mardi 12 août 2014

appels de l'Eglise catholique à la paix - pape François et organismes pontificaux - l'Irak






PAPE FRANÇOIS
Prière pour la paix*
 
Seigneur Dieu de paix, écoute notre supplication !
Nous avons essayé tant de fois et durant tant d’années de résoudre nos conflits avec nos forces et aussi avec nos armes ; tant de moments d’hostilité et d’obscurité ; tant de sang versé ; tant de vies brisées, tant d’espérances ensevelies… Mais nos efforts ont été vains. A présent, Seigneur, aide-nous Toi ! Donne-nous Toi la paix, enseigne-nous Toi la paix, guide-nous Toi vers la paix. Ouvre nos yeux et nos cœurs et donne-nous le courage de dire : ‘‘plus jamais la guerre’’ ; ‘‘avec la guerre tout est détruit !’’. Infuse en nous le courage d’accomplir des gestes concrets pour construire la paix. Seigneur, Dieu d’Abraham et des Prophètes, Dieu Amour qui nous a créés et nous appelle à vivre en frères, donne-nous la force d’être chaque jour des artisans de paix ; donne-nous la capacité de regarder avec bienveillance tous les frères que nous rencontrons sur notre chemin. Rends-nous disponibles à écouter le cri de nos concitoyens qui nous demandent de transformer nos armes en instruments de paix, nos peurs en confiance et nos tensions en pardon. Maintiens allumée en nous la flamme de l’espérance pour accomplir avec une patiente persévérance des choix de dialogue et de réconciliation, afin que vainque finalement la paix. Et que du cœur de chaque homme soient bannis ces mots : division, haine, guerre ! Seigneur, désarme la langue et les mains, renouvelle les cœurs et les esprits, pour que la parole qui nous fait nous rencontrer soit toujours « frère », et que le style de notre vie devienne : shalom, paix, salam ! Amen.

