux dominicains, Jacques et André, dont le premier a été prieur de l'ordre des Prêcheurs à Constantinople et pourra donc reconnaître l'authenticité de la reliqueL 92. Quand les envoyés de Baudouin et de Louis arrivent à destination, ils apprennent que le besoin d'argent est devenu si urgent que les barons ont emprunté aux marchands vénitiens et leur ont donné en gage la couronne d'épines. Et, si la couronne n'est pas rachetée avant la fête des saints Gervais et Protais, soit le 18 juin, elle appartiendra aux Vénitiens et sera transférée dans la cité de la lagune. Mais, de manière inattendue, les envoyés de Baudouin et de Louis arrivent avant la date fatidique et ils engagent les négociations avec les Vénitiens qui acceptent de vendre la relique au roi de France à condition qu'elle passe par VeniseL 93. Les négociations prennent fin en décembre 1238. Bien que l'hiver soit hostile à la navigation et que les Grecs aient disposé des galères sur les itinéraires possibles pour s'emparer de la relique, celle-ci prend la mer. Elle arrive sans encombre à Venise, où elle est exposée dans la chapelle Saint-Marc. Le frère André reste à Venise pour surveiller la couronne, tandis que le frère Jacques va annoncer la nouvelle à Louis et Blanche, puis, revient à Venise avec la somme colossale de l'achat, dont nous ignorons le montant, accompagné des hommes de Baudouin, garants de l'opération. De nouvelles négociations ont lieu et les Vénitiens, qui n'osent pas s'opposer à la volonté de Louis et de Baudouin, laissent partir la relique à contrecœur. Le transport vers la France se fait, cette fois, par la terre. Pour assurer leur sécurité, les convoyeurs sont munis d'un sauf-conduit de Frédéric II du Saint-Empire, la plus haute garantie juridique de la ChrétientéL 94. La couronne est enfin proche de son acquéreur et est déposée à Villeneuve-l'Archevêque où le roi se précipite pour la voir, accompagné de sa mère, de ses frères, de Gauthier Cornut et de Bernard de Sully ainsi que de nombreux barons et chevaliersL 95.
Le lendemain, la couronne est transportée par bateau sur l'Yonne et la Seine jusqu'à Vincennes. La châsse comportant la relique est alors exposée sur un grand échafaud pour être vue de tout le peupleL 96. Puis, la châsse arrive dans la capitale, portée par Louis et son frère Robert, pieds nus, suivi de prélats, de clercs, de religieux et de chevaliers, eux aussi pieds nus. La relique est quelques instants placée dans la cathédrale Notre-Dame. Enfin, la relique arrive au terme de son voyage et est déposée dans la chapelle Saint-Nicolas du palais de la Cité.
Les besoins d'argent de l'empereur Baudouin s'accroissant, Louis lui rachète à grand frais d'autres reliques de la Passion. En 1241, il acquiert une partie importante de la Vraie Croix, la Sainte Éponge et le fer de la Sainte LanceL 97.

La construction de la Sainte-Chapelle

Photographie contemporaine des vitraux est de la Sainte-Chapelle, à dominante bleue.
Intérieur de la Sainte-Chapelle.
Article détaillé : Sainte-Chapelle.
Statue de pierre peinte au milieu d'un décor gothique.
Statue de Saint Louis dans la Sainte-Chapelle.
Saint Louis considère que la chapelle palatine Saint-Nicolas est beaucoup trop modeste pour les trésors qu'il vient de se procurer. Le roi fait alors construire une nouvelle chapelle qui lui sert, selon Louis Grodecki, de « monumental reliquaire » et de « sanctuaire royal »L 98. D'après Jean-Michel Leniaud, le choix de l'implantation de la Sainte-Chapelle dans le palais royal n'est pas anodin : il affirme le lien entre le roi et le sacré, comme le faisaient les empereurs byzantins et germaniques. Cette proximité a également un rôle judiciaire, c'est sur les reliques que l'on prête dorénavant serment dans les procédures entre seigneurs et vassauxLP 1. En effet, selon Jacques Le Goff, Louis IX ne perd jamais une occasion pour associer la gloire du roi à celle de DieuL 98.
La forme de la Sainte-Chapelle est alors inspirée par celle des chapelles épiscopales de Laon, de Paris, de Noyon et surtout de l'archevêché de ReimsLP 2. Louis IX voulant disposer d'un lieu de prière calme, la chapelle n'est pas adaptée pour accueillir des foules de pèlerins : elle ne dispose ni de déambulatoire ni de tribune royale car les jours ordinaires, seuls le clergé, la famille royale et ses invités ont accès à la chapelleLP 3.
En mai 1243, le pape Innocent IV accorde des privilèges à la future chapelle. En janvier 1246, le roi fonde un collège de chanoines afin d'assurer la garde des reliques et la célébration du culteL 98. Le 26 avril 1248, soit deux mois avant le départ du roi pour la croisade, celui-ci inaugure la Sainte-Chapelle, qui est dans le même temps consacrée par Eudes de Châteauroux et Philippe BerruyerH 4. La construction de la Sainte-Chapelle a donc été réalisée en un temps record et aurait coûté, d'après l'enquête du procès de canonisation de Saint Louis, 40 000 livres tournois et la châsse des reliques 100 000. Le roi aurait été très présent sur le chantier et aurait travaillé en étroite collaboration avec son architecteLP 4, cependant, selon Jacques Le Goff, les noms de l'architecte principal et de ses aides sont inconnusL 98, bien que Jean-Michel Leniaud et Françoise Perrot précisent que la tradition orale ainsi qu'un manuscrit de la Bibliothèque nationale de France, remontant au XVIe siècle, évoquent Pierre de MontreuilLP 4.
Le programme architectural s'accompagne de nombreux symboles qui se manifestent à la fois dans le contenu du reliquaire et dans la décoration de la chapelle haute : on peut noter les reliques provenant de l'Empire byzantin, qui permettent à la monarchie capétienne de s'afficher comme véritable héritière de l'idée impériale ou encore le culte particulier de Louis IX pour la Passion, véhiculant une image de lui marchant dans les pas du ChristLP 5.

Montségur et les Cathares

Photographie aérienne contemporaine de ruines d'un château bâti sur une éminence.
Les ruines de Montségur.
Article connexe : Croisade des Albigeois.
La conception qu'a Louis de sa fonction royale comme bras séculier de l'Église et protecteur de la foi l'amène, comme ses ascendants l'ont fait avant lui, à intervenir contre les ennemis de cette foi. Et si, après le décès de Louis VIII en 1226, le traité de Paris du 12 avril 1229 semble mettre fin à la croisade contre les Albigeois, ces derniers sont encore très présents, plus particulièrement en Languedoc, en Provence et en Lombardie. Ils sont toutefois moins visibles et moins nombreux après 1230, sous les effets de l'Inquisition, du désintérêt dont ils font l'objet de la part des nobles et des bourgeois et de l'essoufflement général de leur doctrine, de leur pratique et de leur organisationL 99.
Pour décider des mesures à prendre à leur égard, le roi s'entoure d'un conseil composé d'inquisiteurs, appartenant majoritairement aux frères mendiants, et d'hérétiques convertisL 100. La volonté de Saint Louis est alors de purifier le royaume non par le feu, bien qu'il accepte les décisions de condamnation au bûcher, mais par la conversion et l'expulsionL 101.
Cependant, à la suite de l’assassinat d’inquisiteurs à Avignonet le 20 mai 1242 par des hommes de la garnison de Montségur, Blanche de Castille et Louis IX chargent le sénéchal de Carcassonne et Pierre Amiel, archevêque de Narbonne, d'assiéger le château. Après plusieurs tentatives avortées, à partir de mai 1243, 6 000 hommes entourent Montségur qui résiste jusqu'au 1er mars 1244, date à laquelle Pierre-Roger de Mirepoix obtient une trêve de 15 jours. Enfin, le 16 mars, la forteresse se rend. Deux cent vingt hommes et femmes qui refusent de renier leur foi sont condamnés au bûcher. Les derniers châteaux cathares, Quéribus et Niort-de-Sault, sont finalement pris à leur tour en 125524.

