lundi 31 mars 2014

réjouissez-vous de ce que je vais créer - textes du jour

Lundi 31 Mars 2014

Hier
 
                         09 heures 33 + La faculté la plus décisive de l’homme, GOETHE : l’admiration (ce que m’avait cité GOGUEL, cf. certainement sa relation si discrète avec de GAULLE), et je vis que l’action la plus efficace et décisive, responsable d’un homme, c’est la prière
 
Ce matin
 
05 heures 30 + A mesure que le pays s’enfonce… est enfoncé puisqu’il n’est plus dirigé ni animé, que les temps ne sont plus compris…  et que nos propres astreintes en trinité nous dépouillent, il me semble voir de plus en plus clair sur nos situations, nos forces et sur ce que j’ai à faire et à être. Restent les souffrances des autres bien plus profondes et vraies que les petites joies des petits vainqueurs par tout d’hier. Il est plus difficile d’être grand dans la victoire que dans la défaite. Ici, avoir été injurié, y compris par des semi-familiers, pour la prise de parole en faveur du sortant, et ne l’avoir été qu’assitôt sa défaite consommée, mais pas une seconde avant, me fait maintenant jubiler : ainsi sont les gens, ou que l’épouse de qui m’a trahi il y a quinze ans m’ait accusé d’avoir changé de camp parce que j’ai voté pour celui qui naguère m’avait battu, certes, mais avec courtoisie. – Rarement, notre pays s’est trouvé avec une question à la formulation aussi simple et à la réponse aussi compliquée qui nesera pas d’ordre spéculatif mais factuel… qui ? Rarement, notre pays aura été perdu par la faute d’un seul des siens, mais il est vrai que l’ambiance, et donc le moule de nos élites, étaient mortifères depuis une vingtaine d’années.
Prier…. oui, je vais créer un ciel nouveau et une terre nouvelle, on ne se rapellera plus le passé, il ne reviendra plus. Exultez sans fin, réjouissez-vous de ce que je vais créer [1] Monde nouveau qui a trois caractéristiques : la joie, l’intimité divine, la stabilité. Une Jérusalem de joie, un peuple d’allégresse. Je trouverai mon allégresse en Jérusalem, ma joie en mon peuple… On bâtira des raisons et on y restera, on plantera des vignes et on pourra en manger les fruits. Et moi qui ici en vingt ans n’ait sorti aucun livre, qui ai laissé les ronces proliférer et notre intérieur s’encombrer sans le ranger, recevrai-je la grâce pour les miens, mes deux aimés en premier rang pour le bonheur, de … tout ? Oui. Seigneur descends, avant que mon enfant ne meure ! La foi du centurion. Jésus lui répond : « Va, ton fils esst vivant ». L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et il partit. … Le père se rendit compte que c’était justement l’heure où Jésus lui avait dit… Alors il crut, avec tous les gens de sa maison. Sans texte, tout en acte, une foi qui ne se professe mais qui fait agir et qui fait s’attacher. Et j’ai crié vers toi, Seigneur, j’ai supplié mon Dieu. Tu as changé mon deuil en une danse.


[1] - Isaïe LXV 17 à 21 ; psaume XXX ; évangile selon saint Jean IV 43 à 54
 

dimanche 30 mars 2014

Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé, alors il vint le trouver - textes du jour

Dimanche 30 Mars 2014



Hier… journée exceptionnelle à Brest. Exercice conclusif de ma chère femme pur une formation des enseignants dans le système diocésain catholique après les journées de Ploërmel. Genre et qualité dont pourraient s’inspirer les partis politiques et l’enseignement public. La ressource humaine existe dans ces différents registres et elle existe pour la France. J’écrirai un peu plus tard dans la journée la sociologie vécue pendant quelques heures à Brest… , le bati et sa vétusté, notre après-guerre héroïque et désargenté…, la marine nationale certainement exsangue financièrement et sans plus d’orientation humaine…, la beauté et la justesse de l’église Saint-Louis, certainement un des plus monuments chrétiens les plus marquants que j’ai jamais vu dans ma vie, saisissant de présence, de simplicité, d’intériorité et d’originalité. J’essaierai de le mémoriser par écrit un peu plus tard. Enfin, l’évidence qui dissipe le flou dans lequel je réfléchissais pour notre avenir national et pour la manière dont je puis y contribuer : faillite évidente, aux causes lointaines et immédiates de l’ensemble des formations politiques et de leurs personnages, ce qui a produit la mise hors jeu de notre pays à presque tous les égards (sauf nos foucades africaines en impasses et consacrant autant notre solitude dans l’action que notre incapacité désormais d’entrainer et de séduire nos partenaires européens) et aussi grave, la distanciation de toute la génération montante vis-à-vis de nous-mêmes et de nos regards et interprétations sur le monde actuel. Quoi faire ou qu’être ? je l’ai ressenti et pratiqué pendant la réunion publique de vendredi soir chez nous, où je suis intervenu avec je crois un vrai succès d’estime et d’écoute, peut-être de confiance pour l’avenir …puisque je n’avais plus parlé publiquement dans mon village depuis ma défaite de 2001. Etre des faiseurs de paix et tenter qu’à travers les clivages de partis et de générations, on se parle, on prenne conscience de ce qu’il y a à faire et de la bonne volonté commune, c’est faisable. Enfin, quelques rencontres… systématiquement dans Brest, la demande de pronostics sur l’issue du débat MALGORN-CUILLANDRE, dialogue avec une commerçante (marchande de perles et petits accessoires bon marché pour enfants et adultes), avec la responsable de notre Quick à l’entrée-sortie de Vannes hier soir : une beauté et une sérénité de visage rares. Je n’ai pas manqué de lui dire combien la presse people, Match (hélas !) compris) mettent en valeur-photo. des couples et surtout des femmes très quelconques si elles n’étaient pas fonctionnellement en vedette : compagnes de président, princesses, etc… gagnerait à aller au hasard, les reines de beauté et d’expression d’âme se trouvent au seuil e ce Quick, aux caisses de grandes surfaces, et elles vivront leur existence à des années lumière « en-dessous » de ces artificielles créations qui nous dissipent de notre destin national, à la façon des « nouvelles » dans toutes les radios, commençant par le foot… plus développé que l’affaire de Crimée et le règlement des questions d’Europe, une nouvelle fois actualisé, par l’entente directe POUTINE-OBAMA au-dessus d’une Union à 28, muette constitutivement. Car on voit très bien la négociation Moscou-Washington : ce sera la garantie que l’Ukraine n’entrera jamais ni dans l’OTAN ni dans l’Union européenne. On flatte l’ego d’un pouvoir à bout de souffle, celui occupant sans texte ni rôle notre scène nationale, en faisant se rencontrer les deux ministres à Paris…  – Responsabilité donc : écrire est un exercice d'humilité et d'action de grâce, l'inspiration n'est pas notre fait, mais un devoir de transmission et partage. Les livres en projets. La reprise de mes notes de synthèse politique (séquence parfois discontinue depuis Novembre 2006 mais à la relecture passim et à la rediffusion sur mon blog. utile…) : je vais « sauter » la période désastreuse de Janvier 2013 à aujourd’hui, que je n’ai pu transcrire – je le ferai rétrospectivement avec la question : comment cela a-t-il pu se faire ? et entame une nouvelle série : au grand angle.


Bonheur et honneur de vivre (le Pr. Robert DEBRE, père de Michel)… la mémoire… un caissier charmant à la FNAC de Vannes, qui m’avait donné nos places pour Tal en Octobre prochain au Zenit de Nantes :prénommé Wilson ! ignorance totale de Woodrow et de son rôle en 1917-1919 qui a marqué la conclusion de la Grande Guerre et pesé tellement sur ce qui nous mena à la Seconde guerre mondiale. Prier… notre pays… mes aimées, moi-même, mon amie chère Michèle T. et ses propres aimés, une intense vie de disponibilité apparemment non remplie par les éphémérides et les rencontres… autrefois, vous étiez ténèbres… or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité…[1] Enseignement décisif du Christ à propos un aveugle de naissance : problème pas accessoire du handicap et de nos analyses sur les punitions divines ou les dettes envers on ne sait qui… De surcroît, l’aveugle était mendiant. La foule et ses différentes strates répondent directement au discours de Jésus : tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde (je n’entre pas maintenant dans ce à quoi donne à réfléchir, le tant que je suis dans le monde, conditionnant,  à suivre littéralement le texte, le rayonnement divin mais soulignant l’incarnation du Fils de Dieu et sa manière d’être notre rédempteur). De fait, tous cherchent à identifier le thaumaturge… alors comment tes yeux se sont-ils ouverts ? … Et lui, où est-il ? … Comment se fait-il que tu voies ? … Celui-là ne vient pas de Dieu puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. Conception du mal, de la médecine, du lien entre handicap ou maladie avec péché et démons qui entraine une qualification des miracles : c’est un exercice professionnel, interdit de pratique par observance du rite certains jours. Engrenage des cramponnements produisant une façon de penser de pus en plus éloignée et de la réalité et discernement des remèdes à mettre en œuvre. Nos politiques et intégrismes d’aujourd’hui. Comble, Jésus pécheur… Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils… Puis début de cheminement, police scientifique… Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’ a ouvert les yeux. En fond, la cécité spirituelle et intellectuelle des interrogateurs… les parents y passent, apeurés et lâches : Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’il voie maintenant ? La leçon est donnée par le miraculé… Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Comme chacun sait, Dieu n’exauce pas les pécheurs mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire qu’un home ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. L’auditoire, spécialiste de Dieu par profession, le f… dehors ! Plutôt nier les faits que de reconnaître la faille mentale et spirituelle. Alors, le dialogue et – fait unique dans l’évangile – Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé, alors il vint le trouver. La profession de foi, comme dans notre liturgie de maintenant, est une réponse à Dieu, ce n’est pas nous qui trouvons mots, attitudes, disponibilité.  Crois-tu au Fils de l’homme ? … Et qui est-il Seigneur pour que je croie en lui ? … Tu le vois, c’est lui qui te parle… Je crois, Seigneur ! Re-la Samaritaine : je le suis, moi qui te parle. Alors la fantastique explicitation de tout : je suis venu en ce monde pour une remise en question. Pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. Toujours la dialectique du Magnificat. Oui. L’inversion : aux pharisiens convaincus que le handicap de naissance est signe de péché (de qui d’ailleurs, mystère du péché originel et de la défaillance d’Eve et de la mollesse d’Adam, leçon de couple et de psychologie, typologie sans doute un u peu élémentaire, le féminin dominé par la curiosité ce qui peut paraître d’expérience masculine commune, et le masculin fait de lâcheté et de bien peu de dialogue avec le féminin), Jésus assène : si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché.


[1] - 1er livre de Samuel XVI 1 à 13 ; psaum XXIII ; Paul aux Ephésiens V 8 à 14 ; évangile selon saint Jean IX 1 à 41

samedi 29 mars 2014

fort est son amour pour qui le craint - textes du jour


Samedi 29 Mars 2014
 
Plus on s’enfonce dans la liturgie du Carême plus l’on va vers l’essentiel de notre foi qui n’est pas une révélation sur Dieu mais sur notre salut, grâce à Dieu. Après deux jours il nous rendra la vie, le troisième jour il nous relèvera et nous vivrons en sa présence. [1] Le chemin de la foi est une tension, un effort, un désir, un goût, tout cela à la fois, mais déjà l’expérience de Dieu se « prouvant » par Lui-même, la foi est reçue et entretenue. Non seulement, elle ne s’impose pas à l’homme, Dieu ne s’impose pas à sa créature, mais ce qu’Il prise, souhaite et donne, c’est l’effort pour connaître le Seigneurs, et comment ? c’est l’amour que je désire, et non les sacrifices, la connaissance de Dieu, plutôt que les holocaustes.  Le prodigue n’est pas en peine, il n’a aucun sacrifice à proposer, aucun holocaute, il revient et avoue son péché, sa faute. Il est accueilli.


[1] - Michée VII 14 à 20 ; psaume CIII ; évangile selon saint Luc XV 1 à 32

vendredi 28 mars 2014

c’est moi qui te réponds et qui te regarde. Je suis comme le cyprès toujours vert, c’est moi qui te donne ton fruit - textes du jour




                         Prier… [1] présence intense du Seigneur… les textes mais aussi le siège et la sarabande des emm… Dieu parle à travers nos problèmes, nos impasses, nos difficultés et nos drames. Je ne sais depuis quand je suis empli-habité de cette certitude, mais ce n’est pas « vieux » : les échecs et les incapacités sont une inclination que Dieu nous donne pour sans doute aller davantage vers notre vocation, par des chemins que nous n’avions ni organisés ni prévus ni parfois… souhaités même. Reviens Israël, au Seigneur ton Dieu ; car tu t’es effondré par suite de tes fautes… Ephraïm, peux-tu me confondre avec les idoles ? C’est moi qui te réponds et qui te regarde. Je suis comme le cyprès toujours vert, c’est moi qui te donne ton fruit. Et la réponse humaine… il y a eu parmi les pharisiens, selon les évangiles, deux nommément, Nicodème et un atre qui sont allés à Jésus, quoique avec précaution, mais voici un scribe anonyme et qui rachète sa « corporation », détaché du gros des comploteurs et des ennemis. A priori une colle… un scribe s’avança vers Jésus et lui demanda : « Quel est le premier de tous les commandements ? » mais il plaît manifestement à Jésus, car il a rendu les armes : fort bien, Maître, tu as raison de dire que Dieu est l’Unique et qu’il n’y en a pas d’autre que lui (formulation si chère et décisive pour nos frères musulmans, je ne mets pas la majuscule : il n’y a pas de confusion…) et, voyant qu’il avait fait une réponse judicieuse (rien n’y manque en effet, ni l’amour du prochain ni la relativisation du rite), le Christ le lui signifie : tu n’es pas loin du royaume de Dieu. A sa manière, le scribe inconnu mérite un monument… et il porte témoignage, puisque personne n’osait plus l’interroger, lui, le Christ. Le scribe exemplaire d’un dialogue sur le fond avec le divin Maître. Science et tradition au point, maintenant le mouvement. Le texte ne conclut pas la rencontre et s’achève dans le silence de tous. Le recueillement… Oui, les chemins du Seigneur sont droits : les justes y avancent, les pécheurs tombent. Nous cherchons, je cherche des chemins, un chemin. La réalité, notre relation au chemin de vie, de la vie, n’est pas cela. C’est au contraire le chemin qui nous cherche, nous attend, nous éprouve, est probatoire. Prier, prions.


[1] - Osée XIV 2 à 10 ; psaume LXXXI ; évangile selon saint Marc XII 28 à 34

jeudi 27 mars 2014

celui qui ne rassemble pas avec moi disperse - textes du jour


Jeudi 27 Mars 2014



... écrasé au désespoir, à la folie d’obsession, épuisé comme presque chaque soir à ne pouvoir tenir devant mon clavier, éveillé dès quatre heures, je ne reprends qu’un peu et maintenant. La sensation si forte de l’amour de ma chère femme et de notre union. Principe extraordinaire que je ne cherche pas à élucider. Formation de chacun de nous, de moi surtout que cette nouvelle passe d’épreuves et de strangulation. Figue très belle de ce Jean-Marie, un peu comme le pauvre à la porte du riche Lazare, ou ce saint revenu habiter chez lui en anonyme et sous l’escalier de la grande demeure seigneuriale des siens. Mais de cet Indien né à Madagascar, de la caste des commerçants dans le nord-est de l’Inde, études et mariage à Rennes ou de notre avocat que nous aimons bien mêê s’il nous a sans doute f.. dedans par une inertie décisive quand la « fenêtre de tir » était pour nous large ouverte… , quel est l’heureux et le riche ? A droite des sonnettes et appels de l'immeuble ancien et médiocre de notre praticien, son échoppe ouvre minusculement à ne pas distinguer la porte ou l'huis de sa vitrine aussi dense et apparemment hétéroclite que les murs et plafonds  à l'intérieur où l'on ne tient pas à plus de trois et ce qu'il y vend. Le type de rencontre qu'il suscite, si manifestement.
Indication très forte de la prière, des textes de la liturgie catholique pour ce jour et de l’oraison. Le Christ : celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. L’oraison : à mesure qu'approche le jour où nous fêterons notre salut. [1] Les deux « bouts » de la vie, ce qui m’écrase, ce à quoi je suis attaché et ce vers quoi je marche et nous marchons. Les démons en nous, nos tropismes, nos manières d’être et d’avoir relativement aux événements, aux choses, pas tant aux autres qui sont aux rames comme moi…Si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est survenu pour vous… Celui qui n’est pas avec moi est contre moi (mais une autre fois, le Christ calme ses disciples scandalisés par celui qu’ils prennent pour un imposteur ou leur substitut : s’il n’est pas contre nous, il est avec nous). Celui qui ne rassemble pas avec moi disperse…. Voilà bien la nation qui n’a pas été attenttive à la voix du Seigneur son Dieu, et ne s’est pas laissée former par lui ! La fidélité st morte, on n’en parle plus…  Ne fermez pas votre cœur comme au désert, comme au jour de tentation et de défi. Seigneur, nous sommes à Toi, à Vous, notre Dieu. Prenez-nous, guidez, fortifiez-nous, réjouissiez-nous de Votre amour et de nos amours mutuels : époux, enfants, puisqu Vous m’avez donné d’en être...


[1] - Jérémie VII 23 à 28 ; psaume XCV ; évangile selon saint Luc XI 14 à 23

mercredi 26 mars 2014

le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l'invoquons - textes du jour

Mercredi 26 Mars 2014

Nous vivons depuis des semaines, des mois, des années dans la pauvreté et dans la peur. Usés… Prier [1] tradition ou transmission ? poids ou richesse ? appripriation, alimentation. Au cœur de nos vies notre personnalité, notre patrie, l’Eglise, la place de la mémoire, la question de continuité commande, je crois, celle de l’imagination et de chaque avenir. Se dévaouer, rester en alliance ? Garde-toi de jamais oublier ce que tes yeux ont vu. Ne le laisse pas sortir de ton cœur un seul jour. Enseigne-le à tes fils, et aux fils de tes fils. Saint Jan, ce que nos yeux ont vu, nos oreilles entendu ; nos mains touché… Celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux (il y sera quand même admis…). Mais celui qui les observera et les enseignera sera déclaré grand dans le Royaume des cieux. Raisonnement ? ou psychologie si juste de Moïse : ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples.  … Pas un peuple qu’il ait ainsi traité ; nul autre n’a connu ses volontés. Définition du discernement, des repères, les « commandements » sont les éléments de l’Alliance et les preuves quotidiennes de la prédilectio divine. Il envoie sa parole sur la terre (le Christ) : rapide, son verbe la parcourt. Il étale une toison de neige, il sème une poussière de givre. Il révèle sa parole à Jacob (plus tard, au puits foré par celui-ci, Il dit à la Samaritaine : Je le suis, moi qui te parle, et non : moi à qui tu parles), ses volontés et ses lois à Israël. Pas un peuple qu’il ait ainsi traité, nul autre n’a connu ses volontés.
Départ de mon aimée, la petite voiture qui a remorqué et dégagé la grosse. Ses collègues et elle, leurs élèves et étudiants, la passivité ou l’impertinence, comment les atteindre ? A mon dire de notre rencontre à la cuisine, quand se réchauffe le café : nous vivons depuis des semaines, des mois, des années dans la auveté et dabs la peur, elle répond que l’on peut vivre avec des choses très simples, elle qui parfois souffre tant de nous. Je lui courielle que bien plus sincèrement et profondémnt (efficacement ? pour l’équilibre confiant de notre âme), elle espère, prie. Elle a eu le temps de me lire avant de partir. La fraicheur douce, le silence chantant de ce matin, de ces matins à l’éveil du printemps, quand les fleurs de bientôt ne sont que des points, sauf ces aubépines ? ces arbres à branchettes épineuses ? Au pays de la vie… tout à l’heure la plage avec les chiens tandis que notre fille sera à son cours d’arts plastiques qu’elle affectionne, et puis nous chez notre avocat. Procédure civile : ce sont les dernières conclusions en date que retient le juge, nous ne sommes en appel liés que par nos demandes mais nos arguments peuvent être autres. Interrogeant ses « copines » à son cabinet, c’est ce que me répond, me rassurant, le cher Olivier B… commencé sa vie militante au PSU, co,tinué au PS, devenu avocat pour porter secours : les demandeurs d’asile. Et il y a, plus tenace et surtout plus divers, souple t attentif que les manif.pour tous, France catholique et autres Civitas, voire Gnération identitaire, ce réseau Résistons … (resistons_ensemble@rezo.net) qui écrit une anti-histoire de la France contemporaine, à quantité de plume et d’observateurs à travers notre pays…Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notr Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ?  Ainsi soit-il !

