mercredi 6 juin 2012

nos yeux, levés vers le Seigneur notre Dieu, attendent sa pitié - textes du jour

Mercredi 6 Juin 2012

Le jour le plus long… un mois accompli du nouveau quinquennat… je m’éveille d’un rêve où je suis censément en Turquie, par le train, des forêts de chênes magnifiques, des troupeaux dans des prairies plantureuses, vaches, lamas énormes et gras, un chameau rabougri, un arrêt, une plage avec des rochers jaunes, des maisons pittoresques, serrées comme dans un film dit aujourd’hui d’animation, tout le monde descend, je suis en famille mais qui n’est dans la réalité ni celle de ma naissance, ni celle de notre mariage. Scène noturne ensuite où revenu dans une sorte de hangar avec des marchandises comme à l’étal d’un épicier de quartier, nous sommes attaqués par des voleurs, nous crions, nous nous dégageons, une histoire de trousseau de clés et je m’éveille. Une séquence avait précédé ; une maison de vacances ? que nous quittons, qui : nous ? Maman peut-être. Chantal D. qui est sortie, buste nu, peu de seins, coiffure garçon, peut-être à ses quinze ans tandis qu’aujourd’hui mari atlzheimer ou tout comme mais se maintenant avec courage et habileté, et elle-même mal entendante, bigote de parole au point d’être touchante, percluse d’arthrose. Je veux l’embrasser, simple toucher de l’émotion et de la tendresse… mais nous partons.
Erik EGNELL, entretien à France-Infos. avec Philippe VALLET, présenté comme académicien, un roman d’amour et de perspicacité, à Coppet, de l’autre côté de la frontière tandis qu’en France sévit la « terreur blanche », Mme de STAEL comprend que Napoléon avait continué et sauvé les acquis de la Révolution. Livre sans doute fin comme l’auteur, tiré constamment à quatre épingles, le visage affable, mieux rasé que FILLON à qui il ressemble en plus grand et plus droit. Mon successeur à Vienne, qui piaffait d’impatience que je prenne mes fonctions au kazakhstan pour arriver de Lille et changer de… j’allais dire : de niveau d’émoluments… non, sans doute d’une politesse d’âme. Dakar, ensuite puis probablement autre et une carrière complète et équilibré, quatre ans d’âge de plus que moi, et peut-être quinze ou vingt ans d’activité de plus que moi, sans grand bruit que maintenant une belle œuvre, justement chez l’éditeur qui me suggère, à bout de mes propositions et correspondances, d’écrire sur la France, ce dont je n’aurais sans doute ni le temps ni l’énergie ni la véritable inspiration dans les quinze jours qu’il me reste pour lui apporter quelque chose. Ma propre œuvre hugolesque, mais pas écrite, ou pis : inédite, et depuis cinquante ans un journal plus conséquent et mouvementé que celui d’AMIEL mais sans preneur ni sans doute vérité de plume et de fond, journal que je ne sais plus tenir : surcharge des jours. Leçon ? envie ? pas même. Je découvre et me réjouis de cette complétude d’un autre [1] comme je me réjouis depuis une grande quinzaine d’années maintenant de la beauté de femmes ou de jeunes filles que je n’ « aurai » jamais et que je ne pense même plus à « avoir », entré dans cette sphère de liberté, sphère sans doute par rapport à l’immense extérieur sans limite que nos avancées dans le temps et nos trébuchements quand l’autre ou quand les circonstances se refusent à notre désir d’enfant vieux, impur et grinçant. La vieillesse est alors les retrouvailles avec notre blancheur originelle, tous chemins parcourus et notre tranquillité enfin trouvé au carrefour d’où tout se voit sans plus courir vers nulle part. Du pluriel enfin le singulier.Chacun dans sa peau, moi dans la mienne, me supportant difficilement si étant un autre je rencontrai celui que je suis, mais étant dans ce que je suis, je vis de plus en plus intensément que c’est de « cela », qui est moi, ce moi qui m’est confié et à personne d’autre, que je suis responsable, comptable devant les autres devant Dieu. Me réjouir des autres, contribuer au bonheur des miens va me suffire, maintenant que dépouillé de tout projet et de toute perspective, je n’aurais plus enfin que le chapelet des jours et des nuits. Ecrire, c’est effacer pour mieux voir. Saisir et dominer par l’écriture, puis froisser ce qui est désormais figé, se reposer, me reposer. Je fais ainsi le tour, chaque matin, avant d’entrer dans la prière qui me sauve… chaque matin, grâce à Dieu.
Ousmane que je rappelle. Espérant l’écho d’une circulaire à ses compatriotes – que je n’ai pas encore écrite et qui sera mon appel à ce que quelque travail lui soit proposé, veuf, quatre enfants, bilingue d’expression écrite orale, permis de conduire, débuts d’informatique – il attend un téléphone de l’un ou l’autre, il est comme les trois quarts des Mauritaniens, de Sahéliens, sinon des Africains au sud du Sahara, une centaine d’euros. pas même, par mois, suffirait. L’imam vers qui il va et qui l’accueille, il fut le familier de « mon moine » mais sans jamais se convertir (en eût–il été encore plus isolé et démuni, descendant d’esclave ?) lui conseille de se remarier pour assurer la garde de ses enfants tandis qu’il cherchera du travail. Mais là-bas la dot ce n’est pas la fille qui l’apporte au mari, c’est le demandeur qui la paye aux parents de celle-ci… Depuis la mort de Dom M. je suis responsable de lui, comme aussi d’un autre familier qu’ont laissé tomber ceux qu’il avait tant obligés et servis. Savoir et connaître nous donne la responsabilité de ceux dont la voix et le regard…
