samedi 30 avril 2011

tu es mon salut - textes du jour

Samedi de Pâques (30 Avril) 2011



Prier… [1] l’évangéliste quand il est lapidaire, atteint plus encore. Le secrétaire de Pierre retient ce qui a le plus marqué le chef des Apôtres et de l’Eglise : Jésus leur reprocha leur incrédulité et leur endurcissement parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité. La chaine de la foi est d’abord l’adhésion à un témoignage, et les incrédules eux-mêmes sont ensuite, mais ensuite seulement envoyés témoigner à leur tour. Ils sont alors motivés, définitivemnt : Est-il juste devant Dieu de vous écouter plutôt que d’écouter Dieu ! A vous de juger. Quant à nous, il nous est impossible de ne pas dire ce que nous avons et entendu. Ces pécheurs ou autres, en tout cas Pierre et Jean, sont devenus de redoutables dialecticiens, d’excellents orateurs, et ces capons accepteront le martyre. Je te rends grâce car tu m’as exaucé : tu es pour moi le salut.


[1] - Actes des Apôtres IV 13 à 21 ; psaume CXVIII ; évangile selon saint Marc XVI 9 à 15

vendredi 29 avril 2011

voici le jour que fit le Seigneur... de la maison du Seigneur, nous vous bénissons ! - textes du jour

Vendredi de Pâques (29 Avril) 2011

Prier… [1] le temps vers la Pentecôte, encore plus d’attente que de Noël ou du Carême, attente de la mise en mouvement : l’Esprit Saint. Les enfants, auriez-vous un peu de poisson ? … Jetez le filet à droite de la barque et vous trouverez… Apportez donc de ce poisson que vous venez de prendre… venez déjeuner… Jésus s’approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson. Limpidité du texte, suavité et sobriété du dire de Jésus, aucune confidence et aucun commentaire sur le passé, pas de référence sur une sorte d’historique des trois jours décisifs. Présence simple, mais mystérieuse : les disciples ne savaient pas que c’était Jésus… alors, le disciple que Jésus aimait, dit à Pierre : ‘C‘est le Seigneur !’ … Aucun des disciples n’osait lui demander : ‘Qui es-tu ?’ Jésus avait préparé de quoi cuire le poisson. Il retrouvait ses disciples dans le milieu originel de la vocation des premiers d’entre eux. Deux énigmes de textes depuis si longtemps, l’expression, l’appellation que se donne Jésus : Fils de l’homme, et celle que se donne Jean, qui m’arrêtait moins mais m’interpelle maintenant et que je veux résoudre : le disciple que Jésus aimait. Occasionnellement, ce lien historique et sans doute cette complémentarité spirituelle entre Jean et Pierre, marquée encore au début des Actes des Apôtres (comme Pierre et Jean parlaient au peuple dans le Temple), puis Jean disparaît sous la plume de Luc, alors que Jacques, reste très situé. Nature de cette préférence ? raison ? signe d’humanité du Christ, de son incarnation, sans doute, les affinités, simplement humaines, mais mouvementant le cœur, l’âme, faisant le spirituel ? Je ne sais pas. A approfondir. Ces évangiles dits de la Résurrection ou d’après la Résurrection ont des ambiances aussi étranges que douces, ils respirent et communiquent la paix. L’éternité ne sera pas bruyante. Il y a le soir de Pâques et la route d’Emmaüs, mais surtout ces aubes, ces lumières sur le lac, cette camaraderie des disciples les uns pour les autres. Ils ne sont pas à l’affût. Ils n’ont pas couru en Galilée, ils continuent, mais singulièrement, car avant le Christ, ils n’étaient pas ensemble, et depuis le Jeudi-Saint, le Maître n’est plus là. Ils semblent pourtant extrêmement unis. La prière régulière au Cénacle. La pêche en revanche à quelques-uns, aujourd’hui, à cinq. La suite leur sera donnée et tout pouvoir … l’on nous demande comment cet homme a été sauvé… c’est grâce au nom de Jésus le Nazaréen, cricifié par vous, ressuscité par Dieu. Il y aura un changement total chez ces gens. Le temps liturgique que nous vivons ces semaines-ci est une sorte de retraite, qui n’est qu’indirectement conduite par le Christ dont les apparitions ne sont enseignantes que par leur fait-même : Il est vivant, parce qu’Il est ressuscité. Et son nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver. Les évangiles ne sont pas une révélation de Dieu, ou sur Dieu, ils sont la révélation, l’affirmation, l’assurance, la démonstration que le salut existe et que ce salut nous est donné.

[1] - Actes des Apôtres IV 1 à 12 ; psaume CXVIII ; évangile selon saint Jean XXI 1 à 14

jeudi 28 avril 2011

la mort dit vrai

tout ce qui va son chemin - textes du jour

Jeudi (28 Avril) de Pâques 2011


Prier … [1] Dieu, qui donne force, sens et vérité à toute vie, prends-moi à pitié, ensemence-moi de ton énergie et de ton Esprit, par ton Fils, notre Christ, frère de tout homme. Comme ils en parlaient encore, lui-même était au milueu d’eux. Leçons de chacune des apparitions, valant pour aujourd’hui. Jésus nous apparaît, nous vient, nous est sensible – Fils de Dieu, Christ – dans nos échanges, dans nos dialogues, dans ce qui est, implicite, notre prière puisque nous entretenir les uns les autres sur la vie, c’est-à-dire sur l’amitié qui nous lie, sur nos envies mutuelles de nous donner les uns aux autres, de nous comprendre, de nous accompagner, c’est bien prier : Dieu est nerf, centre, ressort et aboutisseme,nt de toute existence. Les femmes au tombeau, les disciples marchant vers Emmaüs, les Onze au cénacle ou ailleurs… Dieu sensible, et pourtant non reconnaissable selon nos sens. Frappés de stupeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. En logique et hors texte, c’est-à-dire hors sujet, l’incroyant a raison : résurrection, apparition ? fariboles ou explication toute simple : hallucination, whishfull thinking, reconstruction, rêve éveillé. Mais si l’on prend temps et peine (bien minimes) d’être, de bonne foi (c’est le cas de l’écrire), dans le texte… peut-on conclue qu’il ne s’agit que de constructions littéraires reconstituant quelque expérience collective périmée et douteuse ? Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ? Autant que du manque de foi de ses contemporains et de leur hiérarchie (censément religieuse), Jésus s’étonne chroniquement d’être étonnant… Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit m’a pas de chair ni d’os, et vous constatez que j’en ai. Jésus, trivial, pour être à notre portée. La foi de Marie-Madeleine n’a besoin d’aucun support : c’est même le mouvement inverse, elle sait qu’elle peut étreindre, elle étreint avant tout dialogue. Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Le mutisme en nous d’être soudainement exaucés au cœur et dans l’abîme de notre désespoir. L’intimité faite, Jésus reprend, comme sur la route d’Emmaüs : rappelez-vous les paroles que je vous ai dites… c’est bien ce qui était annoncé par l’Ecriture… c’est vous qui en êtes les témoins. Et à terme, nous voilà… Convertissez-vous donc et revenez à Dieu pour que vos péchés soient effacés… C’est pour vous d’abord que Dieu a fait se lever son Serviteur, et il l’a envoyé vous bénir, en détournant chacun de vous de ses actions mauvaises.


Union de prière et de communion devant Dieu, depuis la tombe ou depuis cette table avec clavier et livret de chaque matin, union avec nos morts, avec nos vivants, ensevelissement et résurrection de toute prière.


[1] - Actes des Apôtres III 11 à 26 ; psaume VIII ; évangile selon saint Luc XXIV 35 à 48

mercredi 27 avril 2011

prière d'une journée - inhumation d'un ami

Mercredi (27 Avril) de Pâques 2011,

obsèques d’un moine de Solesmes, qui m’est cher depuis notre rencontre

Dom Jacques MEUGNIOT, retourné à Dieu, le lundi de Pâques 25 avril 2011, dans sa 84ème année. Né à Issy (Paris), le 14 juillet 1927, entré à Solesmes à l’âge de 18 ans (octobre 1945), il émit ses premiers vœux le 3 octobre 1947 et fut ordonné prêtre le 23 août 1953. Il fut hôtelier de l’abbaye plusieurs années durant, enseigna la philosophie, la théologie morale, puis, en 1975, obtint la permission de mener la vie érémitique en Mauritanie. Revenu en France en 2005, pour raison de santé, il rendit service à plusieurs communautés religieuses, comme chapelain, puis, en 2010, revint à Solesmes se préparer à bien vivre sa mort, son passage à la vie de pleine union à Dieu, qu’il a cherché à suivre depuis sa jeunesse. (introduction de la feuille de chant distribuée pour la messe)


. . . dans l’église abbatiale, 09 heures 45 + Il y a quarante-huit ans, je franchissais ce seuil : bâtiment et vie, je rencontrais celui que j’ai longtemps appelé « mon moine ». dans ce lieu, t’attend la plus grande aventure du monde. Il se peut qu’elle commence seulement maintenant. Sur la route, révision de vie présente, relation profonde avec ma femme, avec notre fille, et réalité du temps maintenant très limité qu’il me reste à vivre, au mieux.


L’église, vide apparemment, une seule personne au premier rang de la nef. Au centre du chœur, la « bière » qui n’en est pas une : bois brut, semblant tout d’une pièce, plutôt un accueil en bois, aux dimensions du corps mais à l’air qui restera libre et poignées de cordes. Mon moine, gisant, n’a pas changé de visage, intact, une légère ecchymose sous l’œil gauche, mais l’ensemble du visage, de volumes toujours très prononcés, sans rides ni ridules, n’a pas bougé, peut-être même, mieux rempli maintenant, a-t-il un peu rajeuni, quelques années. Les mains que j’avais remarqué à notre dernier entretien – dernier moment – sont très belles, les ongles soignés L’habit noir, qui n’est pas celui qu’il portait depuis la Mauritanie, grosse toile beige, l’habit conventuel d’ici, une étole noire à quelques broderies, des traits, pas des surfaces, rouges. Je suis allé m’agenouiller, deux moines récitant en latin, je n’ai pas compris vraiment quoi.


Office maintenant, qui n’est pas encore la messe d’obsèques, prévue pour onze et quart, et affichée comme telle avec le nom de mon cher… le mot ne vient pas : frère, ami, mon moine, c’est beaucoup plus, c’est surtout sans équivalent dans ma vie.


