vendredi 30 mars 2018

quand va mourir la mort - vivre la Semaine Sainte et particulièrement le Vendredi-Saint


rétrospectivement écrit le Samedi Saint
 
 . . . Pointe du Bill, 15 heures 21 + La mort qui peut finir, l’éternité impossible selon les paramètres de notre vie terrestre, mais garantie par la résurrection du Fils de l’homme, et pas comme des ectoplasmes amputés de tout ce que fut et fit leur début terrestre : je crois en la résurrection de la chair et à la vie éternelle (dans cet ordre). Ma propre finitude, rappelée par la fatigue se dépouillant de moi pas facilement, cette épaule droite sans diagnostic tant qu’elle n’est pas échographiée, de rendez-vous dans la discipline qu’en fin Mai pour l’agglomération de Vannes. La mission des époux l’un pour l’autre : le conduire, la conduire au bonheur qui est relation à soi-même et à la vie bien plus que toute situation matérielle ou tout ressenti. Le lieu de nous-mêmes, chacun et tous, la prière. L’émerveillement autant à l’instant qu’en lecture de vie qu’en rencontre si brève soit-elle… de l’autre, quand l’ombre est lumière, présence, qu’elle dévoile.

Expérience… même a contrario. A la minute, un homme jeune monte dans la salle haute de la base nautique, il cherche une poubelle y vider des ferrailles et détritus ramassés sur la plage. Je lui montre. " Bonne Pâque, s’il y a lieu ". Pierre, lui, me répond : " il y a lieu…". Seul à la base, voici deux autres, ils voudraient louer un katamaran, courriel au président de notre club et au chef de base : ils ont appris la voile ici, et citent l’emblématique Pifou. La demande… En pharmacie ce matin, l’une des laborantines s’appelle Marie, l’officine et moi nous nous pratiquons depuis cinq ans (des médicaments pour des relations mauritaniennes en urgence et avec peu d’ordonnance…). Je lui dis que demain à l’aube, quelqu’un l’appellera Marie. Elle cherchait le corps de… ne le trouve pas, voit le jardinier, demande… Marie… Il se présente en l’appelant par son nom à elle, et c’est elle qui reconnaît qui Il est. Rabbouni… Marie, cela vous dit quelque chose ? Mutisme, elle, le pharmacien, les autres clients. Je dis ce qu’il en est. – Deux nuits, un jour et demi, à Toulouse, je n’en connais que la place du Capitole, les rives de la Garonne, visite ancienne à la troisième de mes filleules. Beauté qui n’est pas immédiate, puis le dépaysement devient accueillant. Oui, je suis émerveillé par le tout que les paysages urbains qu’à foison j’ai découverts, interrogés aimés. L’étonnante cathédrale au socle rouge pour un porte-cloches, mais pas une flèche ou un clocher, et à la nef, au chœur non alignés. J’en sors, la jouxte à ma droite le palais national titré en lettres dorées, et à son seuil une façon de guérite ou de cabine téléphonique admirablement « taguée » pour développer la devise de nos Républiques. Mais je veux regagner l’archevêché actuel, ne sait plus retrouver la rue étroite Perchepinte. Je demande à un policier municipal, sortant de la banque qui fait l’angle de la place qui n’est qu’espace, avec une rue que je n’identifie pas, comment aller à l’archevêché. Dom Robert LE GALL, m’y héberge, mon ami fraternel depuis vingt-cinq ans, débuts marqués par les derniers feux de ma belle fonction, et les premiers d’une ultime impasse amoureuse : il pétille d’humour, façon suprême de la charité quand la distance n’est que respect et atteste de son expérience de l’amour divin et de toutes vocations, et chacune a plusieurs étapes. Réponse du policier, le palais national depuis 1793. Conférence que j’ai été invité à donner aux Sciences Po. locaux par le frère de mon compagnon d’examen au permis de conduire… celui-ci casse du béton pour leur père, celui-là multiplie stages et rédactions pour une carrière en ambassade ou dans les lieux où s’observent et s’élaborent les stratégies de défense. Je ne comprends qu’à quelques jours de l’exercice que c’est la Semaine Sainte, et que je manque l’Office du Jeudi Saint. Allez à celui du matin, m’est-il répondu.

Hier soir, juste de retour en fin d’une journée de train qu’ont commencé les admirables paysages le long de la Garonne et du canal du Midi. Un bonheur que je nous voudrais en « trinité », ma femme, notre fille et moi en voiture, tout est en demeures, en semi-remparts, en églises trapues : Port-Sainte-Marie… Marguerite m’a fait acheter de quoi manger un peu, j’escomptais qu’elle ne tiendrait pas à aller à deux offices, tant elle est fatiguée – croissance. Elle a voulu, elle prend une aube de garçon, ma femme n’avait pas pensé à emporter la sienne en allant la chercher au collège, servante d’assemblée. Tout est en bois marron, rien de peint ou d’orné dans le cœur de l’église paroissiale de Noyalo, chaleureuse et petite. L’Office, la Croix, Jésus roi et souverain. Le Père Gwenaël tient ensuite l’église ouverte, se tient à la disposition des pénitents éventuels. Marguerite y va, quoique déjà confessée à l’abbaye de Timadeuc, le mois précédent selon le cycle de sa préparation à la confirmation. Je ne me suis pas préparé, mais comment ne pas lui succéder. N réponse à l’exposé de ma pauvreté et même de ma détresse, le prêtre est d’une exactitude qui me bouleverse. Vous qui avez tellement le don de l’émerveillement, demandez-en la reviviscence. Or, la veille à table avec mon éminent ami Dom Robert, j’évoquais le mot de GOETHE, l’admiration est la plus belle faculté de l’homme. Le moine-archevêque réplique : l’émerveillement. Je comprends la différence, ou plutôt le mouvement : l’admiration est passive, même si elle est déjà un discernement, le consentement à ce qui se perçoit, mais l’émerveillement est actif, prenant, la beauté, la force et nous vibrent ensemble de se donner mutuellement. Et c’est ma pénitence,  le mouvement d’occupation maintenant. Sans nous concerter, notre fille et moi écrivons la même intention de prière. – Le thème de ce qu’il m’était demandé d’exposer : être ambassadeur, ma mention du Jeudi Saint que je ne célèbre pas, donnant la préférence à mes jeunes auditeurs, fascinants de bonne volonté, de disponibilité mais aussi d’un manque de maîtres, de mentors, de cadres. Je suis attisé (plus de cent participants à la proposition du cher Thibault C. et de son association, plus de cinquante adresses internet recueillies en conclusion, et déjà des messages). Je vais tenter de me faire inviter à intervalle si possible mensuel et par l’Institut d’Etudes Politiques en tant que tel : être présent aux étudiants à la demande, exposés, débats, conseils tête-à-tête tout en faisant retraite et communion avec mon merveilleux ami. Et pourquoi pas ? une conférence de même genre que la mienne, aux mêmes étudiants : être archevêque. J’en ai un sous la main…

