mardi 31 mai 2016

saint Felice de Nicosie, frère lai chez les Capucins de Sicile . 1715 + 1787




Felice (Félix), au baptême Filippo Giacomo, naît à Nicosie, en Sicile, le 5 novembre 1715, de Filippo Amoroso et Carmela Pirro.
À vingt ans, en 1735, il alla frapper à la porte du couvent pour être accueilli en tant que frère lai. Comme il était analphabète, il essuya tout d’abord un refus. Mais il revint à diverses reprises pour renouveler sa demande sans se lasser et sans chercher une autre voie : une vocation « pas facile, éprouvée, mûrie, amplement pesée, et désirée ».
Après huit ans d’attente, il fut finalement accueilli à Mistretta, dans l’Ordre des Frères mineurs conventuels et reçut le nom de frère Felice da Nicosia. Après un an de noviciat, il fit profession religieuse et il fut envoyé à Nicosie où il fut chargé de demander l’aumône pour ses frères. Chaque jour, il parcourait les rues en frappant aux palais des riches pour les inviter à partager leur bien-être et aux demeures des pauvres, il apportait réconfort et secours dans leurs besoins quotidiens. Il remerciait chacun en disant : « Que ce soit pour l’amour de Dieu ».
« Il avait compris, soulignait le postulateur, que le secret de la vie, capable d’ouvrir et d’éclairer tout événement, ne consiste pas à indiquer avec force à Dieu notre volonté, mais dans le fait de faire la sienne joyeusement ». « Cette découverte simple lui a toujours permis, précisait le P. Tessari, partout et en dépit de tout, de voir Dieu et son amour, particulièrement là où c’est plus difficile de le découvrir. Il cherchait seulement à se laisser envahir et remplir par Dieu, il allait immédiatement au cœur des choses, à la racine de la vie ; où tout se recompose dans son harmonie originelle ».
« Pour faire cela, précisait-il, il ne faut pas beaucoup de science, ni tant de paroles. Il suffit de la sagesse essentielle du cœur là où l’Esprit habite, parle et agit. Le silence, plus que le bruit, est toujours le gardien de cela, de façon privilégiée. Une sagesse que le frère Félix connaissait, et surtout qu’il vivait. Pour lui, tout existait en Dieu, source de vie, d’harmonie et de paix. Et à part Dieu, il n’existait plus rien, rien qui comptât vraiment. Il avait tout parié sur Dieu, et sûrement tout lui-même. Sa vie fut apparemment faite de rien et au contraire capable de transformer tout dans le Tout. Et ainsi, là où sa vie risquait de s’enliser, il la transfigurait par l’amour de Dieu, et l’enflammait d’infini ».
Frère Félix tomba malade à la fin du mois de mai 1787 et mourut le 31 mai. L’Ordre des Capucins mit en route sa cause de béatification le 10 juillet 1828. Le procès apostolique se conclut le 12 juillet 1848 à Nicosie. Le Bx Pie IX (Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878) proclama l’héroïcité de ses vertus le 4 mars 1862.
Felice da Nicosia a été déclaré bienheureux le 12 février 1888, par le pape Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903), et canonisé à Rome le 23 octobre 2005, par le pape Benoît XVI (Joseph Alois Ratzinger, 2005-2013).


Sources principales : vatican.va ; zenit.org (« Rév. x gpm »).





















SAN FELICE DA NICOSIA RELIGIOSO CAPPUCCINO / B


 





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sainte Battista Varano, abbesse dun monastère de Clarisses . 1458 + 1524



Battista, dans le siècle Camilla, Varano naît le 19  avril 1458. Elle était une fille, née hors mariage, du Prince Giulio Cesare da Varano, qui était le seigneur de la petite principauté de Camerino : Camilla était donc princesse. Le Prince reconnaissait sa paternité sur cinq enfants illégitimes, mais il se vantait d’avoir eu, en tout, 69 enfants (5 + 64). Son enfant préférée était Camilla qu’il destinait à un brillant avenir.

Dès l'enfance sa vie offrit un singulier mélange de piété et de mondanité; elle priait, s'adonnait à des pratiques pénible de pénitence. Mais en même temps, dit son biographe, dans le jardin de son âme, l'ivraie germait à côté du bon grain, et les mauvaises herbes menaçaient d'étouffer les fleurs. Au sortir de l'église elle s'occupait de toilettes et d'amusement ; ses méditations sur la Passion du Sauveur étaient suivies de lectures frivoles, d'amusements mondains. “Mais Dieu voulait l'avoir tout entière et l'instrument dont il se servit pour la retirer de la voie dangereuse où elle s'était engagée” : au carême de 1479, à 21 ans, elle fut libérée de sa prison intérieure. Elle entendit la prédication du père franciscain, le Francesco d’Urbino, prédicateur célèbre dans toute l'Italie, appelé ‘la trompette du Saint-Esprit’.
Un de ses sermons dessilla les yeux de la jeune fille ; elle comprit qu'elle ne pouvait faire mentir la parole du Christ, et qu'elle ne pouvait servir Dieu et le monde. Elle se mit sous la direction du saint religieux et fit de rapides progrès dans la vertu. Quelque temps après, agenouillée au pied de l’autel, elle consacrait à Dieu sa virginité. Toutefois, ce n'était pas encore là l'holocauste que son Créateur demandait d'elle, et la grâce frappa si fort à son cœur, qui essayait de repousser son inspiration, qu'elle fut obligée de céder.
Celui qui est la fleur des champs et le lis des vallées lui apparut à plusieurs reprises et après l'avoir inondée d'un déluge de grâces, lui laissa dans son âme, dit Battista elle-même, trois lis d'un parfum délicieux ; une haine du monde invincible, une humilité sincère, un ardent désir de souffrance. Elle embrassa alors la Règle, si austère de sainte Claire, et ni les caresses, ni les menaces, ni les larmes, ni les violences mêmes de ses parents, ne purent ébranler son énergique résolution.

Le Jardinier céleste vint donc arracher du milieu du monde cette plante battue par l'orage et qui avait, sous le vent de la tribulation, jeté de profondes racines dans la vertu. Mais la jeune héroïne n'était pas au bout de ses luttes ; des scènes déchirantes pour le cœur d'une enfant, vinrent au monastère comme au palais de son père, éprouver sa constance de faire éclater sa générosité ; elle fut invincible.
Le second acte de son existence commence alors : la vie religieuse, elle se donne entière aux exercices de la mortification, de la patience et de l'humilité et elle vit dans une union intime avec les douleurs de l'Homme-Dieu. Puis les maladies les plus diverses semblent se donner rendez-vous pour torturer son corps pendant que son âme est soumise à de pénibles épreuves. Les ténèbres s'épaississent auteur d'elle, de violentes tentations l'assiègent et de longues sécheresses, qui lui font oublier les délices passées, viennent resserrer son cœur, au point qu'on l'entendit murmurer dans une des ses prières : “Voilà trois ans que j'erre dans les ténèbres, mes forces s'épuisent et le courage va m'abandonner, rappelez-moi à vous, ô mon Jésus, soutenez dans vos bras votre fille qui chancelle.
Elle devait cependant rester encore de longues années sur la croix, ce ne fut qu'au soir de sa vie que quelques rayons de l'aube éternelle vinrent tempérer ses douloureuses ténèbres et que quelques gouttes de joie infinie tombèrent dans son calice pour en adoucir l'amertume.
Elle mourut de la peste le 31 mai 1524, à 66 ans, et son culte fut confirmé, par Grégoire XVI (Bartolomeo Mauro Alberto Cappellari, 1831-1846), le 7 avril 1843.
Battista Varano a été canonisée le 17 octobre 2010 par le pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger, 2005-2013).


