vendredi 19 avril 2013

maiage homosexuel - dialogue avec une amie chère et éclairée

Dialogue avec une amie éclairée et chère,
à propos de mon courriel aux évêques et de la loi Taubira


----- Original Message -----
From:
Sent: Monday, April 15, 2013 4:43 PM
Subject: Re: l'ayant trouvé sur l'autre rive, ils lui dirent - textes du jour

Cher Bertrand,

Ne croyez-vous pas que, contrairement à ce que vous leur écrivez, nos évêques seraient les otages des groupuscules d'extrême-droite qui se sont greffés sur l'opposition au "mariage pour tous" s'ils renonçaient pour autant à défendre une sagesse, peut-être contestable, mais partagée par toutes les grandes religions, bon nombre de non croyants, et, maintenant que les véritables enjeux apparaissent, par 55% de Français (sondage BVA de vendredi).

Il est trop clair que le gouvernement, et certains médias, dont Le Monde, (dont nous sommes des lecteurs quotidiens mais que nous aimerions voir davantage fidèle aux valeurs de Beuve-Méry, Fauvet, Fontaine et bien d'autres, bien différentes de celles avancées par M. Bergé), se font un malin plaisir de mettre en avant les agissements condamnables de ces groupuscules pour minimiser la protestation raisonnée et pacifique de la masse des opposants.

Cette protestation contre "un changement de civilisation" (dixit Mme Taubira) ne méritait-elle pas, par exemple que le projet soit porté devant le Conseil National d'Ethique, autre chose en tout cas qu'un débat purement parlementaire, essentiellement juridique, ne traitant que peu ou pas du tout de l'aspect vraiment sociétal du projet, symbolique au sens fort de "ce qui réunit", autre chose, surtout, que ce vote à main levée obtenu en fin de semaine devant combien de sénateurs, lesquels, comme à la sauvette et dans un manque total de de cette transparence tellement revendiquée par le gouvernement ? J., fort de son expérience de 23 ans à l'AN, dont 2 ans comme président de la Commission des Finances, dit n'a jamais avoir vu cela et en est indigné ! Oui, cette opacité et la précipitation qui s'ensuit nous apparaissent un déni de démocratie !

Amitiés

….


----- Original Message -----
To:
Sent: Friday, April 19, 2013 12:20 PM
Subject: mariage et autre
Pièces jointes : mariage gay . opinion cardinal Philippe Barbarin – mariage et monothéisme : témoignage et émotion d’un ami cher musulman – mariage homosexuel : prêcher le combat ou d’exemple ?

Ma chère …, je ne vous lis que maintenant. Pardonnez-le moi.

Il y a effectivement deux oppositions : les enfants de Mgr. Lefebvre, les résurgences de tous extrêmistes de droite et d'ailleurs, et l'opposition calme, fondée, approfondie. La première va devenir illégale dès que le texte aura été promulgué, elle rêve de X précédents, des textes sur l'école en 1984 ou du CPE de 2005., voire de Mai 68, crise qui a été dénouée, entre autres, par le ralliement à de Gaulle, des légalistes. Si Mai 68 avec la fête et la jeunesse qui vont avec, devait ressurgir, ce serait sans doute pour le projet d'aéroport à Notre-Dame des Landes. De Reniac, et chaque semaine quand je vais travailler aux archives diplomatiques de Nantes (Mauritanie, et différentes affectations de Couve de Murville en ambassade), je vois les calicots et convocations à manifester, Ouest-France a aussi sa rubrique.Evdente maladresse du "pouvoir" : le candidat FH a collé à Ayrault sur ce projet, et celui-ci n'a toujours pas saisi le prétexte des écobomies budgétaires pour un renvoi aux calendes qui ne fasse perdre la face à personne.

Il est certain qu'un autre intitulé que le mariage mais pour son équivalent à tous égards, y compris la PMA en prenant soin d'éviter la marchandisation, aurait remédié à tout et satisfait aussi bien les directement intéreessés que sont les couples homosexuels que ceux - pas directement concernés - qui protestent au nom d'une certaine conception du monde, du couple et de la procréation. C'est très regrettable qu'on ne l'ai pas fait à temps. FH et le gouvernement à sa suite, Taubira enparticulier, auraient pu et dû y réfléchir : l'étiquette. Et d'autre part faire connaître la genèse et le cheminement de cet engagement de campagne : groupe de pression "parisien" et "fortuné" ? ou réelle perception par FH de souffrances et de cas particuliers qu'il aurait lui-même constatés. Effectivement, nous ne le savons pas. Si les opposants avaient commencé dès le début dans le calme et sans se laisser amalgamer par ceux qui ont voulu tout de suite l'épreve de force, la manifestation du nombre dans la rue, etc... il est possible que le gouvernement et FH auraient pu entrer en négociation notamment sur le mot : mariage. L'Eglise et nommément le cardinal Barbarin ont été très imprudents en allant aussitôt à l'outrance (porte ouverte à l'inceste, à la polygamie), ce qui a encouragé, sinon cautionné l'extrêmisme pas immédiatement politique, mais trop passionné et bientôt haineux (islamophobie, homophobie, sinistrophobie) pour être audible, respectable, chrétien. L'accusation avant-hier en séance de l'Assemblée nationale, d' "assassinat d'enfants"... Maintenant, il est malheureusement trop tard. Au moins pour l'intitulé. C'est un peu comme pour l'Algérie française, les passions, les points de vue unilatéraux ont forcé une issue douloureuse, à l'avantage de personne.

Reste la question des procréations médicales assistées par don de semence. Ce qui est différent du choix d'une mère porteuse car à tout prendre le couple l'homosexuel pourrait, l'un des deux partenaires, féconder une marraine ou une amie du couple. Rien de cela ne me choque, ni non plus l'adoption pure et simple. Précisément l'amour pousse au mariage ou à la consolidation juridique, quel que soit le sexe des partenaires, et peut pousser au désir d'enfants ou en résulter. L'empêcher ? techniquement, sociologiquement, juridiquement, c'est contournable. L'officialisation et la légitimation sont plus simples. Les dépravations, les "ménages à trois", les X recompositions familiales sont antérieurs à tous textes, ils sont naturels même s'ils sont répréhensibles. Prêchons d'exemple, ne qualifions pas le péché des autres, qui n'ont pas nos références.

A la demande d'un camarade de Franklin, je vais boucler une réflexion d'ensemble sur le sujet - fond et forme, y compris la triste démonstration que nous ne savons toujours pas débattre en France.

Très affectueusement.


----- Original Message -----
From:
Sent: Friday, April 19, 2013 3:43 PM
Subject: Re: mariage et autre

Merci, cher Bertrand, de m'avoir répondu.

Permettez-moi de ne pas être tout à fait d'accord avec vous :

- l'opposition au "mariage pour tous" a proposé dès le début un "contrat d'union civile" assorti de la possibilité d'adoption simple, ce qui aurait résolu les revendications légitimes des homosexuels (dont je distingue la "communauté gaie" ) de voir reconnu par la société et assorti des droits nécessaires leurs projets de vie commune ainsi que les dispositions juridiques leur permettant d'élever leurs enfants déjà là (qui ont par ailleurs un père ou une mère) ; l'amendement en ce sens déposé par la "droite" a été repoussé par le Parlement sans autre forme de procès !

- l'opposition au texte gouvernemental dépasse la simple adoption du terme "mariage" : c'est la différence entre un couple de même sexe et un couple de sexes différents qui est en cause ; dans le premier cas, manque une partie constituante de l'humanité ; dans le deuxième, la différence homme-femme, constitutive de l'humanité, est reconnue et intégrée au projet de vie commune - ce qui est un magnifique défi de nos jours où cette différence est à vivre dans un partenariat à égalité, beaucoup plus problématique que lorsque la domination automatique de l'un sur l'autre réglait les conflits possibles ! C'est pourquoi la relation entre deux personnes de même sexe ne peut pas être mise sur le même plan que la relation entre une femme et un homme : elle n'a pas la même signification, la même portée pour le vivre ensemble des hommes. La théorie du genre n'est pas innocente dans cette affaire : à mon avis, elle est une manifestation de l'impossibilité pour certains, ses défenseurs en particulier, de penser ensemble différence et égalité. Et c'est pourtant à cette condition que la paix est possible !

- enfin, et corrélativement, si la mixité homme/femme, richesse de notre humanité, est précieuse dans les différentes cellules de la société - y compris dans les instances dirigeantes de notre Eglise qui ferait bien d'y réfléchir - combien, à plus forte raison, n'est -elle pas nécessaire dans la cellule qui accueille le jeune enfant et l'élève : la famille ! L'adoption est déjà une souffrance (témoignage d'un de mes frères qui a adopté deux enfants), pourquoi y ajouter celle de ne pas pouvoir dire "papa et maman" ? Quant à la PMA, comment un enfant peut-il accepter qu'un "donneur" étranger et anonyme soit à l'origine de son existence ? La pensée que l'amour, ou du moins l'attrait amoureux réciproque de vos procréateurs sont à l'origine de votre vie, cela aide à vivre !

Amitiés



----- Original Message -----
To:
Sent: Friday, April 19, 2013 4:31 PM
Subject: Re: mariage et autre

Je vous lis, chère…, en ligne... Bien d'accord sur la diversité, la richesse et la généralité pour le genre humain. Mes les textes dans un sens ou dans un autre n'y changeront. De même, la stabilité du couple est souhaitable par elle-même, elle n'est pas affaire de texte, même si la loi Naquet puis la réforme VGE facilitent la séparation. A vrai dire, la véritable évolution de ces décennies est que l'on ne se marie plus, et vous lisant et vous couriellant, il me vient que l'accroissement de la propension à ne plus se marier va être le véritable effet du " mariage pour tous ". 

Question, je ne sais si elle est de forme ou de fond ? pourquoi se mêler de cette question. Que le législateur la traite pour punir, comme naguère, ou pur autoriser, voire faciliter, je comprends, mais tout un chacun ? imposer une vue personnelle, qu'elle soit fondée ou pas, à d'autres ? personne ne nous retire rien ... personne ne nous demande de pratiquer l'homosexualité... notre propre mariage (dont nous sommes les ministres, lors du sacrement d'Eglise, lequel est je crois récent en tant que sacrement, il est de nature, il n'est pas institué comme sacrement dans l'évangile, il est constaté) en est-il diminué, amoindri, parce que d'autres se marient d'une autre manière ? le mariage, ce qui compte est-ce la nature des partenaires, ou l'amour qui les lie ? et d'aillaurs, l'évangile encore, parle d'union - ce que Dieu a unis - et non de mariage. En ce sens, le terme : "union", concédé au rabais pour les homosexuels, serait étymologiquement et historiquement, voire  évangéliquement - supérieur à "mariage".

Ce qui n'est pas anecdotique, le projet Taubira comble une lacune du Code civil : le mariage entre frère et soeur est interdit. Où l'était-il avant ? dans le Code pénal, sans doute ? comme l'homosexualité d'ailleurs. 

Bien chaleureusement, ma chère …


----- Original Message -----
To:
Sent: Friday, April 19, 2013 4:48 PM

Chère …, je suis heureux et honoré de penser et discuter avec vous et grâce à vous. Vous m'apportez beaucoup, pas forcément en m'amenant à vos propres  vues et manières de voir, mais un peu en éprouvant les miennes et beaucoup en trouvant/voyant d'autres pistes et éléments à réfléchir.

Avec vous d'âme et de sympathie.

Aucun commentaire: