samedi 30 juin 2012

il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies - textes du jour

Samedi 30 Juin 2012

Prier… Que ton cœur crie vers le Seigneur ! .. laisse couleur nuit et jour le torrent de tes larmes ; sans relâche que tes yeux ne cessent de pleurer. Lève-toi, pousse des cris à toutes le heures de la nuit, répands ton cœur comme de l’eau en présence du Seigneur, lève les mains vers lui pour sauver tes petits enfants qui meurent de faim à tous les carrefours. [1]  Livre des Lamentations peu pratiqué, alors que tout y est dit de ce que nous sommes quand nous prenons conscience de ce que nous sommes, plus en situation générale et subie qu’en culpabilité personnelle. Dieu dialogue avec les miséreux que nous sommes : mes yeux sont ravagés par les larmes, ms entrailles frémissent, mon cœur défaille, à cause du désastre de la ville de mon peuple, car les enfants et les tout-petits s’effondrent dans les rues de la cité. Ils demandent à leur mère : « Où sont le blé et le vin ? ». Ils s’affaissent, comme des blessés, dans les rues de la ville, ils expirent sur le sein de leur mère. Adultes et enfants, paysage urbain, remparts et leur prosopopée. Regarde vers l’Alliance : la guerre est partout, on se cache dans les cavernes du pays. Lève-toi Dieu, défends ta cause ! N’oublie pas sans fin la vie de tes pauvres. Et  la réponse de Dieu est qu’Il nous admire… quand nous avons foi en lui : Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri… A ces mots, Jésus fut dans l’admiration… deux caractéristiques pour cet homme de foi, c’est un étranger, un occupant et il ne demande rien pour lui, seulement et décisivement pour autrui. Seigneur, mon serviteur est au lit, chez moi, paralysé, et il souffre terriblement. Quelqu’un de proche mais pas de son sang, quelqu’un d’inférieur. Une foi tout à fait pratique mais disant la toute puissance, selon lui, de celui à qui s’adresse cet officier : moi, qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres : je dis à l’u, « Va » et il va et à un autre : « Viens » et il vient, et à mon esclave : »Fais ceci » et il le fait. Dieu maître et sommet de toute hiérarchie, Dieu de toute logique, Dieu souverain et recours. Rentre chez toi, que tout se passe pour toi selon ta foi. La foi nous introduit dans la toute-puissance de Dieu, nous la confère. Et la journée du Christ se passe ainsi : il guérit la maitresse de maison qui va le recevoir, il fait hôpital public et il guérit beaucoup de malades. Sensation d’encombrement, de surcharge. La surcharge de nos chagrins et de nos désarrois (je ne peux plus voir nos chiens sans penser et anticiper leur cadavre que j’aurai à recueillir, à porter et à inhumer, je pleure d’avance… un nouveau livre sur l’Abbé Pierre ou de lui, témoignages, testament, photos… pieuse mémoire mais aussi rentabilité pour le mouvement et la fondation, comment ne pas le comprendre, nous qui l’avons connu et en relations de services mutuels mettant nos vérités à chacun, bien à nu… mais leçon, la mort et l’oubli dont elle enveloppe tout, car le culte ne ressuscite pas et ressemble davantage à ceux qui se souviennent qu’à celui qu’on ne peut plus chercher ni trouver… je serai de ceux-là, bientôt… le refuge ultime : le cœur de celles et ceux que nous aimons et qui nous auront aimé… alors, le cœur de Dieu,  vrai éternité et…). Surcharge exactement de même intensité, de même poids : celle que se donne le Christ pour nous guérir, nous sauver, nous accomplir : Il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies. Ponctuation de l’évangile de Matthieu, la réminiscence et l’application de l’Ecriture prophétique. Amen.


[1] - Lamentations II 2 à 19 passim ; psaume LXXIV ; évangile selon saint Matthieu VIII 5 à 17

vendredi 29 juin 2012

et une lumière brilla dans la cellule - textes du jour

Vendredi 29 Juin 2012

Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise, et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux [1]. Le comble de l’incarnation – déjà inimaginable humainement, impossible à projet philosophiquement, qui ne peut se penser que parce que cela a été un fait historique – est sans doute dans un second fait, fondateur humainement, mais par Dieu fait homme, et ce fait est l’Eglise. Que ce Royaume dont toute la prédication du Christ montre qu’il est proche et pourtant si difficile d’accès pour notre ensemble et pour chacun, nous est remis. Nous en sommes la porte, l’anticipation. L’autorité divine nous est donnée. Nous sommes le truchement du Christ, lui-même agent par excellence et en totalité de toute l’action et de tout le plan du Père. Les clés données à celui des apôtres qui semble le plus proche de nous : la peur, la lâcheté, l’impétuosité, l’affectivité, la spontanéité, le don de soi, les erreurs constantes d’interprétation, les traits et les cris de lumière manifestement inspirée et «labellisée » ainsi par le Christ. Et l’Eglise virtuelle, ainsi rencontrée hier quand ces destinataires de mon parcours de réveil à la joie et à la foi au lever du lit et à l’émergence de la tristesse qui chaque matin m’accueille, m’étreint aux premières minutes… deux destinataires si différents l’un de l’autre, mais décisifs dans ma vie et ma survie ces dernières années, qui me signifient qu’ils me lisaient et se sont aperçus qu’ils n’avaient plus de quoi me lire… leurs visages qui sans doute ne se mettront ensemble que dans mon affection et cette prière d’en ce moment, sont là avec leur sourire : ces sourires des portails de cathédrales, ce signe, la vie est là, lumière tant le soleil du levant et du couchant sont assurés, seuil des prières, suite des vies, œuvres. Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? Jésus s’éprouve autant qu’il éprouve ses disciples : a-t-il réussi ? savent-ils ? comprennent-ils ? sont-ils présents à ce parcours de Dieu dans l’humanité, sur cette terre-ci ? la réponse fuse, la bonne… Tu es le Messei, tu es le Fils du Dieu vivant. Pierre, à lui-même, à nous tous, a donné ainsi le « la », voilà ce qu’il nous reste à faire, dans nos vies, et si possible à transmettre, tout simplement. Pour Paul, ce fut clair et total : me voici déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu, je me suis bien battu, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle. Car l’évangélisation n’est pas notre texte, mais le témoignage de notre vie dont nous ne savons pas ce qu’elle signifie aux autres. Fassent Dieu et le ciel que mes chutes, tristesses, déprimes, imperfections, lacunes et surtout inconstance et inconsistance, mes addictions aux fauses espérances et aux objectifs contradictoires avec le fond de moi-même qui est certainement le dessein de Dieu sur moi, ne scandalisent pas et que quelques-unes de élancées servent ou atteignent, accompagnent quelqu’un, quelque chose… Je cherche le Seigneur, il me répond. Qui regarde vers lui respolendira, sans ombre ni trouble au visage. Ô ces visages d’hier, l’inconnue à peindre par PICASSO dans le métro, la jeune fille d’une beauté si intense et si neuve dans les couloirs puis l’ascenseur de cet hôpital, mes familiers rencontrés pour consultation ou selon la coincidence et la convcation du hasard. Ce qu’il lui arrivait grâce à l’ange, il ne se rendait pas compte que c’était vrai, il s’imaginait que c’était une vision. Réveiller mes aimées, leur visage, et le départ en mission, au travail, au témoignage, aux rencontres tout aujourd’hui. Que les pauvres m’entendent et soient en fête ! … Un pauvre crie : le Seigneur entend. Il le sauve de toutes ses angoisses. [2]  


[1] - Actes des Apôtres XII 1 à 11 ; psaume XXXIV ; 2ème lettre de Paul à Timothée IV 6 à 18 passim ; évangile selon saint Matthieu XVI 13 à 19

[2] - Mieux que n’importe quel commentaire, le midrach  suivant, tiré du choher tov, fait ressortir le sens profond de ce psaume : il est écrit dans l’Ecclésiaste (3.11) « il a fait tout, excellemment, en son temps « ; tout, signifie que tout ce que Dieu a fait est bien, comme le psalmiste le dit par ailleurs (psaume 104.24) « … Toutes les œuvres sont faites avec sagesse ». A ce propos, David dit à Dieu : quel profit peut tirer le monde de la folie : les fous sont objet de railleries ; cela te plaît-il ? Dieu lui répondit : tu cririques la folie ; et bien, viendra le moment où tu en auras besoin ! Quand David, poursuivi par Saül, se réfugia chez les Philistins, la famille de Goliat voulut le tuer. David implora Dieu qui lui demanda ce qu’il souhaitait. David lui dit : donne-moi de cette folie que tu as créée. Dieu lui rétorqua : ne l’avais-tu pas dénigrée ? Mais je vais quand même te l’accorder. David simula alors la folie ; il se mit à écrire sur les murs que le roi Akhich de Philistie lui devait de l’argent, ainsi que son épouse et sa fille. Ces dernières perdirent tout à coup la raison. Quand on emmena David auprès du roi pour le faire tuer, Akhich s’exclama : n’y a-t-il pas assez de fous dans mon palais pour que vous y ajoutiez celui-ci ? David fut alors « chassé et s’en alla » (verset 1) ; il composa alors ce poème alphabétique qui commence par « je veux bénir l’Eternel en tout instant » = pour tous les instants de sagesse et les instants de folie. Comme pour tous les psaumes, cette louange de Dieu reste malgré tout assez générale pour être prononcée par un individu ou par tout Israël après avoir échappé à un danger quelconque. Les mots-clés employés sont, à cet égard, on ne peut plus significatifs : « je recherche Dieu », « ceux qui recherchent Dieu », « il me délivre de toutes mes angoissses », « de tous leurs malheurs, il les délivre », etc… Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. Ce que rapporte Claude Brahami, ajout de la tradition juive ou inspiration libre des livres sur David : ceux de Samuel et des Rois, si je ne me trompe… est étonnant d’adéquation à ce que notre époque, notre monde sont en train de vivre. Nous ne nous en tirerons pas logiquement, mais tout autrement…

jeudi 28 juin 2012

que nous vienne bientôt ta tendresse - textes du jour

Jeudi 28 Juin 2012

Prier… [1]  Que nous vienne bientôt ta tendresse, car nous sommes à bout de force ! Aide-nous, Seigneur, délivre-nous, efface nos fautes pour la cause de ton nom ! [2] Le dialogue que suppose le Christ avec ceux qui, au seuil du royaume des cieux, demandent à y entrer, est singulier.Le psaume l’éclaire. Les candidats ne sont pas des gens s’acceptant tels qu’ils sont : pécheurs, au contraire, ils plaident leur droit : des œuvres et qu’ils ont cru, à raison peut-être, tout à fait inspirées et en accord avec Dieu. De bonne foi… n’est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? – Alors je leur déclarerai : « Je ne vous ai jamais connus. Ecartez-vous de moi, vous qui faites le mal ! ». Peu compréhensible sinon l’attitude du cœur. Et pourtant ce qui est demandé, ne l’ont-ils pas fait ? pour entrer dans le Royaume des cieux, il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux… il ne suffit pas de me dire : « Seigneur, Seigneur ! ». Peu compréhensible tandis que la parabole des deux maisons et de leurs fondations respectives est limpide, mais de simple bon sens. La maison ne s’est pas écroulée car elle était fondée sur le roc. Et tout homme qui écoute ce que je vous dis là sans le mettre en pratique est compaable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison, la maison s’est écourlée, et son écroulement a été complet. L’écoute et la lucidité, l’une par l’autre, car les intempéries sont les mêmes pour tous. Celles que subit Israël mise à sac par Nabuchodonosor sont terribles. Les nôtres… à nos proportions. Seigneur, reçois nos vies.


[1] - 2ème livre des Rois XXIV 8 à 17 ; psaume LXXIX ; évangile selon saint Matthieu VII 21 à 29

[2] - En 586 avant notre ère, exactement le 17 tamouz, les armées de Nabuchodonosor éventraient les murailles de Jérusalem. Le prestigieux temple de Salomon s’effondrera dans les flammes trois semaines plus tard, le 9 av. Le psaume 79, choisi pour être lu pour le jeûne du 17 tamouz et pour celui du 9 av, décrit pathétiquement ce tragique événement : invasion ennemie, sanctuaire profané, Jérusalem en ruines, des cadavres que nul ne peut enterrés, exposés aux oiseaux rapaces, tout le peuple, objet de honte et de raillerie de ses voisins qui se réjouissent de son malheur. Le spetacle de cette désolation inspire au psalmiste une prière fervente dans laquelle il supplie Dieu de réserver sa colère aux nations « qui ne le connaissent pas » et « qui n’invoquent pas son nom », afin de venger Israël humilié et sanctifier son nom aux yeux du monde entier. Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.
 

mercredi 27 juin 2012

et tout le peuple entra dans l'alliance - textes du jour

Mercredi 27 Juin 2012

Prier…[1]enseignement du Maître sur les maîtres. Dieu sait (précisément, combien cette expression courante peut avoir de force) combien nous nous en donnons, du moins selon certaines « névroses » dont la chrétienne (livre là-dessus d’il y a trente ans), pour la conduite de nos vies… la « direction spirituelle » des dux siècles précédents et la relation dirigeant-dirigé et réciproquement était-elle au moins avouée… et puis la prétention dans tous les domaines de mettre des hiérarchies totalitaires et débordant de leur objet initial : l’entreprise, l’administration, les ambiances en presque toute la vie collective, qu’elle soit de travail ou simplement de rencontres amicales. Non plus écouter ou ramer ensemble, mais la supériorité, la pédagogie, le jugement… je sens souvent aussi que je tombe dans ce travers détestable, calamiteux, écouter, sans doute ne pas opiner, mais juger et évaluer intérieurement. Je crois que c’est un défaut d’un certain milieu, d’une certaine strate carcelles ou ceux que nous cotoyons ici sont au premier degré, fataliste ou ne cherchant pas midi à quatorzr heures, ayant un rapport plus aux choses qu’aux personnes, et se trouvant d’ailleurs face à des questions très pratiques. Notre milieu ou notre strate (j’essaie de ne pas écrire : éducation, car ces travers et pentes me semblent contractés à l’âge adulte et selon nos positions culturelles et hiérarchiques dans la société, l’image que nous nous donnons de nous-mêmes plus que celle que la société et autrui nous renvoient de nous-mêmes) sont très centrés sur eux-mêmes tout en étant en manque de repères et de certitudes, donc prêts à gober toute importation, tout culot, tout ce qui se présente hors habitudes mais d’une manière telle à raisonner celles-ci, à les justifier, ou si elles bousculent à nous maintenir en position de supériorité pour avoir compris les premiers la nouveauté. Voici le Christ et sa thérapie. Simple. Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans ce sont des loups voraces.. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Aucune référence à Dieu, à une norme. Appel à notre simple intelligence, à notre sens de l’observation mais à condition de nous être libérés de nos tics. Ce qui peut être une découverte. Ces renouvellements de profession de foi, ces moments de discernement – personnels, ou d’une génération, ou d’un peuple – le roi était debout, devant la colonne, et il concluit l’Alliance en présence du Seigneur. Il s’engageait à suivre le Seigneur en observant ses ordres, ses préceptes et ses commandements, de tout son cœur et de toute son âme (les récitations de scribes ou de docteur de la Loi dans le Nouveau Testament ont cette « entièreté » et reprennent ces formulations), et en accomplissant les paroles de l’Alliance inscrites dans ce livre. Et tout le peuple entra dans l’Alliance. Le psalmiste nous fait répéter la leçon en nous la faisant nous l’approprier : Montre-moi comment garder ta loi, que je l’observe de tout cœur. Guide-moi sur la vie de tes volontés, là, je me plais. Incline mon cœur vers tes exigences, non pas vers le profit. Au lieu de m’éreinter à chercher par moi-même, oublieux de presque tout ce qui me constitue…


