mercredi 9 mars 2011

- textes du jour

Oui, les Cendres. La poussière, celle de la tetrre, des végétaux broyés et brûlés pour la liturgie, l’aboutissement sec d’une pourriture et de toute usure, du détachement universel, inexorable. Cet évêque, impliqué bien plus que dans la gestion des ressources humaines de son diocèse – à l’instar de ses deux homologues de cet été défiant le pouvoir en communiquant sur les Roms et les gens du voyage, ou cet autre s’exclamant en homélie à Lourdes et osant le parallèle qui fait hurler ceux qui cependant appellent à perpétrer les mêmes crimes et comportements qu’antan – cet évêque anxieux à l’angoisse : que faire pour nos frères chrétiens au Proche-Orient ? comment faire se mouvoir la « fille aînée de l’Eglise » qui a la chance d’accueillir assez de musulmans en elle pour inspirer le diaologue dont toute religion inspirée et monothéiste, dont tout homme de bonne volonté est – en réalité – capable, revenant en lui-même et considérant les cendres qu’il deviendra… Apprendre que dans un lieu de retraite catholique, au site admirable (la chaîne du mont-Blanc, sans vis-à-vis que la vallée en creux), un cycle sur le Notre Père achalande plus de cent cinquante personnes, que la semaine précédente près de trois cent étaient là sur quelque autre thème, ne m’a pas réjoui. J’ai au contraire été impressionné, avec plutôt un sentiment de peur : le succès entre soi des « communautés nouvelles », le regard des « illuminés », un vocabulaire pathétique de décalage. Je ne suis pas attiré. Expérience à laquelle j’ai été traîné à un après-midi à des Béatitudes… Je me trompe peut-être. Dieu en vase clos, chercher Dieu ainsi, tandis qu’au Proche-Orient, des communautés témoin direct du premier apostolat de l’Eglise en début, pas du tout fondées par le colonialisme et la « propagation de la foi », sont en danger et qu’un ministre pakistanais, chrétien, partage – toute la symbolique et la féondité, j’en suis sûr, sont là – avec un gouverneur de province musulman, la gloire, l’honneur du martyre, de l’unique martyre. Du « haut » de mes soixante-sept ans, je sais bien que je L’ai fréquenté dans ce genre d’exercices, que je L’y ai supplié, mais je ne L’ai rencontré que dans ma vie, aidé par la liturgie, porté par les textes et leur présentation en Eglise, mais je ne Lui ai cédé que dans la vie. Au maximum, quarante personnes, et au soir de son existence humaine, des retraites décommandées puisque les inscrits dont moi n’étaient que deux, Jean Laplace savait faire d’une exhortation et des Exercices spirituels un retour à la vie concrète. Dans la grotte de l’Apocalypse, à Patmos, et au pied de la Chora (le monastère orthodoxe surmontant l’île grecque au possible comme sur beaucoup de celles en mer Egée), j’ai lu saint Jean naturellement mais aussi Paul Nothomb (sans doute le père d’Amélie), un livre étonnant : L’homme immortel, montrant que la poussière n’est pas la mort, mais l’éternité, c’est cette part de nous qui est insécable. Ce matin, en messagerie, un ami que j’interroge sur la santé de son père, Africain, musulman, venant du Sahara pour ses examens : Il doit voir son médecin au moins une fois par an pour s'assurer que les cellules cancéreuses n'ont pas métastasé. Son medecin a dit que, pris il y a 15 ans, cela aurait été enlevé en une petite opération. Là, il a subi une intervention de 14h d'affilée et ça a coûté plus de 100.000 euros; Mon père n'a pas le droit à la sécurité sociale, un … lui a proposé de lui faire une vraie-fausse, mais il a refusé tout net, préférant se ruiner et faire appel à la solidarité familiale plutôt que de voler le système sanitaire français ou frauder à la carte vitale. Cendres, gage de notre immortalité, humanité faite de résurrection.
Prier ainsi… au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, voix de notre fille pour ces mots, en écho tendre et fraternel de ceux dont je prends pour nous trois l’initiative… toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret… Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent dans le secret… Que ton aumône reste dans le secret. [1] Mon frère aîné admirable… peut-être devrais-je cesser ces partages du moment matinal dont j’ai contracté « l’habitude », le secret… mais aussi la communion, évitez d’agir devant les hommes pour vous faire remarquer. Jésus peine à enseigner ses disciples, la révélation (majuscule), ce sera la croix qui s’annonce mais ne se prêche pas, sauf à la proposer directement et à la prophétiser, mais le comportement, les égards, la discrétion… le Christ les dit et les pratique. Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu. Prière du misérable, déboussolé, meurtri, aimant. A tous vents ? Rends-moi la joie d’être sauvé ! … Et le Seigneur s’est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple. Ainsi soit-il aujourd’hui et demain comme ce fut hier. Amen.

[1] - Joël II 12 à 18 ; psaume LI ; 2ème lettre de Paul aux Corinthiens V 20 à VI 2 ; évangile selon saint Matthieu VI 1 à 18 passim

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