8 Juin 2014 avec Mahmoud Abbas et  Shimon Peres, au Vatican

*
*   *


Le "cri de la paix"
Angélus du 1er septembre 2013, texte intégral
Pape François
ROME, 1 septembre 2013 (Zenit.org) - « Chers frères et sœurs, je voudrais me faire aujourd’hui l’interprète du cri qui monte de toutes les parties de la terre, de tous les peuples, du cœur de chacun, de l’unique grande famille qu’est l’humanité, avec une angoisse croissante : c’est le cri de la paix », a déclaré le pape François lors de l'angélus de ce 1er septembre 2013, en invitant « tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté » à « une chaîne d’engagement pour la paix ».
Ce dimanche matin, le pape a en effet consacré l'angélus à un vibrant plaidoyer pour la paix, devant des dizaines de milliers de visiteurs présents place Saint-Pierre, ou unis par les ondes de radio, télévision ou Internet.
Le pape a notamment convoqué une «  journée de jeûne et de prière pour la paix en Syrie, au Moyen-Orient, et dans le monde entier », pour l’Église, le 7 septembre prochain.
Paroles du pape François lors de l'angélus
Chers frères et sœurs, bonjour !
Chers frères et sœurs, je voudrais me faire aujourd’hui l’interprète du cri qui monte de toutes les parties de la terre, de tous les peuples, du cœur de chacun, de l’unique grande famille qu’est l’humanité, avec une angoisse croissante : c’est le cri de la paix ! Et le cri qui dit avec force : nous voulons un monde de paix, nous voulons être des hommes et des femmes de paix, nous voulons que dans notre société déchirée par les divisions et les conflits, explose la paix ; plus jamais la guerre ! Plus jamais la guerre ! La paix est un don éminemment précieux, qui doit être promu et préservé.
Je vis avec une particulière souffrance et préoccupation les nombreuses situations de conflit qu’il y a sur notre terre, mais, ces jours-ci, mon cœur est profondément blessé par ce qui se passe en Syrie et angoissé par les développements dramatiques qui s’annoncent.
J’adresse un appel fort pour la paix, un appel qui naît du plus profond de moi-même ! Que de souffrance, que de destruction, que de douleur a provoqué et provoque l’usage des armes dans ce Pays affligé, particulièrement parmi les populations civiles et sans défense ! Pensons : Que d’enfants ne pourront pas voir la lumière de l’avenir ! Avec une fermeté particulière je condamne l’usage des armes chimiques ! Je vous dis que j’ai encore fixées dans mon esprit et dans mon cœur les terribles images de ces derniers jours ! Sur nos actions il y a un jugement de Dieu et aussi un jugement de l’histoire, auxquels on ne peut pas échapper ! Ce n’est jamais l’usage de la violence qui conduit à la paix. La guerre appelle la guerre, la violence appelle la violence !
De toutes mes forces, je demande aux parties en conflit d’écouter la voix de leur conscience, de ne pas s’enfermer dans leurs propres intérêts, mais de regarder l’autre comme un frère et d’entreprendre courageusement et résolument le chemin de la rencontre et de la négociation, en dépassant les oppositions aveugles. Avec la même fermeté, j’exhorte aussi la Communauté internationale à fournir tout effort pour promouvoir, sans délai ultérieur, des initiatives claires fondées sur le dialogue et la négociation pour la paix dans cette Nation, pour le bien de tout le peuple syrien.
Qu’aucun effort ne soit épargné pour garantir une assistance humanitaire à ceux qui sont touchés par ce terrible conflit, particulièrement aux réfugiés dans ce Pays et aux nombreux réfugiés dans les pays voisins. Que soit garantie aux agents humanitaires engagés à alléger les souffrances de la population, la possibilité de prêter l’aide nécessaire.
Que pouvons-nous faire pour la paix dans le monde ? Comme le disait le Pape Jean XXIII : À tous incombe la tâche de rétablir les rapports de la vie en société sur les bases de la justice et de l’amour (cf. Pacem in terris [11 avril 1963] : AAS (1963], pp. 301-302].
Qu’une chaîne d’engagement pour la paix unisse tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté ! C’est une forte et pressante invitation que j’adresse à toute l’Église catholique, mais que j’étends à tous les chrétiens d’autres Confessions, aux hommes et aux femmes de chaque Religion, ainsi qu’à ces frères et sœurs qui ne croient pas : la paix est un bien qui dépasse toute barrière, parce qu’elle est un bien de toute l’humanité.
Je le répète à haute voix : ce n’est pas la culture de l’affrontement, la culture du conflit qui construit la vie collective dans un peuple et entre les peuples, mais celle-ci : la culture de la rencontre, la culture du dialogue : c’est l’unique voie pour la paix.