Mesures prises contre les Juifs

Saint Louis fait la différence entre le judaïsme, qu'il considère comme une vraie religion, et l'hérésie ou l'islam, qu'il considère comme un semblant de religion. Mais les Juifs embarrassent le roi. Premièrement, ils se trouvent à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de la religion chrétienne : ils ne reconnaissent pas le Christ, ont un calendrier liturgique et des rites différents mais obéissent à l'Ancien TestamentL 102. Enfin, il a un double devoir contradictoire : il doit réprimer leurs conduites considérées comme perverses, conséquences de leur religion erronée et « antichrétienne » — car les juifs sont considérés à l'époque comme un peuple déicide —, et les protéger, en tant que communauté minoritaireL 103.
Selon Jacques Le Goff, Louis IX, ayant longtemps refusé de faire appliquer les mesures antijuives décidées par Rome, notamment par souci d'intégration des Juifs à la communauté française, cède à la fin de sa vie, à la pression des juifs convertis de son entourageL 104. Cependant, Louis IX garde l'espoir de les convertir et leur rend justice quand ils sont injustement attaqués : il leur restitue les synagogues dont ils ont été spoliés à la suite de ses mesures et inflige des amendes à ceux qui ont participé à la « tuerie de juifs », le seul pogrom ayant eu lieu sous son règneL 105. On peut aussi noter qu'on ne connaît pas sous son son règne d'accusation de meurtre rituel contre les JuifsL 105. Enfin, il accepte d'être le parrain de nombreux juifs convertis, auxquels il assure une pensionL 106.

La lutte contre l'usure

Tandis que les usuriers chrétiens relèvent des tribunaux ecclésiastiques, les usuriers juifs et étrangers dépendent du pouvoir monarchique. C'est pourquoi le roi fait d'eux l'objet d'une législation particulièrement répressiveL 107. En décembre 1230, Blanche de Castille et ses conseillers, au nom de Louis, édictent l'ordonnance de Melun, qui reprend les mesures édictées par Philippe Auguste contre les Juifs et leur usureL 108. Chaque seigneur peut ainsi, s'il le souhaite, prendre comme serfs les Juifs de ses terresL 109. De plus, il leur est dorénavant interdit d'emprunter et de percevoir des usures sur les prêts qu'ils auraient consentisL 110,R 1,25.
En 1234, une nouvelle ordonnance remet aux débiteurs chrétiens le tiers de leur dette envers les Juifs, interdit qu'ils puissent être saisis en cas de non-paiement et que les Juifs ne reçoivent des gages qui n'auraient pas été déclarés devant des témoins dignes de foi. La « Grande Ordonnance » de 1254 comporte également deux passages sur les Juifs : l'article 32 leur impose de cesser « leurs usures, sortilèges et caractères26 » et l'article 33 interdit aux barons et aux agents royaux de les aider à recouvrer leurs créances puis leur répète l'obligation de condamner l'usureL 111,N 19. Enfin, il est interdit d'emprisonner des chrétiens ou de vendre leur propriété pour rembourser leurs dettes envers les Juifs27.
En 1247, l'entourage de Louis IX lui conseille de confisquer les usures des Juifs pour contribuer au financement de la septième croisade. Mais celui-ci refuse d'utiliser des biens honteusement acquis pour financer une action aussi sainteL 111. Une ordonnance de 1257 ou 1258 nomme une commission chargée de corriger l'application excessive des mesures prises plus tôt contre les JuifsL 77. Par ailleurs, la justice ne s'en prend plus seulement aux usuriers juifs, d'abord considérés comme les spécialistes de ces pratiques, mais à tous les usuriers. Une ordonnance de 1268 expulse les banquiers lombards, florentins, cahorsins et tous les autres usuriers étrangersL 78.

La disputation de Paris et le brûlement du Talmud

Article détaillé : Procès du Talmud.
L'abbé Nicolas Donin, juif converti au catholicisme, invite le pape Grégoire IX à ne montrer aucune tolérance à propos du Talmud, qui pour lui, aurait, auprès des juifs, remplacé l'Ancien Testament et contiendrait des propos insultants pour Jésus-Christ et la Sainte ViergeLN 1. En 1239, le pape adresse alors une lettre circulaire demandant à tous les princes chrétiens de saisir tous les exemplaires du Talmud25. Contrairement aux autres souverains européensSS 1 Louis et sa mère obéissent immédiatement et font confisquer les livres le 3 mars 1240L 112,R 2
Mais en revanche Louis, soucieux d'objectivité, veut qu'un grand débat ait lieu afin de juger si le livre contient ou non des injures contre le christianisme. En mars 1240, le « Procès du Talmud » est alors organisé25. Sous l'œil de Blanche de Castille et de toute la cour, des ecclésiastiques, dont l'évêque de Paris, débattent avec quatre rabbins, choisis parmi les plus érudits du royaume et dont le plus célèbre est Yehiel de Paris. À la fin de la controverse, bien que l'archevêque Gauthier Cornut conteste la sentence, il est décidé que le Talmud est un livre infâme et qu'il doit donc être brûlé13. Le roi fait alors procéder à la crémation publique de vingt-deux charrettes de manuscrits du TalmudL 113,LM 2,R 2,19. L'exécution de la sentence a lieu à Paris, sur la place de Grève, en présence des écoles, de l'université, du clergé, du prévôt et du peuple, attirés par le spectacle inédit. Les allers et retours continuels, entre les couvents où avaient été déposés les livres et le lieu d'exécution, durent deux joursP 1. Le 9 mai 1244, le nouveau pape, Innocent IV, félicite le roi pour son action et l'encourage à faire brûler les exemplaires subsistants. C'est ainsi qu'en 1244 une deuxième crémation publique a lieu, puis d'autres les années suivantesL 113.

La rouelle

Dessin en couleur représentant un homme barbu portant la rouelle sur son manteau.
Juif portant la rouelle, dessin allemand du XVIe siècle.
Article connexe : Rouelle (Moyen Âge).
Alors qu'Henri III applique cette mesure en Angleterre depuis 1218 et que Frédéric II, empereur des Romains, fait de même depuis 1221SS 2 ce n'est qu'en 1269 que, conformément au Quatrième concile du Latran de 121519,13 et au concile de Narbonne de 122713, et sous l'influence du dominicain Pablo Christiani, juif converti28, le roi impose aux juifs de porter la rouelleLM 1,12,25,24,29,30,32,13,LN 2 afin d'être distingués immédiatementP 2 : une rouelle doit être cousue au milieu de la poitrine et une autre dans le dosP 3. Il leur interdit également de sortir pendant les jours anniversaire de la Passion du Christ et d'exercer un emploi publicL 114.
De plus, dans l'espoir d'obtenir leur conversion, le roi oblige les Juifs à aller écouter les sermons de Pablo Christiani et à répondre à toute question qu'il pourrait avoir sur leur religion mais cela n'a aucun succès33.

Conclusion

Dans l'historiographie juive, Saint Louis laisse l'image d'un roi profondément antijuif ; pourtant sa politique est plus ambivalente qu'il n'y paraitSS 3. Les historiens se sont alors penchés sur la questionLM 1,17,19,18. Le Goff envisage d'abord le terme d'« antijudaïsme », qui « concerne exclusivement la religion », mais il ajoute aussitôt : « Quelle que soit l'importance de la religion dans la société juive et dans la conduite de Saint Louis à son égard, il est insuffisant. L'ensemble des problèmes concernés par cette conduite dépasse le cadre strictement religieux et il met en jeu des sentiments de détestation et une volonté d'exclusion qui vont au-delà de l'hostilité à la religion juive. » Reste alors le mot « antisémitisme17,19,18 », mais celui-ci serait « inadéquat et anachronique » car « il n'y a rien de racial dans l'attitude et les idées de Saint Louis ». Il conclut : « Je ne vois que le terme d'« antijuif » pour caractériser la conduite de Saint Louis. Mais ces conceptions et cette pratique ont fait le lit de l'antisémitisme ultérieur. Saint Louis est un jalon sur la route de l'antisémitisme chrétien, occidental et françaisL 115,N 20 ».
En 2014, en conclusion d'un colloque organisé par le Centre des monuments nationaux et destiné à éclaircir ce débat, Claude Gauvard estime qu'avec le règne de Saint Louis, si tous les éléments sont bien en place pour développer l'image de juifs persécuteurs qui peuvent devenir des boucs émissaires, un certain équilibre subsisteSS 4. Cependant ces actions lénifiantes ne résisteront pas aux flambées de lynchage dès que les conditions de vie des chrétiens se dégraderontSS 5.

