mardi 19 février 2013

carême et conclave 2013 - 3 -


soir du mardi 19 Février 2013

Isaïe LV 10.11 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Matthieu VI 7 à 15


Enseignement simple du Notre Père. Les faits, une collectivité, un Dieu, apparemment lointain, aux cieux, mais à qui nous pouvons nous adresser selon l’affirmation, la recommandation de Jésus. Nature paternelle de Dieu. Pirère, laquelle : que Dieu soit Dieu, selon tous les attributs que l’humanité, telle qu’elle est, peut lui donner. Echange ? quelle logique ? la subsistance la plus concrète est rapportée à ce Dieu et le salut en forme de réconciliation avec Lui. L’humanité à la fois en penchants positifs : comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé… elle se donne donc en modèle à Dieu, et en penchants négatifs : délivre-nous du mal. Connaissance de soi, connaissance de Dieu, dialogue. Le matériel est dans la phrase entière de cette prière, comme son centre, mais sans redondance ni insistance. Ce sont la grandeur de Dieu et la donnée du mal qui occupent l’essentiel de cette posture de l’homme.

Résumé du spirituel, synthèse – je crois – du mouvement de ces quarante jours, sans compter la présomption que l’élection soit faite pour Pâques, selon cette habitude crispée et ablative de la réflexion, peut-être aussi de la prière personnelle et circonstanciée : signe de l’Esprit que cette élection tarde, que Dieu ne soit pas au rendez-vous de nos calendriers liturgiques. Je le souhaite car il nous faut un choc, un choc entre chrétiens, un choc dans la relation de la troupe avec ses pasteurs, un choc tel qu’il produise l’appel du peuple à une autre manière d’être enseigné et conduit, un choc visible de loin et de l’extérieur, en sorte que les croyants de toutes autres confessions nous voient changer, nous interroger et prier enfin sans conviction de supériorité ou de possession d’un avoir spirituel supérieur, en sorte que les incroyants s’étonnent d’un comportement collectif inhabituel, l’interrogation confiante. Une sorte de phénomène historique – proche d’un retournement géo-stratégique à la suite d’une défaite ou d’un avènement, quelque chose d’assez analogue à ce que nous apprenons de la naissance de l’univers quand, cessant de philosopher, nous observons le plus lointain du cosmos, qui correspond aussi à son plus ancien.

Votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l’ayez demandé. Carême et conclave ont ceci de lié que Dieu attend les hommes, leur comportement, leur réflexion, leur prise de conscience. Le conclave doit faire aboutir un débat, il doit recueillir et exprimer – par le choix d’un homme – une synthèse. Le parcellaire, les questions diverses surabondent, mais il n’y a ni échange ni recherche des points communs entre les divers éléments de crise, ni entre celle des sociétés humaines, des grands mouvements religieux et spirituels. Or l’Eglise est une société, elle est un mouvement religieux et spirituel – semblables à tous, même si elle s’estime d’une autre nature. Son problème, mieux perçu du dehors d’elle que de son dedans, est sans doute qu’une nature révélée, reçue de Dieu et n’appartenant qu’à Celui-ci, coincide pour notre temps et grâce à nous qui la composons et voulons y appeler tous les hommes, tous nos contemporains, soit enfin attestée par des comportements collectifs et individuels.

Benoît XVI a insisté sur la charité, sa pratique, son organisation, son fond spirituel. Il l’a érigée et commentée en vérité totalisante. Il n’a pas été entendu. Le magistère social de l’Eglise, plus que jamais, est prêché, surtout par une école économique tranquillisante, pour justifier les travers catastrophiques des doctrines économiques actuelles : le libéralisme intrinsèquement bon puisque censé procéder du meilleur de l’homme au point que le bien commun est automatiquement acquis si les entraves de toute puissance publique sont enfin ôtées. Les conditionnements pontificaux sont oubliés. L’appropriation de l’Eglise par les siens. L’Eglise étouffée par nous.

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