vendredi 31 juillet 2009

n'est-il pas ? - textes de trois jours

Mercredi 29 . jeudi 30 . vendredi 31 Juillet 2009


Trois jours sans ordinateur, sans écriture, sans connexion, sans journal, mais la vie et ses mêmes acteurs qui me passionnent, ma chère femme, notre fille, le paysage français dominé par la tolérance de tous à un mode d’exercice du pouvoir qui n’a pas de prise sur les choses mais sur des esprits fascinés, abasourdis, hypnotisés et convaincus de leur impuissance, le paysage de cette Mauritanie qui m’est si chère, dont la crise m’a apporté tant d’amis nouveaux, où une pression, un vent installés au dehors régissent les démocrates au point de les contraindre à la démocratie avec ceux-là même qui trichent. Ici, là, je ne sais trop comment mais selon les mêmes règles, une ambiance collective apparaît et interdit soudain la cohérence, la marche selon des repères et des valeurs. Elle produit le même résultat : le mensonge, l’irréalité des démagogies contemporaines, le gaspillage des individualités et des ersonnalités. Ce ne sont plus les idéologies dominantes d’antant, totalitaires ou capitalistes, des dogmes qui s’énonçaient et se démontaient au besoin, ce sont des mécanismes de quelques malins, de quelques habiles et cyniques qui réintroduisent partout le pouvoir de quelques-uns, l’accaparement des chances et des enchainements en sorte qu’il y a les apparences et la réalité pour ce qui régit la vie des hommes en collectivité. On fait croire à l’universalité de ce qui n’a plus aucune dialectique que la libido de quelques-uns dans le pouvoir d’Etat ou de l’argent, les deux se mêlant chez nous, ailleurs, partout. La réalité étant d’ailleurs que ces profiteurs ne dirigent rien mais sont les seuls à bénéficier du moment politique ou économique. Une fantasmagorie de l’injustice et de la laideur. En regard, un anniversaire, le jeu des bougies pour l’enfant et sa mère, un nouveau venu dans la famille, regard et sourire angéliques, mais se heurtant aux conventions, aux racismes, à l’atrocité de la solitude où il va être poussé du fait de son amour. Même fraicheur chez les gens du cirque et leurs animaux, le calme et la concentration de l’acrobate-athlète fait du rapport avec ses chevaux dans l’autre registre de ses animaux. Je vois des chefs d’œuvre et des authenticités – là, et non sur les scènes politiques et médiatiques imperturbables dans leur répétivité, leurs grimaces et leurs assurances de marionettes. Ces bonheurs dont je sais la fragilité me paraissent des chefs d’œuvre, limpides. Et là poussent l’amitié, la confiance, la chaleur de la réciprocité, à des niveaux sociaux ou culturels et selon des registres totalement différentes, se rencontre le même point d’humanité. Je crois que cela tient aussi à cette unicité, à une franchise, parfois pas immédiatement perceptible, qui ne s’avoue et ne se vérifie que si nous arrivons, vierge d’attente et de désir, simple comme Job au bout de sa course. Ce point où il n’y plus race, culture, métier, âge ou expérience, sexe même, où il y a la personne humaine, notre communauté de glaise et de souffle divin. Vêcu cela en famille, au bord de l’océan, au cirque le soir avec auparavant la ménagerie et les ruminants, vêcu cela quand arrive cet ange noir d’un fin fond qui nous apprend immensément et avec lequel nous nous sommes trouvés de plain-pied. – Prier donc maintenant, ces trois jours en rassemblement, le cœur, l’âme et les mains en coupe. Marie-Madeleine commémorée la semaine dernière, Marthe avant-hier [1]. Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage. Marthe regarde ainsi celui qu’elle implore pour son frère mort. Apparemment, un rôle étonnamment critiqué quand elle et sa sœur reçoivent Jésus, mais explicitement le grand rôle de la foi quand Celui-ci arrive à Béthanie. Oui, Seigneur, je le crois… tu es … Ce regard, c’est le sien. Marie, contemplative, écoute de l’intérieur, elle ne regarde pas, elle confondra Jésus et le jardinier. Marthe, pratique, active, affective, puissante, raisonne, rétorque et placée dans la bonne situation, les derniers retranchements de la foi, fait face à Dieu, répond et triomphe, elle voit. Si humaine, elle ne sera pas au tombeau du Seigneur, mais elle est au tombeau de son frère. Le Royaume a tant de places, une par une pour nous un par un. Parabole des poissons triés, donnée hier [2]et que la foule accueille, dans un rare unisson, alors que le jugement est probablement le nœud le plus secret de notre foi, et de toute religion, liberté, prédestination, tous les paramètres de la contradiction et donc du doute humain sont là, mais aussi ceux de Dieu tel que nous croyons Le cerner : tout de bonté, ou bien impavide, inacessible, hors de nos vies ? Avez-vous compris tout cela ? – Oui, lui répondent-ils. C’est alors que tout commence : tout scribe devenu disciple est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. Ailleurs, Jésus les dit incompatibles, et combien de scribes se convertissent-ils ? Nicodème ? C’est pourtant la conclusion de l’enseignement, il passe le relais, puis il s’éloigna de là. Souveraineté tranquille de ce Christ plaçant l’humanité devant des choix, mais restant à sa portée. Dans la journée, la nuée du Seigneur reposait sur la Demeure, et la nuit, un feu brillait dans la nuée aux yeux de tout Israël. Et il en fut ainsi à toutes leurs étapes. Jésus tellement avec nous qu’il alla dans son pays, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement : ‘ D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-il aps le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors d’où lui vient tout cela ? ’ Tellement homme, tellement situé, incarné, et pourtant les dialogues avec Marthe, avec la Samaritaine. A l’apogée de la puissance et du charisme sur la population de Jérusalem, se faire arrêter et crucifier. C’est l’évangile qui donne à l’Ancien Testament, aux commandements, à l’Exode et à la sortie d’Egypte, leur sens. Cela crève les yeux à la lecture et dans la méditation. Là est l’explication de chacun de nos jours, là la force de la suite, là la foi que le regard d’autrui sur nous, le nôtre sur lui ne sont pas vains. Nous ne sommes pas entre êtres perdus ou de perdition, nous sommes entre fils adoptifs de Dieu et par cela avons le droit d’être exigeants les uns vis-à-vis des autres, et nous tous vis-à-vis de nous-mêmes. Nazareth n’est pas à la hauteur, les fils d’Israël sortant d’Egypte ne le sont que rameutés par Yahvé, je conçois ainsi le pouvoir politique ou le dialogue de couple. Avancer par confiance mutuelle, échange et partage de forces. C’est moi, le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait monter d’Egypte. [3]

[1] - Paul aux Romains XII 9 à 13 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Luc X 38 à 42

[2] - Exode XL 16 à 38 ; psaume LXXXIV ; évangile selon saint Matthieu XIII 47 à 53