Mon ami, même sans projet de partir, m’a toujours semblé extérieur à son monastère, quoique très relié et accroché à lui, lieux et abbé, quelques moines sans doute qu’il ne me nommait et dont je n’aurais d’ailleurs pas retenu les noms. Des évocations plutôt d’une affinité avec l’un, d’un dialogue utilitaire avec un autre. – Dans ce lieu, t’attend la plus gande aventure du monde, il reconnaissait d’instinct dans un groupe, je fus de ce cas, celui qui s’en distinguait (ainsi de mon cher Michel T. de P. venu en « promotion » jésuite de Laval). Etait-ce par rapport à l’exceptionnalité de la proposition locale, faite pour eux, mais qu’ils n’accepteraient pas ou ne comprendraient pas ? et lui-même était de cette espèce, mais il avait sauté le pas, et semble-t-il sans hésitation ni délibération. Cette netteté calme de sa pensée et sans doute de la conduite de sa vie, puisqu’il quitta la Mauritanie sans grande réflexion, en tout cas sans la partager, et pour un seul motif (n’être pas à charge pour raison de santé à venir probablement et assez vite) : plusieurs ou des hésitations sont le fait de pensées qui divaguent et n’ont pas un crible pour les structurer. Le moins que je puisse écrire est que mon ami était structuré. Ce qui n’impliquait aucune rigidité, aucune crispation, c’était au contraire une épousaille de la nature – la nature des idées – des examens selon la réalité. Et il n’était pas prosélyte. Il proposait, avançait, le dialogue en était un et pourtant les aboutissements acquis d’avance, il faisait avancer vers une bonne compréhension de ce qu’il présentait. Ce n’était pas immédiatement la proposition d’un rapport à Dieu ou d’une orientation de vie. C’était toujours, et encore dans notre dernière conversation, une entrée en matière, un énoncé simple, sans références d’auteur. Il ne pensait pas par référence, même d’évangile. Il pensait et exposait une pensée. C’est ainsi qu’il m’apparut, me captiva et que nous nous éprîmes l’un de l’autre. Curieusement, ma recherche d’un état de vie puis quantité de questions, d’impasses et de paradoxes tenant à mon absence de consécration à quoi ou qui que ce soit, ne polluèrent pas notre relation, ne le firent pas me condamner ou me mésestimer. Il ne me suivait pas non plus, nos trajectoires et parcours ne se délibérèrent plus à partir de son installation en Mauritanie et, pour moi, du début de ma carrière diplomatique.


Il advint – ce qui fut patent à nos retrouvailles de la fin de 2000, soit après vingt-cinq ans de silence mutuel – que l’estime et la considération avaient changé « de camp ». Elle était ma révérence et mon attente vis-à-vis de lui, lors de nos premières années. Je le retrouvais dépendant de lui-même, de soucis et problèmes pratiques, égocentré mais pourtant intact de conversation et d’explication du monde – il expliquait et exposait mieux le monde que les gens pour lesquels il procédait par un rappel d’expérience propre, plutôt que par une empathie reconstruisant toute une personnalité dont le portrait aurait alors été donné, indépendamment de lui. Il ne le faisait pas. Etait-ce sa relation à autrui que ce manque ? ou cet aveu qu’on ne connaît autrui que par soi-même ? J'ai compris que c'était un vrai respect et une vulnérabilité, une façon parfois héroïque d'assumer sympathie très vive ou antipathie assez honteuse. Il ne pouvait donc être déçu, et lui-même ne décevait pas s'il était connu : il le fut, bien plus qu'il ne le croyait. Il m'a fallu quarante-huit ans pour comprendre qu'il m'offrait fraternité et amitié, les fondaient sur nos affinités mais aussi nos oppositions, c'était moi le plus exigeant mais en fait le plus amoindrissant. Il m'apprit à rire et à avouer. Tous nos fondements étaient tellement certains que notre présence l'un à l'autre a pu, de plus en plus souvent, dépasser le plaisir tranquille de la conversation, des coincidences, des vues communes d'un instinct analogue, je crois que nous avons beaucoup chanté Dieu sans Le nommer, sans y prétendre, parce que nous étions vivants. Tant de choses - surtout en religion, en vie spirituelle, en conseil d'âme - sont dites et répétées, qui demeurent des choses. Il m'a toujours fait entrer, venir et demeurer quelque part. Il m'a appris et au soir de l'amitié et de la fraternité, il m'a appris que nous étions semblables. Je ne peux maintenant - provisoirement - dire plus ou mieux comment, tout en marchant, il amenait celui qu'il aimait à être de plain-pied avec le meilleur de lui-même, c'était, c'est à moi de conclure : une foi non dite, ce qui, chez un religieux, n'est pas courant. Mais en revanche, une exigence de netteté pour tout exercice des facultés humaines. J'ai appris aussi que l'amitié n'est pas un hasard, pas même un don, elle est une faculté, elle caractérise la vie, elle est probablement l'exercice de Dieu le plus prévenant en nous.

10 heures 51 + Un moine a béni au passage le corps de mon ami, et est resté un instant en génuflexion. Un autre plus jeune, et en service au chœur, s’est agenouillé plus durablement.

11 heures + Cloches. Sourdes. Dernier moment d’une vie, qui n’est déjà plus ce qu’elle fut, fin de l’éphémère. Mon ami dirait que les choses se font dans les règles, comme toujours ici, et même avec cœur et gentillesse. Il ajouterait que tout cela ne fait cependant pas la moyenne relativement à l’importance de la vie, au drame de la vie. Expressions qu’il n’avait plus depuis qu’il savait et vivait que ses jours étaient comptés. Il ne qualifiait plus et les considérations concrètes sur son état personnel, les soins à obtenir, les diverses contingences à organiser étaient désormais nettement séparées du fond de la conversation, qui lui n’avait changé ni de dialectique ni de manière. Auparavant, de notre rencontre – ici, ou plutôt en contre-bas, à la marbrerie, puis non loinn : à l’hôtellerie – aux temps de Toujounine, les deux étaient mêlés, le concret de la vie découlait du fleuve ordonné et puissant, apaisant et si cohérent, fleuve des idées.
Il pouvait anticiper cette journée et en connaissait d’avance toutes les paroles, tous les textes, toutes les attitudes, les lieux, les sons et les couleurs. La cloche est maintenant isolée, elle épèle très lentement.

15 heures 31 + L’église vide, les moines en promenade selon le Prieur, silence, lumière d’ambiance et naturelle. Il se peut que la promiscuité, la banalité des vies, des horaires, des personnalités produisent cette apparence qui me faisait me dire ou me redire, tout à l’heure, attendant l’accueil et le repas, dans le cloître : jamais je n’aurais pu rester, supporter, etc… mais il est plus probable que le bien commun, le but recherché par chacun, tous ensemble, produisent autre chose, cette fameuse aventure, celle de tout disciple.

Tout à l’heure… La messe, en latin, que célèbre (« préside ») le Prieur en l’absence de l’Abbé, obligé d’être au Sénégal pour l’élection de la nouvelle abbesse. Aucune mention spéciale de mon moine, le gisant là comme s’il n’était pas, un voile blanc sur la face. Fin de la messe, sans homélie. Les grands cierges, défilé, sortie de toute la communauté, les laïcs dont la famille. La bière si simplissime, bois d’une seule pièce mais pas cirée, est emportée, le couvercle vissé seulement devant la croix du cimetière. Encensoir et goupillon avant les vis. Pas de plaque ou d’indication sur le couvercle, même bois nu, clair, presque rose, épais, certainement très doux au toucher. Défilé de la communauté, chasubles violettes pour les prêtres, grands cierges.

16 heures 26 + Cette église, ces lieux, cette communauté, ce moine, mon moine… ma vie depuis 1963. Mystère de cette sorte de stabilité, de ces retours à plusieurs reprises. Certitude de grâces reçues, d’une protection, d’une vigilance dont le bilan est impossible à faire, près de cinq décennies, et peut-être ne suis-je qu’au seuil d’une certaine récolte. – Dépouillement de la mort, pas seulement de celui qui meurt, mais asusi de la mémoire qu’il laisse et de son action, de ses inrecessions. Mon tour, bientôt. Que ma femme et notre fille n’en soient pas atteints, que je puisse, selon la grâce et le mystère de Dieu continuer de les accompagner et d’en répondre. + Amen. Grâce de cette vie d’homme, de ce parcours de mon moine, de la fraternité finale qu’accentue la mort, notre mort, quel que soit le décalage chronologique.

. . . de retour, 21 heures 27 + Prier… [1] ce matin, autour du corps, de la bière que mon ami avait décrite d’avance, on a lu dans l’Apocalypse, l’évocation de la cité sainte, parée comme une fiancée pour son époux, où il n’y aura plus de pleurs [2], puis l’assurance donnée aux Philippiens [3] par Paul que le Seigneur Jésus Christ transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire, avec cette force qu’il a de pouvoir même se soumettre toutes choses. Image et promesses que tout vivant, puisque nous sommes mortels, prend à son compte. Je ne reviens ce soir qu’à la marche des disciples d’Emmaüs depuis Jérusalem, le jour-même de Pâques. Comment ne pas voir ce que l’on entend : tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha et il marchait avec eux. Jésus fait repartir tout à zéro. Les Ecritures, l’expérience qu’ont eue ses disciples de son ministère public et de sa prédication. A vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Jésus les écoute. Vous n’avez donc pas compris ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! La leçon d’intelligence spirituelle du Christ ne suffit pas, pas plus d’ailleurs que l’émotion qu’il suscite et dont les compagnons qu’il s’est donnés, au soir de sa résurrection, de LA Résurrection, n’ont pas eux-mêmes pleine conscience et ne s’expliquent pas. Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et qu’il nous faisait comprendre les Ecritures ? Sans doute, mais ce qui détermine tout, c’est quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Autrement dit, le geste le plus significatif pour les disciples est celui de la dernière Cène – geste d’ailleurs annoncé et anticipé par les multiplications des pains. Or, ce geste nous est – dans la foi et selon l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe – aussi contemporain qu’il le fut dans l’auberge d’Emmaüs pour deux jeunes gens familiers de Jésus. L’Eglise et le signe dont elle a la charge, les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : ‘ c’est vrai ! le Seigneur est ressuscité, il est apparu à Simon-Pierre ’. Foi de Pierre valant pour tous tandis que les disciples d’Emmaüs ne donnent que leur expérience : ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain. Les sacrements, les Ecritures, le sacerdoce, la vie religieuse, la chrétienté quotidienne, la suite…


[1] - Actes des Apôtres III 1 à 10 ; psaume CV ; évangile selon saint Luc XXIV 13 à 35