Que le cri de la paix s’élève pour arriver au cœur de tous et que tous déposent les armes et se laissent guider par le souffle de la paix.
Voilà pourquoi, frères et sœurs, j’ai décidé d’organiser pour toute l’Église, le 7 septembre prochain, veille de la célébration de la Nativité de Marie, Reine de la Paix, une journée de jeûne et de prière pour la paix en Syrie, au Moyen-Orient, et dans le monde entier, et j’invite aussi à s’unir à cette initiative, par la manière qu’ils retiendront la plus opportune, les frères chrétiens non catholiques, les adeptes des autres religions, ainsi que les hommes de bonne volonté.
Le 7 septembre, sur la Place Saint-Pierre – ici – de 19h00 à 24h00, nous nous réunirons en prière et dans un esprit de pénitence pour invoquer de Dieu ce grand don pour la bien-aimée Nation syrienne et pour toutes les situations de conflit et de violence dans le monde. L’humanité a besoin de voir des gestes de paix et d’entendre des paroles d’espérance et de paix ! Je demande à toutes les Églises particulières qui, outre le fait de vivre cette journée de jeûne, d’organiser des actions liturgiques à cette intention.
À Marie, nous demandons de nous aider à répondre à la violence, au conflit et à la guerre, par la force du dialogue, de la réconciliation et de l’amour. Elle est mère : qu’elle nous aide à retrouver la paix ; nous sommes tous ses enfants ! Aide-nous, Marie, à dépasser ce moment difficile et à nous engager à construire chaque jour et dans tous les domaines une culture authentique de la rencontre et de la paix. Marie, Reine de la paix, prie pour nous !
Syrie : promouvoir "des initiatives fondées sur le dialogue"
Le pape appelle à "écouter la voix de sa conscience"
Anne Kurian
ROME, 1 septembre 2013 (Zenit.org) - « J’exhorte la Communauté internationale à fournir tout effort pour promouvoir, sans délai ultérieur, des initiatives claires fondées sur le dialogue et la négociation » pour la paix de la Syrie : c'est l'appel du pape François, ce 1er septembre 2013.
Lors de l'angélus de ce dimanche matin, place Saint-Pierre, le pape a en effet adressé « un appel fort pour la paix », un appel né « du plus profond de [lui]-même », à tous les hommes et femmes de bonne volonté.
« Je vis avec une particulière souffrance et préoccupation les nombreuses situations de conflit qu’il y a sur notre terre, mais, ces jours-ci, mon cœur est profondément blessé par ce qui se passe en Syrie et angoissé par les développements dramatiques qui s’annoncent », a-t-il déclaré.
« Que de souffrance, que de destruction, que de douleur a provoqué et provoque l’usage des armes dans ce pays affligé, particulièrement parmi les populations civiles et sans défense ! Que d’enfants ne pourront pas voir la lumière de l’avenir ! », a déploré le pape.
Avec une intensité particulière, il a demandé aux parties en conflit « d’écouter la voix de leur conscience, de ne pas s’enfermer dans leurs propres intérêts, mais de regarder l’autre comme un frère et d’entreprendre courageusement et résolument le chemin de la rencontre et de la négociation, en dépassant les oppositions aveugles ».
Il a également exhorté la Communauté internationale « à fournir tout effort pour promouvoir, sans délai ultérieur, des initiatives claires fondées sur le dialogue et la négociation pour la paix dans cette Nation, pour le bien de tout le peuple syrien ».
« Qu’aucun effort ne soit épargné pour garantir une assistance humanitaire à ceux qui sont touchés par ce terrible conflit, particulièrement aux réfugiés dans ce Pays et aux nombreux réfugiés dans les pays voisins. Que soit garantie aux agents humanitaires engagés à alléger les souffrances de la population, la possibilité de prêter l’aide nécessaire », a ajouté le pape.
Condamnant « avec une fermeté particulière » l’usage des armes chimiques, il a rappelé que « sur nos actions il y a un jugement de Dieu et aussi un jugement de l’histoire, auxquels on ne peut pas échapper ».
Il a mis en garde avec insistance : « Ce n’est jamais l’usage de la violence qui conduit à la paix. La guerre appelle la guerre, la violence appelle la violence ! » : « ce n’est pas la culture de l’affrontement, la culture du conflit qui construit la vie collective dans un peuple et entre les peuples, mais la culture de la rencontre, la culture du dialogue : c’est l’unique voie pour la paix ».
Hier, 31 août 2013, le pape a convoqué une audience spéciale sur la question du Moyen-Orient et de la Syrie, à la Maison Sainte-Marthe : il a reçu le cardinal Secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone, le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, Mgr Dominique Mamberti, secrétaire pour les rapports avec les États, Mgr Peter B. Wells, assesseur pour les affaires générales, Mgr Antoine Camilleri, sous-secrétaire pour les rapports avec les États et Mgr Alberto Ortega Martin, official de la secrétaire d’État pour les rapports avec les États.