Sources principales : ofmqc.ca/fra/ ; voiemystique.free.fr/ (« Rév. x gpm »).    

BEATA CAMILLA BATTISTA DA VARANO CLARISSA FRANCESCANA / A


 





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célébration mariale pour la conclusion du mois de mai au Vatican





Paroles du Saint Père Jean Paul II
Jeudi 31 mai 2001

Visitation de Marie à sainte Élisabeth

« Marie partit [...] vers la région montagneuse... » (Lc 1, 39)

Nous concluons devant cette Grotte, qui rappelle à l'esprit le Sanctuaire de Lourdes, le chemin marial accompli au cours du mois de mai. Nous revivons ensemble le mystère de la Visitation de la Très Sainte Vierge Marie, dans ce pèlerinage à travers les jardins du Vatican, qui chaque année voit la présence de cardinaux, d'évêques, de prêtres, de religieux et de religieuses, de séminaristes et de nombreux fidèles.

Je suis reconnaissant au cher Cardinal Noè et à tous ceux qui ont suivi avec soin la préparation de ce rendez-vous de prière aux pieds de la Vierge.

Les paroles de l'évangéliste Luc retentissent dans nos cœurs : « Dès qu'Élisabeth eut entendu le salut de Marie... [elle] fut remplie d'Esprit Saint » (1, 41). La rencontre entre la Madone et sa cousine Élisabeth est comme une sorte de « petite Pentecôte ». Je voudrais le souligner ce soir, désormais à la veille de la grande solennité de l'Esprit Saint.

Dans le récit évangélique, la Visitation suit immédiatement l'Annonciation : la Sainte Vierge, qui porte en son sein le Fils conçu par l'œuvre de l'Esprit Saint, rayonne autour d'elle de grâce et de joie spirituelle. C'est la présence de l'Esprit en elle qui fait tressaillir de joie le Fils d'Élisabeth, Jean, destiné à préparer la voie au Fils de Dieu fait homme.

Là où se trouve Marie il y a le Christ; et là où se trouve le Christ il y a son Esprit Saint, qui procède du Père et de Lui-même dans le saint mystère de la vie trinitaire. Les Actes des Apôtres soulignent à juste titre la présence de Marie en prière, dans le Cénacle, avec les Apôtres réunis dans l'attente de recevoir la « puissance d'En-haut ». Le « oui » de la Vierge, « fiat », attire le Don de Dieu sur l'humanité: c'est ce qui se produit à la Pentecôte, comme lors de l'Annonciation. C'est ainsi que cela continue à se produire sur le chemin de l'Église.

Réunis en prière avec Marie, nous invoquons une abondante effusion de l'Esprit Saint sur l'Église tout entière, afin qu'elle prenne le large toutes voiles dehors dans le nouveau millénaire. Nous l'invoquons en particulier sur ceux qui œuvrent quotidiennement au service du Siège apostolique, afin que le travail de chacun soit toujours animé par un esprit de foi et de zèle apostolique.

Il est significatif que le dernier jour de mai soit celui de la fête de la Visitation. Avec cette conclusion, c'est comme si nous voulions dire que chaque jour de ce mois a été pour nous une sorte de visitation. Nous avons vécu au cours du mois de mai une visitation permanente, comme l'ont vécue Marie et Élisabeth. Nous sommes reconnaissants à Dieu que cet événement biblique nous soit aujourd'hui reproposé par la Liturgie.

A vous tous, ici réunis en si grand nombre, je souhaite que la grâce de la visitation mariale, vécue au cours du mois de mai et notamment au cours de cette dernière soirée, se prolonge dans les jours qui viendront.

Pour un approfondissement :



Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).    



 





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VISITAZIONE DELLA BEATA VERGINE MARIA / F