[1] - 2ème livre des Rois XXII  8 à 13 & XXIII 1 à 3 passim ; psaume CXIX ; évangile selon saint Matthieu VII 15 à 20

mardi 26 juin 2012

tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux - textes du jour

Mardi 26 Juin 2012

Hier, ces deux accompagnements-injonctions. Camarade d’enfance à la vie que je n’ai, pour ses suites, sue que par intermittences et contradictions, que progressivement je retrouve, regagne et en fait apprends comme je n’avais jamais pu ou su ou voulu le faire, prisonnier de ma mémoire et d’un regard que je forcais. Tout simplement parce que c’est lui qui vient et à sa seule manière, pas la mienne. Me recevant chaque matin, il me courielle : Regarde l'horizon, et non point ton état physique ou psychologique. Et ne te disperse pas.  Puis dans la salle d’attente de cet immeuble sans doute classé, non loin de la porte Saint-Vincent-Ferrier, tandis que ma chère femme consulte, notre fille me demande une feuille de papier que je n’ai pas, en obtient une du secrétariat et de mon stylo commence, non plus à dessiner comme si souvent depuis ses débuts, mais à écrire. Termine-t-elle ? elle ne le dit qu’après coup, car elle reste encore, la feuille appliquée sur une glacce à l’entrée à tenter d’écrire, c’est un poème pour sa mère : Le soleil. Les fleurs me bercent, l’herbe chantonne dans mes bras. Je les regarde ensuite, marchant vers la voiture, le long des remparts si célèbres, la silhouette à présent de ma fille fait deviner ce qu’elle sera dans cinq ans, au seuil de l’adolescence, et ainsi de suite. Avec sa mère, elles marchent du même pas, le pantalon de Marguerite est serré, celui d’Edith flotte et gonfle légèrement au vent, les chevelures différent, âge et fantaisie joyeuse de l’une, âge et vérité souvent subie ensemble de l’autre : elles vivent, existent, continuent, nous nous aimons. Je les ai rejointes pour… quelques années encore… pour toute suite. Et ce matin, je lis l’homélie prononcée il y a dix jours aux obsèques de Robert GALLEY, j’entends ce prélat, j’entends ce qu’en Eglise nous pouvons entendre sans rien voir mais entendre : Les croyants savent que c’est Lui qui couronnera cette vie marquée par la volonté de servir les autres et de défendre le bien. Les croyants savent que c’est Lui qui saura le mieux reconnaître en définitive tout ce qu’il y a eu de grand, de vrai et de beau dans cette vie d’homme. Et entendre finit par faire voir. Horizon ? passer, mais pas pour disparaître dans quelque néant que retarderait la mémoire de quelques contemporains d’amour et de cotoiement, passer pour aller… Oui.
Prier… [1] Ne te laisse pas tromper par ton Dieu, en qui tu mets ta confiance et ne dis pas… La hideuse confidence de l’ennemi absolu, les gens de foi et d’espérance dans les camps de la mort, l’inaudible des anonymes en Syrie ou dans les guerres civiles que nous oublions, à peine une statistique parfois reçue. Ceux qui meurent dans ce désespoir que donne l'espérance. Réponse inspirée : Elle  te méprise, elle te raille, la vierge, la fille de Sion. Elle hoche la tête ppur se moquer de toi, la fille de Jérusalem… C’est l’amour jaloux du Seigneur qui fera cela… La nuit-même, l’ange du Seigneur alla dans le camp assyrien et frappa cent quatre-vingt-cinq mille hommes. Le matin, quand on se leva, on ne voyait que des cadavres. Sennachérib leva le camp, il revint à Ninive et n’en sortit plus. La femme, parabole et porte-parole de Dieu, tant de femmes dans l’Ecriture et l’apparence machiste du culte et des églises… encore dans selon la foule liturgique pour l’ordination dimanche de quatre nouveaux prêtres. La réalité est que cette exclusivité lasculine est tout simplement le signe que l’homme est serviteur devant Dieu et devant l’humanité tandis que la femme est gloire du Créateur, gloire de l’homme et vérité de nos vies. A l’inverse, tous les textes de Thérèse de Lisieux sur sa propre vocation sacerdotale, textes précis. Travail à faire dont la prière est le socle, mais qui ne constitue pas celle-ci. Je continue les textes de ce jour devant mon pasyage si mouillé tandis que de temps en temps vrombissent des moineaux aller-retour de la terrasse ouverte jusqu’à la cuisine et aux miettes nombreuses.  Dieu, nous revivons ton amour au milieu de ton temple. Ta louange, comme ton nom, couvre l’étendue de la terre. La porte étroite pourtant, c’est d’expérience commune. Grand texte d’André GIDE, le personnage d’Alissa, et c’est lié à l’amour. Celui du Christ m’avait toujours semblé restrictif, ce matin, il ne l’est – à le lire mieux que de souvenir – qu’à raison de nos seules forces. Mais précisément, il y a et il y aura bien davantage que nos seuls forces. Nous ne trouvons pas mais nous sommes pour les pas qui comptent, appelés, pas seulement de la voix, du regard mais de la main divine qui s’est tendue. Entrez par la porte étroite. Elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition, et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent. Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui cinduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. Tandis que nous roulions dimanche vers Sainte-Anne-d’Auray, Marguerite me dit soudain : je voudrais que le diable n’existe pas. Ma réponse – c’aurait dû être simplement invite à la prière ensemble – fut que nous ne savons pas si c’est une personne ou une part de notre nature tant la Bible et les évangiles le personnifient, mais tant aussi nous expérimentons que Satan a notre voix et qu’il est inutile de le nommer : à notre place, Dieu l’a nommé, condamné, vaincu, repoussé non sans l’avoir entendu et vu au désert et si souvent.


[1] - 2ème livre des Rois XIX 9 à 36 passim ; psaume XLVIII ; évangile selon saint Matthieu VII 6 à 14 passim

lundi 25 juin 2012

avec Dieu, nous ferons des prouesses - textes du jour

                     
Lundi 25 Juin 2012

              Prier… nous sommes à un point tel de nos vies que la grâce la plus évidente nous baigne : celle de reconnaître que Dieu seul peut nous secourir, nous élargir, nous sauver, nous libérer. [1] Remarques « pastorales » du Christ, du jour le jour, et constamment le rapport à autrui et le principe de réciprocité. Bon sens et nature, car les commandements de Deu sont prudence et, créés à son image et à sa ressemblance, nous avons tous les moyens de nous conduire intelligemment. Et en plus, nous avons reçu l’Espit Saint, croyants que nous sommes. Le jugement que vous portez contre les autres, serza porté aussi contre vous. La mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. Les conséquences pourtant de notre conduite, la sanction, l’évaluation ne nous appartiennent pas, il y a un arbitre. Nous ne nous faisons pas justice les uns les autres.  Détournez-vous de votre conduite mauvaise. … Avec Dieu nous ferons des prouesses, et lui piétinera nos oppresseurs.  .