Les croisades

Le vœu du roi

Miniature représentant Louis IX alité, entouré d'un évêque et de trois personnages.
Le roi saint Louis, malade, prononçant le vœu de partir en croisade. Miniature du Maître de Fauvel tirée d'une Histoire d'Outremer de Guillaume de Tyr, BNF, Fr.9083, fo 320 vo.
Revenu sérieusement malade de sa campagne de Saintonge, la santé du roi reste depuis fragile. Le 10 décembre 1244, il tombe gravement malade, probablement de dysenterie, à Pontoise, et semble aux portes de la mortR 3. Le 14 décembre, afin d'être en accord total avec Dieu, l'Église et sa conscience, il nomme deux arbitres pour régler les différends qu'il a avec le chapitre de Notre-Dame. Dans tout le royaume, des campagnes de quêtes, de prières et de processions solennelles sont organisées et Blanche de Castille fait apporter les reliques de la chapelle royale auprès de luiL 116.
Sa guérison, quelques semaines plus tard, est perçue comme un miracle. Selon Jean de Joinville, alors que ses dames de compagnie le croient mort, le roi retrouve miraculeusement la santé ainsi que l'usage de la parole et, sitôt, s'en sert pour faire le vœu de partir en croisadeL 116. La reine Blanche de Castille et la majorité de l'entourage du roi, tant laïcs qu'ecclésiastiques, essaient de le convaincre de renoncer à son vœu. Selon Matthieu Paris, Blanche et l'évêque de Paris, Guillaume d'Auvergne, dans une ultime tentative, lui font remarquer que le vœu n'est pas valable car il l'a prononcé étant malade et sans la possession de tous ses moyens mentaux. Saint Louis décide alors de refaire le vœu de croisade puisqu'il est désormais sain de corps et d'espritL 117,N 21.

La septième croisade

Article détaillé : Septième croisade.
Le départ
Miniature représentant Louis IX chevauchant parmi ses chevaliers, en train d'être bénis par des religieux.
Le départ de Saint Louis pour la croisade. Chroniques de Saint-Denis, vers 1332-1350, BL, fo 04 vo.
Le 12 juin 1248, Saint Louis se rend à Saint-Denis pour se saisir de l'oriflamme, mais également du bâton et de l'écharpe qui lui sont alors remis par le cardinal Eudes de Châteauroux : l'insigne royal est ainsi associé aux symboles du pèlerinL 118. Puis il retourne à Paris et se rend, pieds nus, accompagné d'une énorme procession populaire, à l'abbaye royale de Saint-Antoine-des-Champs. Là, il demande aux religieuses de prier pour lui et quitte les lieux pour aller passer la nuit au palais royal de Corbeil. Il établit alors officiellement sa mère comme régente du royaume en son absence et laisse auprès d'elle ses conseillersL 118.
Après quelques jours passés à Corbeil, Louis IX fait ses adieux à Blanche et s'avance vers le Midi, en faisant une longue halte à Sens où se tient le chapitre général de l'ordre franciscain. Il fait ensuite étape à Lyon pour s'entretenir avec le pape Innocent IV, qui lui promet de protéger la France contre les éventuelles attaques du roi d'AngleterreL 119.
De Lyon, Louis descend le Rhône et, à La Roche-de-Glun, rencontre un châtelain, Roger de Clérieu, qui exige un droit de péage à tous les passants. Le roi refusant de payer, Roger prend des otages mais Louis fait le siège du château, le prend en quelques jours et le fait démolirL 119. Au milieu du mois d'août, le roi arrive enfin à Aigues-Mortes puis, le 25, s'embarque avec sa suite qui comporte quasiment tous les membres de sa famille procheN 22. En effet, son épouse Marguerite de Provence, ses frères Robert d'Artois, Charles d'Anjou avec sa femme Béatrice et Alphonse de Poitiers ainsi que le beau-père de ce dernier, Raymond VII de Toulouse, le suivent en croisade. Bien que les chiffres soient contestés, on estime que l'armée de la croisade rassemble environ 2 500 chevaliers, 2 500 écuyers et valets d'armes, 10 000 fantassins et 5 000 arbalétriers, soit environ 25 000 hommes et 8 000 chevaux, chiffres considérables pour l'époque. Selon Le Nain de Tillemont, la flotte royale comprend trente-huit grands vaisseaux et des centaines d'embarcations plus modestesN 23,L 120.
Des victoires affaiblissantes
Articles détaillés : Prise de Damiette (1249) et Bataille de Mansourah.
Le départ de la flotte royale est retardé par l'absence de vent, et l'armée finit par quitter Aigues-Mortes le 28 aoûtL 121. Le 17 septembre 1248, Louis IX, sa famille et son armée débarquent sur l'île de Chypre, où est accumulé du ravitaillement depuis 1246, afin d'y hiverner jusqu'au 30 mai 1249. Louis débarque ensuite près de Damiette et prend la ville le 5 juin 1249L 122. Puis, l'armée des croisés se dirige vers Le Caire et subit les attaques incessantes de l'émir Fakhr-ad-Din Yusuf. Les croisés réussissent, au prix de durs combats, à passer sur la rive est du Nil. A ensuite lieu la bataille de Mansourah, lors de laquelle les croisés doivent faire face au génie militaire des musulmans qui parviennent notamment à détruire leurs trois chatsL 123. Le 9 février 1250, malgré leur victoire, ils ressortent très affaiblis de la bataille. En effet, Robert Ier d'Artois est mort et les croisés connaissent plusieurs épidémies de dysenterie, de typhus et de scorbut, aggravées par la sécheresse. Le roi est également atteint de la dysenterie mais refuse de repartir en y laissant ses troupesL 124.
L'échec final
Enfin, l'armée, affaiblie et manquant de ravitaillements, doit battre en retraite, mais les musulmans lui coupent la route au niveau du Nil et les croisés sont écrasés le 6 avril 1250, lors de la bataille de Fariskur. Le roi et une grande partie de son armée sont alors fait prisonniers tandis que les malades et les blessés sont massacrés par les musulmansL 125. En Occident, la nouvelle provoque la croisade des Pastoureaux35.
Durant la détention de son époux, la reine Marguerite de Provence exerce le rôle de chef de l'armée et réunit en un temps record les 400 000 besants, constituant le premier versement de la rançon et, le 6 mai 1250, Louis est libéréL 126,N 24. Quelque temps après sa libération, en mai 1250, Louis IX commence un pèlerinage en Terre sainte. Il appelle alors ses sujets à le rejoindre mais renvoie ses frères Alphonse de Poitiers et Charles d'Anjou en France afin qu'ils puissent épauler leur mère, qui exerce la régenceL 126. Mais, au printemps 1253, alors qu'il est à Sidon, il apprend la mort de sa mère, survenue le 27 novembre 1252. Après plusieurs jours d'un grand deuil, Louis conclut qu'il doit rentrer et, le 24 ou 25 avril 1254, rembarque d'Acre pour la FranceL 127,L 128.
Le 10 juillet, il débarque aux Salins-d'Hyères où il demande à rencontrer le frère Hugues de DigneL 129. Partant d'Hyères, le roi se rend ensuite à Aix-en-Provence pour un pèlerinage dédié à Marie Madeleine, puis entre en France par Beaucaire et, après plusieurs arrêts dans différentes villes de France, dépose l'oriflamme et la croix à Saint-DenisL 130. Enfin, il fait son entrée à Paris le 7 septembre 1254, où il est particulièrement bien accueilli par le peupleL 131. La septième croisade est cependant vécue comme un échec total, ce qui suscite un certain scepticisme vis-à-vis de la guerre sainte et une amertume envers le clergé, accusé de ne pas s'être assez impliqué35.
  • Miniature représentant des chevaliers et fantassins se battant au-dessus de morceaux de corps ensanglantée.
La bataille de Damiette, Matthieu Paris, Chronica Majora, Corpus Christi College, Cambridge, Parker 16.
  • Miniature représentant Louis IX soutenu par un personnage tandis qu'en arrière plan des chevaliers aux armes de France affrontent des ennemis.
La bataille de Mansourah, Guillaume de Saint-Pathus, Vie et miracles de saint Louis, BNF, Fr. 5716.
  • Miniature représentant Louis IX mené captif vers une tour.
Louis IX fait prisonnier, Guillaume de Tyr, Histoire d'Outremer, 1337, BNF, Fr.9083.
  • Miniature représentant Louis IX à cheval, puis agenouillé devant un bâtiment.
Louis IX en pèlerinage à Nazareth, Chroniques de Saint-Denis, 1332-1350, BL, Royal 16 G VI.
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La huitième croisade et la mort du roi