Fête de la Visitation  --- missel.free.fr


1. Les textes évangéliques révèlent clairement la vérité sur l'Esprit Saint dans la description de certains moments de la vie et de la mission du Christ. Nous avons déjà réfléchi sur la conception virginale et sur la naissance de Jésus de Marie par l'œuvre de l'Esprit Saint. D'autres pages de l'Évangile de l'enfance méritent toute notre attention car elles mettent particulièrement en relief l'action de l'Esprit Saint.
L'une de ces pages est certainement celle où l'évangéliste Luc raconte la visite de Marie à Elisabeth. Nous lisons qu'en ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda (I 39). On considère généralement qu'il s'agit de la localité de Aïn-Karim, à six kilomètres à l'ouest de Jérusalem. Marie s'y rend pour être aux côtés de sa parente Elisabeth, plus âgée qu'elle. Elle s'y rend à la suite de l'Annonciation, dont la Visitation devient presque un complément. En effet, l'Ange avait dit à Marie : Et voici qu'Elisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu'on appelait la stérile ; car rien n'est impossible à Dieu. (Luc I 36-37).
Marie partit en hâte pour se rendre chez Elisabeth, certainement poussée par un besoin intérieur, afin de manifester son affection, comme à une sœur, en ce mois de grossesse avancée. Un sentiment de solidarité féminine naît dans son cœur sensible et bon, solidarité propre à cette circonstance. Mais l'expérience d'une communion toute particulière entre elle et Elisabeth à la suite de l'annonce faite par l'ange, se rattache probablement à ce contexte psychologique : le fils qu'attend Elisabeth sera, en effet, le précurseur de Jésus et celui qui le baptisera dans le Jourdain.
2. Cette communion d'esprit explique pourquoi l'évangéliste Luc s'empresse de mettre en lumière l'action de l'Esprit Saint dans la rencontre entre les deux futures mères : Marie entra chez Zacharie et salua Elisabeth. Et il advint, dès qu'Elisabeth eut entendu la salutation de Marie, que l'enfant tressaillit dans son sein et Elisabeth fut remplie d'Esprit Saint (I 40-41).
Cette action de l'Esprit Saint, vécue par Elisabeth d'une manière particulièrement profonde au moment de sa rencontre avec Marie, se rattache au destin mystérieux de l'enfant qu'elle porte dans son sein. Zacharie, le père de l'enfant, en recevant l'annonce de la naissance de son fils au cours de son service sacerdotal dans le temple, s'était entendu dire : il sera rempli d'Esprit Saint dès le sein de sa mère. (Luc I 15). Au moment de la Visitation, quand Marie franchit le seuil de la maison d'Elisabeth, (et avec elle, Celui qui est déjà le fruit de ses entrailles), la présence de l'Esprit Saint est ressentie par Elisabeth d'une manière expérimentale. Elle le témoigne elle-même dans son salut à la jeune mère qui est venue lui rendre visite.
3. Selon l'Évangile de Luc, en effet, Elisabeth poussa un grand cri et dit : Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein ! Et comment m'est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? Car vois-tu, dès l'instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse en mon sein. Oui, bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! (I 42-45).
En peu de mots, l'évangéliste nous révèle le tressaillement joyeux d'Elisabeth, ainsi que celui de l'enfant dans son sein, l'intuition, tout au moins confuse, de l'identité messianique de l'enfant que porte Marie, la reconnaissance de la foi de Marie dans la révélation que le Seigneur lui a faite. Luc utilise dès cette page le titre divin de Seigneur, non seulement pour parler de Dieu qui révèle et promet (les paroles du Seigneur), mais également du fils de Marie, Jésus, auquel dans le Nouveau Testament, le titre est attribué surtout comme ressuscité (cf. Actes II 36 ; Philippiens II 11). Ici il doit encore naître. Mais Elisabeth perçoit, autant que Marie, sa grandeur messianique.
4. Cela signifie qu'Elisabeth, remplie d'Esprit Saint, est introduite dans la profondeur du mystère de la venue du Messie. L'Esprit Saint opère en elle cette illumination particulière, qui s'exprime dans le salut adressé à Marie. Elisabeth parle comme si elle avait participé à l'Annonciation de Nazareth et comme si elle en avait été témoin. Elle définit par ses paroles l'essence même du mystère qui à ce moment-là s'est opéré en Marie ; en disant la mère de mon Seigneur vient à moi, elle appelle, mon Seigneur l'enfant que Marie attend depuis peu de temps. Ensuite, elle proclame Marie bénie entre les femmes et elle ajoute : bienheureuse celle qui a cru, comme si elle voulait faire allusion au comportement de la servante du Seigneur, qui répondit à l'ange par son fiat : qu'il m'advienne selon ta parole ! (Luc I 38).
5. Le texte du Luc manifeste sa conviction que l'action du Saint-Esprit illumine et inspire aussi bien Marie qu'Elisabeth. De même que l'Esprit a fait pressentir à Marie le mystère de la maternité messianique qui s'est réalisée dans la virginité, il donne à Elisabeth la capacité de découvrir Celui que Marie porte dans son sein et ce qu'elle est appelée à être dans l'économie du salut : la Mère du Seigneur. Il lui donne ainsi ce transport intérieur qui la pousse à proclamer cette découverte dans un grand cri (Luc I 42), avec cet enthousiasme et cette joie qui sont également le fruit de l'Esprit Saint. La mère du futur prédicateur et baptiste du Jourdain attribue cette joie à l'enfant qu'elle attend depuis six mois : l'enfant a tressailli d'allégresse en mon sein. Mais le fils et la mère se trouvent unis dans une sorte de symbiose spirituelle, c'est pourquoi la joie de l'enfant est transmise à celle qui l'a conçu, et voici : Elisabeth laisse éclater le cri qui exprime la joie qui l'unit profondément à son fils, comme le témoigne Luc.
6. Toujours selon le récit de Luc, un chant d'allégresse jaillit du cœur de Marie, le Magnificat, dans lequel elle exprime elle aussi sa joie : mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur (I 47). Elevée comme elle l'était au culte de la Parole de Dieu qu'elle connaissait par la lecture et la méditation de la Sainte Écriture, Marie sentit monter à ce moment-là, du plus profond de son âme, les versets du Cantique d'Anne, mère de Samuel (cf. I Samuel II 1-10) et d'autres paroles de l'Ancien Testament, pour laisser libre cours aux sentiments de la fille de Sion, qui trouvait en elle la plus grande réalisation. C'est ce qu'a bien compris l'évangéliste Luc d'après les confidences reçues directement ou indirectement de Marie.
L'une de celles-ci devait être la joie qui unit les deux mères lors de cette rencontre, comme manifestation du fruit de l'amour vibrant dans leur cœur. Il s'agissait de l'Esprit-Amour trinitaire, qui se révélait au seuil de la plénitude du temps (Galates IV 4), inaugurée dans le mystère de l'Incarnation du Verbe. A ce moment bienheureux, ce que Paul dira plus tard se réalisait déjà : le fruit de l'Esprit Saint... est charité, joie, paix (Galates V 22).
Allocution de S.S. Jean-Paul II,
au cours de l'audience générale hebdomadaire du 13 juin 1990