[1] - 2ème livre des Rois XVII 5 à 18 ; psaume LX ; évangile selon saint Matthieu VII 1 à 5

dimanche 24 juin 2012

il m'a protégé par l'ombre de sa main - textes du jour

Dimanche 24 Juin 2012

Il pleuviote. Hier l’a échappé belle… Kermesse de l’école Saint-André, messe de mariage : Paulyanna et Thomas, leur chapelain irlandais, thème et homélie sur le chemin, le ballet de Yaq’el au Palais des Arts de Vannes, notre fille en violette pour la forêt enchantée, l’ouverture du bal de mariage chez nos voisins T. La réunion des relations, des inconnus, de nos « ennemis » sans que nous ayons des amis, ici. Plus on a de racines, plus on a assemblé, déposé, plus on sent que les étapes d’antan en camp volant n’étaient pas plus éphémères. Une richesse différente de ces années-ci, pas encore dix ans, sont ces correspondances internet. Non seulement une forme de relation que je n’avais jamais connue, mais des rencontres que je n’aurais jamais faites, et qui me sont données selon un filtre rare dans ce qu’était la vie courante avant la communication « virtuelle » : le respect, un certain mystère, le dire de l’autre selon des ruthmes et pour une vérité que le tête-à-tête donne peu ou tout autrement. L’internet produit aussi sa propre mémoire et l’outil de la fidélité, l’attente et le dialogue. Les intensités d’échange dans le tête-à-tête sont exceptionnelles [1], mémorables, portent à l’assimilation, elles ne sont pas méthodiques, mais elles sont un morceau de la dimension que nous n’avons pas encore couramment. L’échange de courriels manie les outils, appelle le facultatif et fait le cercle, la possibilité du compagnonnage : je vis ainsi en Mauritanie depuis six ans sans y être retourné. La seconde expérience est ces rencontres de vie, ce récit d’autrui, ce que je reçois et ce que je donne. Gratitude dans le tête-à-tête, gratification dans le dialogue internet. L’époque qui me requiert tant je la trouve prodigue et loin de ce qu’elle pourrait être, m’apporte l’archivage et la correspondance en un seul mécanisme. Sensation étrange : la première saisie, et donc lecture d’ensemble, de textes vieux de date par une indicible. Temps d’autrui donné pour une économie du mien ou plutôt pour une autre disponibilité : je n’avais pas rencontré ce consentement et cette aide depuis très longtemps.
L’accumulation de mes retards de rédaction,  la maison entière à honotrer en la rangeant, ma femme prise par un affectus qui me surprend et m'émerveille pour des lieux qu’elle n’aimait pas. Les deux extrêmités de la vie où je me trouve, la petite enfance encore par notre fille, la mort vers laquelle j’arrive et qui est un tel encouragement à enfin ne faire que le bien, que le mieux, la relation fraternelle avec ce corps qui nous accompagne ou nous enveloppe, je ne sais préciser, qui nous quittera, que nous retrouverons, qui est autre mais pas nous, seulement compagnon… je dis-écris tout cela plus tard.
Je prie dans le silence, les trilles d’un oiseau, les débats d’un merle pour retrouver l’air libre à quelques centimètres plus bas. Le frémissement du vent, il me semble que presque tous les lieux et moments où j’ai vécu sont ensemble, apportés, développés, familiers dans ce vent doucement étalé à portée de mes sens. Souveraineté de la précarité, je crois que la vie, c’est cela quand du dedans on la regarde comme si l’on était dehors. Un pendant qui est autant avant qu’après. Pour tous ceux, toutes celles rencontrés hier, du chapelain, de nos hôtes, des enseignants de notre fille à mes aimées et mes souveraines, à tous, aux jeunes époux de tous les temps, aux commencements et aux déclins, à ces moines qui meurent entourés, à ceux qui meurent – comme nos chers chiens, hélas – seuls. La prière est un regard vers eux, et enveloppés les emmener, vivants, morts, accessibles, merveilleux,  ou nous ayant blessés, ou que nous avons blessés. Confiteor… qui est louange autant que demande du pardon, de l’embellissement, du définitif. Et ce soir, ordination sacerdotale de François-Xavier. Cavalcade apparente, recueil au vrai. A l’instant même sa boucbe s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu  [2] Tout miraculé est un élu, et tout élu… J’ai du prix aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force… Tu me scrutes, Seigneur, et tu me connais. Tu sais quand je m’asseois ; quand je me lève, de très loin tu pénètres mes pensées, tout mes chemins te sont familiers. C’est toi qui a créé mes reins, qui m’as tisé dans le sein de ma mère. Ajouter et prendre pour soi : Je reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis. Non. Ma place est dans la multitude des rachetés, des sauvés, des aidés. Je m’y sens d’ailleurs bien mieux, être avec tous, mais reconnu de Dieu, la suite viendra. C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les rescapés d’Israël. Je vais faire de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrêmités de la terre.. J’ai trouvé David, fils de Jessé, c’est un homme selon mon cœur : il accomplira toutes mes volontés…. Que sera donc cet enfant ? Le Précurseur. Je suis tellement heureux de suivre, encadré de qui j’aime et qui m’aiment. Solennité de la naissance de Jean Baptiste, ce qui tombe pour un mariage, pour une ordination, pour le commencement d’un jour, le nôtre.  


[1] - j’avais d’abord écrit : exceptionnables

[2] - Isaïe XLIX 1 à 6 ; psaume CXXXIX ; ActesdesApôtres XIII 22 à 26 ; évangile selon saint Luc I 57 à 80 passim

samedi 23 juin 2012

sans lui retirer mon amour ni démentir ma fidélité - textes du jour

Samedi 23 Juin 2012

                            Prier… [1] Ces récits d’histoire, apparemment ancienne, les mises à mort successive d’une reine, puis du fils du prêtre ayant intronisé, quasi-miraculeusement, un jeune roi à son tour assassin puis assassiné, quel rapport avec nous ? avec notre propre histoire sinon l’incompréhensible rédemption qu’est la destinée humaine, personne par personne, et pour tout le vivant, toute la création. Or, à lire les Chroniques d’Israël et de Juda, les querelles et animosités sont moins entre hommes, femmes, clergé et pouvoir temporel qu’entre un peuple apostat et son Dieu. Zacharie va au martyre quand Dieu le revêtit de son esprit, son texte y contribue : pooruquoi transgressez-vous les commandements du Seigneur ? Cela fera votre malheur, puisque vous avez abandonné le Seigneur, vous abandonne. Les prières gouvernementales et parlementaires à Notre Dame de Paris pendant « la drôle de guerre ». Aucun homme ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. C’est discutable en psychologie mais raisonnable en organisation pratique d’un temps ainsi partagé. L’aphorisme du Christ est davantage retenu que la leçon sur l’argent : vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent… Ne vous faites pas tant de souci … mais pour conclure par ce qui nous paraît une banalité : ne vous faites pas de souci pour demain : demain se souciera de lui-même, à chaque jour sffit sa peine. Je prends cela comme une exhortation – que je vis de plus en plus – à vivre au présent et non dans d’autres époques révolues ou désirées, au passé ou pour demain. Occuper pleinement notre place dans le temps, cette habitation nous est familière dans l’espace, pour le matériel à organiser ou à accumuler, dans la société pour y avoir place et sécurité, considération et affection, mais le temps mesure ou conséquence du fait majeur que nous sommes vivants, nous n’en vivons que l’usure et l’effet constant de péremption. Or, Dieu nous le donne comme sa constante proposition. Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché. Le psalmiste explique aussi bien la dialectique historique de la maison de David que l’attitude de Dieu envers les hommes. David … je fonderai sa dynastie pour toujours, son trîne aussi durable que les cieux. Quant à ses fils, à tous les hommes : s’ils ne gardent pas mes commandements, je châtierai leur révolte, mais sans lui retirer mon amour, ni démentir ma fidélité. [2]


[1] - 2ème livre des Chroniques XXIV 17 à 25 ; psaume LXXXIX ; évangile selon saint Matthieu VI 24 à 34