[2] - Apocalypse de saint Jean XXI 1 à 7 passim

[3] - Paul aux Philippiens III 20.21

mardi 26 avril 2011

nous attendons notre vie du Seigneur - textes du jour

Mardi (26 Avril) de Pâques 2011


Prier et supplier… textes d’hier que je n’ai pu lire, ceux de ce jour où nous a quitté ce moine, cet homme surtout que j’ai aimé, avec des éclipses et des séparations, pendant quarante-huit ans, d’une telle exigence de perfection non envers son interlocuteur ou son ami, mais envers l’univers afin que tout coincide avec le beau, le vrai et afin que tout concourt au bien commun. Hantise de la justesse, simplicité et sincérité de l’examen de soi qu’il me fut souvent donné de partager… quand l’Eglise, le monachisme donnent l’homme que nous sommes, que Dieu ne se dit aux tiers que par ce qu’Il fait de l’un de nous, ce qu’Il a fait de l’un de nous… Comprenez ce qui se passe aujourd’hui, écoutez bien ce que je vais vous dire. Pierre, si souvent en dessous de « tout » pendant le ministère public et la Passion de son Maître pourtant adoré et aimé de lui jusqu’à l’impossible, si souvent « à côté de la plaque » avec parfois des lumières : heureux es-tu fils de Jona… ce n’est pas la chair qui t’a révélé cela… (il venait de dire après d’autres et avant d’autres, mais plus solennellement que jamais et au nom de tous : tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant), c’est Pierre qui fait la synthèse, c’est Pierre, l’instrument total de la Pentecôte, de l’Eglise, de l’humanité enfin au fait [1]. Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens. Or, Dieu l’a ressuscité en mettant aux douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir… Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Celles et ceux qui meurent en coincidence de tels textes lus universellement, juste alors : ma mère pendant qu’est évoquée, selon l’Apocalypse, la Jérusalem nouvelle sans pleurs et sans plus beoin d’une lumière naturelle, Jacques M. moine prêtre de Solesmes, apôtre et témoin en Mauritanie. carrière devant les hommes et les frères, ensemencement des intelligences, embrasement parfois des cœurs et communion, mais indicibilité de l’œuvre intérieure de Dieu en lui, en elle, et par eux, en nous. Quand l’un de nous devient, passé à Dieu, le trésor de tous. Je regardais le Seigneur sans relâche, s’il est à mon côté, je ne tombe pas. Les deux réactions, les âmes de mystiques et d’amoureux : et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : ‘Je vous salue’. Elles s’approchèrent et, lui saisissant les pieds, elles se prosternèrent devant lui. Et celle des stupéfaits, ceux d’avant la Pentecôte : chargés de garder le tombeau, ils allèrent en ville annoncer aux chefs des prêtres ce qui s’était passé. Pierre leur répond : comprenez ce qui se passe aujourd’hui, après que les hommes, la société, le tout venant aient dicté l’agnosticisme en chacun de nous : voilà ce que vous raconterez.


Et aujourd’hui [2], Marie-Madeleine restait là dehors, à pleurer devant le tombreau… ‘On a enlevé mon Maître, et je ne sais où on l’a mis’. Tout en disant cela, elle se retourne et aperçoit Jésus qui était là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Il lui demande… Le prenant pour le gardien, elle répond… Jésus lui dit alors : ‘Marie !’ Elle se tourne vers lui et lui dit :’Maître’. Et elle passe de l’accaparement à la propagation de la foi. J’ai vu le Seigneur, et voilà ce qu’il m’a dit. Le relais passe, Pierre, puis l’Eglise, puis nous tous : convertissez-vous.. vous recevez alors le don du Saint-Esprit. C’est pour vous que Dieu a fait cette promesse, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont loin, tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera. Nous sommes chacun pour tout autre, chacun croyant, incroyant, doué ou muet, en crise ou en sensation de bonheur, pour tout autre souffrant, incroyant, agnostique, religieux, spirituel, inculte, enfant ou décrépit, entre sourds et avugles nous sommes tous les pour les autres témoins de Dieu, du salut quoi que nous vivions, du seul fait que nous vivons et serons accueillis au travers de notre mort par ce premier-né si singulier : cesse de me tenir, noli me tangere, je ne suis pas encore monté vers le Père. La complète disponibilité du Christ, c’est plus encore que son incarnation, son retour au Père par la résurrection. Etapes de la vie de Dieu, étapes de notre foi. Quelle nouvelle à donner aux autres ? dont Jésus charge Marie-Madeleine : dans la version de Jean, ce n’est pas le rendez-vous en Galilée… mais des nouvelles selon le plan le plus spirituel : va plutôt trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. J’entends et regarde tandis qu’au chœur de l’abbaye qu’il s’était choisi par clair appel, mon cher Dom Jacques MEUGNIOT (14 Juillet 1927 + 25 Avril 2011), couché entre les quatre planches qu’il plaisantait devant moi, en me montrant de sa fenêtre la tombe qui s’ouvrirait pour lui, regarde maintenant, d’yeux fermés, notre au-delà si prometteur.

[1] - Actes des Apôtres II 14 à 32 ; psaume XVI ; évangile selon saint Matthieu XXVIII 8 à 15

[2] - Actes des Apôtres II 36 à 41 ; psaume XXXIII ; évangile selon saint Jean XX 11 à 18

