dimanche 3 mai 2015

en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire - textes du jour

Dimanche 3 Mai 2015


                             08 heures 31 + Marguerite continue de découcher, enchantée de sa nouvelle chambre… la salle-à-manger, l’organisation du canapé devant la cheminée et le poële, pour avoir la connexion… skype avec Bérénice. Et sa onzième dent de lait, la petite souris à laquelle elle assure ne plus croire, m’accusant de mentir, mais le petit billet sous un cahier près de son oreiller, il y a quatre jours, finalement repéré et mis en lieu sûr sans qu’elle nous en parle, est un aveu, elle y croit encore. Deux pièces près de sa lampe de chevet ce matin. Il pleut depuis quarante-huit heures, nos glycines denses et profondes de couleurs, d’amas à notre retour des 2.300-3.200 mètres nus, blanc, bleu, noir rochers et ciel de Val-Thorens ont blanchi comme un coup de vieillesse dans nos chevelures. – Happé ce matin par les liens que me donne Wladimir G. sur le Kazakhstan : cette réélection de NAZARBAEV à 97% comme la précédente est analysée par plusieurs sites comme le début de la catastrophe. Il y a eu les événements de 2011 que je n’apprends que depuis quelques semaines et qui semble de même importance – et hostilité contre N. – que ceux aussi sanglants de 1986. La relation avec POUTINE est ambivalente, irrédentisme russe ou… Vacuité, superficialité aussi bien de FH dont les visites à l’étranger n’ont ni rayonnement sur place ni impact sur l’intelligence française des situations locales, que de FABIUS tout occupé à vivre son dernier mandat ministériel. Mauritanie et Kazakhstan, j’en ai l’expertise. Me faire inviter là et là, en direct délibérer avec le dictateur de ses vues et des issues…
Prier… nous, chacun… ce frère étonnant qu’est Gabriel MATZNEFF, dispersion et stérilité ? mais une telle continuité dans un seul genre, la drague et l’amour de ce remuement des sens et du cœur les instants de rencontre, et leurs compte-rendus répétitifs depuis quarante ans – comme les harangues de LAGUILLIER, lues et de voix monocorde – mais toujours justes, passionnants. Avec ce don rare, qui n’est pas celui du récit ou de la mémoire, mais de donner au lecteur la fraternité avec lui, une adoption presque envoûtante. Mais paisible et au fond très contrôlée. Prier pour lui, ses rencontres… les miens… les semi-secrets de nos drames familiaux, ma chère et vraie belle-famille, chacun de mes sœurs et frères, et celles qui me donnent équilibre, amour, bonheur, santé de corps et d’âme, ma chère femme et notre fille, don de Dieu, ensemble et chacune.
Demeurez en moi, comme moi en vous. Le mystère trinitaire, nos mystères humains d’amour et de communion, notre relation au monde sont toujours dits et fondés par le Christ selon des comparaisons, lesquels viennent toujours à Sa relation de personne à personne et d’unité avec le Père. Et Dieu nous élisant pour que nous participions à Sa vie propre, et – d’une certaine manière – à plus encore : à Sa création, à Son activité-même d’amour et de création : Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples [1]. Exacte paraphrase du Notre Père comme si la gloire de Dieu dépendait de notre propre dépense pour Celle-ci…  que Votre nom soit sanctifié, que Votre règne arrive. Relation toute puissante pour notre propre fécondité, donc l’équilibre de notre existence et de nos amours, affections et travaux. Mais vous, vous voici déjà purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi comme moi en vous. Mode opératoire, l’amour et l’attention les uns pour les autres. Saul introduit par Barnabé auprès des Apôtres, passionnant et juste comme un bon roman, à ceci près que c’est la vérité qui nous a fondés, le début de la chaîne de transmission. Alors, Barnabé le prit avec lui et le présenta aux Apôtres ; il leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment, à Damas, il s’était exprimé avec assurance au nom de Jésus. Appel personnel, de personne à personne, comme les premiers Apôtres au bord du lac ou à la table du percepteur. Travail apostolique immédiat. Effet : l’Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elle se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur ; réconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait. Les Actes… « évangile de l’Esprit »… les six évangiles, les quatre portant explicitement ce titre, et le livre d’Isaïe, et celui-ciles épîtres faisant stricts commentaire et redondance aux paroles du Fils de l’homme. Voici comment nous reconnaissons qu’Il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit… nous aimer les uns les autres comme Il nous l’a commandé.

Hier

21 heures 35 +  Marguerite… une dizième ou une onzième dent de lait. Décidée à dormir encore dans sa nouvelle chambre. Skype avec Bérénice dès notre retour de son cours de claquettes et de la médiathèque. Chorégraphie qu’elle cherche sur un air à peine audible. Elle a un don certain, un geste coupant, des poses hiératiques comme en contradiction avec la continuité de ce qu’elle écoute. Lui faire apprendre la notation-écriture des ballets ? Son actelle passion pour ce site movie-star (deux mois seulement et identifié par Eva…) ou pour ses conversations à longueur de journée et même de nuit, ne m’inquiètent pas. Ses engouements sucessifs sont de quelques semaines ou mois, les poupées l’an dernier, elle continue de lire. Edith « devant » sa nouvelle série policière, Francis PERRIN, barbe grise à l’italienne, seyante ; gros plan des visages, le dialogue par le visage en demande ou en écoute : c’est original et très bien filmé. Avant-hier soir, couché tard, elle, tandis que je m’étais couché dès le dîner : les choristes, que je crois film d’importance mais dont je n’ai vu qu’un dernier plan, d’ailleurs émouvant. Ses lectures et ce à quoi elle m’introduit par ses vues et expériences sur l’économie bancaire et la spéculation-corruption du genre et des personnes. – Il me semble que tous trois nous sommes en train d’intégrer (enfin ? grâce à la maturation de notre fille ? par fatigue ?) d’intégrer notre vie à chacun et notre mode de vie ensemble, malgré tant d’étranglements et d’astreintes. J’en suis très heureux. – L’UCK, un quart d’heure à lire les premières pages du nouveau paru de Gabriel MATZNEFF, son journal 2009-2013 [2]. Je me sens très jumeau de lui dans l’exercice, le comptage du temps qu’il lui faudrait pour la mise au point de ses manuscrits, neuf-dix ans. Et surtout, puisqu’il sait être publié quand il écrit, ne pas donner le spectacle de la décrépitude. Né en 1936, il arrive aux quatre-vingt ans…  c’était ma question et mon attente, qu’écrirait-il ? le draguer et l’irrésistible, l’hédoniste et l’amoureux du corps, du sexe encore plus précisément, du sexe de chaque visage et rencontre ? j’y suis. Vais lui écrire, essayer de le rencontrer pendant que je serai à Paris.



[1] - Actes des Apôtres IX 26 à 31 ; psaume XXII ; 1ère lettre de Jean III 18 à 24 ; évangile selon saint Jean XV 1 à 8
[2]Gabriel Matzneff, Mais la musique soudain s’est tue . Journal 2009-2013 (Gallimard . Janvier 2015 .  517 pages)

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