[2] - Ce psaume est un hymne à la toute puissance divine qui s’est illustrée par le choix de David comme roi d’Israël et par la création du monde fondée sur la justice. Avec David, Dieu a scellé une alliance indestructible, pour lui et ses descendants. Le soutien de Dieu est permanent ; le psalmiste lui consacre les versets 21 à 38. En tant que créateur du monde, il le gouverne avec majesté, châtiant les impies, tels que l’Egypte, nommée ici …, du nom de l’ange protecteur du pays. Et tout naturellement, cette création lui rend hommage : « le Tabor et le H’ermon chantent ton nom » (verset 14). A partir du verset 39 le ton change, car la dynastie davidique a été brutalement interrompue par la destruction du Temple de Salomon. Le psalmiste, qui se fait écho de la pensée populaire, se met à douter de la promesse divine ; il prend Dieu à partie de façon violente, agressive, jusqu’à l’inconvenance : Tu as abandonné ton oint, tu as aboli l’alliance, tu as ruiné ses fortereesses, tu as mis à bas son trône, tu l’as couvert de honte… Il faut comprendre que pour le psalmiste, le monde n’a de sens que s’il porte haut les valeurs représentées par David et son peuple. Crest le sens du parallèule établi entre la créaiton du monde et la Maison de David. La ruine de cette dernière est la ruine du monde : « c’est donc vain que tu as créé l’homme !» (verset 48). Relevons enfin quelques phrases utilisées dans la liturgie : « Dieu glorifié dans une assemblées de saints » (v. 8), « heureux le peuple qui connaît la victoire » : ô Eternel, ils marchent à la lumière de ta face ! » (v. 16) ; «  tu es la force de sa plendeur et par ta volonté, tu relève sa corne » (v.18). Notre psaume se termine par une bénédiction : « Béni soit l’Eternel à jamais, amen et amen ! », clôturant ainsi le troisième livre du recueil. Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.


vendredi 22 juin 2012

tout le peuple du pays était dans la joie - textes du jour

Vendredi 22 Juin 2012

Prier… ce qui est fascinant dans les premiers pas du nouveau pouvoir, c’est ce qu’il ne fait pas… pas d’option claire, notamment dans l’organigramme gouvernemental pour la planification « souple à la française » qui fit le consensus des années 50 à 70 en projets d’entreprises, en grands investissements et en budgets de l’Etat, pour l’aménagement du territoire, toujours pas d’inventaire de notre patrimoine et de qui le possède : l’étranger, les fonds de pension dont nous-mêmes avons peu et mal, et pas encore la vraie pétition : la réorganisation des échanges et des localisations industriels dans le monde, donc le protectionnisme déterminant des bassins de consommation autant que d’emploi et de production, donc des zones de droit, d’usage et de vie… ce qui est consolant, ce sont ces récits lus hier soir (la lettre des amis de l’abbaye bénédictine de Sainte-Anne de Kergonan, 2012/1), récits de vie pudique, récits pudiques de vie apparemment linéaire depuis un milieu familial, économique et social pleinement vécu jusqu’à des vocations dont rien ne se dit et tout s’exprime. Génie de la durée dans une vie humaine, génie de ces communautés de vie où la tolérance est la première vertu et où l’amour mutuel naît d’un respect, d’une estime, d’une admiration pour le travail qu’accomplit chaque jour, chaque nuit la Providence. Nos vies relationnelles quand elles n’ont pas le tâton de la prédation et de l’arrivisme, quand elles sont couples, communautés sont des splendeurs de dons de nous-mêmes.  Prière de demande…[1]  y faut-il l’épuration ? car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. Les mites, j’en sais physiquement les ravages, les ténèbres… elles ont l’apparence de la sympathie et elles inspirent des délais, puis la solitude se découvre… Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres y aura-t-il ! Les paraboles du sel, de la lampe sont claires, le propos est ici difficile à comprendre. La lampe du corps est notre œil. Notre regard sur le monde, sur autrui est-il bien l’expression de notre âme ou au contraire sa nourriture, ou les deux à la fois. Quant au regard sur soi, la vie apprend que seul Dieu l’a complètement, qu’autrui parfois nous le fait savoir. Commentaire par anticipation, celui de l’Ancien Testament, Jézabel puis Athalie, RACINE évidemment que je n’ai pas lu depuis si longtemps. Le lynchage : on mit la main sur elle et elle arriva au palais par la Porte des Chevaux. C’est là qu’elle fut mise à mort… On conduisit Joas du Temple au palais, et il prit possession du trône des rois. Tout le peuple du pays était dans la joie, et la ville retrouva le calme. Quant à Athalie, on l’avait mise à mort par l’épée dans le palais royal. Les aventures et les plans de l’homme, dans toutes ses versions et toutes ses époques. Ce matin, le rapprochement entre l’Histoire qui se fait et les choix, notre prière qui nous façonne. Les saints font l’Histoire. Joad conclut une alliance entre le Seigneur, le roi et le peuple, pour faire de celui-ci le peuple du Seigneur. La politique doit avoir une fin, et cette fin ne peut être que le bien commun. L’action et ses rites : le grand-prêtre leur remit les lances et les boucliers du roi David. Histoire passionnante quand elle est écrite, mais avant elle a dépendu de nous. Le peuple comme acteur. La prière et ses semences.


[1] - 2ème livre des Rois XI 1 à 20 passim ; psaume CXXXII ; évangile selon saint Matthieu VI 19 à 23

jeudi 21 juin 2012

nous aussi, nous possèderons la vraie vie - textes du jour

Jeudi 21 Juin 2012

Prier…[1] textes étranges et difficiles, pour certains passages, que ceux donnant la biographie d’Elie, cf. le beau livre de Paulo COELHO. Plus contingent et mieux caractérisé psychologiquement : Elisée. Le rôle de l’Esprit, la mort et en quoi elle consiste, incontestablement selon l’Ecriture et en toute logique de la foi chrétienne, un des éléments forts de la communion dite des saints, mais qui est celle de tout le vivant solidaire et en attente. Heureux ceux qui te verront, heureux ceux qui se sont endormis dans l’amour du Seigneur, car nous aussi nous possèderons la vraie vie. Quand Elie fut envelpppé dans le tourbillon, Elisée fut rempli de son esprit (il a donc été exaucé) et pendant toute sa vie aucun chef ne l’a intimidé, personne n’a pu le faire fléchir. Aucun événement n’a pu l’abattre, et, jusque dans la tombe, son corps manifesta son pouvoir de prophète. Pendant sa vie, il a fait des prodiges ; après sa mort, des œuvres merveilleuses.  Devant une telle icône, un tel transport de ces deux prophètes, Elie et Elisée, vers le surnaturel, que faire et comment être, nous ? L’Ancien Testament, souvent surhumain même si dans certains de ses livres, nous sommes dans des chroniques proches de la méthode des historiens grecs et latins, tandis que l’Evangile, le Nouveau Testament nous est proche, nous y sommes de plain-pied tant le Christ, central, est accessible, visible d’une certaine manière. Le don pratique d’une prière : le Notre Père. Texte qu’encadrent deux avertissements : ne rabâchez pas comme les païens ; ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que  vous l’ayez demandé… Si vous pardonnez aux hommes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, à vous non plus votre Père ne pardonnera pas vos fautes. Rien – là – de transcendant, mais paisiblement, faire et être selon notre mesure et nos comportements sont pour nous-mêmes, comme pour autrui, le signe de la vérité de Dieu. Il garde la vie de ses fidèles.