dimanche 24 avril 2011

et resurrexit tertia die - textes pour ce jour de Pâques 2011

mise en forme ultérieurement - distinction entre texte et commentaire

soir du dimanche de Pâques - 24 Avril 2011


Un retraité vieillissant avec parfois le souvenir de la jeunesse, de la beauté, de l’avenir, lui, des rencontres, des liaisons, une femme, épouse, mère, se sentant vieillir mais au sourire radieux par instants quand… une fillette merveilleusement personnelle, réactive, affectueuse, têtue, pieuse et dissipée… loin des types de société, tous trois, chiens, campagne, mer, arbres, les premiers iris, depuis longtemps glycines et lilas, les effraies au soir, les buses dans la journée, parfois un écureuil, un lapin traversant la voie rurale… les liturgies de la semaine Sainte, l’élévation… le Jeudi-Saint, dans un édifice vaste, tout le doyenné, quatre prêtres, le blanc ivoire, un diacre trop visible, trop jeune, trop conscient de sa beauté de visage et pas transparent à l’homélie abstraite sur l’amour trinitaire, mais les enfants, leur procession pour le reposoir, ce prêtre qui fut le numéro du diocèse qui s’asseoit non loin du Saint-Sacrement et veille… le Vendredi-Saint, s’agenouiller dans le silence pour baiser l’effigie, solitude et communion… tournis de la densité des textes et du retour au vécu quotidien ensuite… que vivè-je alors ? la ligurgie ou le quotidien ? … le Samedi-Saint, les lectures de l’Ancien Testament, tous nous descendons d’Abraham, la déferlante que j’entends de partout, blog. d’un neveu racontant un dîner d’expatriés et une conversation tombant sur l’immigration, l’affirmation qu’une nation ne se fait que contre un ami, voici donc l’Islam, échanges par courriel avec des démonstrateurs passionnants du négationnisme musulman et une invocation de Notre-Dame de la Victoire pour qu’elle ait raison de l’Islam et nous inspire de monter nos barrières, que le cardinal archevêque de Paris prenne le contre-pied du ministre de l’Intérieur sur-révélé depuis qu’il est ministre, et que le pape prêche l’accueil et la mansuétude ne prend pas sur ces passionnés qui me font penser aux Afrikaaner ou à ces Rhodésiens proclamant leur indépendance unilatéralement… une semaine Sainte que je vis, peuplé par la mémoire des miens qui nous ont précédés, par ces amis frères d’enfance qui entrèrent en religion, Jésuites, Franciscains, radieux puis quittèrent, juste avant le sacerdoce ou déjà ordonnés… à mesure que les jours ont passé, j’entrais dans la cour d’Anne, j’étais devant le prétoire, j’ai compté ceux qui étaient au pied du calvaire. Ce matin, la petite abbatiale millénaire, dernier vestige d’une des trois capitales portuaires de la Bretagne, l’estuaire devenu marais, la voûte en bois cirusé, chef d’œuvre de couleurs non-couleurs comme les vitraux de SOULAGES à Conques… notre vieil ami Joseph M., qui seconde pour doubler les messes d’une paroisse à l’autre notre cher Denis M. ; quatre vingt sept ans et quatre vingt… la preuve par la durée autant que la preuve par l’enfance. Notre fille à plusieurs moments, droite, debout à côté de lui. Une liturgie passionnée et passionnante par une telle prise à cœur du célébrant, notre fille observe que trois garçons servent au chœur, pourquoi pas de fille alors que Marie est au chemin de croix et au pied de la croix, elle a raison, son cierge a rallumé le cierge pascal, Joseph l’appelle à ses côtés. Le calice, le vin, les burettes ont été oubliés, on improvise et l’on s’amuse que la vie rende si concrète la célébration. Nous sommes congédiés après une nouvelle profession de foi, peuple de rois, de prophètes, de prêtres, et je viens – tandis qu’en hâte deux disciples rebroussent chemin d’Emmaüs vers Jérusalem – aux quatre évangiles de la résurrection, avec bonheur et reconnaissance. La mort nous voisine, notre fille observe un pendantif au cour de sa mère, je le porterai quand tu seras morte et je le donnerai à ma fille pour qu’elle le porte après moi. Elle a daté ma mort au 23 Juin 2012 avec légèreté, recule ce soir la date à 2018 ou 2014. Elle me dit à sa manière de n’être plus que présent. Elle voulait m’accompagner à l’office de nuit, à la veillée pascale, je lui ai dit de le désirer pour l’an prochain, en même temps qu’elle communiera enfin… du moins « officiellement », c’est-à-dire de la main du prêtre… laissez venir à moir les petits enfants… à côté de nous, une femme plutôt âgée, en compagnie d’une religieuse hors sa communauté, bougonne non sur les lacunes de la sacristie auxquelles j’ai suppléé avec joie, mais sur l’âge du prêtre, prenant sa manière de célébrer qui nous est familière, comme un signe excessif d’âge : pourtant le Canon entier et jusqu’à l’appel à communier, Joseph M. dit tout de mémoire, forme la ronde des enfants autour de l’autel avec lui… et n’appelle pas même à « l’échange d’un signe de paix » tant l’évidence pousse chacun à le donner et à le vivre… ce qui rend plus douloureux, en fin de cérémonie, le choc d’un refus (cette religieuse…) ou d’une rancune ou d’une souffrance intime telle que tout tiers, que tout autre est tenu pour ennemi, responsable, destructeur. Seul murmure mortifère de tous ces jours et soirs. En regard, que de sourires, que d’échanges avec acmée, cette jeune mère baptisant son second enfant après que le premier l’ait été au même autel et qu’elle se soit mariée dans la même : elle est enceinte du troisième, le visage, le couple seraient peut-être banaux en d’autres circonstances, j’ai donné le signal des applaudissements à l’italienne (les homélies de Paul VI à saint-Pierre rythmées, scandées par les applaudissements des fidèles…) qui ne se sont vraiment répandus qu’à l’écho que m’a aussitôt donné, Denis M. qui célébrait hier soir.
Selon saint Matthieu, comme le premier jour de la semaine commençait à poindre, Marie de Magdala et l’autre Marie vinrent visiter le sépulcre. Et voici qu’il se fit un grand tremblement de terre : l’Ange du Seigneur descendit du ciel et vint rouler la pierre, sur laquelle il s’assit. Ainsi, les « saintes femmes » assistent à l’événement quoiqu’il soit indicible et invisible : la pierre est roulée devant elles. A sa vue, les gardes tressaillirent d’effroi et devinrent comme morts. Message de l’ange : il n’est pas ici, car il est ressuscité comme il l’avait dit. Nous saluons aujourd’hui l’accomplissement des Ecritures, mais le premier prophète du Christ, c’est Jésus. Venez voir le lieu où il gisait et vite allez dire à ses disciples : ‘Il est ressuscité d’entre les morts et voilà qu’il vous précède, en Galilée ; c’est là que vous le verrez’… Quittant vite le tombreau, tout émues et pleines de joie, elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. Cela devrait suffire… combinaison des hiérarques juifs : ils donnèrent aux soldats une forte somme d’argent, avec cette consigne : ‘Vous direz ceci : ses disciples sont venus de nuit et l’ont dérobé tandis que nous dormions’… pas mieux que les négationnistes de la résurrection, ni que les ingéniosités d’une non-mort, d’une substitution pour la mise en croix, etc… Et voici que Jésus vint à leur rencontre : ‘Je vous salue’, dit-il. Et elles de s’approcher et d’étreindre ses pieds en se prosternant devant lui. Alors Jésus leur dit : ‘Ne craignez point , allez annoncer à mes frères qu’ils doivent partir pour la Galilée et là ils me verront’. – Privilège chronologique de ces deux femmes, seules au pied de la croix, y étant restées donc jusqu’à la descente du corps, le soir venu. De leurs yeux, l’ouverture du tombeau et le Ressuscité. [1]
Selon Marc, quand le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé (elles sont ici trois) achetèrent des aromates pour aller oindre le corps. Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles vont à la tombe, le soleil étant levé. Les évangélistes, d’accord entre eux, sont précis. Elles se disaient entre elles : ‘Qui nous roulera la pierre hors de la porte du tombeau ?’ Et ayant levé les yeux, elles virent que la pierre avait été roulée de côté ; or, elle était fort grande. Etant entrées dans le tombeau, elles virent un jeune homme assis à droite, vêtu d’une robe blanche… Récits qui varient, elles n’ont pas vu rouler la pierre, l’ange n’est pas assis dessus, donc dehors, mais à l’intérieur. La suite en revanche ne varie pas : ne vous effrayez pas. C’est Jésus le Nazaréen que vous cherchez, le Crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici. Voici le lieu où on l’avait mis. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée : c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit’. La référence de Jésus à lui-même, le rendez-vous en Galilée, Matthieu et Marc écrivent de même, avec la mention de Pierre, mais suivant celle de l’ensemble des disciples : délicatesse du chef des apôtres. L’ambiance esst cependant très différente : elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elle étaient toutes trenmblantes et hors d’elles-mêmes. Et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. Ajout du secrétaire de Pierre : il apparut d’abord à Marie de Magdala dont il avait chassé sept démons. Celle-ci alla le rapporter à ceux qui avaient été ses compagnons et qui étaient dans le deuil et les armes. Et ceux-clo l’entendant dire qu’il vivait et qu’elle l’avait vu, ne la crurent pas. Idem pour les disciples revenant d’Emmaüs : ceux-là revinrent l’annoncer aux autres, mais on ne les crut pas non plus. [2] Matthieu rapporte joie et foi, Marc effroi et incrédulité. Les témoins sont les mêmes : les femmes qui avaient suivi Jésus jusqu’à la croix. L’ange est précurseur, le Christ confirme en personne.
Selon Luc, le premier jour de la semaine, à la pointe de l’aurore, elles allèrent à la tombe, portant les aromates qu’elles avaient préparées. Elles trouvèrent la pierre roulée devant le tombeau mais, étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. On est dans le factuel, le silence, l’impersonnel. Et il advint comme elles en demeuraient perplexes que deux hommes se tinrent devant elles, en habit éblouissant. Et tandis que saises d’effroi, elles tenaient leur visage incliné vers le sol, ils leur dirent : ‘Pourquoi chezrchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici : mais il est ressuscité. Rappelez-vous comment il vous a parlé, quand il était encore en Galilée. Il fait, disait-il, que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et qu’il ressuscite le troisième jour.’ Et elles se rappelèrent sess paroles. Luc écrit de même la rencontre des deux disciples qui avaient quitté Jérusalem et, catéchisés par le Christ lui-même sans Le reconnaître, l’avaient prié de partager dîner et nuit, sans doute, dans l’auberge d’Emmaüs. Les femmes sont traitées en adultes, elles sont autant au fait de la prédication et des prophéties du Sauveur que les apôtres eux-mêmes. Elles ne reçoivent, dans cette version, aucune consigne, et l’ange s’est dédoublé. Elles ne rencontrent pas le Seigneur Lui-même. A leur retour du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres. C’étaient Marie de Magdala, Jeanne et Marie, mère de Jacques (trois donc, mais Salomé est substituée par Jeanne, jamais mentionnée ailleurs, je crois). Les autres femmes qui étaient avec elles le dirent aussi aux apôtres ; mais ces propos leur semblèrent du radotage, et ils ne les crurent pas. Groupe des femmes, sans doute dans leur rôle en s’étant rendues à la première heure, apprêter le corps mieux qu’au moment de la mise au tombeau. Groupe des hommes, les apôtres tous ensemble : incrédules. Pierre cependant partit et courut au tombeau. Mais se penchant, il ne voit que les linges. Et il s’en alla chez lui, tout surpris ce qui était arrivé. Initiative du chef, qui n’apporte aucune lumière de foi mais confirme l’état des lieux [3].

Jean confirme le rôle et la présence de Marie de Magdala mais met les hommes en scène, il est le seul des quatre évangélistes à être témoin oculaire. Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vient de bonne heure au tombeau, comme il faisait encore sombre, et elle aperçoit la pierre enlevée du tombeau. Elle court alors et vient trouver Simon-Pierre ainsi que l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leut dit :’On a enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis’. Sérieuse vaariante ; Marie Madeleine est seul, elle n’a rencontré ni un ange, ni le Seigneur, elle rend seulement compte de ce que le tombeau est vide ce qui provoque les deux disciples, sans doute intimes, Pierre dans la première partie de la Passion suit Jean puis prend peur, renie et disparaît. Les voici de nouveau ensemble, moment décisif. Pierre sortit ddonc, ainsi que l’autre disciple, et ils se rendirent au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble. L’autre disciple, plus rapide que Pierre, le devança à la course et arriva le premier au tombeau. Se penchant, il aperçoit les linges, gisant à terre ; pourtant il n’entra pas. Alors arrive aussi Simon-Pierre, qui le suivait ; il entra dans le tombeau ; et il voit les linges, gisant à terre, ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête ; non pas avec les linges, mais roulé à part dans un endroit. Alors entra aussi l’autre disciple, arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut. Profession de foi tout intérieure. Commentaire à la rédaction de l’évangile : En effet, ils ne savaient pas encore que, d’après l’Ecriture, il devait ressusciter d’entre les morts, Les disciples s’en retournèrent alors chez eux. A quoi donc a cru, croit Jean sur le moment ? Complètement décalée par rapport à la chronologie des évangiles synoptiques, la rencontre entre Marie Madeleine et le Christ n’a lieu qu’après le départ des hommes, qu’elle avait donc dû accompagner. Comme au soir du Vendredi Saint, elle reste sur place. Elle attend, elle est totalement présente. Elle n’est que cela, modèle de prière. Marie se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Or, tout en pleurant, elle se pencha vers l’intérieur du tombeau, et elle voit deux anges, en vêtements blancs, assis là où avait reposé le corps de Jésus, l’un à la tête et l’autre aux pieds. Manifestement, on est au plus près des faits, Marie-Madeleine (dont avec beaucoup d’intuition et de délicatesse, Marguerite YOURCENAR a imaginé une intense proximité avec Jean, le disciple que Jésus aimait : aucune rivalité pour l’amour ou l’exclusivité du Christ, alors qu’humainement… même si c’eût été fort complexe, et peut-être ce le fut) Marie-Madeleine a donc raconté à Jean ses deux moments aux tombeau. Dialogue avec les anges, puis elle se retourna, et elle voit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésuis lui dit : ‘Femme, pourquoi pleutes-tu ? Qui cherches-tu ?’. Le prenant pour le jardinier, elle lui dit : ‘Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je l’enlèverai’. Jésus lui dit : ‘Marie !’ La suite est intense, théologiquement, spirituellement, intimité et distance à la fois. Marie de Magdala vient annoncer aux disciples : ‘J’ai vu le Seigneur’… [4]. Confirmation de ce que seules les femmes ou Marie Madeleine en particulier a vu le Seigneur. Accord des quatre évangélistes sur le vide du tombeau. Accord aussi sur la date et l’heure de la première découverte de l’état des lieux. Un centre : le tombeau, un centre qui est vide. Mouvement d’allers et de retours, sans que soit précisé d’où partent les femmes et les disciples et où se retrouvent les uns et les autres. Apparition particulière. Rendez-vous en Galilée selon les synoptiques, prophétie de l’Ascension dans le texte de Jean., prophétie selon Jésus s’adressant à Marie, tandis que la prophétie de la Résurrection ne l’est pas. L’ensemble est factuel. L’habitude de la foi fait oublier l’énormité de la « chose » qu’au contraire de nous, ressentent les agnostiques ou les tenants d’une égale foi en Dieu mais pas en son Christ (Juifs et musulmans). Pour ces derniers, la résurrection de tous est un dogme partagé avec les chrétiens mais pas explicable, sinon par la miséricorde divine ou pour la nécessité du jugement « dernier ». Pour nous, la résurrection des morts, précisée comme « résurrection de la chair », tient à la résurrection de Jésus, premier né d’entre les morts.

