mercredi 20 février 2013

il fallait trois jours pour la traverser, Jonas la parcourut une journée à peine - textes du jour

 Mercredi 20 Février 2013
 
Hier
 
Déjeuner que nous apportons chez notre ami Jean. Premier repas sans sa femme. Nous sommes en retard d'une demi-heure. Denis M. presqu’impatient. Sept douzaine d’huîtres, nos invités n’en veulent pas tant, j’ouvre un peu plus de la moitié tout en me gorgeant de Suze. Conversation… Mon cher Denis ne semble pas habité par la séquence carême-conclave, ne distingue pas le lien qui m’a aussitôt requis et Edith évoque des images télévisées du pape à un concert, avec une installation surélevée et grotesque, capitonnée de partout, avec projecteurs à chacune des marches d’un escalier d’apparat, elles-mêmes capitonnées et décorées. Images que je n’ai pas vues, dont je n’ai pas entendu parler et qui n’enlèvent rien à ma sensation d’un appel précis et volontaire aux chrétiens pour une prise en mains et en conscience, directement, du sort d’une Eglisemahicnale et ne correspondant plus à un monde lui-même interdit parce que ce qui le meût ne le nourrit pas et est détesté, en gouvernance et en apparence de finalités, par la plupart des hommes et des femmes de ce temps-ci. Denis opine que de toute manière, on reste à la recherche d’un modèle passé, que la référence reste le concile de Trente. Il est en train de lire un essai, copieux, sur le concile d’un Jésuite : MARTELET… qui montre que l’homme fut au centre de la réflexion et de ce qui fut décrété et publié. L’homme, complètement oublié par ceux qui le formaient au grand séminaire. Il m’interroge : un livre d’ensemble sur les Bénédictins de leur fondation à aujourd’hui, tant iol y a eu des descentes aux enfers et des résurrections. Au grand séminaire, personne, aucun « directeur » ne se serait soucié d’examiner une vocation et son affectation selon les différentes voies de l’Eglise, et les capacités, qualités et cheminement de chacun des jeunes gens « appelés ». Quant à lui, certainement, il n’aurait pas : que dit-il ? choisi ? consenti ? en tout cas c’eût été différent.
Léone par politesse ? ou réelle présence. Jean pose toujours son caractère, en traits ? ou en force ? pour expliquer ou nuancer sa présence. Quelques photos, sous prétexte de son chien (Lassie, chien fidèle), d’eux dans une jeunesse pas loitaine, plus svelte, surtout plus heureux, rien qu’à la silhouette de trois quart cela se sent. J’ai fait la remarque de l’inversion de l’épisode générateur de leur rencontre, Léone et lui, il admet que peut-être est-ce lui qui frappa et non elle. Quand ils commncèrent… il n’avait encore jamais eu de femme, à déjà vingt-trois ans, je lui ai dit que j’étais ainsi, pureté des garçons… ou ? Nicole a su, acquiesce-t-il évasivement, que c’est bien sa venue qui a fixé son père… Il nous montre un papier, il l’a écrit-vécu jeudi dernier. Je lis et copie [1]. L’amour me subjugue, ces semaines et ces mois d’astreintes l’ont sans doute plus uni à sa femme que la décennie de relative claustration, elle : sa boîterie ? mais surtout la perte de sa vue, il l’en taquinait, ne la croyait pas. Il retient d’elle une force de caractère et la beauté. Alors que toutes les apparences, tout le cours de leur vie, selon ce qu’il m’en disait, selon ce qu’elle plus encore en commentait, paraissaient le contraire. Il commente son papier : un regard du nez à la tempe comme une aurore boréale. J’avais toujours ce halo qui a duré dix minutes… Plus elle a été malade, plus je restais avec elle. Programme de l’après-midi, dispersion des cendres.
Comment le dialogue est-il venu au religieux et à la foi ? sans doute à la question d’une fréquentation de l’église en leur jeune temps, lui, dans sa famille, prêtre, religieuses, Léone rien. J’avais suggéré le Benedicite que Denis a dit et qui a été accepté et prié. La foi ? l’Eglise ? je voudrais bien avoir eu Jésus pour ami, fait-il, mais Dieu, les guerres, le monde, et puis tellement de gens à s’occuper…non ! Denis : tu peux lâcher, mais Dieu ne te lâche pas. La foi, j’évoque celle de mon cher aîné, la résurrection de la chair, la résurrection des morts, il n’y croit pas, ne la vit pas, son fils, sa femme sont à jamais perdus pour lui. Denis nuance à peine : on ne sait pas, on ne peut s’imaginer le corps ressuscité. J’évoque un dialogue de même thème, juste au sortir d’une messe avec l’homélie là-dessus, affirmative et sereine, je traite le recteur à déjeuner, met le thème au menu et entends que tout est mystérieux et flou. Alors comme maintenant je dis les évangiles, et surtout saint Jean, la souveraineté du corps sur le temps, l’espace, les lieux, un corps touché, qui s’alimente, une voix, un regard, une présence… très physique, mais transformé. Denis qui tutoie notre ami, ne le dissuade en rien, le suit, la conversation change de cours. J’ai insisté sur l’écrit, au lieu d’une réflexion et d’une philosophie personnelles dont Jean, les assénant dogmatiquement et en expérience universelle, assure qu’elles ne mènent à rien, en tout pas à Dieu. Comment entrer dans l’évidence qu’on ne peut qu’échouer en prétendant créer et élucider le Créateur, alors qu’on n’est soi-même que créature et qu’on le sait, l’alternative logique n’étant que le hasard ou précisément une logique, la science établissant davantage la séquence des hasards que la nécessité.