[1] - Ben Sirac XLVIII 1 à 14 ; psaume XCVII ; évangile selon saint Matthieu VI 7 à 15

mercredi 20 juin 2012

présent dans le secret - textes du jour

Mercredi 20 Juin 2012

Je suis à la recherche d’une continuité que je vis mais que je ne sais pas exprimer, notamment dans ce journal, que je ne tiens pas exhaustivement, factuellement alors que je le souhaite. Hier soir, devant la glace, mon corps une nouvelle fois changé, méconnaissable de buste, diaphane et défait, n’existant (déjà plus), et que figure bien le gros plan du ventre d’Homère Simpson sur la tasse que m’ont offerte femme et enfant, il y a déj)à quelque temps. Mais hier avec cette pluie de bienveillances du hasard qui n’est pas un Dieu, mais porte le nom faux que nous donnons à la grâce de Dieu quand nous ne comprenons pas pourquoi elle est si délicate et abondante, hier ce retour de notre chienne Finette, le retour tout autre que celui que j’appréhendais, de ma femme apaisée, la vérité de notre fille distanciée du trio que nous formions pour aller la reprendre à l’école : sa mère, la chienne que nous pensions à son tour perdue et morte empoisonnée elle aussi, et moi. Je m’étais mis en chandail mauve puisque le dessin pour la fête des pères m’avait dit cette prédilection, je le mettrai ces temps-ci pour lui plaire. Séquence de la cabane, de la querelle pour les ouvertures à placer, la maquette que Marguerite monte en papier, c’est la porte qui importe le plus avec un « judas » en forme de cœur et une serrure. – Dans la perspective de commencer une mise au net périodique de mon journal au Kazakhstan, aujourd’hui vingtième anniversaire du décret m’y nommant, j’ai repris ce que je tenais à l’époque : c’étaient mes premières saisies numériques. J’ai perdu, dès ces jours-là, mes premières pages : celles racontant la conclusion d’une course de dix ans à l’ambassade, ô République ! ô princes ! ô courtisans et serviteurs, ceux qui briguent et ceux qui, secrétaires de la main du roi, attribuent, et je vais devoir reconstituer ces prolégomènes immédiats. Mais il y a aussi le début de la version numérisée de ce journal intime. L’évidence qu’au contraire de beaucoup de mes « camarades », la carrière et son souci ne furent jamais que la diversion ou la toile de fond, obligée, de mes itinéraires et extases d’amour, toujours au féminin, et de plus en plus photographiés et écrits comme si la possession, l’instant et son arrêt, ne m’étaient plus possibles sans cette retenue : rassurante ? ou fixiste ? J’y revois trois, quatre, cinq héroïnes en même temps que j’y lis les derniers mois de ma mère. La mort de celle-ci allait me placer en chasteté complète pendant une année durant laquelle jamais je ne me suis autant donné à mon travail, mon métier et à cette véritable addiction-passion de faire valoir par tous les moyens, à tout instant et sous toutes ses formes la France dans un milieu, une région, une ambiance qui n’en avaient d’idée que quelques philosophes des Lumières, admis en précurseurs de MARX et de LENINE dans une Union soviétique où les diplomates ne pouvaient s’éloigner sans permission de plus de quarante kilomètres de Moscou. Héroïnes successives ou revenues, soudaines ou mobilisées après une latence de quelques années : elles m’ont inspiré des lignes et des pages, et l’une d’elles des images dont je suis fier et ne me savais pas riche. Mais tandis que dorment encore ma femme et notre fille, je sais depuis quelques années maintenant que la passion n’est pas l’amour, car si elle occupe à temps plein, à corps et esprit pleins, elle inquiète, assoiffe, l’âme n’est jamais tranquille. L’amour construit seconde par seconde et il permet tous les rattrapages, c’est la passion qui fuit, cher RODIN, puissant et merveilleux poète, pas l’amour. L’amour revient à chaque instant mais chacune de ses bénédictions est imprévue. Par bonheur, nos fantasmes et nos imaginations ne sont pas suivies par Dieu : cf. nos dialogues, Marguerite et moi, tandis que je cloue les premières planches de la cabane, plus habile au dixième ou douzième cloutage qu’au premier, ma fille me faisant que pour quelqu’un qui n’y connaît rien, je me débrouille pas mal… reste à nous accorder sur l’emplacement des ouvertures, pour le moment tout reste à faire, ce qui facilite la discussion. – Le bonheur total quand nous regardons ensemble, télévision, les Quatre mariages et un enterrement (les balbutiements de l’aveu d’amour retenu, la grâce d’un visage féminin plus expressif que toute description d’une nudité souvent traîtresse ou alors trop énivrante pour que l’âme ait sa multiplicité d’abords, le poème d’une communion du vivant au mort), film que j’avais regardé X fois dans un tout autre compagnie, ces temps-ci très présente mais désormais paisible en moi, et la mère et la fille se succédant entourée des chiens, pour p… dans l’herbe sous les étoiles, en riant à perdre haleine, et m’invitant à une même exécution. – Pages de mon journal de 1992 à peu près les mêmes jours et mois que maintenant, où je m’interroge, à mes quarante-neuf ans comment si laid, si vieux ai-je pu séduire ? posséder ? m‘enivrer à ce point sans atouts. Aujourd’hui, j’ai la réponse, ce que je vis maintenant et qui chaque jour m’est manifestement donné tant je ressens le miracle : pas d’atouts mais la grâce. Naguère, le pétillement des rencontres, la force d’un échange de regard qui ne fut pas que désir mais a été un acquiescement pour les autres vies, celles de l’éventuel, avec reconnaissance pour l’instant du carrefour, l’estime mutuelle… aujourd’hui, la puissance du quotidien. Le ciel est gris sans luisance, l’oiseau est en duo, sur ma table cette note d’observation politique pour la semaine que nous venons de vivre, cette autre pour discerner quelques repères à donner à mes amis mauritaniens sur eux-mêmes et sur ce qu’ils vont construire, repères d’abord pour moi-même mais les déblais en politique construisent davantage que les projets et les arrangements, et au préalable la relecture d’un court et transportant roman se vivant précisément, à peine en parabole, là-bas entre l’Atlantique, la barre, quelques pirogues, la dûne et ses herbacés, la silhouette compliquée du wharf et maintenant du port en eau profonde, là-bas entre l’Atlantique, Nouakchott la défigurée et le désert tous azimuts sauf vers un fleuve Sénégal dont j’apprends tous les jours combien forte aura été sa semence pour les Maures comme pour ses riverains. AQMI est superficiel. Bâtir une politique et une stratégie sur ce que l’on veut éradiquer parce qu’on ne l’a pas prévu et qu’au contraire des erreurs de plusieurs décennies l’avaient rendu peu évitable, est évidemment encore plus superficiel. Nous y fonçons mais notre nouvelle direction politique a cette stabilité et cette indépendance mentale – je le crois, plus que je ne l’espère – pour faire tête-à-queue quand la frappera l’évidence. Du bord du Penerf que masquent actuellement mes herbes à fourrage bien trop hautes, je m’y emploie depuis quatre ans (le putsch originel des actualités franco-mauritaniennes) avec l’acharnement que je déployais au bord de la steppe d’Asie centrale et au pied des monts Staline. Dans l’une et l’autre position, officielle, officieuse, je ne peux ni maintenant pour aujourd’hui, ni rétrospectivement pour hier, savoir si je serai, si j’ai été fécond. J’aurai fait ce que j’ai pu, je fais ce que je peux.  En politique, la grâce se discerne bien moins que selon les gestes qu’elle nous inspire, sans les signer, chaque jour. Et l’on confond souvent le succès avec elle. En politique, la grâce c’est la rencontre durable ou pas entre un peuple et l’un des siens, capables ensemble de faire des circonstances autre chose qu’un choc ou un accident. Les échelles varient, l’union est d’une seule nature.