[3] - Lévites XXIII 1 à 37 ; psaume LXXXI ; évangile selon saint Matthieu XIII 54 à 58

lundi 27 juillet 2009

- textes du jour

Prier… le jeûne de Moïse, tandis qu’il écrit les tables de la Loi, les clauses de l’Alliance. C’est un rapport contractuel et amoureux, et non pas une législation sociale ou des règles morales. S’il est vrai, Seigneur, que j’ai trouvé grâce devant toi, daigne marcher au milieu de nous. Oui, c’est un peuple à la tête dure, mais tu pardonneras nos fautes et nos péchés, et tu feras de nous un peuple qui t’appartienne. Admirable Moïse, comment ne pas comprendre qu’un peuple, qu’une religion, que toute la respiration et les aspirations spirituelles d’une partie de l’humanité se soit arrêté à cet extraordinaire personnage ! Pas seulement la réalité ou la légende de son dialogue, face à face, avec Dieu, ce qui est déjà un monument mystique, mais cette permanente attitude d’intercession, un homme qui ne pense pas d’abord à soi, mais à un peuple avec lequel il se solidarise pour tout le négatif, le péché et les manques. Un homme de demande et d’espérance, un géant apte à toutes les perspectives même s’il s’y sent inférieur. Mieux que la foi, chez Moïse, l’homme de curiosité, de doute et de questions pratiques, c’est l’espérance. Elle n’est pas vague, ce n’est pas une logique de l’existence ou un quelconque sens de la vie, c’est l’espérance placée en Dieu. Le bonheur personnel et collectif : appartenir à Dieu. Délicatesse spéciale de celui-ci qui, quoique se donnant au face-à-face d’un dialogue fréquent et précis, n’est pas vu de son prophète et homme de confiance. Mon visage, personne ne peut le voir… quand passera ma gloire, je te mettrai dans le creux du rocher et je t’abriterai de ma main jusqu’à ce que j’aie passé. Anthropomorphisme – quels autres mots aurions-nous ? ou images l’auteur spirituell et nous-mêmes qui pensons par des mots et non par le seul jet de notre âme, rumination des mots au lieu de l’intuition que dut être la langue originelle – mais incommensurabilité de celui que nous prions : Je t’en prie, laisse-moi contempler ta gloire. Et Philippe, le soir de la dernière Cène : Montre-nous le Père et cela nous suffit… Comment, Philippe ? il y a si longtemps que… et le salut qui n’est pas le sauvetage de qui se noie, mais tout autre chose, un état personnel, la gloire de Dieu pas seulement contemplée, mais en partage : alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. [1] Prier, par temps clair comme par temps lourd, dans la dépression comme dans l’envol. L’espérance est une relation personnelle à Dieu, elle seule permet l’espérance en la vie et dans celles-ceux que nous aimons, pour l’accomplissement et le bonheur de celles et ceux que nous aimons, pour l’humanité et la création tout entières. Prier, demander, attente, joie et recommencer, revivre. Sans jamais cesser.

[1] - Exode XXXIII 7à 23 passim & XXXIV 4 à 28 passim ; psaume CIII ; évangile selon saint Matthieu XIII 36 à 43

la plus petite de toutes les semences - textes du jour

Lundi 27 Juillet 2009
Prier… toute conscience du temps perdue, l’été pluvieux malgré des journées de clarté, de lumière et d’un vrai soleil, l’eau transparente mais montant si vite avec Belle-Ile dans le fond, les vacances des autres, les enfants disant : mon papa et ma maman ne s’aiment plus, maman est à St-N… pour gagner des sous, seuls sous la garde d’une autre mère et de ses propres enfants, leur joie que je m’occupe de leur baignade, contrôle les positions dans l’eau, joie de notre fille avec ces trois garçons autour de son âge, propension à l’affection, l’amitié, la chaleur, la famille, et le gâchis. Bonheur et pitié. Franchise des voix, des regards, six ans, huit ans. Ils me demandent mon âge et évoquent avec douceur les grands parents. On s'éclabousse d'argent à contre-jour, notre fille donnant le signal et conduisant les garçons à travers les rochers, où elle tombe, s'égratigne, pleure, puis repart pas longtemps ensuite, de nouveau suivie, de nouveau les esquisses de nage. La nature, les enfants plus beaux que ce que nous faisons de nos vies. L’intégrisme chrétien et les progénitures. Les enfants de divorcés, la béance de leur nostalgies et de leurs besoins d’amour. Aucune des deux postures où dominent les parents, par leurs conceptions ou par leur immaturité ne me paraît la bonne. Je préfère cette graine de moutarde qu’un homme a semée dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel font leurs nids dans ses branches. Fauchaison parfois hâtive et des buissonnements fruitiers coupés, mais il reste les moignons, désormais mes soins, et l’an prochain. La conception de notre fille, limites de l’image mais grâce sans limite et qui fut si précise dans notre vie à tous trois. Du levain qu’une femme enfouit dans trois grandes mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. Le travail humain, la prière humaine comme les graines et le levain qui décident l’histoire, la vie. Des choses cachées depuis les origines… ? Jésus annonce mais ne dit pas. La clé est là par cette introduction, le thème est la vie, une puissance fantastique, celle de Dieu créateur. Guide : va donc, conduis le peuple vers le lieu que je t’ai indiqué, et mon ange ira devant toi. Dialogue de Dieu avec Moïse, alors que le péché suprême vient d’être commis, se tromper de dieu, se tromper sur Dieu. Moïse et ses colères. Il se saisit du veau qu’ils avaient fabriqué, le brûla, le réduisit en cendres et il versa ses cendres dans de l’eau qu’il fit boire aux fils d’Israël. Moïse prophète de Dieu vers Pharaon, Moïse intercesseur pour son peuple auprès de Dieu. Et pourtan, chef de guerre, chef politique, il n’est pas le prêtre et il n’est pas même axscendant de Jésus puisqu’il est de la tribu de Lévi et non de celle de Juda. Il n’est décisif que selon des limites et des tâches très précises, il n’entre pas dans cette fameuse Terre Promise… il est admirable. C’est Aaron, le prêtre, qui a construit le veau d’or, sur pression du peuple mais il s’y est rendu. Jésus construit Lui-même la parfaite image et totalité de Dieu à procurer aux hommes, Lui-même le corps mystique et le temple définitif. [1] Attente de l’icône, attente du royaume, les graines au creux d’une paume, inertes et sèches. Restaurant du soir, les femmes ayant passé le bel âge qui attendent et finalement avaient un conjoint ou un compagnon. J’y lis une vie, des talents, les dis parfois, apparemment je me trompe car elles ne les ont pas exercés, mais n’ai-je pas vu juste, il y avait la beauté sous le masque fatigué et peut-être l’autre destin qui quand même les suivra dans l’au-delà. Nous sommes tous faits pour l’éternité et y baignons déjà.

[1] - Exode XXXII ; psaume CVI ; évangile selon saint Matthieu XIII 31 à 35

dimanche 26 juillet 2009

pains d'orge - textes du jour

Dimanche 26 Juillet 2009
Prier… [1] une grande foule le suivait… il y avait beaucoup d’hertbe à cet endroit… quand ils eurent mangé à leur faim… ils étaient sur le point de venir le prendre de force et faire de lui leur roi. Les dialogues de Dieu avec Samuel sur la monarchie et les fables de La Fontaine sur les grenouilles. Circonstances pratiques et psychologiques d’un enseignement. Jean ne rapporte pas cet enseignement, mais les mouvements de la foule et les dialogues du Christ, sur des points pratiques avec deux de ses disciples, Philippe et André. De ce dernier, nous n’avons que cette phrase et celle où il annonce à son frère Pierre que le Messie est Jésus [2]. Il est l’agent de l’histoire. L’ensemble du miracle de la multiplication des pains et des poissons se déroule comme une incise dans la journée du Christ qui cherche à se retirer, à se reposer et à s’isoler. Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience. Des vertus messianiques, non plus une exhortation sèche et impérieuse, les commandements laissés à Moïse, mais des traits de comportements. Elisée, comme sans doute beaucoup de prophètes, avait précédé le Messie dans ce genre de miracles. Ils mangèrent et il en resta, selon la parole du Seigneur. Miracle qui n’est pas a nihilo. Le hasard fait qu’il y a une amorce, le cadeau d’un quidam vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac… Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons… L’orge a certainement une signification, en tout cas le rappel évangélique du prédécesseur de Jésus. Ceux qui donnent et leur fécondité. Dieu se sert de l’offrande et de la disponibilité.

[1] - 2ème livres Rois IV 42 à 44 ; psaume CXLV ; Paul aux Ephésiens IV 1 à 6 ; évangile selon saint Jean VI 1 à 15


[2] - Jean I 41
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samedi 25 juillet 2009

dans notre corps recevoir la mort de Jésus - textes du jour



Samedi 25 Juillet 2009


La présence si douce de nos petites mortes fidèles. Un brouillard inopiné ce matin rend le soleil très simple. – Prier… la mort, si tranquille étape. S’y préparer ? y être prêt ? non, nous ne savons pas, mais prix de la présence, prix de la vie, poids de ce que nous avons fait de nous-mêmes, vérité de nos relations puisqu’il y a un arrêt, une totalisation, la figure de notre âme, la totalité de notre âme, de nous, pour demain la perfection de nos résurrections. – Prier … [1] fins de vie avec cris et détresse, soliutude, sensibilité intense aux gestes d’affection, aux présences. Les appels de notre chienne jour et nuit, le dévouement de ma chère femme, le silence ce matin pour la première fois depuis tant de jours. L’ingéniosité des dictateurs de toutes époques, chacun à la mesure du temps et du peuple où il applique sa psychopathie, tandis que les démocraties et le bien commun, si vite accaparés par les premiers, ont tant de mal à respirer, se faire comprendre et admettre, s’agencer, s’organiser sans jamais perdre de vue leur naissance, leur origine et le sens de l’espérance et de la raison qu’ils inspirent à tout homme, toute femme, tout enfant. Ma coupe, vous y boirez. Commémoration d’un géant, pas seulement de l’Eglise. A côté de Pierre, la silhouette dont il ne nous reste que l’esquisse, celle d’un chef doué d’une exceptionnelle autorité morale dans les premiers temps de notre naissance religieuse. Des épîtres très pastorales. Quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder. Il y a ceux pour qui ces places sont préparées par mon Père. Pourtant Jésus à la Cène dit que son départ a, entre autres motifs, celui de préparer le splaces de ses disciples. Un peu comme « la tombe du soldat inconnu » (géniale trouvaille, sans doute française, à la fin de la tuerie, appelée Grande Guerre). On ne sait pas, mais faut-il savoir ? Présence à Dieu. Notre fille à qui beaucoup est expliquée depuis quelques mois et nos deuils : les voitures, elles vont au ciel ? mais ces heures-ci son propre dialogue avec Jésus, et ce qu’elle dit entendre des réponses de Celui-ci, proférées à elle seul. Nos morts à nous, à elle, que nous lui disons. Jamais un pourquoi ! le sens qu’a l’enfant du réel, c’est pourquoi il rêve et raconte tant, tandis que nous, nous ne rêvons plus, signe a contrario s’il en est que nous n’avons plus le sens du réel… les dix autres avaient entendu … ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. La leçon, la réalité, nos relations d’amour, qui dépassent l’affectivité, les pleurs des séparations, les joies du désir qui trouve sa proie et sent qu’il connaîtra son assouvissement. Non : non, parmi vous il ne doit pas en être ainsi. Modèle paulinien, sa propre affectivité, ses relations avec les siens et avec ses communautés, notamment d’Asie mineure. Tout ce qu'il nous arrive, c’est pour vous, afin que la grâce plus abondante, en vous rendant plus nombreux, fasse monter une immense action de grâce pour la gloire de Dieu. Itinéraire de tous, de tout le vivant : partout et toujours nous subissons dans notre corps la mort de Jésus afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre corps. La mort, par excellence, est celle du Christ, du Fils de Dieu fait homme. La mort est la preuve, la réalité, la science de la vie. La participation, l’introduction à la vie, et de vie que divine, et de mort que celle de Dieu en notre chair. Ainsi, on voit bien que la puissance extraordinaire que nous avons ne vient pas de nous, mais de Dieu.

[1] - 2ème lettre de Paul aux Corinthiens IV 7 à 15 ; psaume CXXVI ; évangile selon saint Matthieu XX 20 à 28

vendredi 24 juillet 2009

le terrain - textes du jour

Vendredi 24 Juillet 2009


Prier… [1] l’homme, c’est le terrain … la parabole du semeur, mais celle de la liberté ? l’homme d’un momentles soucis du monde et les séductions de la richesse… la détresse et la persécution… en fait, ce par quoi l’homme évite de se rendre compte de ce qu’il est et de ce qu’est le monde, s’en rendre compte, il deviendrait fou, ne vivrait pas. L’homme qui entend la Parole et la comprend. Jésus conclut par la fécondité, celle d’Abraham, la nôtre quand nous échappons à la folie et au désespoir. Mais comment. Le pourquoi : nous le savons, dessein divin que nous existions, nous avons été créés, nous sommes maintenus en vie. Les séductions, les distractions et échappatoires : discours de Dieu à Moïse. Idoles… images… la relation au travail, les serments… tu ne convoiteras pas… tu ne porteras pas de faux témoignages…. La mise en ordre, le « jeune homme riche » vivait cela avec soi, mais ne fut ensemencé qu’au bord du chemin.

[1] - Exode XX 1 à 17 ; psaume XIX ; évangile selon saint Matthieu XIII 18 à 23

jeudi 23 juillet 2009

restant au dehors - textes du jour

Jeudi 23 Juillet 2009
Prier… [1] je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs, il me délivre. … Heureux qui trouve en lui son refuge. Depuis la fin de mon adolescence, après la découverte, de l’extérieur, de la vie monastique (chercher, une vie durant, ce « Dieu plénitude d’attraits », résumé d’enseignement : « Dieu seul leur suffit ») avec le portrait idéal que trace du moine tel ou tel qui en est mais dont la suite de l’existence montre que lui-même a souffert… et a sa version pour arranger sa propre vie… la découverte alors de la prière des heures et et jours, les psaumes, divination psychologique du cœur humain autant que présentation du cœur de Dieu, les psaumes chant de la parfaite incarnation, cela depuis des décennies maintenant et voici le temps des Proverbes, la réflexion à premier abord si amère parce que d’expérience et de douleur, pas tout à fait Job sur son fumier, mais tant de fatigues, d’inanité et d’impasse dans lesquelles l’espérance qui demeure, qui continue de jaillir à chaque lumière, à chaque événement, est un élément de plus pour souffrir, car de notre rive nous voyons l’autre sans cesse, le bonheur est possible, il est là et pourtant. Paraboles vêcu à chaque instant de la présence et de l’absence de Dieu, description si détaillée de nos manques, lacunes, erreurs, versatilités et déceptions que nous ne pouvons nous y attacher, entrelacis complexes de nos culpabilités, de nos remords – pour de grandes choses, sans doute, et maladie de nos âmes, de mon âme – que le sacrement de la rencontre ou de la réconciliation ou de pénitence, n’efface pas car c’est de l’histoire et c’est nous, tels quels, ineffaçables. Tant que nous vivons, nous n’oublions pas, et oublier est-ce demeurer nous-mêmes ? Je ne réponds pas par le contre-souvenir, celui de moments solaires, ni par les irruptions de la paix ou de la lumière, de la tranquillité et de la perception d’un autre arrangement de tout, dans lequel nous commençons d’être déjà.
Je regarde ce matin cette famille de Jésus, le texte connu. Restant au dehors, ils le font demander. … Réponse : Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? Les textes sur le « jugement dernier » : je ne vous connais pas. La réponse au Temple où arrivent épuisés des trois jours de marche et retour, épuisés d’angoisse Marie et Joseph : ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? alors que Marie : vois comme ton père et moi… Et à Marie-Madeleine, l’amante, la contemplative, la totale : Noli me tangere… et Lui-même, le Christ sur la croix : Père, pourquoi m‘as-tu abandonné ? A tout cela, qui serait décisif – pas la démarche distraite de l’agnostique, par ailleurs remarquablement outillé intellectuellement voire scientifiquement, et équilibré affectivement, mais qui pour la « question de Dieu » a des énoncés pis que puérils – la démarche de celui qui cherche ou de celui qui tombe, la démarche du désespéré, de l’épuisé – à celui-là, il est seulement dit : voici ma mère et mes frères. Et qui sont-ils ? ceux précisément que Jésus enseignait et regarde avant de commenter : En parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : ‘Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère’. Réponse qui projette dans la vie, dans l’action, la responsabilité, la prière, la relation à Dieu celui qui était prostré dans les déjections de sa seule existence. Paul… la vie aujourd’hui, dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi.
Me relisant... cette famille de sang... de Jésus (le sang du Christ versé sur la croix...), elle reste dehors. Pourquoi ? des places assises ? un droit sur Jésus, l'interrompre, le convoquer ? qu'a-t-elle à lui dire ? et pourquoi n'entre-t-elle pas se mêler, se tasser certes, pour écouter ? Beaucoup de gens étaient assis autour de lui, et on lui dit : 'ta mère et tes frères sont là, qui te cherchent'. Ils ne trouvent pas puisqu'ils n'entrent pas... ils ne cherchent que le Jésus qu'ils conanissent, qu'ils ont charnellement et pédagogiquement, historiquement et culturellement, Nazareth, telles dates, produit et fabriqué.Prier… demander… m’ouvrir