Ce matin
 
Abonné depuis deux ou trois mois à cette chaîne de messages de mobilisation ou de mémoire sociales : « résistons », je lis ce soir pour un hommage à ce suicidé par le feu à Nantes. Les Tchèques de 1968 avaient inventé le socialisme à visage humain. Les sociaux-démocrates et les théoriciens du capitalisme  ont inventé le libéralisme à visage inhumain – Prier…[2]  Cette génération est une génération mauvaise : elle demande un signe. Mais Jonas n’est pas donné en exemple, c’est au contraire Ninive qui l’est, puis la reine de Saba, conversion, pèlerinage, en fait foi. Et il y a ici bien plus que Salomon … bien plus que Jonas. Dieu attire-t-il ? aujourd’hui pas moins qu’hier. L’incroyant a en lui, je l’entendais hier, tous les matériaux y compris psychologiques, pour croire, se convertir à la foi mais il s’enferme dans ses propres facultés et prend leurs limites comme une raison absolue de ne pas cheminer. La prédication et les arguments de Jonas, envoyé, contre son gré, convertir Ninive, ne nous sont pas donnés. Au contraire, ceux des convertis sont détaillés et la jalousie de Jonas qui souhaitait la perte de Ninive pour refus de conversion est critiquée. Jonas n’a fait qu’annoncer ce châtiment. Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Pénitence immédiate et collective, c’est le roi qui prêche lui-même. On criera vers Dieu de toute sa force, chacun se détournera de sa conduite mauvaise et de ses actes de violence. L’obéissance, la purification de la conscience amènent l’espérance : qui sait si Dieu ne se ravisera pas, s’il ne reviendra pas de l’ardeur de sa colère ? Et alors nous ne périrons pas ! Et Dieu, identique à Lui-même de l’Ancien Testament au Nouveau, celui des évangiles, des paraboles au comportement de Jésus, opère le miracle non selon Lui-même, mais selon la foi et le comportement du suppliant. En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés.


[1] - Je note, jeudi 14 février 2013. Il est 10 h 3 à la pendule. Une lueur clignote à mlon œil droit. Je la revois du nez jusqu’à la tempe, halo de lumière blanche très belle, côté œil gauche normal. Ce clignotement a cessé à 11 heures moins 20

[2] - Jonas III 1 à 10 ; psaume LI ; évangile selon saint Luc XI 29 à 32

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