Les meilleurs vont vers les moins bons, pour leur procurer quelque avantage par leur venue. Ainsi, le Sauveur vient près de Jean pour sanctifier son baptême ; et dès que Marie eut entendu l'ange lui annoncer qu'elle allait concevoir le Sauveur et que sa cousine Elisabeth était enceinte, elle partit, se rendit en hâte vers le haut pays et entra dans la maison d'Elisabeth. Car Jésus, dans le sein de Marie, se hâtait de sanctifier Jean, encore dans le sein de sa mère. Avant l'arrivée de Marie et son salut, l'enfant n'avait pas tressailli dans le sein de sa mère ; mais dès que Marie eut prononcé la parole que le Fils de Dieu, dans son sein maternel, lui avait suggérée, l'enfant tressaillit de joie et, dès lors, de son précurseur, Jésus fit un prophète.
Marie, tout à fait digne d'être mère du Fils de Dieu, devait, après son entretien avec l'ange, gravir la montagne et demeurer sur les sommets. D'où ces mots : « En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers le haut pays. » Il lui fallait aussi, parce qu'elle était active et pleine de sollicitude se hâter avec zèle et, remplie de l'Esprit-Saint, être conduite sur les sommets et protégée par la puissance divine, qui l'avait déjà couverte de son ombre. Elle vint donc « dans une ville de Juda ; elle entra chez Zacharie et salua Elisabeth. Or, dès qu'Elisabeth eut entendu la salutation de Marie, l'enfant tressaillit dans son sein et Elisabeth fut remplie du Saint-Esprit.[1] »
C'est pourquoi il n'est pas douteux que, si Elisabeth fut alors remplie du Saint-Esprit ce fut à cause de son fils. Car ce n'est pas la mère qui, la première, a mérité le Saint-Esprit ; mais lorsque Jean, encore enfermé dans son sein, eut reçu le Saint-Esprit, alors, Elisabeth, après la sanctification de son fils, fut remplie du Saint-Esprit. Tu pourras le croire, si tu as remarqué une chose semblable à propos du Sauveur... Car Marie fut remplie du Saint-Esprit, quand elle commença à avoir le Sauveur en son sein. En effet, dès qu'elle eut reçu l'Esprit Saint, créateur du corps du Seigneur, et que le Fils de Dieu eut commencé à être dans son sein, Marie aussi fut remplie de l’Esprit-Saint.
« Alors Elisabeth poussa un grand cri et dit : Tu es bénie entre les femmes.[2] »
Si la naissance du Sauveur n'avait pas été céleste et bienheureuse, si elle n’avait pas eu quelque chose de divin et de supérieur à l'humanité, jamais sa doctrine ne se serait répandue sur toute la terre. S'il y avait eu dans le sein de Marie un homme au lieu du Fils de Dieu, comment pourrait-on expliquer, au temps du Christ comme maintenant, des guérisons de maladies de toutes sortes, non seulement physiques, mais encore morales ?...
Avant Jean, Elisabeth prophétise ; avant la naissance du Seigneur notre Sauveur, Marie prophétise. Et de même que le péché a commencé par une femme pour atteindre ensuite l'homme, de même le salut a débuté par des femmes, pour que les autres, oubliant la faiblesse de leur sexe, imitent la vie et la conduite des saintes, surtout de celles que l'Evangile nous décrit maintenant. Voyons donc la prophétie de la Vierge. « Mon âme magnifie le Seigneur, dit-elle, et mon esprit exalte en Dieu mon Sauveur.[3] » Deux principes, l'âme et l'esprit, s'acquittent d'une double louange. L'âme célèbre le Seigneur, l'esprit célèbre Dieu, non pas que la louange du Seigneur soit différente de celle de Dieu, mais parce que Dieu est aussi Seigneur et que le Seigneur est également Dieu.
On me demande comment l'ame magnifie (c'est-à-dire agrandit) le Seigneur. Car, si le Seigneur ne peut être ni augmenté ni diminué, s'il est ce qu'il est, comment Marie peut-elle dire maintenant : « Mon âme magnifie le Seigneur » ? Si je considère que le Seigneur notre Sauveur est « l'image du Dieu invisible[4] », si je vois mon âme faite « à l'image du créateur[5] », afin d'être l'image de l'image (car mon âme n'est pas exactement l’image de Dieu, mais elle a éte créée à la ressemblance de la première image) alors voici ce que je comprendrai : à la manière de ceux dont le métier est de peindre des images et d'utiliser leur art à reproduire un seul modèle, le visage d'un roi par exemple, chacun de nous donne à son âme l'image du Christ ; il en trace une image plus ou moins grande, délavée ou ternie, ou, au contraire, claire et lumineuse, ressemblant au modèle. Donc, lorsque j'aurai agrandi l'image de l'image, c'est-à-dire mon âme, lorsque je l'aurai « magnifiée » par mes actions, mes pensées et mes paroles, alors l'image de Dieu grandira et le Seigneur lui-même sera « magnifié » dans mon âme qui en est l'image. De même que le Seigneur grandit dans cette image que nous sommes de lui, de méme, si nous tombons dans le peché, il diminue et décroît...
Voilà pourquoi l'âme de Marie magnifie d'abord le Seigneur et ensuite « son esprit exulte en Dieu. » En effet, si nous n'avons pas grandi auparavant, nous ne pouvons exulter. « Parce que, dit-elle, il a jeté les yeux sur l'humilité de sa servante.[6] » Quelle est cette humilité de Marie que le Seigneur a regardée ? Qu’avait d'humble et de bas la mère du Sauveur qui portait en elle le Fils de Dieu ? « Il a jeté les yeux sur l'humilité de sa servante », cela veut dire à peu près : il a jeté les yeux sur la justice de sa servante, sur sa tempérance, sur sa force et sur sa sagesse. D'ailleurs, il est naturel que Dieu regarde les vertus. On me dira peut-être : Je comprends que Dieu regarde la justice et la sagesse de sa servante ; mais il n'est pas évident qu'il fasse attention à son humilité. Celui qui cherche à comprendre doit remarquer que précisement l'humilité est designée dans les Ecritures comme l’une des vertus. Du reste, le Sauveur déclare : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez soulagement pour vos âmes.[7] »
« Désormais toutes les générations me diront bienheureuse.[8] » Si je comprends dans le sens le plus simple les mots « toutes les générations », je l'interprète des croyants. Mais si je réfléchis plus profondément, je remarque qu'il vaut bien mieux ajouter : « car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses.[9] » En effet, puisque « tout homme qui s'abaisse sera élevé[10] », Dieu qui a regardé l'humilité de la bienheureuse Marie, a naturellement le Tout-Puissant fait pour elle de grandes choses.
« Et sa miséricorde s'étend d'âge en âge.[11] » La miséricorde de Dieu s'étend non pas sur une, deux, trois, ni même cinq genérations, mais éternellement, d'âge en âge. « Pour ceux qui le craignent, il a déployé la force de son bras.[12] » Si, malgré ta faiblesse, tu approches du Seigneur dans la crainte, tu pourras entendre sa promesse en réponse à ta crainte. Quelle est cette promesse ? Il se fait, dit Marie, la force de ceux qui le craignent. La force ou la puissance est une qualité royale... Si donc tu crains Dieu, il te donne sa force et sa puissance, il te donne son Royaume, afin que, soumis au Roi des rois, tu possèdes le Royaume des Cieux, dans le Christ Jésus.
« Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.[13] » S'il a suffi de la venue de Marie chez Elisabeth et de sa salutation pour que l'enfant tressaille de joie et qu'Elisabeth, remplie de l'Esprit-Saint, prophétise ce que rapporte l'Evangile, si une seule heure a apporté de si grandes transformations, il nous reste à imaginer quels progrès Jean a réalisés pendant les trois mois du séjour de Marie près d'Elisabeth. Si en un instant le petit enfant a tressailli et, pourrait-on dire, bondi de joie, et si Elisabeth a été remplie de l'Esprit Saint, il est anormal que, pendant trois mois, ni Jean, ni Elisabeth n'aient pas réalisé de progrès au voisinage de la mère du Seigneur et en la présence du Sauveur lui-même.
Origène


[1] Evangile selon saint Luc, I 39-41.
[2] Evangile selon saint Luc, I 42.
[3] Evangile selon saint Luc, I 46-47.
[4] Epître de saint Paul aux Colossiens, I 15.
[5] Livre de la Genèse I 27.
[6] Evangile selon saint Luc, I 48.
[7] Evangile selon saint Matthieu, XI 29.
[8] Evangile selon saint Luc, I 48.
[9] Evangile selon saint Luc, I 49.
[10] Evangile selon saint Luc, XIV 11.
[11] Evangile selon saint Luc, I 50.
[12] Evangile selon saint Luc, I 50-51.
[13] Evangile selon saint Luc, I 56.

