dimanche 12 juillet 2015

bienheureux Louis et Zélie Martin, père et mère de sainte Thérèse de Lisieux - témoins de l’amour conjugal




Louis Martin, de son nom complet Louis-Joseph-Aloys-Stanislas Martin, naît à Bordeaux le 22 août 1823 ; il est horloger.
 
Zélie Martin, née Azélie-Marie Guérin, ouvrit les yeux au monde le 23 décembre 1831 à  Gandelain, près de Saint-Denis-sur-Sarthon, Orne ; elle est dentellière.
Le 13 juillet 1858, Louis Martin et Zélie Guérin se marient à l’église Notre-Dame à Alençon. Tous deux avaient pensé à la vie religieuse mais c’est au cœur de la vie de couple et en élevant une famille de neuf enfants qu’ils vont découvrir leur chemin de sainteté.

Zélie sera une femme active à la tête d’une petite entreprise de dentelle (le point d’Alençon). Elle va procurer du travail à une vingtaine d’ouvrières à domicile. Elle sera une épouse amoureuse de son mari. Dans ses lettres à Louis, elle écrit : « Ta femme qui t’aime plus que sa vie » ou encore « Je t’embrasse comme je t’aime ».

Ce ne sont pas que des mots : leur joie est d’être ensemble et de partager tout ce qui fait la vie quotidienne, sous le regard de Dieu. Zélie sera une mère comblée et en même temps éprouvée. De 1860 à 1873, neuf enfants naîtront au foyer Martin, dont quatre vont mourir en bas âge. Zélie éprouvera de grandes joies à la naissance de ses enfants : « J’aime les enfants à la folie, j’étais née pour en avoir ». Au moment de la naissance de Thérèse, la dernière, Zélie a déjà le cancer du sein et elle souffre de plus en plus. Elle ajoute : « J’ai déjà beaucoup souffert dans ma vie ». La confiance est l’âme de l’éducation familiale. Zélie souhaite pour ses enfants de devenir des saints. Cela ne l’empêche pas d’organiser des fêtes, des jeux et même d’acheter de belles robes pour ses enfants. En famille, on prie tous les jours et durant le mois de mai les filles aiment apporter de belles fleurs à la statue de Marie : la Vierge du Sourire.

Zélie Martin va décéder le 28 août 1877, à l’âge de 46 ans, en laissant cinq enfants qu’elle va confier à son mari : Louis.

Louis est un fils de militaire. Il va s’installer à Alençon et il ouvre une horlogerie-bijouterie à l’âge de 27 ans. Jusqu’à son mariage, il partage son temps entre son travail, des loisirs (la pêche en particulier), la lecture et la rencontre des autres. Il s’engage au service des plus pauvres dans le cadre de la Conférence Saint Vincent Paul et va, chaque matin, à la messe. Chaque semaine, il participe aussi à l’adoration eucharistique. Il a été un époux plein d’attention et d’affection pour son épouse et ses filles. Quand leur mère va décéder, il va quitter Alençon pour Lisieux, auprès des Guérin, sa belle famille. Après l’entrée de Thérèse au Carmel, commence pour lui l’épreuve de la maladie qui le conduit à être interné au Bon Sauveur, l’hôpital psychiatrique de l’époque. Pendant les périodes de rémission, on le voit s’occuper des malades qui l’entourent. Paralysé, il revient dans sa famille et meurt le 24 juillet 1894 à 71 ans. Zélie avait écrit, à propos de son mari : « Je suis très heureuse avec lui. Il me rend la vie bien douce. C’est un saint homme que mon mari, j’en désire un pareil pour toutes les femmes ».

Ce qui a caractérise la sainteté des époux Martin, c’est leur capacité à vivre l’ordinaire de la vie en ayant une grande confiance en l’amour de Dieu et une relation de couple fondée sur la prière et la générosité. Un chemin possible pour toutes les familles qui le désirent.

Louis et Zélie Martin ont été béatifiés, par le pape Benoît XVI, à l’occasion des 150 ans de leur mariage, le 19 octobre 2008.

Louis et Zélie Martin ont formé un foyer d’amour et Thérèse écrira : « Le bon Dieu s’est plu à m’entourer d’amour, mes premiers souvenirs sont empreints des sourires et des caresses les plus tendres ». En pensant à ses parents, elle dira qu’ils étaient plus dignes du ciel que de la terre.



Source principale : enfamilleavecdieu.catholique.fr (« Rév. x gpm »).

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« Dignes du Ciel »
Thérèse écrivait dans l’Histoire d’une âme : Pardonne-moi Jésus, si je déraisonne en voulant te dire mes désirs, mes espérances qui touchent à l’infini, pardonne-moi et guéris mon âme en lui donnant ce qu’elle espère !… (Ms B 2v°). Jésus a toujours exaucé les désirs de Thérèse. Il s’est même montré généreux dès avant sa naissance puisque, comme elle l’écrivait à l’abbé Bellière – que beaucoup connaissent désormais par cœur – : le bon Dieu m’a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre (Lt 261).

Je viens de terminer le Rite de Béatification par lequel le Saint Père a inscrit les deux Epoux conjointement dans le Livre des Bienheureux. C’est une grande première que cette Béatification de Louis Martin et Zélie Guérin, que Thérèse définissait comme parents sans égaux, dignes du Ciel, terre sainte, comme toute imprégnée d’un parfum virginal (Cf. Ms A).
Mon cœur rend grâce à Dieu pour ce témoignage exemplaire d’amour conjugal, susceptible de stimuler les foyers chrétiens dans la pratique intégrale des vertus chrétiennes comme il a stimulé le désir de sainteté chez Thérèse.
Pendant que je lisais la Lettre Apostolique du Saint Père, je pensais à mon père et à ma mère et je voudrais, en ce moment, que vous aussi pensiez à votre père et à votre mère et qu’ensemble nous remercions Dieu de nous avoir créés et fait chrétiens à travers l’amour conjugal de nos parents. Recevoir la vie est une chose merveilleuse mais, pour nous, il est plus admirable encore que nos parents nous aient amenés à l’Église qui seule est capable de faire des chrétiens. Personne ne peut se faire chrétien soi-même.
« Modèle exemplaire de foyer missionnaire », les nouveaux bienheureux Louis et Zélie Martin sont par leur vie un « don » pour « les époux de tous âges », « les parents », « ceux qui ont perdu un conjoint » et « ceux qui affrontent la maladie et la mort », a affirmé dans son homélie le cardinal Martins, préfet émérite de la Congrégation pour les causes des saints, dimanche 19 octobre lors de la célébration de la béatification des parents de Sainte Thérèse de Lisieux.

Enfants de la terre de Normandie, un don pour tous

Parmi les vocations auxquelles les hommes sont appelés par la Providence, le mariage est l’une des plus nobles et des plus élevées. Louis et Zélie ont compris qu’ils pouvaient se sanctifier non pas malgré le mariage mais à travers, dans et par le mariage, et que leurs épousailles devaient être considérées comme le point de départ d’une montée à deux. Aujourd’hui, l’Église n’admire pas seulement la sainteté de ces fils de la terre de Normandie, un don pour tous, mais elle se mire dans ce couple de Bienheureux qui contribue à rendre la robe de mariée de l’Eglise, plus belle et splendide. Elle n’admire pas seulement la sainteté de leur vie, elle reconnaît dans ce couple la sainteté éminence de l’institution de l’amour conjugal, telle que l’a conçue le Créateur Lui-même.
L’amour conjugal de Louis et Zélie est un pur reflet de l’amour du Christ pour son Eglise ; il est aussi un pur reflet de l’amour dont l’Eglise aime son Epoux : le Christ. Le Père nous a choisis avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables sous Son regard, dans l’amour (Ep 1,4).

« Il sont devenus lumière du monde »

Louis et Zélie ont témoigné de la radicalité de l’engagement évangélique de la vocation au mariage jusqu’à l’héroïsme. Ils n’ont pas craint de se faire violence à eux-mêmes pour ravir le Royaume des cieux et ainsi ils sont devenus la lumière du monde que l’Eglise aujourd’hui met sur le lampadaire afin qu’ils brillent pour tous ceux qui sont dans la maison (Eglise). Ils brillent devant les hommes afin que ceux-ci voient leur bonnes œuvres et glorifient notre Père qui est dans les cieux. Leur exemple de vie chrétienne est telle une ville située sur une montagne qui ne peut être cachée (cf. Mt 5,13-16).

« Maître donne-nous ton avis »

Quel est le secret de la réussite de leur vie chrétienne ? On t’a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que Dieu réclame de toi : rien d’autre que pratiquer la justice, aimer la miséricorde, et marcher humblement avec ton Dieu (Mi 6,8). Louis et Zélie ont marché humblement avec Dieu à la recherche de l’avis du Seigneur. Maître donne-nous ton avis. Ils cherchaient l’avis du Seigneur. Ils étaient assoiffés de l’avis du Seigneur. Ils aimaient l’avis du Seigneur. Ils se sont conformés à l’avis du Seigneur sans récriminer. Pour être sûrs de marcher dans le véritable avis du Seigneur, ils se sont tournés vers l’Église, experte en humanité, mettant tous les aspects de leur vie en harmonie avec les enseignements de l’Église.

« Dieu, premier servi »

Pour les époux Martin, ce qui est à César et ce qui est à Dieu était très clair. Messire Dieu, premier servi, disait Jeanne d’Arc. Les Martin en ont fait la devise de leur foyer : chez eux Dieu avait toujours la première place dans leur vie. Madame Martin disait souvent : Dieu est le Maître. Il fait ce qu’Il veut. Monsieur Martin lui faisait écho en reprenant : Dieu, premier servi. Lorsque l’épreuve atteignit leur foyer, leur réaction spontanée fut toujours l’acceptation de cette volonté divine. Ils ont servi Dieu dans le pauvre, non par simple élan de générosité, ni par justice sociale, mais simplement parce que le pauvre est Jésus. Servir le pauvre, c’est servir Jésus, c’est rendre à Dieu ce qui est à Dieu : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt 25,34-40).

Le Ciel n’est pas vide, le « Ciel est peuplé d’âmes »

Dans quelques instants nous proclamerons notre Profession de Foi que Louis et Zélie ont répétée tant de fois à la messe et qu’ils ont enseignée à leurs enfants. Après avoir confessé la sainte Église catholique, le Symbole des Apôtres ajoute la Communion des saints.
Je croyais, disait Thérèse, je sentais qu’il y a un ciel et que ce Ciel est peuplé d’âmes qui me chérissent, qui me regardent comme leur enfant… (Ms B).
Dans ce Ciel peuplé d’âmes, nous pouvons compter désormais les Bienheureux Louis et Zélie, que pour la première fois, nous invoquons publiquement : Louis et Zélie priez Dieu pour nous. Je vous en prie chérissez-nous, regardez nous comme vos enfants, chérissez l’Eglise entière, chérissez surtout nos foyers et leurs enfants.
- Louis et Zélie sont un don pour les époux de tous âges par l’estime, le respect et l’harmonie avec lesquels ils se sont aimés pendant 19 ans. Zélie écrivait à Louis : Je ne puis pas vivre sans toi, mon cher Louis. Il lui répondait : Je suis ton mari et ami qui t’aime pour la vie. Ils ont vécu les promesses du mariage ; la fidélité de l’engagement, l’indissolubilité du lien, la fécondité de l’amour, dans le bonheur comme dans les épreuves, dans la santé comme dans la maladie.
- Louis et Zélie sont un don pour les parents. Ministres de l’amour et de la vie, ils ont engendré de nombreux enfants pour le Seigneur. Parmi ces enfants, nous admirons particulièrement Thérèse, chef d’œuvre de la grâce de Dieu mais aussi chef d’œuvre de leur amour envers la vie et les enfants.
- Louis et Zélie sont un don pour tous ceux qui ont perdu un conjoint. Le veuvage est toujours une condition difficile à accepter. Louis a vécu la perte de sa femme avec foi et générosité, préférant, à ses attraits personnels, le bien de ses enfants.
- Louis et Zélie sont un don pour ceux qui affrontent la maladie et la mort. Zélie est morte d’un cancer, Louis a terminé son existence, éprouvé par une artériosclérose cérébrale. Dans notre monde qui cherche à occulter la mort, ils nous enseignent à la regarder en face, en s’abandonnant à Dieu.

Modèle exemplaire de foyer missionnaire

Enfin je rends grâce à Dieu, en cette 82e Journée Mondiale des Missions, car Louis et Zélie sont un modèle exemplaire de foyer missionnaire. Voilà la raison pour laquelle le Saint Père a voulu que la béatification se réalise en cette journée si chère à l’Eglise Universelle, comme pour unir les maîtres Louis et Zélie à la disciple Thérèse, leur fille, devenue Patronne des Missions et Docteur de l’Église.

Les témoignages des enfants Martin au sujet de l’esprit missionnaire qui régnait dans leur foyer sont unanimes et frappants : Mes parents s’intéressaient beaucoup au salut des âmes… Mais l’œuvre d’apostolat la plus connue chez nous était la Propagation de la Foi pour laquelle, chaque année, nos parents faisaient une très belle offrande. C’est encore ce zèle des âmes qui leur faisait tant désirer avoir un fils missionnaire et des filles religieuses.
Tout récemment, le Cardinal Dias, Préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des peuples (Propagande Fide) écrivait : Pour un disciple du Christ, annoncer l’Évangile n’est pas une option mais un commandement du Seigneur… Un chrétien doit se considérer en mission (…) pour répandre l’Évangile dans chaque cœur, dans chaque maison, dans chaque culture (Conférence de Lambeth, 23 juillet 2008).
Puissent, mes frères, vos familles, vos paroisses, vos communautés religieuses, de Normandie, de France… et du monde entier, être aussi des foyers saints et missionnaire, comme l’a été le foyer des Bienheureux époux Louis et Zélie Martin.
Amen

Basilique Sainte-Thérèse de l’enfant Jésus, Lisieux, dimanche 19 octobre 2008
Source : diocèse de Bayeux-Lisieux

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