Hier
 
 Journée qui m’a étonné.J’ai été pleinement exaucé avant même d’avoir formulé ma prière. Levé très tôt,– par erreur d’heure – j’ai pu documenter tranquillement mon papier pour les futurs lisboètes de Redon, du lycée de ma chère femme. Internet, les sites de chaque institution ou pays par pays ou de nos ambassades ou des grands agrégats économiques, permettent en une heure ou deux d’appréhender et recueillir ce qui nécessait une semaine de bibliothèque, « de mon temps ». La recherche devient toute pure, elle est l’intelligence cherchant du matériau, chercha,t ce qu’elle sait trouvant et recevant du bonus à chaque fois… et la culture générale du sujet que j’ai par ma profession première, dont je ne porte pas la marque au front, et qui pourtant m’a tant plu et mentalement m’a tant apporté et ouvert de portes dans tant de domaines et milieux, devient une faculté, celle d’associer ou d’appeler. Joie de ce travail et de me constater intact. La grande épreuve sera de me remettre à « mon » COUVE de MURVILLE. J’y suis maintenant résolu et presque prêt, voulant quand même, au préalable, faire abourir mon projet en cours, puis tenter par une « fiction » en fait totalement auto-biographique, ou plutôt récit d’une relation double très vécue, d’entrer en édition littéraire. A quoi je ne suis pas parvenu malgré X titres depuis quarante-six ans…
Du pratique, désembourber l’une de nos voitures, puis restaurer le gravier de nos voisins M. De l’affectif, ma vraie vie et mon ambiance tantôt en apnée, tant en liquide ammiotique, toujours en plongée de bonheur, d’action de grâces où quand il y aurait à étrangler quelqu’un ou à se tuer, l’immersion en espérance. Ce soir, notre fille, vraiment les soleils et giboulées de Mars. Notations mal accueillies par sa mère, tu le fais très bien quand c’est difficile et pas quand c’est facile, des multiplications ratées, des « pas encore acquis ». Elle pleure, revendique son droit à l’erreur, le zéro oublié d’une multiplication aisée, le récit qu’elle m’avait fait de ses journées, à chacune, m’a paru bien plus véridique, ressemblant, sincère que les notes relevées qui d’ailleurs sont presqu toutes bonnes, tandis que le graphisme de l’écriture s’est très amélioré. Syndrome de la tablette, toujours pas connectée pour ouvrir le compte Google à partir duquel télécharger des programmes. Séquence répétée depuis quatre mois. Ayant enfin compris la manière de nous y prendre, le faire sans plus tarder. Crise de cafard cependant, une boulette de papier posée sur ma table, je la déplie, recto-verso les figurations du désespoir, après la bande-texte : le pire des papas que j’ai eus… je suis née sans parents… je ne connais aps mes parents… puis venue à moi, son acte de dénégation d’elle-même : je me conduis mal, je n’obéis pas, je suis méchante avec mes parents. La rassurer, sacrement de la réconciliation : non, je n’aime pas dire ce que j’ai mal fait à quelqu’un, même si je sais qu’il ne le répètera pas. Consolation… regarder des photos, sur écran, ses anniversaires. Il n’y a que toi qui ne change pas. De fait, entre ses trois et neuf ans, un petit camarade que nous n’identifions pas, des amies de cœur si différentes. Plus que la tendresse, la vérité des solitudes qui s’annulent en se rejoignant. L’humanité est chair, tendresse, nous en sommes, il fait très bon, elle est si confiante et je l’aime. Nous l’aimons. La prière, plus tard, tandis qu’elle s’est presque endormie, soir de l’Annonciation, le dialogue Marie-Joseph… ce qu’il nous est donné de vivre en famille.
Les haines… elles ont dominé les formations de listes, ici et vont dominer la bataille binaire pour le second tour. MLN m’écrit et nous correspondons depuis avant-hier soir, son papier pour le blog. de son équipe est bon. J’en ferai un pour Ouest France, quelques lignes : je n’aime pas la haine. Il est vrai que nous en avons souffert ici… Les appels et « informations de qualité » : Civitas, Médias-Presse Info. que je reçois. L’obsession d’être agressé sexuellement par « la dictature socialiste » et que les enfants, « nos » enfants soient endoctrinés, dégénérés par le «lobby LGBT »… quel décalage et quel ordre du jour ! relais non accessoire de la « tribune » de … d’aucun dans Le Figaro. Un vrai culotté aurait demandé les colonnes de Libération, rien que pour rendre service à un journal en difficulté et pourquoi pas y porter lui-même l’article, bavarder alors, journalisme, médias, état du pays, le mental. Et non le panneau d’affichage.
Notre cher Denis ici, sa transhumance à Saint-Joachim s’est organisée, il ratifie tout, soulagé et me fait deviner qui sera prsque son voisin de chambre. Je devine sans peine et tombe juste : l’ancien évêque. Il résume, non les faits universellement reprochés à celui-ci, mais la manière abominable qui fut la sienne avec son clergé et avec le peuple qui lui était confié. Ce n’est pas ce que j’ai ressenti. Vie de l’Eglise, il reproche à son hôte sa polarisation « post-tridentine » sur les sacrements. L’évangélisation, ce n’est pas cela. : sans doute Mais alors quelles propositions ? je ne lui en fais sortir aucune mais il ne s’oppose pas à une de mes voies : la cléricatture en exception comme le monachisme et les prêtres, porteurs du Saint-sacarement et administrant les autres, auraient une profession salariée, femme et enfants, seraient en pleine vie de tout un chacun, et donc à la rencontre de tous, quotidiennemen, naturellement. Nous convenons d’un déjeuner par mois avec un papier que je lui ferai discuter, à défaut de pouvoir recueillir, ss mémoires, celles d’un Breton de pays gallo, traversant deux guerres par la mémoire de son père, une vocation à laquelle il a été fidèle par ratification plus que par élection au temps, où l’on ordonnait chaque année plusieurs dizaines de prêtres à Vannes comme presque partout en France… et se gaspillait la ressource humaine de l’Eglise.


[1] Deutéronome IV 1 à 9 passim ; psaume CXLVIII ; évangile selon saint Matthieu V 17 à 19

mardi 25 mars 2014

demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu ... que tout se passe pour moi selon ta parole - textes du jour


Mardi 25 Mars 2014



Prier… l’Annonciation, les textes ultra-connus. Le paradoxe de Dieu avec Acaz qui est de bonne volonté comme Caïn, mais qui n’est pas sur la bonne « longueur d’ondes ». Et le dialogue de l’Ange et de la Vierge, l’affirmatif d’un côté, l’interrogatif de l’autre. Il ne s’agit pas d’un ralliement de Marie à une volonté extérieure et à une destinée offerte à l’improviste. Les deux sont serviteurs, l’un par nature, l’autre par prédilection. La liberté st une réponse, Dieu se présente en nous comme la constante proposition, celle de la confiance en Lui selon notre propre disponibilité. Je relis, lécher les plats pour les mieux goûter ?  N’être pas rassasié, ne pas venir sachant déjà… [1] et j’ai tant besoin de secours, secours qui serait nouveau apparemment ? non, il a été constant malgré toutes mes défaites et aujourd’hui ma fatigue, les limites du temps et de la physiologie. Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? Pas un vœu mais un état, pas le futur mais le présent. Je ne discute cependant pas le dogme, il est vrai simplificateur, car une descendance du Christ en collatéral dans notre humanité ? ces frères et sœurs de l’évangile ? de même la nécessité et la logique de l’Ascension, sinon le corps du Christ et sa mort humaine, à nouveau, de vieillesse. Le dogme est moins élucubrant que les explications contemporaines des incrédules, que celles trouvées par l’Islam, celui-ci profondément respectueux cependant de la Vierge et de la personne du Christ. Je suis au plus simple… Fra Angelico…  comment ?  … puisque ? … elle est déjà disponible : comment cela va-t-il se faire ? La question pour elle n’est pas qu’il soit disposé d’elle, la question n’est que de moyen. La réponse de l’ange est celle du Christ à ses apôtres à propos du riche et du cha de l’aiguille à travers lequel passe le chameau : car rien n’est impossible à Dieu. Dieu nous donne à connaître son projet ? rarement : la Vierge en cela est privilégiée. Pour moi comme pour tous, le projet de Dieu sur moi, sur nous est le bonheur et l’accomplissement. Comment ? Son écoute.  L’ange Gabriel fait-il une réponse claire ? l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. La révélation trinitaire est donnée à Marie, comme à personne avant elle. La révélation par la réalité, et c‘est elle qui fait cette réalité, la permet. Littéralement, Gabriel ne demande pas son avis ni son consentement à Marie, il lui annonce ce qu’il va se passer : voici que tu vas concevoir et enfanter un fils, tu lui donnera le nom de Jésus. Contrairement à tous les usages, c’est Marie, mère, qui donnera à l’enfant son nom, et non pas Joseph. Toute la généalogie historique et spirituelle est là… Fils du Très-haut… le trône de David son père… la maison de Jacob. Dessein universel, mais Marie a compris parfaitement sa liberté, son propre rôle, sa participation. Que tout se passe pour moi selon ta parole. Elle est la première concernée : pour moi, pas passive, ni au spectacle. Acaz n’a pas su dialoguer : demande pour toi (Marie…que tout se passe pour moi.. Dieu nous donne le premier rôle, le rôle principal dans son plan d’amour et de rédemption) demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu, demande-le au fond des vallées ou bien en haut sur les sommets. La prière de demande que Dieu, mon Dieu, notre Dieu attend de moi, de nous. Je la fais, la vis intensément ce matin, en confiance, ces textes résonnent de nouveau en moi comme si je les lisais, non la première fois, mais en une nouvelle profondeur, en un acte nouveau et initiateur de foi et d’espérance, dans l’amour de mes aimées et de toutes celles, tous ceux qui me sont confiés, à qui je suis confié, sans que nous le sachions les uns ni les autres, vivants et morts au sourire de nos souvenirs et de nos rencontres, d’hier, bien précises, de toute notre existence. Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. Marie, par son acceptation et sa disponibilité « renvoie » Dieu au défi qu’Il s’est  donné : l’impossible. Le défi de la rédemption qui est le défi du bonheur et de l’accomplissement pour une Création que nous faisons manquer, péricliter … nos larmes, notre fatigue et notre terrible bilan d’inconséquences. Vois, je ne retiens pas mes lèvres, Seigneur, tu le sais...  c’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés.


