samedi 24 mai 2008

c'est lui qui, pour toi - textes du jour

Dimanche 25 Mai 2008


Prier… après les trombes d’hier et tandis que dès l’ouverture des portes aux chiens, ce sont plusieurs oiseaux, hirondelles et moineaux qui se précipitent à l’intérieur. Tranquillité de chacun à son affaire, silence auquel le chant de quelques oiseaux donnent du relief, sorte de réponses de part et d’autre de la maison. [1] Histoire de la dévotion bien plus « importante » que celle de la liturgie, datation selon une époque et une société de ce que l’on appelait les « collectes », comment nos sensibilités selon les circonstances et aussi les modèles que nous nous infligeons modèlent notre cri vers Dieu, notre relation à Lui, la gangue dont il faut dégager nos mots pour que notre cœur, notre offrande, la nudité de nos mains et de nos apparaissent. Moi je suis le pain vivant… tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. Les Juifs se récrient comme sur l’Aréopage, les Grecs déserteront le discours de Paul quand il en sera arrivé à la Résurrection du Christ. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. Comme si l’Incarnation procédait de cette ultime raison, et était, par là, le moyen-clé de notre participation à la divinité, une commune et mutuelle demeurance. C’est mystérieux et sévère. Ce qu’on ne peut comprendre et voir, notre foi ose l’affirmer, hors des mois de la nature. Méditation laborieuse alors que le Veni sancte Spiritus est si fort et si limpide. Paul est attaché à cette constante démonstration du corps mystique et de l’unité, de l’union des chrétiens, des participants à ce banquet du nouveau roi. Tant que tu peux, tu dois oser, car il dépasse tes louanges, tu ne peux trop le louer. L’hymne un peu guindé, dont je ne sais l’époque : un XIXème des chasubles raides qui ne couvraient plus les bras du célébrant ? Il t’a fait connaître la pauvreté, il t’a fait sentir la faim et il t’a donné à manger la manne, pour te faire découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pâin, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. La vibration dans les évangiles de toute citation implicite ou avouée de l’Ancien Testament, et la résonnance charnelle et directe que leur donne le Christ quand il les redit, se les appropriant. C’est lui qui, pour toi…

[1] - Deutéronome VIII 2 à 6 passim ; psaume CXLVII ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens X 16 à 17 ; séquence Lauda Sion ; évangile selon saint Jean VI 51 à 58


Pape Benoît XVI Sacramentum caritatis, 92 (trad. DC 2377 1/4/07, p. 341 © Libreria Editrice Vaticana)

L’Eucharistie, lien entre la première création et la nouvelle création
Pour développer une spiritualité eucharistique profonde, capable aussi de peser significativement sur le tissu social, il est nécessaire que le peuple chrétien, qui rend grâce par l'eucharistie, ait conscience de le faire au nom de la création tout entière, aspirant ainsi à la sanctification du monde et travaillant intensément à cette fin… La liturgie elle-même nous éduque à tout cela quand, durant la présentation des dons, le prêtre adresse à Dieu une prière de bénédiction et de demande en relation avec le pain et le vin, « fruit de la terre », « de la vigne » et du « travail des hommes ». Par ces paroles, en plus d’impliquer dans l'offrande à Dieu toute l'activité et l'effort humains, le rite nous pousse à considérer la terre comme création de Dieu, qui produit pour nous ce dont nous avons besoin pour notre subsistance. La terre n'est pas une réalité neutre, une simple matière à utiliser indifféremment selon l'instinct humain. Elle se place au coeur même du bon dessein de Dieu, par lequel nous sommes tous appelés à être fils et filles dans l'unique Fils de Dieu, Jésus Christ (Ep 1,4-12). Les légitimes préoccupations concernant les conditions écologiques de la création en de nombreuses parties du monde trouvent des points d’appui dans la perspective de l'espérance chrétienne, qui nous engage à oeuvrer de manière responsable pour la sauvegarde de la création. Dans la relation entre l'eucharistie et le cosmos, en effet, nous découvrons l'unité du dessein de Dieu et nous sommes portés à saisir la profonde relation entre la création et la « nouvelle création », inaugurée dans la résurrection du Christ, nouvel Adam. Nous y participons déjà maintenant en vertu du baptême (Col 2,12s) ; ainsi, pour notre vie chrétienne nourrie de l'eucharistie, s'ouvre la perspective du monde nouveau, du ciel nouveau et de la terre nouvelle, où la Jérusalem nouvelle descend du ciel, de chez Dieu, « toute prête, comme une fiancée parée pour son époux » (Ap 21,2).

Ce pape si décrié ... d'une Eglise paraissant si peu consciente de ce qu'elle est devenue pour les hommes... a cependant des intuitions et des cris qui - moi - me touchent ... "une spiritualité eucharistique, capable aussi de peser significativement sur le tissu social"... probablement, la foi aujourd'hui ne paraît plus ce qu'elle est et a toujours été (dans l'histoire du peuple juif, chez les saints, et dans la geste terrestre du Christ), le meilleur rapport à la réalité et la meilleure collaboration au continu de la création ... Benoît XVI semble désuet parce qu'il est de foi. J'avais apprécié sa première encyclique, avec des percées inconnues de l'Eglise sur la reconnaissance d'eros et d'un certain accomplissement de l'être humain, et plus seulement l'agapè (si peu gênant pour les prudes et les ligotés). Deus caritas est... même approche un peu difficile du Lauda Sion, aujourd'hui.

Je rends compte dans mon blog. du livre prêté par "mon" recteur (-curé) en Bretagne : un cardinal gardant l'anonymat, préférant une pastorale d'historien ou de sociologue, plutôt que de théologien (p. 89) mais concluant un commentaire de son interlocuteur sur Elie par cette assurance - belle : " Ce livre est à vous. Son titre aussi. je vous le confie - Cela ne sera pas très facile... Mais si, vous verrez, la brise fait moins de bruit, mais l'ouragan n'a qu'un temps ". Le titre a été manqué, le livre est résonnant. Le fond de la question des relations entre l'Eglise et le monde, le spirituel et les dictatures de toutes sortes en notre temps (parabole du Dalai-Lama, de la Chine, de la Birmanie et de ce que "dans le temps", le commun des mortels aurait pris pour des vengeances divines, le Sechuan est au coeur du Tibet historique même si Pékin a changé les limites "administratives" de celui-ci...)


Olivier Le Gendre, Confession d’un cardinal (JC Lattès . Octobre 2007 . 413 pages)

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