dimanche 19 avril 2015

comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d'eux - textes du jour

Dimanche 19 Avril 2015


 
. . . à Veyrier-du-Lac, chez la troisième de mes cinq soeurs et son mari, 07 heures 25 + Heures magnifiques tout hier : nos dernières descentes, le brouillard absolu, mais une neige me convenant, la délicatesse de ma chère femme me sécurisant en gardant mon allure et me faisant passer devant elle, la grande halte au soleil d’un restaurant de pistes, les traces d’animaux dans la neige, le dégagement à nouveau du ciel, le cirque, les gens les visages. Mes aimées, notre fille que j’ai mise sur les skis à deux ans et maintenant si parfaitement à l’aise, ma chère femme qu’avec nous et pour nous s’est remise sur les planches après des décennies d’oubli, j’ai accompli en ce domaine ma mission, peu importe la faiblesse maintenant de mes performances et mes manques de cette petite audace que sont la confiance en soi et la ponctualité des réflexes… Les vallées successives, la végétation, les sapins reprenant en-dessous des Menuires, puis la perfection de certains sommets, l’un totalement pyramidal comme il arrive dans cette partie de la Savoie, montagnes parfois lourdes et rondes, le ciel et la terre leur devant leurs limites, une ambiance encore plus de sécurité, d’apaisement que de grandeur. Les habitats, les toits, ces étals de maisons dans le creux doux et maternels que font entre elles des collines, des fins de montagne. Nous avons roulé tranquillement, fait des achats de fromages, de vins et de gènepi…  Sans nous le dire l’un à l’autre, nos propres vies, nos lieux, nos chiens, nos conditions de vie et de suite de vie en regard de ces paysages et de la vie des autres. – Puis l’arrivée le long du lac d’Annecy, par Talloires, la chaussée au niveau d’une eau indescriptiblement belle de couleur, de douceur de son mouvement. Enfin, la messe dominicale anticipée, l’architecture extérieure banale, la luminosité de l’intérieur qui nous était déjà familière, mais des images modernes non d’un chemin de croix mais des miracles marquants du Christ, un autel et un ambon aux façons du Jugenstil de KLIMT, le doré et le vif, le plus simple, et surtout, légendée en arabe, une toile de fond moderne peintes selon les icônes byzantines. Et ma chère sœur, chef de chorale [1] et ayant physiquement affirmé son parcours et ses évolutions intimes, une métamorphose de visage, d’habillement, elle-même totalement et enfin pour être entrée dans la soixantaine. J’ai été extrêmement émue, restant à regarder la tribune elle et ses choristes pour le Gloria.  Messe dite avec jeunesse, foi, précision et sérieux par un prêtre desservant sans doute l’un des plus beaux ensemble de paroisses en paysages qui se puisse imaginer, mais n’étant pas savoyard, étant arrivé jeune, rejeté depuis quelques années par la cabale d’une partie de ses ouailles tentant de délocaliser sa chalandise spirituelle et de le perdre dans l’esprit d’un évêque qui a déjà eu à traiter d’une autre paroisse, qui nous a été familière, celle de Megève. Propos à la sortie, l’organiste, carrière de conseil, veuvage récent mais à la veille d’un divorce, dirigeant un journal local et m’apprenant, nous apprenant la mort de Pierre PLANCHER, il y a deux, ans ce qui nous a abasourdis, Edith et moi… Soirée à dire et ré-apprendre nos nièce et neveux, ma fratrie telle que vue et comprise par a chère sœur parfois mieux informée que moi (conditions d’une récente naissance « chez » un de nos frères). Et au talent d’animation liturgique, Marie-Thérèse ajoute celui des compositions d’albums-photos numériques. Et comme depuis toujours, son goût partagé avec son mari, des tableaux et toiles tous figuratifs mais très nombreux, de beaux formats et se faisant écho les uns les autres, du saumon en papillote et un énorme baba au rhum, une bouteille de blanc à moi seul tandis que mon beau-frère – à vérifier – vidait de son côté une de rouge, Marguerite passionnée par sa tante, les albums et le fonctionnement de plusieurs éléments d’informatique, Edith très à l’aise, et maintenant une grande heure de chants d’oiseaux, l’éveil par le jour, le premier plan de jardinet, le lac, son impassibilité et l’autre rive. C’est là que j’ai eu ma dernière conversation téléphonique avec Catherine G. préférant que nous ne nous revoyons pas : son mari, et que cesse une correspondance de vingt ans, antérieure d’ailleurs à son mariage. Il y a eu ensuite sa mort, des bribes nouvelles de compréhension de son ambiance familiale par des téléphones avec sa mère. Et maintenant Pierre PLANCHER, l’ami le plus sûr et le soutien dans ses entreprises éditoriales, la Lettre puis Paris ce soir, de Michel JOBERT, peine intense…
Ce matin, maintenant, les textes de ce dimanche, très bien lus et commentés hier soir. La remarque d’un jeune catéchisé notée par notre célébrant de dimanche dernier à Val Thorens, l’admirable Marcel PERRIER, évêque émérite de Tarentaise puis de Pamiers : Jésus parmi les siens, survenu malgré que les portes verrouillées, comment est-Il entré ? Mais il y était déjà. Homélie d’hier, Jésus se manifeste, apparaît physiquement. Aujourd’hui, Il est tout autant parmi nous qu’alors mais ne se manifeste plus… pour le moment, même si cela fait déjà deux mille ans et peut durer encore des millions d’années avec ces probables mûes inimaginables de l’espèce humaine et de tout le vivant, du cosmos-même. Ferveur du célébrant d’hier au visage vigoureux dont les seuls arrêtes sont la coupe de cheveux, drue. Rappel du visage un peu lourd de Dom Jacques MEUGNIOT et les cheveux gris-blanc très précocement. Génie du discours de Pierre, que souvent on prend pour un peu limité en théologie et en art oratoire, chef, meneur, grand cœur, spontané évidemment, mais génial en argumentation et en pénétration du dessein divin, du dessein pastoral de Dieu, j’en suis à chaque lecture plus convaincu qu’à la précédente : aujourd’hui, c’est l’entreprise de déculpabiliser ceux qui ont mis à mort son Maître… frères, je sais bien que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs. Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de ses prophètes [2] A cette dialectique de l’histoire du salut qu’il a enfin assimilée et que ressassait son Maître, encore au premier jour de Sa résurrection : la leçon aux pélerins d’Emmaüs ou aux Onze au retour de ceux-ci à Jérusalem : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes ». Alors, il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Ecritures … Pierre ajoute la proclamation de l’identité du Christ. Oralement, ce sont les premières encycliques pontificales… le Saint et le Juste… le Prince de la vie… et une conclusion à la Jonas retournant tout Ninive : convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés. Prédication apostolique d’ordre du Christ au premier soir de Sa résurrection : … que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. A vous d’en être les témoins. Relisant l’épître de Jean, en celui qui garde Sa parole, l’amour de Dieu atteint sa perfection, je vois de nouveau ces venues hier en fin d’après-midi des paroissiens vers la petite église, tous – âgés certes – avaient un visage souriant, rayonnant. En parfaite harmonie avec la liturgie, et ensuite… apprendre cabale, zizanie, procès avec procédures canoniques, avocats, délégation convoquée un Samedi-Saint dont fit partie ma sœur, remontée à Rome, etc… le djihadisme à la chrétienne… les feux médiévaux d’adeptes qui prêchent l’amour mutuel et lisent sans broncher : si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus-Christ, le Juste. C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier. Ainsi soit-il !


