jeudi 28 mai 2015

aussitôt l’homme recouvra la vue et il suivait Jésus sur son chemin - textes du jour

Jeudi 28 Mai 2015


Prier [1]Fils de David, Jésus, prends soin de moi – Appelez-le. – Confiance. Lève-toi ; il t’appelle – Que veux-tu que je fasse pour toi ? – Maître, que je recouve la vue ! – Va, ta foi t’a sauvé. L’aventure de Bartimée, un aveugle qui mendiait… aussitôt l’homme recouvra la vue et il suivait Jésus sur son chemin. Scène très mouvementée : Jésus sortait… l’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus… et il suivait Jésus le chemin. Pas de dialogue, pas d’enseignement, pas de commentaire. La foi opère à deux degrés : le Christ miracule, guérit et cette guérison est constaté, authentifiée d’abord par Dieu-même. Le fait est brut. Il accomplit les Ecritures : comme toutes ses œuvres son attirantes, jusqu’à la plus petite étincelle qu’on peut apercevoir ! Tout cela vit et demeure à jamais, remplit son office et lui obéit. Le texte du Siracide semble avoir été l’inspirateur, principal ou de hasard, de VOLTAIRE rédigeant Candide… il a confirmé l’excellence d’une chose par l’autre. Avec une véritable thèse, avancée philosophique. La dyade : tout va par deux, l’un correspond à l‘autre, il n’a rien fait de défectueux, il a confirmé l’excellence d’une chose par l’autre. Le couple, la dualité ne sont pas des antagonistes, pas non plus une complémentarité pour la reproduction. C’est d’abord la Création elle-même justifiant continuellement et structurellement l’œuvre du Créateur et l’évaluant éthiquement et esthétiquement. Ampleur cosmogonique d’une évocation de la puissance divine tandis que le Christ, immergé dans le milieu humain, Fils de l’homme, est à notre portée. Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth… à notre disposition personnelle, quoiqu’en pensent les autres, si bien intentionnés ou si bien formés.
Au vu de tant de choses et d’événements annonciateurs, le flot des courriels de résistance aux comportements gouvernementaux, les élections en Pologne, en Espagne, les échéances grecques, le verrouillage du congrès PS, la séquence depuis quelques semaines de titres du Monde, très inspiré et d’une fidélité remarquable à ce qui l’a fondé à l’hiver 1944, moyennant des adaptations, actualisations et remodelages de présentation depuis, couriellé lapidairement à JPJ  [2] – Il y a à repenser complètement les formes de la politique et du gouvernement, au moins chez nous, il y a le même effort de synthèse et d’imagination pour la politique « extérieure », chacun des thèmes et chacun des acteurs dans les relations internationales et pour les réalités des pays étrangers
  Hier soir, conférence donc de Lytta BASSET. Je crois avoir l’un de ses livres, commencé d’en entendre parler dans la série consacrée par Le Monde aux grandes religions, que présente un fidèle ou un hiérarque pour chacune, ainsi Dom Robert pour le catholicisme, et elle pour le protestantisme. Une notoriété, j’y suis allé pour cela. La salle du premier étage au Palais des Arts à Vannes. Remplie aux deux tiers, donc certainement trois ou quatre cent personnes au moins. D’emblée, je trouve l’exposé médiocre d’énoncé en forme très relâchée et en fond. Arrivé en retard, j’entends un commentaire du livre de Job. Elle me semble très loin de ce que selon mon expérience d’entretiens psycho-thérapeutiques, j’ai découvert dans ce livre. Job n’aurait pu « s’en sortir » s’il avait monologué. Au contraire, il est sans cesse relancé par des intervenants très précis et d’ailleurs mieux que neutres, hostiles ce que n’est pas le psy. dont on attend que la validation ou le rebond. Le patient ne doit surtout pas culpabiliser, Job proclame constamment la vérité première : il n’a pas péché. L’explication de son malheur n’est pas celle d’une punition, mais celle d’une épreuve. LB a cependant bien vu, citant un praticien dont le nom m’échappe, que le but de l’entretien est d’ « équiper » le patient, le solide, les issues, c’est lui et personne d’autre qui peut les trouver et plus encore se les administrer. J’ai été déçu, globalement, par la conférencière que j’aurais d’ailleurs cru plus âgée : beaucoup d’égotisme dans le cours de l’exposé, de référence à soi (ce qu’elle dit à des tiers, voire à son mari, décide et fait le réconfort ou la clarté) même si elle met constamment en garde contre les généralisations, s’agissant de sujets si intimes et douloureux, le deuil d’un être cher qui nous a quittés par suicide. Mais surtout une pratique je n’ai pas aimée. Une évaluation à haute voix des témoignages et prises de parole, comme si un examen scolaire était passé par le/la questionnant, le demandeur. Enfin, et paradoxalement, puisqu’elle est pasteur et enseignante en faculté de théologie, elle n’a jamais évoqué que des rencontres avec des tiers refaisant pour l’endeuillé et le dolant du « lien », et le lien donnant du « qens », ce genre de termes et surtout d’application du terme, comme les « valeurs de la République » ont fait florès depuis vingt ans, sans nous faire beaucoup avancer car ils ne sont pas définis en leur contenu, s’ils en ont vraiment un. Or, au moins dans ma propre expérience, il y a ces secours inopinés, ces visitations de notre être et de nos circonstances par Dieu. Nous ne sommes pas seuls entre humains, il y a le Tiers décisif et créateur, Dieu en trinité. Ces secours sont à déchiffrer par chacun qui en bénéficie. Je les ai éprouvés. Les discerner, évidemment, fait beaucoup avancer dans le moment, et plus encore rétrospectivement. La nuit où je désespérai de jamais obtenir le cœur de Laurence de L. en ce monde-ci à l’évidence et dans l’autre, si j’anticipais d’y aller en me suicidant…et le téléphone au matin de sa grand-mère. – Cependant, de nombreux apports, mais plus ponctuels. Des dires sobres et à peine plus qu’allusifs sur la relation conjugale en tous temps et plus encore en période de difficile et donc de deuil. Une observation forte : la perte de ce qui est cher n’est pas uniquement celle d’un humain, ce peut être un animal (nous en avons su plus que quelque chose, tous les trois, les réactions de ma chère femme, celle admirable de Marguerite faisant augurer de toute sa vie, je crois, une telle force d’âme à huit ans), voire un bien, quelque chose. Un rapprochement offert : comment elle-même s’en est tirée, est revenue au goût de vivre, et comment depuis vingt ans, au rythme d’échecs successifs, d’exclusion et de refus essuyés de la société et des représentants que mes demandes et offres, lui donnaient, je ne suis pas mort, bien au contraire. Et enfin, LB m’a été l’occasion de comprendre et de rencontrer des souffrances dont je n’avais pas le précédent dans ma vie, sauf le pleur ancien d’Edith pour son cher Hubert… et encore plus intense mais plus pudiquement tu, celé, les deux deuils affreux de mon cher aîné. Le témoignage final d’un agriculteur, le fils pendu il y a deux mois au-dessus des vaches et dans l’étable faisant son lot, après répartition d’une donation entre vifs ( !), la maladresse atroce de l’enquête en gendarmerie. L’abord de ces deux femmes si fraternelles et ressemblantes l’une à l’autre, mère et fille, un fils suicidé lui aussi il y a encore moins de deux mois. Monique que j’embrasse sur la joue, félicite pour son eau de toilette, et élément pratique aussitôt d’une future résurrection : non, un parfum.
Le véritable apport de LB – qui ne sait pas se lire elle-même complètement, puisqu’exposant à la fois une première et très grave dépression à ses douze-treize ans et une un « travail » de près de quinze ans, à partir de ses trente, sur l’ensemble de sa petite enfance, elle donne à rapprocher, selon moi et au moins chronologiquement, sa mise à flot enfin et tardive avec le début du mal-être de son fils, de Samuel – ce véritable apport est dans la qualification du suicide : décision propre, liberté de choix et véritablement choix de la vie, si paradoxal que cela paraisse, car le suicidant veut davantage de la vie. Observation à la clé, la Bible ne censure pas le suicide ni dans les exposés qu’elle fait de plusieurs cas, ni en morale.
J’aurais voulu lui dire tout cela. Je vais lui écrire, et il me faut évidemment lire son livre. – Parlant ensuite à des auditeurs et à des organisateurs, il m’est précisé qu’il ne pouvait s’agir d’un cercle de prises de paroles, que le temps était forcément limité. Je vois aussi que le thème n’est pas le suicide en soi ou celui qui s’administre la mort, tant de conversations récentes, ont implicitement pour moi tourné autour de cette isue, ainsi Sylvain avant-hier, d’issue logique que celle-là : souffrance physique et séparation strangulante d’avec ses deux filles… Une des tables-présentoirs, deux jeunes filles et un protecteur : pompes funèbres générales, une entreprise privée donc, mais aux employés particulièrement formés, dialogue plus particulier avec l’une des deux, elle assure recevoir beaucoup des endeuillés, des circonstances ainsi partagées.
Sans me laisser déborder, sans voyeurisme non plus, je vais sans doute fréquenter deux fois par mois, ces groupes de paroles, de même que j’aimerais être visiteur de prison. – Le vrai choc hier a été plus simple que tout ce que j’ai entendu et vécu. Au premier degré, ce couple pas encore âgé, en retard plus que moi, s’asseyant non loin mais devant moi, l’homme chemise bleu ciel, dos large, sans doute bien bâti, se courbait, s’affaissait de buste de plus en plus à mesure que continuait la conférence, et l’épouse posait la main à plat sur ce dos tellement expressif, pathétique, puis lui a caressé la nuque, doucement, brièvement comme on administre un signe de présence, et enfin, l’une après l’autre, lui a massé un peu chaque épaule. Ils sont partis vite. J’ai ressenti que cette réunion ne pouvait être un débat, qu’elle jouxtait le sacré.