[1] - Paul aux galates II 19 à 20 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Marc III 31 à 35

mercredi 22 juillet 2009

Marie-Madeleine s'en va donc - textes du jour

Prier [1]toute la nuit, j’ai cherché… je l’ai saisi, je ne le lâcherai pas. Textes archi-commentés que chacun croit vivre ou être appelé à vivre, humainement, en couple, en rêve, spirituellement, ou a vêcu par grâce ou chance. Mais si souvent le texte et nous, en situations adverses. Désespoir ? l’aimée elle-même désespère souvent, mais pas l’amant qui est Dieu… et que nous ne sommes jamais. Perfection de l’un ou de l’autre ? ce n’est pas dit. Le chant est celui du bonheur de regarder l’autre, d’être en sa compagnie, en caresses et émoi mutuel, devenir la cause de l’autre pour le meilleur de lui et le meilleur de nous-mêmes. Si donc quelqu’un est en Jésus-Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. Au pied de la croix, devant le tombeau. Elle voit, elle restait, elle se penche, elle aperçoit… elle se retourne… elle ne savait pas… elle lui répond… elle se tourne vers lui… Marie-Madeleine s’en va donc… c’est le Cantique, c’est un tourné image-par-image, c’est notre vie : possible. J’ai vu le Seigneur, voilà ce qu’Il m’a dit. Or, le prodigieux est que ce que dit Jésus à cette femme éplorée et amante, n’a rien de joyeux : cesse de me tenir, de m’empêcher e vivre, de m’en aller, de te quitter, de vous quitter… je ne suis pas encore monté… je monte vers mon Père. Union et accomplissement possibles seulement dans un autre état ? mais la résurrection de la chair, c’est-à-dire le même état mais nouveau, sublime, total. Mystère entrevu qui commence en chaque vie, tout le temps, celui de la prière. Explicite ou plus humblement et salvifiquement, sereinement : implicite. Dieu prie en nous, nous sommes son tombeau, son Temple et à terme son corps.


[1] - Cantique III 1 à 4 ; ou 2ème lettre de Paul aux Corinthiens V 14 à 17 ; psaume LXIII ; évangile selon saint Jean XX 1 à 18

lundi 20 juillet 2009

je triompherai pour ma gloire - textes du jour

Lundi 20 Juillet 2009


Prier… [1] Ne t’occupe pas de nous, laisse-nous servir les Egyptiens. Il vaut mieux les servir que de mourir dans le désert. Combats que je mène pour un pays dont on peut me dire là-bas ou bien les miens ici, que comme il n’est pas mon pays, je dois vraiment laisser tomber… réponse de Moïse : ces Egyptiens que vous voyez aujourd’hui, vous ne les verrez plus. Le Seigneur combattra pour vous, et vous, vous n’aurez rien à faire. J’entre dans la vérité. Les Egyptiens sauront que je suis le Seigneur, quand j’aurai triomphé, pour ma gloire, de Pharaon, de ses chars et de ses guerriers. Sens de l’Histoire qui nous dépasse. Raisonnements des Hébreux, capituler. Raisonnement de Pharaon, changer de cap et revenir sur la parole donnée. Dessein de Dieu… souvent explicite, mais l’essentiel et le décisif est que ce dessein s’accomplit. Les chars du Pharaon et ses armées, il les lance dans la mer… L’abîme les recouvre : ils descendent, comme la pierre, au fond des eaux. L’inexorable dont Dieu vient à bout. Chemin, notre prière de conversion, celle-ci passant par le Christ : il y a ici bien plus que Jonas. Et pourquoi le Christ ? Jonas est resté dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits ; de même le Fils de l’homme restera au cœur de la terre trois jours et trois nuits. Puissance du Christ et puissance de Dieu selon l’Incarnation, la Passion, la Mort et la Résurrection, telle est notre foi qui n’est pas la méthode Coué. Ce qui ne nous empêche de reconnaître une foi à nu des Juifs et des musulmans, eux aussi confiants dans cette puissance et cette miséricorde, foi si nue déduite pour les uns des promesses à Abraham et des autres de l’essence même de Dieu. Qui ne peut que forcer notre admiration et nous incliner au dialogue et au partage de nos cheminements et de la prière ensemble au même Dieu. Lors du jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront. Prier : que votre règne arrive.


[1] - Exode XIV 5 à 18 ; cantique Exode XV 1 à 5 ; évangile selon saint Matthieu XII 38 à 42

dimanche 19 juillet 2009

en sa personne, il a tué la haine - textes du jour

Prier…[1] puis je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai dispersés… Il voulait ainsi rassembler les uns et les autres en faisant la paix et créer en lui un seul Homme nouveau… il a fait tomber le mur ce qui les séparait, le mur de la haine… Les actualités terribles ou grotesques, pays et peuples divisés, et promesse reçue, envie indicible d’autrre chose : grâce et bonheur m’accompagnent… en sa personne, il a tué la haine. Nos mouvements de foule, l’univers enfin… les gens les virent s’éloigner, et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. Et voici notre moment, ce dimanche matin… en débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de pitié envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement. Et ce sera la multiplication des pains… tu prépares la table pour moi devant mes ennemis… ma coupe est débordante.

[1] - Jérémie XXIII 1 à 6 ; psaume XXIII ; Paul aux Ephésiens II 13 à 18 ; évangile selon saint Marc VI 30 à 34 cette dernière référence erronnée

samedi 18 juillet 2009

il les guérit tous - textes du jour

Maintenant… prier [1]. Les nations païennes mettent leur espoir en son nom. … Beaucoup de gens le suivirent et il les guérit tous. … L’évangile est, dirait-on aujourd’hui, un copier-coller. Soit le Christ accomplit à la lettre les Ecritures qu’il connaît d’ailleurs sur le bout des doigts comme si avaient suffi pour l’instruire les trois jours au Temple à ses douze ans, autant qu’au tombeau, ce Temple (autant que la croix) qui hante tout l’évangile, toute l’Ecriture, les autels qu’on élève, soit la science infuse de Celui qui a précisément inspiré toute l’Ecriture… Marie et Joseph pieux, mais certainement pas docteurs de l’Eglise par anticipation. Au vrai, la révélation seule est dogmatique, tout l’enseignement est de comportement et de relation. Les Pharisiens se réunirent contre Jésus pour voir comment le faire périr. Jésus l’ayant appris, quitta cet endroit. Même coalition au Paradis, l’homme ne répond pas à Dieu… ou que pour Le quitter. Une multitude disparate les accompagnait. Mais ce qui compte pour notre salut, c’est cette sortie d’Egypte, cette migration totale. Etudes approximatives de Freud sur cet événement peu relaté dans les histoires nationales du voisinage d’Israël. Environ six cent mille hommes sans compter les enfants, c’est beaucoup à l’époque comme aujourd’hui. Le dixième des victimes de la shoah… sans avoir eu le temps de faire des provisions. Recommandation du Christ à ses disciples qu’il envoie en mission, alors que ce mouvement de foule était attendu depuis quatre cent trente ans. Exécution en une nuit de veille.