 Autre rencontre encore, une jeune fille qui répond  affirmativement : la Semaine Sainte, elle la suit. La place que je tente d’occuper dans une queue de TGV plutôt que d’aller m’asseoir en banc de métro à mon numéro, est la sienne, et elle la prend donc. Travailler « sur » son ordinateur. Comme nous allons descendre à la même gare, conversation : assistante parlementaire, deux mi-temps, le député d’Haguenau, et celui de Narbonne. La République en marche. Je donne mon couplet : le soliste et beaucoup de pages au J.O. mais quoi est fait ou se fait ? Elle m’adresse à BLANQUER dont je reconnais le CV, j’apprends le dédoublement des classes primaires comme premier actif du mandat en cours (ma chère femme nuancera : seulement trois classes en Morbihan). Dialogue suivi par tout le compartiment. Je demande et obtiens ses coordonnées internet sur le quai de notre gare d’arrivée à Vannes, et sous la pluie juste quand arrive à ma rencontre ma chère femme. Je vais suivre. – Les désordres et violences dans plusieurs universités, réseau d’un de mes accueillants à Sciences-Po. Toulouse : fantasme ou souhait du grand précédent : Mai 68. Le mouvement du 22 Mars avait eu son début vraiment français : la liberté sexuelle, à l’exact rebours des pudibonderies et pénitences légales e réglementaires qui se concoctent et se débattent. Voici qu’aujourd’hui le commencement aurait pour origine une folie ou un forfaiture. Le recteur de Montpellier aurait mandaté une bande de cagoulés, pour « casser » le mouvement d’occupation (ne pas appeler la police, procédure probablement déconseillé par le ministre, surtout s’il est « bien ». Manque de p…, filmé et mis n examen. Mais c’est peut-être l’allumette dans la pinède. L’actuelle monocratie sauvée par l’indigence des syndicats (ou plutôt de leurs dirigeants) : incapables d’union dans les mouvements et « mobilisations ». L’erreur impardonnable de MARTINEZ ne concertant pas la date prochaine pour une nouvelle manifestation, et la fixant à trois jours du congrès de MAILLY… et incapables de donner une force et une sémantique nationales, la réclamation de tous, à ce que le gouvernement va appeler, comme tous ses prédécesseurs (novation…) : le refus égoïste des cheminots gavés, privilégiés et gâtés. La réclamation nationale, c’est évidemment celle de la démocratie, premier degré de la participation et celle-ci impérative pour qu’effectivement les Français à l’unisson avancent et surtout inventent. Et puis assumer continuité et héritage, surtout quand on a été, moins en vue, mais autant ou presque aux manettes pendant le mandat précédent… Que notre déficit public « tombe » pour la première fois au-dessous des 3% du PNB tels qu’exigés par le  traité de Maastricht, cela ne s’est pas fait en un trimestre de confection et de votation budgétaire, mais en plusieurs années… peut-être obscures, dont l’efficacité se vérifiera surement.

Il y a eu tout à l’heure une barre sur la mer grise. En début d’après-midi c’était au profond de ce golfe du Morbihan, le film argenté, étincelant d’un fleuve : la marée montante. Maintenant voiles, supports et planches sont lavés et rangés.

Cette nuit, toutes les étapes de notre foi à revivre et réaffirmer, à motiver selon ce que nous avons reçu. Cent six catéchumènes dans le diocèse de Toulouse, une dizaine musulmans… taxi uber avant-hier soir. Le chauffeur Quoique de physique et d’accent locaux se dit musulman, il réagit  à l’évocation de ce qui se vit, la Semaine Sainte, il en sait le sens,  j’évoque la lecture la plus facile l’évangile de Luc, vous installer tranquillement lire d’affilée, avec whisky, vous laisser aller jusqu’à être arrêté par une phrase et alors y demeurer. Il acquiesce vivement et cite Cana, l’eau changée en vain. Kabyle, berbère donc, judéo-chrétien d’origine. Je prends son numéro de téléphone, il ne pratique pas l’internet. Je pense à mon voisin de salle d’attente aux urgences il y a quinze jours, lui-aussi musulman, sans pratique et craignant explicitement « le jugement ». Je lui rappelle l’ouverture de chaque sourate du Coran : Dieu miséricordieux et compatissant… et combien l’Eglise est depuis deux décennies ou trois en prière très insistante et prêchée, adonnée à la miséricorde divine.

 écrit rétrospectivement, dimanche de Pâques

08 heures 15 + Je termine maintenant ma méditation du Vendredi-Saint et les textes de l’Office de la Passion [1]. Oui, le roi de gloire… Quand Jésus leur répondit : « C’est moi, je le suis », ils reculèrent, et ils tombèrent à terre…  Es-tu le roi des Juifs ?  … Alors, tu es roi ?... Voici, votre roi… Vais-je crucifier votre roi ? Le premier converti, dans les heures et circonstances de la Passion, est bien Pilate, la plus haute autorité païenne de l’époque pour les Juifs et l’occupant. Il est sans a priori, c’est un sceptique : qu’est-ce que la vérité ? ce qui n’a pas empêché son discernement : moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation… Voyez, je vous l’amène dehors pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation… Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher. Mais il est peureux, la foule, sa hiérarchie… si tu le relâches, tu n’es pas un ami de l’empereur. Quiconque se fait roi s’oppose à l’empereur. C’est pourtant ce titre que reconnaît à Jésus le Romain : Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix ; il était écrit : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs ». Il a cru, il croit. Mais décisivement, pas la hiérarchie religieuse et sociale des contemporains du Christ : Alors les grands prêtres des Juifs dirent à Pilate : « N’écris pas : ‘’Roi des Juifs’’, mais cet home a dit : je suis le roi des Juifs. Ce qu’en fait, Jésus n’a jamais dit, roi, totalement et simplement. C’est un autre Romain, témoin insigne de la mort du Rédempteur qui va au bout de la reconnaissance, mais ce n’est pas une observation de Jean : vraiment, cet homme était le Fils de Dieu [2]. Il manque évidemment – décisivement – le temps grammatical. Vraiment, cet homme est le Fils de Dieu. Les synoptiques ne rapportent d’ailleurs, mais quelle est leur source, sinon saint Jean ?  ou la Vierge Marie pour Luc ? qu’une reconnaissance encore incomplète : un juste…, fils de Dieu, il manque l’article défini, l’exclusif. Le Fils de Dieu, lui qui se présentait Lui-même, Fils de l’homme. Oui, adorer maintenant et toujours, embrasser ce qui porta et martyrisa la chair, la chair-même qui va ressusciter, ce qu’alors personne n’attend. Pas même, une espérance et une imagination. Alors que tout au long de Son ministère public, le Christ annonçant Sa passion chaque fois que l’enthousiasme prend Ses disciples, la lie à Sa résurrection et date celle-ci…

Roi, mais obéissant. Non par ordre, mais par Sa relation-même à Dieu, à Son Père, au Père. Ce n’est pas de la subordination, c’est de l’amour, c’est l’amour. Cette démonstration est le fond de notre rédemption. Le péché, à sa racine, a été désobéissance : Adam et Eve, les Hébreux au désert. La Rédemption est donc obéissance. Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l‘obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel. C’est l’analyse de la lettre aux Hébreux. La chair humaine du Fils de Dieu fait homme, est portée à sa perfection, c’est ainsi qu’elle va mourir, ainsi qu’elle ressuscitera. Humain parmi les hommes, Jésus va au bout de la logique ineffable de la Rédemption , ce qu’a prophétisé Isaïe. Il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs. C’est vivre et réaliser absolument la dialectique du Magnificat et des Béatitudes : l’inversion de toute hiérarchie, de toute possession, de toute situation…parmi les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissant il partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même.

L’église de Noyalo… Marguerite et moi y sommes arrivés en avance… tout était marron, tout était bois, images que je n’ai pas eu le réflexe de saisir, ce sera l’an prochain si Dieu me le donne en vie et en prière. Ce qu’il me vient alors…  la grâce d’être vieux, malade et, un jour pour nous tous, la grâce d’être mourant : c’est la proximité de Dieu, alors je ne suis même pas en demande, je suis dépendance, porté, emporté. – Homélie du Père Gwenaël. Les trois dons du Jeudi-Saint, la charité en acte, le sacerdoce, l’eucharistie… les trois dons du Vendredi-Saint : l’humilité, le salut, la liberté. Nos croix fleurissent avec le Christ, accepter notre croix avec espérance, et celle du Christ avec confiance.

Extrait d’une lettre d’un catéchumène à Toulouse, que nous lisait le matin du Jeudi-Saint, le cher Dom Robert : il y a des larmes d’amour qui durent plus longtemps que les étoiles du ciel.