Cette rencontre a permis d'étudier la situation actuelle au Moyen-Orient, spécialement en Syrie, et les initiatives que le Saint-Siège pourrait prendre.
Créer "une chaîne d'engagement pour la paix"
Le pape invite tous les hommes et femmes de bonne volonté
Anne Kurian
ROME, 1 septembre 2013 (Zenit.org) - Le pape François a adressé « une forte et pressante invitation » ce 1er septembre 2013 : « Qu’une chaîne d’engagement pour la paix unisse tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté ».
Ce dimanche matin en effet, le pape a livré un vibrant plaidoyer pour la paix, avec pour toile de fond le conflit syrien, devant des dizaines de milliers de visiteurs place Saint-Pierre, lors de l'angélus.
« Chers frères et sœurs, a-t-il déclaré, je voudrais me faire aujourd’hui l’interprète du cri qui monte de toutes les parties de la terre, de tous les peuples, du cœur de chacun, de l’unique grande famille qu’est l’humanité, avec une angoisse croissante : c’est le cri de la paix ! »
Il a formulé ainsi ce « cri de la paix » : « nous voulons un monde de paix, nous voulons être des hommes et des femmes de paix, nous voulons que dans notre société déchirée par les divisions et les conflits, explose la paix ; plus jamais la guerre ! Plus jamais la guerre ! »
Rappelant que la responsabilité de la paix incombe « à tous », il a invité « tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté » à « une chaîne d’engagement pour la paix ».
« Ce n’est pas la culture de l’affrontement, la culture du conflit qui construit la vie collective dans un peuple et entre les peuples, mais celle-ci : la culture de la rencontre, la culture du dialogue : c’est l’unique voie pour la paix », a insisté le pape.
Pour appuyer ses paroles, le pape a annoncé une initiative concrète : une « journée de jeûne et de prière pour la paix en Syrie, au Moyen-Orient, et dans le monde entier », le 7 septembre 2013.
Demandant à toutes les Églises particulières de s'unir à cet événement, il a proposé aux « frères chrétiens non catholiques, aux adeptes des autres religions, et aux hommes de bonne volonté » de s'y joindre également.
Comme il l'a fait régulièrement lors des angélus du mois d'août, il a également invité la foule à reprendre l'invocation suivante : « Marie, Reine de la paix, prie pour nous ! »
Samedi 7 septembre, Journée de jeûne et de prière pour la paix
Appel du pape François à l'angélus
Anne Kurian
ROME, 1 septembre 2013 (Zenit.org) - Le pape François convoque dans toute l'Eglise une « Journée de prière et de jeûne », pour « la paix en Syrie, au Moyen-Orient et dans le monde », samedi prochain, 7 septembre. Dans ce cadre, une veillée de prière aura lieu place Saint-Pierre, de 19 h à minuit.
Lors de l'angélus de ce dimanche 1er septembre 2013, place Saint-Pierre, le pape a lancé un appel vibrant pour la paix dans le monde : « J'adresse un appel fort et pressant à toute l'Eglise catholique, et je l'étends à tous les chrétiens d'autres confessions, aux hommes et femmes de toutes religions et aussi à ces frères et sœurs qui ne croient pas : la paix est un bien qui dépasse toute barrière, car elle est un bien de toute l'humanité ».
Dans le contexte « angoissant » de la crise syrienne, il a décrété une Journée de prière et de jeûne « pour la paix en Syrie, au Moyen-Orient et dans le monde entier », le 7 septembre prochain, en la veille de la fête de la Nativité de Marie.
Le pape a aussi élargi son appel à tous les hommes et femmes de bonne volonté : "J’invite aussi à s’unir à cette initiative, par la manière qu’ils retiendront la plus opportune, les frères chrétiens non catholiques, les adeptes des autres religions, ainsi que les hommes de bonne volonté."
Le soir, a-t-il annoncé, de 19h à minuit, aura lieu une veillée de prière place Saint-Pierre, en sa présence : "Nous nous réunirons en prière et dans un esprit de pénitence pour invoquer de Dieu ce grand don pour la bien-aimée Nation syrienne et pour toutes les situations de conflit et de violence dans le monde. L’humanité a besoin de voir des gestes de paix et d’entendre des paroles d’espérance et de paix !"
Le pape a encouragé les Eglises locales à organiser aussi des célébrations pour cette Journée : "Je demande à toutes les Églises particulières, outre le fait de vivre cette journée de jeûne, d’organiser des actions liturgiques à cette intention."
« Je vous attends samedi prochain à 19h ! », a-t-il dit à la foule en conclusion de la prière mariale.



