Soirée d’hier à la salle polyvalente : les moules-frites de Saint-André. Bonheur du partage avec Marguerite, sa confiance minute par minute, Laetitia avec nous, et Jean « le bon », cafardant au possible et n’allant, sans doute avec gentillesse et bonne volonté qu’à des sujets m’ennuyant tandis que les vies de ses filles et petites filles me donnent le vertige, sa femme aussi. Familles des élèves. De vue, je connais beaucoup de monde et suis sans doute connu, mais d’accueil du regard et d’intrégration chaleureuse, rien. J’avais surtout plus que les soirées précédentes, une sensation plus que d’impénétrabilité : d’exclusion. Je ne suis pas recherché… Programme de ces heures : réfléchir sur le mariage gay et tout ce qui va avec… copier la tirade de MOLIERE, déclaration d’amour à Marianne dans l’Avare, saisir mon papier d’antan, une de mes plus grandes audiences de courrier, de lecture, de radio : La plus grande misère, puis m’attaquer à ma synthèse politique sur FH. – Ce matin, grâce… la joie de consentir à tout, de n’espérer rien, de n’attendre, de respirer simplement, dans mon état. Tenter de tout améliorer pour le compte de mes aimées, oui… mais ni les forces ni les résultats ne seront de moi. Tout à l’heure, le moment de la messe. Ce qu’il s’y passe pour chacun de nous trois, dans le cotoiement qui est peut-être une communion, avec les gens de notre village, je ne le prévois pas. Rien n’est répétitif, et ce qui nous para^t monotone ne l’est que par notre inattention. Prier dérange notre médiocrité, subjugue. C’est au-delà de tout mouvement. [1] J’étais faible, il m’a sauvé. Il a sauvé mon âme de la mort, gardé mes pieds du faux pas. Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants. Les deux expériences, celle intime et personnelle, mais pourtant très objective, des visitations divines, et celle des textes millénaires rapportant des faits, ainsi Jésus vu et entendu par des disciples. Normalien, agrégé de philosophie, un des pionniers de la psychologie cognitive chez nous et de l’application des statistiques aux études de comportement de l’enfant mis en situation d’apprendre ou de l’adulte convié à améliorer sa relation avec la machine ou l’outil de sa tâche professionnelle… sa femme, prétendant avec lu tout le Coran (en traduction, elle ne dit pas laquelle) pour annoter ce qu’il y est dit de la femme, et maintenant dans la Genèse , traduite par CHOURAQUI, présentation par fascicule… plus interpellée par les notes que par le texte… pour tous deux, la résurrection, la nôtre, est tout a fait secondaire, même négligeable pour une attitude religiuese, a fortiori de foi, qu’ils n’ont d’ailleurs ni l’un ni l’autre. Je suis depuis longtemps frappé de ce que vis-à-vis des grands textes on a une révérence qu’on n’accorde à la Bible que pour la Genèse , que dit-elle de nos origines ? plus ou moins que « la » science. Mais qu’il y ait le spirituel, qu’il y ait le sens de la vie et de la marche, de grandes intelligences sur tous les sujets, ne s’y appliquent pas et bêtifient… ils ne sont pas les premiers. … qu’il soit tué et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cela ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interppela vivement Pierre. Jésus a manifestement écouté Pierre, lui aurait-il répliqué si ne se présentait pas ainsi le risque d’un malentendu public que son silence aurait fait naître : approuver Pierre ? Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. Et le Christ élargit encore le cercle : appelant la foule avec ses disciples, il leur dit…et c’est l’habituelle configuration, son appel à le suivre et à n’avoir de référence que Lui, de démarche que la sienne. Quant à l’épître apostolique, elle s’applique à merveille au débat dont je veux écrire la vacuité, en grande partie à cause de l’Eglise s’il faut l’entendre selon certains de ses prélats : le mariage gay et tout ce qui va avec l’orientation homosexuelle… Tu prétends avoir la foi, moi, je la mets en pratique. Montre-moi ta foi qui n’agit pas ; moi, c’est par mes actes que je te montrerai ma foi. Teresa et l’Abbé Pierre n’ont pas prêché là-dessus, leur vie sexuelle de célibataire consacré n’a été qu’humaine. Si vous ne leur donnez pas ce que réclame le corps, à quoi cela sert-il ? Les vrais sujets sont autres. J’étais pris dans les filets de la mort, j’éprouvais la tristesse et l’angoisse ; j’ai invoqué le nom du Seigneur. Donner à autrui cette envie, ce mouvement… l’évangélisation commence par le haut. Jésus et sa mission, Jésus et la nôtre. Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. Divin Maître, enseigne-moi aujourd’hui, ce soir et demain. Protège-nous, emmène-nous. Tous ensemble, de tous les temps, de tous les pays, de toutes les confessions religieuses, de tous les sexes, âges, péchés et joies, ambitions et nostalgies. Je sais que je ne serai pas confondu. Il est proche, celui qui me justifie. Pas au sens de : qui me donne raison, mais à celui décisif : qui me rend saint, qui me restaure en sorte que je redeviens à son image, à sa ressemblance. J’aime le Seigneur : il entend le cri de ma prière, il incline vers moi son oreille. Toute ma vie, je l’invoquerai. – La vie, d'abord celle des autres, inattendue parce qu'autre, téléphone, voix agréable, une femme sans doute jeune, ne se présentant pas. J'interroge et la réponse est une question : est-ce qu'il reste encore des places pour le vide-grenier ? le numéro est masqué. Je réponds que je ne suis rien, qu'un particulier, pas une association ni une organisation. J'aurais dû lui dire ce que j'étais en train de vivre... je l'ai assuré de n'avoir pas à s'excuser et qu'elle a une voix agréable. J'ai imaginé la suite, soit le besoin d'argent, soit l'amusement d'un enfant, plutôt une fillette comme la nôtre, vendre de menues affaires... temps d'une vie. Elle avait récité un numéro de téléphone, le mien à un chiffre près. J'ai eu la sensation d'un vrai contact. La voix et aussi le fait que ce soit quelqu'un qui cherche... Je l'associe maintenant dans cette prière qui va continuer à se murmurer en moi comme en tant d'autres : je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.
[1] - Isaïe L 5 à 9 ; psaume CXV ; lettre de saint Jacques II 14 à 18 ; évangile selon saint Marc VIII 27 à 35
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