[1] - Isaïe LII 13 à LIII 12 ; psaume XXXI ; lettre aux Hébreux IV 14 à 16 & V 7 à 9 ; évangile selon saint Jean XVIII 1 à XIX 42
[2] - A la vue de ce qu’il s’était passé, le centurion glorifiait Dieu, en disant : « Sûrement, cet homme était un juste » . évangile selon saint Luc XXIII 47 – Voyant qu’il avait ainsi expiré, le centurion, qui se tenait en face de lui, s’écrira  « Vraiment cet homme était fils de Dieu » . évangile selon saint Marc XV 39 -  Quant au centurion et aux hommes qui étaient avec lui gardaient Jésus, à la vue du séisme et de ce qu’il se passait, ils furent saisis d’une grande frayeur et dirent : « Vraiment celui-ci était fils de Dieu » . évangile selon saint Matthieu XXVII 54



de Dom Robert pour ce Vendredi Saint


VENDREDI SAINT
30 MARS 2018
EN LA CATHÉDRALE SAINT-ÉTIENNE
DE TOULOUSE

            Le disciple que Jésus aimait ne parle ni de l’institution de l’Eucharistie ni de l’agonie de Jésus. Il est vrai que tout le chapitre 6 est consacré au Pain de vie, ce pain qui est sa chair, « donnée pour la vie du monde » (51). Ce qui frappe dans la Passion selon saint Jean, c’est la majesté de Jésus. Par deux fois, au jardin des Oliviers, il demande : « Qui cherchez-vous ? »  On lui répond : « Jésus, le Nazaréen ». Sa réponse est : « C’est moi, je le suis ». Le grec est plus lapidaire : Ego eimi, littéralement « je suis », la formule même de l’identité divine depuis le Buisson ardent. La passion johannique est royale.
            Cependant Jésus connaît avant le lavement des pieds un bouleversement profond, son agonie du 4e Évangile. Il vient de parler du grain de blé qui reste seul s’il ne meurt, et il continue : Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? Père, sauve-moi de cette Heure ! Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette Heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! Alors du ciel vint une voix qui disait : Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore » (12, 27-28).
            Le Père parle peu dans les Évangiles, encore moins dans saint Jean, qui ne rapporte pas sa parole au moment du baptême de Jésus : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie » (Mt 3, 17). Il mentionne cependant ces paroles adressées au Baptiste, qui ne peuvent être que celles du Père : « Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint” » (1, 33). Jean ne relate pas non plus la Transfiguration, où le Père prononce le même témoignage qu’au baptême dans le Jourdain. Par contre, le Père se manifeste au moment crucial où Jésus frémit à l’approche de sa Passion. Cette voix venue du ciel qui commence par « je » ne peut être que celle du Père : elle annonce la glorification de son Fils. À vrai dire, c’est le Fils qui, dans l’angoisse de sa Pâque, s’écrie : « Père, glorifie ton Nom ! » Mais lui répond : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore ». Quoi donc ? son propre Nom de Père ou la personne de son Fils ? L’un et l’autre assurément, car tout le mystère de la personne de Jésus est son unité avec le Père. La grande Prière, qu’on appelle « sacerdotale » de Jésus avant sa Passion, que seul rapporte saint Jean, commence ainsi : « Père, l’Heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie » (17, 1).
            Comme nous le savons, dans le langage de saint Jean, la glorification de Jésus est liée à son élévation sur la Croix : élévation physique sur le terrible gibet, mais aussi glorification de l’amour qui est allé jusqu’au bout. Dans le chapitre sur le Bon Pasteur, Jésus déclare : « Voilà pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever, je la donne de moi-même » (10, 17-18). Ces mots de Jésus résonnent fortement ce Vendredi saint, huit jours après l’offrande de sa vie faite par le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, ce soldat disciple de Jésus, lui aussi donné, livré, glorifié.
            Pour contempler le mystère de la Croix glorieuse, il nous faut superposer quatre scènes évangéliques : la manifestation du Père au baptême de Jésus d’abord, ensuite sa parole à la Transfiguration, et celle qu’il prononce au moment où Jésus va être élevé : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore ». Jésus poursuit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous. Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ». « Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir », commente le disciple que Jésus aimait. La quatrième scène est la crucifixion, où il faut lire sur la Croix, en même temps que Jésus de Nazareth, Roi des Juifs, mais en lettres intérieures : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, comme je l’ai vu inscrit sur une croix cet après-midi, pendant le chemin de croix animé en cette cathédrale par les chrétiens du Quart-Monde.
Rappelons-nous la parole de Jésus au chapitre sur le Pain de vie : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (6, 44). Parce qu’il est ressuscité, parce qu’il a été glorifié le troisième jour. Hosanna.             

jeudi 29 mars 2018

de Dom Robert - tandis que je donne ma conférence aux "Sciences-Po" de Toulouse






JEUDI SAINT
29 mars 2018


Il suffit d’aimer.
C’est le titre d’un film célèbre sur Bernadette.
Elle a vu poindre dans la grotte de Lourdes
la lumière de la Résurrection.
Le tombeau était vide au matin de Pâques.
La grotte est vide maintenant,
mais notre foi nous fait voir au-delà ;
elle se ravive à la flamme des cierges à Lourdes
dans l’offrande de nos vies traversées d’angoisses et de joies.
Nous y étions les évêques de France la semaine dernière,
portant à Notre Dame nos soucis et nos espérances.

Célébrer la Pâque, c’est entendre sonner l’Heure ;
nous venons de l’entendre à l’instant :
« Sachant que l’Heure était venue pour lui
de passer de ce monde  à son Père,
Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde,
les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1).
Il suffit donc d’aimer, il faut apprendre à aimer, à bien aimer,
à aimer en actes et non en belles paroles,
à aimer jusqu’au bout, c’est-à-dire chaque jour.
C’est bien ce que Moïse demande déjà au peuple de l’Exode :
« Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique.
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,
de toute ton âme et de toute ta force » (Dt 6, 4-5).

J’ai été impressionné cette année par les témoignages
des catéchumènes qui vont être baptisés au cours de la Vigile pascale.
Un grand nombre d’entre eux chantent l’expérience
qu’ils font de l’amour de Dieu pour eux.

·        « L’homme ne se trouve lui-même qu’en se donnant :
aimer, c’est servir l’autre. La bonté se propage et se démultiplie.
Pour moi, vivre en enfant de Dieu, c’est partager cet amour de Dieu.
Dieu nous montre son amour tous les jours et en toutes choses.
Il est partout. Il est intemporel. Il est grand.
Pour moi, c’est dans le pardon que s’exprime tout l’amour de Dieu,
ainsi que le message du Christ. »

·        « Je voudrais vous parler d’amour et de choix.
Le mot qui définit le mieux mon rapport à la foi catholique,
c’est l’Amour. L’Amour de Jésus.
L’Amour que nous pouvons partager avec notre entourage,
l’Amour que je souhaite insuffler à mes enfants. »
Le lavement des pieds que nous allons revivre
signifie cette disponibilité de fond pour aimer dans le concret de nos vies.

·        « Il est Amour ; c’est grâce à lui que l’on peut aimer et être aimé ».

·        Une femme m’a écrit : 
« Je me suis sentie accueillie, aimée pour ce que je suis, je me suis sentie vue ».
Sainte Bernadette, après ses conversations avec la Vierge immaculée,
a témoigné : « Elle m’a regardée comme une personne ».

Oui, frères et sœurs de cette Pâque où nous entrons :
aimons
ces fêtes qui nous font renaître,
qui mettent de la lumière dans nos cœurs et dans nos yeux !
« Il y a des larmes d’amour, ai-je pu lire encore,
qui dureront plus longtemps que les étoiles du ciel. »
Il suffit d’aimer.




la march au baptême, grâce pour un adulte relativement aux baptisés de naissance


APPEL DÉCISIF
DIMANCHE 18 FEVRIER 2018
EN L’ÉGLISE DU CHRIST-ROI

Le plus grand nombre des catéchumènes
est représenté par de jeunes couples de 29 à 45 ans
ayant deux ou trois enfants

