samedi 30 mai 2015

Jésus allait et venait dans le Temple - textes du jour

Samedi 30 Mai 2015

Quelques jours avant sa mort, Hermann HESSE correspond avec Gertrude von LE FORT sur la grâce adjuvante. Expérience encore ce matin, à nos réveils décalés puis ensemble, de l’impuissance vécue et installée, du bilan avéré et lucide d’une faiblesse physique qui peut atteindre le mental, sourdent une disponibilité, une sensibilité fine et totale à la visitation de l’amour. Celui-ci, sans manifestation forte, se ressent et je ne sais ni me l’exprimer ni en remercier. Hier, en fin de matinée, ce fut aussi ainsi, après du choc et de la querelle : des contraventions et pertes de points signifiées pour excès de vitesse, pas dix kilomètres. – Oui, impuissance, faiblesse, limitations de toutes sortes, alourdissement d’une conscience qui s’accable et il en arrive (production mécanique ? creuset et lit de la grâce, plutôt) une plénitude qui est autre qu’un réconfort ou qu’une reprise de confiance et d’optimisme : cette reprise n’aurait pas d’objet et j’ai trop de précédents dans ma vie pour ne pas savoir que la probabilité des impasses et des inaboutissements de mes projets ou de mes souhaits est plus forte que le succès et l’ordalie. Je crois que c’est la grâce qui ne raisonne pas. Ce n’est pas même la certitude de n’être pas seul, je n’en prends conscience que par déduction et sans doute pour en faire acte de reconnaissance. A mesure que les forces et le temps, l’énergie me sont mesurées, foisonnent, grandissent, se forment des projets à la mesure des devoirs que je me crois de témoigner, transmettre, raisonner, comprendre par écrit et communiquer, sans avoir vraaiment encore commencé. C’est évidemment incompatible, au moins physiquement, surtout si je considère la somme de mes inédits et mes incapacités à produire du vendable, de même que quelles que soient les passions et les consécrations de moi-même à des missions qui me furent confiées ou qui me paraissaient aller d’elles-mêmes car l’intérêt d’un pays ne s’enferme pas dans les instructions reçues par ses agents ou dans leur position d’organigramme…, je n’y ai rien gagné pas même la pérennisation d’une carrière bien moyenne. Mais j’ai gagné d’être heureux et fier de ce que j’ai vécu, fait même si aucun soleil ne l’a fait écrire par de grandes ombres ou un puissant contre-jour révélant tout. Lecture qui m’est donnée et dont je seraui incapable par moi, qui d’ailleurs ne se tiendrait pas d’elle-même. C’est l’intuition du Siracide – qui m’a frappé avant-hier matin et qui est tellement explicative, quasi-universellement – tout va par deux, l’un correspond à l’autre, Il n’a rien fait de défectueux, Il a confirmé l’excellence d’une chose par l’autre. Des sentiments, des situations intimes, des circonstances astreignantes en fortes oppositions se résolvent différemment, se considèrent l’une par l’autre. Le péché et la grâce, la mort et la résurrection du Sauveur en sont évidemment les meilleures « illustrations ». Ainsi l’un n’est pas un commencement ou une solitude qui génèrerait du plusieurs, du deux, etc… la trinité et la structure divine (si je puis simplifier ainsi l’impensable et pourtant ce qu’il y a de plus pleinement existant). L’un est un produit, un aboutissement. Je le vis dans le couple qu’il nous a été donné de former. En cela, nous sommes à l’image de Dieu, à sa ressemblance et prospérons en Lui. D’ailleurs, Jean l’évangéliste le dit bien : à quoi reconnaissons-nous que … ?
Programme et bilan de vie, étonnant, magnifique, si juste psychologiquement [1] : quand j’étais encore jeune et que je n’avais pas erré çà et là, aux yeux de tous j’ai cherché la Sagesse dans ma prière…. J’ai levé mes mains vers le ciel, j’ai déploré de la connaître si mal. J’ai dirigé mon âme vers elle, c’est dans la pureté que je l’ai trouvée. Avec elle, dès le commencement, j’ai trouvé l’intelligence, c’est pourquoi je ne serai jamais abandonné. Vers le ciel, mais l’enracinement en terre, les comparaisons du Christ mettent le plus souvent en valeur la terre et sa fécondité. Il eut faim (hier et le figuier), c’est terrestre, tandis que les cieux sont le Royaume préparé et auquel nous aspirons d’intuition autant que de de foi. Eloge et prosopopée de la Sagesse, le féminin dans les énoncés et écrits portant et structurant, précisant notre foi est subtil, mais bien plus caractérisé que le masculin, celui-ci ests ambiant, banal, ne tranche pas. Les femmes dans l’évangile sont spirituellement décisives, et elles furent matériellement aussi pour le peu de confort dont purent bénéficier Jésus et sa troupe. Femmes des pays dits en voie de développement, l’Afrique tout spécialement, femmes de l’Islam, femmes de la Bible qui, au contraire de l’avatar de nos parités hommes-femmes, ne se poussent pas du collet en ambition individuelle forcenée les caricaturant en hommes, médiocres s’il n’y avait parfois la tromperie d’une beauté ou d’un sex-appeal, au contraire elles « jouent collectif » et ne vivent que pour le bien commun : Judith, Esther, la Vierge Marie à Cana. La Sagesse, maîtresse de vie, mystère de toute beauté quand elle est intérieure.
Jésus, terrestre, nous connaissant de nature, intimement, Jésus l’un de nous, le Fils de l’homme, est maître de rhétorique. Le « gratin » intellectuel, religieux, politique de l‘époque (que des hommes d’ailleurs, y a-t-il eu une femme dans les évangiles pour questionner le Christ à faux ou à combiner Sa mort ? non) réduit par Celui qui les fascine et les complexe : par quelle autorité fais-tu cela ? Ou alors qui t’a donné autorité pour le faire ? – Je vais vous poser une seule question. Répondez-moi et je vous dirai par quelle autorité je fais cela : le baptême de Jean venait-il du ciel ou des hommes ? Répondez-moi. Conciliabules : si nous disons, « du ciel », il va dire, pourquoi n’avez-vous pas cru à sa parole ? Mais allons-nous dire « des hommes » ? … Ils répondent donc à Jésus : « nous ne savons pas ».  Même la logique est vaincue par la logique, la raison n’aboutit pas alors qu’elle était proche d’éclairer, puisqu’en rendant les armes elle appelait la foi, la disponibilité intérieure. Les autres ne constataient pas les miracles et le bienfait ainsi opéré par des guérisons inhabituelles, ils ne voulaient que le mode opératoire. Le regard à côté.  Comme Jésus allait et venait dans le Temple. Il y est de plus en plus à mesure que vient Son heure. Je ne peux prier, croire, me soutenir et donc avancer, être heureux malgré les emm… que par Lui. Il eut faim… il allait et venait… il ne laissait personne transporter quoi que ce soit à travers le Temple…  Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le »… Jésus lui dit…  Jésus les appela… il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver…  Jésus les regarde et dit…

[1] - Ben Sirac le sage LI 12 à 20 ; psaume XIX ; évangile selon saint Marc XI 27 à 33


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