vendredi 4 mars 2011

il donne aux humbles l'éclat de la victoire - textes du jour

Vendredi 4 Mars 2011



Prier… entrer dans la prière comme dans l’eau décisive (baptême, ensevelissement, étreinte mais ce comble de soi qu’est la disponibilité, l’écoûte et l’accueil). Les marchands du Temple, Jésus et eux. Aucune religion écrite n’est aussi âpre avec l’argent et ceux qu’il domine, et notre Eglise – au contraire ? – est plus que jamais précautionneuse en textes du magistère et en relations concrètes, ce qui d’ailleurs, autant que je devine pour la France, ne la rend pas pour autant florissante… [1] Je lis… Jésus est circonspect, je le remarque pour la première fois, le récit de l’expulsion (il renversa les comptoirs des changeurs et les sièges des marchands de colombes, et il ne laissait personne traverser le Temple en portant quoi que ce soit, autrement dit, « il casse la baraque » et s’approprie la police des lieux, revendiquant qu’il est souverainement chez Lui : ma maison s’appellera maison de prières) est très encadré. De deux manières, le figuier qui se refuse à rassasier le Seigneur. Il eut faim. Voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque chose… le lendemain, ils virent le figuier qui était desséché. Jésus, très humainement, a faim et il se venge… contre un arbre ! Coléreux, le Seigneur ! Ce qui dans la version de Marc, n’est pas dit du dérangement violent des marchands, à qui il est plus reproché une trahison de la destination des lieux que leur commerce intrinsèquement. Mais c’est le prologue qui me frappe : Jésus entra à Jérusalem, dans le Temple. Il inspecta du regard toutes choses et, comme c’était déjà le soir, il sortit avec les Douze pour aller à Béthanie. Il y a donc préméditation, il y a aussi la volonté de tout faire au grand jour, enfin le Christ ne prie pas au Temple. La leçon est pourtant sur la prière, inséparable de la foi, expression-même de la foi, d’où les miracles. S’il ne doute pas dans son coeur mais croit que ce qu’il a dit va arriver, cela lui sera accordé. D’une certaine manière, la prière est création et la Genèse, la création du monde, du vivant et du couple humain est la prière de Dieu ! le mouvement est le même. Dieu dit… Tout homme qui dira à cette montagne : ‘Enlève-toi de là, et va te jeter dans la mer’, s’il ne doute pas dans son cœur, mais croit ce qu’il dit… Tout ce que vous demandez dans la prière, croyez que vous l’avez déjà reçu, cela vous sera accordé. Texte qui me laisse pantois. Que les fidèles exultent, glorieux, criant leur joie à l’heure du triomphe. L’évangile est inépuisable car il est anecdotique. C’est sur un tissu historique, vécu qu’est brodé le texte de l’enseignement, et c’est selon une dialectique dont nous ne recevons pas que la somme mais avons chaque étape, que le salut – historiquement – est apporté. Dans mes débuts d’administration, une négociation multilatérale, plume en main, mon chef me répétait : collez au texte, mon vieux… l’évangile nous fait, d’abord, coller aux faits. Et il n’y a de commentaire « autorisé » pour ces faits que celui du Christ, qui en est d’ailleurs souvent l’auteur ou l’un des protagonistes. Le Prophète de l’Islam enseigne Dieu – et à juste titre et selon une expérience spirituelle incontestable et magnifique d’expression et de vécu – tandis que le Christ de l’évangile est raconté, les apôtres, les évangélistes donnent le matériau de leur expérience, l’extrapolation ne leur vient qu’à la Pentecôte. Ils ont vu, vécu, touché. Et nous avons avec eux, grâce à ces textes. Car le Seigneur aime son peuple, il donne aux humbles l’éclat de la victoire.

[1] - Ben Sirac XLIV 1 à 13 ; psaume CXLIX ; évangile selon saint Marc XI 11 à 25

Aucun commentaire: