lundi 13 avril 2015

la France, fille aînée de l'Eglise et son ambassade près le Vatican - courriel à l'Elysée




Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

permettez-moi en vrac quelques réflexions, et aussi des souvenirs, sur l'agrément pendant à Rome.

1° la diplomatie vaticane est la meilleure du monde car ses références et son orientation, la formation de son personnel, le gouvernement qu'elle exprime en font la plus continue de toutes. Très souvent, par le passé, ce fut le constat-question que je fis en conférence à l'E.N.A. en 1967 à Hervé Alphand nous exposant la diplomatie française (le général de Gaulle et la guerre des Six-Jours), les deux diplomaties, le regard sur le monde - dès que le regard français est libre mentalement - sont convergentes. La villa Bonaparte n'est pas un service de messe quotidien, elle est une concertation intime pour la construction d'une architecture du souhaitable et les deux réseaux savent le possible

2° l'outil français, actuellement, n'est pas bon. 
Le Président a été mis en très grande difficulté sur la Syrie parce que nos ambassadeurs à Londres et à Washington n'ont pas sur le mettre en garde : un passage au Parlement se ferait et son issue était douteuse. Il est étonnant que le secret de consultations officieuses avant la signature du décret du 5 Janvier, n'ait rien produit. Nous avons à Rome l'ancien conseiller ecclésiastique de notre ambassade près le Saint-Siège, un homme particulièrement au courant : le cardinal Tauran.
Le système des promotions est souvent vicieux, la cooptation, les renvois d'ascenseur, les passages par les équipes au secrétariat général, à l'Elysée, au cabinet, au protocole, au service de presse et du porte-parole échappent au ministre et au président. Surtout s'il est notoire que depuis le début du quinquennat le ministre a une politique personnelle du personnel et que le président n'a pas d'affinités avec le ministre qui le lui rend bien : le couple intime n'existe pas. Dumas/Mitterrand, Couve de Murville/de Gaulle, Vergennes/Louis XVI. Le pouvoir est court-circuité, il ne pense pas

3° Stéfanini a "démarré" par le cabinet d'Alain Juppé en 1993 qui ne jurait que par lui, Joubert a toujours été dans les meilleurs endroits pour monter. Il y a eu des précédents récents. Au protocole de Sarkozy, Azvazadurian, homosexuel. Et surtout villa Bonaparte, Guéguinou. Stéfanini au protocole puis à Rome : son orientation sexuelle y a des précédents récents et sans difficulté ni de part ni d'autre

4° Senghor disait souvent qu'il n'est pas interdit d'être intelligent. Le contexte impose une adéquation fine. Le pape est à l'évidence en difficulté dans sa maison principalement à propos de ces questions "sociétales" dont le Président - avec l'écologie et maintenant les Rafale - veut faire le vrai bilan de son mandat, puisque l'économie... Une entente -( fructueuse - doit être à mi-mots. Donc un ambassadeur sans aucun oriflamme, de grande empathie et même de vive sympathie pour cette étape actuelle de l'Eglise. Le Président a à y gagner en politique intérieure. De Gaulle avait à se faire pardonner par Pie XII ses propres jugements et actes à propos du Maréchal et du Reich. Il nomme Jacques Maritain, l'un des acteurs décisifs, l'autorité morale qui a fait sceller la réconciliation entre le Saint-Siège et la France après la crise de la loi de 1905 : plus de vingt ans après. Maritain avec en doublon et garde le très professionnel déjà Couve de Murville au palais Farnèse.
Depuis 1995, les présidents français n'ont pas brillé par leur attitude personnelle vis-à-vis du pape. Bernard Billaud - d'un Chirac l'autre - raconte comment se tenait le maire de Paris à la messe privée de Jean PauI II, le monde entier a vu Sarkozy avec sa troupe entrant chez le pape l'écouteur du portable à l'oreille, puis se tenant la cheville pendant l'audience. Enfin, il a été répandu que la visite du Président à Rome quand vint son tour à une "visite minimum". La rumeur d'appartenance de son appartenance à la franc-maçonnerie n'est évidemment pas - même si l'image de la franc-maçonnerie ne correspond pas à la réalité et si l'Eglise administrative a tort d'en faire une cause d'excommunication de ses prêtres quand ils deviennent également "frères" (cas du Père Pascal Vesin, ancien curé de Megève, traité avec petitesse et gaspillage il y a dix-huit mois).
Bref, la France d'en ce moment pouvait être mieux "vue" au Vatican, sans compter maintenant la nomination du 5 Janvier...

5° nous sommes maintenant embringués dans un cycle de maladresses, toutes publiques, et dans le plus mauvais face à face : ne pas perdre la face

Naguère, je n'étais pas le candidat de l'établissement pour l'ouverture de notre ambassade au Kazakhstan. François Mitterrand bloqua le mouvement diplomatique jusqu'à ce que j'y figure. Edouard Balladur, pour après le Kazakhstan (je venais de faire établir les relations de Nazarbaev avec le Saint-Siège) et tenant compte que je n'étais toujours pas intégré au Quai depuis la D.R.E.E., me fit part de son embarras : des ambassadeurs ne se plaisant pas plus de deux ans près le Vatican. Je répondis que la messe quotidienne et dix ans de séjour me conviendraient parfaitement, que j'étais déjà familier du milieu. Il accepta l'idée qui devint même projet...

Retirer ce qui n'est pas agréé au bout de trois mois est affaire de communiqué et de plume. C'est donc simple.

Voeux pour tout.

NB -
Il y aura du monde devant "les étranges lucarnes" ce soir pour Jean-Marc Ayrault : la sincérité et la vérité oeuvrent pour le bien commun. Rarement, Premier minisstre aura été plus loyal et moins mû par le syndrome d'Iznogoud (précédents rares : Couve de Murville vis-à-vis du Général, Bérégovoy vis-à-vis de l'après-Mitterrand). Alain Jupé hier a commencé son parcours régressif, s'y voyant déjà et répétant l'
Entre-Nous et l'intimisme qui n'avaient rien produit pourtant en Novembre-Décembre 1995.

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