[1] - Exode XII 37 à 42 ; psaume CXXXVI ; évangile selonsaint Matthieu XII 14 à 21

vendredi 17 juillet 2009

c'est la miséricorde que je désire - textes du jour

Vendredi 17 Juillet 2009


Prier…[1] ses disciples eurent faim, mais pas lui. Comment les pharisiens peuvent-ils récriminer au vu de la scène, suivent-ils aussi Jésus ? probablement, débats sur le rite comme Pierre et l’Eglise de Jérusalem doivent les arbitrer au début des Actes des Apôtres. De même que l’ambition ou l’étroitesse de vues et de comportement en politique, c’est toujours l‘autre, de même l’accusation d’une religion ramenée à l’observance et à la hiérarchie, c'est également le ridicule et l’inconséquence des autres… le texte nous amène ailleurs, à Dieu, à son incarnation, à sa souveraineté. Pourtant, le Christ parle le langage de ses détracteurs tout en annonçant – mélange des genres – le thème de son futur et mortel procès : il y a ici plus grand que le Temple. Annonce de Dieu-même par lui-même : c’est la miséricorde que je désire. Jésus prend les mêmes matériaux que les pharisiens, les textes, prend les mêmes éléments que ceux de notre cécité et de nos immersions, il retourne tout et nous amène ailleurs, à Lui. Pâque de la sortie d’Egypte. Ils se mirent à arracher les épis et à les manger… vous mangerez ainsi… vous mangerez en toute hâte… Les disciples mangent en marchant. Un repas qui inaugure un rite, un rite une mémoire, la mémoire de la dialectique de notre salut chaque matin, chaque jour, chaque vie, chaque personne, tout l’univers, l’histoire concrète, la théophanie. Mais immédiatement notre changement de regard et de comportement.


[1] - Exode XI 10 à XII 14 ; psaume CXVI ; évangile selon saint Matthieu XII 1 à 8

mercredi 15 juillet 2009

il avait fait un détour - textes du jour

Prier… le Seigneur fait œuvre de justice, il défend le droit des opprimés. En toutes lettres : justice, les opprimés ont un droit. Feu de la Bible, quasi-conversion de ce juriste soviétique saisi par saint Paul et les thèmes de celui-ci sur l’esclavage. Sujet qui depuis quelque temps est devenu, pour moi grâce à d’autres, une des clés de ma lecture mauritanienne. Personne ne connaît le Fils sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. Programme social simplissime, chemin de la connaissance de Dieu, laquelle emporte la compréhension entière, au moins d’intuition, du réel… le Paradis dans ses structures fondamentales déjà données par les images de la Genèse. Et révélation cardinale non en forme de discours, selon l’évangéliste, mais par la prière. La prière de Dieu fait homme. Ce moine que nous aimons, veut dédier son éventuelle fondation à la louange, ce sera l’œuvre, la mission et le charisme de celle-ci : nous y sommes. Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange. Celle du Christ pour son Père se fonde sur la relation de Dieu avec les hommes : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté. La faculté décisive de l’homme est cette intelligence qui, quand elle reçoit la compréhension et la connaissance de Dieu, introduit l’homme dans la vie divine, dans l’essence-même de Dieu, la création et le créateur ne font alors plus qu’un. Non par appréhension humaine, le geste d’Eve suivant le tentateur, mais par situation humble du tout qui accueille. Parabole quotidienne que nous donne notre fille pour qui d’ailleurs tout est accueil, tout est envie de participation, tandis que vanité ou humilité n’ont pas de sens. Elle coincide avec sa situation de petite fille de quatre ans neuf mois, simplement. Je suis avec toi. Relation à Dieu qui suppose tout de même quelque disposition, quelque initiative de notre part. La curiosité d’Eve bien mal placée, celle de Moïse décisive et salvifique. Moteur du péché et de l’art, de l’érotisme et de la spéculation, la curiosité, une certaine insatisfaction ou un certain appétit ? la définition importe moins que le mouvement. Nos projets sont changés. Je vais faire un détour pour voir cette chose extraordinaire : pourquoi le buisson ne brûle-t-il pas ? Moïse a délibéré, Eve non. Le grand : Me voici qui hante l’Ecriture et celle-ci, à un verset près [1] se clôt par : Viens Seigneur Jésus… Eve prise dans le rituel, le récite au tentateur. Elle est vulnérable à tout message de ses sens, elle a une superstructure et elle a une intimité, elle n’est pas unifiée [2]. Pas la moindre réflexion, pas la moindre analyse, pas la moindre conscience de ce qu’elle vivait avant la tentation ni du risque qu’elle prend, elle est tout d’une pièce. Ils connurent qu’ils étaient nus, dépourvus de sens spirituel bien plus que de vêtement. Moïse au contraire a compris et entend. Il craignait de porter son regard sur Dieu, peur toute différente de celle d’Adam et Eve se cachant. Moïse est pieux et il se connaît : Qui suis-je pour aller trouver Pharaon ? alors même qu’il est très bien placé puisqu’il est son petit-fils adoptif, élevé à sa cour et en sa présence. L’Ange lui apparut… Moïse regarda… Dieu jusques là considérait le cœur humain et évaluait la conduite d’une vie, dans l’aventure de Moïse il voit la réaction, la réponse, à nu. Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour. Et alors se noue le dialogue de toute vie : Moïse ! Moïse ! … Me voici … Je suis avec toi… L’appel clair et distinct, répété. Pas d’erreur. L’homme s’avance et se donne, disponible totalement. L’alliance aussitôt est définitive. L’histoire, grande et petite, car toute histoire de vie est grande, commence. Va ! je t’envoie… [3] Postcommunion, action de grâces, relevailles.

[1] - Apocalypse XXII 20

[2] - Genèse III 1 à 6

[3] - Exode III 1 à 12 passim ; psaume CIII ; évangile selon saint Matthieu XI 25 à 27

mardi 14 juillet 2009

Moïse eut peur - textes du jour

Mardi 14 Juillet 2009

Prier…[1] Moïse eut peur... Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu… La délivrance du peuple réduit en esclavage commence par un crime de sang, Capharnaüm où Jésus réside si souvent (la belle-famille de Pierre…) est maudite (seras-tu donc élevée jusqu’au ciel ? Non, car tu descendras jusqu’au séjour des morts !). Cohérence des Ecritures (quoiqu’elles soient à tant de mains et tant de plumes, au contraire du Coran), les villes. Sodome et Gomorrhe dans l’Exode, Ninive et Jonas, Babylone et l’exil, les itinéraires du Christ qui observe la campagne et la nature mais semble n’y rencontrer personne, c’est toujours en ville ou aux abords d’une ville qu’il se passe quelque chose (exception, car la Bible est remplie d’exception, le chemin d’Emmaüs, psychologie de la route) et la conclusion triomphale de l’Apocalypse, la Jérusalem céleste. Quel reproche décisif leur fait Jésus, nous fait le Christ ? il y a longtemps que les gens auraient pris le vêtement de deuil et la cendre de signe de pénitence. Clé de nos époques : chacun sent qu’une mûe collective est la seule solution, mais personne ne la prêche ni ne l’entreprend quant à soi. Je l’ai tiré des eaux. Ainsi commence l’histoire de Moïse, les deux grands chefs de l’histoire « sainte » en Egypte, y arrivent ou naissent par accident. La fille de Pahraon sauve Moïse en connaissance de cause, contre les instructions de son père : C’est un petit hébreu. La mère elle-même ne l’a sauvé, semble-t-il que pour son physique. Celui de David plus tard le distinguera aussi. Voyant qu’il était beau, elle le cacha durant trois mois. Moïse et ses compatriotes, pas mieux reçu que parmi les Egyptiens. Les destinées difficiles. Et moi, humilié, meurtri, que ton salut, Dieu, me redresse. Les villes que Jésus maudit sont celles où avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu’elles ne s’étaient pas converties.

[1] - Exode II 1 à 15 ; psaume LXIX ; évangile selon saint Matthieu XI 20 à 24

lundi 13 juillet 2009

le glaive et le filet - textes du jour

Lundi 13 Juillet 2009
Prier… (1) la saint-Henri, naguère fêtée le 15, mon père, notre projet… il ne perdra pas sa récompense, dans une ambiance échangiste et rituelle, peut-être ne pouvait-on dire autrement pour saluer l’abnégation et la foi de celui qui accueille, vérité aussi de la psychothérapie, pour gagner il faut perdre. Les évangiles, l’Ecriture, la Bible entière ont eu ces sagesses de l’âme autant que la présentation des comportements les plus audacieux, à commencer par celui de Dieu-même. Jésus acheva ainsi de donner ses instructions aux douze disciples, puis il partit de là pour enseigner et prêcher dans les villes du pays. Dans l’Ecriture, y compris l’Ancien Testament, toujours deux lectures possibles, la littéralité, et souvent des conseils, des enseignements, des anecdotes ou des récits qui peuvent scandaliser ou paraître banaux. Soit. Mais aussi, mais surtout le Christ, préfiguré ou le Christ parmi nous, son comportement, sa nature et ses faits et gestes, ses réactions d’homme dans son époque et qui sont pourtant ceux de Dieu, un Dieu que nous pouvons cotoyer et regarder parce qu’il est le Christ, Dieu fait homme. Les disciples et leur départ en mission, une sorte de récréation qu’ils vont vivre avec sérieux et enthousiasme, tandis que Jésus comme au désert où il sera tenté en conclusion de quarante jours, disparaît. Silence, discrétion, insaisissabilité même en tant qu’homme. Il a prêché la rupture : oui, je suis venu séparer… la conciliation : qui accueille un homme juste en sa qualité d’homme juste, recevra une récompense d’homme juste… la révélation tranquillement dite quoiqu’à mots si couverts : qui vous accueille m’accueille, qui m‘accueille accueille celui qui m’a envoyé. Toutes les relations humaines, entre semblables et avec Dieu, sont là, dites et vêcues. Etre. Tandis qu’est rappelée le désordre social et les circonstances et causes des malheurs politiques et économiques quand monte la méfiance et apparaît le racisme : les fils d’Israël sont maintenant un peuple plus nombreux et plus puissant que nous. L’exacte redite par l’Exode des conditions de l’immigration en Europe et des réflexes qu’elle a engendrée dans nos oublies dans nos oublis des « années glorieuses » avides de main d’œuvre. Il n’avait pas connu Joseph. … tous ces travaux étaient pour eux un dur esclavage… Le lien entre les deux propositions scripturaires est notre prière, notre espérance : comme un oiseau, nous avons échappé au filet du chasseur ; le filet s’est rompu : nous avons échappé. Peut-être par ce glaive qu’apporte le Christ : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Celui d’un autre ordre, celui d’une révélation, d’une réconciliation : celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de moi. Qui veut garder sa vie pour soi la perdra. … Finalement, Pharaon donnea cet ordre à tout son peuple : ‘ Tous les garçons qui naitront chez les Hébreux, jetez-les dans le Nil. Ne laissez vivre que les filles.’ L'ensemble est mystérieux et dense, la journée portera tout cela, l'Ecriture est rencontre, Dieu ne se résume pas.


(1) Exode I 8 à 22 ; psaume CXXIV ; évangile selon saint Matthieu X 34 à XI 1

dimanche 12 juillet 2009

réunissant tout sous un seul chef - textes du jour

Dimanche 12 Juillet 2009

Comme depuis quelques jours à chacun de mes réveils, je suis saisi par le vide tout et surtout de moi-même, de la vie en général et de mon inanité en particulier, de toutes ces marches qui m’épuisent dans une ambiance d’usure et de dissolution, de fragilité intense. Puis cela se dissout dans la journée : remplissages apparents, courses aux écrits comme naguère à la drague ou aux attentes, puis prier me recentre… tandis que dorment encore mes aimées. Vie des autres, la mienne, les récits et survols que chacun peut en fait et que nous échangions hier, morts et existants… nos animaux aussi donnant la même leçon… vertige qui appelle l’amour et l’atterntion mutuels, tandis que dans le moment des échanges curiosité, sympathie ou indifférence se laissent dominer par des attraits encore plus simples, nous sommes plus animaux et surtout tellement plus vulnérables dans nos apparentes rationalités que nous le croyons bien souvent. Ou plutôt, notre néant nous apparaît comme notre vrai destin. Prier nous détrompe, ce n’est pas pas même notre nature, c’est une situation dont nous sommes tirés. [1] Ajoutant au tableau, l’évocation de ces prêtres et consécrations, leur aboutissement pour les tiers qu’ils évangélisaient, les fiascos ou les souffrances, ou bien la campagne et l’avenir immédiat pour ce pays qui m’est cher, mon pays, les malheurs de chaque jour et les impunités, inconsciences qu’on publie à propos d’autres. La Bible a donné ce livre des Proverbes. Aujourd’hui, Amos répondit à Amazias : ‘Je n’étais pas prophète ni fils de prophète ; j’étais bouvier et je soignais les figuiers. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit :Va, tu seras prophète pour mon peuple d’Israël’. Dieu coupe court, nos spéculations et angoisses nous enfoncent, nous sommes autant constructibles par Dieu que destructibles par nous-mêmes. Jésus appelle les Douze et pour la première fois il les envoie deux par deux… ils partirent et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Les conseils de mission sont aussi des conseils de vie, conseils pratiques pour la mission, tenue de route dans nos vies : ne rien emporter pour la route… quand vous avez trouvé l’hospitalité… si on refuse de vous accueillir… nos états de vie, nos sensations, ces paysages intérieures qui nous réjouissent ou nous abattent, ces reflets d’existence, la nôtre, celle d‘autrui, sont des lieux dont le Christ nous apprend l’usage, tout a sa finalité. L’Esprit que Dieu avait promis, c’est la première avance qu’il nous a faite sur l’héritage dont nous prendrons possession, au jour de la délivrance finale, à la louange de sa gloire. Pour n’être pas durablement victime de soi,la prière et l’écoute : la vie. Il nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus-Christ… dans sa bienveillance, il projetait de saisir l’univers entier, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, en réunissant tout sous un seul chef, le Christ. . . . Ces moments où enfin nous choisissons ce que nous regardons. Mariage ou réponse à une vocation sont de cet ordre, alors nous sommes debout et prêts pour être délivrés, à notre tour. Prier… j’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple. Son salut est proche de ceux qui le caignent, et la gloire habitera notre terre.


[1] - Amos VII 12 à 15 ; psaume LXXXV ; Paul aux Ephésiens I 3 à 14 ; évangile selon saint Marc VI 7 à 13

jeudi 9 juillet 2009

vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement - textes du jour

Prier… [1] Mais ses frères étaient incapables de lui répondre, tant ils étaient bouleversés de se trouver en face de lui. Bouleversés, les disciples aux apparitions du Christ ressuscité. La question de Joseph, tout puissant ministre de Pharaon : est-ce que mon père vit encore ? L’exil, la vente, le possible esclavage sont oubliés et n’ont jamais importé, mais son père. La paternité, la filiation, ascendance et descendance dans l’Ecriture. Leurs dialogues avec le vieux patriarche que rapportent à Joseph ses frères assassins de projet… – avec une plume et pour une mise en scène littéraire excellentes – restent les nôtres sans débouché : impuissance qui nous est native. Joseph donne la lecture des événements : ne regrettez plus de m’avoir vendu, car c’est pour vous conserver la vie que Dieu m’a envoyé le premier. Les plans divins, et les envois en mission si paradoxaux, mais à discerner dans nos vies. Dans la mienne, c’est si manifeste, ô « mon » Dieu. Mission qui n’a rien d’extraordinaire. Les disciples ne sont pas expédiés pour parler de Jésus dont ils savent et comprennent si peu : sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche, qu’il y a autre chose, que tout n’est pas perdu. Et cela, bien entendu, sans forfanterie : vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.