Prier… d’âme, de corps, de reconnaissance avant tout ce travail projeté. Offertoire… [1]  Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d’agir devant les hommes pour vous faire remarquer. Justes au sens de justesse, d’adéquation. La justice de Dieu n’est pas évaluation ni rétribution, elle est création, maintien, retour de la créature à son créateur, retour à l’image et à la ressemblance natives, promises. Alpha et omega. Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi… Et quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle… mais toi quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais en secret : il te le revaudra… Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle : ils se composent une mine défaite… Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la têtet lave-toi le visage ; ainsi ton jeûne ne sera pas connu des hommes mais seulement de ton Père qui est présent dans le secret… Le signe de cette mutuelle présence : le dialogue intérieur, plus précisément la seule voix de Dieu et toutes nos parois intérieures éclatent, frémissent, font écho, écoutent…. Ceux qui ont en toi leur refuge, tu les caches au plus secret de ta face.[2] Le départ d’Elie, le désarroi d’Elisée, les formes alors d’une présence qui demeure. Dialogues déchirants puis calme des faits. Sais-tu bien qu’aujourd’hui le Seigneur va enlever ton maître au-dessus de ta tête ? – Oui, je le sais. Taisez-vous ! – Arrête-toi ici ; moi, le Seigneur m’envoie au Jourdain. – Par le Seigneur qui est vivant, et par ta vie, je ne te quitterai pas. – Dis-moi ce que tu veux que je fasse pour toi avant d’être enlevé loin de toi. – Que je reçoive une double part de l’Esprit que tu as reçu ! – Tu demandes quelque chose de difficile… La preuve par le manteau d’Elie… Elie prit son manteau, le roula et en frappa les eaux, qui s’écartèrent de part et d’autre. Ils traversèrent tous deux à pied sec… Il ramassa le manteau qu’Elie avait laissé tomber, il revint et s’arrêta devant la rive du Jourdain. Avec le manteau d’Elie, il frappa les eaux, mais elles ne s’écartèrent pas. Emisée dit alors : « Où est donc le Seigneur, le Dieu d’Elie , ». Il frappa encore une fois, les eaux s’écartèrent, et il traversa. La foi transmise, le disciple et son maître (Narcisse et Goldmund, d’Herman HESSE). Cette marche de conserve, celle d’Isaac aux côtés d’Abraham, son père. Ces demandes fantastiques, les fils de Zébédée, les places, la coupe à boire. Table parée pour la prière ? non, richesses d’un goutte à goutte et des réminiscences de la journée, pour l’instant : les yeux clos. – Amen. La prière dépouillée, et cette continuité, l’écrit peut-être,s ans doute, mais la vérité est simplement que je la vive et en accepte joyeusement le don, les multiples signes tandis que s’approfondit quotidiennement la compagnie de mes aimées, celle aussi de toutes … et de tous… qui parcourent ces lignes du jour. Soyons bénis, ramassés dans la main divine, pour être, selon son gré et ses plans, semés à tout l’univers autant que de tout l’univers nous arrivent la grâce et son épreuve, vous tous qui espérez le Seigneur !.


[1] - 2ème livre des Rois II 1 à 14 ; psaume XXXI ; évangile selon saint Matthieu VI 1 à 18 passim

[2] - Ce psaume décrit la souffrance d’un homme aux prises avec la solitude, abandonné de ses proches et de ses amis, cible de toutes les agressions, dont toute la vie est faite d’angoisses et de soupirs ; il devient un objet de risée pour tous ceux qui le rencontrent ; il est pour ainsi dire « oublié comme un mort », « un objet perdu » dont nul ne se soucie plus. Alors il implore Dieu de ne pas le livrer à ses ennemis ; il lui confie « ses instants » car il sait qu’il « rendra muettes ces lèvres mensongères » qui médisent du juste avec orgueil et mépris. Sa prière peut être celle de n’importe quel individu dans une situation à peu près semblable, ou émaner du peuple d’Israël tout entier. Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.



[1] - 2ème livre des Rois II 1 à 14 ; psaume XXXI ; évangile selon saint Matthieu VI 1 à 18 passim

[2] - Ce psaume décrit la souffrance d’un homme aux prises avec la solitude, abandonné de ses proches et de ses amis, cible de toutes les agressions, dont toute la vie est faite d’angoisses et de soupirs ; il devient un objet de risée pour tous ceux qui le rencontrent ; il est pour ainsi dire « oublié comme un mort », « un objet perdu » dont nul ne se soucie plus. Alors il implore Dieu de ne pas le livrer à ses ennemis ; il lui confie « ses instants » car il sait qu’il « rendra muettes ces lèvres mensongères » qui médisent du juste avec orgueil et mépris. Sa prière peut être celle de n’importe quel individu dans une situation à peu près semblable, ou émaner du peuple d’Israël tout entier. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.



mardi 19 juin 2012

soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait - texes du jour

Mardi 19 Juin 2012

Suite de l’histoire d’Achab et de la vigne de Naboth, que je cherchais à connaître dès hier. Fort contraste entre la qualification du meurtre de son voisin vigneron perpétré par le roi et la miséricorde divine [1]. Tu as commis un meurtre et maintenant tu prends possession… Tu t’es déshonoré en faisant ce qui est mal aux yeux du Seigneur…On n’a jamais vu personne se déshonorer comme Achab en faisant comme lui ce qui est mal aux yeux du Seigneur… Il s’est conduit d’une manière abominable… A l’assassinat, le roi ajoute le polythéisme et l’idolâtrie. Mais… quand Achab entendit les paroles prononcées par Elie, il déchira ses habits, se couvrit le corps d’un vêtement de pénitence, et il jeûnait, il gardait le vêtement de pénitence pour dormir, et il marchait lentement. Un dépressif plus encore qu’un homme de piété. Dans son obsession pour la vigne de son voisin [2], il avait été de même : il se coucha sur son lit, tourna son visage vers le mur et refusa de manger. Le conflit aurait été soluble dans notre droit, expropriation pour cause d’utilité publique et Achab offre une juste compensation, mais l’autre refuse : Cède-moi ta vigne ; elle me servira de jardin potager, car elle est juste à côté de ma maison ; je te donnerai en échange une vigne meilleure, ou, si tu préfères, je te donnerai l’argent qu’elle vaut – Que le Seigneur me préserve de te céder l’héritage de mes pères !... L’évangile dxe maintenant paraît loin de cette histoire : vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. La perfection comme solution, la perfection des hommes comme solution sociale… mais qu’est-ce que la perfection ? Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Pas de différence, Dieu notre modèle. Pas de psaume, sauf erreur, qui « demande » l’amour du prochain, mais de nombreux qui appellent le pardon, qui disent la contrition et attestent même la lucidité de notre condition humaine. Selon ta grande miséricorde, efface mon péché, lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devabt moi. Contre toi, et toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait. Détourne ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés. Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera ta justice. [3] Livré à lui-même, l’homme, le psalmiste crient vers Dieu, et la réponse divine l’appel à un comportement, non vis-à-vis de Lui, mais entre nous tous.


[1] - 1er livre des Rois XXI 17 à 29 ; psaume LI ; évangile selon saint Matthieu V 43 à 48