Nicolas, chauffeur routier, pour Saint-Étienne. Grâce à sa fiancée.
Marie-Alizée. St Étienne. Alors, voilà, nous y sommes ! Choix laissé après éducation chrétienne. J’attends la joie de faire partie de la communauté de manière officielle et de me sentir plus légitime à diffuser les valeurs reçues.
Alexandra. St Étienne. Lourdes épreuves près d’un mari tyrannique à Paris ; à Toulouse, paix dans la prière, avec sa fille, près de sa mère entrée en maison de retraite. J’ai découvert l’Amour universel et inconditionnel. Aimez-moi comme je vous aime.
Clara. Saint-Étienne. Cette démarche prend ses racines très tôt dans mon existence, mais j’ai eu une forme de déclic lorsque mon papa est tombé malade. Je suis violoniste, et à travers la musique et la beauté de l’art, j’ai toujours eu le sentiment qu’il existait quelque chose de plus grand que moi, quelque chose qui me dépassait. En jouant du violon, il m’arrive de connaître des instants de grâce, des moments où le temps semble s’arrêter et lors desquels j’ai l’impression d’être portée. Pendant longtemps je n’ai pas su mettre des mots sur cela.
Paul. Saint-Étienne. 31 ans, papa depuis septembre. Mécanicien armée de l’air. Famille catholique, mais mes parents, lorsque j’étais enfant, m’ont « oublié » ! Études, travail, jusqu’à la démarche à la paroisse de la cathédrale. Les personnes qui accompagnent sont très à l’écoute et patients. C’est à chaque fois un très bon moment, plein de bonne humeur, de discussions, de partage. Moment d’explications, qui permettent un changement dans ma vie, notamment dans le regard sur les autres. Avec du recul, je suis maintenant heureux d’avoir été oublié petit, cela me permet de redécouvrir cette religion et de la voir avec mes yeux d’adulte. Cette préparation est vraiment pour moi très enrichissant, autant sur le plan religieux que sur le plan humain. Elle me permet de me recentrer sur la vie, sur les choses importantes comme l’amour de la famille, le partage, vivre en paix et sereinement, le tout sans être happé par la vitesse de la vie quotidienne. Mon épouse et ma fille étant baptisées, il est important pour moi d’être baptisé également, afin de pouvoir partager et vivre notre foi ensemble.
Geoffrey. J’ai pour ma part toujours eu l’impression dans les bons comme dans les mauvais moments d’être guidé, protégé et aimé. J’ai le sentiment d’être encadré, protégé et d’offrir un cadre autour des valeurs chrétiennes à notre famille, sur lequel je peux ou nous pouvons nous reposer. Lors des prières, je me sens écouté ou entendu. Les rencontres que l’on a pu effectuer depuis notre démarche, la réflexion qu’elle suscite auprès de nos proches ou amis et les moments de partage sont bénéfiques à notre quotidien et je remercie Dieu d’être venu à ma rencontre.
Charlène, épouse de Geoffrey. Pas baptisée par des empêchements familiaux. Les années ont passé, je ne suis pas baptisée, mais je sais qu’Il était là… Je le garde pour moi, je n’ose plus le dire. Dieu m’a toujours accompagnée dans son amour, un amour sans doute, il est là. Avec mon mari, je redécouvre l’amour, cet amour sans condition et de totale confiance. La démarche vers le baptême a renforcé nos liens et a fait rentrer tellement de joie dans nos familles qui nous soutiennent.
Richard Agueminhaï. Champion savate boxe française. À chaque fois que nous allons à l’église en famille, j’en ressors toujours content, car j’entends toujours la bonne parole et des réponses à mes différents questionnements. Je veux surtout apprendre à aimer comme Dieu aime.
Gildas. Je n’ai eu le déclic pour le baptême qu’à 25 ans. Je le prends comme un signe de Dieu, signe qui se renouvelle à chaque prière quotidienne.
Matthieu. Mes parents baptisés, mais non pratiquants, ont décidé de me laisser le choix pour plus tard. Ayant toujours eu la foi en Dieu depuis l’enfance, je me suis toujours senti chrétien et proche de l’Église. Je me rapproche du Seigneur chaque jour et l’amour de Dieu m’a permis de devenir un homme meilleur.
Bautista Puez (femme). Dans une grande peur du mal, je suis entrée dans une église, où je me suis sentie seule, mais je suis retournée quelques jours plus tard à la messe : c’était une évidence. Je vivais quelque chose de fort. Je crois que je peux dire que c’était l’appel, celui que tout chrétien reçoit un jour.
Meuy (May) Joséphine. Laotienne, qui avait avorté de son premier enfant. Religion de convoitise, de jalousie, de peur et de violence. L’altruisme, la tendresse, la bienveillance et l’amour n’ont pas fait partie de mon éducation. Dans la prière, l’enfant avorté, Joseph, était pris par la Vierge Marie et baptisé dans le sang de Jésus. Bonnefoy, Père Jean-Yves-Marie : Aller à l’église tous les dimanches est devenu avec le temps un besoin vital. À chaque fois, j’en ressortais remplie d’amour, heureuse, bénie. Mon attitude envers les gens différait, l’Esprit Saint agissait en moi. Je ne suis plus la même personne qu’avant, je ressens la présence de Dieu en moi.
Virginie avec ses trois enfants (depuis le pèlerinage du Rosaire).
Jeannine. Je me suis sentie si bien accueillie dans ma fragilité par les chrétiens du quartier que cela m’a poussée d’autant plus pour le baptême et d’entrer naturellement en relation avec les paroissiens, mais surtout avec Notre Seigneur, alors je me suis laissée faire. Je me suis vite apaisée. La prière m’a libérée. Trop de merveilles m’ont été données. Cet Esprit d’amour, c’est mon plus grand bien. J’aime maintenant si fort Notre Seigneur, son Fils, Marie et tous les saints que je découvre peu à peu. Connaître Dieu m’a permis de me connaître moi-même et les autres, de me rouvrir, rester pure, douce, enlever la dureté que l’injustice et les douleurs avaient mises en moi, combattre l’amertume. Je suis redevenue un petit enfant mais avec la sagesse en plus. Puis j’ai envie de dire : j’ai l’amour de l’amour, la tendresse du Christ. Toujours quand je pense à cette gloire de l’amour, mon cœur déborde de joie et d’amour pour le Père et tout le monde. Je n’ai jamais connu une telle joie.
Lila. Née d’un parent chrétien et d’un autre musulman. Mais je me suis toujours senti plus chrétienne que musulmane. Mon désir profond, c’est que Dieu demeure dans ma maison et dans ma vie de tous les jours.
Lewis, Ivoirien. Passé d’église en église en Côte d’Ivoire. En France avec sa femme, fréquente l’église. J’ai une autre vision de la vie aujourd’hui et grande est ma joie en Jésus Christ notre Seigneur.
Sylvie Caradec. J’ai découvert un groupe super sympa (Père Dao) qui m’a donné envie de revenir. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a un avant et un après : ceci a transformé ma vie, transformé mon regard sur le monde et sur moi-même.
Yvan. 72 ans, professeur éducation physique, guitariste, divorcé. Enfant de communistes, j’ai échappé à leur surveillance à 5 ans et suis entré dans une église ; je les ai toujours aimées. J’ai souvent pensé qu’il y avait au-dessus de moi une étoile bienfaitrice, une protection indéfinissable que je n’arrivais pas à percevoir. En fait, c’était sûrement Dieu que je ressentais et de qui j’étais à la recherche. Sylvanès depuis 8 ans. Avec les guitaristes de La Croix-Falgarde pour l’animation des messes du dimanche. Accueil chaleureux des bénévoles de la paroisse. Maman de 103 ans avertie du baptême à venir.
Mireille. Père musulman, mère catholique : laissée libre de choisir ; agnostique. Dès l’âge de 20 ans, j’ai ressenti l’appel du baptême. Père Rouchi, mais occupée. Père Pagès Saint-Joseph.
Anna. 19 ans. Si aujourd’hui je suis quelqu’un de meilleur, c’est grâce à Dieu. Avant de connaître tout ce que j’ai appris lors de ma préparation, je ressentais un énorme mal-être qui se dissipe petit à petit. Cette phrase m’a touchée : « Il y a des larmes d’amour qui dureront plus longtemps que les étoiles du ciel ».
Audrey. Aérospatiale, compagnon qui a connu une faillite de commerce, qui avait deux enfants ; ensemble ils en ont un et un autre arrive. Belle lettre. « L’homme ne se trouve lui-même qu’en se donnant : aimer, c’est servir l’autre. La bonté se propage et se démultiplie. Pour moi, vivre en enfant de Dieu, c’est partager cet amour de Dieu. Dieu nous montre son amour tous les jours et en toutes choses. Il est partout. Il est intemporel. Il est grand. Pour moi, c’est dans le pardon que s’exprime tout l’amour de Dieu, ainsi que le message du Christ. » Je crois aux trois sacrements de l’amour et du service : le mariage, la consécration des prêtres, l’Eucharistie
Kimberley. Pendant des années et des années, j’ai été confrontée à l’alcool et à la drogue avec leurs conséquences. J’ai dû assumer un rôle de maman au milieu de violences. Mon enfance a été volée. La religion a toujours fait partie de moi. La foi, je ne sais pas comment elle est arrivée. Elle a toujours été là. À chaque moment de doute, de désespoir, je me suis tournée vers la religion. J’ai choisi de mettre tout en œuvre pour faire le bien, car c’est ce qui prime pour moi.
Ariane. « Que cherchez-vous ? » J’ai écouté bien des témoignages. Je n’ai jamais rien recherché, c’est le Christ qui est venu me chercher. Je n’ai rien demandé, c’est le Christ qui m’a mandée. Si je demande le baptême, c’est que Dieu m’a appelée et que j’ai entendu cet appel. « Que cherchez-vous ? » Pour tout dire, je ne sais pas ! J’ai vu de la lumière et j’ai frappé à la porte. Il me tend la main depuis toujours et depuis toujours j’entends Son appel. Il est venu à moi sous le visage d’amis, j’ai aperçu Sa Lueur dans les yeux ou le sourire de croyants qui ne savaient même pas qu’ils étaient à ce moment le divin instrument de Son irrésistible appel. Parfois Son amour me vient comme un souffle et m’envahit d’une gratitude si intense que jamais je ne peux évoquer ces moments sans être émue aux larmes. « Que cherchez-vous ? » Rien. Je ne réclame pas davantage de preuves, je sais que ces moments où Dieu me permet de contempler l’Amour sublime qu’Il nous porte sont des présents rares, et si je dois vivre toute ma vie dans la « nuit intérieure », ces instants à couper le souffle lors desquels Il m’a manifesté Sa Présence valent mille fois que je lui remette toute ma confiance et mon espérance. Comme vous pouvez le constater, Monseigneur, ce « Que cherchez-vous ? » trouve chez moi sa réponse de manière rétroactive, dès lors qu’il n’y a rien que je n’aie déjà trouvé, même si je sais bien que la foi n’est jamais donnée une fois pour toutes et qu’au cours de notre vie, contre toute loi et toute logique, la gratuité de la grâce s’opère en nous à notre insu. Ma vie chrétienne ne fait que commencer, j’ai tant de choses à découvrir, à travailler.
Jonathan. Ma grand-mère maternelle a refait mon éducation et m’a conduit sur le bon chemin, alors que je n’étais qu’un garçon à la dérive. Au fil du temps, je me suis tourné vers Dieu qui m’a ouvert la voie vers la chrétienté.
Noémie. Beau-père aimant trop tôt enlevé ; fermeture. Baptême pour être marraine. « Cher évêque ». J’étais constamment sur la réserve. J’ai commencé à devenir de plus en plus curieuse :  comment des gens qu’on ne connaît pas peuvent donner autant d’amour ? J’ai vraiment reçu quelque chose ce jour-là, je ne saurais expliquer quoi, mais pour moi, c’est une évidence qu’il s’est passé quelque chose. Je ne savais pas où j’allais, mais je savais que Dieu guidait mes pas.
Sébastien. Laissé libre de choisir ! Devenu père, je me suis rendu compte que la richesse matérielle ne devait pas camoufler une pauvreté spirituelle. J’avais l’habitude sur Paris de visiter des églises. J’appréciais l’esprit qui s’en dégageait. Une certaine plénitude et une véritable envie d’aller plus loin dans cette démarche spirituelle. J’ai souvent pensé qu’une bonne étoile m’accompagne, qu’une force bien plus importante veillait sur moi. Nous avons donc décidé avec mon épouse de changer de vie. Je voudrais vous parler d’amour et de choix. Le mot qui définit le mieux mon rapport à la foi catholique, c’est l’Amour. L’Amour de Jésus. L’Amour que nous pouvons partager avec notre entourage. L’Amour que je souhaite insuffler à mes enfants. On en revient à un mot qui prend tout son sens : le choix.
Marie. Après le baptême, pourquoi pas devenir accompagnateur ?
Jean-Baptiste. Aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours eu cette foi qui m’a toujours fait penser : un jour, je serai libre, je dois commencer à chercher ma liberté. C’est la liberté d’être enfin libéré des désirs et des vanités de ce monde, de faire Cœur avec moi-même et avec les autres dans l’Amour du Christ et du Saint-Esprit.
Arnaud. Ce que j’apprécie particulièrement dans le catéchuménat, c’est la bienveillance des interlocuteurs. Ils ne sont pas dans le jugement ou l’injonction, mais dans la pédagogie bien intentionnée. Être pleinement reconnu par le Christ et comme chrétien.
Jennifer de Guadeloupe. Choix laissé. Perte de cousins. Je ne saurais dire quand on est vraiment chrétien, mais j’ai Dieu avec moi partout où je vais, il guide mes pas, m’ouvre les yeux sur les choses utiles et m’apporte énormément de sagesse. Ce sentiment de confort, de bien-être, je veux pouvoir le transmettre à mon entourage.
Marie-Françoise. Dieu est un soutien de tous les jours pour moi ; l’existence de Dieu est une évidence pour moi ; je ne m’imagine pas vivre sans ma foi en Dieu.
Sabrina. Choix laissé. Depuis toute petite, j’ai foi en Dieu. Je lui ai toujours parlé. Je vais faire de mon mieux pour être toujours à l’écoute des gens, d’être toujours joyeuse, les aider si je peux et montrer que l’amour est ce qu’il y a de plus beau au monde.
Caroline. Mes parents ne sont pas chrétiens. J’ai eu la foi toute seule, fait mes prières comme ça me venait sans vraiment savoir. Je voudrais être enfant de Dieu, comme mes enfants et mon conjoint, afin que nous soyons une famille chrétienne unie par la vie et par Dieu.
Jessica. Travaille dans l’aéronautique. Demandée comme marraine. Choix laissé. J’ai toujours aimé aller dans les églises. À Pibrac, j’adorais aller dans la Basilique Sainte-Germaine. Je me souviens y avoir trouvé la paix et le calme.
Jacques de Guinée. Sous l’influence d’une Musulmane devenue chrétienne, retour à la foi. Je découvre que le Christ m’appelait depuis tout ce temps, mais je ne l’entendais pas. Je comprends soudain que l’amour et la patience de toute ma famille, et leurs prières a pu produire ce changement. Jésus m’accompagne sur le chemin vers Dieu et m’ouvre la voie. Pour moi le baptême est comme une vie qui s’ouvre vers un horizon où je ne suis plus seul, mais à la fois accompagné et accompagnateur.
Cindy. Séparation, violences. Grand-mère, prêtre à Saint-Loup ; au retour, je me suis endormie. Lors de mon sommeil, je me suis vue enfermée comme dans une bulle transparente chaude, pleine d’amour, où je me sentais tellement bien ; j’étais protégée. Je me suis réveillée en pleurs et ça a été une évidence : c’était l’appel de Dieu !
Sylvia et Rotislav. Mon mari et moi, à la naissance de notre fille Manon, contre toute attente, trouvions évident que notre famille suive le chemin de la chrétienté, car elle fait partie de notre histoire, de notre présent et de notre futur.
Sandrine. Jésus Christ est la lumière sur mon chantier. Ma relation avec Dieu fait partie de mon quotidien.
Gwennaelle. Grand-mère. Je ne saurais expliquer avec des mots ce que je ressens, pourquoi cette envie du baptême est si importante pour moi. Comment faire baptiser ma fille, vouloir qu’elle aille à l’éveil à la foi si moi-même je n’ai pas été au bout de mes choix concernant la foi.
Marina. Née à Alger de parents qui lui interdisaient l’accès à toute religion. Cependant, tous les matins à l’école des sœurs, je suivais discrètement les enfants qui se rendaient à la prière à la chapelle. C’est là que j’ai découvert cette petite lumière rouge qui, depuis, ne m’a jamais plus quittée. Ma foi et mon Amour de Dieu ne peuvent pas s’expliquer. C’est une grâce que j’ai reçue et que ressens chaque jour davantage. Ma fille de 19 ans a décidé de faire la même démarche avec moi. Cette décision a interpellé mes deux petit-fils de 11 et 7 ans ; ils ont débuté le catéchisme début 2017 et seront baptisés le dimanche 14janvier 2018 à Fronton. Ils m’ont dit : « Mamie, après nous, ce sera toi et on sera là ! »
Laure. Frère décédé d’un accident de mot à 24 ans, qui l’engageait à le suivre à la messe. Choix laissé, frère baptisé à 12 ans à sa demande à l’Annonciation. Expérience évangélique. Après la mort de mon frère, j’ai ressenti l’appel à demander le baptême. Après réflexion, je suis persuadée qu’il est inutile pour moi de continuer quoi que ce soit sans la présence de Dieu dans ma vie. Il est amour, c’est grâce à lui que l’on peut aimer et être aimé. Il est la source même de toute chose et il est plus fort que le mal. J’ai découvert que Dieu nous aime tels que nous sommes, avec nos péchés, nos faiblesses et nos soucis.
Laetitia. Depuis le début de ma préparation, beaucoup de choses ont changé dans ma vie.
Agnès. J’aimerais laisser cette feuille blanche, car seul Dieu sait pourquoi j’appelle de tous mes vœux ce baptême. Par facilité, mes parents ne m’ont donné aucune éducation religieuse.  Quel grand vide ! Mes doutes quant au choix de la religion se sont évanouis quand j’ai compris avec mon cœur que Dieu m’aimait. Que demander de plus que cet amour infini qui accompagne mes journées ? Je sais que Dieu m’aime telle que je suis et qu’il va m’aider à grandir.