le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut - textes du jour

Mardi 31 Mai 2016



Eveillé vers six heures et demi, je ne sortirai pas de mon travail aujourd’hui, sauf à vider un réservoir de débroussailleuse pour continuer de dégager séchoir à linge et pergola, et à respirer en refaisant l’accès à ma bibliothèque principale et à ses casiers. Faire du faire. Messageries avec MMR, GS et memento avec mon cher Pierre, l’ami passionnant et simple de mes dix ans, au collège. Disparition quand qui nous aimons, meurt ? je ne le crois pas, tellement la mort rend disponible à notre souvenir, à l’expression intime de notre amour. Nos morts bien plus souvent en visite et en habitation de notre esprit, de notre cœur, de nos émotions, nos morts devenus compagnons totaux et références actives, je le vis de plus en plus. Evidemment, la rupture : instants et minutes. Pleurer aide simplement, efficacement. Le privilège, la providence d’être à l’instant du dernier souffle : ma belle-mère aimée qui m’a aimé, ma femme et moi à ses côtés, chacun tenant une main, notre concentration et notre communion, tous trois, sa mère, elle ma moitié et moi. Et puis notre cher Claude, moine de Sainte-Anne de Kergonan, l’intensité de son message, de sa vie et la tête qui se tourne vers moi quand j’eus fini de lire à haute voix les lettres qu’il m’a adressait de chez sa mère et que je prenais, à bout de psaumes, pour la prière de toute suite. La vie.
Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour. Il exultera pour toi et réjouira, comme aux jours de fête. Dieu qui nous auve et nous libère et nous donne, splendidement, d’être Sa joie, Sa création. Alleluia, en ce début de journée, les oiseaux en accompagnement… Sophonie et la joie, Sion véritablement. L’erreur dramatique d’Israël, dans sa version guerrière et étatique d’aujourd’hui : le chef d’œuvre d’HITLER est d’avoir fait naître le contraire de ce qu’aurait dû produire la shoah, un ferment de réconciliation internationale, l’autorité morale désormais établie sur la sagesse et la piété, la culture millénaire d’un peuple, vainquant une détestation et un martyre, et provoquant un accueil mutuel, une réconciliation de tout depuis maintenant soixante-dix ans. C’est presque le contraire qui s’est produit : un objet et un fauteur de haine, de clivages, de séparations et surtout de simplisme. Israël, motif et prétexte dans beaucoup de pays où la politique intérieure et les élections ont une crispation dont il est cause. Evidemment, les dégénérescences des pays arabes et musulmans, gâchant leurs printemps chaque fois (sauf en Tunisie, sans doute grâce à notre empreinte transmise à BOURGUIBA qui ne nous en voulut pas de ses années de taule (HO CHI MINH non plus, ne nous en voulait pas), ces pays et peuples intenses leur propre fil et ignorant le charme de leurs jeunesse respectives, se focalisant sur l’humiliation renouvelée à chaque génération au Proche-Orient. Il faut à Israël quelques géants et des saints, après qu’il y ait eu Satan, ses sbires et leur folie : HITLER et la shoah. Je crois possible, à venir, cette surrection d’Israël et sa production en intelligence et en grandeur. C’est possible, c’est certainement nécessaire. Qu’alors, Sophonie et Isaie soient tes prophètes et tes chefs, ô Israël, le monde va y gagner : le Seigneur a levé les sentences qui pesaient sur toi, il a écarté tes ennemis. [1] Et les temps, les époques de silence. Marie resta avec Elisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle. La fin de la gestation du Précurseur, sa naissance tandis que Jésus commence in utero. Le Magnificat est à quatre, ce qui sans doute (numérologie ?) dit son universalité. L’humanité enfin heureuse, comblée, rachetée. JOUHANDEAU à son orgue et chantant. Jésus, que ma joie demeure ! BACH et ce Jésuite, le Père LEDUC, nous le donnant dans une église abbatiale entre les fortêtes et les cathédrales d’Ile-de-France et de Picardie… La race humaine et sa danse si souvent manquée, autour de l’amour. La chair horriblement traitée, tuée dans les camps, les enfants tués. L’horreur, l’enfer n’est pas dans l’au-delà. Pitié pour nous, pitié de nous succombant à nous-mêmes, aveugles, c…, lâches. Sa miséricorde s’étend ‘âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Alors toutes choses en place et rétablies, il comble de biens les affamés, renvoie les mains vides. D’Adam à Abraham, tout s’est dit, se dit et se dira. Nous y sommes. Le discernement d’Elisabeth, puisse-t-il être le nôtre, aujourd’hui et toujours : d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Oui.


[1] - Sophonie III 14 à 18 ; cantique d’Isaïe XII 2 à 6 passim ; évangile selon saint Luc I 39 à 56
Hier

Presque minuit + Je n’ai pas repris mon travail après notre dîner devant la télévision, j’ai été entrainé par le programme de ma chère femme. – Je ne sais pas du tout la valeur ni l’intérêt de ce que je fais, je sais seulement que maintenant j’écris et suis lancé, que cela a une trajectoire, que j’écris de la même façon que toujours, mais pas la même chose quoique la matière ne change asn, mais maintenant elle ne me domine plus, elle me sert, peut me servir, car cette fois j’ai un but qui de beaucoup dépasse l’édition. C’est une préface, je l’espère, à beaucoup plus, ou bien… ce sera un de mes témoignages si j’échoue.
Le film, l’Amérique quand elle est simple ! et ne l’est-elle pas toujours ? le noir et blanc, toujours, le manichéisme. La campagne maintenant pour le prochain mandat présidentiel TRUMP et CLINTON, également médiocres, donc inutiles et faisant perdre quatre ans de plus au monde encore plus qu’à leur pays puisque ce reste le seul, faute d’Europe, à pouvoir réorienter les choses et les esprits), et à cette parabole intéressante (Arte) d’une histoire de couple que perd la seule innocente du tableau : Assurance sur la mort, Billie WILDER, 1944… que me fait découvrir ma chère femme…, succède un des films sur les crimes nazis, leur condamnation et la chasse après guerre de leurs auteur : Beate et Serge KLARSFELD, la traque des nazis (la 2). Nous n’avions regardé, il y a un an ou deux, que la fin. Ce sont les photos et des instants qui je retiens, si explicatifs. Les entrées des quelques vingt exemplaires et suprêmes au temps des uniformes et du feu. GOERING particulièrement impressionnant d’intelligence et de présence, KEITEL emblématique de la Prusse, qu’il y  soit né ou pas. Le projet juif, l’absence de synthèse que seuls les historiens ont faite, et qui ne fut pas je crois le même dans l’esprit de chacun des survivants. Le film pour la conviction, les têtes d'affiches se tordent les mains pour se voiler le regard, échapper à ce qui est montré, a été enregistré. C'est cela, je crois, l'image qui doit rester de ce XXème siècle. Les atrocités de tableaux d’ensemble, les cadavres qui ne sont plus qu’enveloppe d’os pantins avec les engins de déblaiement, mais aussi les exécutions individuelles des auteurs, les pendaisons, les marches d’escalier. Ce médecin émacié et barbue, le visage de ses derniers instants, plus que pathétique : même s’étant laissée aller au plus atroce et au plus effrayant et cruel (en bleu et clair, le profil de ce médecin en blouse tuant par secouements un bébé hurlant… ), l’âme reste ce qu’elle est, capable de souffrance et sans doute d’autre chose, je crois à la rémission. Conclusion s'il est légitime d'en exprimer, tenter une ... la capacité de souffrir et le crime de ne pas voir sont, humainement, infinies. C'est même, pour des moments de nous, le seul infini. Les mains en arrière plan à gauche du portrait gros plan de HESS. L’intelligence de regard, la souveraineté de EICHMAN, la culpabilité absolue quand il y a fierté de ce qui fut commis, clairement, consciemment. SPEER, passionnant et décisif dans ses deux livres, lus dès leur publication française, m’est ici antipathique, souriant et en forme même sinon surtout dans les dernières semaines du Reich, a certainement failli être l’homme de la succession à HITLER, acceptable par les Alliés. Il s’en est fallu, je crois, de très peu. Il aurait sauvé sa tête en donnant tout ce qu’il savait de l’industrie nipponne. Mais transparence, auto-analyse de ce qu’est l’ambition : un aveu qui est un chef-d’œuvre, et ces deux temps d’une seule vie : 1944 et 1966. L’architecture. Le pire fut peut-être von PAPEN qui avait la confiance de HINDENBURG… KIESINGER est une erreur d’ADENAUER en recherche du remplacement d’ERHARD. Il est dommage pour DG qu’il y ait ce couple en final franco-allemand. Evidemment le discours de Juillet 1962 à Ludwigsbourg : seul l’homme du 18-Juin, à la tête d’une France faisant le Marché commun et la décolonisation pouvait juger l’Allemagne et passer outre. Je ne crois pas à l’inhumanité de quelque peuple que ce soit, dont les Allemands, et je crois à la responsabilité collective d’une génération, celle de l’entre-deux-guerres a été détestable alors qu’elle était à l’apogée de l’expérience autant de la guerre que du bonheur de vivre. Mes chers parents l’ont incarné, loin géographiquement, alors : Le Caire des années 30. Je ne veux pas être passé à côté de ma propre époque et je veux en être responsable. Il m’est sans doute donné de faire, surtout maintenant, le possible.