[1] - Genèse XLIV 18 à 29 & XLV 1 à 5 ; psaume CV ; évangile selon saint Matthieu X 7 à 15

mercredi 8 juillet 2009

il se retira pour pleurer - textes du jour

Mercredi 8 Juillet 2009

Prier… [1] nos saints familiers, ceux dont le nom, le visage et la vie nous reviennent, qu’ils soient « officiellement » reconnus ou pas. Dans l’Ancien Testament, ce n’est pas d’officialité reconnue par une quelconque hiérarchie qu’il s’agit, mais d’une vraie généalogie dans la relation avec Dieu. Cette recherche que nous entendons rapporter sous des formes diverses : les conversions dans nos entourages à l’Islam, probablement le même genre de scandale ou d’amicale tolérance que les Juifs puis les « païens » quand le christianisme se propagea. Ce mouvement a sa profondeur, apparemment identitaire et qui peut interroger pour le dehors, il a sa réalité, une répudiation du matérialisme et du mouvement actuel de nos sociétés. Le mot – juste – de Martine Aubry, parce qu’elle est politique, n’a pas été entendu, était-elle d’ailleurs la première à le prononcer : notre époque post-matérialiste. Ce que je recherche dans les signes contradictoires de ce temps, c’est la liberté. Non la mienne, mais celle des autres, nous libérons-nous ? Joseph et son histoire, apparemment politique de bout en bout quand il est le principal ministre de Pharaon pour avoir prévu la disette. La relation en fratrie, ce que chacun de nous a vêcu ou peut vivre, du meilleur, du pire, les jalousies in utero… Joseph reconnaît ses frères mais quoi qu’il dise – l’essentiel : je crains Dieu – les siens ne le reconnaissent pas. Dieu veille sur ceux qui le craignent. Rejoindre l’autre par là, par le point véritablement commun qu’il soit croyant ou incroyant, insolent ou apaisant. Voici les noms des douze Apôtres… allez plutôt vers les brebis perdues. Mouvements divers dans l’évangile mais orientation assurée dans les Actes des apôtres. Aller vers les païens ou rester dans le cercle initial des Juifs et de la synagogue. L’Eglise catholique, au moins en Europe, en est à cette hésitation. Solution ? notre affectivité, les mouvements de pitié du Christ, la supplication de Joseph que ses frères vont assassiner… Joseph se retira pour pleurer.



Je reviens sur cette sensation-pensée de tout à l’heure, le choc des religions qui serait l’acmée du « choc des civilisations », comme il y eut celui des idéologies : communisme, marxisme, fascisme, nazisme. On ne s’en sort, et pour le bien commun de l’humanité, que par l’approfondissement, la reconnaissance des analogies dans les erreurs, les déviations, les comportements (en religion, les intégrismes et la bêtise, les débats sur les langues, les costumes, les rites), et positivement par le retour aux textes fondateurs d’une part, paisiblement mais avec sérieux (Bible et Coran à reprendre en profondeur, à la lumière de l’autre, de la compréhension que nous donne l’autre de son livre saint, compréhension que j’ai la chance de pouvoir solliciter), et plus encore par la prière, la prière chacun, et de chacun, selon ses habitudes, sa sensibilité, le legs reçu, l’expérience propre, mais aussi la prière ensemble : l’homme devant Dieu, silence et voix. Quel chemin… à vivre.

[1] - Genèse XLI 55 à 57 & XLII 5 à 24 ; psaume XXXIII ; évangile selon saint Matthieu X 1 à 7

mardi 7 juillet 2009

il resta boîteux - textes du jour

Mardi 7 Juillet 2009



Prier… [1] voyant les foules, il eut pitié d’elles, parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger. La pitié du Christ, fréquemment remarquée par les disciples et les évangélistes, l’envoi en mission, explicite si souvent jusqu’à l’instant de l’Ascension, apparemment conclusive de la geste messianique contrairement à toutes les attentes d’un rétablissement de l’ordre de toutes choses ici bas. Ici, l’image du Christ n’est pas la propagation de la foi, Dieu lui-même s’en charge, enseignant dans le ssynagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité, elle est celle d’un travail pour l’essentiel accompli et dont il ne reste qu’à récolter les fruits. Pour cela, Dieu a besoin d’aide… les ouvriers sont peu nombreux. Dieu tellement à notre portée que Jacob peut lutter avec lui, Jacob l’usurpateur et le spirituel, Jacob qui reçoit un nom si décisif jusqu’à notre époque la plus contemporaine et la plus polémique pour une partie du monde et une partie des hommes et des fmmes : Israël. Tu as lutté contre Dieu comme on lutte contre des hommes, et tu as vaincu. De l’errance des contemporains du Christ ou d’Abraham dépaysé de la Chaldée à l’Egypte jusqu’à l’instant suprême de la lutte spirituelle : le Christ tenté au désert en début de ministère, tenté au Jardin des Oliviers à l’instant d’entrer librement dans sa Passion, et Jacob-Israël : Jacob resta seul. Or, quelqu’un lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore. Et de même que Paul garda trace de la rencontre (j’ai dans ma chair une écharde, un envoyé de satan qui est là pour me gifler, pour m’empêcher de me surestimer [2]), de même Jacob-Israël : l’homme, voyant qu’il ne pouvait pas le vaincre, le frappa au creux de la hanche, et la hanche de Jacob se démit pendant ce combat…Il resta boîteux de la hanche. Moissonnés, nous sommes mis au combat. Avec Dieu. Combat indicible et personnel, moisson évidente et universelle. Lien ? la dialectique de l’incrédulité et de la foi en chacun de nous, qui n’est pas un débat de rationnalité ou d’adhésion, mais celui, quotidiennement repris, entre mon désespoir et ma confiance, la désespérance et la saveur du bonheur, chacune si contagieuse. Ainsi, de notre vivant terrestre et si limité, pourtant si tendu vers l’au-delà de tout, resterons-nous boîteux à jamais.


[1] - Genèse XXXII 23 à 32 ; psaume XVII ; évangile selon saint Matthieu IX 32 à 38


[2] - 2ème lettre de Paul aux Corinthiens XII 7 à 10


lundi 6 juillet 2009

je suis avec toi - textes du jour

Prier… [1] l’Eglise redonne le récit de l’autre dimanche, l’hémorroisse et la résurrection de la fille de Jaïre. Mise en scène de deux actes de foi. Le notable comme la malade ont cependant leur idée : Jésus devra imposer les mains à la mourante, toucher le vêtement de cet homme sera salvateur pour l’infirme. L’un et l’autre s’approchent. Jésus est disponible : il suit aussitôt le notable, il ne prend pas mal le geste fétichiste de l’hémorroïsse. Confiance, ma fille. Ta foi t’a sauvée. Et non pas : je te sauve ! ou, j’arrive pour la sauver. Jésus, silencieusement, se laisse faire, il cristallise notre foi, il la constate. Simplicité totale. L’évangile ne donne pas la réaction des miraculés, mais des témoins, c’est-à-dire la propagation de la foi (locution forcément abîmée puisqu’elle a intitulé ensuite des services du Vatican, mais des institutions sans nom ?). En revanche, dans l’Ancien Testament, avec les patriarches, puis par les prophètes, Dieu est prolixe (si l’on ose l’écrire ainsi). Le songe de Jacob (l’échelle que verra aussi Nathanaël dans le Nouveau Testament à l’invite du Christ). Jacob, héritier par supercherie et usurpation, a le sens du spirituel. Il sait lire ses rêves, il sait discerner ce qu’il lui arrive et où il se trouve, et cela en toute humilité : vraiment, le Seigneur est dans ce lieu ! Et moi je ne le savais pas. Jacob, ce que n’avaient fait ni Abraham ni Isaac, prend l’initiative, en réponse à ce songe qu’il a identifié comme parole de Dieu, d’un pacte avec Celui-ci. Si Dieu est avec moi, s’il me protège sur le chemin où je marche, s’il me donne du pain pour manger et des vêtements pour me couvrir, et si je reviens sain et sauf à la maison de mon père, le Seigneur sera mon Dieu. Cette pierre dont j’ai fait une stèle sera la maison de Dieu. La vie entière, l’existence d’un homme sont ainsi vouées dans leur détail et leur nécessité. Une vie spirituelle, une relation à Dieu commence. Le conditionnel n’est pas incrédulité ou forfanterie – il est, je crois, demande très sérieuse et adulte d’un homme à Dieu, d’un homme qui s’embarque en Dieu, c’est une vocation à la suite d’un signe et d’une proposition : voici que je suis avec toi ; je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai sur cette terre ; car je ne t’abandonnerai pas avant d’avoir accompli ce que je t’ai promis. Nos vies sont placées dès leur commencement sous le signe d’une promesse : accompagnement et accomplissement.