*
*    *


Irak

Le Vatican demande aux responsables musulmans de condamner l'Etat islamique 


 
 
© Khalid Mohammed/AP/SIPA© Khalid Mohammed/AP/SIPA
Dans une déclaration au ton particulièrement ferme, le cardinal Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue, demande quelle serait la crédibilité du dialogue interreligieux si tous les chefs religieux ne condamnent pas la barbarie.
Le ton est inhabituel. Intervenant le 12 août au nom du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux qu'il préside, le cardinal Jean-Louis Tauran demande dans une déclaration à tous les représentants engagés dans le dialogue interreligieux de condamner et de dénoncer «les actions criminelles indicibles» des djihadistes de l'Etat islamique.
Il évoque notamment «le massacre de personnes pour le seul motif de leur appartenance religieuse», «la pratique exécrable de la décapitation, de la crucifixion et de la pendaison des cadavres dans les places publiques» et «le choix imposé aux chrétiens et aux yézidis entre la conversion à l’islam, le paiement d’un tribut (jizya) ou l’exode.»
Selon le représentant du Vatican, «tous doivent être unanimes dans la condamnation sans aucune ambiguïté de ces crimes et dénoncer l’invocation de la religion pour les justifier. Autrement quelle crédibilité auront les religions, leurs adeptes et leurs chefs ?»
Et le cardinal de poser cette question  : «Quelle crédibilité pourrait avoir encore le dialogue interreligieux patiemment poursuivi ces dernières années?»
L'objet de cette déclaration semble être le relatif silence des autorités musulmanes à l'égard de l'Etat islamique et des acteurs qui soutiennent économiquement ou militairement l'organisation terroriste. C'est en tout cas l'interprétation que fait Christophe Roucou, directeur du Service national pour les relations avec l’islam (SRI) de la Conférence des évêques de France.
Selon le P. Roucou, proche du cardinal Tauran, aucune des grandes autorités musulmanes qui font référence au niveau mondial, comme par exemple l'université al-Azhar, n'ont condamné la barbarie de l'Etat islamique. À la grande déception du Vatican.
«Mgr Tauran tient à exprimer son désarroi vis-à-vis de certains des partenaires musulmans dans le dialogue. En effet, quel sens le dialogue interreligieux a-t-il si on laisse passer l'innommable?», explique Christophe Roucou.
Le langage ferme du cardinal Tauran est inhabituel, mais le contexte l'exige. Il correspond aussi aux principes diplomatiques du pape François explicités dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium. Dans l'article 251, rappelle Christophe Roucou, le pape avait écrit : «Une ouverture diplomatique qui dit oui à tout pour éviter les problèmes ne sert à rien, parce qu’elle serait une manière de tromper l’autre et de nier le bien qu’on a reçu comme un don à partager généreusement. L’Évangélisation et le dialogue interreligieux, loin de s’opposer, se soutiennent et s’alimentent réciproquement."
Le cardinal Tauran s'est dit par ailleurs reconnaissant pour les nombreuses condamnations de l'Etat islamique faites par des responsables musulmans en Europe, notamment en France.