[1] - Isaïe VII 10.14 & VIII 10 ; psaume XL ; lettre aux Hébreux X 4 à 10 ; évangile selon saint Luc I 26 à 38

lundi 24 mars 2014

je le sais désormais : il n'y a pas d'autre Dieu, sur toute la terre, que celui d'Israël - textes du jour

Lundi 24 Mars 2014

Hier
Déposé Marguerite par une pluie soudaine, grêlante, chez Jean-le-bon que nous prenons sur sa route de retour, tentant de s’abriter sous un arbre. Puis avec ma chère femme, tous deux : Ida, à l’Iris de Questembert [1]. La bande-annonce, l’affiche disaient déjà l’exceptionnalité du film par sa plastique. C’est vrai. Le choix du noir et blanc, les photos et plans, chacun sont des chefs d’œuvre de cadrage, de composition et même de durée, de tempo, les uns par rapport aux autres, d’une justesse extrême, les intérieurs, les paysages, les rues, les lieux avec une dominante plus de sobriété encore que de pauvreté. Les images sont nettes mais jamais ni insistantes ni agressives. Le scenario particulièrement poignant est si posément traité par la camera, la photographie, avec un tel respect de ce qui est raconté et de ce que doivent vivre les héros, qu’il est presque secondaire. On peut jouir de ce film comme d’une cure de prière, de contemplation, de fidélité à ce que le destin impose à chacun comme figure de lui-même, on peut lui trouver de multiples entrées et lieux de séjour, la musique n’est pas artificielle quoiqu’en grande partie empruntée, les deux actrices interprètes sont en contraste absolu l’une de l’autre quoique leur sincérité à chacune les rendent étrangement sœurs, ce que concède le scenario en donnant quelques minutes de substitution de la morte par la survivante…., mais le visage de la jeune cloîtrée, autorisée de vadrouille au moment de décider, si impassible, sans une ride d’expression, totalement masque, aux yeux dissymétriques, et celui de l’aînée, violemment et constamment expressif produisent les deux rythmes que le film suggère et ne confond pas : une vie accidentée, de ruptures tragiques, intense, et une vie linéaire, apparemment douce et monotone mais au vrai d’une grande sagesse parce que choisie, résolue.

L’héroïne non présentée, non titrée, mais envoûtante est la Pologne, bien plus que des années 60. Le film qui ne peut que connaître un immense et durable succès d’anthologie et d’œuvre d’art, coincide avec la canonisation de Karol WOJTYLA. Il apparaît comme une terrible accusation pour l’Ouest européen et pour l’Amérique : nous n’avons pas compris l’Est européen. Sans doute avons-nous tous souffert de la guerre hitlérienne, mais un pays comme la Pologne est la souffrance-même. Nous n’avons manifestement pas su accueillir « les pays de l’Est », nous ne les avons pas compris et nous ne les comprenons toujours pas. D’ailleurs que comprenons-nous des autres ? Par contraste, nous sommes implicitement montrés comme laids et sans consistance, les superproductions américaines, les fleurettes et bluettes intimistes françaises : il y a eu de ssplendides années du cinéma de part et d’autre de l’Atlantique. En ce moment ? Ici, le chemin de l’intelligence est frayé par la brauté extrême, elle-même donnée par la sobriété et une sorte de silence paar l’image. L’histoire et ses chronologies peuvent dire abstraitement les ruptures successives dont aucune n’ont encore depuis la résurrection d’un Etat pour les Polonais en 1919, été des accès au bonheur. La continuité est dans les perssonnes et le film offre deux suites possibles, chacune enfermante : le suicide de la femme aussi libre que désespérée, la claustration pour une priante en deuil perpétuel. Le détail, si l’on se remémoire le film à la façon de l’école des Cahiers du cinéma, des années 60, est constamment instructif, les substitutions de personnes, la scène d’amour, les addictions, le visage en conduite automobile, en subitation. La durée de chaque image : constante sensation de justesse, y compris dans cette respiration. Quoique dramatique et poignant, le film n’est jamais précipité. – Il me semble de plus en plus que le grand clivage, de notre époque, entre les gens, entre les générations, entre les cultures, entre les pays tient à la mémoire : les uns la refusent et vivent dans l’oubli croyant ainsi se mouvoir dans le commencement (perpétuel ?), d’autres dont je suis gardent mémoire. L’équilibre doit être explicite et voulue, car la mémoire peut tueer et empêcher, nous sommes alors, à proportion de notre mémoire, appelés au travail, à l’espérance, à l’attente en quoi la mémoire est la meilleure disponibilité au futur, à l’avenir et même le meilleur outil pour faire l’avenir, tandis que l’oubli devenant involontaire, inconscient, constitutif finalement (la constitution et l’établissement du vide) établit la passivité. Nous y sommes, je le ressens et en souffre.

Passé au retour de chez Jean-le-bon et avec Marguerite à la salle-des-fêtes de notre village. Les résultats. Je ne voyais pas Michèle NADAUD en seconde position. J’en tire aussitôt une analyse et une stratégie : tenter de faire s’entendre les adversaires. Conféré avec Simone LE NEVE et couriellé à Marcel LE NEVE. Edith me donne la nouvelle de la journée qui peut devenir celle de l’année : NKM devance HIDALGO à Paris. Blog. politique [2].

Ce matin
Prier… Naaman et sa guérison miraculeuse mais si simplement opérée [3], Nazareth bloquée, les défis si fréquents du Christ, l’étranger sera préféré et est préféré à ses compatriotes et aux héritiers « légaux » (et rituels) de la Promesse, le centurion, les centurions, la Cananéenne et les miettes pour les petits chiens, la Samaritaine au puits de Jacob. Comment ne le prenons-nous pas pour nous, clergé et fidèles laïcs, Eglise même en temps que telle ? A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, pussèrent Jésus hirs de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où la ville est construite, pour le précipiter en bas. Nos mises à mort de Dieu, l’évangile de la Passion les confirment et leur donnent sens. Mais le paradoxe chrétien est la Résurrection. S’il est Dieu, la mort ? s’Il est homme, la Résurrection ? Film d’hier après-midi, ce que nous vivons depuis des semaines ou sinon des mois, à moitié pendus par nos astreintes, la mort et comment s’en tirer ? la mort dans la vie, car la mort toute crue ? il me semble que ce qui est vie courante et enseigne mort et limites constamment, discours des faits et circonstances auquel nous n’échappons qu’en n’y donnant pas attention, n’est guère dit ni montré en littérature contemporaine, dans ce que je lis ou ai lu. Ou bien est-ce moi qui cherche ? et quoi ? Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. Parmi nous, en nous, intimement, un Souverain.

Demi-lune, encore haute. Chant des oiseaux au jour levant, à l’annonce du jour… dehors, c’est l’odeur fleurie du printemps, en tout cas d’une végétation accueillaant et vivant le printemps, son printemps… aux pare-brises de nos voitures, la glace et il faut l’eau chaude pour ouvrir les portières. Ma chère femme vers le petit train, puis le lycée. La vie, ce que je dois rédiger et les contre-conclusions dont il faut que je convainque notre avocat. On ne convainc pas son avocat surtout s’il joue perdant et recommande la conciliation amiable dans la pire des situations, avouer qu’on a perdu. Etre mal défendu, après n’avoir pas été défendu dans une position que je jugeais la meilleure, l’attaque. La vie, l’existence humaine, si elle est vraiment « faite » de vie ? un jeu de cartes, et les cartes, les donnes manquées…. Il y avait beaucoup de veuves en Israël. Pourtant Elie n’a été envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. Les Samaritains, des étrangers, tellement pour les contemporains du Christ à Jérusalem ? or, Elisée est à Samarie, selon une fillette qui fut mise au servic de la femme de Namaan… Celui-ci, qui sera guéri, est autant à côté… que les Nazaréens, qui ne le seront pas : il arrive avec une profusion de cadeaux et une recommandation royal, et l’accueil d’Elisée le rend furieux, il ne s’attendait qu’à l’extraordinaire. D’expérience, je sais et dis que Dieu agit et parle dans le plus ordinaire et banal. C’est pourtant dans le banal que se produit la merveille. Envoie ta lumière et ta vérité : qu’elles guident mes pas et me conduisent à ta montagne sainte, jusqu’en ta demeure… ainsi mon âme te cherche, toi, mon Dieu. Complexité de la profession de foi de Naaman, complexité aussi des conclusions volontaires de leur vie respective par les héroïnes du récit d'hier : je le sais désormais, il n'y a pas d'autre Dieu, sur toute la terre, que celui d'Israël. Sur terre ? Il est vrai que nous y sommes. Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. La foi consiste à croire que cette volonté nous est bienfaisante, l'Ecriture et la Révélation nous assurent de l'amour divin. Quoi donc empêche cette volonté (divine) de s'accomplir ? Réponse, elle s'accomplit, sachons le percevoir, et le demander n'est aider à cette accomplissement mais l'attendre et l'accueillir. Quand pourrai-je m'avancer, paraître face à Dieu ? ce qui est cependant terrible. 


