mardi 23 avril 2013

voilà ce qui me rend témoignage - mardi 23 avril 2013

Mardi 23 Avril 2013

                                   Jour blafard et pluvieux, mais je suis en paix intérieure. Hier, tout le possible, un grand moment pour apaiser notre fille, venue se réfugier de sa difficulté de cœur, de comportement, de considération avec son amie de cœur, nous avons parlé, elle m’a dit, je lui ai dit, et nous avons parlé d’autre chose, puis les « petits chevaux » version Kitty. – Revé (et le fait que ce me soit revenu contribue à cette sérénité de maintenant : pendant une trentaine d’années, j’ai mémorisé et pu noter mes rêves deux ou trois fois par semaine). 

                                     La France a toujours fait partie de ma vie. Elle est maintenant un souci de chaque instant, tellement mal traitée par les siens qui n’en font plus qu’un objet de pouvoir, le pouvoir n’étant pas la possibilité que chaque génération donne en corps à la perpétuation de notre avoir et de notre être national, mais une appropriation de quelques-uns selon divers registes et cooptations… Ce livre qui m’est « commandé » depuis près d’un an, que j’ai laissé en plan après quelques pages tâtonnantes à l‘automne, et sur lequel il m’a semblé sécher ces temps-ci, je le ressens mieux maintenant parce qu’il sera l’histoire d’un amour, d’une douleur et d’une certitude. Même s’il devait mourir,  ce pays qui est mien et que j’ai en partage mystérieux avec tant d’autres, au-dedans et au-dehors, peut ressusciter mais que de poussière, de parasite et de linceuls il aura alors secoué. L’expliquer à l’inconnu lecteur ou atteint par la rumeur, le dire et transmettre à notre fille selon elle et faire œuvre avec elle… en sus, elle l’illustrera. L’écriture ses dessins me surprendront, j’en suis sûr, maintenant. – Le vote à l’Assemblée Nationale, hier, sur notre intervention au Mali, est en ce sens fort beau et précurseur, conscience de soi exprimée sereinement par un pays selon ses institutions et ses circonstances du moment : unanimité des votes exprimés, ce n’est pas mal quoique l’entreprise soit …  (je voudrais me tromper, pas tant sur nous, que sur nos amis africains tellement enserrés dans des bandelettes dont nous avons une part de responsabilité) promise à l’échec, car notre solitude se prolongera autant que notre présence. La colonisation ne pouvait à la longue tenir et nous mettait hors d’haleine, mais les dégâts de sa succession s’amplifient de générations en générations. On a traité depuis la Seconde guerre des paix militaires et nucléaires, un peu aussi des guerres d’indépendance, mais pas du tout du mode de vie quand il doit être étatique de gens qui n’en ont jamais eu aucune pratique, sinon par nous et du dehors donc superficiellement. N’a été finalement assimilé qu’une dérive, que nous vivons aussi, mais pour d’autres causes : la vie publique est un lieu d’appropriation par quelques-uns, exactement comme les économies sont un domaine de spéculation (accaparement indirect) ou de spoliation (notamment des forces du travail) par quelques-uns qui se croient fondés en logique et en réalisme pour s’y adonner très tranquillement et à vie. Vice des vies nationales actuelles, vice des relations internationales actuelles, éclipse de l’élan européen, retombée depuis longtemps de la sincérité fervente des indépendances africaines. Energie, fraternité, solidarité : absentes selon tant d’apparences. Mais qu’apparaisse une œuvre à faire ensemble, ne pouvant se faire qu’ensemble et dont la nécessité, l’urgence sont si évidentes que disparaissent les questions d’auteur, alors un peuple est capable de tout, et d‘abord de son unité. C’est d’une cécité de plusieurs décennies que la France périt, qu’elle se blesse en telle part de sa géographie, de sa société, de ses générations et c’est par de telles découvertes qu’elle retrouvera souffle et redeviendra fleur. A sa manière millénaire. D’autres peuples s’y prennent, s’y sont pris, s’y prendront autrement, mais l’ouverture à l’Histoire reprenant est de même mouvement, de même force.

