vendredi 6 juillet 2012

j'ai choisi la voie de la fidélité - textes du jour

Vendredi 6 Juillet 2012

L’enfant nous met à nu, non pas vis-à-vis de lui mais vis-à-vis de nous-mêmes et de notre propre relation à nos propres parents. L’enfant raison de vivre pour son père ou pour sa mère, quelle conclusion tirera-t-il de la disparition de celui-ci, de celle-ci, sinon que lui-même en sera coupable par quelque lacune ? Et ne reproduisons-nous pas les excès d’investissements ou de manifestations d’estime ou au contraire de sévérité dont nous avons bénéficié ou pâti ? Comment enfin discerner, s’il le faut, ce qui est peu probable, cette autonomie et cette capacité de l’enfant face aux événements et aux difficultés à les dépasser ou à les comprendre autrement que nous le faisons, indépendance plus grande parce que vulnérabilité plus grande. Je l’ai vécu hier après-midi avec une émotion de plus en plus grande tandis que nous faisions le bilan d’entretiens de notre fille avec une psychologue, et la lumière était sur moi, que j’absorbais jusqu’aux larmes, vivant combien notre amour paternel – maternel, qu’en sais-je ? sinon qu’il procède tellement du conjugal – peut être narcissique, donc inadéquat, et cependant la nature, faiseuse d’âme humaine à partir du premier semis divin, se débrouille. – Hier matin, autre conclusion, celle de l’année scolaire. Moment de toute une grande classe d’âge, le primaire, à l’église paroissiale. Action de grâce plus ou moins dissipée, exercice sur l’agir puisque « nous » avons grandi cette année, que mettre sous chacune des lettres, allées et venues pour garnir, classe par classe, un tableau à l’ambon. Apôtres, apparaîtra, guérir, imaginer qui est venu deux fois sur les six ou sept exercices, et surtout rire, presque pour chaque classe. Mais au lieu de laisser le tableau ainsi travaillé à l’église, « on » l’a emporté ou fait disparaître quand je voulais, dans l’après-midi y revenir avec ma chère femme et faire parler notre fille sur ce qu’elle avait vécu, et que du fond de l’église, mais sans stylo pour tout noter, j’avais accompagné. – Belle physionomie, équilibrée, barbe à l’italienne, une croix sans le petit segment du haut pour la tête : il vend des fromages de chèvres, bel étal. Je lui demande s’il a des convictions religieuses. Il dit que oui. Je le félicite tandis que nous choisissons et qu’il prépare ce que nous allons prendre. Il est marié, père de famille, il est diacre depuis dix-neuf ans, je lui demande son prénom pour mieux penser à lui, il me recommande le 15-Août. Votre anniversaire d’ordination diaconale ? Non, mon ordination de prêtre. Il veut m’expliquer, j’évoque le Kazakhstan où n’ayant pas tout de suite repéré la paroisse catholique que tenaient des Tchèques à Almaty, quasiment dans une baraque, j’allais le dimanche à la cathédrale orthodoxe de substitution à la belle ancienne confisquée par le régime à ses fondations, et surtout le Mont Athos, où je vécus, avant la lecture de Thérèse de Lisieux à Samothrace, une réimprégnation religieuse différente d’une conversion, mais peut-être encore plus profonde : la reconnaissance de ma racine.

Prier… tandis que mes aimées et moi éprouvons notre brève séparation, ce qui se fait toujours sur le mode étrange du temps présent. La pensée, la mémoire, le désir et la communion devenus notre seul sens. Dialectique des deux Testaments, la recherche humaine tant nos comportements obscurcissent notre entendement, la révélation et la réconciliation par l’incarnation, Jésus chantre de l’Ancien Testament, imprégné des psaumes et des prophètes, nous les redonnnant. Voici venir des jours, déclare le Seigneur Dieu, où j’enverrai la famine sur la terre. Ce ne sera pas une faim de pain ni une soif d’eau, mais la faim et la soif d’entendre les paroles du Seigneur. On se trainera d’une mer à l’autre, marchant à l’aventure du nord au levant, pour chercher en tout lieu la parole du Seigneur, mais on ne la trouvera pas. Réponse du Christ, adaptés  tout exprès aux souffrants et mûtilés que nous sommes. Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que veut dire cette parole : C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices. Car je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. [1] Et réponse de l’homme, vaincu et repris par Dieu, selon les adversités, selon une éducation divine sanctionnant nos comportements et nos calculs. Notre retour, notre position en Dieu : mon âme a brûié de désir en tout temps pour tes décisions. J’ai choisi la voie de la fidélité, je m’ajuste à tes décisions. Vois, j’ai désiré tes préceptes, par ta justice, fais-moi vivre. La bouche grande ouverte, j’aspire, assoiffé de tes volontés. Adhésion non à une image ou à une idée de Dieu, mais aux décisions et aux commandements divins qui sont l’invite à notre relationnement à Dieu. Au contraire, l’impie, bourreau de son semblable n’est que matérialiste, calculateur et auto-centré. Quand donc le sabbat serait-il fini pour que nous puissions écouler notre froment ? Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix, et fausser les balances. Nous pourrons acheter le malheureux pour un peu d’argent, le pauvre pour une paire de sandales, nous vendrons jusqu’aux déchets du froment ! Et le Christ ressasse : je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs.


[1] - Amos VIII 4 à 12 passim ; psaume CXIX ; évangile selon saint Matthieu IX 9 à 13

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