[1] - de Pawel Pawlikowski avec Agata Trzebuchowska (la jeune religieuse) et Agata Kulesza  (la magistrate)
Dans la Pologne des années 60, avant de prononcer ses voeux, Anna, jeune orpheline élevée au couvent, part à la rencontre de sa tante, seul membre de sa famille encore en vie. Elle découvre alors un sombre secret de famille datant de l'occupation nazie.
critiques
4.5 - Excellent
Pour un bon connaisseur de la Pologne (j'y suis déjà allé quatre fois la première fois en 1973, y avait le "rideau de fer", j'y ai des amis polonais), je trouve ce film polonissime... J'ai particulièrement apprécié le format carré, qui correspond à celui des films de l'époque, le jeu des actrices, le beau noir et blanc, le cadrage, souvent un détail à observer dans un angle), l'utilisation de la musique, le discrète critique du stalinisme et de l'antisémitisme polonais, et aussi le beau choix final de l'héroïne, aux antipodes de ce qu'on attendait. Bien sûr, ce n'est pas un film d'aventure qui explose à chaque seconde ("est-ce d'ailleurs encore du cinéma que ce futurisme répétitif qui s'adresse à l'adolescence ?" écrivait prémonitoirement Marguerite Duras en 1985) ! Mais très intériorisé, avec une héroïne à la Bresson. A recommander aux amateurs de silence et de vie intérieure.
Ajoutée le vendredi 14 février 2014 17:44
3 - Pas mal
Attention, cet avis contient des spoilers tels que : Spoiler : On connaissait le théâtre filmé, Pawel Powlikowsky invente l'expo photo filmée. Comme à l'expo, chaque prise de vue est savamment travaillée et composée selon les canons de l'esthétisme pictural. Comme à l'expo, il y a une thématique, en l'espèce, l'initiation d'une novice à la vie, dans une époque de re-reconstruction du pays. Comme à l'expo, ça manque d'explications et ce sera à vous, spectateurs subjugués d'interpréter les vagues d'émotion derrière les visages. Comme à l'expo, on finit par un peu s'ennuyer : à tirer de chaque plan (tous fixes sauf le dernier) une puissante image, le cinéaste ne crée aucun décalage, aucune rupture et donc aplatit le rythme. Le trivial, le festif, le romantique et le tragique sont traités au même niveau, celui de l'excellence photographique, ce qui est déjà une prouesse artistique. Bonus : Mieux qu'à l'expo, on n'est pas à 50 personnes devant un tirage 20x20.
Dandure

[2] - matin
Quelle que soit l’élection, son niveau, je souhaite la disparition de l’U.M.P. qui  combine – désastreusement pour le pays – une respectabilité de « parti de gouvernement » avec une idéologie exactement celle du Front national et avec Nicolas Sarkozy un exemple de sans-gêne, de corruption et de recel d’abus de position institutionnelle comme l’on n’en a jamais connu en France de la part d’un parti ou d’un personnalité exerçant le pouvoir. Les abus de Jacques Chirac étaient si mineurs à côté de ce que nous avons subi explicitement pendant cinq ans, et plus encore depuis qu’on déc
ouvre un tel ensemble, et ce n’est sans doute pas fini. Je souhaite une telle mise en cause du postionnement du Parti socialiste s’il faut l’assimiler à l’exercice du pouvoir par François Hollande : absence totale de réflexes et d’idélogie de gauche, erreurs patentes de politique économique sans qu’il soit là question d’étiquette, mise en cause telle que ce devienne un parti du centre ou de gouvernement sans étiquette et cela se jugera coup par coup et sur pièces, ou bien un véritable parti de gauche en se remusclant mentalement avec le PC et avec le Front de gauche.
Bien entendu, je ne prise pas le Front national (dont le fondateur, pas seulement pour des raisons Algérie française, détestait passionnément de Gaulle) et il n’est en rien le parti de l’avenir et du mouvement pour la France. Son socle d’idées est le contraire d’un pays tel que le nôtre. Mais le Front est représentatif de ces Français qu’il faut absolument convertir. Jusqu’à maintenant, c’est au contraire lui qui convertit tous les partis. Et il manque à travers l’ensemble des partis ou selon des personnalités ou un mouvement ad hoc une résolution française fortement exprimée et défendue pour l’intégration européenne, intégration politique d’abord et surtout.
soir
L’abstention au scrutin de ce jour ne m’étonne pas. Il y a de forts précédents depuis vingt ans, notamment pour les rferendums. Le score de Kosciuszko-Morizet à Paris m‘étonne. Hidalgo sans coefficient personnel ne m’est pas antipathique. Bertrand Delanoë, figure d’une grande pureté et qui me semble avoir fait beaucoup était le mieux placé pour conserver à gauche la capitale. De même que s’il fallait absolument remplacer Jean-Marc Ayrault, ce que je ne crois pas, il serait le plus adéquat. Le score de NKM donc… éclipse la réélection d’Alain Juppé à Bordeaux dès ce soir. Si elle gagne, elle est bien placée pour l’Elysée en 2017, ce qui change beaucoup la donne, périme Alain Juppé une nouvelle fois, mais est-elle femme à céder la place, « à première demande », à Nicolas Sarkozy ? il me semble que oui. Ce score est donc l’événement du jour et en cas de victoire, celui de l’année.

[3] - 2ème livre des Rois V 1 à 15 ; psaume XLI ; évangile selon saint Luc IV 24 à 30

dimanche 23 mars 2014

je le suis, moi qui te parle - textes du jour

Dimanche 23 Mars 2014

Les municipales, j’irai voter quand nous rentrerons de la messe des familles à Theix, Marguerite tiendra mon bulletin de vote. Ces élections ne doivent pas être ce qu’en font et ce qu’en attendent les « politiques », avides de scènes, de tréteaux et de champs de foire, de ring, avides d’un pouvoir public de plus en plus émollient en grande partie par leur inanité et leur addiction à tout autre chose qu’une réflexion et une action adaptées aux circonstances et les traitant. Les municipales sont d’un objet appréhensible pour chacun. J’aurais été FH, j’aurai clos cette campagne en pater familias, ces élections sont les vôtres, vous connaissez et vous voulez vos affaires, vous vous connaissez les uns les autres, vous savez vos nécessités, faites confiance à vos élus parce que vous les aurez élus avec soin, dans le dialogue, dans l’étude ensemble. Disant cela, j’aurais désarmé le FN qui a peu d’élus sortants, donc peu de gens en qui les électeurs ont à se fier, selon moi, président de la République, qui évoque les élus et non des étiquettes que dans ces élections d’ailleurs les sortants produisent encore moins que les candidats nouveaux. Et j’aurai également par cette sérénité et par ce souci de notre famille entière, répliqué à l’ex-président qui vocifère sous le filet du rétiaire en train de tomber sur lui, la justice. Car sur le fond depuis des années, jamais de réponse de Nicolas SARKOZY : je n’ai rien fait, pas tué ni volé, comme le galérien.

Je réfléchis par petits moments à ce que j’ai dans l’esprit depuis des années mais sans l’avoir formulé. Salut, jugement, une conception terrorisante et échangiste : le salut selon notre conduite et nos mérites. On est en plein dans le rite, on est dans la terreur de ne pas faire assez, on est aussi dans le zèle des âmes (celle des autres), dans la mission, dans le baptême de force, hors l’Eglise : point de salut. Une sorte de déduction infernale dont bien de nos siècles chrétiens ont dû vivre, heureusement sans trop se prendre au sérieux, car qui aura assez de mérite devant Dieu et Ses propositions ? Les Jansénistes ont été sérieux et le débat liberté/grâce, prédestinatio est sérieux. Il y a enfin la prétention qui bloque tout, cette supériorité du dire de l’Eglise sur tout autre, sans doute est-ce vrai et n’est-ce pas à relativiser, mais ce n’est pas à nous de le dire. L’évangélisation de nos jours est bloquée parce que nous ne sommes pas en dialogue, en empathie, en communion avec les autres et pas davantage avec ceux qui peut-être seraient heureux d’être atteints et atteignables. Nous ne savons pas propager. Ce qui vaut dans une entreprise, c’est le fichier clients, ce ne sont plus ni les outils de production, ni le savoir-faire et le dévouement des travailleurs. Aller au client, le convaincre d’un produit, c’est le plus difficile, c’est le tête-à-tête ou le corps-à- corps. Alors on achète le plus difficile, et on élimine tout le reste car la force de la concurrence, c’était ses carnets de commande. Nous ne savons pas évangéliser. Less partis, les syndicats en sont là aussi… alors que la générosité est partout latente, alors que les circonstances, l’époque font s’interroger tout le monde sur le sens et sur l’issue… Et je reviens à ce que je me formulais hier et vais écrire ces temps-ci (essayer), le salut est pour tous, même pour ceux qui ne le savent pas et même pour ceux qui le refusent. La miséricorde divine est là, c’est Dieu, notre salut est et sera universel, total, toute la création reprise tant elle est aimé, elle est intrinsèque de la Trinité. Dieu aime sa Création parce qu’Il l’a voulue, elle est sienne, comme le Père aime le Fils, et l’Esprit est leur amour, comme Il est l’amour de Dieu pour Sa création. Etre sauvé ans ls autres, impensable, ce serait même pour nous l’enfer, ce serait la contradiction-même de Dieu. Que le malheur soit possible, que l’enfer existe : sans doute, mais ils nous seront épargnés. Le dire mieux, pour que nous soyons dans la pâte humaine à faire lever, laquelle d’ailleurs nous suscite, nous questionne, tous… puisque nous serons tous dans la main et le sourire de Dieu. Et y sommes.