Miniature représentant Louis IX, alité et mourant, entouré de personnages diversement affligés.
La mort de Saint Louis, Chroniques de Saint-Denis, BL, Royal 16 G VI, fo 444 vo.
Article détaillé : Huitième croisade.
L'échec de la septième croisade, que Saint Louis interprète comme une punition divine, l'affecte énormémentL 131. À l'été 1266, il annonce secrètement au pape Clément IV qu'il décide de se croiser pour une seconde fois. Il fait connaître sa décision à une assemblée de prélats et de barons, au cours de la fête de l'Annonciation, le 25 mars 1267. Puis, lors d'une autre assemblée, le 9 février 1268, il précise qu'il partira au mois de mai 1270L 132. Sa décision apparait alors déjà anachronique à de nombreux contemporains, tel Joinville36.
L'évolution de la situation militaire et politique en Méditerranée orientale explique cette décision. Le frère du roi, Charles d'Anjou, est devenu roi de Sicile, celle-ci peut donc devenir une base d'opérations plus sûre et plus proche de ChypreL 132. De plus, Louis IX espère convertir l'émir hafside Muhammad al-Mustansir et faire de l'Ifriqiya (Tunisie) une base terrestre pour attaquer ultérieurement l'Égypte mameloukL 133,36. La préparation de la croisade est alors aussi minutieuse que pour la précédente. Son financement est pris en charge par les villes et la levée de décimes ecclésiastiques. Cependant, la préparation diplomatique connaît moins de succès que pour la croisade d'Égypte : Clément IV est mort, la vacance se prolonge et la Chrétienté n'a donc pas de pape au moment de la croisade. C'est ainsi que les seuls personnages importants souhaitant participer à la croisade sont Louis, le prince Édouard d'Angleterre et le roi Jacques d'Aragon, mais ce dernier y renonce après que sa flotte a été prise dans une tempêteL 134.
Le 14 mars 1270, Saint Louis s'en va chercher le bâton de pèlerin et l'oriflamme à Saint-Denis. Le lendemain, il se rend à pieds nus de son palais à Notre-Dame et fait ses adieux à son épouse au château de Vincennes d'où il partL 135. Enfin, après plusieurs étapes jalonnées de sanctuaires, le roi et ses fils arrivent à Aigues-Mortes où ils sont rejoints par Thibaut de Navarre et d'autres croisés. En attendant l'arrivée des navires, une bataille éclate entre les Français et les Catalans : la bataille fait une centaine de morts, Louis fait pendre les responsables et, enfin, s'embarque le 1er juillet 1270 sur la nef « La Montjoie »L 136. Après une brève escale en Sardaigne, les croisés débarquent à la Goulette, près de Tunis. Le sultan, qui n'a en fait aucune intention de se convertir, a préparé sa ville à subir un siège et ses hommes attaquent les croisés. Le roi décide ainsi de prendre d’assaut la ville de Carthage pour y mettre en sécurité ses hommes, en attendant les renforts de son frère Charles d’Anjou37,38. Les croisés s'emparent facilement de la ville mais, de nouveau, l'armée subit une épidémie de dysenterie ou de typhus qui est d'abord fatale au prince Jean Tristan, le 3 août, puis à Saint Louis, le 25 août 1270L 136. Une étude menée sur ses reliques en 2015 par Philippe Charlier suppose toutefois qu'il serait mort de bilharziose39.
  • Miniature représentant Louis IX à bord d'un navire, s'entretenant avec des soldats.
Le départ pour la Huitième croisade, Grandes Chroniques de France de Charles V, BNF, Fr.2813.
  • Miniature représentant Louis IX à bord d'un navire chargé de soldats tandis que d'autres soldats à terre attaquent une tour bien défendue.
Le siège de Tunis, Grandes Chroniques de France de Charles V.
  • Miniature représentant des hommes d'arme au sommet d'une tour, et brandissant une bannière fleurdelisée.
La conquête de Carthage, Chroniques de Saint-Denis, BL.

Premier codicille ajouté par le roi à son testament, au large de la Sardaigne à bord du bateau royal, juillet 1270 (Archives nationales).
  • Manuscrit portant le sceau de Louis IX.
Dernier codicille au testament du roi, au camp devant Carthage, août 1270 (Archives nationales).
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Après la mort du roi

Le cadavre royal

Tableau de style néo-classique représentant Philippe III marchant devant le cercueil de Louis IX dans la basilique Saint-Denis.
Philippe III apportant à Saint-Denis les reliques de Saint Louis, XIXe siècle, Basilique de Saint-Denis.
À la mort du roi, on ne peut laisser son corps en terre infidèle, loin du royaume de France et de la Chrétienté. Charles d'Anjou tente de prendre le contrôle de l'armée face à son neveu, devenu le roi Philippe III, qu'il considère comme trop inexpérimenté. Mais ce dernier affirme immédiatement son autoritéL 137. Dès lors, le sort du cadavre du feu roi devient un enjeu politique entre le jeune roi et son oncle : Philippe souhaite que les restes de son père soient rapatriés en France tandis que Charles, prétextant la proximité, propose que les restes de son frère aillent reposer en son royaume de SicileL 138. Finalement, les deux parents s'accordent sur la tripartition du corps : les entrailles et les chairs seront donnés à Charles, qui les déposera à l'abbaye de Monreale, et les ossements iront reposer dans la nécropole royale de Saint-DenisN 25. Philippe refuse d'exposer le corps à tous les dangers en l'envoyant en avance. Il souhaite attendre de pouvoir l'accompagner en convoi, auprès de l'armée. On procède alors au Mos Teutonicus : le corps est découpé et cuit dans un mélange d'eau et de vin jusqu'à ce que la chair se détacheL 140.
L'armée signe un accord avec l'émir de Tunis le 30 octobre et rembarque le 11 novembre pour un voyage placé sous la protection de Louis et Jean Tristan. Au terme de leur long périple, qui voit mourir Thibaud de Champagne, la reine Isabelle d'Aragon, Alphonse de Poitiers et Jeanne de Toulouse, Philippe III et l'armée arrivent à Paris, le 21 mai 1271. Le cercueil de Louis IX est exposé à Notre-Dame et les funérailles ont lieu à Saint-Denis le 22 maiL 141.

Le tombeau royal

Miniature représentant un tombeau gardé par plusieurs figures.
Louis IX a demandé une tombe très simple. Mais dès 1274 la sépulture est déjà plus élaborée que la dalle d’origine avec sa structure de bois. Ce second tombeau fait place en 1282 à un troisième, largement orné d’or et d’argent, sans doute comparable à ceux de Philippe Auguste et de Louis VIII qui le côtoient. Il disparait vers 1420, sans doute détruit et fondu par les armées anglaises d’Henri V ou du duc de Bedford40. Son aspect reste donc très incertain. L'inventaire de 1505-1634 et une enluminure conservée au Walters Art Museum de Baltimore montrent un gisant tandis que celles du manuscrit de Guillaume de Saint-Pathus41 et du Livre d'heures de Jeanne d'Évreux conservé au Metropolitan Museum of Art de New York montrent une figure debout42.

La reconnaissance de sa sainteté

La canonisation

Considéré comme un saint de son vivant, Louis IX fait l'objet, immédiatement après sa mort, d'une vénération de la part de son entourage et de ses sujets. Déjà connu pour guérir les écrouelles de son vivant, plusieurs miracles sont réputés avoir lieu sur le passage de sa dépouille en Sicile. L'Église en reconnaît rapidement deux, puis deux autres survenus lors du passage du cercueil en Italie du Nord et un autre survenu à l'entrée de Paris, à Bonneuil-sur-Marne. Enfin, les miracles se multiplient à Saint-DenisL 142, au point qu'un service d'ordre doit être mis en place près de son tombeau pour canaliser les foules qui viennent implorer son intercessionH 5.
À la mort de Saint Louis, le siège pontifical est vacant depuis un long moment mais, le 1er septembre 1271, Thebaldo Visconti de Plaisance devient pape sous le nom de Grégoire X. Son premier acte pontifical, à son retour de Terre sainte le 4 mars 1272, est de demander à Geoffroy de Beaulieu, confesseur de Louis IX, de lui fournir le plus d'informations possible sur le roi qu'il considère comme un « véritable modèle pour tous les princes chrétiens ». Geoffroy écrit alors, en quelques mois, une libelle d'une cinquantaine de chapitres à la fin de laquelle il conclut que Louis IX est digne d'être canonisé. En mars 1274, Philippe III va saluer le pape à Lyon, mais celui-ci se montre plus intéressé par le deuxième concile de LyonL 143.
Miniature représentant le pape écoutant les demandes de deux rois et plusieurs évêques.
La canonisation de Saint Louis, Guillaume de Saint-Pathus, Vie et miracles, 1330-1340, BNF, Fr.5716.
L'année suivante, les groupes de pression, dont les plus importants sont la vox populi, la famille royale et l'Église de France — et plus particulièrement les Cisterciens, les Dominicains et les FranciscainsL 142 —, s'activent. En juin 1275, l'archevêque de Reims et ses suffragants envoient une lettre au pape pour lui demander l'ouverture du procès de canonisation ; le mois suivant, l'archevêque de Sens fait de même et, enfin, en septembre, ils sont suivis par le prieur des dominicains de France. Le pape charge alors Simon de Brie, cardinal-légat en France et ancien conseiller de Louis IX, d'enquêter secrètement sur le roi. Mais son enquête est considérée comme bâclée par le pape, qui meurt le 10 janvier 1276L 143. Innocent V, Adrien V et Jean XXI se succèdent alors sur le trône en moins d'un an et demiL 144.
À la fin de 1277, le nouveau pape Nicolas III réclame à Philippe, qui lui a envoyé une ambassade afin de le hâter, une documentation approfondie sur les miracles de son père. Il charge à nouveau Simon de Brie d'un complément d'enquête : les résultats sont envoyés au pape, mais celui-ci meurt à son tour le 22 août 1280. Simon de Brie lui-même lui succède alors en tant que pape, sous le nom de Martin IV, et donne une impulsion décisive au procès. Une nouvelle assemblée de l'Église de France lui remet une supplique pressante. Le pape assure les prélats de sa bonne volonté, mais souhaite mener le procès dans les formes. Le 23 décembre 1281, il confie à Guillaume de Flavacourt, archevêque de Rouen, et aux évêques d'Auxerre et de Spolète, l'enquête finale sur la vie, les mœurs et les miracles de Louis IX, puis leur demande d'enquêter sur les miracles se produisant sur le tombeau du roi. L'enquête, durant laquelle ils questionnent trois cents trente témoins pour les miracles et trente-cinq pour la vie, commence en mai 1282 et se termine en mars 1283L 144,N 26. Les résultats de l'enquête sont envoyés à Rome, mais Martin IV meurt le 28 mars 1285L 145.
Son successeur, Honoré IV, s'intéresse également à la canonisation de Louis, mais meurt le 3 avril 1287. La vacance dure près d'un an. Après son élection, Nicolas IV désigne une nouvelle commission de trois cardinaux pour poursuivre l'examen des miracles, mais meurt en 1292, avant la fin de l'enquête. Le trône pontifical demeure encore vide pendant plus d'un an et demi et, quelques mois après avoir été élu, Célestin V renonce à sa charge pour retourner à son érémitismeL 145.
Enfin, le 24 décembre 1294, Benoît Caetani, l'un des cardinaux ayant fait partie de la commission ayant examiné les miracles, devient pape sous le nom de Boniface VIII. Il est sincèrement convaincu de la sainteté de Louis, mais souhaite aussi et surtout établir de bonnes relations avec le nouveau roi de France, Philippe « le Bel »L 145,43. C'est ainsi que, le 4 août 1297, à Orvieto, il annonce sa canonisation sous le nom de « saint Louis de FranceH 6 ». Le 11 août, il lui consacre un nouveau sermon, officialise la canonisation par la bulle Gloria laus et fixe sa fête au jour anniversaire de sa mort, le 25 aoûtL 146.

La fragmentation des reliques

Photographie contemporaine d'un reliquaire de pierre situé entre les vitraux colorés d'une petite chapelle.
Reliquaire contenant le fragment d'un poignet de Louis, en la basilique Saint-Denis.
Le 25 août 1298, lors d'une cérémonie à Saint-Denis, en présence de nombreux témoins du procès de canonisation, de prélats, de barons, de clercs, de chevaliers, de bourgeois et de gens du peuple, Philippe « le Bel » fait procéder à la levée du corps de son grand-père : les ossements sont alors solennellement déposés dans une châsse en or, derrière le maître-autel de la Basilique Saint-DenisL 146.
Mais les reliques de saint Louis sont destinées à subir un curieux et dramatique destin. En effet, quelque temps après, le roi Philippe IV désire transférer les reliques vers la Sainte-Chapelle afin qu'elles soient plus proches du palais royal. Le pape Boniface VIII, qui souhaite toujours entretenir de bonnes relations avec Philippe, l'autorise à procéder au transfert, à la condition qu'il laisse un bras ou un tibia aux moines de Saint-Denis. Cependant, après le refus de ces derniers, Philippe abandonne le projet jusqu'à la mort de BonifaceL 147. Mais, après l'élection de Clément V, celui-ci autorise le transfert à la Sainte-Chapelle de la tête de Saint Louis. Le roi laisse alors aux moines le menton, les dents et la mâchoire inférieure du saint. Il offre également une côte à Notre-Dame de Paris. La translation solennelle a lieu le 17 mai 1306. Le crâne est alors déposé dans un magnifique reliquaire en or, orné de pierres précieuses, commandé en 1299 à l'orfèvre Guillaume JulienL 148. Puis, les moines font eux aussi confectionner un superbe reliquaire pour ce qu'il leur reste de la tête de Louis et l'inaugurent le 25 août 1307 en présence du roi et d'une foule de seigneurs et de prélatsL 149.
Philippe « le Bel » offre ensuite des phalanges de doigts au roi Håkon V de Norvège qui vient de faire construire une église dédiée à Saint Louis près de Bergen. Il donne également quelques reliques aux chanoines de Notre-Dame de Paris, aux dominicains de Paris et de Reims et aux abbayes de Royaumont et de Pontoise. Entre 1330 et 1340, Philippe de Valois donne quelques fragments d'os à Blanche de Namur, de voyage à Paris, pour le monastère de Vadstena. L'empereur Charles IV du Saint-Empire se voit lui aussi céder quelques fragments, qu'il fait envoyer à la cathédrale de PragueL 149.
Reliquaire doré doté d'une vitre et posé sur une console de bois doré.
Reliquaire des entrailles de saint Louis dans la cathédrale de Versailles.
En 1392, le reste des os de Saint Louis est placé dans une nouvelle châsse et, à cette occasion, Charles VI offre une côte au pape par l'intermédiaire de Pierre d'Ailly, deux côtes aux ducs de Berry et de Bourgogne et un os aux prélats présents lors de la cérémonies, afin qu'ils se le partagent. Vers 1430, Louis VII de Bavière s'en voit offrir d'autres pour l'église d'Ingolstadt. Puis, en 1568, l'ensemble des os est rassemblé à Paris pour célébrer une procession contre le protestantisme. En 1610, Marie de Médicis reçoit un os mais, prise de remords, elle le rend lors du sacre de Louis XIIIL 149. En 1616, Anne d'Autriche reçoit un petit morceau de côte mais, insatisfaite, elle obtient une côte entière l'année d'après et, un peu plus tard, elle s'entretient avec le cardinal de Guise pour obtenir une autre côte et un os dans le but de les offrir aux jésuites de Paris et de Rome. Selon Jacques Le Goff, la châsse de 1298 est probablement détruite et les ossements dispersés lors de la Révolution française. Durant cette période, le chef reliquaire de la Sainte-Chapelle est également refondu : un seul fragment en est conservé et déposé au cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale. Les reliques conservées à Saint-Denis n'échappent pas non plus à la distribution et, en 1926, le cardinal Louis-Ernest Dubois offre un morceau de côte à l'église Saint-Louis-de-France de MontréalL 150.
En 1941, la société du mémorial de Saint-Denis commande un reliquaire pour abriter un os de Saint Louis dont la date et les conditions de l'acquisition sont inconnues. La relique est alors exposée dans la chapelle absidiale de la basiliqueL 150.
Enfin, les entrailles, demeurées à Monreale jusqu'en 1860, sont emportées par le roi François II des Deux-Siciles lors de son exil à Gaète, puis à Rome. Elles sont ensuite déposées dans la chapelle d'un château en Autriche que l'empereur François-Joseph lui a mis à disposition. Dans son testament, rédigé en 1894, il lègue le reliquaire des entrailles au cardinal Charles Lavigerie, qui le dépose dans la cathédrale de CarthageL 151. Puis, en 1985, l'évêque de Tunis fait transférer les entrailles dans un oratoire de l'évêché de Saint-Denis. Elles n'en sortent qu'en août 1999, lorsque le prince Louis de Bourbon, duc d'Anjou et aîné des Capétiens, les emmène à Saint-Louis, dans le Missouri, pour les proposer à la vénération des catholiques américains. Enfin, en 2011, Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis, offre ces reliques au diocèse de Versailles. La cérémonie de translation en la cathédrale du lieu se déroule le 16 octobre 201144,45.

Vénération

Saint Louis est déjà légendaire de son vivant, et il est précocement canonisé, mais sa vénération tarde à se répandre. C'est seulement à partir du XVIIe siècle qu'il devient véritablement un saint dynastique, d'ampleur nationale. Il devient le protecteur de la France et de la monarchie. Les Jésuites, en particulier, lui portent un réel attachement. C'est par eux, grâce à leur large zone d'influence, qu'il devient un saint international46. Louis IX est saint patron de la France, des tertiaires franciscains, du diocèse aux Armées françaises, de celui de Versailles et de celui de Blois mais aussi des coiffeurs et des passementiers47.

Représentations

Les représentations de saint Louis le figurent en roi, avec les attributs du monarque absolu. Il est presque toujours en saint, comme sur la statue du XIVe siècle conservée dans la chapelle Saint-Louis de l'église de Mainneville dans l'Eure, ou sur l'Apothéose de Saint Louis, par Vouet, dans la Gemäldegalerie, à Dresde48.
Un vitrail du XIIIe siècle, dans la Sainte-Chapelle, représente plusieurs épisodes de sa vie, notamment ceux concernant la couronne d'épines. Les scènes de sa vie souvent représentées sont quand il visite les malades, apporte de la nourriture aux pauvres, lave les pieds des lépreux, accomplit des miracles, se donne ou se fait donner la discipline48. D'autres scènes sont inspirées de la vie de saint François d'Assise, Saint Louis étant lui-même tertiaire franciscain. Selon l'époque, le visage de Saint Louis prend parfois les traits du souverain français régnant48.
Ses attributs royaux sont toujours la couronne, quelquefois la main de justice ou le sceptre. D'autres attributs sont les clous de la Passion, les lys de France, le manteau royal ou un autre vêtement fleurdelysé48. Les fleurs de lys comme attribut sont la principale raison de la destruction de nombreuses représentations de Saint Louis sous la Révolution : les révolutionnaires s'attachent à faire disparaître ce symbole de l'absolutisme48.

Généalogie

Ascendance

Ascendance de Louis IX de France

Descendance

Louis IX, sur son lit de mort, remet à son fils le plan de sa conduite, Jacques-Antoine Beaufort, XVIIIe siècle, chapelle Saint-Louis de l'École militaire, Paris.
Le 27 mai 1234, en la cathédrale de Sens, Louis IX de France épouse Marguerite de Provence (1221-1295), fille de Raimond-Bérenger IV, comte de Provence, et de Béatrice de Savoie. De leur mariage, naissent onze enfantsN 27 :
Gravure en couleurs du XVIIIe siècle représentant les tombeaux de la famille de Louis IX.
Louis, Philippe, Jean, Isabelle, Pierre et Robert, enfants de Louis IX, Roger de Gaignières, XVIIIe siècle.

Annexes

Ouvrage dédié

Sources imprimées

Gravure représentant Louis IX portant le sceptre et les attributs royaux, ainsi qu'une auréole.
Saint Louis, d'après une vignette de 1316. Gravure tirée d'H. Duclos, L'Abbaye de Royaumont, 1867.

Bibliographie

Biographies

Moyen Âge
XVIIe siècle
XIXe siècle à nos jours
  • Charles Victor Langlois, Histoire de la France au Moyen Âge : IIIe siècle-1492, « Saint Louis, Philippe le Bel : les derniers Capétiens directs, 1226-1328 », Paris, Jules Tallandier, 1978, 448 p., [lire en ligne]. Réimpression de la 2e partie du tome III de L'Histoire de France depuis les origines jusqu'à la Révolution, Ernest Lavisse (dir.), Paris, Hachette, 1901
  • Jean Richard, Saint Louis : roi d’une France féodale, soutien de la Terre sainte, Fayard, coll. « Biographies historiques », 1983, 638 p. (ISBN 2213648042 et 9782213648040, notice BnF no FRBNF34741331, lire en ligne), pp. 108, 215, 227
[p. 108] : « Il en est de même dans une autre affaire : la destruction par le feu des exemplaires du Talmud. Un Juif rochelais, converti au christianisme, s’était persuadé que ce livre, qui régissait la vie de ses coreligionnaires, était le principal obstacle à leur conversion. À son instigation, le pape Grégoire IX dénonça les docteurs juifs comme coupables de s’être détournés de la loi de Moïse et de l’Écriture sainte, trésor commun des Juifs et des Chrétiens, pour suivre ces traditions qui les dénaturaient, et il invita Saint Louis à faire détruire ces livres. Le roi convoqua à une conférence qui se tint au Palais devant Blanche de Castille, le 24 juin 1240, quatre rabbins célèbres et leurs accusateurs. Les premiers furent confondus et, en juin 1242, une vingtaine de charretées d’exemplaires du Talmud furent livrés au feu. Le zèle du roi pour la conversion des Juifs, dont nous avons d’autres témoignages, sans aller jusqu’à la conversion forcée, ne reculait pas devant l’emploi de moyens de coercition. »
[p. 215] : « Mais confiscations et expulsions ne visaient sans doute que les usuriers juifs, car la présence de nombreux Juifs reste certaine, et l’ordonnance elle-même prescrit la restitution aux communautés juives de leurs synagogues et de leurs cimetières. Quant à l’ordonnance de 125413, elle reprenait les termes de celle de 1230, rappelait la condamnation du Talmud, considéré comme blasphématoire à l’égard de la foi chrétienne, et interdisait aux Juifs de prêter à intérêt dans l’avenir, en les incitant à vivre du travail de leur mains ou du métier de marchandLM 1. »