Dorothée. Nous ne nous connaissons pas et pourtant nous partageons déjà quelque chose vous et moi. En effet, nous partageons tous les deux un amour véritable et infini pour Jésus Christ, notre Seigneur et notre Dieu. Je mène une vie bien remplie qui aurait tout pour me rendre heureuse : amour d’un mari et de mes enfants, santé et jeunesse (encore) et grande maison, une belle carrière professionnelle (Altran, Airbus), et pourtant je ressentais toujours un manque, ce sentiment d’être éternellement insatisfaite, de toujours chercher plus et plus haut sans trouver de quoi et comment combler ce vide. Nos trois enfants, scolarisés à Sainte-Marthe de Grenade, après la mort de leur grand-père paternel, ont demandé à être baptisés, car ils voulaient, avec leurs mots, « devenir des enfants de Dieu ». Mon mari et moi n’étant pas baptisés, devant la fiche d’inscription, j’ai quand même coché oui dans la case qui demandait si j’acceptais d’alimenter leur foi. S’ensuivit tout un apprentissage par la lecture, par des rencontres, par un accompagnement : de tout cela, je retiens en 1er l’Amour, cet amour infini de Dieu qui nous envoie son Fils pour nous sauver. Tout cet apprentissage m’a permis d’ouvrir des portes intérieures, jusque-là verrouillées. Dieu a frappé à ma porte et j’ai laissé son Esprit entre en moi. C’est à ce moment que j’ai pu entrer en relation sincère, cœur à cœur, avec Dieu. Je suis aujourd’hui comblée de joie ; cette relation me paraît comme une évidence.
Elvina. Choix laissé par une mère merveilleuse qui nous a inculqué les principes et valeurs que nous a transmis Jésus Christ. Partie pour des obsèques d’un oncle au Sénégal, des épreuves insoutenables nous attendaient ; j’ai prié toute une nuit et loué le Seigneur ; j’ai tout déposé entre ses mains. Je l’ai imploré de pourvoir et il a pourvu. En quittant le Sénégal, j’ai pris la décision de me faire baptiser dès notre retour en France. Je suis remplie de joie que je ne m’explique pas et d’ailleurs je ne cherche pas à le faire. Je veux dire à Notre Seigneur que je l’aime, que je le remercie pour son amour infini.
Priscille. Choix laissé. Parents évangéliques engagés, puis divorcés. Scoutisme catholique. Une ordination la marque en profondeur. Errance après le divorce de ses parents. À 29 ans envoyée en Martinique où elle trouve son compagnon, catholique pratiquant, le père de ses trois enfants, baptisés. À la mort d’une tante, prise de conscience que, non baptisée, elle n’aurait pas droit à l’accompagnement de l’Église. J’assiste à la messe et à chaque fois j’en ressors nourrie et ragaillardie. Ma vie s’apaise, mes réactions changent. J’entraîne mes enfants sur ce chemin-là.
Émilie. Choix laissé. Grand-mère avec qui elle va à la messe. Pas baptisée pour des raisons contingentes. Des personnes ferventes et ouvertes m’ont amenée à faire la démarche de demander le baptême à 38 ans.
Laure. 13 pages. Roquettes. Céramiste. Choix laissé par un père catholique et une mère protestante ; pas d’éducation religieuse. Grande famille, patriarcale. À 27 ans départ du foyer. Pas de sens de la vie. Papillonnage. Rencontre de François, catholique, divorcé avec quatre filles. Naissance d’Étienne en 2011 et préparation de son baptême. Père Gaston, Odette, Père Bogdan. Question de la nullité du mariage. Que de chemins parcourus sen deux ans ; j’ai découvert une paroisse, une communauté et enfin ressenti la foi et l’samour de Dieu. Chaque séance de préparation m’autorise à me dire que je peux m’apaiser et aller de l’avant car Dieu est auprès de moi. Petit à petit, la messe entière et les homélies sont devenues compréhensibles à mon cœur. Démarche d’aller demander la bénédiction au moment de la communion : ce fut un supplice la première fois d’avancer, d’être vue comme celle qui n’était pas baptisée… Finalement, les mains qui signent sur votre front, la douceur, la bienveillance, l’apaisement, l’amour, les larmes qui envahissent les yeux, la bénédiction. Je ne pourrais pas oublier cette première fois. J’ai compris que notre force, c’’était d’être ensemble, de former un peuple, celui de Dieu. François est venu ensuite avec moi pour la bénédiction. Je m,e sens riche de savoir que Dieu existe, qu’il est parmi nous, nous aime, qu’il m’accompagne dans tous les moments de ma vie. Je voulais adresser un dernier merci, et c’sest à vous que je dis. Merci d’avoir pris la peine de m’accompagner jusqu’au bout de cette première histoire de vie, à travers cette lecture. Dans la joie de l’attente du baptême.
Audray. St Loup-Cammas. 17 ans. Mère décédée en 2016.
Georgine. Bangui. Chorale centrafricaine au St Esprit. Depuis petite, je nourris le besoin et l’envie d’être baptisée. Dans ma famille, nous aimons le Verbe, la Parole de Dieu. Ma fille de 13 ans sera baptisée avec moi : cela est la volonté de Dieu et une joie divine. Pourquoi maintenant ? Parce que mon Seigneur me le demande fortement. Je veux être guidée par Dieu pour être éternelle. Je veux être éternelle. Je veux me sentir totalement chrétienne pour avoir une virginité dans l’âme.
Esther. Gabonaise. Choix laissé. Depuis quelque temps, j’ai une autre vision de la vie et de la place que j’occupe dans le monde. Je sais que je vis par l’amour de Jésus. Et peu importe les épreuves de la vie, j’ai juste à mettre ma confiance en Lui. Jer sais la mission ultime qu’il a pour moi, qui est de propager cet amour. Je souyaite être baptisée, car je veux faire partie des disciples de Jésus. Je veux communier avec lui. Je veux être l’une des briques de l’Église. Je veux par cela à mon tour Lui témoigner mon amour.
Yann. Cugnaux. Choix laissé. 31 ans, plombier. J’ai toujours cru en Dieu, mais n’ayant pas été baptisé étant enfant, car mes parents voulaient me laisser le choix. Dans ma famille, il y a peu de croyants, mais tous ceux de famille qui me parlaient de Dieu semblaient en paix. Ayant eu une enfance difficile, et toujours le cœur rempli de rage, je me demandais comment des gens pouvaient être autant en paix avec eux-mêmes. C’est en rentrant pour la première fois dans une église que j’ai compris. Père François : avec sa femme pour inscription. Depuis, avec ma femme, nous allons le dimanche à la messe dès que l’on peut et j’ai enfin réussi à trouver ma paix intérieure.
Sephora. Pardonner, c’est donner par-dessus tout.
Pauline. Choix laissé. Depuis toute petite, je crois en Dieu. Avec mes préparateurs, des personnes formidables, toujours présentes pour moi, nous parlons de Jésus, de la Trintié, d’Amour.
Mélanie. A perdu brutalement son mari l’an dernier. Deux jeunes enfants. Du plus loin que je m’en souvienne, j’ai toujours parlé à Dieu comme à un ami. Je ne dis que merci. Le Seigneur m’apporte la confiance.
Daniela. 21 ans. A perdu sa maman il y a un an et demi. À ce moment-là, je me suis rendu compte qu’il ne me restait plus que Dieu. J’ai voulu apprendre à vraiment le connaître. J’ai appris que Dieu est un Dieu d’amour, qu’il ne juge pas à l’apparence, mais regarde au plus profond du cœur de chacun. Depuis que j’étudie la Bible, je me sens apaisée et sur le chemin de la paix intérieure.
Marion. Prof. Français ; thèse sur le Christ et Orphée dans la poésie du XXe siècle. Je voudrais approfondir la foi qui très tôt s’est emparée de moi, sans que je puisse mettre un nom derrière. Tout a commencé à 4 ans en passant devant la statue de la Vierge Marie de Thuès les Bains quand j’aillais de Perpignan, d’où je suis originaire, à la montagne en vacances. À partir de ce moment-là, j’ai eu des questionnements divers sur la Vierge Marie et sur Dieu. Il me semble que l’Église m’accueille ainsi que Dieu, dont je sens l’immense bonté et l’amour inconditionnel qu’il porte à chacun d’entre nous.
Natacha. Choix laissé. Toute petite, j’ai voulu commencer une préparation au baptême, mais mes parents n’avaient pas trop le temps de s’en occuper. C’est au cours d’un voyage autour du monde pendant un an avec mon compagnon que je me suis rendu compte qu’il me manquait quelque chose. Plus particulièrement à Bali, lorsque notre guide nous a décrit en détail sa religion et tout le bonheur que cela lui apportait dans sa vie et toutes les rencontres avec les gens de leur communauté. Démarches pas évidentes au retour, suivie par son compagnon, mariage en vue et baptême du petit. Ce qui est parfois difficile, c’st de devoir expliquer aux gens, qui souvent se moquent, notre démarche vers la foi. Ce que je découvre de l’Église, c’est qu’elle est bien plus ouverte que je ne l’imaginais.  Une fois que je serai baptisée, nous pensons nous investir dans la communauté chrétienne de Saint-Orens. Toute cette aventure m’a permis d’apporter dans vie beaucoup plus de sérénité, mais surtout d’aimer encore plus les gens qui m’entourent et apprendre à aimer plus facilement les nouvelles personnes qui entrent dans ma vie.