L’évangile de la Samaritaine, après celui du prodigue [1]. Vie contre vie, soif contre soif, eau et eau. Prier est vital, urgent. Cet évangile le rappelle. Comme je l’ai déjà noté grâce à notre fille, me rapportant la réflexion de son petit voisin de classe : Jésus, fatigué par la route, s’était assis là, au bord du puits. Il était environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire ». Jésus n’a pas dit : s’il vous plaît, ou s’il te plaît. Tout simplement parce qu’il est épuisé, au point de n’avoir pas accompagné ses disciples au ravitaillement. On est en pays étranger, pas question de demander de l’hospitalité, on achète la nourriture. Jean le note. Il doit faire très chaud. Midi. Le Christ est épuisé, oui. Oui tout s’achète. Le texte ne dit pas que la Samaritaine s’exécute et donne à boire au Christ… au contraire. On est d’ailleurs au cœur du processus d’évangélisation. Jésus n’est pas hors de la vie des gens, il la partage, et il sait provoquer le dialogue, ouvrir le chemin de l’intelligence et du cœur. Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’au vive. Contre l’eau physique et quotidienne dont son corps et sa fatigue ont la nécessité, Jésus propose : celui qui boira de l‘eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle.  Jean qui soit n’était pas avec le « gros de la troupe » et était resté auprès du Maître tant aimé, soit se fit raconter la scène par Jésus, en rajoute un peu. Car le Christ disant cela a tout dit. Il n’y a pas conversion alors, il y a lumière, tellement que la femme est prête à tout voir, comprendre, accepter, propager. Uniquement parce que Jésus lui a fait ressentir non seulement la vie complexe, dissolue au sens de nos jugements de maintenant sinon de nos comportements polygames de fait, la vie triste qu’elle mène, mais surtout parce qu’il a pénétré son souhait d’en sortir, de vivre autrement. Il la prend totalement en charge. Elle est intelligente. C’est Marie à qui l’on annonce une conception d’enfant alors qu’elle est vierge et entend le rester. Alors, la grâce, alors la révélation – sans doute unique dans l’évangile de Jean – qui n’est pas la profession de Pierre ni celle de Thomas, qui est le fait du Christ-même se donnant à quelqu’un. Moi qui te parle, je le suis. Et ce Messie, qui n’est pas, pour cette Samaritaine, le restaurateur d’Israël comme l’attendent les contemporains de Jésus, et même ses disiciples, c’est celui qui – au contraire du serpent au Paradis – exauce le rêve total de la créature, rôle tenu par la femme, Eve, la Samaritaine : connaître toutes choses. Elle est « servie ». Le Christ qui n’entrait pas dans la ville, y est accueilli de tous. Evangélisation spectaculaire : la femme au puits a été celle qui ouvre ses concitoyens au Christ et transmet à Celui-ci le relais. A ma femme, à notre fille qui m’apportent tant, je ne peux donner que ce que Dieu a maintenu en moi, ensuite c’est à Lui de continuer en elles. Il le fait. Ce n’est plus à cause de ce que tu nous a dit que nous croyons maintenant. Nous l’avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. Profession de foi collective. Les apôtres, les disciples, le clergé, les spécialistes de l’évangélisation ont été à côté, ils reçoivent la leçon assénée durement à ses parents par Jésus enfant, que Marie et Joseph retrouvent enfin et « récupèrent » au Temple : ne savez-vous pas ? Ils le trouvent ragaillardi. Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ?  En fait, il avait soif… Réponse : ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Texte au demeurant complet, l’eau, la nourriture, le terrestre, le spirituel, les mouvements de foule, les étonnements, celui de la Samaritaine, celui de ses concitoyens, celui des disciples, la fête générale. Et l’espérance ne trompe pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Pour le plus concret aussi, l’eau sorti du rocher que Moïse sur ordre de Yahé, a frappé. Pour le plus décisif : la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs.


[1] - Exode XVII 3 à 7 ; psaume XCV ; Paul aux Romains V 1 à 8 ; évangile selon saint Jean IV 5 à 42

samedi 22 mars 2014

une mise en garde que je crois justifier - mais je n'ai encore rien lu de cette collection - Cherub



Comité de lecture du Guide                                                                                       Février 2014
"LIRE, C'EST ELIRE"
édité par l'AFC de Versailles


                                                           
            A propos de la série Cherub dont le succès dans tous les milieux, même les plus privilégiés, est inquiétant.
D'autant plus que la seconde série, Henderson's boys, du même auteur et malheureusement du même goût, est promue par…les Editions du Triomphe (voir l'appendice).

           
            Depuis de nombreuses années, avec une petite dizaine de personnes, membres du comité de lecture de l'AFC de Versailles, nous avons consacré nos efforts à chercher et à découvrir avec joie de bons romans pour enfants et adolescents, enrichissants ou tout simplement distrayants. Jusqu'ici, pour différentes raisons, nous n'avions jamais mis l'accent sur les livres contestables, voire détestables. Le fait que la série Cherub ait pu être recommandée sans la moindre réserve  par le journal La Croix et son effarant succès parmi les collégiens (parfois même dès le CM1 !) et les plus "protégés" (fréquentant aussi bien les écoles catholiques sous contrat que hors contrat !) nous obligent à tirer la sonnette d'alarme.

            Notre présentation de la série s'étend sur six pages. Six pages à lire, c'est beaucoup mais ce n'est pas cher payer la dette que nous avons à l'égard de tous ces jeunes (parmi lesquels peut-être vos propres enfants) qui,  pour certains, en ont lu des milliers (16 volumes parus !) où se trouvent avec une densité et une intensité effrayantes violence, grossièreté, style gore, promotion du vagabondage sexuel, de l'homosexualité, déconstruction du genre, mépris de la vieillesse, défiguration de la famille et, plus fondamentalement, de l'être humain…
            Nous avons lu juste assez de la série suivante, Henderson's boys,  pour affirmer qu'elle ne vaut pas mieux !


Il faut prendre conscience

1) que l'influence d'un roman agit de façon bien particulière et qu'il n'est pas sans conséquence de laisser un enfant ou un adolescent lire n'importe quoi

1) qu'on trouve à part égale des bons et des mauvais livres partout :  dans les librairies, dans les bibliothèques, chez les éditeurs (comme le montrent  même  les éd.  du Triomphe !)

3) qu' on ne peut se fier ni aux critiques d'un journal quel qu'il soit ( La Croix nous en donne un bel exemple), ni à la réputation d'une maison d'édition


            On ne doit proposer aux jeunes lecteurs que des livres qui ont été auparavant entièrement et soigneusement lus par soi-même ou par des personnes de confiance.
                       



                                                                                                                            (Analyse ci-dessous)

L'article de La Croix (du 27-11-2013) intitulé "Les héros font salon à Montreuil" veut "rendre hommage à ces personnages de l'enfance qui aident à se construire "…


CHERUB  (16 volumes chez Casterman)



            Ecrite par un ancien détective britannique, Robert Muchamore, et composée de 16 titres parus en France entre Juillet 2007 et Janvier 2014, cette série met en scène de jeunes orphelins de 10 à 17 ans recrutés sur des critères physiques et intellectuels, pour intégrer l'ultra secrète société d'espionnage chargée de démanteler des réseaux de drogue, empêcher des actions terroristes et autres missions des plus dangereuses et des plus honorables. Les jeunes, très nombreux, sont entraînés dans une sorte de pensionnat ignoré de tous, et alternativement envoyés en mission aux quatre coins du monde.  La couleur de leurs tee-shirts évoque le niveau de leurs performances. On peut s'attendre à un bon roman d'aventure avec beaucoup de suspense à la clé agrémenté de liens d'amitié, les plus jeunes faisant équipe avec les plus âgés.
            Certes, l'aventure est au rendez-vous, le suspense permanent, et la question des relations entre jeunes omniprésente. Mais tout cela à la sauce "dégueu"… Au point même, qu'après avoir lu et scruté à la loupe deux volumes pour le besoin de la cause, tout simplement nous calons… Nos  propos ne concerneront donc que les volumes 2 et 4 de la série, choisis au hasard. Les exemples sont tirés principalement du volume 2, Trafic, pour de simples raisons de facilité. Le volume 4 est de toute façon encore plus "trash"…
           
             En ce qui concerne l'aventure, le lecteur est servi : réalisme et violence sont au rendez-vous. Après tout, c'est la loi du genre. Mais doit-on laisser  l'enfant s'habituer à éprouver une complaisance malsaine faite de répulsion autant que d'attrait pour cette brutalité récurrente et par moments presque jouissive ? Coups de poings, de couteaux, de pelle, de fusils, membres tordus et brisés (avec bruit à l'appui), corps dégoulinants de sang. James, 13 ans, est un peu choqué d' "avoir tué un être humain", mais un peu seulement. Il faut dire que l'entraînement est sérieux au camp :

 "Leur but, c'est de te placer dans des situations tellement horribles que toutes les galères que tu rencontreras pendant les missions te paraîtront insignifiantes" (Trafic, p.116)
 "[L'entraîneur]" raconte une fillette de 10 ans "a commencé à nous gueuler dessus. Bande de minables ! Vous n'avez pas les tripes pour devenir des agents. Vous n'êtes même pas dignes de bouffer votre merde. Il nous a filé des pelles et nous a donné l'ordre de creuser notre propre tombe." C'était un numéro bien connu du répertoire de Monsieur Large. " (Trafic, p.200)

            Et puisqu'il est question de merde, restons-y, car elle fait partie intégrante du récit. A l'état brut de merde, comme ci-dessus, ou de merde de chien, dans laquelle on s'enfonce le bras sans faire attention, à moins qu'on n'en mette volontairement sur une poignée de portière de voiture (pour déstabiliser celui qui voudra la prendre). On la trouve aussi dans les eaux usées que de nombreuses circonstances obligent à traverser (pour gagner une course par exemple) ou à nettoyer (comme punition). On la trouve dans les toilettes dont il est incroyablement souvent question, comme de l'urine et des vessies prêtes à exploser. On la trouve dans les odeurs "fétides", "nauséabondes", "immondes" dégagées par le vomis, les chaussettes sales (c'est un leit-motiv…) ou les ordures. On la trouve dans la boue qui couvre les enfants de façon incessante. On la trouve dans les pizzas mangées à pleine main qui dégoulinent sur les tee-shirts, dans la bière qu'on se déverse sur soi, dans les rots émis avec fracas, dans le spectacle désolant d'appartements où la vaisselle sale s'amoncelle. Le lecteur est incessamment invité à s'exclamer grassement : " Ah ! Dégueu !". L'immersion, totale, en devient oppressante.  Presque au hasard, voici deux extraits :