Ce soir, cette nuit, le fait. Les disciples, alors gratifiés de rien mais avertis. Les saintes femmes, et insignement Marie Madeleine, voient Jésus à leur rencontre comme elles l’ont vu mourir. – Un retraité vieillissant hors société, peu d’ingrédient du bonheur : les apparences, y compris pour celui qui en est actuellement recouvert, sont trompeuses, le bonheur a duré, s’est approfondi pendant tout le Carême, a noué les gerbes de l’action de grâces, du bilan, d’une préparation à la mort, d’un renouvellement des certitudes du baptême, pour que tout se partage en famille, en Eglise, en paroisse, entre vivants et morts, correspondants et indifférents. Jeunesse du premier jour de Pâques, jeunesse de tous ceux qui y apportent le vêtement de chaque jour et y reçoivent cet habit éblouissant. Etonnement de Pâques, stupéfaction, perplexité, oeuvre de Dieu. Premier jour de la nouvelle Genèse, création qui recommence, la première, l’ancienne oubliée. L’aveugle, le paralytique, je bondis avec eux. Foi des Apôtres, foi de mes aimées, foi de ces prêtres en liturgie, leur vocation respective, nos étapes à chacun, résurrection renvoyant par anticipation à notre mort, et l’issue de celle-ci par ce que nous recevons aujourd’hui.

Liturgie de ce jour ? ou étape soudaine, pas définie, de la vie ? il n'y a plus d'attente, le présent entier est espérance, au-delà de tous sentiments, de toute sensation, sinon celle de la communion des saints, de la communion universelle : ne plus quitter le mystère. Et voici que Jésus vint à leur rencontre.


[1] - Matthieu XXVIII 1 à 10

[2] - Marc XVI 1 à 13

[3] - Luc XXIV 1 à 12

[4] - Jean XX 1 à 18 passim

journal de maintenant - dimanche 24 avril 2011

vendredi 22 avril 2011

on m'ignore comme un mort oublié, comme une chose qu'on jette - textes du jour . Vendredi Saint

Vendredi Saint (22 Avril) 2011




Prier… hier soir, l’office de la dernière Cène, la nuit rend l’intérieur des églises lumineux et blanc, le blanc-ivoire des ornements sacerdotaux et la ronde des prêtres et du diacre, la bonne cinquantaine des enfants accourant pour la communion puis processionnant pour le reposoir soulignaient cette totalité de l’humanité : vie et mort confondues dans la prière et la réflexion de chacun. Je l’ai ressenti comme jamais, plus mon vieillissement m’avertit quotidiennement de la mort réelle et personnelle, plus grandit et frémit, si gratifiante en moi, la foi en ce dialogue et cet accompagnement de tout homme quand nous passons par la mort, aidés ou pas par nos semblables. Avoir, moi-même, accompagné ce cher… il y a seize mois, et en avoir à son dernier souffle reçu l’assentiment, est un concours inestimable. L’autre est la récapitulation de ma vie, j’ai été et je suis aimé, bien mieux, bien plus et efficacement que je n’ai su et ne saurai jamais aimer. Je ne peux maintenant retenir que les lectures du prophète et de l’apôtre, précédant ce soir celle de la passion selon saint Jean [1]. Je relis par ailleurs, avec la question précise du complot, et aussi celle de l’appréciation des variantes, insistances ou omissions relatives, les quatre évangiles, concluant d’ici demain soir. Question-réponse cependant qui résume tout le destin spirituel de l’humanité : Qui cherchez-vous ? – Jésus le Nazaréen. – C’est moi… Quand Jésus leur répondit : ‘C’est moi’, ils reculèrent, et ils tombèrent par terre. Jésus répond souverainement et complètement de sa personne, et il assume une solitude totale : il l’ordonne. Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir. – Coincidence qu’une télévision nationale et laïque ne pouvait ou n’a pas eu l’esprit de souligner : hier soir, la diffusion d’extraits d’un procès contemporain devenu rétrospectivement marquant et initiateur d’un nouveau cours, d’un nouveau regard, celui d’Adolf EICHMANN. Les procès sont toujours humains, les prophètes et psalmistes insistent au contraire sur ce que Dieu ne s’y attache pas et n’en entretient pas avec sa créature. – Le Christ, pendant les jours de savie mortelle, a présenté avec un grand cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et parce qu’il s’est soumis en tout, il a été exaucé. Je ne suis pas à l’aise dans cette logique, ce lien de cause à effet, encore moins avec cette assertion : Bien qu’il soit le Fils, il a pourtant appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion. Je ne conçois pas l’apprentissage du Christ par le fouet… ni ce constat : ainsi conduit à sa perfection, il est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, la cause du salut éternel. Non, Dieu fait homme ne se perfectionne pas par son humanité, il est d’emblée parfait. Il coincide de tout éternité avec le dessein rédempteur du Père, il en est le Verbe et l’outil. Nous ne sommes pas liés à lui par l’obéissance mais par l’amour et la grâce. En revanche, le Christ effectivement nous ouvre tout, précisément parce qu’il est homme et parce qu’il est homme parfait : en toutes choses, il a connu l’épreuve comme nous, y compris celle de la tentation, en début de sa vie publique et en conclusion. Chaque fois dans un tourment et dans des dialogues intenses, quoique sans témoin, mais dont il a rapporté la substance à ses disciples pour que les évangiles l’aient retenue. Nous pensions qu’il était châtié, frappé par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos fautes qu’il a été a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. Relation du Christ au Père, notre relation au Christ. On peut appeler cela la mort, et espérer vivre notre mort ainsi. Parce qu’il a connu la soufrance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs péchés. Jésus, notre serviteur, bien autrement que de Dieu, puisqu’il est Dieu lui-même, le Christ. Soyez forts, prenez courage, vous tous qui espérez le Seigneur !

[1] - Isaïe LII 13 à LIII 12 ; psaume XXXI ; lettre aux Hébreux IV 14 à 16 & V 7 à 9 ; passion selon saint Jean XVIII 1 à XIX 42

- textes du jour - Jeudi Saint

jeudi 21 avril 2011

j'élèverai la coupe du salut - textes du jour . Jeudi Saint

Jeudi Saint (21 Avril) 2011



Prier… notre monde si complexe, nos réflexes si simplistes, le chemin de Dieu certain mais dont notre conscience et nos sens humains ne nous disent pas tout. Dans le rabat de couverture du dernier agenda de mon père, que je n’ouvre que trente ans après sa mort : En t’appliquant à la lecture divine, cherche soigneusement et avec esprit de foi ce qui échappe à beaucoup, l’esprit des divines Ecritures. Ne te contente pas de frapper et de chercher. Ce qui est le plus important pour obtenir l’intelligence des Lettres divines, c’est la prière. Origène (d’1 lettre à Grégoire le Thaumaturge) Prier… avec lui, avec tous, avec cette mère de famille attendant au Pakistan son exécution selon la loi sur le blasphème. Nous avons eu, popularisée par Voltaire, le chevalier de La Barre. [1] Avec Pierre et Jean, et sans doute bien plus caractérisé que ceux-ci, Judas est est le disciple le plus connu. D’où est venue cette appellation d’un regard discret pratiqué dans une porte. Judas espionnait-il ? les textes ne le rapportent pas. Que voulez-vous me donner si je vous le livre ? La décision de trahir est donc conditionnelle et la démarche exploratoire. La résolution, à lire saint Jean, hier, n’est pas prise. Il y aura l’impulsion le soir de la Cène. Dès lors, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer. Le lieu du dernier repas ne pouvait lui être connu à l’avance : Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal ? C’est Jésus qui donne l’adresse. C’est Jésus qui confirme le traître, après l’avoir maudit : Serait-ce moi, Seigneur ? Aucun ne sait son destin, sauf Judas. Serait-ce moi ? – C’est toi qui l’as dit. Même réponse à Pilate et au grand-prêtre. Jésus valide ce que nous souhaitons, voulons et sommes. Seule exception, Marie, qui elle valide ce que Dieu demande : qu’il me soit fait selon ta parole. Jésus a donc désigné le traître à l’ensemble de ses commensaux, le partage de la nourriture, le baiser du salut. Les gestes de l’affection et de l’intimité. Malheureux l’homme par qui le Fils de l’homme est livré ! Le regard de l’homme sur Dieu. Mon regard – parmi d’autres - sur mon Seigneur. Et celui des miens, à mes côtés ou déjà…

[1] - Isaïe L 4 à 9 ; psaume LXIX ; évangile selon saint Matthieu XXVI 14 à 25

mercredi 20 avril 2011

lecture d'évangile - 1 - délibération et complôt des autorités contre Jésus

il n'oublie pas les siens emprisonnés - textes du jour

Mercredi Saint 20 Avril 2011



Prier… notre monde si complexe, nos réflexes si simplistes, le chemin de Dieu certain mais dont notre conscience et nos sens humains ne nous disent pas tout. Dans le rabat de couverture du dernier agenda de mon père, que je n’ouvre que trente ans après sa mort : En t’appliquant à la lecture divine, cherche soigneusement et avec esprit de foi ce qui échappe à beaucoup, l’esprit des divines Ecritures. Ne te contente pas de frapper et de chercher. Ce qui est le plus important pour obtenir l’intelligence des Lettres divines, c’est la prière. Origène (d’1 lettre à Grégoire le Thaumaturge) Prier… avec lui, avec tous, avec cette mère de famille attendant au Pakistan son exécution selon la loi sur le blasphème. Nous avons eu, popularisée par Voltaire, le chevalier de La Barre. [1] Avec Pierre et Jean, et sans doute bien plus caractérisé que ceux-ci, Judas est est le disciple le plus connu. D’où est venue cette appellation d’un regard discret pratiqué dans une porte. Judas espionnait-il ? les textes ne le rapportent pas. Que voulez-vous me donner si je vous le livre ? La décision de trahir est donc conditionnelle et la démarche exploratoire. La résolution, à lire saint Jean, hier, n’est pas prise. Il y aura l’impulsion le soir de la Cène. Dès lors, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer. Le lieu du dernier repas ne pouvait lui être connu à l’avance : Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal ? C’est Jésus qui donne l’adresse. C’est Jésus qui confirme le traître, après l’avoir maudit : Serait-ce moi, Seigneur ? Aucun ne sait son destin, sauf Judas. Serait-ce moi ? – C’est toi qui l’as dit. Même réponse à Pilate et au grand-prêtre. Jésus valide ce que nous souhaitons, voulons et sommes. Seule exception, Marie, qui elle valide ce que Dieu demande : qu’il me soit fait selon ta parole. Jésus a donc désigné le traître à l’ensemble de ses commensaux, le partage de la nourriture, le baiser du salut. Les gestes de l’affection et de l’intimité. Malheureux l’homme par qui le Fils de l’homme est livré ! Le regard de l’homme sur Dieu. Mon regard - parmi d'autres - sur mon Seigneur. Et celui des miens, à mes côtés ou déjà…


[1] - Isaïe L 4 à 9 ; psaume LXIX ; évangile selon saint Matthieu XXVI 14 à 25

mardi 19 avril 2011

fais-le vite - textes du jour

Mardi 19 Avril 2011


Prier… [1] du plus éloigné au plus intime. Ecoutez-moi, îles lointaines ! Peuples éloignés, soyez attentifs ! J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé. Distance et chronologie, péché et mort aussi, abolis, absorbés en Dieu. Dieu fait homme, partageant et éprouvant nos émotions. Au cours du repas qu’il prenait avec ses disciples, il fut bouleversé au plus profond de lui-même… de mémoire, cette notation vécu ne revient qu’une autre fois dans cet évangile de Jean : devant Marthe, Lazare étant au tombeau, ou peut-être encore ailleurs. Vérifier. Et cette émotion de Jésus dest provoquée par ce qu’il devine de Judas. Lien – relevé par un apocryphe – entre le Christ et l’un de ses disciples, « agent du destin » ? approche de la Passion ? interrogation intellectuelle, la réalité est plus enveloppante et diffuse. Jésus est pris, remué, bouleversé, enlevé. Il s’est d’abord livré à la condition humaine. Partage physique, notamment avec Jean : il y avait à table, tout contre Jésus, l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait. Les autres évangélistes ne présentent pas cette prédilection. Elle est attestée par Pierre qui passe par Jean pour interroger Jésus, qui emmène Jean ou qui est mandé par celui-ci pour aller vérifier au tombeau ce qui est rapporté par « les femmes ». L’identification du traître varie selon les évangélistes. Pour Matthieu, profondément attristés, ils se mirent à lui demander, l’un après l’autre : ‘’Serait-ce moi, Seigneur ?’’ ce qui complique les faits en les présentant de manière fatidique. Jean le donne en souveraineté du Christ qui – avant de faire les gestes de la première messe et de donner le mémorial – communie humainement Judas : il trempe la bouchée et la donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote. Et ce qui passe par ce geste est une possession satanique : nous sommes au cœur de l’énigme de la prescience et de la toute-puissance divine, et pourtant. Et quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. Jésus lui dit alors : ‘’Ce que tu fais, fais le vite’’. Mais à lire maintenant le texte, l’ordre donné – souverainement -, l’ordre qui « déclenche » tout, est-il donné à Judas, le disciple choisi et qui bouleverse son maître par avance ? ou à Satan ? celui dont, si souvent, pendant son ministère public, le Christ a eu raison, lui intimant de se taire puisqu’il connaît mieux que tous les hommes l’identité du Messie… Quand Judas eut pris la bouchée, il sortit aussitôt ; il faisait nuit. L’annonce du reniement de Pierre qui ne peut s’entendre qu’avec la scène effective, ici seulement prédite, est mineure face à l’intensité de ce qui met en scène Judas et de ce dialogue public où Judas, muet, est d’une éloquence implicite extraordinaire, l’éloquence des faits, l’éloquence d’une âme mise à nu par le Christ et possédée par Satan.

Réflexion sur la nécessité, le salut, le destin : Judas, Pierre, le Christ lui-même mûs, emportés ?


Une vie humaine ne suffirait pas à réfléchir et à énoncer ces interrogations, ce mystère.



[1] - Isaïe XLIX 1 à 6 ; psaume LXXI ; évangile selon saint Jean XIII 21 à 38 passim

lundi 18 avril 2011

vous ne m'aurez pas toujours - textes du jour

Lundi 18 Avril 2011

Prier… [1] le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurai-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerai-je ? Lazare, le ressuscité et Marie sa sœur qui embaume le Christ par anticipation – elle avait déjà dû le faire pour son frère… le commentaire de Judas : pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données à des pauvres ? la curiosité « people » des Juifs non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu’il avait ressuscité d’entre les morts. Ces deux mouvements sont décisifs pour situer la Passion et la Résurrection du Christ. La somme pour laquelle Judas livre Jésus est dix fois moindre qu’un parfum, fût-il coûteux : Judas livre son maître, je puis dire : gratuitement, en tout cas pas pour une somme faramineuse, c’était à la portée de Marie. Quant aux Juifs, ils feront garder le tombeau mais n’iront pas constater eux-mêmes qu’il est vide. Le commentaire de Judas, disciple à part entière, est celui de quelqu’un qui est passé complètement à côté : comment les disciples, assez vifs entre eux (les récriminations contre Jacques et Jean quand ceux-ci se mettent en avant), l’ont-ils supporté, devinant le personnage ? sans doute, sur ordre de Jésus. Les Juifs, dans la foule, ils sont enjeu de pouvoir, et dans leur hiérarchie, ils ne sont que jalousie : faire mourir aussi Lazare parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s’en allaient, et croyaient en Jésus. Si l’on oublie, oubli qui fut et qui demeure encore, la parole de Jésus : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font, l’évidence de la lettre évangélique pousse à l’antisémitisme pour de pieuses raisons. Il est vrai que la même évidence pousserait à l’anticléricalisme, puisque tout le débat « politique » des évangiles est une querelle d’influence et de crédibilité entre la hiérarchie religieuse et Jésus qui trouble le jeu d’une attente san fin d’un Messie pré-formaté, au rebours des Ecritures-mêmes alors que celles-ci sont le métier, le gagne-pain et le faite-valoir de cette hiérrachie. Jésus a conscience de son exceptionnalité autant qu’il l’a de nos travers sociaux : des pauvres, vous en aurez toujours, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. Le texte, je ne l’avais pas vu jusqu’à présent, sonne aussi comme un reproche de Jésus envers Marie(-Madeleine) : il fallait qu’elle garde ce parfum pour le jour de mon ensevelissement. Or, on n’y est pas encore sauf à méditer que Dieu, s’incarnant, s’ensevelit dans notre condition, donc dans notre nature mortelle. Surtout si les hommes et les femmes s’entretuent…Marthe faisait le service… d’un bout à l’autre de l’aventure, elle ne change pas de rôle, mais la profession de foi, c’est elle et les gestes d’amour, la posture d’écoute, c’est sa sœur. De Lazare, rien n’est dit, tellement anonyme : mort et ressuscité, frère de deux femmes remarquables nous donnant ensemble tout le modèle chrétien, tout le modèle du croyant, Lazare représente l’humanité entière, occasion pour Dieu de manifester sa prédilection universelle. En regard, Jésus représente l’humanité parfaite, l’outil divin : j’ai fait reposer sur mon esprit ; devant les nations, il fera paraître le jugement que j’ai prononcé. Jésus, le Christ, selon son Père : j’ai fait de toi mon alliance avec le peuple et la lumière des nations ; tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres. Réponse du croyant, de Marthe : j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. Inépuisables textes, inépuisables paroles du Christ telles qu’elles nous sont rapportées. Proximité : on donna un repas en l’honneur de Jésus, nos messes. Elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux. Devant le tombeau, c’est encore par les pieds, prosternée devant Celui qui vient de se faire reconnaître à ses pleurs, à sa détresse, à son amour autant mystique que charnel et féminin, que Marie cherche à retenir Jésus : vous ne m’aurez pas toujours. Et pourtant… (alleluia).

[1] - Isaïe XLII 1 à 7 ; psaume XXVII ; évangile selon saint Jean XII 1 à 11

dimanche 17 avril 2011

- textes du jour

Prier…[1] recherche dans saint Jean des étapes du complôt politique, relecture personnelle des quatre versions de la passion, travail priant que je me donne pour cette Semaine Sainte. Je retiens ce matin le commentateur et le prophète, Paul et Isaïe. Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu, mais au contraire il se fdépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. Impossible d’imiter, de se « configurer », d’imaginer. Il n’y a pas place pour une substitution ou une sainteté humaine par accompagnement du Christ en procès et en croix. Il y a au contraire à s’abandonner devant le cœur-même de la révélation évangélique : deux faits, l’incarnation de Dieu en la personne de son Fils, la remise de cette condition humaine à l’entier de l’humanité. Réponse première de celle-ci, massacrer celui-là. La rédemption se fait par un péché et un manque de discernement autrement plus graves, importants et décisifs que ceux marquant la Genèse et l’emblématique premier couple humain. Isaïe nous donne cependant à vivre les sentiments et l’attitude d’âme du Christ, car la rédemption nous est accordée non par un fait, mais par une relation, l’adoption de nous tous par le Christ, forme évangélique des noces du Créateur avec sa créature, de l’Agneau avec l’épouse qu’est l’humanité entière préfigurée dans sa novation par l’Eglise, quelles que soient les insuffisances pitoyables qui la caractériseront toujours (cf. l’ex-évêque de Bruges, totalement inconscient et irresponsable, mais Pierre reniant trois fois son maître tant aimé, a donné l’exemple si je puis écrire). Nous sommes écrasés par nos péches et lacunes, et Dieu fait homme est broyé par nous. Que vit cet homme alors ? comment vit-il sa passion, LA passion ? J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats. Le Seigneur Dieu vient à mon secours : c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu. [1] - Isaïe L 4 à 7 ; psaume XXI ; Paul aux Philippiens II 6 à 11 ; Passion selon saint Matthieu XXVI 14 à XXVII 66

samedi 16 avril 2011

qu'en pensez-vous ? - textes du jour

Samedi 15 Avril 2011

Prier…[1] Ce qu’il disait là ne venait pas de lui-même, mais, comme il était grand-prêtre cette année-là, il fut prophète en révélant que Jésus allait mourir pour la nation. Or, ce n’était pas pour seulement pour la nation, c'était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. Jean a sélectionné les miracles qu’il rapporte, mais les donne dans le détail, avec dialogues, en véritables scènes. A vérifier, il est sans doute des évangélistes celui qui rapporte le plus des dialogues, et le moins des paraboles. Le débat lumière-ténèbres n’est pas seulement philosophique (ce qui est pris par certains pour de l’ésotérisme ou de la gnose), il est un récit politique, et s’agence avec la narration des miracles. Même technique littéraire : le compte-rendu des dialogues et interventions. Ainsi, Jean nous fait aller du plus vécu soit spirituellement puisque chaque miracle est en détail le cheminement de la conversion à la foi, soit politiquement dans l’enchainement du complot et des décisions contre Jésus, au plus révélé. Jean fait autant réfléchir qu’il donne à voir. Sans doute, prier participe, au commencement de cet acte – autant reçu que voulu : consenti – de ces deux sens de l’âme et de l’intellect. Qu’en pensez-vous ? il ne viendra sûrement pas à la fête. Pourtant, son arrivée dans Jérusalem sera triomphale et achalandée au possible comme sera compacte la foule suivant le dénouement de son procès. Tout le monde va croire en lui… de fait, les nations sauront que je suis le Seigneur, celui qui sanctifie Israël, lorsque mon sanctuaire sera au milieu d’eux pour toujours… ce que transpose et nie à première lecture le Nouveau Testament : les Romains viendront détruire notre lieu saint et notre nation. Vécu selon un mode contingent, rapporté et compris en prophétie donnée puis réalisée. A partir de ce jour-là, le grand conseil fut décidé à le faire mourir. – Je vais reparcourir tout Jean pour déterminer les étapes de la décision des hiérarchies à propos de Jésus. Le prier ainsi, la motivation n’est pas que celle de quelques-uns dans un passé lointain aux plan culturel et chronologique.