[1] - Genèse XXVIII 10 à 22 ; psaume XCI ; évangile selon saint Matthieu IX 18 à 26

dimanche 5 juillet 2009

il s'étonna de leur manque de foi - textes du jour

Dimanche 5 Juillet 2009
Prier…[1] ils étaient profondément choqués à cause de lui. Jésus que chacun croit connaître, croyant ou incroyant aujourd’hui, et en son temps aussi, du moins dans son pays, car les évangiles sont remplis de l’interrogation de l’époque : qui es-tu ? que dis-tu de toi-même ? pour les gens, qui suis-je ? pour vous, qui suis-je ? les deux attitudes humaines, ou bien croire savoir, en être convaincu ce qui dispense de tout mouvement personnel, ou bien interroger au point de ne jamais entendre de réponse, la réponse. Dans les deux cas, on est à côté, et content de ne pas bouger, content de soi. Les gens de Nazareth sont dans l’engrenage ou le « cercle vicieux » de la non-foi, ni miracles, ni foi, pas de dialogue avec Dieu. Il s’étonna de leur manque de foi. Alors il parcourait les villages d’alentour en enseignant. Mais il n’allait pas loin, et restait disponible. Identité qui le marqua jusqu’au procès et au supplice romain. – Accessoirement, la question de cette parenté sanguine du Christ rapportée à la virginité de Marie. Les frères et sœurs ne seraient que des cousins à la mode de Bretagne, l’araméen et le grec ont pourtant des termes propres distinguant le frère du cousin, l’adelphos des autres… il me semble qu’en refusant ces frères et sœurs, de vrais… nous sommes aussi à refuser une part du mystère, de façon analogue aux contemporains. D’où cela lui vient-il ? Mais de Dieu ? et comment : parce qu’Il est de Dieu, et Dieu lui-même. Les mythologies ont affectionné ces présences des dieux chez les hommes, mais n’ont jamais eu ces audaces, qui ne viennent pas de l’imagination ou de l’ingéniosité intellectuelles de notre espèce. Descartes que revendiquent aussi les marxistes et les matérialistes, était sur un chemin pertinent. L’incarnation change notre condition humaine, l’explique, y compris le déroulement de nos vies : Paul l’atteste et le vit intensément… mon orgueil dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi… car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. Les thérapies modernes de la dépression – du moins autant que je l’ai vêcu et le vive – sont entièrement là, dans cette dialectique et cette pratique pauliniennes. Alors qu’ils écoutent ou qu’ils s’y refusent – car c’est une engeance de rebelles, – ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. Retour à Nazareth, retour à nos jours, à ce dimanche où les médias ne bruissent que des vacances, alors qu’en temps habituel plus de la moitié des Français ne « partent pas en vacances », et nous sommes maintenant dans un temps différent, sauf pour les nantis et pour les « dirigeants ». Chaque époque a son établissement et a donc sa vérité au rebours du triomphe permanent des apparences. Les fils ont le visage dur et le cœur obstiné, tandis que le Seigneur répète avec douceur : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse.

[1] - Ezéchiel II 2 à 5 ; psaume CXXXIII ; 2ème lettre de Paul aux Corinthiens XII 7 à 10 ; évangile selon saint Marc VI 1 à 6

samedi 4 juillet 2009

ton Dieu - textes du jour

Samedi 4 Juillet 2009

Prier ainsi… Jacob béni par son père selon le subterfuge de sa mère Rébecca. [1] L’histoire, très conte, est archi-connue. A la relire, autrement qu’en récit mais en prenant le mot à mot, quelle que soit la traduction, des gemmes : tu vois, je suis devenu vieux mais je ne sais pas le jour de ma mort. Isaac dans cette incertitude prépare ce qui est en son pouvoir, le repas qu’il préfère et la bénédiction testamentaire pour son fils. Esaü, son fils aîné. Le dialogue ensuite entre le père et le cadet sort d’un livre de Perrault : comme tu as trouvé vite, mon fils ! – C’est que le Seigneur, ton Dieu, a favorisé ma chasse. Salomon fils d’un adultère, Jacob notre ancêtre et celui du Christ, par usurpation, il est vrai que nous sommes appelés à la participation divine du fin fond de nos péchés. Isaac est méfiant au possible, intuition humaine mais plan-dessein de Dieu. Le Seigneur, ton Dieu… pour tout charger, Jacob ne paraît guère croyant. Isaac a foi en son cadet qu’il prend pour l’aîné non par l’ouïe qui l’inclinerait à la défiance, non par la vue qu’il n’a plus guère mais par le toucher, abusé, et par l’odeur. Les sens obscurs du spirituel, le tâton de la foi et manifestement le contraire de nos plans propres. Bénédiction appelée de Dieu, primauté sur les autres. Les adages du Christ, personne ne coud une pièce d’étoffe neuve sur un vieux vêtement… on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres… et ce qui est neuf dans la vie des disciples et dans la nôtre, c’est l’Epoux, c’est-à-dire l’intime, un autrui donné et proche, celui qui fait joie et bonheur par sa seule présence. Revenir ou aller à cette réalité, la réalité, tandis que de toutes parts… la société et les moeurs déréglées, écoûte aux portes, usurpation, Rebecca et Jacob et leur laide complicité, notre monde actuel, noirceurs de chaque génération, notre époque carabinée, Isaac dont on abuse parce qu'il est vieux et se sait vieux.


[1] - Genèse XXVII 1 à 29 ; psaume CXXXV ; évangile selon saint Matthieu IX 14 à 17

vendredi 3 juillet 2009

le plus fort - textes du jour

Vendredi 3 Juillet 2009

Prier…[1] dans notre monde si laid que la beauté et les merveilles s’aperçoivent si mal, tant il y a à pleurer et serrer les poings, combien Dieu met de temps à sauver, sauver, sauver… cesse d’être incrédule, mais sois croyant. Chouraqui : ne sois plus sans adhérence, mais adhère. Brut et illisible sans doute pour nous, habitué aux textes qui « coulent » aseptisés. La non-foi est le manque absolu, la souffrance qui s’ignore, le déséquilibre par une sorte d’addiction à un néant qui ne fait plus souffrir, une résignation à ce qu’on croit – la foi inversée – la réalité. Thomas donne dans sa langue et selon lui tout ce que l’homme peut reconnaître à Dieu et de Dieu. Chouraqui précise : que je ne jette mon doigt dans la trace des clous, et que je ne jette ma main dans son flanc, au lieu de mettre. L’impétuosité native de nos évangiles et particulièrement des fils du tonnerre… qui ne sont pas images de communion, blondinet pâmé dans l’ambiguité sur la poitrine de son aîné, les yeux levés au ciel comme le doigt qui prêche… Renan et le doux rêveur, alors que ce fut le fouet administré aux marchands du Temple. La pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même. Et nous-mêmes, si précaires : dans le Christ Jésus, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu. Thomas l’incrédule, et plus mystérieusement : le Jumeau. Notre jumeau à tous. Son amour envers nous s’est montré le plus fort, pour aujourd’hui, comme hier et comme demain.

[1] - Paul aux Ephésiens II 19 à 22 ; psaume CXVII ; évangile selon saint Jean XX 24 à 29