"Pour l'heure, ses ampoules aux pieds avaient éclaté et ses chaussettes étaient tachées de sang. […]. Son coude ressemblait vaguement à un morceau de steak haché et sa jambe empestait la crotte de chien.
- Putain de bordel de merde ! hurla-t-il en jetant l'une de ses baskets contre le mur." Trafic, p.26

 " Il flottait [au collège] une odeur écoeurante d'urine et de cire d'abeille. Les rideaux et les murs étaient constellés de chewing-gums séchés. […] Un aquarium, où flottaient des poissons morts […]  décorait le hall d'entrée. […] Un des élèves commença à se gratter frénétiquement le dessus de la main. Une pluie de peaux mortes s'abattit sur la table.
 - Je fais de l'eczéma, expliqua-t-il. L'été, quand je transpire, c'est encore pire." Trafic, p.68-70 

            Les distractions que s'octroient nos "héros" sont à l'image du reste : les séries télévisées comme Friends et les films de préférence gore les retiennent des heures entières affalés devant la télé qui, toutefois, cède aisément le pas aux sorties en boîte et dans les bars où l'alcool coule à flot et où l'on peut s'essayer à la drogue. Ainsi les voit-on complètement soûls ou drogués tour à tour, malgré le règlement qui ne gêne personne.
           
            Tout ce que nous avons évoqué jusqu'ici ne permet pas de comprendre l'engouement de nos jeunes lecteurs pour cette série.
            C'est qu'au-delà du suspense lié aux missions d'espionnage, il en est un autre, savamment ménagé par l'auteur, et sans doute pas très avouable : absent de toutes les quatrièmes de couverture, indécelable sur les sites officiels de Chérub, à peine évoqué dans les résumés, il n'apparaît pas dans la présentation très favorable qu'en fait le journal La Croix, et probablement les enfants ne sont-ils pas plus bavards sur ce sujet quand ils parlent de leurs lectures avec leurs parents… Ce qui tient en haleine autant, et même  plus que la victoire sur les trafiquants de drogue, ce sont ces questions fébriles  que se pose le lecteur transformé en voyeur : qui avec qui ? Pour combien de temps ? A quel degré d'intimité ? Avec quels gestes ?
            Il convient de préciser que le monde de Cherub évolue au fil des années tout au long de ces 16 volumes, de sorte que le personnage principal, James, âgé de 12 ans au début du premier volume en aura probablement 17 à la fin, âge de la réintégration obligatoire dans la société. Gravitent autour de lui quelques familiers que l'on retrouvera tout au long de la série, et de façon plus épisodique, selon les volumes, des personnages plus âgés ou plus jeunes avec qui il partagera des missions. Ces malheureux sans famille ont assez connu la galère avant d'être recrutés par Cherub pour que l'on admette facilement qu'ils ne sont pas des enfants de chœur. Enfin, ces missions consistant souvent à approcher des gangsters bien installés dans leurs trafics, James et ses amis sont chargés de se lier d'amitié avec leurs enfants,  voyous plutôt sympathiques, mais vraiment voyous…
            Imbriquées donc dans l'aventure policière se trouvent les aventures "amicales" et surtout "sentimentales", si du moins on peut les caractériser ainsi. Ces aventures intrigantes
dans tous les sens du terme, pleines de rebondissements et d'effets-chocs titillent le lecteur sans jamais le laisser tranquille trop longtemps… Certains effets chocs relèvent du roman de gare : James, dont on sait depuis le début qu'"il en pince pour Kerry" ne résiste pas aux charmes de Suzan (malheureusement déjà "prise"), ni de Nicole, ni d'April. Tout cela dans ce seul deuxième volume.  Kerry arrive juste quand James embrasse l'une d'elles. Ah la la ! Comment va-t-elle réagir ? Ce genre de questions court tout au long du roman…tout au long de la série ! Avec une progression dans le degré d'intimité lié à l'âge de nos protagonistes. Ainsi avons-nous découvert en feuilletant à la va-vite le volume 9 que James avait renoncé à sa virginité la veille de ses 15 ans (avec une autre que Kerry) et, dans ce même volume Kerry, plus "amoureuse" que jamais se propose "d'aller jusqu'au bout". Voilà pour l'histoire principale, à quoi s'ajoutent les innombrables histoires secondaires vécues par l'entourage de James. On n'en sort pas !
Pour compléter le tableau, le meilleur ami de James, Kyle, 14 ans, avoue son homosexualité que le lecteur est fortement incité à trouver naturelle. Voici la conversation entre James et ses amies :

"-Tu aurais au moins pu t'en douter, fit remarquer Kerry.
- Et pourquoi ?
- Non mais, tu as vu comment il se fringue ? Tu n'as pas remarqué que c'était pratiquement le seul mec du campus dont la porte de casier n'est pas recouverte de photos de nanas en petite tenue ? Qu'il ne s'approche jamais d'une fille à moins de cinq kilomètres ? Franchement, il te faut quoi ? Qu'il porte carrément un T-shirt Gay Pride ?
- Mais je suis dans la même chambre que lui. Il me voit à poil tous les jours.
- Et alors ? Moi aussi, je t'ai vu tout nu.
- Mais il est gay, bon sang.
- Ah, tu penses que tu lui plais, c'est ça ? Mon pauvre, je ne voudrais pas te décevoir.
-Maintenant que j'y pense, ricana Nicole, il me semble bien l'avoir vu te mater les fesses amoureusement.
- Oh, tais-toi, par pitié, supplia James. C'est pas drôle, c'est dégoûtant.
- Tu penses qu'être gay est dégoûtant ? demanda Kerry. Je croyais que Kyle était ton ami.
- C'est mon ami, mais cette histoire me met super mal à l'aise. […]
- J'ai entendu dire qu'une personne sur dix était gay […]. C'est plus fréquent qu'on ne le croit. Quand on y pense, chaque équipe de foot a au moins un joueur gay. […] Kyle est ton ami, et tu devrais le soutenir. Si tu lui dis quoi que ce soit de blessant, je te promets que je te ferai passer un sale quart d'heure" (Trafic, p. 100-102)

Après quoi le lecteur suit l'évolution de ses aventures comme pour les autres protagonistes de la série, comme le montrent ces deux passages trouvés au hasard dans le volume 6, Sang pour sang :

[James découvrant une chaussette de Kyle dans son lit, s'écrie :]
"- Ne me dis pas que vous avez utilisé mon matelas pour faire…tu sais…des trucs gay ?
- Et où tu voulais qu'on s'assoie, dans ce placard ?
- Vous pouviez aller sur ton lit, dit James."   (Sang, pour sang, p. ?)

"- Ca a l'air de rouler entre Tom et toi, dit Lauren en se tournant vers Kyle. Il te plaît vraiment ou c'est juste pour la mission ?
- A ton avis ?
- Ben, il est super mignon. Et tout le monde dit qu'il est largement temps que tu te trouves un petit copain.
- Comment ça, tout le monde ? demanda Kyle en versant une cuillerée de café soluble."  (Sang pour sang, p.?)


            Mais, bien sûr, il reste encore à insister sur la manière dont sont évoquées toutes ces relations : comme vous avez déjà pu le constater, l'auteur ne donne pas dans la poésie… Sortir avec Kerry devient "lui fourrer la langue dans la bouche", on drague une fille parce qu'elle a de gros seins, qu'elle est bien foutue, on lui passe d'abord la main dans le dos, puis victoire quand on arrive jusque dans la culotte.

"- Tu peux me dire pourquoi tu sembles d'aussi bonne humeur ?
 - Nicole, mon pote. Je lui ai mis les mains partout. Tu ne m'en veux pas, hein ? Je sais bien que c'est ta sœur, mais…" (Trafic, p. 176 )

" Ils s'embrassèrent longuement, puis leur étreinte prit une tournure plus torride. James essaya de glisser une main dans le short d'Hannah"( Chute libre, p.152. )

" - Salut tombeur […] Alors, comment s'est passée ta folle nuit d'amour ?
  James ouvrit la porte du réfrigérateur et engloutit un demi-litre de lait au goulot.
 - Pas mal. elle m'a laissé passer la main sous son T-shirt.
 - Super, lança Dave sur un ton ironique. " ( Chute libre, p. 183)

C'est que Dave a plusieurs longueurs d'avance.  Sa petite amie (qu'il connaît depuis deux jours) est surprise par James "nue comme un ver" dans la cuisine :
"- Arrête de mater, espèce de sale pervers, gronda-t-elle, furieuse. […]
 - Qu'est-ce que vous foutiez à poil dans la cuisine, tous les deux ? s'étonna James. Oh, je vois… Je jure que je ne mangerai plus jamais sur cette table !"  (Chute libre, p.130)

C'est ainsi qu'on inflige incessamment au jeune lecteur des images et des propos si brutalement dénués de sentiment, de douceur et de beauté que cela seul donne des nausées…

            Au fond, tous ces jeunes vivent au gré de leur instinct et de leurs envies, de sorte que même leurs relations d'amitié sont plus que douteuses… Kyle veut bien venir en aide à James qui vomit littéralement ses devoirs, moyennant finances toutefois ! C'est son meilleur ami… Ils se mentent très régulièrement, les filles se piquent leurs copains etc. Tous s'entendent  pour sécher les cours, boire, draguer. Certes, parmi eux, James fait preuve de quelques scrupules : il admet difficilement l'homosexualité de son ami, il trompe souvent Kerry mais non sans léger remord, finira par rendre  ce qu'il aura volé dans un magasin, est un peu désolé de tuer. C'est bien ce qui permet au lecteur de le trouver sympathique et de s'identifier à lui, mais aussi de se laisser désarmer. Car enfin, James obéit surtout à son instinct, son jugement moral se limitant à cette maxime : pas vu, pas fautif… C'est d'ailleurs la loi générale qui règne à Chérub. Si ça et là jaillissent quelques infimes étincelles d'émotion
(le mot est un peu fort), tout est dominé par l'instinct le plus basique, pour tout dire : animal.
           