Joëlle. Parents chrétiens qui n’ont pas souhaité nous éduquer de la même façon. AVS, plus de 50 ans. En instance de divorce. Compagnon André croyant. Lorsque j’étais petite, j’aimais bien entrer dans les églises. Quelque part, je recherchais à comprendre quelque chose. Je me sentais bien dans la cathédrale où j’allais rejoindre mes amis. Au cours de ma vie, j’ai souvent été visiter les églises, je m’y suis recueillie, je ressentais ce besoin parfois et, toujours après, ce sentiment de paix qui est revenu très souvent lorsque je m’y rendais. Rêve qui m’a marquée : un ange, des anges, qui disaient : Regardez ! Se dessine alors le visage d’un homme très beau, très doux, qui s’illumine d’un halo de lumière. Je me suis écriée : C’est Jésus ! Je ne suis plus la même lorsque j’entre dans une église depuis. Je traverse des difficultés, mais je ne les aborde plus de la même façon maintenant. Mon avenir, je le vois heureux, dans l’échange avec les autres, et l’aide et le soutien à ceux qui en ont besoin, parce que je suis riche moi-même de plein de choses, parce qu’il est bien de transmettre un peu ce que l’on a reçu soi-même.
David. 33 ans, chauffeur routier. Je veux exprimer ma confiance en l’Esprit Saint, qui sème déjà dans le cœur des adultes qui frappent à la porte le désir de connaître et d’aimer le Christ et qui nous ouvre les portes.
Candice. Malgache. Depuis petite, je crois en Dieu. Pas baptisée en raison des circonstances. Accueil du prêtre totalement ouvert, malgré ma démarche débutante de non pratiquante, ce qui m’a conforté dans mon choix, lié à mon mariage à venir avec Maxime.
Marine. D’aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours cru en Dieu. Préparée au baptême par six années de catéchisme, les circonstances ont fait qu’il n’a pas eu lieu. Le déclic est venu de la rencontre d’un autre amour, celui de l’homme, et, à travers lui, celui de Dieu. En effet, je souhaite recevoir le sacrement de mariage. Je souyaite que Dieu, qui m’a guidé vers cet accomplissement merveilleux en fasse pleinement partie. En l’Église, j’ai vu de la lumière, j’ai frappé à la porte, et la porte s’est ouverte, elle s’est ouverte en grand… je me suis sentie accueillie, aimée pour ce que je suis (par le prêtre). Je me suis sentie vue. Comme Nathanaël sous le figuier. Je me suis sentie acceptée sans jugement, sans rigueur ou étroitesse d’esprit, dans une ouverture et une posture d’accueil que je n’oublierai jamais. Engagés pour aider les demandeurs d’asile. L’Église et la pratique de la religion catholique est devenue peu à peu à mes yeux une sorte de lien. Un len entre ceux qui veulent écouter ; un lien entre ceux qui veulent voir ; un lien entre ceux qui veulent aimer ; qui font des erreurs aussi, bien sûr ; un lien entre des êtres qui forment un ensemble lumineux marchant dans la même direction et d’une même volonté : l’élévation pour Le rejoindre dans la lumière.
Celtina. Parents pas croyants, sauf la grand-mère, en Bretagne. Éducation chrétienne. Choix laissé. J’aimais aller à l’église de mon village, voir des films de louange. Seule à Toulouse ; lecture du livre de Job, puis de Jonas, car l’infirmier portait ce nom à l’hôpital pour une petite intervention. La grand-mère décédée en 2015, alors que je voulais qu’elle soit là pour mon baptême et pour mon mariage. Mon mari n’est pas pour le baptême, mais il sera là (Grenade). Je ne prie pas tous les jours, mais je pense à Dieu tous les jours, je vais à l’église tous les dimanches. Dans mon travail, dans mon couple et ma relation aux autres, j’essaie de faire attention à ce que je dis, à ce que je fais, de façon à respecter le message du Christ. Et je souhaite par le baptême évoluer encore et toujours.
Sébastien. Choix laissé. Musique, alcool, tabac, dépression. Séjours au Japon. Rencontre furtive de Magali au badminton. Amitié, mariage. Aujourd’hui, je n’imagine plus ma vie sans Dieu, car il r emplit mon cœur de joie et aussi celui de ma femme.
Thibault. Choix laissé. D’aussi longtemps que remontent mes souvenirs, j’ai toujours eu la foi. Je me souviens prier chaque soir dans mon lit.
Michelle. Ramenée à la foi par une belle-sœur.
Julie. Afin d’être enfant de Dieu et d’accéder à l’Esprit Saint.
Sophie. La pratique hebdomadaire de la messe est une vraie nécessité pour moi. Mon approche de la communauté me permet de vivre la bienveillance.
Rachid. 28 ans, Kabyle, milieu musulman. Curiosité de voir pourquoi les chrétiens sont joyeux. Devenir chrétien opère un grand changement dans vie : la joie, l’amour, le bonheur, la lumière.
Emmanuelle. Abidjan.
Sébastien. 45 ans, marié à une catholique. Une petite fille qui sera baptisée avec lui.
Mathilde. Mariée par le Père Arthur de Leffe à Saint-Sernin. Je veux être « greffée » sur le Seigneur et transmettre à notre petite fille la connaissance de l’amour infini et ineffable que le Seigneur a pour chacun de nous.
Coralie. Grenade.
Charlotte. Contrôleuse de train. Père a refusé de la faire baptiser : elle choisira plus tard. Je viens de vous ouvrir mon âme et mon cœur ; à cette heure, mon avenir au sein de l’Église est entre vos mains qui seront, j’en suis sûre, guidées par notre Seigneur. Autre lettre : Merci, mon destin de chrétienne était dans les mains de Dieu, et je savais, et je sais qu’il ne m’abandonne pas, qu’il est là et qu’il est amour.
Marie-Christine. St Jean Baptiste. Aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours eu la foi. J’ai toujours ressenti une présence, une bienveillance. J’ai trouvé un missel avec un chapelet dans la rue ; j’avais 15 ans. Moi qui me sentais si seule, je ne l’étais plus grâce à ce missel, qui m’a donné la force, du courage, l’espérance. Je prie de puis tout ce temps. Le baptême, c’est pour lui dire Merci ; c’est mon témoignage de mon amour pour lui.
Théophile. Étudiant, Rangueil. A entrepris par curiosité la lecture de la Bible. Contrairement à ce que l’on m’avait toujours dit, je n’y ai pas trouvé d’incohérences, d’absurdités, mais profondément touché par le message du Christ et de ses Apôtres.
Reza. Iranien, Musulman. J’ai rencontré un ami qui ‘a fait connaître Jésus ; nous nous retrouvions en cachette pour parler de lui, car dans mon pays seule la religion musulmane est possible. Lors de nos rencontres dans les maisons église, j’ai découvert la place que tenait Jésus dans ma vie, dans mon cœur. Je voulais être baptisé et changer de religion, mais en Iran, c’est interdit. Devenir chrétien, c’est être tué. J’ai dû fuir mon pays, je suis arrivé en France, j’ai été logé sur le quartier des Pradettes de Toulouse ; j’ai fait la connaissance des chrétiens de la paroisse Sainte-Germaine.
Mohammad. Iranien, Musulman, frère de Reza. Beaucoup de questions sur l’Islam étaient contraires à ma liberté de penser, d’agir, de faire comme je voulais. J’ai décidé de quitter la religion musulmane.
Franz. Je croyais être baptisé. J’ai toujours été croyant. La prière a toujours été importante pour moi, mais parfois un peu confuse. Les choses s’éclaircissent grâce à Dieu.
Nicolas. A été militaire. Accompagné par Bernard Quéheille. Par cette lettre, c’est ma vie tout entière que je souhaite donner à Dieu. Né à Toulouse par la chair, je souhaite y renaître par l’Esprit et m’engager à suivre le Christ en laissant cette vie d’ignorance et d’égoïsme derrière moi.
Étudiants
Clara. Je pourrais dire que mon chemin de foi a été long et semé d’embûches. Il me semble que dès ma plus tendre enfance, j’avais déjà conscience d’une forme de transcendance et ainsi, j’ai déambulé jusqu’à maintenant entre l’acceptation et le rejet de ce que je pouvais ressentir à ce propos. Durant ce long voyage, le Seigneur est venu frapper à la porte de mon cœur et des rencontres formidables m’ont aidée à accepter sa présence.
Romain. Je considère que ma relation à Dieu est une des choses qui m’est le plus personnelle ; j’ai donc du mal à en parler et à mettre des mots dessus. Une de mes craintes était de devenir, d’une certaine manière, dépendant de l’Église dans ma relation avec le Seigneur. Maintenant je me rends compte que d’être au sein de la communauté permet de ne pas s’enfermer dans de fausses croyances et de s’adresser différemment au Seigneur.