[1] - Ezéchiel XXXVII 21 à 28 ; cantique Jérémie XXXI 10 à 13 passim ; évangile selon saint Jean XI 45 à 57

vendredi 15 avril 2011

mon arme de victoire ! - textes du jour

Vendredi 15 Avril 2011

Prier… [1] comment beaucoup de « bonnes âmes » ou d’agnostiques partant d’eux-mêmes et non du fait des Ecritures ont-ils pu soutenir que Jésus n’avait opas « conscience » de sa divinité ou n’a jamais prétendu Lui-même être Dieu ? tu n’es qu’un homme et tu prétends être Dieu … Si je n’accomplis pas les œuvres de mon Père (au pied de la lettre, l’article du Credo : tout a été fait par Lui… le Christ, Dieu fait homme, est le Verbe de Dieu, et comme Verbe, il en est l’ « agent » exclusif, l’exécutant, le « bras », l’acteur… si je puis écrire ainsi ce que je cherche à expliciter et n’a peut-être pas de mot pour le dire), continuez à ne pas me croire. Mais si je les accomplis, quand bien même vous refuseriez de me croire, croyez les œuvres. Ainsi, vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père. Quant à nous, l’œuvre à accomplir, c’est la foi. Elle peut être notre témoignage pour les tiers : ‘’ Jean n’a pas accompli de signe mais tout ce qu’il a dit au sujet de celui-ci était vrai’’ et à cet endroit beaucoup crurent en lui… l’endroit où Jean avait commencé de baptiser, elle est certainement l’œuvre à accomplir en nous-mêmes. L’œuvre du Christ est évidemment la rédemption, mais pas selon un « coup de baguette magique » ou les six jours de la Création. L’épreuve pour le Fils de l’homme est personnelle, physique, morale, toutes les formes d’agression, de souffrance, de compassion, de communion que la nature humaine – son Incarnation – implique et le juste souffrant, exactement comme nous-mêmes, en arrive à l’œuvre première, quotidienne, demandée à chacun : la foi. C’est à toi que j’ai confié ma cause… Les liens de la mort m’entouraient, le torrent fatal m’emportait ; des liens infernaux m’étreignaient, j’étais pris au piège de la mort. Dans mon angoisses, j’appelai le Seigneur, vers mon Dieu je lançai un cri. De son temple, il entend ma voix, mon cri parvient à ses oreilles.

[1] - Jérémie XX 10 à 13 ; psaume XVIII ; évangile selon saint Jean X 31 à 42

jeudi 14 avril 2011

tu observeras mon alliance - textes du jour

Jeudi 14 Avril 2011



Prier… [1] je te ferai porter des fruits à l’infini… Abraham, votre père, a tressailli d’allégresse dans l’espoir de voir mon jour. Il l’a vu, et il a été dans la joie. La vie éternelle, indiciblement autre que les descendances, ascendances et que nos manières de contourner le temps, autre que le temps-même, la mort et la naissance. C’est dans le Temple, pour le rituel et selon nos crispations mentales que Jean situe la plupart des enseignements et des confrontations. Paradoxalement, le Christ, Dieu fait homme ne rencontre pas de disponibilité au dialogue, alors qu’Abraham avec qui débute l’itinéraire de foi de toute l’humanité est l’archétype de ce dialogue. Ce qui me fait remarquer que dans les évangiles, la foule ne dialogue pas, elle est d’une pièce, elle est hostile ou elle croit, tandis que les expressions de foi sont toujours individuelles. Es-tu donc plus grand que notre père Abraham ? Il est mort, et les prophètes aussi. Qui donc prétends-tu être ? … Avant qu’Abraham ait existé, moi, je suis. – Alors, ils rammssèrent des pierres pour les lui jeter. Mais Jésus, en se cachant, sortit du Temple. La divinité du Christ n’est pas, à le voir, l’entendre et l’aimer, une pleiade d’attributs et de prérogatives, elle est une relation et une connaissance, relation et connaissance mutuelles (que nous sommes, nous, appelés à partager) : c’est mon Père qui me glorifie, lui que vous appelez votre Dieu, alors que vous ne le connaissez pas. Mais moi, je le connais, et, si je dis que je ne le connais pas, je serais un menteur, comme vous. Mais je le connais, et je reste fidèle à sa parole. Fidélité qui est sans doute, en Dieu, ce que nous pouvons le moins mal imiter, et à quoi nous sommes constamment invités. Ce sera une alliance perpétuelle par laquelle je serai ton Dieu, et celui de ta descendance après toi… Et toi, tu observeras mon alliance, toi et ta descendance après toi, de génération en génération.



[1] - Genèse XVII 3 à 9 ; psaume CV ; évangile selon saint Jean VIII 51 à 59

mercredi 13 avril 2011

il nous délivrera de la fournaise et de ta main, et même s'il ne le fait pas... - textes du jour

Mercredi 13 Avril 2011



Prier… [1] la vérité vous rendra libres. Jésus a avec ces Juifs qui maintenant croyaient en lui, le ravageur dialogue de Coke en stock, chacun a son syllogisme : nous sommes les descendants d’Abraham, et nous n’avons jamais été esclaves de personne. Comment peux-tu dire : ‘’Vous deviendrez libres’’ ? … Nous ne sommes pas des enfants illégitimes ! Nous n’avons qu’un seul Père qui est Dieu. Jésus venait d’affirmer que Moïse l’avait prophétisé, ce qui lui fait perdre une partie de son auditoire, et il s’aliène ce qu’il en reste en le mettant en contradiction avec Abraham. Viendra ensuite le décisif : avant même qu’Abraham soit, moi, je suis. Le présent texte est singulier car Jésus « joue » dialectiquement avec sa propre mort, avec la certitude qu’il en a et avec le projet qu’en ont ses auditeurs. Il avoue son impuissance que seules la Passion et la Résurrection résoudront pour nos cœurs en donnant toute matière à notre foi : vous cherchez à me faire mourir parce que ma parole n’a pas de prise sur vous. Tragique. Souveraineté de la foi : les justes dans la fournaise de Nabuchodonosor. Béni soit le Dieu de Sidrac, Mlisac et Abdénago, qui a envoyé son ange et délivré ses serviteurs ! Ils ont mis leur confiance en lui, et ils ont désobéi à l’ordre du roi. Ils ont livré leur corps plutôt que de servir etr d’adorer un autre dieu que leur Dieu.

[1] - Daniel III 14 à 95 passim ; cantique Daniel III 52 à 56 ; évangile selon saint Jean VIII 31 à 42

mardi 12 avril 2011

il se tournera vers la prière du spolié, il n'aura pas méprisé sa prière - textes du jour

Mardi 12 Avril 2011


Prier…[1] l’évangile selon saint Jean est à lire ligne à ligne pour en assimiler les affirmations et propositions d’une densité et d’un dépaysement qui demeurent inchangés depuis deux mille ans d’exégèse, ou bien il est à contempler pour les quelques séquences où Jésus dialogue, tout à notre portée, ou bien il est à garder à l’esprit et à prier dans une totale impuissance de tout tenir, retenir et comprendre. L’extrait d’aujourd’hui montre cette réaction – de toujours, les contemporains et nous, perplexes, interloqués. Je m’en vais ; vous me chercherez et vous mourrez dans votre péché. Là où moi je m’en vais, vous ne pouvez pas y aller… Les Juifs disaient… Il leur répondit … Ils lui demandaient… Ils ne comprirent pas qu’il leur parlait qu’il leur parlait du Père… Sur ces paroles de Jésus, beaucoup crurent en lui. Qu’y a-t-il à comprendre ? ou à admettre ? ou à vivre ? Qui es-tu donc ? Or, la pétition de divinité du Christ n’est pas une affirmation d’identité solitaire, une révélation d’un Dieu existant et qu’Il serait (éventuellement). Sans doute, le Christ s’attribue-t-il, nous donne-t-il à entendre le nom-même que la religiuon juive admet comme celui de Dieu : Je suis, la voix entendue par Moïse s’étant approché du buisson ardent. L’essentiel est l’affirmation d’une relation avec le Père, une relation intime, une relation active, une relation « missionnaire ». C’est de lui que j’ai entendu ce que je dis pour le monde… je ne fais rien par moi-même, mais tout ce que je dis, c’est le Père qui me l’a enseigné. Celui qui m’a encoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul parce que je fais toujours ce qu’il lui plaît. Notre comportement alors peut être celui du peuple revenant à Moïse : nous avons péché en récriminant contre le Seigneur et contre toi qui est gratifié sur serpent de bronze, comme nous de la croix rédemptrice. Le regard vers ce serpent de bronze, la garde romaine autour du crucifié. Il conservait la vie !