            Il y aurait encore tant et tant à dire  !
Les filles, toutes véritables garçons manqués, sont bien supérieures à leurs amis par leur détermination, leur esprit d'initiative (y compris dans le domaine sentimental) et même leur force. Leur comportement, leur habillement, leur langage, tout participe  à la déconstruction du genre qu'il ne faut pas seulement chasser derrière quelques titres heureusement évocateurs !
 La vieillesse, elle, est systématiquement dénigrée dans le monde de Cherub. Jugez-en vous-même par cet extrait en sachant qu'il y en a bien d'autres :
 
Les enfants s'approchent d'un vieillard qui leur avait demandé de se taire au cinéma en lui adressant des excuses :
"- […] Veuillez accepter ceci en signe de notre considération.
Nicole laissa échapper un petit rire aigu puis elle versa le contenu du gobelet sur le pull de l'homme. Pétrifié, ce dernier regarda le liquide poisseux dégouliner jusqu'à son pantalon.
- Bien fait pour ta gueule, espèce de balance ! lâcha la jeune fille.
James était sous le choc. […]
- Vous êtes débiles ou quoi ? cria-t-il. Pourquoi vous avez fait ça, bordel ? C'était un vieux type. Il aurait pu faire une attaque.[…]
 - Je vais te dire, cria Nicole, le visage déformé par la haine. J'espère bien qu'il a fait une attaque.
- T'es trop cool, dit April.
- Je supporte pas les vieux, cracha la jeune fille.
- Tu seras vieille un jour, comme nous tous, fit remarquer James.
- Pas question, dit Nicole. Vivre vite et mourir jeune, c'est ma devise.
- Bon, on va bouffer quelque part ? demanda Junior. Je crève la dalle." (Trafic, p.160-162)

 Les bébés y sont toujours des accidents, même dans la seule famille qui rappelle un peu qu'il peut y avoir une certaine douceur de vivre (responsable de l'ensemble des enfants). Nous pourrions développer encore. Mais est-ce bien nécessaire ?


          CHERUB est d'abord l'acronyme de Charles Henderson's Espionage Research United B. Il est aussi le diminutif du mot chérubin comme le confirme le logo de la série représentant un angelot joufflu. Certes. Mais ce mot "cherub", inusité aujourd'hui, désigne aussi "un être fantastique, mi-homme mi-animal dans la mythologie assyrienne"…  Oui, rentrer dans l'univers de Cherub, c'est découvrir un monde où ceux qui devraient par leur jeune innocence ressembler à des anges se comportent bien davantage comme des animaux, obéissant avant tout à leur instinct et satisfaisant essentiellement leurs besoins physiques :  soulagement des vessies, remplissage des estomacs, pelotage de corps lorsqu'ils sont à portée de mains. (Le fait que l'attention du lecteur soit systématiquement et incessamment fixée sur leur corps, jamais sur leur visage, n'est sûrement pas neutre). Ainsi nos enfants se familiarisent-ils avec une humanité qui n'en a plus que les apparences, une humanité qui ignore sa dignité, presque innocemment monstrueuse…



       En prime, quelques passages  "borderline":

Que penser des termes par lesquels l'entraîneur, dont on sait la violence perverse, s'adresse aux enfants de Cherub dans Chute libre : "bande de larves"(p.24),  mais aussi "mon petit ange"(p. 28),  "mes petits chatons"(p.38), "mes petits sucres d'orge"(p.25) ?

"-Laisse tomber, Lauren. Tu réalises qu'on aurait pu glander au lit une demi-heure de plus ?
Lauren saisit l'un des tétons de James et le tordit violemment. Ce dernier se jeta sur le lit en hurlant de douleur.
- Pourquoi tu as fait ça, bordel ?
- Fous-moi une baffe, je t'ai dit !
- Très bien. Tu l'auras voulu. J'espère que ça te remettra les idées en place"
(Trafic, p. 206)
Lauren est la demi-sœur de James…

"[Après avoir regardé plusieurs films gore chez son ami Junior] James alla chercher sa couette et ses oreillers pendant que Junior dépliait le canapé. Ils éteignirent la lumière et parlèrent de tout et de rien dans l'obscurité. C'est quoi, ta voiture préférée ? Dans quel pays tu aimerais vivre plus tard ?
- Tu embrasserais les fesses d'un chien pour un million de livres ? demanda Junior.
James réfléchit quelques secondes.
- Oui.
Junior se tordit de rire.
- T'es vraiment un porc. […] " (Trafic, p. 232-233)

Et voilà de quoi se nourrissent les enfants qui devraient être à mille lieues de cet univers où tout est perverti au point même que la perversion est la norme, comme s'il n'y avait pas d'autre façon possible d'envisager la vie. Un univers d'où est chassée absolument toute grâce (qu'elle soit beauté, douceur, grandeur, vérité) jusqu'à faire douter qu'elle puisse exister…
Pour les adultes que nous sommes, avec cette chance inouïe d'être pleinement convaincus de notre dignité humaine,  la série Cherub illustre  a contrario cette béatitude, tandis  qu'elle contribue dramatiquement à la rendre  inaccessible à trop de jeunes, y compris dans nos milieux catholiques :
            Bienheureux les cœurs purs : ils verront Dieu !




"Je suis le rythme. Je suis cette cadence mystérieuse, éparse dans la nature. Je suis dans le module et le galbe de la colonne antique, dans l'ordonnance mystérieuse du Temple de l'Acropole ; et ce n'est pas seulement la grâce humaine qui est cristallisée dans le pentélique, c'est un rayon de Moi-même. Je suis dans la beauté des Florentins, dans le rythme vibrant et troublant de Botticelli ; il n'a pas su d'où venait la beauté, il l'a identifiée à la créature, mais il a senti la beauté. Le péché, le péché énorme, c'est de ne pas sentir la beauté et de dire : "cela est vanité". Stupide créature, stupide, stupide, va adorer ce petit tas de boue que tu es, roule-toi dedans. "  (Mère Geneviève Gallois, Réalité unique et éternelle)

Note sur les 70 premières pages du Tome 2 de Henderson's boys : Le Jour de l'Aigle.              
                     (Recommandé et vendu par les Editions du Triomphe !!)

            Port de Bordeaux : des soldats ivres urinent sur les lampadaires, des tonnes de viande et de légumes grouillent d'asticots, odeur écoeurante des bananes pourries, l'un des héros évite de justesse un monticule de crotte humaine (sic).
Pendant ce temps, Rosie, 13 ans, dont le bateau vient de faire naufrage, coulé par les bombardiers allemands alors qu'il faisait route vers l'Angleterre, Rosie donc, est tirée sur la rive par un jeune garçon de 15 ans, PT. Elle est inquiète pour son frère Paul, 11 ans, qui était également sur le bateau. Des gens du coin servent aux naufragés un café. "PT était accroupi près d'elle et leurs corps se touchaient... Dans ces circonstances tragiques, Rosie savourait cette curieuse intimité, même s'ils se connaissaient à peine".
Là-dessus, intervention d'un prêtre "visiblement bien nourri" ! qui établit des listes des rescapés. PT lui répond d'un ton agressif. "Les hommes d'Eglise s'attendaient à de la déférence et Rosie était à la fois choquée et impressionnée par le manque de respect de son compagnon".
            Rosie part de l'autre côté du port à la recherche de son frère. Elle "se tourna vers PT ; elle ne connaissait pas la nature exacte de leur relation, mais elle ne voulait pas se retrouver seule". .... Elle croise une femme enceinte gémissant effroyablement, "du sang coulait sur ses cuisses". Le médecin du coin : "Les plaies et les fractures, c'est mon domaine. Mais les problèmes de femme, j'y connais rien".
            Rosie retrouve son frère, blessé. Forcément elle va faire un tour aux toilettes. Pour clore le chapitre 2, PT embrasse Rosie sur la bouche.
            Chapitre 3 à 5 : on apprend que PT vient de New-York  qu'il a fui après avoir participé avec son père et ses deux petits frères au cambriolage d'une banque au cours duquel un des petits frères et le père tuent chacun un policier. "Papa nous a toujours dit qu'on doit tirer d'abord et poser les questions après", bredouille l'enfant. Léon donna une petite tape dans le dos de son frère : "Tu as fait exactement ce qu'il fallait..."
            Cinq premiers chapitres (32 en tout) : tout est moche, sale, puant, violent, on hurle, on grogne. C'est fatigant et désespérant. Aucun vrai  ni beau sentiment. Sous-feuilleton américain, culture McDo.
            Cerise sur le gâteau chapitre 6 : Rosie surprend parfois Marc, un orphelin qui accompagne le héros, Henderson, "en train de reluquer sa poitrine..." Mais ça, ce n'est rien. Page 77, les gamins regardent en douce par la porte :  "Maxine (la secrétaire du consul) était étendue sur une chaise longue... vêtue uniquement d'une paire de bas noirs. Henderson lui massait les pieds... "Je parie qu'il va la féconder, chuchota Marc en ricanant... Henderson déboutonne sa chemise. Le plus jeune des enfants demande ce que veut dire féconder. Marc lui donne l'exemple de la vache et du taureau "Son truc grandit jusqu'à ce qu'il mesure 30 cm et il le rentre directement dans la vache." PT ricane... "Quel vieux cochon, dit Rosie outrée. Quand je pense qu'il a une femme en Angleterre".

Arrêtons là et terminons par le plus hallucinant : la présentation du roman par les éditions du Triomphe :
"Excellent suspense, chronologie des faits historiques respectée, les adolescents adoreront ce roman d'espionnage au style cinématographique." 14 ans
Et la présentation générique de la série : Entre Langelot et Mission impossible, des aventures rudes et menées tambour battant par des "âmes bien nées" pour qui "la valeur n'attend pas le nombre des années" (Corneille, Le Cid).  !!!