Oui, il se passe quelque chose dans ma vie, alors qu’aucune de nos astreintes n’est encore desserrée : je suis calme, tranquille, sans question. Il se peut même qu’Edith perde de sa hantise de liquider ici pour ailleurs. Seule trace de ce que nous avons subi, qu’elle subit encore d’anxiété : nos prises de poids respectives. –  Je ferme ce clavier, émerveillé que la vie garde toujours secret l’instant d’après le présent.


lundi 30 mai 2016

disparition ?

bienheureuse Marie-Céline de la Présentation . 1878 + 1897


jeune clarisse morte de tuberculose à 19 ans

Marie-Céline de la Présentation (au siècle Jeanne Germaine Castang) naît le 23 mai 1878 à Nojals, près de Beaumont-en-Périgord. Son père était issu d'une famille de propriétaires terriens et sa mère d'une famille de notaires. Cinquième de la famille, elle était très jolie, mutine, sensible et débrouillarde, ayant un fort caractère. Très vite, on la surnomma « la petite Maine »

En 1882, Germaine a 4 ans. Avec quelques autres enfants du village, elle s'était aventurée dans l'eau froide du petit ruisseau proche de l'école. Après trois jours, sa jambe gauche se paralyse et peu à peu le pied se retourna complètement, très certainement sous l'effet d'une poliomyélite. Elle ne put marcher que sur la cheville. Cette épreuve n'entama pas la foi et la piété de l'enfant. Les parents Castang élevaient leurs enfants dans l'amour de Dieu et du prochain. Les Sœurs de Saint-Joseph complétaient cette éducation. Germaine, malgré son jeune âge, se faisait déjà remarquer par sa dévotion à l'Eucharistie.

Son père avait ouvert une épicerie-café dans le bourg de Nojals. L'affaire n'ayant pas marché, le père fut ruiné, et il dut quitter sa maison avec sa femme et ses enfants. Ils s'installèrent alors au lieu-dit Salabert, dans un abri délabré et insalubre où la santé de la famille allait se détériorer inexorablement. Leur misère était telle que Germaine dut parcourir le pays, allant d'une ferme à l'autre pour mendier de la nourriture, malgré sa plaie béante et purulente qui affectait sa jambe.

Ne pouvant assurer la survie de sa famille, le père de Germaine se rendit à Bordeaux pour chercher du travail et loua une petite maison rue de Puységur. Au printemps 1890, toute la famille le rejoignit, quittant le logement insalubre de Salabert où trois des onze enfants avaient trouvé la mort. Deux autres mourront à Bordeaux de tuberculose et de malnutrition. En 1892, le père trouva du travail comme gardien d'un château à La Réole. Toute la famille se rendit à ce château, sauf Germaine qui resta à Bordeaux, où elle avait été hébergée par charité, dans une pension tenue par les Sœurs de Marie-Joseph. C'est à Bordeaux qu'elle fut opérée du pied à l'hôpital des enfants. Elle apprit la couture et se prépara à la première Communion et à la Confirmation qu'elle reçut dans la Cathédrale de Bordeaux.

Le 29 décembre 1892, sa mère mourut. Germaine vint prendre sa place auprès de son frère aîné Louis, gravement atteint par la tuberculose. Elle veilla sur lui jusqu'à sa mort le 6 février 1893, dormant sur le plancher de la chambre, où elle contracta certainement la maladie. Depuis sa jeune enfance, Germaine désirait devenir religieuse. Son premier souhait avait été d'entrer chez les Clarisses. Elle avait été refusée à cause de son handicap. Après la mort de sa mère, elle voulut rejoindre sa sœur Lucie dans la Congrégation de Saint-Joseph à Aubenas. Pour le même motif, elle ne put y entrer. De retour au pensionnat, Germaine reprit les travaux de couture tout en menant une vie de prière et de sacrifice qui édifiait son entourage.

Au cours d'une promenade en compagnie d'une amie, cette dernière lui proposa de rendre visite à une Clarisse de sa connaissance. Elle reprit espoir de pouvoir devenir religieuse. La Mère supérieure et les religieuses discernèrent chez cette jeune fille, au-delà de son handicap, une âme d'exception.

Elle fut admise dans la communauté de l'Ave Maria le 12 juin 1896. Elle prit l'habit le 21 novembre sous le nom de Sœur Marie-Céline de la Présentation.

Malgré la tuberculose qui la minait, elle supportait la dure vie des moniales contemplatives dans un amour toujours croissant de Dieu, de ses sœurs, et de l'Église. Elle accueillit avec humilité et discrétion les manifestations surnaturelles qui lui furent accordées de l'amour de Dieu.

Elle meurt le 30 mai 1897, à l'âge de 19 ans. Dès sa mort, elle se manifesta à de nombreuses personnes par des parfums. On la nomma « la sainte aux parfums ». La réputation de sa sainteté se répandit dans le monde entier.

Marie-Céline de la Présentation, déclarée vénérable le 22 janvier 1957, fut béatifiée le 16 septembre 2007, dans la cathédrale de saint André de Bordeaux, par le Card. José Saraiva Martins, Préfet de la Congrégation pour la cause des Saints, qui représentait le Pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger, 2005-2013).

Sœur Marie-Céline, qui connut la misère, l'exclusion, le handicap et la souffrance jusqu'à sa mort, est un modèle pour tous ceux qui souffrent de maladie, handicap physique, pauvreté et exclusion sociale de nos jours. Elle qui écrivait avant de mourir à sa sœur: « Je meurs sans regrets et je te donne rendez-vous au ciel... Là haut, je n'oublierai personne ».


Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).  



 





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sainte Jeanne d'Arc - 1412 + 1431



« La Pucelle d'Orléans »
patronne secondaire de la France


Sainte Jeanne d'Arc montre une fois de plus, et d'une manière particulièrement éclatante, deux choses : combien Dieu aime la France et comme il est vrai qu'Il se plaît à choisir les plus faibles instruments pour l'accomplissement des plus grandes choses.

Jeanne d'Arc naît à Domrémy, dans la Lorraine actuelle, le 6 janvier 1412 ; ses parents, Jacques d'Arc et Isabelle Romée, étaient des cultivateurs faisant valoir leur petit bien. La première parole que lui apprit sa mère fut le nom de Jésus ; toute sa science se résuma dans le Pater, l'Ave, le Credo et les éléments essentiels de la religion. Elle se confessait et communiait très régulièrement ; tous les témoignages contemporains s'accordent à dire qu'elle était « une bonne fille, aimant et craignant Dieu », priant beaucoup Jésus et Marie. Son curé put dire d'elle : « Je n'ai jamais vu de meilleure chrétienne, et il n'y a pas sa pareille dans toute la paroisse.

La France était alors à la merci des Anglais et des Bourguignons, leurs alliés ; la situation du roi Charles VII était désespérée. Mais Dieu se souvint de son peuple, et afin que l'on vît d'une manière évidente que le salut venait de Lui seul, Il se servit d'une humble fille des champs.

Jeanne avait treize ans quand l'Archange saint Michel lui apparut une première fois, vers midi, dans le jardin de son père, lui donna des conseils pour sa conduite et lui déclara que Dieu voulait sauver la France par elle. Les visions se multiplièrent ; l'Archange protecteur de la France était accompagné de sainte Catherine et de sainte Marguerite, que Dieu donnait à Jeanne comme conseillères et comme soutien.

