mercredi 4 juillet 2012

que nous veux-tu, Fils de Dieu ? textes du jour

Mercredi 4 Juillet 2012

De la solitude intérieure à la foule des multiplications du pain, la grande ville et la scène de ses visages, des couples enfants-parents, amoureux de début ou adultes de fin, regarder le multiple qui est humain uniquement, mais tant de lumières, tant de récits se devinent et se voient. Ce que j’ai appris, ce que j’approfondis dans la ville-source. Source par les retrouvailles, les réminiscences, puissance des lieux dans nos vies, justesse de la psychologie du psalmiste : Sion. Dans le train du retour, ce garçonnet et sa mère, elle quelconque mais présente, lui lumineux, voix, textes, questions, posture plus le jeu de pistolet et d’araignées qui ont tant d’analogies avec ceux de notre fille, un mois juste de plus qu’elle. Quand le train est reparti, laissant une petite foule marcher dans la nuit vers les voitures, j’ai été saisi par la nostalgie du fils qui pourrait, aurait pu être nôtre. Mon vœu de2000-2003 : de Lisieux à Lourdes, marcher si la Providence me donnait un enfant de mon sang, j’y ai joint celui de contribuer à la béatification de Mère Yvonne-Aimée, supérieure des Augustines de Malestroit, croix de guerre 39-45 reçue des mains du général de GAULLE à la Libération. J’ai été exaucé, mon vœu n’est pas accompli. Difficile pour mes aimées de me savoir durablement ou même quelques jours par an sur les routes, du moins dans notre configuration actuelle. Une religion échangiste, parole tenue, grâce retirée, Dieu et l’homme en concurrence pour organiser quoi ? non. Je renouvelle ma demande et ma prière, mais calcule la distance que je ferai chaque jour dans mon environnement, ici, marchant une très grande heure, chapelet donné par Jean Paul II en Février 1995, temps de prière, temps de demande. Que le visage et la fraicheur, la pureté de ce jeune garçon, questionnant à la manière de Marguerite, sur le nombre d’heures pour le voyage encore, sur la nuit qui sera si noire et Papa sera-t-il là pour venir nous prendre,, oui que ce visage m’amène à une prière plus profonde, plus décidée et donc plus heureuse. Grâce d’un second enfant ? peut-être, oui, je la demanderai, miracle total si ce que j’ai refusé pendant quarante ans d’errance, de crainte, d’économie sordide de moi-même, d’attente et d’enchevêtrements divers d’une vie qui ne se décide pas, m’est donné en sus de la surabondance reçue ces dernières années : un mariage, une naissance, une paternité et surtout une échelle de valeurs et des repères, la responsabilité conjugale et paternelle qui tient l’homme droit même s’il souffre d’ici et de çà, responsabilité aussi qui fait une société, une culture, une civilisation, l’histoire. Participer ainsi, de Dieu à l’homme, de ce que nous sommes à ce que nous deviendrons. Et nous sommes tellement aidés les uns par les autres… rien que le métro, des regards, des rencontres non parlées, fugaces mais très ressenties, la caresse des fleurs entre elles par la pluie, les vents, que ce soit jardin, hasard, fossés et talus… les lignes souterraines de nos moyens de transport. Nos races et couleurs, nos âges, nos sortes de couples.
 Justement en voici un… [1] Deux possédés sortirent du cimetière à sa rencontre. Ils étaient si méchants que personne ne pouvait passer par ce chemin.  Leur guérison, le troupeau de porcs conduits à la catastrophe, et voilà que toute la ville sortit à la rencontre de Jésus, et lorsqu’ils le virent, les gens le supplièrent de partir de leur région. Dieu qui dérangent par sa venue et par ce qu’Il accomplit, mais ce matin je regarde ce couple de possédés. Il est rare que la rencontre soit à l’initiative de l’homme, c’est ici deux fois le cas, les possédésn, toute la ville. La demande est à double sens. A priori, elle n’est pas de foi, elle est même un refus d’entrer en relations : ue nous veux-t ? Es-tu venu pour nous faire souffrir avant le moment fixé ? Un autre évangéliste ne met en scène qu’un seul possédé, lui aussi forcené mais libéré autrement. La scène de maintenant est mouvementée. La salutation : Fils de Dieu et l’évocation d’une heure fixée de même que Jésus, dans toute sa vie publique, évoque son heure m’amène à des interrogations qui sont dialogue et prière en Dieu, car tout est discordant et étrange. Un seul mot du Christ est rapporté : Allez-y. Jésus, qui s’est refusé aux « tentations » de Satan au désert, accède au désir des démons. Pour les tiers, notamment les gardiens du troupeau qui prirent la fuite et s’en allèrent en ville annoncer tout cela, avec l’affaire des possédés, rien n’est clair, le lien entre le comportement des porcs, celui des possédés n’est fait qu’en fonction du Christ. Les mouvements de foule dans les évangiles. Contraste fréquent entre « le » Dieu de l’Ancien Testament, et celui du Nouveau. Souvent, la première figure plus proche de l’homme, plus relationnelle et intime que la seconde, sans doute parce que Yahvé est l’éternité faisant l’histoire humaine, tandis que le Fils est dans l’histoire-même, et la plus anecdotiques, dans l’existentiel et non dans l’ordonnancement, quand les deux ordres se rencontrent : le choc, tout le troupeau se précipita dans la mer. Ce n’est qu’une introduction. Ecoute, mon peuple, je parle. Moi, Dieu, je suis ton Dieu ! … Que le droit jaillisse comme une source, la justice comme un torrent qui ne se tarit jamais  [2]. De la proximité divine à la reconstruction de tout. Que nous veux-tu, Fils de Dieu ?  Les possédés étaient deux, ils parlent d’une seule voix, sont dans une unique posture, une unique prison et le dénouement reste dans le pluriel, un troupeau entier. Ils ne s’entredéchirent pas. Ils perturbent par leur souffrance comme par leur guérison. Deux : symbole du multiple, mais d’un pluriel inorganisé, potentiellement conflictuel, deux : l’exact contraire de la trinité. Deux n’est pas couple. Même sans enfants, même de simple passage amoureux, même d’étreinte peureuse et donc réservée quant aux fins et aux conséquences, limitée à l’instant qui n’aura pas sa suite, le couple appelle le plus, les enfants et Dieu, les enfants en espérance ou en refus, Dieu en aide et témoin. Les possédés, leurs démons plus en détresse et demande qu’eux-mêmes, car – possédés – ils sont passifs. Que se passa-t-il ensuite ? Jésus se rembarque et revient à son point de départ, sur l’autre rive : Capharnaüm, comme s’il n’était venu que pour les possédés et repartait sur ordre… mais après avoir ordonné la guérison et un autre ordre des choses.


[1] - Amos V 14 à 24 ; psaume L ; évangile selon saint Matthieu VIII 28 à 34

[2] - psaume L de Assaf – Ce psaume montre Dieu qui se révèle au monde. Il lui suffirt de parler et il se fait entendre du levant au couchant. Mais le centre de son apparition, son point de départ, c’est Sion, ville de ‘parfaite beauté’. Il est annoncé et précédé de la tempête et d’un feu dévorant, car il vient pour faire justice sur terre. Ses fidèles, partenaires de son alliance, proclameront ses louanges et reconnaîtront qu’il est leur Dieu. Un Dieu immatériel qui ne demande pas de sacrifices d’animaux, car il n’a pas besoin de se nourrir et tous les animaux de la terre luiappartiennent. Il ne réclame que des offrandes de reconnaissance et des prières qu’il refsue d’entendre de la bocuhe des impies, car ils ‘ haïssent la morale et rejettent ses paroles par devers eux ’, ‘ fréquentent les voleurs et les adultères ’, ‘ calomnient leurs frères. Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.  

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