jeudi 24 mars 2011

le coeur de l'homme est compliqué et malade - textes du jour

Jeudi 24 Mars 2011


Prier…[1] l’enseignement du Christ par paraboles, son genre majeur, car le « discours sur la montagne » rappelle le Décalogue. Le genre parabole ne me paraît pas avoir sa réplique dans l’Ancien Testament, ni dans les épîtres apostoliques ? Jésus s’y plaît, la pédagogie des contes moraux (pas ceux de Rohmer, chefs d’œuvre classiques, ni les immoraux de Borowicz, brûlants mais somptueux). Le Christ conteur, le talent évident : portraits, celui du riche est visuel, celui du pauvre est de comportement, Lazare (je crois que le nom a une importance décisive, et pour nous il fait évidemment écho depuis la résurrection du frère de Marthe et de Marie, un prénom donc affectionné par Jésus). Accélération du récit : les deux meurent. La suite est du point de vue du riche, elle n’est que dialogue, alors que du vivant des deux protagonistes, il n’y en avait pas. Leçon habituelle sur la réciprocité des comportements et le fruit à en recueillir, en positif et en négatif. Avec une conclusion inattendue. Genre aussi de Jésus avec cette obsession, pas du tout angoissée mais donnant toute la tonalité au ministère du public du Christ qui est de parole certes, mais de parcours surtout, une montée vers Jérusalem : quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus. Nous sommes une religion d’annonce, aussi bien en pratique « missionnaire » qu’en reçu de la révélation laquelle n’est pas un tableau, un état des lieux, une somme d’indications selon nos curiosités ou interrogations ou un dévoilement d’une réalité jusques là obscure : c’est une promesse, c’est une action, c’est un sauvetage, un rachat. Les trois ans pendant lesquels Jésus nourrit la haine de ceux qui le mettront à mort, ce qu’il sait par avance mais il en rajoute, sont une annonce permanente de la Passion, de la mort et de la Résurrection. Le christianisme n’est que Pâque, que passage. La parabole donnée ce matin indique le contraire : un grand abîme a été mis entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puisssent pas, et que, de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous. Le relationnel au possible (la Trinité…) et la séparation absolue. Mon cher JL faisait souvent remarquer : la Bible dit tout et son contraire. En cela, d’inspiration divine (notre salut), elle est bien de main humaine, et surtout elle est pour le cœur humain, l’oreille humaine : nous sommes à nous-mêmes notre contraire, notre empêchement, notre poids mais tout autant notre propension à la lumière et à l’épanouissement. – Comme toujours, le mouvement de la prière, de la méditation, précédant chronologiquement le texte que je prends en tous sens, m’y introduit, m’y emmène : tout juste. Le cœur de l’homme est compliqué et malade ! Qui peut le connaître ? moi, le Seigneur, qui pénètre les cœurs et qui scrute les reins, afin de rendre à chacun selon ses actes, selon les fruits qu’il porte, mais heureusement selon la miséricorde. Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra. Etre connu de Dieu, c’est notre salut.


[1] - Jérémie XVII 5 à 10 ; psaume I ; évangile selon saint Luc XVI 19 à 31

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