. . . de retour à Reniac, 21 heures 25 + Route longue mais facile depuis Annecy par Bellegarde et Nantua. Le ciel de plus en plus clair. Deux paysages : la traversée de l’est du Massif central, en  jouxtant Cluny, Paray-le-Monial, Vichy, Roanne, Moulins, une dizaine de châteaux, chacun différents, bien visibles depuis la nationale 79. Puis les pays de la Loire, le fleuve, les arbres, les forêts domaniales. Evidence que la concentration des populations en grandes agglomérations urbaines est une erreur fondamentale, que l’équilibre personnel et collectif, le nôtre à nous Français, quelles que soient nos origines et notre âge physiologique, suppose ces calmes, ces diversités, ces végétations, ces échelles humaines, une conversation entre nous, avec l’histoire, avec la géographie au lieu de l’énorme impératif de l’artificiel que nous vivons aujourd’hui. – Ici, les glycines, les bouleaux, les tilleuls en fleurs et en printemps, et nos chiens. – Action de grâces, ces jours, ces lieux, ces rencontres et aussi ces retours à Dieu, ces deux décès : Pierre PLANCHER et ce qu’il y a eu de parcours politique dans ma vie, Francis BOYE et la geste familiale et amoureuse. Les âmes qui nous habitent en compagnie grave et douce de la nôtre.


[1] - j’avais d’abord écrit ! colère

[2] - Actes des Apôtres III 13 à 19 ; psaume IV ; 1ère lettre de Jean II 1 à 5 ; évangile selon saint Luc XXIV 35 à 48

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