mercredi 20 mars 2013

tu me délivres de tous mes ennemis... tu me soustrais à la violence... toi qui nous a donné le goût de te servir - textes du jour

Mercredi 20 Mars 2013

Journée dense et fatiguante, hier, qui m’a semblé ne rien produire. Je pars à Paris dans la sensation qu’aucune des démarches que j’ai à faire et que j’ai préparées, n’aboutira. Le suicide de ces personnes notoires, aux grandes carrières, METZNER, il y a huit jours, Pierre BEREGOVOY il y a vingt ans, tel qu’on ne peut croire qu’à l’asssassiant plus plausible qu’avéré, et même cette chute d’Icare qu’hier soir éviquaient en temps réel les communiquzs successifs pour la démission d’un pauvre ministre du Budget… tant d’autres qui n’ont plus rien supporté, que pas même la recherche d’une issue ne put distraire du projet de suicide et du passage d’un seul coup, en un unique instant…, le frère de F. et si souvent dans les campagnes, ceux qu’on retrouve pendus, celui qui se pend dans la pièce à côté en pleine fête familiale. Pas même la solitude, simplement l’échec, le désespoir, envers quoi ? envers mes projets. Ces luttes, notre multipropriété que nous arrachent à nous et à d’autres co-victimes des prédateurs convaincus de malversations mais qu’on n’empêchera ni n’arrêtera dans l’état actuel des procédures et des textes. Nos impuissances, mon impuissance, les temps passés de l’amour crû, des extases et des assauts réussis. Philippe et son homonyume de prénom, une heure ici, pour l’inventaire des travaux que nous allons leur confier, le devis qu’ils enverront, nous n’avons pas un sou devant nous, les Chypirotes et bientôt tous les déposants de la vieille Europe, qu’on va spolier, tranche par tranche de leurs éconoies et avoirs. Nous-mêmes n’avons plus rien. Mon corps boursouflé, une peau en mauvais état, et l’accululaiton hier que j’avais dû mobiliser, d’articles de revue aux correspondances reçues, photos de moi avantageeuses et conquérantes, écrits si complaisants et flatyteurs des personnages de la politique ou de l’Etat ou de la littérature à mon endroit, il y a vingt ou quarante ans, mon visage ‘aujourd’hui, aucun livre ne sort ni ne sortira, la cabane de ma fille en projet depuis trois ans et demi, et ses quatre pieux et dix planches qui attendent la suite, le nouveau pape en objet de piété, en bonhomme Noël, faisant le tour de sa alle des fêtes en plein air pour distribuer baisers, bonbons et bénédictions à la satisfaction des participants, des habitués, un colloque sur le gaullisme dans huit jours et sa possibilité, son espace aujourd’hui avec d’avance la réponse d’une inactualité criante de l’épopée de naguère et du rétablissement oinoui de toutes nos affaires, de nouys tous alors en vrai peuple, et Denis M. perdant son œil gauche parce que le praticien fait tout vite et Frédéric, son œil gauche aussi en accident patent du travail mais pratiquement pas reconnu, un mode d’injustice, des fragments de l’horreur sociale nous arrivant par un article de journal juste et informé, ou par des nouvelles, ou par la découverte au kiosque à journaux de la gare de la mère d’une des amies de cœur de notre fille tandis que son mari a pu se faire embaucher à homme à tout faire de la municipalité, le visage et la sihouette ravagés de la maîtresse d’école bien-aimée de ses élèves, malheur ou divorce en cours ? le pire venant aux idées et à l’affection en la regardant, avouant en classe que ses fils ne lui disent rien tandis que notre fille lui dit tout, les appels à candidature auxquels ma chère femme répond avec vivacité et presque enthousiasme malgré le pessimisme natif qu’elle dit avoir de toujours, et pas même d’accusé de réception, et notre pays qu’on fait courir en aveugle, qu’on bonimente automatiquement, de date en date, d’élections en feuilles d’impôts et en guichets de nos modernes bureaux de placement, jusqu’à ma nouvelle paire de lunettes dont les verres ne sont oéprants que séparément, selon des distances au papier ou à cet écran qui ne sont pas cohérentes…. Je n’ai qu’un désespoir total à étaler, ce matin, comme bien souvent, qu’un désespoir à offrir, qu’une nudité triste et boursouflée à exhiber, devant un Dieu dont le Fils angoissa mortellement avant sa passion et l’accusa même d’une interrogation capitale : pourquoi m’as-tu abandonné ? mais ne désespéra pas… cette conclusion de vie dite à moi mais à plusieurs moines, co-parcourants d’on ne sait plus quoi sinon que c’est le summum de la tentative humaine, mon cher Dom M. : j’ai toujours fait semblant.

Enumération qui est peut-être prière, j’arrive au bout et mon désespoir parce qu’il était mien me paraît aussi dérisoire que des bonheures ou des projets dits à des tiers que cela laisse indifférents et incrédules. M’étant levé dans ces pensées, j’avais aussitit attaché ma main à cette barre solide : le visage d’amour de ma chère femme, effleuré des lèvres puis de la main à l’oreiller voisin, la fraicheur constante, tranquille, vérité fondamentale à elle seule, de notre fille chérie : arrêtez de faire des projets, ou alors fabriquez-les… hier soir, nous dit-elle. Je crois que c’est cela : arriver à Dieu humainement. N’ai-je pas été comme ces contemporains serviles de Sidra, Misac et Abdenago, seuls débout devant Nabuchodonosoir ? [1]  Etes-vous prêts, maintenant, à vous prosterner pour adorer la statue que j’ai dressée, quand vous entendrez le cor, la flûte, la cithare, la harpe, la lyre, la cornemuse et tous les autres instruments de musique ? Oui, ma vie a failli être cela. Il a fallu que j’en sois dépouillé, puis que me viennent le désespoir et celles que j’aime et qui m’aiment pour qu’arrive en moi la vérité de Dieu. Qui est bien plus que l’espérance, qui ne se prie même pas tant elle nous est soudainement donnée. Ils ont mis leur confiance en Dieu et ils ont désobéi à l’ordre du roi, ils ont livré leur corps pluitôt que de servir et d’adorer un autre dieu que leur Dieu. … Je sais bien que vous êtes les descendants d’Abraham, et pourtant vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole n’a pas de prise sur vous. …  Alors, vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. Ce matin, une fois de plus, mais chaque fois ne vaut qu’actuelle, reçue, proposée, vécue … je suis pétri par Dieu, plus je désespère, plus Il vient se trouve là, au plus noir, au plus fatigué de moi-même. Il ne me donne ni beauté ni gloire. Il Se donne à moi, c’est tout, mais c’est : tout. – Le jour est venu, doré, rasant les herbes qu’a colorées d’avance la nuit. Ma femme m’apporte les tartines du matin aprtès qu’au lit je lui ai apporté son thé. Nous y sommes. De l’autel au travail, de la vie à la vie, ses deux formes. Paysages de l’âme, route vers la conscience du néant, retour de Dieu dont j’ai encore la sensibilité. Viendra la suprême détresse quand tous sens s’abolissent, la suprême certitude qui me sera donnée juste à temps, celle de la présence et du secours divins. – Ô mon Dieu, notre secours, bénis mes aimées, bénis mes compagnes et compagnons, mes contemporains, nos morts et nos vivants, notre monde et même chacune de ses vanités, fais de nous ce que Tu veux et ce qu’il adviendra par Ton amour, fais de nous ce peuple heureux en Toi. Ainsi soit-il ! pour toujours. La rôderie de tout ce qui n’est pas lumière. Et la lumière. Ce n’était même pas mes projets ni moi par raapport à moi, c’était ce matin l’errance de la folie, c’est maintenant la tranquille mis en marche, ton bâton, ta houlette sont là qui me consolent et avec moi tant vont marcher aujourd’hui, des plus intimes et chaleureux jusqu’à tous…


[1] - Daniel III 14 à 95 passim ;  cantique ibid. III 52 à 56 ;  évangile selon saint Jean VIII 31 à 42

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