Aspects particuliers

[p. 214] : « Il prit part également à la condamnation du Talmud, dont les livres furent brûlés par ordre du pape, avec le concours du roi. »
[p. 336] : « On ne peut entendre autrement cette anecdote, si l’on a quelque bonne foi ; car sans cela elle serait en contradiction flagrante avec le caractère de saint Louis et avec ses procédés réels à l’égard des juifs […] les contraignant de payer le double du cens dû par les étrangers ordinaires ou les aubaines, et à porter sur leurs habits un signe distinctif : une rouelle d’étoile de couleur différente. » […] « L’ordonnance de 1254, pour la réformation générale du royaume, renouvelle l’interdiction des trafics illicites, familiers aux disciples de Moïse, de leurs blasphèmes, de leurs sortilèges, de leurs livres hétérodoxes, comme le Talmud, leur enjoint, sous peine de bannissement, de vivre du travail de leurs mains ou d’un commerce ordinaire (de laboribus manuum suarum vel de negociationibus sine terminis vel usuris) »

Sources additionnelles

Filmographie

  • [vidéo] Roger Stéphane et Roland Darbois, Le temps des cathédrales, 1978, d'après l’œuvre de Georges Duby (lire en ligne), chap. V (« Louis IX : roi, chevalier et saint »), durée : 50:27

Bande dessinée

  • Mathieu Mariolle, Alex Nikolavitch (scénario), Étienne Anheim, Valérie Theis (historiens) et Filippo Cenni (dessin), Saint Louis, éditions Glénat / Fayard, 2015

Articles connexes

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Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Le roi Louis IX peut être désigné par saint Louis ou Saint Louis : la minuscule signale alors la sainteté tandis que la majuscule fait référence au surnom1 (comme on aurait « Louis le Saint »).
  2. La mortalité périnatale est estimée aux alentours de 25 à 30 % à cette époque, si bien que les chroniques royales ne recensent pas tous les enfants mort-nés2.
  3. Selon Jacques Le Goff, Blanche de Castille aurait accouché « de deux ou trois premiers enfants morts en bas âge dont nous ne connaissons ni le nombre exact, ni le sexe, ni les dates de naissance et de mortL 3. »
  4. Selon Jacques Le Goff, Philippe Auguste aimait beaucoup la présence de son petit-fils qui gardera de lui un vif souvenirL 7.
  5. Vingt-six personnes sont ici présentes auprès du roi mourant : parmi lesquelles les archevêques de Sens et de Bourges, les évêques de Beauvais, de Noyon et de Chartres, son demi-frère Philippe Hurepel, comte de Boulogne, les comtes de Blois, de Montfort, de Soissons et de Sancerre, les sires de Bourbon et de Coucy et certains hauts dignitaires de son hôtelL 9.
  6. Selon François Olivier-Martin, il ne s'agit pas d'une mission officielle : « Le roi a simplement voulu confier la personne et la vie de ses enfants à des amis très chers et à des compagnons très sûrsL 9 ».
  7. Cependant, les chroniqueurs se contredisent à propos de la liste des présents et des absents. Par exemple, Philippe Mouskes liste le comte de Bar et le duc de Bourgogne comme présents au sacre, tandis que Matthieu Paris les en exclutL 15.
  8. En échange, Philippe Hurepel s'engage, pour lui et ses éventuels héritiers, à ne pas réclamer la part de son héritage. De plus, ses terres, lui ayant été données par son père Philippe Auguste et son frère Louis VIII, doivent revenir au royaume de France s'il meurt sans descendanceL 18 (ce qui arrivera en 1236).
  9. Selon Jacques Le Goff, Philippe Hurepel n'a « ni malice ni cervelle » et se laisse faire mollement par les autres barons, qui ne ne veulent de lui à leur tête que pour avoir un semblant de légitimité dynastiqueL 20.
  10. Selon Jacques Le Goff, Blanche de Castille, ayant pris goût au pouvoir, aurait tardé à faire reconnaître la majorité de son fils afin de prolonger la tutelle qu'elle exerçaitL 29.
  11. Louis et Marguerite ont pour ancêtre commun Raimond-Bérenger Ier de Barcelone, leur arrière-arrière-arrière grand-pèreS 3.
  12. Parmi les ligués, on peut noter le sénéchal de Guyenne, les villes de Bordeaux, Bayonne, La Réole et Saint-Émilion, Raymond VII de Toulouse et la plupart des barons du LanguedocL 38.
  13. Selon Jacques Le Goff, la soumission de Hugues X est spectaculaire. Il vient avec sa femme et ses trois fils, en pleurant, pour s'agenouiller devant Louis et lui réclamer publiquement le pardon. Le roi le fait alors se lever et lui pardonne à la condition qu'il remette à Alphonse tous les châteaux qu'il lui a pris et qu'il donne trois châteaux en gage, à lui-mêmeL 43.
  14. Louis donne à Henri ses domaines des diocèses de Limoges, Cahors et Périgueux à l'exception des terres tenues par les évêques de ces diocèses, et les fiefs tenus de lui par ses frères. Il promet également à Henri de lui donner une partie de la Saintonge à la mort d'Alphonse de Poitiers. De plus, Richard de Cornouailles et Aliénor doivent renoncer à leur droits en France, au profit de leur frèreL 48.
  15. La Couronne d'Aragon renonce à ses prétentions sur le Languedoc, à l'exception de Montpellier.
  16. L'affaire est d'autant plus complexe que l'héritage est partagé entre le royaume de France (Flandre royale) et l'Empire (Flandre impériale). Mais la mort de Frédéric II, en 1250, laissera plus de liberté à Saint LouisL 55.
  17. Les bailliages, les sénéchaussées dans le Centre-Ouest et le Languedoc, et le prévôté à Paris.
  18. Yolande, mère de Baudouin II de Courtenay, était la sœur d'Isabelle, grand-mère paternelle de Saint LouisL 89.
  19. a et b Consultation en ligne en page 90 du livre « Les rois de France : enfants chéris de la République26 » de l'historien Claude Lelièvre.
  20. a et b Cette citation de Le Goff peut en outre être consultée en ligne dans son entièreté avec un commentaire d'appoint en page 1882 du livre « Retour sur la question juive34 » d'Élisabeth Roudinesco.
  21. Louis renouvelle son vœu de manière brusque, théâtrale et non sans humour, comme il a, selon Jacques Le Goff, souvent aimé le faire. Il arrache alors violemment la croix cousue sur son vêtement et ordonne à Guillaume d'Auvergne de la lui rendre « pour que l'on ne puisse plus dire qu'il l'a prise sans savoir ce qu'il faisaitL 117. »
  22. Saint Louis ordonne à la plupart des membres de sa famille proche de le suivre. Seuls sa mère, ses jeunes enfants et sa belle-sœur, la comtesse d'Artois, dont la grossesse arrive à son terme, ne le suivent pasL 120.
  23. Selon Matthieu Paris, il y a trop peu de bateaux pour embarquer tous les soldats et le roi est contraint de laisser un millier de mercenaires à Aigues-Mortes, en majorité des Italiens en qui, selon Jacques Le Goff, Saint Louis n'a pas entièrement confianceL 120.
  24. Selon Guillaume de Chartres, lorsque Louis apprend que ses hommes ont volé les musulmans de 40 000 besants lors du paiement de la rançon, il se met en colère, estimant que sa parole doit être respectée même si c'est à des mécréants qu'elle a été donnée. Lors de son procès de canonisation, cet événement sera considéré comme l'un des actes les plus vertueux de Saint LouisL 126.
  25. La destination du cœur n'est pas connue. D'après Geoffroy de Beaulieu, Philippe laissa son oncle l'emporter tandis que d'autres témoins affirmèrent que le jeune roi de France le fit déposer auprès des ossements, comme le conseillaient les moines de Saint-Denis. D'autres rumeurs prétendirent que l'armée exigea que le cœur restât en Afrique, auprès des combattants morts ou encore qu'il fut déposé dans la Sainte-ChapelleL 139.
  26. Parmi les personnes auditionnées pour témoigner de la vie de Saint Louis figurent son frère, le roi Charles Ier de Sicile, ses fils, le roi Philippe III et le comte Pierre d'Alençon, les régents Matthieu de Vendôme et Simon de Nesles, son ami Jean de Joinville, des chevaliers, des religieux et trois religieuses hospitalièresL 144.
  27. Le couple a son premier enfant en 1240, soit 6 ans après leur mariage. Selon Jacques Le Goff, Marguerite de Provence serait devenue féconde tardivement et aurait subi plusieurs fausses couches. Il est également possible mais peu probable qu'elle ait accouché d'enfants morts en bas âge dont les documents et les chroniqueurs de l'époque ne parlent pasL 152.
  28. Saint Louis souhaite que Jean Tristan devienne dominicain, Pierre franciscain et que Blanche se fasse cistercienne à Maubuisson, abbaye fondée par sa grand-mère. Mais les trois refusent et Louis, bien que d'habitude autoritaire, ne leur impose pas ses désirsL 156.

Références

Ouvrages

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  3. Le Goff 1996, p. 38.
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  1. Philippe 1997, p. 49.
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  1. a, b, c et d La Marche 1900, p. 336.
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  1. Richard 1983, p. 215.
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  1. a et b Nachet 1830, p. 129.
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Autres sources

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« Tantôt on leur commandait de brûler leur Talmud et tous leurs autres livres, où se trouvait ce que l’on appelait des blasphèmes » [cf. note 2« Voyez ordonnance de Louis IX de 1254 »]. « Tantôt on leur ordonnait, pour satisfaire aux conciles d’Arles et de Latran, de faire coudre sur leurs robes de dessus, devant et derrière, une pièce de feutre ou de drap jaune de quatre palmes de circonférences » (cf. note 3« Règlement de Louis IX de 1269 ») « et même de porter, outre cette rouelle, comme on nommait cette pièce, une corne attachée à leur bonnet. D’autres fois on leur défendait d’avoir des habits de couleur, de se baigner dans les rivières où se baignaient les chrétiens, de préparer des médicaments et de toucher aux vivres dans les marchés à moins qu’ils ne les achetassent… »
  1. Louis IX ou Saint Louis, encyclopédie Larousse, éditions Larousse, 2014, dossier « Moyen Âge » (lire en ligne [archive]), Le règne personnel de Louis IX, « La réforme administrative du royaume ».
  2. (en) Leah Lydia Otis, Prostitution in Medieval Society: The History of an Urban Institution in Languedoc, University of Chicago Press, coll. « Women in culture and society », 2009, 258 p., ce livre est issu d'une adaptation à partir d'une thèse de l'auteur – Leah Lydia Otis, Ph. D. – parue à l'origine en 1980 sous les auspices de l'université Columbia (ISBN 0226640345 et 9780226640341, LCCN 84016184, présentation en ligne [archive], lire en ligne [archive]), chap. 1er (« The Twelfth and Thirteenth centuries: Prostitution Accepted »), pp. 19-24, 36-37, 70, 72, 107, 163, 175, 236
[p. 20 [archive]] « Such reversals of traditional law were imposed by the king of France, especially Louis IX, in an effort to suppress what they considered to be bad customs and to replace them with a legislation esteemed to be more rational and just. Just as Saint Louis prohibited traditional trial by battle and opposed many other "irrational" aspects of criminal procedure, so he attempted to extirpate the "bad custom" of tolerance of prostitution. »
  1. a, b, c et d Alexandre Jean-Baptiste Parent du Châtelet, De la prostitution dans la ville de Paris, Paris, Établissement encyclographique, 1837, 392 p. (lire en ligne [archive]), p. 346.
  2. a, b, c et d Christian Delacampagne, De l’indifférence : essai sur la banalisation du mal, éditions Odile Jacob, 1998 (ISBN 2738106293 et 9782738106292, notice BnF no FRBNF36994840, lire en ligne [archive]), p. 142
« Et parce que l’antisémitisme médiéval est un « vieil antisémitisme de type religieux », qui ne s’est pas réellement investi dans la « guerre sociale », ni transformé en racisme d’État, avant le XIXe siècle. […] La seconde, inspirée des conclusions de Hannah Arendt, est contestable sur le plan historique (l’antijudaïsme de la monarchie française sous le bon roi saint Louis n’avait-il vraiment rien à voir avec un antisémitisme d’État ?) »
  1. a, b, c et d Christian Amalvi (professeur d’histoire contemporaine à l’université Paul-Valéry Montpellier 3) et Pierre Barral (historien), Les héros des Français : controverses autour de la mémoire nationale, éditions Larousse, coll. « Bibliothèque historique Larousse », 2011, 448 p. (ISBN 2035860903 et 9782035860903, notice BnF no FRBNF42498170, lire en ligne [archive]), « Un souverain antisémite ? », p. 187.
  2. a, b, c, d et e Alain Boureau, L’événement sans fin : récit et christianisme au Moyen âge, vol. 22, Les Belles Lettres, coll. « Histoire (ISSN 1140-2539) », 1993, texte remanié d’articles extraits de diverses revues et publications, 1982-1989 (ISBN 2251380213 et 9782251380216, notice BnF no FRBNF35608834, lire en ligne [archive]), p. 232
« Mais entre-temps saint Louis avait ordonné la crémation de 1242. En 1244, puis 1248, Innocent IV confirma cette volonté de destruction. Le rôle central joué par Donin a conduit certains historiens à privilégier l’importance des contradictions. […] Un historien américain a proposé récemment de lier la crémation de 1242 et, plus généralement, la recrudescence de l’antisémitisme médiéval17,18 aux ordres mendiants. […] À une autre échelle, l’événement de 1242 se banalise quand on l’intègre dans la longue chaîne de l’antijudaïsme et de l’antisémitisme17,18 . Les spécialistes d’histoire juive ont tendance à dérouler un processus continu depuis saint Augustin. Le bûcher de 1242 ne serait que le sommet de l'apogée antisémite, marqué par les pogroms du XIIe siècle et par les canons du concile du Latran IV (1215) qui imposèrent aux juifs le port d'un signe distinctif » (ndlr : la rouelle).
  1. Dominique Letellier-d'Espinose et Olivier Biguet, « Fortification d'agglomération dite enceinte de Saint Louis » [archive], sur patrimoine.paysdelaloire.fr,‎ 2006 (consulté le 13 mai 2016).
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« De sa générosité légendaire, néanmoins, sont exclus les cathares et les juifs. Il soutient l’Inquisition en Languedoc (Montségur tombe en 1244), oblige les juifs à porter la rouelle écarlate. »
  1. a, b, c et d Geoffrey Wigoder (directeur de publication) et Sylvie Anne Goldberg (adaptation), Dictionnaire encyclopédique du judaïsme ; esquisse de l’histoire du peuple juif ; calendrier [1942-2022] [« The encyclopedia of judaism »], Paris, les Éditions du Cerf, 1993 (ISBN 2-204-04541-1, notice BnF no FRBNF36667039), p. 1276
« […] du procès contre le Talmud (1240) et la littérature rabbinique à l’obligation de porter la rouelle (1269), les mesures qu’il prend contre les Juifs ponctuent son règne mais elles partent toutes d’une motivation religieuse ; leur défendant de se livrer au prêt à intérêt, il tente de proposer une réinsertion sociale qui leur permette de pratiquer l’artisanat mais les structures de la société chrétienne vouent cette vague tentative à l’échec. »
  1. a et b Claude Lelièvre, Les rois de France : enfants chéris de la République, éditions Bartillat, 1999, 301 p. (ISBN 2841002071 et 9782841002078, lire en ligne [archive]), p. 90.
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« La rareté des Juifs, pense M. E. Fournial31, explique qu’ils n’aient pas été persécutés. Les mesures dont ils furent l’objet — port de la rouelle, interdiction d’avoir des nourrices chrétiennes, de vendre leur viande aux chrétiens, d’exercer toute fonction publique, etc. — sont monnaie courante à cette époque. »
  1. (en) Joseph Jacobs et Israël Lévi, « Burning of the Talmud », Jewish Encyclopedia, The Kopelman Foundation,‎ 2002-2011 (lire en ligne [archive]).
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  16. a, b, c, d et e Duchet-Suchaux et Pastoureau 1990, p. 207.
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