Jusqu'ici la vie de Jeanne est l'idylle d'une pieuse bergère ; elle va devenir l'épopée d'une guerrière vaillante et inspirée ; elle avait seize ans quand le roi Charles VII, convaincu de sa mission par des signes miraculeux, lui remit la conduite de ses armées. Bientôt Orléans est délivrée, les Anglais tremblent et fuient devant une jeune fille. Quelques mois plus tard, le roi était sacré à Reims.

Dans les vues divines, la vie de Jeanne devait être couronnée par l'apothéose du martyre : elle fut trahie à Compiègne, vendue aux Anglais, et après un long emprisonnement, où elle subit tous les outrages, condamnée et brûlée à Rouen (30 mai 1431). Son âme s'échappa de son corps sous la forme d'une colombe, et son cœur ne fut pas touché par les flammes.

Jeanne d'Arc a été béatifiée le 18 avril 1909, par saint Pie X (Giuseppe Melchiorre Sarto, 1903-1914), et proclamée sainte le 16 mai 1920 par le pape Benoît XV (Giacomo della Chiesa, 1914-1922).

Jeanne d'Arc demeure la gloire de la France, sa Protectrice puissante et bien-aimée. Elle a été déclarée sa Patronne secondaire par un Bref du Pape Pie XI, le 2 mars 1922.

 Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :
>>>  Sainte Jeanne d’Arc
 
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]

BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle Paul VI
Mercredi 26 janvier 2011
Sainte Jeanne d’Arc
Chers frères et sœurs,
Je voudrais aujourd'hui vous parler de Jeanne d'Arc, une jeune sainte de la fin du Moyen-âge, morte à 19 ans, en 1431. Cette sainte française, citée à plusieurs reprises dans le Catéchisme de l'Eglise catholique, est particulièrement proche de sainte Catherine de Sienne, patronne d'Italie et de l'Europe, dont j'ai parlé dans une récente catéchèse. Ce sont en effet deux jeunes femmes du peuple, laïques et consacrées dans la virginité; deux mystiques engagées non dans le cloître, mais au milieu de la réalité la plus dramatique de l'Eglise et du monde de leur temps. Ce sont peut-être les figures les plus caractéristiques de ces «femmes fortes» qui, à la fin du Moyen-âge, portèrent sans peur la grande lumière de l'Evangile dans les complexes événements de l'histoire. Nous pourrions les rapprocher des saintes femmes qui restèrent sur le Calvaire, à côté de Jésus crucifié et de Marie sa Mère, tandis que les Apôtres avaient fui et que Pierre lui-même l'avait renié trois fois. L'Eglise, à cette époque, vivait la crise profonde du grand schisme d'Occident, qui dura près de 40 ans. Lorsque Catherine de Sienne meurt, en 1380, il y a un Pape et un Antipape; quand Jeanne naît en 1412, il y a un Pape et deux Antipapes. Avec ce déchirement à l’intérieur de l'Eglise, des guerres fratricides continuelles divisaient les peuples chrétiens d'Europe, la plus dramatique d'entre elles ayant été l'interminable «Guerre de cent ans» entre la France et l'Angleterre.
Jeanne d'Arc ne savait ni lire ni écrire, mais elle peut être connue dans la profondeur de son âme grâce à deux sources d'une valeur historique exceptionnelle: les deux Procès qui la concernent. Le premier, le Procès de condamnation (PCon), contient la transcription des longs et nombreux interrogatoires de Jeanne durant les derniers mois de sa vie (février-mai 1431), et reporte les paroles mêmes de la sainte. Le second, le Procès en nullité de la condamnation, ou de «réhabilitation» (PNul), contient les dépositions d'environ 120 témoins oculaires de toutes les périodes de sa vie (cf. Procès de condamnation de Jeanne d'Arc, 3 vol. et Procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc, 5 vol., ed. Klincksieck, Paris 1960-1989).
Jeanne naît à Domremy, un petit village à la frontière entre la France et la Lorraine. Ses parents sont des paysans aisés, connus de tous comme d'excellents chrétiens. Elle reçoit d'eux une bonne éducation religieuse, avec une influence importante de la spiritualité du Nom de Jésus, enseignée par saint Bernardin de Sienne et répandue en Europe par les franciscains. Au Nom de Jésus est toujours uni le Nom de Marie et ainsi, sur un fond de religiosité populaire, la spiritualité de Jeanne est profondément christocentrique et mariale. Depuis l'enfance, elle démontre une grande charité et compassion envers les plus pauvres, les malades et tous les souffrants, dans le contexte dramatique de la guerre.
De ses propres paroles nous apprenons que la vie religieuse de Jeanne mûrit comme expérience mystique à partir de l'âge de 13 ans (PCon, I, p. 47-48). A travers la «voix» de l'archange saint Michel, Jeanne se sent appelée par le Seigneur à intensifier sa vie chrétienne ainsi qu'à s'engager personnellement pour la libération de son peuple. Sa réponse immédiate, son «oui», est le vœu de virginité, avec un nouvel engagement dans la vie sacramentelle et dans la prière: participation quotidienne à la Messe, confession et communion fréquentes, longs temps de prière silencieuse devant le Crucifix ou l'image de la Vierge. La compassion et l'engagement de la jeune paysanne française face à la souffrance de son peuple sont encore renforcés par son rapport mystique avec Dieu. L'un des aspects les plus originaux de la sainteté de cette jeune fille est précisément ce lien entre l'expérience mystique et la mission politique. Après les années de vie cachée et de maturation intérieure s'ensuivent deux brèves, mais intenses années de sa vie publique: une année d'action et une année de passion.
Au début de l'année 1429, Jeanne entame son œuvre de libération. Les nombreux témoignages nous montrent cette jeune femme de 17 ans seulement, comme une personne très forte et décidée, capable de convaincre des hommes incertains et découragés. Surmontant tous les obstacles, elle rencontre le Dauphin de France, le futur roi Charles VII, qui à Poitiers la soumet à un examen mené par plusieurs théologiens de l'université. Leur avis est positif: en elle, ils ne voient rien de mal, seulement une bonne chrétienne.
Le 22 mars 1429, Jeanne dicte une importante lettre au roi d'Angleterre et à ses hommes qui assiègent la ville d'Orléans (ibid., p. 221-222). Sa proposition est une véritable paix dans la justice entre les deux peuples chrétiens, à la lumière des noms de Jésus et de Marie, mais elle est rejetée, et Jeanne doit s'engager dans la lutte pour la libération de la ville, qui advient le 8 mai. L'autre moment culminant de son action politique est le couronnement du roi Charles VII à Reims, le 17 juillet 1429. Pendant toute une année, Jeanne vit avec les soldats, accomplissant au milieu d'eux une vraie mission d'évangélisation. Nombreux sont leurs témoignages sur sa bonté, son courage et son extraordinaire pureté. Elle est appelée par tous et elle-même se définit comme «la pucelle», c’est-à-dire la vierge.
La passion de Jeanne débute le 23 mai 1430, lorsqu'elle tombe prisonnière entre les mains de ses ennemis. Le 23 décembre, elle est conduite dans la ville de Rouen. C'est là que se déroule le long et dramatique Procès de condamnation, qui commence en février 1431 et finit le 30 mai avec le bûcher. C'est un grand procès solennel, présidé par deux juges ecclésiastiques, l'évêque Pierre Cauchon et l'inquisiteur Jean le Maistre, mais en réalité il est entièrement guidé par un groupe nombreux de théologiens de la célèbre université de Paris, qui participent au procès comme assesseurs. Ce sont des ecclésiastiques français qui, ayant fait un choix politique opposé à celui de Jeanne, ont a priori un jugement négatif sur sa personne et sur sa mission. Ce procès est une page bouleversante de l’histoire de la sainteté et également une page éclairante sur le mystère de l’Eglise, qui, selon les paroles du Concile Vatican II, est «à la fois sainte et appelée à se purifier» (LG, n. 8). C’est la rencontre dramatique entre cette sainte et ses juges, qui sont des ecclésiastiques. Jeanne est accusée et jugée par eux, jusqu’à être condamnée comme hérétique et envoyée à la mort terrible sur le bûcher. A la différence des saints théologiens qui avaient illuminé l’université de Paris, comme saint Bonaventure, saint Thomas d’Aquin et le bienheureux Duns Scot, dont j’ai parlé dans plusieurs catéchèses, ces juges sont des théologiens auxquels manquent la charité et l’humilité pour voir chez cette jeune l’action de Dieu. Les paroles de Jésus viennent à l’esprit, selon lesquelles les mystères de Dieu sont révélés à qui possède le cœur des tout-petits, alors qu’ils restent cachés aux sages et aux savants qui n’ont pas d’humilité (cf. Lc 10, 21). Ainsi, les juges de Jeanne sont radicalement incapables de la comprendre, de voir la beauté de son âme: ils ne savaient pas qu’ils condamnaient une sainte.
L’appel de Jeanne au jugement du Pape, le 24 mai, est rejeté par le tribunal. Le matin du 30 mai, elle reçoit pour la dernière fois la Communion en prison, et est immédiatement conduite au supplice sur la place du vieux marché. Elle demande à l’un de ses prêtres de tenir devant le bûcher une croix de procession. C’est ainsi qu’elle meurt en regardant Jésus Crucifié et en prononçant plusieurs fois et à haute voix le Nom de Jésus (PNul, I, p. 457; cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, 435). Environ vingt-cinq ans plus tard, le Procès de nullité, ouvert sous l’autorité du Pape Calixte III, se conclut par une sentence solennelle qui déclare nulle sa condamnation (7 juillet 1456; PNul, II p. 604-610). Ce long procès, qui recueillit les dépositions des témoins et les jugements de nombreux théologiens, tous favorables à Jeanne, met en lumière son innocence et sa parfaite fidélité à l’Eglise. Jeanne d’Arc sera ensuite canonisée par Benoît XV en 1920.
Chers frères et sœurs, le Nom de Jésus invoqué par notre sainte jusqu’aux derniers instants de sa vie terrestre, était comme le souffle incessant de son âme, comme le battement de son cœur, le centre de toute sa vie. Le «Mystère de la charité de Jeanne d’Arc», qui avait tant fasciné le poète Charles Péguy, est cet amour total pour Jésus, et pour son prochain en Jésus et pour Jésus. Cette sainte avait compris que l’Amour embrasse toute la réalité de Dieu et de l’homme, du ciel et de la terre, de l’Eglise et du monde. Jésus est toujours à la première place dans sa vie, selon sa belle expression: «Notre Seigneur premier servi» (PCon, I, p. 228; cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, 223). L’aimer signifie toujours obéir à sa volonté. Elle affirme avec une totale confiance et abandon: «Je m’en remets à Dieu mon créateur, je l’aime de tout mon cœur» (ibid., p. 337). Avec le vœu de virginité, Jeanne consacre de manière exclusive toute sa personne à l’unique Amour de Jésus: c’est «la promesse qu’elle a faite à Notre Seigneur de bien garder sa virginité de corps et d’âme» (ibid., p. 149-150). La virginité de l’âme est l’état de grâce, valeur suprême, pour elle plus précieuse que la vie: c’est un don de Dieu qui doit être reçu et conservé avec humilité et confiance. L’un des textes les plus connus du premier Procès concerne précisément cela: «Interrogée si elle sait d’être en la grâce de Dieu, elle répond: “Si je n’y suis, Dieu m’y veuille mettre; et si j’y suis, Dieu m’y veuille tenir”» (ibid., p. 62; cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, 2005).
Notre sainte vit la prière sous la forme d’un dialogue permanent avec le Seigneur, qui illumine également son dialogue avec les juges et lui apporte la paix et la sécurité. Elle demande avec confiance: «Très doux Dieu, en l’honneur de votre sainte Passion, je vous requiers, si vous m’aimez, que vous me révélez comment je dois répondre à ces gens d’Eglise» (ibid., p. 252). Jésus est contemplé par Jeanne comme le «Roi du Ciel et de la Terre». Ainsi, sur son étendard, Jeanne fait peindre l’image de «Notre Seigneur tenant le monde» (ibid., p. 172): icône de sa mission politique. La libération de son peuple est une œuvre de justice humaine, que Jeanne accomplit dans la charité, par amour de Jésus. Elle est un bel exemple de sainteté pour les laïcs engagés dans la vie politique, en particulier dans les situations les plus difficiles. La foi est la lumière qui guide chaque choix, comme témoignera, un siècle plus tard, un autre grand saint, l’anglais Thomas More. En Jésus, Jeanne contemple également toute la réalité de l’Eglise, l’«Eglise triomphante» du Ciel, comme l’«Eglise militante» de la terre. Selon ses paroles, «c’est tout un de Notre Seigneur et de l’Eglise» (ibid., p. 166). Cette affirmation, citée dans le Catéchisme de l’Eglise catholique (n. 795), possède un caractère vraiment héroïque dans le contexte du Procès de condamnation, face à ses juges, hommes d’Eglise, qui la persécutèrent et la condamnèrent. Dans l’Amour de Jésus, Jeanne trouve la force d’aimer l’Eglise jusqu’à la fin, même au moment de sa condamnation.
J’ai plaisir à rappeler que sainte Jeanne d’Arc a eu une profonde influence sur une jeune sainte de l’époque moderne: sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Dans une vie complètement différente, passée dans la clôture, la carmélite de Lisieux se sentait très proche de Jeanne, vivant au cœur de l’Eglise et participant aux souffrances du Christ pour le salut du monde. L’Eglise les a réunies comme patronnes de la France, après la Vierge Marie. Sainte Thérèse avait exprimé son désir de mourir comme Jeanne, en prononçant le Nom de Jésus (Manuscrit B, 3r), et elle était animée par le même grand amour envers Jésus et son prochain, vécu dans la virginité consacrée.
Chers frères et sœurs, avec son témoignage lumineux, sainte Jeanne d’Arc nous invite à un haut degré de la vie chrétienne: faire de la prière le fil conducteur de nos journées; avoir pleinement confiance en accomplissant la volonté de Dieu, quelle qu’elle soit; vivre la charité sans favoritismes, sans limite et en puisant, comme elle, dans l’Amour de Jésus un profond amour pour l’Eglise. Merci.
* * *
Chers pèlerins francophones, que le témoignage lumineux de sainte Jeanne d’Arc, patronne secondaire de la France avec sainte Thérèse de Lisieux, soit un appel à aimer le Christ et à vous engager, avec foi et détermination, au service des autres dans la charité! Bon séjour à tous!
© Copyright 2011 - Libreria Editrice Vaticana


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 SANTA GIOVANNA DARCO VERGINE / E