[2] - 1er livre des Rois XXI 1 à 16

[3] - Appel à la clémence, au pardon, regrets sincères des mauvaises actions accomplies, conscience aigüe du mal ; c’est cela que David, sur l’intervention énergique de Nathan le prophète, veut nous enseigner dans ce psaume, après avoir vécu l’aventure coupable avec Bat-Chéva’ (II Samuel 11). Selon le Malbim (Méïr Loeb ben Yeh’iel Mikhaëm, 1809-1879, exégète polonais réputé), le psaume tout entier doit être compris comme une longue supplique dans laquelle David demande à Dieu de lui pardonner cette faute grave. Ainsi, le veerset 7 voudrait dire : puisque j’ai été « enfanté dans l’iniquité », ma nature humaine veut que je sois imparfait ; ma raison est prisonnière de mon corps matériel ; ma faute n’est qu’une conséquence de cette condition humaine. Si « ma mère s’est enflammée pour le concevoir », je ne saurais être totalement responsable de ma passion puisque c’est dans la passion que j’ai été conçu. En fait, ce verset a été interprété très diversement, par les exégètes autorisés. Citons seulement Abraham Ibn Ezra (1089-1164, poète, exégète, grammairien, philosophe… né à Tudèle en Espagne, célèbre surtout par son commentaire critique de la Bible), qui voit une allusion au premier homme qui n’a été doté de la sexualité qu’après avoir mangé du fruit défendu. Quoi qu’il en soit, David veut apprendre à chacun de nous que quelle que soit notre faute, il nous est possible d’en obtenir le pardon, pour peu que notre repentir soit sincère, que nous ayons vraiment le cœur brisé et que nous mettions notre confiance en Dieu. A ce sujet, ce psaume met en rapport le repentir avec la prière et les sacrifices ; si ces derniers permettent d’obtenir le pardon de ses fautes, le meilleur sacrifice sera toujours la contrition et « l’esprit brisé », accmpagnés de la prière : « ouvre mes lèvres et la bouche dira ta louange ». Est-ce à dire que les sacrifices doivent être défiitivement bannis ? Certainement pas ; en contrepoint du verset 18, « tu ne veux ni sacrifice, ni offrande, tu n’agrées pas d’holocauste », les deux derniers versets du psaume affirment avec force qu’une fois Jérusalem reconstruite, « tu accepteras les sacrifices de justice » qui sont l’expression d’une conduite irréprochable. Le sacrifice expiatoire ne sera plus nécessaire ; il n’y aura plus que des sacrifices de remerciements et de louanges. Ce psaume est lu le matin de Kippour dans les psouqué dézimra, et dans la aprière du soir que l’on récite avant de se coucher. ». Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.
Nos frères juifs excellent à nous faire comprendre ce qu’est le péché et ce qu’est la responsabilité. C’est du moins une voie. Elle est curieusement exonérante en grande partie, le péché originel n’est pas un poids, mais une excuse… curieusement aussi, pour le chrétien, la femme en tant que mère, est davantage responsable (elle transmet le péché, elle le commet mêe pour concevoir…) que l’homme qu’elle a mis au monde. Tel que je lis l’adultère de David, la femme au plus s’est laissée faire : c’était le roi, mais ce n’est pas elle qui s’est exposée et donnée spontanement sauf à supposer qu’elle se soit exhibée en se baignant en contre-bas des balcons royaux. Le texte donne au contraire toute la responsabilité à David, adultère et assassin. Peut-être les deux manières de voir et comprendre le péché – celle des Juifs et celle des chrétiens – doivent se combiner et sont alors, ensemble, éclairante. Notre nature et notre initiative ou notre faiblesse pécheresses. Y réfléchir en ce temps commencé de carême.

lundi 18 juin 2012

tu détestes tous les malfaisants, tu extermines les menteurs... tu n'es pas un Dieu ami du mal - textes du jour

Lundi 18 Juin 2012

Prier… [1] Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te faire un procès et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. Donne à qui te demande : ne te détourne pas de celui qui veut t’emprunter. Finesse psychologique de la dernière notation-recommandation. Caricature sur une bonté qui passe pour faiblesse ou lâcheté. Mais « constructivité » de ces attitudes inetntamables, tout combat a sa fin, et les armistices peuvent n’être pas supérieurs à la situation qui était belliègène. Mais les remarques du Christ sont surtout l’observation  de dialogues à rétablir, il s’agit chaque fois d’un duo qui peut tourner au duel ou à l’accord, qui prendra l’initiative ? et comment ? Au contraire, la convoitise d’Achab pour la vigne de Naboth – réédition de de celle de David pour la femme de son officier tenu au front de combat – n’engendre que drame. Il se coucha sur son lit, tourna son visage vers le mur et refusa de manger… Machination de Jézabel, complot réussi. Quand Achab apprit que Naboth était mort, il se rendit à la vigne de Naboth et en prit possession. Le texte du jour – bien malheureusement – ne dit pas la suite. La voici : ainsi parle Yahvé. Quoi ! tu assassines et tu prends possession ! Au lieu même où les chiens ont lapé le sang de Naboth, les chiens laperont ton sang à toi. Mais Yahvé est aussi ce miséricordieux et patient que Jésus donne en modèle : Achab est pardonné. Parce qu’il s’est humilié devant moi, je ne ferai pas venir le malheur durant ses jours, c’est durant les jours de son fils que je ferai venir le malheur sur sa maison. La solidarité des générations est inscrite dans la Bible, et elle se vérifie avec constance dans nos histoires politiques, dites modernes. Nous tolérons nos tyrans, nous sommes coupables par inertie ou par résignation, les dictatures se font et se défont, sous prétexte d’un homme, d’une personnalité ou de circonstances, mais tout est dans la résolution de quelques-uns ou leur lucidité. L’Union soviétique en est un exemple, la sanction hier de collaborateurs insignes du règne précédent le suggère aussi, quoiqu’à bien moindres frais.
Anniversaire de notre mariage, action de grâces qui commença sensiblement dès l’échange de nos consentements devant Dieu et l’Eglise, une partie aussi de ma fratrie, mais devant Dieu. L’expérience du couple, même et surtout consacré, est celle d’une précarité, d’une réversibilité à beaucoup d’instants, uniquement par révolte de caractère, par instinct de préhension, de domination, de piétinement ou par peur. Quoi donc nous sauve de la parole qui blesse, de la violence même physique ? quoi donc empêche que s’installe des mutismes, des rancoeurs, des sentiments belligènes et destructeurs d’infériorité vis-à-vis de l’autre, tous empêchements d’amour, de compréhension, de compassion et finalement de joie ? Quoi ? réponse vécue, la bénédiction divine, l’inspiration sacramentelle accompagnant chaque jour, fortifiant continuellement le bonheur et l’orientation de notre liberté. Cela produit le sourire du réveil, le regard d’estime et d’admiration quand des tiers nous font nous exposer autrement, cela donne la vie et l’équilibre de notre fille. Mais nous restons dans cette science que donne le sacrement, tout peut s’effondrer si la grâce n’agit pas. Elle n’est pas hasard ou quelque vent erratique, charme des sens, liens multiples des affections et des intérêts contraignant à une mutuelle demeurance. Celle-ci, si elle n’est heureuse, serait invivable, nous serions écorchés vifs. Quelque chose de sublime, que nous devons à l’Eternel, à la foi dans les sacrements, nous accorde et réaccorde. Nous marchons avec le sourire. Et nous ne sommes pas les seuls, bien heureusement. Le charme ou la séduction de tiers, les ambiances ludiques telles que celles d’hier, précisément à l’occasion d’une première communion d’un de nos neveux ont la légèreté de notre nature, mais chacuna trouvé sa solidité autrement et c’est ainsi que pourraient se nouer des dialogues et des approfondissements sur une manière adulte et tranquille de conduire nos vies, dans la stabilité qui féconde tout. Couple équilibrant ou couple déstabilisant : nos faits divers de la politique contemporaine et remarque de l’écrivain sacré : Il n’y eut vraiment pesonne qui se soit vendu comme Achab pour faire ce qui est mal aux yeux de Yahvé, séduit qu’il était par Jézabel, sa femme. [2]Les repères… séduction : rapport de forces, infantile et prédateur, la prédation mutuelle, chacun ne voyant pas ce que l’autre obtient de lui au contraire de ce qu’il voudrait ou croit être. Relation conjugale éclairée et fortifiée, protégée par la grâce sacramentelle, même mon égoisme perd de sa nocivité, les défauts ne s’effacent mais ils ne détruisent plus, la beauté survient à tant de moments, dans tant de situations sous tant de formes, l’autre tellement existant et tellement doux et léger à vivre..


[1] - 1er livre des Rois XXI 1 à 16 ; psaume V ; évangile selon saint Matthieu V 38 à 42
[2] - 1er Rois XXI 25 à 29