                                         Prier pour que cessent ces dévoiements, que s’éclaurentr les esprits. Prier aussi pour que se sèchent les larmes de chagrin et d’amitié amoureuse difficile et déçue, de notre trésor de fille. Prier pour une certaine fécondité de nos efforts à chyacun. Prier pour ceux qui se sentent délaissés, indésirés, incompris, au féminin c’est plus explicité, au masculin c’est nu et muet. Prier avec tous…avec la douceur d’une pluie grise qui, sous un ciel blanc, tranquillise et immobilise presque cette saison lente à venir. C’était un homme de valeur, repli d’Esprit Saint et de foi. Une foule considérable adhéra au Seigneur. Barnabé repartit pour aller à Tarse chercher Saul. Il le trouva et le ramena à Antioche. Pendant toute une année, ils furent ensemble les hôtes de l’Eglise, ils instruisirent ue foule considérable ; et c’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de « chrétiens ». [1] Ambiance de sérénité encore plus que de fondation ; Les débuts de l’Eglise, et peut-être ce qu’il va maintenant se passer dans l’Eglise contemporaine et parmi les croyants de toutes confessions pour une même révélation d’un même Dieu unique et compatissant, sont de l’ordre du constat. Une lecture spirituelle de la vie de Dieu structurant et animant l’humanité, des événements, des visages, des rencontres lus enfin selon l’Esprit Saint qui passe toujours avant nous et plus profondément que nous ne saurons, saurions jamais le vibre avec qui que ce soit. Un débordement se produit alors, une joie universelle mais surnaturelle se répand. Une mutation se produit à l’évidence. Les Actes des Apôtres – évangile de l’Esprit, que nous continuons depuis deux mille ans avec plus ou moins d’inspiration selon nos générations – sont ce constat d’une mûe des foules et des personnes. Ce matin, je ne sais pourquoi, mais je vois assez bien le comment, il me semble que s’ouvre à une lumière nouvelle ce qu’est l’humanité en ce moment. Ils annonçaient la Parole exclusivement aux Juifs. Et pourtant, il y avait parmi eux des hommes originaires de Chypre et de Cyrénaïque, qui, en arrivant à Antioche, s’adressaient aussi aux Grecs pour leur annoncer cette Bonne Nouvelle : Jésus est le Seigneur. La puissance du Seigneur était avec eux : un grand nombre devinrent croyants et se converturent au Seigneur. L’Eglise de Jérusalem entendit parler de tout cela, et l’on envoya Barnabé jusqu’à Antioche. A son arrivée, voyant les effets de la grâce de Dieu, il fut dans la joie. Jésus, de son vivant terrestre, a bien moins de succès. Combien de temps vas-tu nous laisser dans le doute ? Si tu es le Messie, dis-ke nous ouvertement ! – Je vous l’ai dit et vous ne croyez pas.  Jésus parmi nous, nous les détracteurs et les raisonneurs ou plus bonnement les distraits et les machinaux. Jésus allait et venait dans le Temple, sous la colonnade de Salomon. D’une certaine manière, dans cet enclos rituel mais pas bien peuplé, il a cette marche circulaire, ce mouvement brownien d’un troupeau d’ovins, agneau et berger à la fois. Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle. Des siens, Jésus préfère parler par parabole, et Il nous fait l’honneur de nous prendre nous-mêmes et Sa relation avec nous, comme parabole et chemin de compréhension de sa relation à Dieu, son Père, notre Père. Jamais mes brebis ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Mon Père qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN.

                                         Vivre est une grâce, le présent est toujours un commencement qui nous est nôtre, la fraternité humaine se fonde sur cette analogie d’être chacun sauvés et mûs par la même force, nos morts à chacun ne sont pas individuelles, si personnelles qu’elles soient, elles nous apportent enfin la seule conclusion vraie, celle de notre acomplissement, enfin. La joie fondamentale, notamment d’étreinte amoureuse, de communion spirituelle, est de ressentir par intuition frémissante cet accomplissement dont nous ne savons ici bas que les gestations et hésitations. L’Esprit Saint est artiste, souffleur, écrivain de nos vies. Que nous sachions ou non Le nommer et reconnaître ne change rien à la réalité : c'est force ou manque à gagner pour notre équilibre psychique et notre vue des choses (et des gens) finalement optimiste. Alors, la prière... 


[1] - Actes des Apôtres XI 19 à 26 ; psaume LXXXVII ; évangile selon saint Jean X 22 à 30

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