lundi 26 mars 2018

Dom Robert Le Gall, mon ami de vingt-cinq ans, maintenant archevêque de Toulouse


MESSE CHRISMALE
LUNDI SAINT
26 MARS 2018

            La messe chrismale qui nous rassemble, frères et sœurs de notre Église qui est à Toulouse et en Haute-Garonne, va bénir ou consacrer les saintes huiles que les sacrements utilisent. Christ, saint-chrême, chrismal et chrismation ont la même racine, qui est relative à une onction d’huile ; le Christ est l’Oint, celui qui a reçu l’onction, par excellence. C’est lui, annoncé par le Serviteur du Seigneur en Isaïe, qui parle dès le début de la première lecture de cette célébration : « L’Esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » (Is 61, 1).
            Hier, l’évangile de la Passion selon saint Marc commençait par l’onction de Béthanie, initiative d’une femme, que salue Jésus d’une façon étonnante : « Il est beau le geste qu’elle a fait envers moi. Amen je vous le dis : partout où l’Évangile sera proclamé – dans le monde entier –, on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire » (Mc 14, 6.9). Elle a répandu le flacon d’albâtre d’un parfum très pur sur la tête de Jésus. Ainsi, par les divers sacrements, la grâce « capitale » de Jésus – celle qui vient de sa « tête » (caput en latin) – parvient de proche en proche à chacun des membres de son Corps que nous sommes, l’Église qui est à Toulouse.
            La générosité aimante de ce geste se répandra comme une bonne odeur partout dans le monde, dit Jésus, à mesure que se diffuse La joie de l’Évangile. La Bonne Nouvelle suscite de tels actes, qualifiés de « beaux » (kalon ergon) par Jésus lui-même. Ces jours-ci, l’héroïsme du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, est salué par toute la France : il s’est substitué à une otage détenue par le djihadiste de Trèbes, tout près de chez nous, dans l’Aude à quelques kilomètres de Carcassonne. On apprend que l’officier fréquentait depuis deux ans l’abbaye de Lagrasse et aussi celle de Timadeuc en Bretagne ; il allait se marier dans l’été près de Vannes. Mgr Alain Planet, Évêque de Carcassonne, a célébré une messe hier dimanche pour les victimes de cet attentat meurtrier. L’acte héroïque de ce gendarme nous rappelle comment saint Maximilien Kolbe s’est offert pour remplacer un père de famille dans le bunker de la faim à Auschwitz. Jésus ajoute : « D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement » (v. 8). Cette femme, Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare était sans doute parmi les « myrrhophores » du matin de Pâques, venues embaumer le corps de Jésus au lendemain du sabbat. Nous pouvons croire que le héros de Trèbes a rejoint le Ressuscité ; nous allons célébrer toute cette Semaine sainte sa Passion, sa mort, son ensevelissement, pour confesser sa Résurrection.
            Pécheurs pardonnés, il nous faut trouver les gestes de reconnaissance envers notre Sauveur très blessé, comme ceux que nous posons le Vendredi saint lors de la vénération de la Croix. Nous avons tous, « prêtres du Seigneur » ou « servants de notre Dieu », selon les appellations du prophète Isaïe que nous venons d’entendre, à suivre l’invitation de Paul aux Corinthiens : « Nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ parmi ceux qui accueillent le salut » (2 Co 2, 15).
            Forts des onctions qui nous font chrétiens, d’autres Christs, il nous faut ouvrir l’oreille chaque matin, comme les disciples, pour reprendre des paroles d’Isaïe entendues hier (50, 4) ; disciples du Christ et de sa Parole chaque jour, nous sommes aussi, là où nous sommes, chargés de transmettre le message reçu, perçu, goûté. Dans la première lecture, le Serviteur du Seigneur comprend bien sa mission : « Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles » (61, 2). Dans l’évangile de cette messe chrismale, Jésus reprend la même formule : « Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Lc 4, 18). Dans les deux contextes, il s’agit d’une vraie libération, d’une véritable réhabilitation. Les humbles et les pauvres sont souvent des humiliés. Quand Marie chante dans son Magnificat : « Il élève les humbles », il s’agit des humiliés. Ayons à cœur de ne jamais humilier personne. « Presque tous, écrit saint Jean Climaque, nous nous disons pécheurs, et peut-être le pensons-nous sincèrement. C’est l’humiliation qui met le cœur à l’épreuve ». Nous l’entendions dans la Passion de Marc hier : Jésus est moqué, giflé, flagellé, profondément humilié. Il est vraiment doux et humble de cœur, selon ses propres paroles.
Voici dix ans, ma première Lettre pastorale s’intitulait Annoncer ensemble la Bonne Nouvelle aux pauvres. Nous sommes dans la même perspective d’évangélisation ; aux paroles d’Isaïe et de Jésus, j’ai seulement ajouté « ensemble », parce que l’on n’est fort qu’ensemble ; on n’est uni que si chacun de nous est humble en vérité. J’aimerais que nous méditions ensemble au cours de cette grande Semaine la prière de Jésus avant sa Passion : « Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ! » (Jn17, 21). Nous ne pouvons être ni disciples ni missionnaires si nous ne sommes pas unis, réunis. À Lourdes la semaine dernière, nous avons voté pour demander à Rome d’attribuer à saint Irénée, évêque de Lyon – le « Pacifique » selon le sens de son nom en grec – le titre de Docteur de l’unité, comme l’est à sa façon saint Cyprien de Carthage. Nous nous recommandons à leur intercession pour la vérité et la ferveur de notre témoignage commun – « comme un » – de la vie que nous donne le Messie humilié, vainqueur de toute mort. Amen.