Hier soir, réunion électorale d’Hervé PELLOIS, exclu parce que se présentant contre la candidate du PS (parité des candidatures à trouver statistiquement, dédain de l’UMP qui paiera, comme les pollueurs, les amendes et pénalités). Je distribue tracts et journaux de campagne. Chacune de mes propres candidatures m’a passionné, même infructueuse. J’irai aux réunions adverses, sais pour qui voter à chaque tour, notre fille fait campagne pour lui. Dans des circonscriptions bénites, un ancien Premier ministre, un ancien ministre de l’Intérieur disent, sur les marchés… éprouver le bonheur de leur vie, la rencontre des Français.L’artifice et le combat, je ne sens cependant et heureusement aucune mauvaise humeur, nous sommes bien plus ains qu’on ne nous le dit du « haut » des commentaires ou de ce quinquennat qui a fini mais dont, pour la deuxième fois, depuis la Géorgie et maintenant peut-être la Libye, il est question de le faire accoucher d’un prix Nobel de la paix.
Les histoires des hommes, leiur écriture, leur mémoire, leurs sentiments, le couple de pigeons que j’ai photographié au téléobjectif au haut de mon grand arbre foudroyé autrefois et toujours là, s’est dissocié. Mon arbre aussi était en couple. Quand celui que j’avais cru former avoua sa fin déjà ancienne de quelques années, l’arbre qui pouvait figurer la jeune fille tomba, il ne resta que celui qui me représenta, dessin plus simple, moins vulnérable. Moins élégant, plus jeune ou plus âgé. Mes aimées dorment encore, il faut humide. De nos recours contentieux contre le fisc à une circulaire aux municipalités dont j’ai les adresses électroniques et que je veux saisir de l’évidence d’une élection directe du président de l’Union européenne, d’emprunts citoyens, de la nationalisation des banques pour quelques années puisqu’après la Grèce l’Espagne est en faillite et que l’Irlande plébiscite notre vide d’Europe… j’ai les heures à venir pleines d’ouvrage. J’aurai les récits et questions de notre fille, de l’amour à revendre, de la désespérance à oublier, et je continuerai, comme Paul écrivant à son adopté [2]: je suis plein de reconnaissance envers Dieu, que j’adore avec une conscience pure comme l’ont fait mes ancêtres ; je le prie sans cesse, nuit et jour, en me souvenant de toi.. Immense communion de tous ceux qui prient et attendent à cette heure, de toutes celles et ceux dont Dieu me donne la pensée, l’image, l’évocation, la respiration même si je ne les connais pas de visage ni de son de voix. Je te souhaite à toi, Timothée, mon enfant bien-aimé, grâce, miséricorde et paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Seigneur. Non seulement tous nos Timothée, mais aussi cette certitude que nous sommes, de certains, à notre tour et tout autant, leur Timothée. Approbation immédiate des oiseaux, qui se taisent ensuite attendant la suite ou la sifflant déjà. N’êtes-vous pas dans l’erreur, en méconnaissant les Ecriutres, et la puissance de Dieu ? Leçon d’affectivité donnée d’exemple par Paul… enseignement de Jésus sur le mariage, l’état de ressuscité quand lui est posé la colle d’un multiple veuvage que l’infortunée tente de pallier par autant de mariages succesifs que d’époux décédés… affaire de femme d’ailleurs. Quand ils ressusciteront, de qui sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour femme ? – Lorsqu’on ressuscite d’entre les morts, on ne se marie pas, mais on est comme les anges dans les cieux. Assertion peu plaisante, nous voulons la résurrection de la chair et l’accomplissement de tout ce que nous avons fondé, donc nos amours peut-être contraductoires ou successifs. Jésus continue, encore plus paradoxalement. N’avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, au récit du buisson ardent, comment Dieu lui a dit : Moi, je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ? Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Et pourtant ces patriarches, références pour Moïse, sont bien morts pour l’époque de celui-ci comme pour la nôtre. J’aime ce matin le mystère comme la transmutation de mon désespoir, de la somme de mes attentes et de mes impasses, en simple regard vers Dieu. Pas plus, mais pas moins. Comme les yeux de la servante vers la main de sa maîtresse, nos yeux levés vers le Seigneur notre Dieu, attendent sa pitié. Ainsi soit-il ! Vers toi, j’ai les yeux levés, vers toi qui es au ciel. Le psaume, je l’avais précédé selon le mouvement d’âme impuissante mais ayant trouvé son orientation, et le texte alors est venu [3]