[1] - Ben Sirac le sage XLII 15 à 25 ; psaume XXXIII ; évangile selon saint Marc X 46 à 52

[2] -  -------- Message transféré --------
Sujet :
la mûe
Date :
Thu, 28 May 2015 08:37:37 +0200
De :
Bertrand Fessard de Foucault
Pour :
Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Elysée
Sans que cela prenne déjà corps, tout appelle et prépare une mûe. Extrêmement profonde.
Si les politiques classiques, si les dirigeants du moment - en France le Président et vous - n'en prennent pas conscience et n'opèrent pas un changement total, bien plus que d'orientation en politique économique et sociale, ils seront balayés. Comme les têtes couronnées le furent en quelques étapes, rapprochées et brèves entre 1789 et 1920, comparées à la durée millénaire de leur emprise. Après cent cinquante ans de politique élective et déléguée, la faillite et l'autisme : les résultats et les comportements, ont séparé complètement la direction nominale des choses et des gens, de la réalité de ces choses et de la conscience, de la volonté de ces gens.
Prenez-y garde.
Pensées et voeux en ce sens, cher ami, ce matin et pour des suites rapidement.
Cf. la collection des unes du
Monde depuis quelques semaines, les élections générales ici et là, le papier de ce Nobel japonais en 1994 que publiait le journal daté des dimanche-lundi derniers.


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