[1] - Nombres XXI 4 à 9 ; psaume CII ; évangile selon saint Jean VIII 21 à 30


lundi 11 avril 2011

tu ne feras opas mourir l'innocent - lundi 11 avril 2011

Lundi 11 Avril 2011

Prier… [1] la lapidation des adultères, argument contre le Coran et l’Islam, de ceux qui, chrétiens, ont peu lu les évangiles. Femme, où sont-ils donc ? Alors, personne ne t’a condamnée ? – Personne, Seigneur. – Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. Si je « mets bout à bout » les grands miracles identitaires du Christ : eau vive, lumière du monde, résurrection, j’ai la certitude que Jésus se f… du péché, au moins au sens reçu de son époque (les publicains, par profession, sont pécheurs, comme à mon adolescence épouvantée, les prostituées étaient pécheresses) et de la nôtre, nous cataloguons, croyants ou incroyants, selon la matière, selon l’acte, mais pas du tout selon la relation à Dieu ou à nous-mêmes. Le salut n’est pas tant le pardon du péché que la vie (éternelle, en abondance, selon la précision du Christ). Et toi, qu’en dis-tu ? Jésus se différencie, pour ses contemporains, par son rapport avec la législation et la religion. D’ailleurs, toute législation, à notre époque-même (si creuse) de laïcité (aussi ressassée, nouvelle génération idéologique des quelques-uns qui font tout le bruit d’une période) est finalement religieuse, c’est-à-dire totalitaire. Le christianisme n’est une religion que par facilité de classement parmi d’autres objets, il ne l’est pas pour qui le vit. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Jésus est dans le Temple, au cœur du fait religieux de son époque. Qu’enseigne-t-il ? Jean ne le retient pas, il retient l’interruption et la scène qui a tant impressionné les peintres. Jésus s’était baissé, et, du doigt, il traçait des traits sur le sol. Comme on persistait à l’interroger, il se reedressa et il dit… Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol. Ecrit-il ? il sait lire puisqu’à Nazareth on lui apporte les rouleaux et qu’il les ouvre à Isaïe. Ou bien, simplement, il laisse se jouer le jeu de rôles qu’il a commandé… charité et humour, ne pas dévisager ceux qui partent et donc avouent… Les vieillards et Suzanne, beauté et convoitise. Les beaux rôles. Tout est si humain. La justice est autre, celle de Dieu, celles des cœurs non prédateurs, école d’une vie entière que de n’être plus prédateur, qu’on soit homme ou femme. Car la beauté est toujours consciente d’elle-même et tout exercice de fascination est prédation. Tu ne feras pas mourir l’innocent.


[1] - Daniel XIII 42 à 62 ; psaume XXIII ; évangile selon saint Jean VIII 1 à 11

dimanche 10 avril 2011

si tu retiens les fautes, Seigneur, qui donc subsistera ? - textes du jour

Dimanche 10 Avril 2011


Prier…[1] la Samaritaine, l’aveugle-né, la résurrection de Lazare, les détails, la vie d’ici-bas, les affections et les problématiques d’ici-bas. Comme pour l’aveugle-né, le « cas de figure » est pour la gloire de Dieu… Lazare est mort et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Profession de foi acquise de Marthe. Dialectique divine. Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs, venus avcec elle pleuraient aussi, Jésus fut bouleversé d’une émotion profonde. Il connaît la mort des autres. Dialectique humaine. Les nombreux Juifs qui étaient venus entourer Marie et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui. Les deux dialectiques, nous. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Assurance … je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; je vous installerai sur votre terre, et vous saurez que je suis le Seigneur : je l’ai dit et je le ferai. Notre question-affirmation, humble… cependant : Seigneur, si tu avais été là…

[1] - Ezéchiel XXXVII 12 à 14 ; psaume CXXX ; Paul aux Romains VIII 8 à 11 ; évangile selon saint Jean XI I à 45

samedi 9 avril 2011

pourquoi ne l'avez-vous pas ramené ? le sauveur des coeurs droits - textes du jour

Samedi 9 Avril 2011

Prier… sensation de disponibilité du temps et de tout. Action de grâces pour l’existence qui continue de m’être donnée, pour les forces et la foi qui me seront données à l’instant du passage à tout autre, gratitude pour mes aimées et toute rencontre d’amour, pour toute beauté, toute vérité, tout calme. Et d’ici là, d’ici Dieu, memento de tous et de tout. Oraison de tout anniversaire (celle d’hier vécue à la messe du soir) : nous t’en prions, Seigneur, nous qui allons du passé vers ce qui est nouveau, fais-nous quitter ce qui ne peut que vieillir, mets en nous un esprit de renouveau. Pour le Christ omni-scient mais livré à nouveau, une telle prière fut d’agonie, alors qu’elle est pour nous un baptême. [1] Juge-moi, Seigneur, sur ma justice : mon innocence parle ppiur moi. Mets fin à la rage des impies, affermis le juste, toi qui scrutes les coeurs et les reins, Dieu, le juste. Repères et espérance ne sont pas des logiques, des philsophies, elle sont un homme : Jamais un homme n’a parlé comme cet homme ! Réplique de la police du temps à qui il est ordonné de capturer cet homme. Dans la foule, on avait entendu ses paroles, et les uns disaient : ‘‘ C’est vraiment lui le grand Prophète !’’. D’autres disaient : ‘‘C’est lui le Messie !’’ L’argument contre Jésus est qu’on pense le connaître, notamment on sait ses origines. Sonascendance davidique, soigneusement établie par les évangélistes, n’interpelle pas la hiérarchie. C’est de Nazareth, où il a été très mal reçu, qu’il s’agit, du lieu, pas de la filiation, alors même qu’à sa naissance, la prophétie de Michée concernant Bethléem est donnée à Hérode et aux rois mages… : Alors, toi aussi, tu es de Galilée ? cherche bien et tu verras que jamais aucun prophète ne surgit de Galilée ! Quand la raison obscurcit tout. Jésus a un partisan au cénacle de ses amis, Nicodème. Il a connaissance de son sort : Seigneur, Dieu de l’univers, toi qui juges avec justice, qui scrutes les reins et les cœurs… c’est à toi que je confie ma cause. Détourner de moi-même le regard, et comme les pires bourreaux au Golgotha, le tourner vers celui qu’ils ont transpercé. C’est le Christ qui ouvre chaque jour l’école de la confiance et du pardon, qui joue les deux rôles : le mien et celui de Dieu, mon et notre sauveur. Majuscule.


[1] - Jérémie XI 18 à 20 ; psaume VII ; évangile selon saint Jean VII 40 à 53

vendredi 8 avril 2011

il est un démenti poour nos idées - textes du jour

Vendredi 8 Avril 2011

Prier enfin… la leçon d’optimisme, de joie, de bonheur d’un enfant. Sa demande permanente d’une affection manifeste et pas seulement en caresses et paroles, affection manifestée par la priorité, le temps accordé, l’interruption de l’adulte quittant ses occupations, sans doute urgentes ou utiles, mais bien moins que la demande de l’enfant. Notre fille évoque hier soir, pour sa mère, une amie japonaise… elle s’appelle Fukushima. [1] Le prophète Jérémie et la Sagesse concordent, portrait du juste, complôt des impies, vérité passionnante de la psychologie et du dire de ceux-ci. Il est un démenti pour nos idées, sa simple présence nous pèse, car son genre de vie s’oppose à celui des autres, sa conduite est étrange… Il proclame bienheureux le sort des justes, il se vante d’avoir Dieu pour père. Qui sont ces « impies » ? leur méchanceté les a rendus aveugles. Ils ne connaissent pas les secrets de Dieu, ils n’espèrent pas que la sainteté puisse être récompensée… Que projettent-ils ? Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Comdamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un veillera sur lui. Réédition du vivant du Christ précisément : n’est-ce pas lui qu’on cherche à faire mourir ? Le voilà qui parle ouvertement, et personne ne lui dit rien ! Les chefs du peuple auraient-ils vraiment reconnu que c’est lui le Messie ? Mais lui, nous savons d’où il est. Or, lorsque le Messie viendra, personne ne saura d’où il est. Réplique du Christ : Vous me connaissez ? Et vous savez d’où je suis ? Et de dire et de montrer Dieu. Moi, je le connais parce que je viens d’auprès de lui, et c’est lui qui m’a envoyé. Prophétie de la Sagesse : il prétend posséder la connaissance de Dieu, et s’intitule fils du Seigneur. La Bible est une chambre d’échos, et notre vie spirituelle – notre vie – tout autant. Nous le savons bien d’expérience, tambour de notre cœur en notre corps, murmure ou cri de Dieu en nous par la seule conscience de nos besoins, de nos manques, de notre désir de fin et d’accomplissement. Bonheur est un mot faible.

[1] - Sagesse II 1 à 22 passim ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Jean VII 2 à 30 passim

jeudi 7 avril 2011

avc nos pères, nous avons péché, nous avons failli et renié - textes du jour

Jeudi 6 Avril 2011

Prier… [1] Si je me rendais témoignage à moi-même, mon témoignage ne serait pas vrai, il y a quelqu’un d’autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est vrai. … Le Père qui m’a envoyé, c’est celui qui m’a rendu témoignage. Obstacles à la foi : comment pourriez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ! raisonnement et constatation du Christ analogues à ceux de Moïse : ils n’auront pas mis longtemps à quitter le chemin que je leur avais prescrit ! Ils se sont fabriqué un veau d’or en métal fondu. Ils se sont prosternés devant lui, ils lui ont offert des sacrifices… mais pour le Christ, si le témoignage est apparemment de même énoncé que celui de la sortie d’Egypte : les œuvres que le Père m’a données à accomplir, il y a bien davantage : si vous croyiez en Moïse, vous croiriez aussi en moi, car c’est de moi qu’il a parlé dans l’Ecriture. Et ne pas croire au Christ, c’est ne pas croire à Dieu, au Père : vous n’avez jamais écouté sa voix, vous n’avez jamais vu sa face, et sa parole ne demeure pas en vous, puisque vous ne croyez pas en moi, l’envoyé du Père. Dialogue de Moïse avec Yahvé et mission du Christ sont les mêmes : une intercession salvifique. Même notre manque de foi est racheté.


[1] - Exode XXXII 7à 14 ; psaume CVI ; évangile selon saint Jean V 31 à 47

mercredi 6 avril 2011

les morts vont entendre la voix du Fils de Dieu - textes du jour

Mercredi 6 Avril 2011

Prier [1] … Jésus est perçu, identifié par ses ennemis avec bien plus d’exactitude que par ses disciples. Les Juifs cherchaient à le faire mourir, car non seulement il violait le repos du sabbat, mais encore il disait que Dieu était son propre Père et il se faisait ainsi l’égal de Dieu. Comment réagit le Christ ? par deux énoncés, son action, sa relation à Dieu son Père, l’ensemble en toute souveraineté et liberté. Vous serez dans l’étonnement. Comme le Père, en effet, relève les morts et leur donne la vie, le Fils, lui aussi, donne la vie à qui il veut. … Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père. La parfaite image, la totale révélation du Père, c’est le Fils. L’œuvre, le don, c’est la vie. L’enseignement est donné selon l’affirmation de la vie, donc de la résurrection des morts : l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombreaux vont entendre sa voix (la voix du Fils), et ils sortiront. Egalité et soumission : celui qui ne rend pas honneur au Fils ne rend pas honneur non plus au Père, qui l’a envoyé… je ne cherche pas à faire ma propre volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Jean n’expose pas sa compréhension du mystère de Dieu, il rapporte les paroles du Christ sur Lui-même et sur le Père. Le prophète et le psalmiste ajoutent : le Seigneur console son peuple, et de ses pauvres il a pitié… Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les accablés.


[1] - Isaïe XLIX 8 à 15 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Jean V 17 à 30