[1] - Erik Egnell, né en 1939 à Paris, X 57, sorti dans le corps des commissaires-contrôleurs des assurances, sous-lieutenant en Algérie (1960), ENA 65 (promotion Stendhal), administrateur civil au ministère de l’Economie et des Finances, entre d’abord à la Direction générale des douanes et droits indirects, puis est affecté en 1967 au Service de l’expansion économique à l’étranger dépendant de la DREE (Direction des relations économiques extérieures). Il a été attaché puis conseiller commercial, en poste successivement à Moscou (URSS) 1967-1970, Paris (financement des exportations) 1971-1974, Toronto (Ontario, Canada) 1974-1977, Bagdad (Irak) 1978-1980, Londres (RU) 1981-1983, Ottawa (Canada) 1983-1987, Lille (directeur régional du commerce extérieur) 1987-1992, Vienne (Autriche) 1992-1996, Dakar (Sénégal, avec responsabilité du Mali) 1996-2000, Dublin (Irlande) 2000-2004. Après sa retraite, il a fondé en 2006 les éditions Cyrano.
Il a publié notamment :
  • URSS : l’entreprise face à l’Etat (Seuil, 1974, en collaboration avec Michel Peissik),
  • Napoléon et la Dordogne (Pilote 24, 2006),
  • Le Guerrier et le Philosophe, ou Quand Monluc et Montaigne gardaient l’Aquitaine à la France (Cyrano, 2009),
  • Une année à Coppet (De Fallois, 2012).
Il a aussi écrit pour le théâtre La tragédie de Maximilien et de Charlotte (ORTF, 1970), Place de la Concorde, ou Vie et mort d’un régime politique (Cyrano, 2006), Chameau, dodo, ou Un polytechnicien amoureux de Napoléon (Cyrano, 2008).
Il partage aujourd’hui son temps entre Eglise-Neuve-d’Issac (près de Bergerac, Dordogne) et Paris.

[2] - 2ème lettre de Paul à Timothée I 1 à 12 passim ; psaume CXXIII ; évabgile selon saint Marc XII 18 à 27

[3] - Ce très court psaume repose sur une comparaison entre l’homme soumis au maître divin et l’homme soumis à un maître humain. Certes, les deux ont les yeux rivés vers leur maître duquel ils sont totalement dépendants. Mais le premier regarde le visage de son maître tandis que le second regarde sa main (l’homme qui regarde » vers Dieu » et l’esclave «  vers la main de son maître » . versets 1 et 3 . L’esclave de Dieu ressent certes une dépendance aussi totale, mais cette soumission procure un sentiment de liberté, de confiance, qui naît de la certitude de servir une noble cause) ; le premier reste digne et libre, le second reste à la erci de cette main qui donne, mais qui se ferme, qui retient et devient parfois un poing qui frappe et tue. Le premier reçoit la grâce = h’én, le secordest cobsidéré avec mépris = bouz, et raillerie = la’ag de la part des maîtres « embourgeoisés » = chaananim, paisiblement installés dans leur superbe. C’est ce psaume qui inspira le rédacteur de la prière du chofar à Roch hachana : « Si tu nous considères comme des esclaves, nos yeux regardent vers toi jusqu’à ce que tu nous prennes en pitié » – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.  

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