dimanche 24 juin 2012

il m'a protégé par l'ombre de sa main - textes du jour

Dimanche 24 Juin 2012

Il pleuviote. Hier l’a échappé belle… Kermesse de l’école Saint-André, messe de mariage : Paulyanna et Thomas, leur chapelain irlandais, thème et homélie sur le chemin, le ballet de Yaq’el au Palais des Arts de Vannes, notre fille en violette pour la forêt enchantée, l’ouverture du bal de mariage chez nos voisins T. La réunion des relations, des inconnus, de nos « ennemis » sans que nous ayons des amis, ici. Plus on a de racines, plus on a assemblé, déposé, plus on sent que les étapes d’antan en camp volant n’étaient pas plus éphémères. Une richesse différente de ces années-ci, pas encore dix ans, sont ces correspondances internet. Non seulement une forme de relation que je n’avais jamais connue, mais des rencontres que je n’aurais jamais faites, et qui me sont données selon un filtre rare dans ce qu’était la vie courante avant la communication « virtuelle » : le respect, un certain mystère, le dire de l’autre selon des ruthmes et pour une vérité que le tête-à-tête donne peu ou tout autrement. L’internet produit aussi sa propre mémoire et l’outil de la fidélité, l’attente et le dialogue. Les intensités d’échange dans le tête-à-tête sont exceptionnelles [1], mémorables, portent à l’assimilation, elles ne sont pas méthodiques, mais elles sont un morceau de la dimension que nous n’avons pas encore couramment. L’échange de courriels manie les outils, appelle le facultatif et fait le cercle, la possibilité du compagnonnage : je vis ainsi en Mauritanie depuis six ans sans y être retourné. La seconde expérience est ces rencontres de vie, ce récit d’autrui, ce que je reçois et ce que je donne. Gratitude dans le tête-à-tête, gratification dans le dialogue internet. L’époque qui me requiert tant je la trouve prodigue et loin de ce qu’elle pourrait être, m’apporte l’archivage et la correspondance en un seul mécanisme. Sensation étrange : la première saisie, et donc lecture d’ensemble, de textes vieux de date par une indicible. Temps d’autrui donné pour une économie du mien ou plutôt pour une autre disponibilité : je n’avais pas rencontré ce consentement et cette aide depuis très longtemps.
L’accumulation de mes retards de rédaction,  la maison entière à honotrer en la rangeant, ma femme prise par un affectus qui me surprend et m'émerveille pour des lieux qu’elle n’aimait pas. Les deux extrêmités de la vie où je me trouve, la petite enfance encore par notre fille, la mort vers laquelle j’arrive et qui est un tel encouragement à enfin ne faire que le bien, que le mieux, la relation fraternelle avec ce corps qui nous accompagne ou nous enveloppe, je ne sais préciser, qui nous quittera, que nous retrouverons, qui est autre mais pas nous, seulement compagnon… je dis-écris tout cela plus tard.
Je prie dans le silence, les trilles d’un oiseau, les débats d’un merle pour retrouver l’air libre à quelques centimètres plus bas. Le frémissement du vent, il me semble que presque tous les lieux et moments où j’ai vécu sont ensemble, apportés, développés, familiers dans ce vent doucement étalé à portée de mes sens. Souveraineté de la précarité, je crois que la vie, c’est cela quand du dedans on la regarde comme si l’on était dehors. Un pendant qui est autant avant qu’après. Pour tous ceux, toutes celles rencontrés hier, du chapelain, de nos hôtes, des enseignants de notre fille à mes aimées et mes souveraines, à tous, aux jeunes époux de tous les temps, aux commencements et aux déclins, à ces moines qui meurent entourés, à ceux qui meurent – comme nos chers chiens, hélas – seuls. La prière est un regard vers eux, et enveloppés les emmener, vivants, morts, accessibles, merveilleux,  ou nous ayant blessés, ou que nous avons blessés. Confiteor… qui est louange autant que demande du pardon, de l’embellissement, du définitif. Et ce soir, ordination sacerdotale de François-Xavier. Cavalcade apparente, recueil au vrai. A l’instant même sa boucbe s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu  [2] Tout miraculé est un élu, et tout élu… J’ai du prix aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force… Tu me scrutes, Seigneur, et tu me connais. Tu sais quand je m’asseois ; quand je me lève, de très loin tu pénètres mes pensées, tout mes chemins te sont familiers. C’est toi qui a créé mes reins, qui m’as tisé dans le sein de ma mère. Ajouter et prendre pour soi : Je reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis. Non. Ma place est dans la multitude des rachetés, des sauvés, des aidés. Je m’y sens d’ailleurs bien mieux, être avec tous, mais reconnu de Dieu, la suite viendra. C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les rescapés d’Israël. Je vais faire de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrêmités de la terre.. J’ai trouvé David, fils de Jessé, c’est un homme selon mon cœur : il accomplira toutes mes volontés…. Que sera donc cet enfant ? Le Précurseur. Je suis tellement heureux de suivre, encadré de qui j’aime et qui m’aiment. Solennité de la naissance de Jean Baptiste, ce qui tombe pour un mariage, pour une ordination, pour le commencement d’un jour, le nôtre.  


[1] - j’avais d’abord écrit : exceptionnables

[2] - Isaïe XLIX 1 à 6 ; psaume CXXXIX ; ActesdesApôtres XIII 22 à 26 ; évangile selon saint Luc I 57 à 80 passim

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