samedi 25 avril 2015

fier de ton juste pouvoir - textes du jour

Samedi 25 Avril 2015

. . . ma chère femme. Sensibilité éprouvée de nos accords, de nos affinités, de notre amour et de notre admiration, de notre sollicitude mutuelles. Chant des oiseaux avec entrée en chœur successive de diverses voix. Porte fenêtre ouverte, pleuviotis très doux. Ambiance aussi de repos que la perspective de ce samedi « sans rien » si nous  voulons ne rien faire.
Le concours de danse, plus de trois cent enfants ou adolescents danseurs concurrents hier, et autant aujourd’hui. Marguerite hier, en très net progrès pour les deux disciplines. Ce ne sont pas les enchantements d’une succession de ballets et tableaux comme nous allons en voir à la fin de Mai et à la fin de Juin, ce sont des instants très différenciés, moins de deux minutes par concurrent, groupe, duo, solo, mais la chorégraphie, la cohérence, les rythmes, l’expression d’un récit ou d’une situation, d’une psychologie se discernent aisément. Ce n’est pas le choc de la beauté, encore moins la diffusion d’une sensualité ou d’une révérence corporelle, c’est vraiment la démonstration d’une double maîtrise, l’enseignement donné aux élèves leur donne l’instrument et la possession de leur corps. Qu’il y ait plaisir, anxiété et bonheur à danser ainsi et en public, le millier de spectateurs sans doute, oui. Mais le corps soigné et obéissant. Les modes d’aujourd’hui, les filles sont fortes : MAILLOL, DEGAS, PICASSO (Les demoiselles d’Avignon) mais encore très jeunes n'ont pas encore de buste, des seins, mais des jambes. On s’y « fait » tellement, que celles qui auraient le physique des ballerines classiques semblent grêles et inférieures. Les garçons sont rares, enfants ou adolescents, mais excellents, des acrobates. Il reste une sensation de rythme et de puissance.
Prier… « mon moine » et tellement frère à mesure des années d’Avril 1963 à sa mort, quatrième anniversaire aujourd’hui. Je lui ai souvent manqué, notamment en ne le visitant pas assez à son retour en France depuis 2005. Je lui dois… sans adjectif, ni énumération… intensément en accompagnement, en attachement, en structuration d’intelligence… Le spirituel a été implicite. Dieu plénitude, éblouissement, attente de la beauté, c’était le discours. J’ai toujours fait semblant, phrase reçue comme un aveu et totalement incomprise dans les derniers mois de sa vie, autant par moi qui me crus seul à l’avoir reçue que par quelques-uns des moines qui le visitaient à l’infirmerie : semblant de croire, semblant d’être vraiment dans son état de vie, dans son célibat consacré…[1] je comprends et reçois tout autrement ce matin : humilité totale d’une intelligence de séduction et aimant être séduite. Il accepta toute sa vie la médiocrité des règles, des habitudes, de l’humanité, de l’Eglise, il accepta de se comporter comme si tout cela et lui-même étaient, sont vraiment ce qu’elles disent être et valoir. En ce sens, parfait fils de saint Benoît à l’immense ambition : hoc sit quod dicitur.
Prier… ma compagne de vie et d’éternité… celles aussi qui me donnèrent des instants, parfois même d’éblouissement et d’extase… mes maîtres, le plus souvent au masculin mais d’intelligence diaphane, la politique, la vie, leur pays à chacun, de grands hommes qui ont bâti ma vie, intérieur et façade, expression fraternité… des mentors au vrai du personnage antique… mes auteurs en littérature contemporaine, je n’en ai rencontré physiquement aucun, sauf un auprès de qui je fus vite débiné en sorte que la communion de lecture puis de rencontre ne put se développer (Guy DUPRE, Le grand coucher, Les fiancées sont froides)… quelques figures des responsables de ma carrière tant que ce fut fraternel et dialogué… mes neveux et nièces, leurs histoires vraies respectives autant que par moments d’intensité la confidence (comme ces jours-ci pour l’une) m’est faite… mes frères et sœurs (les retrouvailles si réussies de samedi dernier à Annecy : apport et admiration)… et puis notre trésor, son anxiété avant le concours, ses progrès et son succès manifestes hier, sa personnalité, l’éducation qu’elle a entrepris de moi, selon chacun de mes traits qui agacent ou ne conviennent pas : manifestation de tendresse et d’affection s’il en est et dont chaque expression, donnant parfois des « mots » superbes,  me réjouit.
Prier…exprimez votre amour mutuel en échangeant le baiser de paix. Paix à vous tous, qui êtes dans le Christ. [2] Sentiments qui me sont donnés ce matin. Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce. Tenez-vous donc humblement sous la main puissante de Dieu, pour qu’il vous élève quand le jugement viendra… Comme on met un vêtement de travail, revêtez tous l’humilité dans vos rapports les uns avec les autres. « Mon moine », oui, cette humilité, ainsi ses correspondances avec son Abbé régnant, alors même que celui-ci avait été son élève en début de vie monastique, avec son confesseur, et même avec moi, son disciple admiratif, confiant mais souvent, dans nos dernières périodes agacé ou critique, jusqu’aux grands moments finaux de pleurer ensemble. Psychologie de la foi telle qu’elle nous la grâce du quotidien : déchargez-vous sur lui (Dieu) de tous vos soucis, puisqu’il s’occupe de vous. Pierre, le chef, l’impétueux… Pierre marié et peut-être enfants, Pierre chef de la petite entreprise de pêcherie… Pierre établi chef de l’Eglise par le Maître qu’il comprend le plus souvent de travers et trahit… Pierre l’aimant bien plus explicitement que Jean l’élu ou le « préféré » écrit avec une originalité et une personnalité débordant d’expérience humaine. Est-il allé jusqu’à Babylone puisqu’il adresse la salutation de cette communauté à d’autres ? Marc et Sylvain bien situés. Notre foi n’est pas établie sur une philosophie ou des syncrétisme. Elle est humaine non selon des auteurs de sa mise en forme, mais parce qu’elle s’établit par des faits et des paroles reçus par des hommes et des femmes de tous âges et conditions, et que ces faits et ces paroles ont résonnance en nous depuis la Pentecôte. Une histoire humaine, un mouvement divin, les deux s’implantant en nous, chacun. Nos initiateurs s’en allèrent proclamer partout la Bonne Nouvelle. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient…. Heureux le peuple qui connaît l’ovation ! Seigneur, il marche à la lumière de ta face.  


[1] - écrit ! semblant d’être vraiment dans mon état de vie, dans mon célibat consacré…

[2] - 1ère lettre de Pierre V 5 à 14 ; psaume LXXXIX ; évangile selon saint Marc XVI 15 à 20

Aucun commentaire: