mercredi 18 avril 2012

annoncez au peuple toutes les paroles de vie - textes du jour

Mercredi 18 Avril 2012



Tentatives hier soir depuis notre balcon, pieds et jambes sous une couverture, gros coussins sous les fesses, le tout bien calé avec une bière fraîche. Logique étonnante de l’horizon proche de la chaine du Mont Blanc depuis la Tarentaise, comme une séroe de dentelures, peu prononcées et faisant une ligne crête ascendante, imperturbable, sensation d’harmonie et de nécessité d’une création absolue, dialogue possible. Le coucher de soleil très bref ne produisait rien de plus, au contraire, il tronçonnait l’horizon. J’ai tenté d’écrire. Les récits de montagne, l’analyse des sensations de qui contemple mais décrire la montagne, en elle-même comme une réalité, une personnalité, pas une ambiance, une vérité. Tenté de lire, joli format de Gallimard, Guy GOFETTE, La ruée vers Laure, le livre-objet, une page au hasard puisque le titre appelle, je l’avais acheté il y a trois mois. J’y lis un curieux envoi à un autre inconnu de moi, Jacques ALMIRA : le politique se refusant à consisdérer sa vocation comme une technique qui pourrait s’acquérir sur les bancs de l’école ou dans le slivres dont on sait trop – ou trop mal l’orientation que les professeurs peuvent leur donner, qui n’ont ni l’exactitude ni la volonté du politique, cela dit sans parti pris, sans clin d’œil non plus, étant donné l’espèce de respect que chacun garde [1] Entrer dans un récit, un roman, une logique n’est pas accepter et épouser une manière d’écrire. La manière dispense parfois du récit et de sa logique, cf. ici, cf. Dominique de ROUX, voire Paludes, premier grand texte de GIDE. Or ce GOFETTE dont je n’avais jamais entendu a 19 titres chez Gallimard et deux chez Gallimard Jeunesse, et une vingtaine chez d’autres éditeurs. Qu’un titre suffise à vous lancer dans l’écriture d’un livre, j’étais encore à mille lieues de le penser à l’époque [2], expérience que je vis avec notre fille me dictant depuis dimanche un roman selon le titre qu’elle proposait pour un article et qu’elle a tenu à s’approprier aussitôt pour un récit : Et si la France mentait ?, qu’elle a sous-titrée vite : … la petite fille, je ne suis que son secrétaire. Quand elle ne dicte plus, elle illustre. Ou s’est inventé un jeu : l’étang aux cygnes, c’est elle qui pond et qui couve, des pages blanches qu’elle colore font l’eau ou la terre, ou le nid, s’il y en a, il y a les œufs, il y a aussi les oisillons figurés uniquement par tête et bec, il y a l’adresse et le plan de situation, et elle s’est donnée un numéro de téléphone, une adresses internet (alors qu’au vrai elle en a déjà une) mais c’est sur carte de visite… Ou m’arrache à ma propre tentative hier soir et à ma lecture. D’ordre, la sapinière au bas de l’immeuble, une bonne femme de neige, enseignement par elle du roulage de la boule qui grossit ainsi et très vite. La nuit est tombée par l’apparence étonnante d’un immense trait de charbon de bois, mangeant et engloutissant la moitié de l’horizon et cette nuit, neige et brouillard ont le reste. Il n’y a plus que les arbres vis-à-vis. – Notre fille, dimanche : Comme tu étais beau, Papa, quand tu étais plus jeune… hier soir après la prière : Tu es fatigué, Papa, çà se voit… et ce matin : Papa, pourquoi tu ne prends jamais de vacances ? Explication dûe, j’ai été placardisé à pas cinquante deux ans mais quand je suis à mon clavier, je dis : je travaille, et il en est ainsi depuis mes quinze ans. Je croyais que mon exclusion socio-professionnelle, pendant des années très douloureuses quoique compensée par des milliers de pages d’inédits, puis notre mariage ne pouvaient davantage me donner une identité conclusive et dont je me sens maintenant de plus en plus heureux, comblé. Un autre univers s’ouvre, l’attention, la priorité à une enfant d’autant plus passionnante que je ressens – depuis sa conception – sa liberté. Elle m’attire et me convainc par elle-même, non par filiation ou quelque osmose. Et cette étape de ma vie, sans doute la dernière, je la ressens comme la plus passionnante de toutes car je ne peux en imaginer ni la succession des moments, ni aucune suite. Peu à peu je suis dépossédé, enveloppé, libéré. Et je le dois à ma chère femme qui me doit notre mariage et notre fille, mais à qui je dois de m’avoir donné d’aimer et de ne plus chercher ni attendre.



Prier… [3] Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au jugement, celui qui ne veut pas vroire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées ; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu. L’Ecriture, les deux Testaments, font de la lumière un principe. Les politiques ou sciences-fictions font de la force, de la paix, voire du bien ou du mal le mouvement ou l’origine de tout. Le christianisme, porté à son « comble » théologique par le disciple que Jésus aimait, fait tout commencer par la lumière s’imposant dans les ténèbres et les dissipant. Justesse car cela vaut en physique, au mental et en vie quotidienne version humaine et végétale (plus complexe en version animale). Les hommes que vous aviez mis en prison, les voilà qui se tiennent dans le Temple, et ils instruisent le peuple ! cri de Nabuchodonosor apercevant ceux qu’il avait livré à la fournaise, s’y déplacer en chantant avec la compagnie d’un ange… Façon de résurrection des Apôtres, puisque pendant la nuit, l’ange du Seigneur ouvrit le portes de la cellelule et les fit sortir en disant : « Partez d’ici, tenez-vous dans le Temple et là, annoncez au peuple toutes les paroles de vie ». Rapport des gardes, comme celui des gardiens placés devant le tombeau de Jésus… nous avons trouvé la prison parfaitement verrouillée, et les gardiens en faction devant les portes ; mais, quand nous avons ouvert, nous n’avons trouvé personne à l’intérieur. Ceux qui voient car il est des absences manifestant une totalité, et ceux qui ne trouvent rien car ils ne cherchent ni ne voient.


[1] - Gallimard . Avril 2011 . 50 pages - p. 14

[2] - ibid p 48

[3] - Actes des Apôtres V 17 à 26 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Jean III 16 à 21

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