*
*      *


DOCUMENT

Irak : Déclaration du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux


 
 
Le 12 août 2014, le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, présidé par le cardinal Jean-Louis Tauran, a appelé à une réaction claire et courageuse des responsables musulmans devant les crimes commis en Irak contre les minorités religieuses. Voici la déclaration du Conseil en intégralité.
Le monde entier a assisté, stupéfait, à ce qu’on appelle désormais «la restauration du califat» qui avait été aboli le 29 octobre 1923 par Kamal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne.
La contestation de cette «restauration» par la majorité des institutions religieuses et politiques musulmanes n’a pas empêché les jihadistes de l’«Etat Islamique» de commettre et de continuer à commettre des actions criminelles indicibles.
Ce Conseil pontifical, tous ceux qui sont engagés dans le dialogue interreligieux, les adeptes de toutes les religions ainsi que les hommes et les femmes de bonne volonté, ne peuvent que dénoncer et condamner sans ambiguïté ces pratiques indignes de l’homme:
- le massacre de personnes pour le seul motif de leur appartenance religieuse;
- la pratique exécrable de la décapitation, de la crucifixion et de la pendaison des cadavres dans les places publiques;
- le choix imposé aux chrétiens et aux yézidis entre la conversion à l’islam, le paiement d’un tribut (jizya) ou l’exode;
- l’expulsion forcée de dizaines de milliers de personnes, parmi lesquelles des enfants, des vieillards, des femmes enceintes et des malades;
- l’enlèvement de jeunes filles et de femmes appartenant aux communautés yézidie et chrétienne comme butin de guerre (sabaya);
- l’imposition de la pratique barbare de l’infibulation;
- la destruction des lieux de culte et des mausolées chrétiens et musulmans;
- l’occupation forcée ou la désacralisation d’églises et de monastères;
- la retrait des crucifix et d’autres symboles religieux chrétiens ainsi que ceux d’autres communautés religieuses;
- la destruction du patrimoine religieux-culturel chrétien d’une valeur inestimable;
- la violence abjecte dans le but de terroriser les personnes pour les obliger à se rendre ou à fuir.
Aucune cause ne saurait justifier une telle barbarie et certainement pas une religion. Il s’agit d’une offense d’une extrême gravité envers l’humanité et envers Dieu qui en est le Créateur, comme l’a souvent rappelé le Pape François.
On ne peut oublier pourtant que chrétiens et musulmans ont pu vivre ensemble - il est vrai avec des hauts et des bas - au long des siècles, construisant une culture de la convivialité et une civilisation dont ils sont fiers. C’est d’ailleurs sur cette base que, ces dernières années, le dialogue entre chrétiens et musulmans a continué et s’est approfondi.
La situation dramatique des chrétiens, des yézidis et d’autres communautés religieuses et ethniques numériquement minoritaires en Irak exige une prise de position claire et courageuse de la part des responsables religieux, surtout musulmans, des personnes engagées dans le dialogue interreligieux et de toutes les personnes de bonne volonté. Tous doivent être unanimes dans la condamnation sans aucune ambiguïté de ces crimes et dénoncer l’invocation de la religion pour les justifier. Autrement quelle crédibilité auront les religions, leurs adeptes et leurs chefs? Quelle crédibilité pourrait avoir encore le dialogue interreligieux patiemment poursuivi ces dernières années?
Les responsables religieux sont aussi appelés à exercer leur influence auprès des gouvernants pour la cessation de ces crimes, la punition de ceux qui les commettent et le rétablissement d’un état de droit sur tout le territoire, tout en assurant le retour des expulsés chez eux. En rappelant la nécessité d’une éthique dans la gestion des sociétés humaines, ces mêmes chefs religieux ne manqueront pas de souligner que le soutien, le financement et l’armement du terrorisme est moralement condamnable.
Ceci dit, le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux est reconnaissant envers tous ceux et celles qui ont déjà élevé leurs voix pour dénoncer le terrorisme, surtout celui qui utilise la religion pour le justifier.
Unissons donc nos voix à celle du Pape François: « Que le Dieu de la paix suscite en tous un désir authentique de dialogue et de réconciliation. La violence ne se vainc pas par la violence. La violence se vainc par la paix!».


Aucun commentaire: